15 février 2025 6 15 /02 /février /2025 18:45

 

 

Du mercredi 26 février au dimanche 9 mars : la Semaine italienne portée par le Circolo Italiano en partenariat avec la Ville de Mont-Saint-Aignan revient au cinéma Ariel.

12 jours de projections, d’échanges et de festivités, notamment gustatives,

vous pourrez découvrir ou redécouvrir de grands classiques du cinéma italien.

Ouvert à tous. Tarifs : 7 € / 3,60 €.

 

Cinéma Ariel : 02 35 70 97 97. Programme : montsaintaignan.fr

Semaine du cinéma italien du 26 février au 9 mars 2025
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15 février 2025 6 15 /02 /février /2025 18:08

Film réalisé par Nicolas Burlaud (2024)

 

États généraux du film documentaire • Lussas (France) • Plein air 2024 • Festival Image de Ville • Aix-en-Provence (France) 

 

Avant-première au cinéma Omnia samedi 15 février en présence du réalisateur 

A 50 ans le cinéaste est frappé d'une épilepsie foudroyante conséquence d'un dysfonctionnement de son hippocampe, l'organe qui façonne les souvenirs. C'est l'occasion pour lui de revenir sur la mémoire collective et alternative que lui et ses acolytes fabriquent depuis 25 ans au sein d'une télévision de rue. Quand ces deux récits se croisent, il est question de choix et d'oublis 

Les fils qui se touchent

Un prologue filmé au format 4,3 montre « littéralement » une démolition (grues gravats lambeaux du passé) que commente une femme « mémoire » du quartier ; un discours émouvant dans la simplicité de son énoncé et par une approche souveraine de la « mémoire collective »   Première connexion où d’autres « fils qui se touchent » vont s’enchâsser.

Elargissement de l’écran au format « normal » ; une « anomalie » de l’hippocampe a été découverte lors d’une IRM du cerveau (cf le synopsis) ainsi que la présence d’une « bille » métallique (séquelles d’un tir lors d’une manif au Venezuela ?) et quand Nicolas Burlaud se plaît à « imiter» les différents  « sons » -ces « résonances » entendues lors de l’examen- n’est-ce pas la préfiguration de tout le champ sonore qui de sa diversité accompagnera le défilé des images ? 

Nicolas Burlaud a 50 ans Primitivi 25. Connexion comme genèse d’un projet, du projet " les fils qui se touchent "  (ce que dit explicitement le cinéaste en voix off) Mémoire individuelle et mémoire collective ; fabrication de la mémoire par l’hippocampe et fabrication d’archives mémorielles par Primitivi ; défilé de plus en plus rapide d’images du cerveau (connexions neuronales qui magnifient l’infiniment petit) et en écho images d’archives sur Marseille, ses quartiers ses habitants individualisés ou magnifiés en groupes solidaires lors de manifs


Un documentaire  foisonnant performant et novateur -diversité des images, subtilité du montage, récurrences ou effets spéculaires, rythme soutenu qui fait éclater les repères temporels -pour mieux les restituer en une approche cartographiée qui clôt le film où l’horizontalité du trait dessiné à la craie va épouser les « images » du crâne, mais inversées.

Un film où la verticalité dans la compacité des façades ou celle des manifestants (légère contre plongée) croise en l’épousant celle de ces arbres (platanes ?) aux branchages vrombissants

Un film où se superposent en strates les différents discours (neuroscientifique historique sociologique, slogans de manifestants, commentaires en off); certains qui les profèrent sont filmés in situ (dans des structures hospitalières) ou dans la rue (notre regard suit le bras de ce chercheur qui « montre » une empreinte : c’est la trace d’une plaque commémorative; dédiée à la septuagénaire mortellement blessée par un tir de la police lors d’une manif des gilets jaunes … elle a été arrachée ! mais grâce à ce film elle ne peut plus se dérober… ni à l’œil (nu) ni à la mémoire (collective). 

Le parallèle entre deux images la Sagrada Familia et une termitière est troublant dans l’évidence même de cette « connexion » : deux cathédrales deux « mémoires collectives » Comportement humain et animal ? Mais est-ce que la société a conscience d’être une société ? 

