18 octobre 2024 5 18 /10 /octobre /2024 04:40

De Tawfik Alzaidi, (Arabie Saoudite 2023)

 

 

avec Yagoub Alfarhan, Maria Bahrawi, Aixa Kay

 

Festival de Cannes 2024 Section Un Certain regard: Mention spéciale du jury

Argument: Arabie Saoudite, dans les années 90. Le nouvel instituteur, Nader, arrive dans un village isolé. Il rencontre Norah, une jeune femme en quête de liberté. Leur relation secrète, nourrie par l’art et la beauté, va libérer les forces créatrices qui animent ces deux âmes sœurs… malgré le danger.

Norah

Un film minimaliste (décor dialogues intrigue) qui s’attaque au pouvoir de la représentation, de la communication artistique, de la culture comme force émancipatrice ; un film qui analyse (avec une lenteur calculée dont témoigne la succession de gros plans fixant l’immuabilité des choses) et vilipende (avec un certain schématisme) le pouvoir « subversif » de l’image. Communication et représentation auxquelles les diktats masculins du conseil de village opposent leur veto (on refuse à la femme muselée et voilée la prise de parole et toute intervention sur son avenir ce que ne manquera pas de rappeler la tante … le film basculera d’ailleurs dans la fadeur des mélos quand le « fiancé » imposé à Norah, analphabète, épie, dénonce …

A partir d’un dessin (portrait du jeune Nayef réalisé par l’instituteur, un portrait-récompense …) très expressif (gros plan où vont se confondre contemplatifs l’œil de Norah, celui du spectateur et celui de la caméra) la sœur Norah, usant de subterfuges n’a de cesse de solliciter l’instituteur (son portrait rivalisera ainsi avec ceux qu’elle voit regarde découpe dans les magazines venus de la ville, magazines qu’elle feuillette en cachette, magazines qui nourrissent son imaginaire … Le film s’ouvre d’ailleurs sur un lent travelling qui recense les « trésors » enfouis dans une valise –dont les visages sans voile de « mannequins » ; ici lumières et couleurs rivalisent de rutilance alors que l’essentiel du film est l’ocre qui poudroie

Dans ce village perdu Sahu, l’épicerie est un havre de …délices : l’épicier, -homme débonnaire ou appâté par le gain ?- peut se procurer des cigarettes américaines (Marlboro pour l’instituteur) des magazines de mode (pour Norah) -soit les deux tentations de la ville et par-delà de l’Occident !! Et c’est au milieu de boîtes de conserves que la jeune fille va « poser ». Une situation audacieuse où les plans se succèdent comme en surimpression (à l’instar de ce voile que Norah écarte légèrement pour la captation d’un regard … à immortaliser)

A la douceur apparente (qu’accentue la musique apaisante d’Omar Fadel) s’oppose un bouillonnement intérieur ; à l’apprentissage de la lecture de l’écriture du dessin -c’est la « mission » et l’ambition de Nader- s’oppose le traditionalisme d’une microsociété (les efforts du grand-père de Norah sont d’emblée frappés d’inanité et le renvoi de l’instituteur semeur de discorde le prouve aisément.) Jeu de contrastes. Circulation de regards aussi, furtifs ou voilés, curieux ou désapprobateurs, dispensateurs ou non de symboles, ces regards ne seraient-ils pas comme l’alpha et l’oméga de la création… cinématographique ?

Et pourtant l’ennui guette … Cherchez l’erreur !!! 

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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17 octobre 2024 4 17 /10 /octobre /2024 06:39

De Nora Fingscheidt, (Royaume-Uni, Allemagne, Espagne 2024)

 

avec Saoirse Ronan, Paapa Essiedu, Stephen Dillane

Argument: Rona, bientôt la trentaine, brûle sa vie dans les excès et se perd dans les nuits londoniennes. Après l’échec de son couple et pour faire face à ses addictions, elle trouve refuge dans les Orcades, ces îles du nord de l’Écosse où elle a grandi. Au contact de sa famille et des habitants de l’archipel, les souvenirs d’enfance reviennent et se mêlent, jusqu ‘à s'y confondre, avec ceux de ses virées urbaines. C’est là, dans cette nature sauvage qui la traverse, qu’elle trouvera un nouveau souffle, fragile mais chaque jour plus puissant.

The outrun

Adapter le récit éponyme d’Amy Liptrot qui entremêle l’évocation des nuits de biture à Londres et la rude épreuve d’une sortie de l’addiction par l’isolement volontaire au large de l’Ecosse, sur l’île Papay, c’est le pari de Nora Fingscheidt 

Comment rendre compte de cette "lutte intérieure" qui a tant ému la réalisatrice? Grâce à un montage kaléidoscopique,  l’image par ses soubresauts (caméra à l'épaule virevoltante) et dans sa matérialité même doit « incarner » l’intériorité. Et poreuse sera souvent la limite entre environnements, temporalités et matière grâce à un jeu de superpositions. (au tout début par exemple: le baiser et ... l'immersion,  alors qu'une voix off conte une légende!)

