5 février 2025
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11:45
De Leonardo Van Dijl (2024 Belgique Suède)
avec Tessa Van Den Broeck, Ruth Becquart
Julie, une star montante du tennis évoluant dans un club prestigieux, consacre toute sa vie à son sport. Lorsque l'entraîneur qui pourrait la propulser vers les sommets est suspendu soudainement et qu'une enquête est ouverte, tous les joueurs du club sont encouragés à partager leur histoire. Mais Julie décide de garder le silence.
Quand tu m’as demandé d’arrêter, j’ai arrêté (Jérémie à Julie lors d’une rencontre dans un bar)
Un service sans balles et sans partenaire c’est sur ce plan que s’ouvre le film. Un corps comme terrassé en position fœtale à même le sol c’est sur ce plan que se clôt le film alors que continue à défiler le générique de fin (tant pis pour les spectateurs habitués à quitter la salle dès que s’affiche le générique …)
Solitude et cloisonnement ou l’enfermement dans le silence…douleur du trauma douleur du silence
Au tout début on attend l’entraîneur Jérémie. Il ne viendra pas et pour cause…(serait-il impliqué dans le suicide d’Aline ??? pour l’heure il est « suspendu ») la scène liminaire ne serait-elle pas ainsi par le choix délibéré du mime le premier stigmate de la « solitude » post traumatique ? D’abord imposée cette solitude sera pleinement assumée quelles que soient les réticences suggérées quelles que soient les sollicitations bienveillantes invitant à la « confession ». Sophie a décidé de mener une enquête, mezza voce dans des structures spécifiques sans contrainte…Julie elle a choisi de se taire. Elle sera seule face à elle-même face à son secret
Ne pas céder aux clichés sur les relations abusives entre un adulte et une ado, ne pas filmer en frontal une relation « toxique » c’est le parti pris du réalisateur (une seule et unique scène met face à face Jérémie et Julie ; elle le questionne sur Aline, elle refuse tout attouchement …des mains…mais la phrase qu’il répète "quand tu m’as demandé d’arrêter j’ai arrêté", censée plaider sa non culpabilité, suggère dans son ambigüité même (dite sur les modes assertif et interrogatif) la force d’une emprise ; elle fait écho d’ailleurs à toutes celles que Julie écoute sur son portable (toutes empreintes de cette volonté de puissance, "prétendus" conseils qui systématiquement dénigrent l’autre....)
Co produit par les frères Dardenne ce film entraîne le spectateur dans une forme inhabituelle d’immersion. L’actrice Tessa Van Den Broeck,- ex joueuse de tennis- non seulement est crédible pour toutes les scènes d’entraînement mais filmée de très près (visage de profil ou de trois quarts) elle a su rendre presque lisible voire palpable ce qui la taraude (regard furtif, paupières closes) ; caresser sa chienne (seule confidente !!) écouter ou refuser un appel c’est un dilemme existentiel !
Et quand la salle de tennis avec ses couleurs bleu gris se donne à voir comme la "réplique possible" de la chambre à coucher de Julie, n'est-ce pas "mettre à jour" le trauma, inviter à écouter ce silence que scande ici et là cette respiration de la douleur, jusque dans la prostration (plan final) ?
Un film que je vous recommande
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
4 février 2025
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06:00
Programme de quatre courts métrages de Man Ray réalisés entre 1923 et 1929 (USA)
Avec Kiki de Montparnasse (Alice Prin), André de la Rivière, Robert Desnos, Jacques Rigaut, Rose Wheeler, Man Ray, Jacques-André Boiffard, Georges Auric..