Le film de Nicolas Burlaud qui invite le spectateur à pénétrer les arcanes de son cerveau, puis de la mémoire collective (Marseille Paris) a tissé plusieurs fils narratifs ; entrecroisant ces fils qui se touchent  sa  "toile"  arachnéenne est  l’empreinte du Vivant

 

Un documentaire à ne pas rater!

 

Colette Lallement-Duchoze
 

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15 février 2025 6 15 /02 /février /2025 07:31

De Delphine et Muriel Coulin  (2024)

 

avec Vincent Lindon, Benjamin Voisin, Stefan Crepon

 

Adapté du roman de Laurent Petitmangin "Ce qu'il faut de nuit" (2020)

 

Mostra de Venise prix Volpi d'interprétation masculine pour Vincent Lindon 

Pierre élève seul ses deux fils. Louis, le cadet, réussit ses études et avance facilement dans la vie. Fus, l'aîné, part à la dérive. Fasciné par la violence et les rapports de force, il se rapproche de groupes d'extrême-droite, à l'opposé des valeurs de son père. Pierre assiste impuissant à l'emprise de ces fréquentations sur son fils. Peu à peu, l'amour cède place à l'incompréhension

Jouer avec le feu

Voici un noyau familial à trois têtes où les regards (très éloquents cf la récurrence des gros plans sur les visages) vont supplanter progressivement le discours, la parole (après ses réactions épidermiques et l’affrontement avec son fils le père se mure dans le silence tout comme au moment du procès le fils choisira de « se taire » ; la parole in fine sera hors champ et réservée à Louis mais …dans un autre film).

 

L’essentiel est moins l’histoire d’une emprise (comment pourquoi Fus est séduit par l’idéologie de l’extrême droite dans le contexte économique social et politique de l’Est) que le cheminement fait de tâtonnements de questionnements d’un père (politiquement situé plutôt à gauche) complètement déboussolé par les « dérives » de son fils ; un père qui au moment du procès s’en vient battre sa coulpe pour n’avoir pas su, pas pu empêcher la tragédie…

 

Nuances et changements de tonalité (on peut passer de l’euphorie, des rires au regard quasi haineux) réalisme des situations (les petits déjeuners pris à la va vite, le trajet en voiture, l’endormissement sur le canapé face à l’écran qui déverse à flux continu les infos du moment…) un tempo qui fait alterner séquences sur vitalisées et pauses prolongées, une façon de filmer très organique quasi viscérale

 

Oui tout cela pourrait séduire et qui sait, entraîner l’adhésion. 

 

Or dès les deux séquences d’ouverture -où deux corps sont filmés successivement en des contextes et des couleurs contrasté.es– on devine de par leur durée insistante, que prévaudra l’héroïsation des acteurs/personnages Et de fait ce corps démultiplié dans ses contorsions sportives savamment chorégraphiées (Fus est fan de foot) et cet autre tel un fantôme éclairant la nuit de sa lampe torche (Pierre est chef mécanicien de nuit à la SNCF) sont magnifiés en icones (on aura droit à de très gros plans prolongés sur la stature de Vincent Lindon ou sur le torse et le visage de Benjamin Voisin) ; même l’élément mécanique, l’imposante machine, est exhaussé en puissance irrésistible  …

Une « monstration » par trop expressive au service d’une « démonstration » ???

De plus malgré des ellipses (temporelles surtout) il y a des étirements inutiles, souvent proches de la complaisance et contre-productifs -à mon humble avis

 

Colette Lallement-Duchoze
 

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14 février 2025 5 14 /02 /février /2025 09:37

Documentaire de Jean Libon, Clémentine Bisiaux Régine Dubois Stéphanie De Smedt, Mathilde Blanc et Yves Hinant (2024 France Belgique)

 

Festival du Nouveau Cinéma • Montréal (Canada) 

Plus que jamais fidèle à l’esprit de la série culte qui a marqué les esprits et déclenché des vocations de cinéastes depuis près de trente ans, STRIP-TEASE INTEGRAL nous offre, cette fois sur grand écran, cinq peintures sensibles, touchantes, parfois absurdes, souvent drôles, tantôt sombres ou lumineuses – mais toujours aussi vraies que nature – des vanités de la société humaine dans leur plus merveilleuse banalité.