Etre dans la tête de Rona c’est être ballotté d’un souvenir à l’autre, souvenir auquel se confronte l’observation du présent…(ou l’inverse, ou successivement).  Ainsi les allers et retours entre le présent et un passé fracturé émietté illustrent un esprit bouillonnant ( le jeu de l’actrice est époustouflant…) : Un événement ? d’abord un flash et le même va revenir à intervalles réguliers mais amplifié de nouveaux éléments informatifs -Récurrence et ressassement.

Se débattre avec des petits boulots au présent, et quasi simultanément se débattre avec les souvenirs de ces nuits londoniennes ces bitures ces rencontres plus que douteuses ces tabassages mais aussi avec des traumas qui remontent à la petite enfance …une mère « religieuse » presque sectaire, un père bipolaire !

Et  les éléments naturels (la beauté « sauvage » des Orcades) vont participer à ces bouleversements intérieurs.  Un déchaînement (eau vent) dans la solitude que s’est imposée Rona, en écho au déchaînement de tous les sens qu’elle avait orchestré…  Avant que la « nature » apaisée où les caresses vont succéder aux lames corrosives, ne scelle de nouvelles épousailles qu’accompagne une musique…nouvelle elle aussi en la présence d’un roi caille, espèce rare et secrète d’oiseau ; une présence -épiphanique ? cathartique ?  -qui aura relayé ( ?) le cortège des légendes sur lesquelles s’ouvrait le film …

Certes the outrun est un film sur la dépendance alcoolique et sur le processus de rétablissement, « un voyage à part entière, qui avance au jour le jour ». Certes l’actrice Saoirse Ronan qui le porte de bout en bout est étonnante, incandescente et son jeu magistral

Mais  la stylisation abusive -si elle déroute  (après tout pourquoi pas) n'en est pas moins déplaisante (souvent complaisante elle nuit au propos et  ne saurait entraîner l'adhésion du spectateur)  A l’inverse de Benni Benni - Le blog de cinexpressions

 

 Colette Lallement-Duchoze

 

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14 octobre 2024 1 14 /10 /octobre /2024 03:41

Deuxième long métrage de Gudmundur Arnar Gudmundsson (Islande 2022)

 

Avec Birgir Dagur Bjarkason, Áskell Einar Pálmason, Viktor Benóný Benediktsson

 

 

Présenté dans la Section Panorama du festival de Berlin,

Argument: Addi, 14 ans, est élevé par sa mère "clairvoyante" qui perçoit l’avenir dans les rêves. Il prend sous son aile Balli, un garçon introverti et en marge, victime de harcèlement scolaire. En l’intégrant à sa bande, ces garçons désœuvrés et livrés à eux-mêmes explorent la brutalité et la violence, comme seuls moyens d’expression et d’exister. Alors que les problèmes du groupe s’aggravent, Addi commence à vivre une série de visions oniriques. Ses nouvelles intuitions lui permettront-elles de les guider et de trouver leur propre chemin ?

Les belles créatures

Un film uppercut. Un film sans concession sur la violence ….Violence sociale (région de Höfuðborgarsvæðið) qui se répercute sur des jeunes laissés à l’abandon (entendons face à l’impéritie notoire de leurs parents les quatre jeunes dont nous suivrons le quotidien sont livrés à eux-mêmes,  sans repères) marqués au fer rouge de l’ignominie ( ?) parentale -père alcoolique, père en prison, père violent, mère fantasque, mère immature ou mère absente.. Les difficultés du passage de l’enfance à l’adolescence, de l’adolescence à l’âge adulte s’en trouvent décuplées !!

Le recours quasi systématique aux plans serrés,(caméra à l'épaule comme "capteur émotionnel") , un rythme qui ne faiblit pas, l’alternance plongée contreplongée (quand ils  " partent en expédition" sur les toits croyant s’approprier l’univers), accentuent (ou du moins mettent en évidence) ce "mal-être" de la jeunesse islandaise «La montée de la violence » est de l’avis de ce journaliste (reportage tv) un fait indéniable déplorable. Connaissons nous vraiment le quotidien de nos enfants ? Un quotidien fait de rixes justifiées, provocatrices ou gratuites, un quotidien fait d’alcool, de drogue, oui … mais …comme palliatif à?  ou dans l’attente de ???