Célébrant le 100ème anniversaire du premier film de Man Ray "retour à la raison" est la première restauration des films muets du photographe cinéaste avec une nouvelle bande originale composée et interprétée par Jim Jarmusch et Carter Logan , groupe Sqürl
L’étoile de mer Emak Bakia Retour à la raison Les mystères du château du Dé soit quatre « films insolites » regroupés sous le titre « retour à la raison » et qu’accompagne la superbe bande-son minimaliste du duo Sqürl, (Jim Jarmusch et Carter Logan)
Le résultat ? Un envoûtement ! Quand l’avant-garde musicale new yorkaise rencontre la beauté -qui sera convulsive ou ne sera pas (André Breton manifeste du surréalisme)
Se faire voyant, appliquer le précepte rimbaldien à l’image à la singularité d’un regard, en allant au-delà de l’apparence des mots, Tout en se laissant guider par une étoile de mer ? Un gros plan sur ses piquants alors qu’elle est enfermée dans son bocal semble symboliser ces « dents des femmes ». Le sous-titre de ce premier court métrage « l’étoile de mer » est explicite « poème de Robert Desnos tel que l’a vu Man Ray
Obtenir une image sans appareil en posant l’objet entre le papier et la source de lumière (cf clous punaises ressorts dans « retour à la raison ») poser des morceaux de verre cathédrale devant l’objectif : les personnages nous apparaissent flous (dans l’étoile de mer Kiki de Montparnasse André de la Rivière et Robert Desnos qui apparaîtra furtivement vers la fin). Démarche de qui pratique un cinéma expérimental et simultanément le rêve éveillé (et les paupières closes sur lesquelles l’artifice de ces yeux peints donne l’illusion de la vie …)
Des gymnastes des baigneurs aux débardeurs rayés s’en viennent peupler le « château » de la comtesse de Noailles (villa conçue réalisée par l’architecte Mallet-Stevens à Hyères) Dans cet hommage à Mallarmé « un coup de dés jamais n’abolira le hasard » (cf l'affiche) et qui clôt notre voyage » la confondante unité des personnages de l’architecture du ciel et de la mer a remplacé la "plume solitaire éperdue" du Maître (qui avait vu s’effondrer dés, vagues, mots) Le duo Jarmusch Carter Logan en décuple l’onirisme
Inviter le spectateur à constamment se mouvoir comme l’a analysé Yannick Lemarié ? Oui certainement Marche. Danse. Voiture. Train. Bateau. Rêverie d’une dormeuse, peut-être, qui s’élance vers des espaces infinis, depuis les abîmes marins jusqu’au ciel des poètes. L’étoile de mer ne conjugue-t-elle pas les deux ? Emak bakia n’évoque-t-il pas le « bassin de Neptune » et l’aviateur Marcel Doret ? Les Mystères du château de Dé ne propulse-t-il pas les nageurs dans les airs ?
A ne pas rater !
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
3 février 2025
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09:04
d’Antoine Chevrollier (2024)
Coécrit avec Bérénice Bocquillon et Faïza Guène,
musique : Evgueni et Sacha Galperine
Avec Sayyid El Alami (Willy) Amaury Faucher (Jojo) Artus Solaro (Teddy l’entraîneur) Damien Bonnard (David le père de Jojo) Florence Janas (Séverine la mère de Willy) Mathieu Demy (le nouveau compagnon de Séverine) Léonie Dahan Lamort (Marina)
Festival Premiers Plans d'Angers 2025 :Prix du public Prix d'interprétation masculine pour Sayyid El Alami Prix de la diversité
Festival de Cannes 2024 : sélection en compétition dans la section Semaine de la critique
Projeté en avant-première à l'Omnia le 2/02 en présence du réalisateur et de l'acteur Amaury Faucher ce film sort en salle le 5 février
Willy et Jojo, deux ados inséparables, passent leur temps à chasser l’ennui dans un petit village au cœur de la France. Ils se sont fait une promesse : ils partiront bientôt pour la ville. Mais Jojo cache un secret. Et quand tout le village le découvre, les rêves et les familles des deux amis volent en éclat.
Ecran noir; des voix s’élèvent, envahissent l'obscurité de leur champ sonore (invectives rires et défis ) puis voici auréolé de lumière Jojo encouragé dans son "challenge" griller le stop qui croise une route départementale très passante "on n’a qu’une vie vas-y": et ce, malgré l’avis contraire de Willy son meilleur ami. Cette injonction/défi résonnera d’une étrange façon au cours de la narration quand Jojo adulé sera l’objet de l’opprobre quasi généralisé et que le « tombeau ouvert » du challenge initial sera la pierre tombale d’un geste désespéré…
Oui ce film plein d’énergie de folie et de bienveillance aussi fait précisément « se croiser » des destins dans un village angevin pétri de « préjugés » (préjugés dont Marina (Willy en est amoureux), désormais étudiante à Angers, s’est affranchie J’ai l’impression d’être dans les années 50 avec les rumeurs, les réputations…) Un croisement qui n’est pas simple juxtaposition mais aussi (et surtout) engrenage de problématiques diverses (ruralité ennui déterminisme social homosexualité homophobie deuil) et tout l’art du cinéaste sera d’entraîner le spectateur là où il ne s’y attendait pas…. tout en privilégiant le parcours quasi initiatique de Willy. Conséquence inévitable : le scénario va donner l’impression (désagréable pour certains) d’accumuler des "micro récits" …Jamais il ne sacrifiera les personnages dits secondaires (cf les rôles de la mère, de la petite sœur, de Marina dans le parcours/trajectoire de Willy ; cf aussi la métamorphose du père de Jojo, admirablement interprété par Damien Bonnard)
Voici deux adolescents à l’amitié indéfectible. L’un souffre du caractère impitoyable d’un père -qui vit par procuration la victoire (championnat de France de motocross) de son fils entraîné par Teddy ; l’autre dévasté par la mort de son père ne peut envisager une autre vie dans une autre maison et un autre compagnon pour sa mère. Mais voici qu’homosexualité et homophobie vont changer la donne, et le cours des destins…
La pampa ce circuit de motocross est à n’en pas douter un microcosme (ou du moins il est traité comme tel). Or, les deux grandes séquences le jour du championnat (dans lesquelles Jojo et plus tard Willy sont filmés tels des voltigeurs) si elles se font écho n’ont pas la même fonction dans la narration ; la seconde s’est en effet délestée du virilisme si patent dans la première ; et ce faisant ce sont aussi les limites de l’éducation parentale qui éclatent au grand jour.