Strip-tease intégral

Vous voulez tout voir… vous allez être servis ! 

 


Pour fêter ses 40 ans, après deux longs métrages- dont  Ni juge ni soumise https://www.cinexpressions.fr/2018/02/ni-juge-ni-soumise.html ) voici le retour -pour la forme-- à une succession de courts métrages (20 minutes maximum ) caméra portée à hauteur d’homme, absence de commentaires en voix off; et pour le fond le déshabillage dans leur vécu, de personnages à la fois  ordinaires et singuliers 


Soit 5 courts métrages, -dont 4 réalisés par des femmes-, 5 segments de cinéma vérité  qui vont se succéder sans fil rouge apparent -hormis peut-être pour les 4 premiers,  des excès "anormaux" vécus sur le mode de la "normalité"  et comme prémices au cinquième l’intrusion par deux fois dans une morgue et le plan sur une table d’autopsie…:

Des influenceuses à Dubaï obsédées par leur paraître et la recherche de notoriété (l’odeur de l’essence de Stéphanie De Smedt) une famille catho dont la mère est obsédée par l’écologie, (zéro déchet de Clémentine Bisiaux) une quinquagénaire comédienne amatrice, adepte du stand-up (miroir mon beau miroir de Régine Dubois) un médecin hypocondriaque (Les antécédents familiaux de Mathilde Blanc)
Les quatre réalisatrices insistent sur des formes d’excentricités, idées fixes, fantasmes- des turbulences qui vont provoquer le rire (cette brosse à laver les WC brandie comme une baguette magique dans Zéro déchet) mais aussi l’effarement (la pose de facettes sur des dents saines …influenceuse belge à Dubaï ; la mère par excès d’écologie qui impose à la famille le recours au papier hygiénique …lavable…)  

Elles ménagent aussi des attentes par des scènes contrastées (l'opposition sociale de deux Dubaï, le clinquant rutilant et le misérabilisme dans l'odeur de l'essence ;  la séquence où l’épouse s’enduit le corps de crème avant que la caméra ne montre sans insistance la cicatrice suite à une mammectomie suggère une douleur silencieuse contrastant avec l’exubérance -ridicule- de l’époux hypocondriaque dans Les antécédents familiaux). Coline se produit chaque soir dans le cadre du festival off d’Avignon après avoir tracté sous la chaleur, la salle est minuscule non ventilée et les  "rares"  spectateurs ne sont pas tendres … Coline craque…entraînant son mari dans une forme de  descente aux enfers (l’illusion n’était-elle pas incluse dans le titre  Miroir mon beau miroir?) 
Le 5ème court métrage Bidoche doit-il être considéré à part ? l’acmé (cf l’affiche)  ? ou la clausule en forme de coda ?  Réalisé par Jean Libon le fondateur du magazine, il montre en temps réel (en un long plan fixe), une autopsie…Découpage éviscération désossement avec amplification des sons …gluants et commentaires glaçants dans leur concision et précision scientifiques, avant un "twist"  sur les loisirs du médecin légiste (qui se produit en cabaret transformiste) 


Au final ne peut-on apparenter ces différents parcours comme autant de quêtes de  trouver un sens à la vie et sa place dans le monde?  et en cela le film ne serait-il pas notre miroir (reflet de nos propres vanités ? dont la mise en scène de soi…  )

 


Strip-tease intégral …un film que je vous recommande

 

Colette Lallement-Duchoze

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13 février 2025 4 13 /02 /février /2025 13:54

11ème édition

 

Du vendredi 28 février au dimanche  2 mars 2025

 

Cinéma Omnia

Rue de la République Rouen

Festival Elles font leur cinéma (28 février 1 et 2 mars 2025)

"Pour cette édition 2025, nous sommes heureuses de mettre en valeur le travail de réalisatrices talentueuses venues des quatre coins du monde. Au programme : une sélection de longs-métrages, dont 4 documentaires et une séance de courts-métrages, qui exploreront des thèmes variés avec sensibilité et audace.
 