 

Le cas de Balli est emblématique. Voyez cet être chétif sans défense apparente, introverti,  harcelé à l’école; suivez le dans son milieu de  "vie" : un bric-à-brac pestilentiel, amas d'immondices dont les relents  à la fétidité méphitique l'imprègnent (il "pue" tellement qu’on s’éloigne de lui à l’école) Tabassé hospitalisé nez cassé ;   et plus tard quand le père sortira de prison fier de retrouver la " cellule" familiale, Balli n’aura de cesse de se venger de tous les abus dont chaque membre de la famille fut la victime… Caricature ? l’acteur interprétant ce père est un monstre (obésité adiposité, spasticité et crocs en gros plan en font un ogre, un animal un primate un sauvage…)

Les belles créatures ! Un titre antiphrastique ? Oui, serait-on tenté de répondre. Et pourtant…Quelle "belle" leçon d’amitié (pour ne pas dire d’amour) se lit dans ces regards ou se devine dans ces étreintes !!! ; quelle   peur au tréfonds de soi !!!! (qu'il "faut"  refouler en affichant  sa "virilité": c'est le cas de  Konni le "chef" dit l’animal)   Alddi  dont nous entendons la voix off de narrateur , Adi dont la mère interroge les forces occultes, le para ou le supra normal, (psychanalyse des rêves …) semble mieux loti… Avec sa gueule d’ange (gros plans sur son visage qui envahit l’écran) il sera la force tutélaire dont Balli a un besoin vital ; simultanément il se découvre des dons de voyance (et ses visions oniriques rompent momentanément avec le réalisme prosaïque ambiant), au final .torturé par le remords il est « empêché » dans ses aveux …par sa mère …mais il sera « béni » par son pote…

Grâce à une caméra immersive, le spectateur est ainsi plongé dans les contradictions de ces ados et le refus du manichéisme clivant (en ce qui concerne le fond) fait que formellement le film est en constante alerte -ce que résumerait la métaphore du toit ?  -escalade, vide et plénitude, vertige et conquête -conquête de soi sur soi, de soi sur les autres. -dont les "faux adultes" que sont leurs parents ?

 

Un film qui aura gravé à l’acide une dure réalité ! Un film dont la violence, et les évidentes  touches de dolorisme et de misérabilisme ,  peuvent mettre mal à l’aise  . 

Or voici dans un repli cette trouée de lumière ; elle  s’en vient « mordre » le motif…

Même si tout le reste est dur, l’amitié est encore possible, et elle peut devenir la chose la plus importante, à cet âge-là aussi.(propos du cinéaste)

 

Colette Lallement-Duchoze

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10 octobre 2024 4 10 /10 /octobre /2024 08:22

D'Alejandro Jodorowsky (Mexique 1973) version restaurée

 

 

Avec Alejandro Jodorowsky (l’alchimiste) Horacio Salinas (le voleur vagabond) Juan Ferrara (Fon) Adriana Page (Isla) Burt Kleiner (Klen) Valeria Jodorowsky (Sel) Nicky Nichols (Berg) Richard Rutkowski (Axon) Luis Loveli (Lut) Ana de Sade (la prostituée)

Argument: Un homme ressemblant au Christ s'introduit dans une tour et y affronte un maître alchimiste. Après l'avoir vaincu, ce dernier lui fait parcourir les premières étapes d'une initiation, puis lui présente sept personnes qui font partie des puissants de ce monde, chacun d'entre eux étant associé à une planète (au sens astrologique). Ces hommes et ces femmes sont prêts à tout abandonner pour obtenir le secret de l'immortalité. Le maître leur a promis de les conduire jusqu'aux neuf sages qui le détiennent au sommet de la Montagne Sacrée

La Montagne sacrée

Vous appréciez le baroque le fantasque le surréalisme iconoclaste ? Alors laissez-vous guider par cet alchimiste/gourou (interprété par le cinéaste lui-même) ; explorez les pages d’un nouvel "Evangile" où crucifixions exécutions sexe  seront légion, où le bestiaire étalé ad libitum voire ad infinitum (moineaux lapins crucifiés crapauds explosés hippopotames pélicans) illustre l’alliance entre exotisme et barbarie. Et après une succession de sketches consacrés aux 7 disciples (chacun représentant une planète du système solaire prend la parole   …. avec ses fantasmes ses bizarreries (ah les trouvailles sur la machine à faire l’amour, les drogues ingérées par l’oreille),  arpentons le long chemin -sinueux escarpé- qui mène à la Montagne Sacrée afin de vaincre "notre" finitude de mortel et avec les 9 sages attablés accéder à l’immortalité (apanage des dieux !) … Mais in fine le cadre va s’élargir…nous invitant aussi à "élargir" notre propre vision des choses ( ?)

Oui le rythme ne faiblit pas dans ce défilé d’histoires, d’images aux couleurs très vives. Oui cette "débauche" visuelle   qu’accompagne un discours -où les condamnations font florès (guerres décadence religion police banalisation de la violence)-. est le fruit d’une imagination toujours en alerte. d’une sidérante inventivité  On peut songer parfois à Bunuel (chien andalou), à Max Ernst (collages), à Pasolini (Salo) Fellini (8 et demi, Satyricon) hormis le fait  que le défilé carnavalesque baroque et délirant, qui s’inscrit  dans un décor de carton-pâte (facticité kitsch parfois) n'a pas  la virulence subversive des auteurs cités et ce quand bien même des corps ventripotents revisitent des scènes de la Bible -mangée par des vers- qu’un architecte/urbaniste conçoit les appartements des futurs gratte-ciel comme des cercueils, que l’alchimiste transforme les défécations en or, qu’un vieillard offre son œil de verre à une gamine, qu’un homme tronc enserre avec amour ( ?) un corps, etc..