Un film qui "déconstruit" tous les clichés de la « masculinité toxique » liés au motocross dans le contexte d’une certaine ruralité, sans recourir à une démonstration plus ou moins moralisatrice…
L'Apocalypse, ce n’est pas la fin du monde, c’est un dévoilement : la fin d’un monde avant un nouveau."
On serait tenté d’appliquer à La Pampa (mutatis mutandis) ce commentaire de Marina destiné à Willy lors de leur visite au château d’Angers où est exposée la tapisserie médiévale l’Apocalypse
Un film que je vous recommande
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
1 février 2025
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10:34
de Déa Kulumbegashvili (Géorgie 2024)
avec Ia Sukhitashvili,(Nina) Kakha Kintsurashvili,((David) Merab Ninidze (médecin-chef)
Musique Matthew Herbert
Mostra de Venise 2024 Prix spécial du Jury
Nina, une obstétricienne de la Géorgie rurale aide les patientes souhaitant avorter malgré l'interdiction légale. Elle doit défendre ses valeurs et ses actions lorsqu'elle est accusée de négligence et est soumise à une enquête1
"Explorer une société où la désobéissance féminine est jugée comme le pire des péchés, une société où la femme est forcément liée à son statut de mère ou d’épouse, où rester célibataire est suspect" tel est le pari de la réalisatrice; lutter contre les « préjugés » c’est le quotidien de Nina. Mais ce sera avec une "singularité déconcertante"
Oui April est un film étrange déroutant voire dérangeant. Un film choc (on sort de la séance comme sonné après un uppercut). La mise en scène est radicale, le réalisme cru, le format (1,3) et la lenteur de certains plans fixes enserrent dans une forme d’étouffement, que vient amplifier une bande son qui fait la part belle à un souffle une respiration, celle d'un double -vivant ou mort-vivant (à l’instar de l’alter ego de Nina humanoïde à la combinaison couleur chair et ocreuse, boueuse).
On ne peut rester insensible à l'esthétique de ce film (au service d’ailleurs d’un plaidoyer en faveur de l’avortement) Certains spectateurs vont déplorer un excès de rigueur formelle ; j’en conviens il y a un étirement qui va (parfois) au-delà du « nécessaire » Cela étant ….
Les trois premières séquences resteront gravées dans les mémoires D’un point de vue purement narratif elles encodent le film -que l’interprétation soit naturaliste ou symbolique- , d’un point de vue esthétique (plastique) elles « dérangent » par leur anti conformisme (silhouettée une femme nue semble s’enfoncer dans les marécages, et sa chair se drape d’une viscosité flasque ; un accouchement filmé en un long plan fixe comme en surplomb léger avec l’accroche de cette lampe froide, l’œil du spectateur rivé sur le sexe de la parturiente ; le frémissement de l’eau qui se métamorphose en crépitement mugissement insolite et qui envahit l’écran au son tonitruant du tonnerre foudroyant)
L’alternance entre scènes à l’hôpital et en extérieur (on imagine Nina au volant de sa voiture qui zigzague de nuit s’octroyant des « pauses » susceptibles de satisfaire une libido contrariée,) qui est aussi une alternance entre cadres fixes et mouvements, exprime cette volonté de « capturer » l’instabilité constante d’un monde. A la froideur des architectures de ces longs couloirs désertés par l’humain (et souvent les personnages sont vus de dos ou restent hors champ) s’opposent si contrastés un champ de coquelicots inondé de lumière, des fleurs en gros plan vibrant sur des branchages gorgés de soleil, un ciel qui « se noie dans son sang qui se fige » Avril et le renouveau
Le plan final (opacité gluante dans l’effacement par engloutissement … ) n’est-il pas empreint de cet onirisme aux multiples interprétations ?