Le festival offrira également l’opportunité unique d’échanger directement avec certaines des réalisatrices lors de temps d’échange en fin de séance.

Venez découvrir des histoires inspirantes, rencontrer des femmes passionnées par leur métier et célébrer ensemble la diversité et la richesse du cinéma féminin"

 

https://www.elles-font-leur-cinema.info/wp-content/uploads/2025/02/Programme_web.pdf

 

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12 février 2025 3 12 /02 /février /2025 09:08

de Naoko Ogigami (Japon 2024)

 

avec Mariko Tsutsui (Yoriko Sudo ) Tamae Ando Misae Watanabe Noriko Eguchi (Hitomi Ogasawara) Hana Kino (Mizuki) Akira Emoto (Taro Kadokura ) Kami Hiraiwa  (Setsuko Ito)  Hayato Isomura (Takuya Sudo)

Luxe, calme et volupté. Tout va pour le mieux dans la vie parfaitement réglée de Yoriko et de tous ceux qui, comme elle, ont rejoint la secte de l'eau. Jusqu'au jour où son mari revient à la maison après de nombreuses années d'absence.

Le jardin zen

L'appel de l'eau réclame un don total, un don intime


Premier long métrage à être distribué en France-(alors que la cinéaste japonaise Naoko Ogimami en a réalisé bien d'autres...) , le jardin zen allie avec élégance, perfection formelle, humour pince-sans-rire parfois ravageur, performance d’acteur (Mariko Tsutsui vue entre autres dans Harmonium est magistrale dans le rôle de Yoriko). Ce film se prête en outre à une lecture plurielle (rôle de la femme dans la société japonaise, "zénitude", critique acerbe des sectes, etc. ) Mais dans le traitement c’est bien la  thématique de l’eau qui  infuse toutes les autres – la "goutte d'eau" sa récurrence en des circonstances diverses,  l’eau contaminée suite à la catastrophe de Fukushima, l’embrigadement par la gourou de la secte Eau de la vie verte, l’entretien méticuleux de ce jardin zen (plutôt sec) où l’eau doit être suggérée car elle est "en nous"  , piscine, pluie. Aux mouvements ondulatoires du gravier -symbolisant une "mer apaisée"- voici en écho inversé l’accumulation en cercles concentriques de différents maux perturbateurs qui renforcent les dérives hygiénistes et les comportements pudibonds de Yoriko (dès la scène d’ouverture la position  tête bêche des  époux intriguait le spectateur …) 


On pourrait certes déplorer certains excès (cf le plan récurrent d’une nappe d’eau où s’affrontent deux personnages, censée illustrer le conflit intérieur de Yoriko ; le très gros plan sur une goutte d’eau à la fonction symbolique, l’appartement de Mizuki d’abord étouffant et étouffé  par un fatras  d’objets et de détritus  et que Yoriko transformera en épure à l’instar de son jardin zen). Mais ces excès  semblent  s’inscrire dans la longue liste des séquelles de Fukushima ....
 

Le jardin zen frappe par son humour multiforme (froid, décalé, pince-sans-rire ou acerbe) qui tout sous-tend et par l’adéquation entre la forme et le fond -les plans cadrés au millimètre près avec un jeu sur les horizontales et les verticales, les couleurs pastel, les effets de lumière, soulignent les contrastes entre des apparences bien lisses (comme aseptisées) et des …tourments intérieurs, entre un calme de surface et une violence latente qui éclatera dans des propos sarcastiques. A vélo ou à la caisse du supermarché, en position d’offrant (chants prières mains jointes) ou à l’écoute des conseils vengeurs de Mizuki (quand elle ne profère pas elle-même des "vacheries"  avec élégance voire une éloquence cynique), Yoriko est de tous les plans sans jamais envahir l’écran et ses "mimiques" en coin ou ses faux silences sont plus éloquent.es que la parole. 

