De Kiyoshi Kurosawa, (Japon 2024)
avec Masaki Suda (Ryōsuke 'Ratel' Yoshii), Kotone Furukawa,(Akiko) Daiken Okudaira (Sano), Amane Okayama( Miyake), Yoshiyoshi Arakawa, Masataka Kubota
Sélection:
Mostra de Venise 2024 : en Fuori Concorso et Oscar du meilleur film international :
Ryosuke plaque tout pour vivre de la revente en ligne. Mais bientôt, certains clients menaçants resserrent l'étau autour de lui sans qu'il en comprenne les raisons. Son rêve d'indépendance vole en éclats. Dans un Japon hyperconnecté, fuir est impossible. Surtout quand on ignore les règles du jeu.
Après Chime (sorti le 28 mai) voici tel un second volet, ou une seconde approche ( ?) dans la dénonciation du "capitalisme" qui "favorise" des comportements déviants sur internet. -acheter des produits, les revendre aussitôt et ce dans un cycle sans fin, le personnage étant subjugué aimanté par le processus lui-même ad libitum, ad nauseam
D’un format plus conventionnel (long métrage) le film procède par étapes -nous suivons en effet le parcours de Ryosuke et de sa compagne Akiko -depuis la démission du poste de modeste employé jusqu’à la folie vengeresse de concurrents, vengeance qui se mue en chasse à l’homme- (un "jeu" affirme un des poursuivants) Pour chacune de ces étapes (comme autant de phases dans la déshumanisation) le film adopte un "genre" particulier (chronique familiale et sociale, comédie noire, film d’horreur et thriller survivaliste) Quant au titre Cloud il renvoie à la fois au brouillage qui indifférencie les limites et au dispositif numérique supposé réunir désormais toutes les données et toutes les caractéristiques des existences humaines, sous un nom qui est lui-même un leurre.
Si les cadrages sont toujours très rigoureux si les lumières -souvent glaçantes- participent de cette attente paralysante, si le rythme épouse la montée de la "paranoïa" chez le protagoniste -et sa transformation en "tueur"- on peut déplorer une certaine complaisance (maniement des instruments de la mort, bande-son, course-poursuite) quand bien même elle serait au service d’une "démonstration" : comment les échanges numériques dans leur perversité même sont facteurs de déshumanisation (la contamination de cette logique du profit affectant la relation amoureuse; le seul personnage féminin Akiko est d'une redoutable duplicité... )
Au final Cloud peut se lire comme un "conte" cruel cauchemardesque certes mais qui- hélas ! (dé)montre plus (et parfois même jusqu’à la caricature) qu’il ne suggère…
Colette Lallement-Duchoze