Le film s’ouvre sur une lapidation : des gamins "jettent la pierre" sur un homme aux allures de Christ … Il se clôt sur une pirouette -après une ultime parodie, celle de la Cène…Entre les deux nous aurons assisté à un jeu de massacre(s) -où s’impose l’esthétique du "choc" grâce aux procédés du "détournement"-(la conquête de l’Amérique et les combats de crapauds, le centurion obèse en Pieta) et de la "multiplication" (duplication des statues du Christ, de Marie-Madeleine,  entre autres...) à l’effervescence étourdissante, à l’humour parfois décapant

Un film audacieux dans la forme (plans kaléidoscopiques où tout tourne en même temps comme dans un état de transe). Un film de "provocations" et le plaisir que prend Jodorowsky à afficher sas fantasmes est "communicatif"

Un film que je vous recommande (attention 1 séance/jour jusque mardi 15 octobre) 

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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8 octobre 2024 2 08 /10 /octobre /2024 17:45

Film d'animation de Gints Zilbalodis (Lettonie France Belgique 2024)

 

Festival de Cannes 2024 section Un Certain Regard

 

 Festival international du film d'animation d'Annecy 2024,  prix  du jury, du public, de la Fondation Gan à la Diffusion, et de la meilleure musique originale

 

En avant-première au cinéma Omnia  Rouen lundi 7 octobre (film surprise coup de coeur de l'AFCAE)

Argument: Un chat se réveille dans un univers envahi par l'eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d'autres animaux. Mais s'entendre avec eux s'avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l'eau ! Tous devront désormais apprendre à surmonter leurs différences et à s'adapter au nouveau monde qui s'impose à eux.

Flow

Survival animalier ? Remake de l’arche de Noé MAIS sans la présence de l’homme ?, illustration des cataclysmes écologiques à l’ère post apocalyptique ? Le film d’animation du Letton Gints Zilbalodis est peut-être tout cela à la fois mais surtout à travers les tribulations de Flow, le chat, et ses réactions, dans un univers à la fois réaliste et onirique, se donne à lire une belle leçon d’animalité, fondée sur le partage l’entraide, dont devraient s’inspirer les humains…

En 22 séquences nous allons suivre la trajectoire de Flow, D’abord indépendant, auto suffisant, ce dont témoignent les premières scènes,  il devra partager son quotidien, sécurisé grâce au voilier de fortune,  avec un capybara paresseux, un labrador, un lémurien cleptomane, et un serpentaire (?) blessé Comment vivre en communauté quand chacun incarne des critères différents de « sociabilité » ? Le vivre ensemble est-il seulement "possible" pour ces "rescapés" de la catastrophe ? et quid du partage des tâches (rechercher de la nourriture, guider l’embarcation) ?

Flow: un film à la beauté visuelle incontestable. Beauté due en partie à la « prouesse technique » qui consiste à mélanger le dessin à la main, l’animation 3D basée sur des prises de vue réelles ; caméras qui en virevoltant donnent parfois le vertige tout en suivant de très près les animaux (plans à leur hauteur, à celle de leurs pattes) quand on n’est pas immergé en compagnie de poissons colorés ou carrément trans-porté dans le ciel Un genre hybride maîtrisé et efficace  A cela s’ajoute le choix de couleurs qui ne dépareraient pas dans une peinture :  vert sombre de la forêt, et ses trouées de lumière, bleu nuit ou turquoise de l’eau tumultueuse, rouge de la voile ou  le mordoré -vestiges du passage de l’homme immortalisé(?) par ces colonnes ou ces ruines . ou encore ces masses sombres, sculptures de chats, doubles de Flow ?

 Le film est "sans paroles" (on est loin de l’anthropomorphisation des studios Disney….) il n’est pas pour autant muet : on entend les miaulements et  les feulements du chat, les aboiements plaintifs du labrador, On perçoit ainsi le langage particulier de chaque espèce animale, langage capable de véhiculer des émotions, langage qui prolonge celui du dessin (yeux électriques du chat, bâillements gueule immensément ouverte du capybara) et surtout celui des mouvements « de caméra » (capables de transmettre la peur, la curiosité, les questionnements de tous les protagonistes et particulièrement ceux du chat : aquaphobe il doit lutter contre l’omniprésence dévastatrice de l’eau, le déluge , solitaire, il devra s’accommoder de la compagnie d’autres animaux). La musique, quant à elle,  accompagne de son fracas crescendo celui du cataclysme -incroyable montée des eaux qui arrache tout sur son passage (déracinements spectaculaires, engloutissements à répétition)