 

Le final (une apothéose) avec le rouge du parapluie, le ruissellement de la pluie, la danse, le rire, la musique restera gravé dans les mémoires…

Ce final ne corrobore-t-il pas les propos de la cinéaste Je trouve étouffant d'être une femme au Japon et j'ai fait ce film dans l'espoir de changer cela ? 

 

A ne pas manquer !

 

Colette Lallement-Duchoze
 

 

 

Complètement d'accord Colette, vraiment un film à voir... j'en eu cette chance : c'était le "film surprise" au cinéma "Le Sénéchal" de Lectoure le mois dernier.

Un film qui bouscule les relations homme -femme telles que nous les voyons traitées le plus souvent au cinéma, sans pour autant faire dans le manichéisme.

Un régal que la dernière scène : une japonaise dansant le flamenco voilà qui casse les codes (en tout cas ceux que nous avons en tête nous les occidentaux).
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10 février 2025 1 10 /02 /février /2025 08:01

Documentaire réalisé par Alessandra Celesia  (Irlande/G B 2024)

 

avec Joe McNally, Jolene Burns, Rita Overend, Sean Parker, Angie B. Campbell, Gerard Magee (iels jouent leur propre rôle)

Dans sa tour HLM de New Lodge, Joe met en scène des souvenirs de son enfance vécue durant les « Troubles » conflit armé qui déchira l’Irlande du Nord des années 60 à 1998, et fit particulièrement des ravages dans ce quartier catholique de Belfast. Jolene, Sean, Angie et d’autres voisins se joignent à lui pour revisiter leur mémoire collective, qui a façonné leur vie et leur quartier.

The flats

Un homme nettoie un espace dédié à la Vierge en vue d’une rencontre le soir avec une quinzaine de résidents âgés catholiques ; Joe accompagné de Freedom décline l’invitation.  C’est la séquence d’ouverture (un quartier un rituel un personnage)
Joe et l’enfant Sean ont « capturé » des grenouilles mais après une caresse, celles-ci vont rejoindre l’élément liquide alors que leur coassement sert de champ sonore au générique de fin. 
Entre ces deux scènes la réalisatrice aura pris le spectateur à témoin du trauma qui perdure plus de 50 ans après les événements (les troubles) de la guerre civile en Irlande du Nord, et qui hante la mémoire individuelle et collective 


Voici des immeubles à l’architecture brutaliste, les tours du quartier de New Lodge Cet espace urbain « délimite » les itinéraires des personnages, et la récurrence de plongées et contre-plongées souligne l'effarante compacité verticale saturant un espace sans toutefois l'obstruer -( Angie de son balcon suit en plongée la prière et les chants liturgiques ; dans la nuit qui crépite de feux d’artifice (ô le bien nommé) Joe et l’enfant Sean regardent du dernier étage de la tour,  les feux de joie allumés par ces unionistes protestants chaque 11 juillet … ; de sa voix de stentor, il interpelle de jeunes dealers qui œuvrent en contre bas )


Récurrence de ces plans, Récurrence des face à face Joe McNally,/Rita la psy, entrecoupés par les images mentales du « patient »,  par des images d’archives bleutées et par des sketches « reconstituant » les épisodes les plus traumatisants de son passé de gamin (l’épisode du cercueil qui dans un autre contexte relèverait du comique burlesque "prépare"  la "reconstitution"  de la veillée funèbre : Joe avait 9 ans quand il a vu son oncle bien aimé mort à 17 ans assassiné par l’armée anglaise, il en avait 14 quand Bobby Sands a succombé aux 66 jours de sa grève de la faim en prison (cf le film très éprouvant de Steve McQueen avec Fassbender  Hunger 2008);  sketches où les  voisins d’aujourd’hui interprètent les protagonistes d'hier  (Sean sera le fantôme de Joe enfant, Jolene la mère et Angie la grand-mère)  
C’est que le présent contaminé par le passé garde béantes des cicatrices, indélébiles les empreintes et pleure dans la parole libérée. 