A ne pas manquer
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
31 janvier 2025
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04:26
De Robert Guédiguian (2024)
avec Ariane Ascaride, J-P Darroussin, Louis Leprince Ringuet, Gérard Meylan, , Robin Stévenin, Marilou Aussilloux, Lola Naymark
Maria, la soixantaine, aide des personnes plus âgées qu'elle. Tirant le diable par la queue, elle ne se résout pas à sa précaire condition et, par-ci par-là, vole quelques euros à tous ces braves gens dont elle s'occupe avec une dévotion extrême et qui, pour cela, l'adorent.
Commentaire de Serge Diaz
La pie voleuse est un doux battement d'ailes dans un monde de brutes. Nul autre réalisateur français actuel ne dépeint aussi bien les petites gens que Robert Guédiguian. Son humanisme nous traverse, sans violence, sans exagération, sans manichéisme, sans voyeurisme sexuel. La bonté et l'amour sont au cœur des préoccupations
On pardonne à Ariane Ascaride qui joue simplement une assistante de vie qui arrondit ses fins de mois en rapinant les vieux dont elle s'occupe et qui l'adorent . On s'attache à l'ami d'enfance du réalisateur Gérard Meylan, qui joue un ancien mécanicien à la petite retraite (à cause des ses nombreux boulots au noir,) perd le peu d'argent du ménage au jeu de cartes, au bistrot avec ses copains.
Il y a du suspens(e) dans ce déroulement de vie ordinaire avec une intrigue banale mais bien ficelée. Et une jolie musique de piano, jouée par le petit fils prodige, qui s'envole par les fenêtres des maisons populaires de l'Estaque. La fin est comme le reste du film, délicate, sensible et généreuse.
Enfin, la bonté domine ce film sans niaiserie au ras de la vraie vie de ceux qu'on appelle à tort les petites gens.
Un vrai feel-good movie comme disent les Anglais , qui nous laisse un goût de nostalgie dans le cœur.
Published by cinexpressions
28 janvier 2025
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12:04
De Pablo Larrain (Chili USA 2024)
avec Angelina Jolie (Maria Callas) Haluk Bilginer (Aristote Onassis) Pierfrancesco Favino (Ferrucio Maezzadri) Alba Rohrwacher (Bruna) Valeria Golino (Yakinthi Callas) Caspar Phillipson (J Fitzgerald Kennedy) Vincent Macaigne (Dr Fontainebleau) Kodi Smit-McPhee (Mandrax)
Présenté en avant-première à la Mostra de Venise (août 2024)
Angelina Jolie nommée aux Golden Globes pour son interprétation
Présenté en avant-première à l'Omnia dimanche 26 janvier (festival Télérama)
Sortie le 4 février 2025
La soprano américano-grecque Maria Callas se retire à Paris après une vie glamour et tumultueuse aux yeux du public. Dans ses derniers jours, la diva s’interroge sur son identité et sa vie ; elle se remémore ses plus grands succès, entre solitude et nostalgie Pablo Larraín dresse ainsi le portrait d'une femme à la fois adulée et profondément vulnérable.
Troisième volet d’une trilogie consacré au féminin blessé, après Jackie et Spencer ce film s’intéresse aux 7 derniers jours de la Callas en septembre 1977. Voici une femme désespérée d’avoir perdu sa voix, une femme bourrée de médocs, une femme blessée dans ses amours, une femme recluse dans son appartement parisien et qui « s’interroge sur sa vie et son identité ».
Maria est structuré en trois parties annoncées par les « claps » et se donne(rait) à voir comme un film dans le film La Callas : the last days. Mais très astucieusement le personnage de Mandrax (Kodi Smit-Mcphee) censé être le documentariste n’est qu’une projection de l'esprit de la chanteuse, ce qui accentue l’enfermement mental de Maria.
La séquence liminaire qui nous introduit avec lenteur dans l’appartement luxueux peut s’apparenter à une marche funèbre : silhouettés seront les personnages (dont le médecin Fontainebleau interprété par V Macaigne) qui se penchent sur le corps de la défunte gisant à même le parquet. Cette scène d’ouverture est reprise en écho à la fin : une telle circularité, certes formelle, s’inscrit en fait dans une volonté de désacralisation et d’ailleurs le plan fixe qui clôt le film est dédié au couple de serviteurs fidèles (Alba Rohrwacher, et Pierfrancesco Favino) alors que vont défiler en même temps que le générique de fin, des images d’archive en couleurs avec ….la Callas… loin de ses rôles de diva …
Pénétrant sa psyché (le visage d’Angelina Jolie filmé en très gros plan étant le miroir à traverser), Pablo Larrain déploie ses talents incontestés de cinéaste : éclatement de la chronologie, enchâssement des épisodes revisités en images réelles ou mentales, présentes et remémorées tout à la fois; récurrence de certaines scènes, agencement des couleurs avec passage du clair-obscur, du noir et blanc à la couleur, variations des cadres et angles de vue ; à cela il convient d’ajouter ces dialogues (certains assez drôles) la somptuosité des décors (et des costumes…). Et c’est bien pour « restituer » la « voix » (l’actrice américaine aurait suivi des cours de chant) que le cinéaste use des artifices qui « brouillent » les pistes - (de loin sur scène la Callas (la vraie?) mais voici entremêlés les rushs du film faussement vieillis… - dans la même séquence voici un extrait d’un concert aussitôt revisité ou fantasmé par… Angelina Jolie)
Cinéma et opéra, cinéma et intériorisation théâtrale
En contrepartie certains épisodes tombent à faux, à moins qu’il ne s’agisse d’auto dérision (revisitant son passé Maria peut le travestir) rencontre avec le président Kennedy, ultime visite à Onassis mourant; et que penser de ces flash-back sur les « dérives » de la mère qui a prostitué ses deux filles ? faire du personnage une « victime » ?