Flow, le chat, flow le mouvement. Au tout début le chat doit se soustraire à l’impétuosité d’une meute de chiens, en écho voici la danse des cerfs qui chorégraphie en accéléré son espace vital ; face à la menace bien réelle de l’engloutissement Flow lutte pour sa survie ; gracile et agile  dans son combat contre des forces mortifères… Et régulièrement voici que l’énorme baleine (ou autre cétacé) s’en vient confondre de ses remous toniques spectaculaires (telle une tectonique!)  une apparente quiétude, alors que la peau dans son immensité même peut être synonyme de refuge..(cf le plan où le chat est assis  et comme rasséréné sur ....l'île flottante....) …

Un film à ne pas rater lors de sa sortie le 30 octobre 

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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7 octobre 2024 1 07 /10 /octobre /2024 06:49

De Muayad  Alayan (2023 Palestine)

 

 Avec Johnny Harris, Miley Locke, Sheherazade Makhoul

 

Présenté dans la section Limelight du Festival du Film de Rotterdam (IFFR),

 

Présenté à Rouen le samedi 5 octobre dans le cadre du festival Regards sur la Palestine 6ème édition

Argument: Après la mort traumatisante de sa mère dans un accident, Rebecca, jeune juive britannique, et son père, Michael, quittent l'Angleterre et emménagent dans la maison de son grand-père à Jérusalem-Ouest. Bien qu'il soit lui-même inconsolable, Michael souhaite que sa fille commence une nouvelle vie dans la nouvelle ville. Mais la jeune fille, qui s'accroche au souvenir de sa mère, ne peut se résoudre à laisser le passé derrière elle. La tension entre le père et la fille atteint son paroxysme lorsque Rebecca découvre qu'une autre fille de son âge vit dans la maison, le fantôme d'une jeune palestinienne qui a été séparée de sa famille en 1948.

Une maison à Jérusalem

Film métaphore (sur le traumatisme), film où co-existent réel et surréel (fantastique) a house in Jerusalem explore la mémoire collective en recourant entre autres, à la thématique de l’eau dont le flux épouse celui du temps : il faut remonter son « cours » en « puisant » aux sources; thématique déjà (omni)présente dans les deux courts métrages de Larissa Sansour.

La circularité du récit (une scène inaugurale reprise en écho au final : une gamine à la lèvre maculée de sang fait du stop) a ce quelque chose de troublant : comme dans un miroir légèrement déformé deux visages se regardent étonnés ; est-ce un cheminement intérieur ? un cheminement temporel ? : Rebecca appelant à l’aide, Rebecca (?) soudainement grandie dépose un bouquet sur les lieux de l’accident (qui a coûté la vie à sa mère) ?  honorer les morts en leur sépulture, perpétuer leur mémoire  

Effets spéculaires ? Tout le film en est traversé et d’ailleurs la vie que raconte Rasha synonyme de perte (celle d’êtres chers, celle d’un lieu, d’une terre) et de douleur (vivre terrée à l’abri des « hommes armés ») Rebecca la fait sienne (mère disparue dont le fantôme hante son présent).

De même l’entrelacs présent/ passé participe à la recherche de ces ombres tutélaires (Rasha sera une de ces ombres incarnées) entrelacs visibles dans la composition de certains cadrages aux couleurs vives en aplats où Rsaha évolue mi-sereine, mi-apeurée (intérieur), dans la récurrence du plan sur la façade de la maison -passage du visible à l’invisible- ou dans cette végétation mi folle mi entretenue (extérieur)

Un intérieur à Bethléem (ne pas spoiler…) frappe par l’apparente magnificence dans l’exigüité même (dorures, amas de poupées) et la « poupetière » d’un autre temps fait corps avec ce fatras organisé. Mais pour parvenir jusqu’à elle il aura fallu emprunter le bus, passer les check point, aller au-delà du mur de séparation, avant de pénétrer dans le « camp »/prison… l’escapade de Rebecca (de « sa » maison bourgeoise d’un quartier de Jérusalem jusqu’au camp de Bethléem) dit en un saisissant raccourci tout un pan de l’histoire des ….Palestiniens

Un film que je vous recommande (même si la symbolique métaphorique vous semble un peu appuyée)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

Du même réalisateur The reports on Sarah and Saleem - Le blog de cinexpressions

Amours, larcins et autres complications - Le blog de cinexpressions

 

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6 octobre 2024 7 06 /10 /octobre /2024 08:24

De Darin J. Sallam (Jordanie Suède 2021)

 

Avec Karam Taher Ashraf Barhom Ali Suliman

 

 

Festival du film de Toronto  septembre 2021

Festival du film de la mer Rouge à Djeddah,  Arabie saoudite, décembre 2021.

Meilleur film pour la jeunesse aux Asia Pacific Screen Awards, 

 

 

Présenté à Rouen (Omnia)  dans le cadre du festival Regards sur la Palestine -6ème édition du 4 au  6 octobre 2024

 

https://www.youtube.com/watch?v=m7L5J5A1GhA

Argument Dans la Palestine de 1948, une jeune fille de 14 ans assiste, depuis un garde-manger fermé à clé, à la catastrophe qui dévaste sa maison...