 

Or la "démarche" proche de la maïeutique de la psychanalyse et de la catharsis, interpelle le spectateur entraîné dans un voyage mémoriel, il s’interroge ; Discours politique toujours tenu à distance ? Images d’archives qui alourdissent le propos ou qui sont frappées d’inanité ? allers et retours et  captation d'un emprisonnement  à la fois mental et social ??  mais les questions restent …. en suspens
 

On retiendra cependant la puissance de la  solidarité, qui unit ces éclopés de la vie,  ces êtres à jamais abîmés,  ainsi que le sourire qui illumine le visage de Sean  (serait-ce l'accomplissement -du moins les prémices- de la prophétie de Bobby Sands   Notre revanche sera le rire de nos enfants ?? 

 

 

Colette Lallement-Duchoze
 

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7 février 2025 5 07 /02 /février /2025 14:03

De Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha  (Iran 2024)

 

avec Lili Farhadpour  Esmaeel Mehrabi

 

Prix du Jury Œcuménique 74e Festival international du film de Berlin 

Mahin a 70 ans et vit seule à Téhéran. Bravant tous les interdits, elle décide de réveiller sa vie amoureuse et provoque une rencontre avec Faramarz, chauffeur de taxi. Leur soirée est inoubliable

Mon gâteau préféré

Tu dois te défendre ! Plus tu es docile, plus ils en profitent. J’ai compris ça depuis peu».( Mahin à la jeune fille incriminée .... )

 

2022 éclate le mouvement Femme, vie, liberté (suite à la mort de Mahsa Amini); Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha sont alors en plein tournage -sans autorisation- de mon gâteau préféré ; certains de l’équipe sont dans la rue et manifestent, d’autres sont arrêtés et emprisonnés ; le couple décide de terminer coûte que coûte ; ce sera leur soutien au mouvement. Car ce que "montre"  ce  film est précisément interdit voire condamné par le régime: : des femmes sans hidjab, l’arrestation, par la police des mœurs, de jeunes filles "mal voilées" et on entend l’injonction de Mahin qui "ose" affronter la police  'Tu dois te défendre ! Plus tu es docile, plus ils en profitent. J’ai compris ça depuis peu" On danse, on boit du vin, on s’exprime sans fard (politique mariage raté) tout en se sachant "épié" on contourne, on brave certains interdits.   …

Après la sélection en compétition de la Berlinale, en février 2024 ce sont les mesures de rétorsion: confiscation des passeports, perquisition (chez le monteur) et le couple est interdit de « quitter le territoire » mais grâce à des copies piratées le film aura son public en Iran…

Tenir compte de ce contexte influera inévitablement sur le commentaire et la critique sera bienveillante….saluant avant tout le courage (exemplaire) des cinéastes

Ce film que l’on peut assimiler à une  comédie romantique du troisième âge  joue sur la dualité opposant forme et fond (soit légèreté et gravité); la fausse innocence, l’apparence ludique voire inoffensive maquille en fait des problématiques douloureuses (bien imbibés les deux septuagénaires se gaussent de leurs mini forfaits (distiller… malgré la loi sur l’abstinence ; remettre  en cause le mariage imposé). 


Plans fixes (intérieur de la maison) et  cloisonnement sont en harmonie avec  la lenteur des déplacements de Mahin (Lili Farhadpour) son corps se meut avec difficultés, son sommeil est fortement perturbé (elle s’endort au petit matin et à midi elle est encore alitée). Mais ses rondeurs -accumulées par l’âge et la gourmandise- séduisent ce chauffeur de taxi qu’elle a osé inviter chez elle pour la soirée et pourquoi pas ....la nuit ?

Ce corps Mahin le pare de plusieurs atours dans un élan oblatif tout comme elle maquille son visage dans un élan de séduction ; ce corps elle l’accorde au chant et à la danse tout comme ses mains cherchent celles de Faramarz , et si l’épisode de la douche tient du burlesque on ne se moque pas, car la pudeur est toujours aux aguets 

Justesse du ton (même paradoxalement dans l’onctuosité); on rit de bon cœur, on partage tendresse et …audaces…dans la montée du désir !  