Certes le cinéaste refuse l’hagiographie tout en faisant de Maria la seule maîtresse de son « nouveau » destin (ce dont témoignerait la scène d’autodafé) mais force est de constater que la virtuosité formelle l’emporte créant ainsi une paroi de verre entre l’écran et le public….
Dommage
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
26 janvier 2025
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D'Ali Abbasi (Danemark Canada, USA, Irlande 2023 )
Scénario : Gabriel Sherman journaliste politique
avec Sebastian Stan (Donald Trump) Jeremy Strong (Roy Cohn) Maria Bakalova (Ivana Trump) Martin Donovan (Fred Trump) Catherine McNally (Mary Anne Trump) Charlie Carrick (Freddy Trump)
Festival Cannes 2024 ( Compétition )
Véritable plongée dans les arcanes de l'empire américain, The Apprentice retrace l'ascension vers le pouvoir du jeune Donald Trump grâce à un pacte faustien avec l'avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn.
Distribué par une société indépendante (Briarcliff Entertainment) le film du cinéaste dano-iranien (cf Border, Les nuits de Mashhad) est sorti en France en octobre 2024 ; soit un peu avant l'élection présidentielle aux USA (qu'on prédisait très serrée…). Sélectionné par Télérama pour son festival (du 22 au 28 janvier 2025) il acquiert une autre dimension : car la réalité imposée par le 47ème président américain dépasse la "monstruosité": thématique majeure du film
Le titre ? emprunté à l’émission de téléréalité créée en 2004 animée par le big boss Donald Trump qui, sadique, se plaît à éliminer les candidats vaincus par la formule you’re fired La vie comme business ? il y avait donc un sens à nommer ainsi un film qui prétend jeter une certaine lumière sur les années de formation de Donald Trump
Ali Abbasi s’intéresse en effet aux années d’apprentissage de Donald Trump,- soit la décennie 1970 1980,- à son ascension entrepreneuriale (immobilier) avant son entrée en politique. Les enseignements du « coach » Roy Cohn, avocat sans scrupules, ont été gravés à jamais - les 3 commandements toujours attaquer ; ne rien avouer ; toujours revendiquer la victoire- son conseil Tu dois définir ta propre réalité. mais aussi le slogan de Reagan « rendre sa grandeur à l’Amérique » Donald Trump n’a cessé de les appliquer (dans le monde des "affaires"- l'immobilier-, d'abord et plus tard en ….politique)
On assiste ainsi à la construction méthodique et glaçante -car de bout en bout malhonnête- d’un personnage qui, dans la seconde partie du film, va tuer son mentor (affaibli d’ailleurs par le sida) en jouissant de sa déchéance. Le looser avide de pouvoir, à la solde d’un père autoritaire, et qui avait trouvé un "père de substitution" est devenu « tueur » impitoyable…La scène du viol (avec sa première femme Ivana) illustrait déjà la bestialité et le sexisme du personnage
Le double portrait -Donald Trump Roy Cohn- deux hors la loi magouillant au-dessus des lois- est servi par la prestation des deux acteurs Sebastian Stan et Jeremy Strong (mention spéciale à ce dernier pour son jeu glaçant), par un rythme assez fou, une mise en scène qui souvent rappelle les clips télévisuels (avec un clinquant outrancier déjà lisible sur l’affiche à la dominante dorée)
Film de formation en un certain sens (d’où l’importance du « mentor ») affirme le cinéaste mais aussi tentative de généalogie du populisme contemporain aux Etats-Unis. (cf le maccarthysme pratiqué sans vergogne par Roy Cohn qui rappelons-le fut le conseiller juridique du sénateur dans les années 50)
Un film « fragment de vie » censé ramasser la quintessence d’une célébrité et de son destin ....