Farha

La plate-forme Netflix fut violemment conspuée par Israël et …menacée (Farha inciterait à la haine des soldats israéliens)

Tout en recourant à des éléments fictionnels (mais en s’inspirant d’événements réels -1948 le trauma de Radieh, adolescente palestinienne) - en adoptant de bout en bout le point de vue de la jeune fille, c’est la Nakba dans ses horreurs qui est « montrée » à travers l’expulsion de villageois , l'exécution emblématique d’une famille et comment elle est vécue de l’intérieur (cloîtrée Farha grâce à de rares et minuscules trouées de lumière voit (assiste à) l’innommable

Le film s’ouvre sur des scènes qui ont le charme désuet des pastorales d’antan, scènes qui célèbrent aussi l’amitié entre Farha et Farida, scènes idylliques. Bonheur ? (Farha ou "la joie", Farha, la rebelle, sait qu’elle va étudier à la ville… ) Hélas un bonheur de  courte durée. Après  l’eau lustrale  des cascades, les bruits des rires et des clapotis,  voici qu’éclate la menace mortifère (coups de feu , sommations) et c'est la fuite. MAIS Farha préfère rester avec son père le maire activiste du village qui, pour la sauver, l’enferme dans un « garde-manger » l’assurant de son retour.

Désormais la pénombre va envelopper le quotidien de la prisonnière claquemurée (quelques rais lumineux -à la fonction symbolique un peu appuyée certes- de gros plans sur le visage -où le grain de la peau se confond avec celui du sable-,  ou sur le corps gisant -qui se confond lui aussi avec le sol  …)  Farha ou la perte des rêves la perte des siens la perte de la …Vie ?  Une attente une angoisse et la bande son …tout semble reposer sur la permanence de …« l’imprévisible » (schéma narratif) . Jusqu’au jour où une famille (qui s’agrandit sous l’œil de l'adolescente) trouve refuge dans la maison familiale ; là encore les « lueurs d’espoir » n’auront pas le temps d’« étinceler ». Une patrouille israélienne -aidée par un « traître » encapuchonné va exécuter sans état d’âme toute la famille, laissant la vie …sauve… après hésitation au bébé qui vagit…(et simultanément nous assisterons à une  maturation intérieure,  l’évolution du personnage, de l’adolescence à l’âge adulte)

Est-ce cette séquence qui dans son réalisme cru sauvage a déclenché l’ire d’Israël (auquel cas je renvoie les spectateurs à l’ouvrage « le livre noir de l’occupation israélienne » : 145 témoignages de soldats israéliens,, collectés par Zeev Sternhell 2012 ) Est-ce ce qui est suggéré -la naissance d’Israël dans le sang ? ce qui renverserait un tabou : dans la mémoire imposée , ce qui a précédé 1967 reste dans les limbes  ? est-ce le rôle de la femme soldat aussi « barbare » que ses « acolytes » masculins ? Tout cela à la fois, assurément

Est-ce fauter que de se réapproprier son histoire ?

Or de l’aveu même de la réalisatrice, FARHA est une histoire d’amitié, d’aspiration, de séparation, de rite de passage, d’exil, de la survie et de la libération face à la perte, le tout vu à travers les yeux d’une jeune fille ».

A voir c’est une évidence

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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4 octobre 2024 5 04 /10 /octobre /2024 01:53

De Chantal Akerman (France Belgique 1986) version restaurée

 

 

avec Delphine Seyrig, Charles Denner, Lio, Fanny Cottençon , Jean-François Balmer  Myriam Boyer John Berry Nicolas Tronc Simon Reggiani

 

 

Présenté au festival de Cannes 1986 Section Quinzaine des Réalisateurs 

 Argument: Dans l'univers pimpant et coloré d'une galerie marchande, entre un salon de coiffure, un café, un cinéma et une boutique de confection, employés et clients ne vivent et ne s'occupent que d'amour : ils le rêvent, le disent, le chantent, le dansent. Rencontres, retrouvailles, trahisons, passions, dépits. Déclinant toutes les formes de la séduction et du sentiment amoureux, les histoires se croisent et s'entremêlent, commentées par les chœurs malicieux des shampouineuses et d'une bande de garçons

Golden eighties

Galerie marchande, galerie de portraits, défilé de frimousses -qui font corps avec brosses mousse sèche-cheveux, défilé de couleurs acidulées, galerie où artificialité facticité (cf les mannequins) flirtent allègrement avec l’amour, Ah l’amour décliné en ses multiples facettes (avec cette dynamique interne Mado aime Robert qui aime Lili qui aime… hors mariage ou non…) Quel entrain quelle vitalité quelle fougue quel rythme. Au ballet des shampouineuses répond le chœur masculin (et les deux sautillant et chantant commentent l’actualité … des fragments amoureux… des amours contrariés) deux « chœurs » enfermés provisoirement dans le décor de « maison de poupées » qui devient le théâtre de l’amour et de la « cruauté »( ?) ; impériale entre les deux voici Jeanne (admirable Delphine Seyrig) qui « revit » fugace un amour qu’elle croyait enfoui (mais à l’époque le verbe de l’aimé avait failli dans la confidence et l’avenir en a décidé autrement ; à la proposition « fuyons » elle ne peut aujourd’hui qu’opposer ,théâtrale, les règles de la bienséance « je suis mariée ; j’ai un fils »