 

Mais quand l’amour naissant (?) bascule dans le conte tragique (dernier quart du film) on s’interroge ; on peut déplorer qu’un tel choix n’ait pas permis d’explorer tous les possibles de la transgression, à moins que le "virilisme" ne serve de repoussoir ou encore que l’épilogue renoue avec ce qui était précisément dénoncé…(cf  le lamento de Mahin et le très gros plan final sur son dos qui envahit l’écran…)


A vous de juger !!!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

On s'attendait à un film tire-larmes et un peu "déjà vu" sur la solitude de deux septuagénaires iraniens, de sexe opposé. Il n'en est rien. Efficace témoignage de de la réalité de la vie en Iran aujourd'hui pour cette infirmière veuve d'un mari militaire, et un chauffeur de Taxi, ancien militaire lui aussi, désespérément seul, confrontés au mal universel de la solitude des vieux, de la difficulté d'une rencontre ; cette réalité se croise avec les préjugés sociétaux, religieux, de la population iranienne, alliée du régime Tout est parfaitement juste et surprenant. Un film romantique, drôle, au beau et riche contenu joué par des acteurs vent debout contre la dictature, et terriblement touchants à l'écran.

A ne pas manquer ! En ce moment au cinéma.

 

Serge Diaz  

dimanche 9 février

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5 février 2025 3 05 /02 /février /2025 11:45

De Leonardo Van Dijl (2024 Belgique Suède)

 

avec Tessa Van Den Broeck, Ruth Becquart 

Julie, une star montante du tennis évoluant dans un club prestigieux, consacre toute sa vie à son sport. Lorsque l'entraîneur qui pourrait la propulser vers les sommets est suspendu soudainement et qu'une enquête est ouverte, tous les joueurs du club sont encouragés à partager leur histoire. Mais Julie décide de garder le silence.

Julie se tait

Quand tu m’as demandé d’arrêter, j’ai arrêté (Jérémie à Julie lors d’une rencontre dans un bar)

 

Un service sans balles et sans partenaire c’est sur ce plan que s’ouvre le film. Un corps comme terrassé en position fœtale à même le sol c’est sur ce plan que se clôt le film alors que continue à défiler le générique de fin (tant pis pour les spectateurs habitués à quitter la salle dès que s’affiche le générique …)

Solitude et cloisonnement ou l’enfermement dans le silence…douleur du trauma douleur du silence 

 


Au tout début on attend l’entraîneur Jérémie. Il ne viendra pas et pour cause…(serait-il impliqué dans le suicide d’Aline ??? pour l’heure il est « suspendu ») la scène liminaire ne serait-elle pas ainsi par le choix délibéré du mime le premier stigmate de la « solitude » post traumatique ? D’abord imposée cette solitude sera pleinement assumée quelles que soient les réticences suggérées quelles que soient les sollicitations bienveillantes invitant à la « confession ». Sophie a décidé de mener une enquête, mezza voce dans des structures spécifiques sans contrainte…Julie elle a choisi de se taire. Elle sera seule face à elle-même face à son secret 

 


Ne pas céder aux clichés sur les relations abusives entre un adulte et une ado, ne pas filmer en frontal une relation « toxique » c’est le parti pris du réalisateur (une seule et unique scène met face à face Jérémie et Julie ; elle le questionne sur Aline, elle refuse tout attouchement …des mains…mais la phrase qu’il répète  "quand tu m’as demandé d’arrêter j’ai arrêté", censée plaider sa non culpabilité, suggère dans son ambigüité même (dite sur les modes assertif et interrogatif) la force d’une emprise ; elle fait écho d’ailleurs à toutes celles que Julie écoute sur son portable (toutes empreintes de cette volonté de puissance,  "prétendus" conseils qui systématiquement dénigrent l’autre....)  