A voir
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
24 janvier 2025
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09:49
Long métrage d'animation réalisé par Adam Elliot (Australie 2024)
Voix de Jacki Weaver (Pinky) Eric Bana James (The Magistrate) Sarah Snook (Grace Pudel) Kodi Smit-McPhee (Gilbert Pudel) Dominique Pinon (Percy) Magda Szubanski (Ruth )
Festival d’Annecy Prix Cristal du long-métrage
À la mort de son père, la vie heureuse et marginale de Grace Pudel, collectionneuse d’escargots et passionnée de lecture, vole en éclats. Arrachée à son frère jumeau Gilbert, elle atterrit dans une famille d’accueil à l’autre bout de l’Australie. Suspendue aux lettres de son frère, ignorée par ses tuteurs et harcelée par ses camarades de classe, Grace s’enfonce dans le désespoir. Jusqu’à la rencontre salvatrice avec Pinky, une octogénaire excentrique qui va lui apprendre à aimer la vie et à sortir de sa coquille…
Petit corps trapu avec une propension à l'adiposité, grosse tête avec de gros yeux globuleux et tombants cernés de noir, une cicatrice balafrant le bas du visage, c’est Grace (ô l’antiphrase…) le personnage marginal dont nous allons entendre les "mémoires " Sa voix off sera relayée par celles de tous les intervenants : parents, témoins, religieux , amis, ennemis
Même si sa vie fut marquée par des drames à répétition le film ne versera pas pour autant dans la "noirceur"; certes la palette est "sombre" (dominante marron ou gris) mais Adam Elliot égrène çà et là des touches de lumière plus rougeoyante (une bougie un radiateur une boîte à musique) telle la chaleur lénifiante de promesses( ?) Et surtout l’humour quasi omniprésent (en ses diverses nuances) et la tendresse vont tempérer -pour ne pas dire annihiler- l’angoisse et la douleur ; d’ailleurs le public rit souvent de bon cœur, jamais au détriment de Grace -Nous suivons son parcours quasi initiatique depuis la séduction pour les gastéropodes et leur coquille protectrice jusqu’à l’émancipation, grâce au personnage fantasque de l’octogénaire aux savoureuses métamorphoses et au langage fleuri d’audaces… (un bémol pour le final en forme d’épilogue, twist? ou capillotracté ? )
Grace évolue dans l’univers animé en stop motion où sans conteste Adam Elliot affirme un sens de la plastique et du détail. Le procédé de l’accumulation qui s’impose dès les premiers plans (travellings sur les objets entassés dans la chambre encombrée de Grace, et dont certains sont étiquetés comme prélude au générique) va présider à toutes les étapes, jusqu’à la pléthore. Le cinéaste dénoncerait-t-il un trouble du comportement, la syllogomanie ? ou accumulation compulsive ?
Dans ce passé recomposé : handicap de naissance (le bec-de-lièvre) objet de risée, perte des parents, séparation d’avec le frère jumeau (or Grace et Gilbert ne formaient qu’un seul cœur) placement en famille d’accueil (et les dures conditions imposées par Ruth à Gilbert), attentes fébriles des retrouvailles, mariage raté (Ken plus séduit par la graisse de Grace, membrane à gaver de saucisses) …autant de désillusions, de désenchantements "accumulés" qui d’ailleurs vont de pair dans leur traitement avec la profusion de métaphores autour de la "coquille" (symbole de nos traumatismes ? ou/et de nos cicatrices intérieures ? du repli sur soi ?) ; la multiplicité des thèmes abordés (misère, alcoolisme, deuil, travail forcé des enfants, homophobie, harcèlement scolaire, les clins d'œil réitérés aux problèmes de "notre temps" etc… ) est en outre soutenue par un rythme rapide – jusque dans le débit du locuteur
Or une telle accumulation -sous forme d'empilement le plus souvent- ne risque-t-elle pas de nuire au propos ? ? ou du moins de détourner l’attention du spectateur ??
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
23 janvier 2025
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De David Oelhoffen (France Liban 2024)
Avec Laurent Lafitte (Georges) Simon Abkarian (Marwan) Manal Issa (Imane) Bernard Bloch (Sam Akounis) Tarek Yaacoub :(Nakad) Nasri Sayegh ( Joseph Boutros)
Sélection au Festival du film Francophone d'Angoulême 2024 (Les Flamboyants)
Prix RTBF au Festival international du film francophone de Namur 2024
Prix du Public au Festival de Montélimar (De l'écrit à l'écran)
Prix du Public et Prix de la meilleure adaptation au festival du Croisic (De la page à l'écran)
Prix du Public au Festival du film de société de Royan
Meilleur Film au Festival du Film Francophone de Málaga
Liban, 1982. Afin de respecter la promesse faite à un vieil ami, Georges se rend à Beyrouth pour un projet aussi utopique que risqué : mettre en scène Antigone afin de voler un moment de paix au cœur d’un conflit fratricide. Les personnages seront interprétés par des acteurs venant des différents camps politiques et religieux. Perdu dans une ville et un conflit qu’il ne connaît pas, Georges est guidé par Marwan. Mais la reprise des combats remet bientôt tout en question, et Georges, qui tombe amoureux d’Imane, va devoir faire face à la réalité de la guerre.