Le ton est donné dès le générique : chassé-croisé de jambes et de chaussures martelant le carrelage coloré en un rythme de plus en plus accéléré -générique annonciateur du chassé-croisé des amours, annonciateur aussi du « genre » choisi par la cinéaste : la comédie musicale. Comédie légère ? badinage amoureux ?. Oui mais avec en toile de fond la crise économique, le rappel du passé douloureux de Jeanne (Celui des camps, celui de la grand-mère de Chantal Akerman) et les thématiques si chères à la cinéaste (enfermement, ennui)

Une lettre que l’on va lire puis chanter -sans le support du papier- et le corps qui décolle… en s’élançant vers …, c’est le rêve de Sylvie/Myriam Boyer, rêve avoué, colporté d’une oreille à l’autre. Circulation de « rumeurs », circulation de regards aussi : Mado (une Lio qui sera la seule à ne pas chanter….). épie l’être aimé qui n’a d’yeux que pour Lili… Les cabines d’essayage vont abriter les baisers volés dans l’instantanéité de l’étreinte Et quand brusquement la donne a changé doit-on se féliciter de ce retour -momentané- de fortune ???

De toute façon l’amour n’est-il pas mouvant ? interchangeable ? (comme une robe dira Mr Schwartz le mari de Jeanne, lui qui rappelle à son fils les règles de la vie … amoureuse…- dictées par le « capitalisme » ….

Ne pas rater cette comédie musicale, sur l’amour et le commerce dans le cadre d’une rétrospective Chantal Akerman Ecoutons la réalisatrice

Derrière les vitrines des boutiques on entr’aperçoit des visages maquillés, on accroche parfois un regard, de femme, le plus souvent. Des femmes qui n’ont pas toujours choisi de se retrouver derrière une vitrine où elles sont presque aussi exposées que ce qu’elles sont censées vendre, parfois aussi éclairées. Comme des actrices mais sans le plaisir de la scène, comme des femmes qui vendent leur corps, alors que le leur sert seulement à vendre. Et qui pourtant peuvent apparaître comme les dernières stars sous leurs rampes lumineuses, intouchables et pourtant si proches, séparées seulement du public par une porte de verre toujours ouverte.

 

Colette Lallement-Duchoze

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3 octobre 2024 4 03 /10 /octobre /2024 06:11

Documentaire réalisé par François Xavier Destors et Alfonso Pinto (France Italie 2022)

Argument: En Sicile, dans l’ombre de la belle Syracuse, bat le poumon d’un des plus grands complexes pétrochimiques d’Europe. 70 ans après l’arrivée des premières raffineries, le territoire et les hommes semblent aujourd’hui livrés à eux-mêmes dans l’empoisonnement du ciel, de la mer et de la terre. « Mieux vaut mourir d’un cancer que mourir de faim », entend-on sur la plage qui borde la raffinerie. Dans un contexte d’omerta, le film donne à entendre des voix qui luttent, se résignent ou simplement survivent au sein d’un territoire sacrifié sur l’autel du progrès et de la modernité.

Toxicily

Un écocide aux portes de l’Europe !.

En alertant l’opinion, François Xavier Destors historien de formation, et le photographe Alfonso Pinto lancent un cri d’alarme.

Voici des plans quasi oniriques ou carrément apocalyptiques -quand la dystopie n’est plus fictionnelle-que renforce une musique angoissante (images du désastre, de ravages indélébiles). Envelopper le tout dans la brume, le flou, les couleurs délavées, comme pour saisir l’écran d’une pollution toxique à défaut de le traverser résonne comme un glas (l’adieu aux cartes postales glamour idéalisant Syracuse) Entrecouper l’hommage du prêtre aux victimes de cancer (une messe le 28 de chaque mois) par d’autres images illustre une autre fragmentation plus réaliste et douloureuse, celle vécue au quotidien dont rendent compte des témoignages poignants. Quelques images d’archives (commentées par une voix off) rappellent en l’illustrant la genèse du complexe pétrochimique qui aura sacrifié la vie humaine au profit – expropriations défrichement excavations arrivée massive d’ouvriers Et voici ces victimes, celles qui ont subi les « dommages dits collatéraux », celle de cette jeune femme à l’avenir lourdement compromis, celle de l’enfant qui « ne veut pas mourir ». Nous les verrons et entendrons à intervalles réguliers ; voix enregistrées créant une forme de tempo (sous l’apparente monotonie de la succession) Promenons-nous avec ce couple dont le mari aveugle revisite par d’autres sens « son » vécu, écoutons cette « molle » indignation de deux comparses testant des fruits, etc.. Mais comble de l’ironie  -pour ne pas dire cynisme :voici un plan large sur des vaches( ?) paissant derrière un grillage puis plans rapprochés avant un zoom sur une pancarte interdit …au bétail…