 

Co produit par les frères Dardenne ce film entraîne le spectateur dans une forme inhabituelle d’immersion. L’actrice Tessa Van Den Broeck,- ex joueuse de tennis- non seulement est crédible pour toutes les scènes d’entraînement mais filmée de très près (visage de profil ou de trois quarts) elle a su rendre presque lisible voire palpable ce qui la taraude (regard furtif, paupières closes) ; caresser sa chienne (seule confidente !!) écouter ou refuser un appel c’est un dilemme existentiel !

Et quand la salle de tennis avec ses couleurs bleu gris se donne à voir comme la  "réplique possible"  de la chambre à coucher de Julie, n'est-ce pas "mettre à jour"    le trauma,   inviter à écouter ce  silence que scande ici et là cette respiration de la douleur, jusque dans la prostration (plan final) ? 

 


Un film que je vous recommande 

 

Colette Lallement-Duchoze
 

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4 février 2025 2 04 /02 /février /2025 06:00

Programme de quatre courts métrages de Man Ray réalisés entre 1923 et 1929 (USA) 

 

Avec  Kiki de Montparnasse (Alice Prin), André de la Rivière, Robert Desnos, Jacques Rigaut, Rose Wheeler, Man Ray, Jacques-André Boiffard, Georges Auric..

 

 

Célébrant le 100ème anniversaire du premier film de Man Ray "retour à la raison" est la première restauration des films muets du photographe cinéaste  avec une nouvelle bande originale composée et interprétée par Jim Jarmusch et Carter Logan , groupe Sqürl 

Retour à la raison

L’étoile de mer Emak Bakia Retour à la raison Les mystères du château du Dé soit quatre « films insolites » regroupés sous le titre « retour à la raison » et qu’accompagne la superbe bande-son minimaliste du duo Sqürl, (Jim Jarmusch et Carter Logan)

Le résultat ? Un envoûtement ! Quand l’avant-garde musicale new yorkaise rencontre la beauté -qui sera convulsive ou ne sera pas (André Breton manifeste du surréalisme) 

 

Se faire voyant, appliquer le précepte rimbaldien à l’image à la singularité d’un regard, en allant au-delà de l’apparence des mots, Tout en se laissant guider par une étoile de mer ? Un gros plan sur ses piquants alors qu’elle est enfermée dans son bocal semble symboliser ces « dents des femmes ». Le sous-titre de ce premier court métrage « l’étoile de mer » est explicite « poème de Robert Desnos tel que l’a vu Man Ray 


Obtenir une image sans appareil en posant l’objet entre le papier et la source de lumière (cf clous punaises ressorts dans « retour à la raison ») poser des morceaux de verre cathédrale devant l’objectif : les personnages nous apparaissent flous (dans l’étoile de mer Kiki de Montparnasse André de la Rivière et Robert Desnos qui apparaîtra furtivement vers la fin). Démarche de qui pratique un cinéma expérimental et simultanément le rêve éveillé (et les paupières closes sur lesquelles l’artifice de ces yeux peints donne l’illusion de la vie …) 

 

Des gymnastes des baigneurs aux débardeurs rayés s’en viennent peupler le « château » de la comtesse de Noailles (villa conçue réalisée par l’architecte Mallet-Stevens à Hyères) Dans cet hommage à Mallarmé « un coup de dés jamais n’abolira le hasard » (cf l'affiche) et qui clôt notre  voyage » la confondante unité des personnages de l’architecture du ciel et de la mer a remplacé la "plume solitaire éperdue" du Maître (qui avait vu s’effondrer dés, vagues, mots) Le duo Jarmusch Carter Logan en décuple l’onirisme 


Inviter le spectateur à constamment se mouvoir comme l’a analysé Yannick Lemarié ? Oui certainement  Marche. Danse. Voiture. Train. Bateau. Rêverie d’une dormeuse, peut-être, qui s’élance vers des espaces infinis, depuis les abîmes marins jusqu’au ciel des poètes. L’étoile de mer ne conjugue-t-elle pas les deux ? Emak bakia n’évoque-t-il pas le « bassin de Neptune » et l’aviateur Marcel Doret ? Les Mystères du château de Dé ne propulse-t-il pas les nageurs dans les airs ?

 

A ne pas rater !

 

Colette Lallement-Duchoze
 

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