Un substrat aux allures de mille-feuille Voici une pièce écrite pendant l’Occupation par Anouilh (Antigone parabole de la résistance plus que tragédie du destin comme chez son devancier Sophocle), un roman de Sorj Chalandon prix Goncourt des lycéens. 2013 « le quatrième mur » qui s’inspire de ses années de reporter de guerre et la découverte des atrocités à Sabra et Chatila (1982), roman dont s’inspire David Oelhoffen qui tourne à Beyrouth en 2022, capitale dévastée défigurée par l’explosion de 2020 et plus récemment …par les bombardements israéliens…auxquels le spectateur va forcément songer…
D’emblée se profile l’existence de ce « fameux » quatrième mur. « Démarcation invisible censée maintenir l’illusion théâtrale » dans le langage théâtral, il sera dans la trajectoire de Georges (ce dont témoigne l’affiche) ce mur qu’il franchit du réel à l’illusion puis de l’illusion au réel. Des personnes refusent d’interpréter un rôle contraire à leur foi ou leurs convictions profondes ? Georges (Laurent Lafitte) a beau faire le distinguo entre théâtre (fiction) et réel, quitte à « changer »(donc trahir) le texte d’origine, ses propos/promesses sont frappés d’inanité…. Quatrième mur et légitimité sont ainsi étroitement imbriqué.es dans ce film à la circularité à la fois formelle (quand scène d’ouverture et séquence finale se répondent en écho) et politique ou philosophique (comme si l’univers dont le microcosme est le Liban, répétait une (sa) tragédie de l’horreur ; l’art -ici le théâtre-, saisi dans son incapacité à la neutraliser même pour une courte durée…)
Certes le spectateur sera sensible à la « rigueur » des cadres (qui vaut autant pour les extérieurs que pour les intérieurs) à cette « inscription » des corps dans l’espace (restreint quand on est convié à une répétition, plus élargi quand les personnages sont recouverts d’un linceul poussiéreux d’ocre et de suie après avoir fui les bombardements) ainsi qu’au « dynamisme » du montage (encore que… parfois)
Mais tout cela n’est-il pas fortement entaché par le choix du « spectaculaire » (parfois synonyme de « surenchère ») dont la toute première séquence (qui est aussi partiellement l’ultime) donne le ton (long plan fixe sur le visage de Georges, effets sonores accentués, char syrien qui va détruire la beauté quasi apollinienne des environs du bord de mer ) Volonté démonstrative trop appuyée, impact émotionnel trop facile, tel est ce parti pris : insister sur les atrocités (gros voire très gros plans sur les visages tuméfiés, les yeux et paupières ravagé.es par les bombes au phosphore, le corps d’Imane (Antigone) violé et tué dans le camp de Chatila), la scène de justice immanente où nous assistons au tabassage mortel du « traître » et au fur et à mesure que le corps change de couleur (jusqu’à la noirceur du sang qui coagule…) en parallèle la métamorphose (définitive ?) de Georges… lui qui affirmait au tout début « je n’y comprends rien à cette guerre » « moi je suis pour la paix »
La seconde séquence (ou pourquoi Georges accepte de venir à Beyrouth ..) est trop longue (et la métaphore du rasage trop appuyée) Le projet initial -L’art peut-il créer la paix et rapprocher des individus issus de communautés a priori irréconciliables ? est aussi entaché par la façon de traiter la relation amoureuse entre le metteur en scène et une actrice…. (visage de la Palestinienne Imane (Manal Issa) en gros plans annonciateurs de l’idylle, sa confrontation avec les rushs de répétition, douleur et vengeance). Si l’on ajoute le choix de la « mise à distance » (jeu de l’acteur/metteur en scène imposé par la direction d’acteurs David Oelhoffen avec effet de mise en abyme) on versera inévitablement dans le pur exercice de style
Bref des partis pris de mise en scène « surérogatoires »
Dommage !
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
20 janvier 2025
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De Walter Salles (Brésil 2024)
avec Fernanda Torres Fernanda Montenegro Selton Mello
Prix du meilleur scénario Mostra de Venise (septembre 2024)
Golden Globe Awards de la meilleure actrice dans un film dramatique (janvier 2025)
Rio, 1971, sous la dictature militaire. La grande maison des Paiva, près de la plage, est un havre de vie, de paroles partagées, de jeux, de rencontres. Jusqu'au jour où des hommes du régime viennent arrêter Rubens, le père de famille, qui disparaît sans laisser de traces. Sa femme Eunice et ses cinq enfants mèneront alors un combat acharné pour la recherche de la vérité.