Mieux vaut mourir d’un cancer que mourir de faim

L’eldorado promis est vite devenu un « cimetière » ; les habitants ne peuvent ;« partir » Faute d'implication de la part de l'état, avec une mafia qui règne et plus particulièrement en Sicile, ces gens sont livrés à eux-mêmes et peinent à se défendre. Les lois sont détournées, et du moment que l'argent rentre, peu importante le peuple !!!

Notre « guide » encapuchonné (souvent filmé de dos) d’emblée nous avait confié « les gens, ici, ont peur de parler »

Un documentaire à ne pas manquer ! (même si parfois il se réduit  à une « enquête journalistique »)

 

Colette Lallement-Duchoze

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30 septembre 2024 1 30 /09 /septembre /2024 09:04

De Frederico Luis (Argentine 2023)

 

avec Lorenzo Ferro ,Kiara Supini, Pehuen Pedre , Laura Nevole (la mère de Simon)

 

Grand Prix de la Semaine de la Critique Cannes 2024

Argument: Simon a 21 ans. Il se présente comme aide-déménageur. Il dit ne pas savoir cuisiner ni nettoyer une salle de bains, mais en revanche il sait faire un lit. Depuis quelque temps, il semble devenir quelqu'un d'autre

Simón de la montaña

Un film pour le moins déroutant voire pervers.( ?) Le cinéaste ayant choisi de ne donner aucune explication, de procéder par ellipses, (alors que parfois il force le trait alourdit inutilement le fil narratif insiste presque avec indécence sur certains aspects) c’est au spectateur de remplir les interstices de combler les béances de se questionner et au final de rester dans l’incertitude. Pourquoi Simon mime-t-il une pathologie?  opportunisme (allocation et passe-droits) ? malaise existentiel - douloureuse conscience  d’une inadéquation foncière entre ce qu’il croit être , ce qu’il aspire à devenir et ce qu’il vit au quotidien?  désir d'Intégrer l’univers de ses « potes » insouciants et si vivants malgré (ou à cause de ) leur handicap cognitif ? perversité malsaine  ?

Dès le prologue on peut se sentir frustré. Voici une séquence filmée en extérieur dans la montagne de la Cordillère des Andes. Le groupe de randonneurs s’est perdu, vent violent assourdissant, brume, absence de réseau ; les personnages tels des fantômes agglutinés et/séparés mains levées conscients de la tragédie, être engloutis à jamais, ont foi en Simon (qui les a rencontrés …par hasard…) il gravit le mausolée afin de capter un réseau et appeler le secours…peine perdue…le portable a rejoint l’abîme !

Le titre suggérait un lien étroit voire interdépendant entre le personnage et la montagne. Un prologue à valeur épiphanique ? Révélation de soi à soi,  grâce à la montagne et  au groupe, dans un mouvement ascensionnel ?  Une séquence censée illustrer une circulation des regards ? (une même "circulation" prévaudra  dans les scènes à la piscine, au vestiaire, sur le plateau de théâtre) émanant d’un seul corps ??

Grâce à l’excellence du jeu de l’acteur Lorenzo Ferro, et à ces gros plans sur son visage, (la caméra portée accentue les effets d’enfermement et d’oppression)  on imagine aisément que Simon « incarnerait » une forme de « monstruosité » (regards hagards, balancements de la tête, rictus) avec des nuances ou des variantes selon l’interlocuteur … tout cela amplifié par la bande son, elle-même dépendante de cet amplificateur auditif à l’oreille ; et la scène où Colo qu’il a sauvée d’une noyade le menace de dévoiler la supercherie s’il n’a pas de rapport sexuel avec elle, illustre les deux aspects du personnage (samaritain mais… horrifié par l’altérité) et parallèlement les deux tendances du film (perversité et empathie). La scène ultime fera écho à la scène inaugurale celle d’un face à face Simon /responsable social pour l’obtention… d’un formulaire de handicapé…

Par ailleurs on ne saurait reprocher au cinéaste de porter un regard nouveau sur le handicap (loin de tous ces clichés qui fleurent la mauvaise foi) et la distorsion, si récurrente, le cinéaste la met au service d’une approche moins clivante en l’intégrant aux univers dits « normaux » (la violence du milieu familial de Simon opposée à la sollicitude du père de Colo)  Frederico Luis, lui-même semble habité par cet élan d’humanité qu’il filme auprès de (et si près de) Kati Colo Péhuen .qui interprètent leur propre rôle! 

Simon de la montana  est aussi (surtout) un film sur l’adolescence (au moment des premiers amours et des désirs avoués et/ou frustrés)

Impression mitigée

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

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