De Darren Aronofsky (USA 2000) version restaurée
Avec Jared Leto, Ellen Burstyn, Jennifer Connelly et Marlon Wayans
Présenté au festival de Cannes 2000 Hors compétition
Harry, toxicomane passe ses journées en compagnie de sa petite amie Marion et de son meilleur pote. Sara la mère d'Harry, souffre elle aussi d'une dépendance: la télévision. Elle s'astreint à un régime draconien quand elle est invitée à participer à son jeu télévisé favori
Vite, vite, encore quelques séances pour voir ou revoir requiem for a dream. Ce film fête ses 25 ans dans une version restaurée alors que la Cinémathèque accueille le cinéaste Darren Aronofsky. Un cinéaste au style reconnaissable : celui de l’extrême - outrances formelles qui ne sont pas boursouflures-, et thématique dérangeante (celle de l’addiction.).
Nous allons suivre la descente aux enfers, de quatre personnages, au cours de 4 saisons -signalées par des encarts, annoncées par une bande-son couperet,- et avec la reprise récurrente du très gros plan sur l'œil (cf affiche). Sara, la mère, et ses TCA, une accro de la télévision , son fils Harry junkie, sa petite amie Marion ainsi que son pote Tyrone… Après le paradis artificiel et le trafic de drogue florissant, une guerre des gangs ....et ce sera le manque… Et quand la drogue vire à l’obsession c’est la spirale infernale (toute relation amoureuse s’en trouve contaminée les je t’aime de la mère au fils, du fils à la mère, du fils à son amie ne sont plus que des échos feutrés ou suspendus) Sara sombre dans la folie, Marion se "prostitue" Harry et Tyrone "ratent" leur coup et leur voyage en Floride tournera mal.. …
Le corps se gangrène (gros plan sur le bras de Harry avant son amputation) ou subit des électrochocs. La mort en héritage...Le film lui-même est à la fois viscéral organique trash. Il "chante" un requiem sans motet ni absoute. Le rêve s'en est allé
Et toutes les ressources stylistiques cinématographiques sont exploitées avec un rythme souvent endiablé; elles illustrent les affres de la douleur, celle du manque, et la thématique de la "décomposition" : split-screens, effets de ralentis et d'accélérés, intrusion du fantastique, (un frigo devenu monstre, une pluie de donuts), mélange du morbide et de la poésie (cf la scène de rêve); le montage est frénétique et l'accompagnement musical époustouflent (musique de Clint Mansell)
Une inventivité de tous les instants et un jeu d’acteurs souvent impérial.
Un film qui fait mal ou du moins qui met mal à l’aise
Requiem for a dream ? Un film culte à ne pas manquer
Colette Lallement-Duchoze