Tu adorerais être ici avec nous aujourd'hui (disait en 2009 Dilma Rousseff lors d’un meeting s’adressant à Carlos Alberto Soares de Freitas, alias Beto « tombé dans la fleur de l’âge » )
je suis toujours là semble répondre Rubens Paiva ….dans le film que lui dédie Walter Salles
Dès le premier plan -alors que le visage d’Eunice émerge de l’eau, le ciel s’est légèrement zébré – une alerte ? une menace ? ce que confirmerait la scène où une des filles, toujours caméra au poing, est arrêtée (manu militari) avec ses amis pour un « contrôle » (les visages du chauffeur et des passagers sont confrontés avec ceux figurant sur une liste de « suspects »…) Dans la première partie (1971 Rio Plage(Copacabana ? Ipanema ?) qui se veut solaire lumineuse (entente familiale, insouciance des plus jeunes enfants, musique, réceptions) la dictature militaire -mise en place par les USA dès le coup d’état de 1964 qui sévira jusqu’en 1985 - est prégnante (l’extrême droite fût-elle habillée en Prada comme dans certaines démocraties occidentales actuelles et d’autres en passe de le devenir… n’en reste pas moins extrême dans sa chasse aux « suspects » (de « gauche » et en 1971 en Amérique latine ce sont les communistes …rappelons que dès 1968 un code de procédure pénale militaire autorise l'armée et la police à arrêter, puis à emprisonner, hors de tout contrôle judiciaire, tout « suspect )
Walter Salles qui s’inspire de faits réels et qui a connu la famille Palva, adopte le point de vue de l’épouse et mère Eunice (magistralement interprétée par Fernanda Torres relayée pour la dernière partie par sa propre mère Fernanda Montenegro l’actrice principale de Central do Brasil 1998 du même cinéaste )
Sa mise en scène classique, dont la linéarité est ponctuée par les repères Rio de Janeiro 1971, Sao Paulo 1996, 2014), et qui fait fi du « spectaculaire » (nous sommes dans la tragédie et non dans le mélodrame) est scandée par des « indices » comme autant de signaux -certains récurrents- qui mettent en exergue une hantise celle de la transmission, celle de la mémoire, une mémoire qui ne doit pas « refaire » l’histoire ( le récit historique n’est-il pas celui des "vainqueurs" ?) afin de "regarder le passé en face" (et non comme l’aurait souhaité le « bolsonarisme »)
Le titre lui-même est l'aveu d'une permanence (le "je" de l'énonciation renvoie tout aussi bien à la mère qu'à l'ex député enlevé de façon arbitraire et dont le corps ne fut jamais retrouvé, qu'à la "démocratie" !) . Voici en outre des films de famille, des photos, (enjeux identitaires fortement ritualisés et pour le présent et pour le futur) des coupures de presse (à commenter critiquer) voici les meubles et cartons, empreintes/témoins que l’on emporte avec soi vers un « ailleurs », voici le livre du fils Marcelo (qui a d’ailleurs servi de « déclic ») Voici cette dent que le père avait faussement enterrée dans le sable (mais comment être sûr de la retrouver ? s’interrogeait la gamine ; Il suffit de compter le nombre de pas depuis la maison ….)
Oui le sable aussi mouvant soit-il ne doit pas être synonyme d’effacement. Sodade sodade murmure Cesaria Evora…
Un film récompensé à Venise, accueilli très favorablement au Brésil? Certes l’interprétation qui a valu un prix à Fernanda Torres est formidable, certes les changements d’ambiance de lumière de grain, d’une partie à l’autre , sont déterminants dans leurs contrastes (cf lumière explosive en I - l’effervescence comme force de résistance ? ombres ténébreuses après l’arrestation de Rubens et les « dépositions » lors d’interrogatoires, le sourire exemplaire censé illuminer la "survie" après la perte) Et pourtant….ce film "devoir de mémoire" (de remise en cause de la politique d’amnistie « synonyme d’amnésie ») n’a pas la force convaincante des films chiliens ou argentins sur les dictatures (Guzman P Larrain entre autres)
Est-ce parce que ce docu-fiction (cf l’album de famille au générique de fin) se donne à voir essentiellement comme une "chronique familiale" ? ou comme le portrait d’une mère courage qui imprime sa pulsation de bout en bout et impose une version "trop hiératique de la souffrance et du sacrifice de soi" ???
Colette Lallement-Duchoze
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