27 septembre 2022 2 27 /09 /septembre /2022 18:04

de  Joao Pedro Rodrigues (Portugal France) 2022)

 

avec Mauro CostaAndré CabralJoel BrancoOceano CruzMargarida Vila-NovaMiguel LoureiroDinis Vila-NovaLuisa Castelo Branco

 

Cannes 2022 section Quinzaine des réalisateurs

 

 

 

Sur son lit de mort, Alfredo, roi sans couronne, est ramené à de lointains souvenirs de jeunesse et à l'époque où il rêvait de devenir pompier. La rencontre avec l'instructeur Afonso, du corps des pompiers, ouvre un nouveau chapitre dans la vie des deux jeunes hommes voués à l'amour et au désir, et à la volonté de changer le statu quo.

 

Feu follet

 

Fantaisie musicale : c’est ainsi que le réalisateur portugais qualifie son film « feu follet » Et de fait chants chorégraphies théâtre liturgie vont porter au pinacle cet  " obscur objet  du désir " mêlant érotisme fantastique et comédie

2069 le vieux roi Alfredo se meurt mais un sourire illumine son visage quand un pompier playmobil noir apparaît (laissé par un enfant) sur son lit. Et voici exhumée en un long flash back (2011) la relation amoureuse (celle des arbres celle de l’autre celle du phallus) Car lassé de voir les forêts s’embraser le jeune Alfredo lui l’amoureux des arbres (une ode ouvre ainsi ce retour en arrière) décide d’être sapeur pompier -au grand dam de la mère et …de la commandante !!!.Qu’à cela ne tienne lui le prince blanc, au corps gracile et à la peau diaphane va s’éprendre de son instructeur,  un pompier noir !

Un textus fait de références picturales (le Caravage la pipe du pompier  Rubens Velasquez ) d’un catalogue de phallus (chacun par sa forme texture renvoie à une espèce d’arbre menacée d’extinction ; -une verge n’est-ce pas aussi beau qu’un arbre ; et d’ailleurs les premières montées de la « sève », Alfredo ne les a-t-il pas éprouvées lors de ses balades en forêts …) sur fond de colonialisme, covid, dérèglement climatique et incendies qui ont ravagé le Portugal

La séquence finale celle du fado dans la chapelle met en évidence le « conflit » modernité et conservatisme, république et monarchie « mourir comme un homme » (fado de l’encapuché). Or l’encapuché va mettre à nu son visage : Afonso, devient le président de la nouvelle république ; preuve que c’en est terminé du pouvoir individuel et de la monarchie ?

 

Une œuvre hybride jouissive souvent

mais qui hélas par moments donne l’impression fâcheuse de fourre-tout et d’abandon facile à la complaisance

Dommage

 

Colette Lallement-Duchoze

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26 septembre 2022 1 26 /09 /septembre /2022 06:55

 

 

Le 29 septembre 2022 à l'Omnia (rue de la République 76000 Rouen) à 20h 

 

Présentation des différents festivals de cinéma

Suivie de la  projection de courts métrages (1/festival) 

 

 

 

 

 

 

 

 

Soirée Moteur (réseau des festivals de cinéma de Rouen)

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7 septembre 2022 3 07 /09 /septembre /2022 05:37

d'Emmanuel Mouret 2022

avec Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne

 

Festival Cannes 2022 Cannes première

 

 

 

Une mère célibataire et un homme marié deviennent amants. Engagés à ne se voir que pour le plaisir et à n’éprouver aucun sentiment amoureux, ils sont de plus en plus surpris par leur complicité

Chronique d'une liaison passagère

Bosquets rieurs, Fée électricité, tableaux érotiques dont on ne perçoit pas l’élan oblatif, nature primitive dans sa minéralité et sa fraîcheur, appartements prêtés, chambres d’hôtel, intérieurs aux couleurs pastels, chant du monde aux lumières diffractées, que d’endroits complices pour une rencontre, une relation sexuelle clandestine (qui restera toujours hors champ) ; lieux désormais habités par la présence du couple ? ce que suggèrerait cette succession rapide de plans -tel un bilan conclusif ? ou s’agit-il d’un défilement sur l’écran de la mémoire ? au moment même où s’opère le basculement

Emmanuel Mouret avoue avoir  aimé l’idée de deux amants qui décident de ne se voir que pour le plaisir, sans rien projeter, happés par le bonheur d’être ensemble

Pas de sentiment, pas au travail, pas n’importe quand ni comment, c’est le leitmotiv répété ad libitum… c’est le contrat qui lie les amants

Mais on assistera au  triomphe du logos que la voix de Juliette Gréco et les accords de la cithare de Shankar enveloppent de leur suavité. Une fois de plus, dans la filmographie d’Emmanuel Mouret, c’est le discours amoureux qui est décliné en ses fragments ou plutôt ici en ses tourments -et les tergiversations de l’homme, ses indécisions, ses bifurcations, ses « combats intérieurs » le prouveraient aisément (notons au passage que si Vincent Macaigne interprète à merveille l’homme marié maladroit, Sandrine Kiberlain dans le rôle de Charlotte, mère célibataire « émancipée », donne l’impression d’être trop prisonnière de son texte).

Le réalisateur prend un plaisir malicieux à mener ses personnages précisément là où ils vont transgresser leurs « règles » initiales, tout en affirmant et revendiquant le contraire (le plan récurrent fixe sur chacun des deux filmés de dos alternativement semble ponctuer les étapes d’une prise de conscience dans leur silence intérieur) 

Marivaudage et maladresses, dialogues incongrus (quand ce n’est pas le lieu qui frappe par son étrangeté) cela peut tout autant ennuyer que séduire ! Le discours amoureux (quand bien même les dialogues croustillent de drôleries et/ou d’ambiguïtés) est-il extensible à l’infini? même si la « concrétisation » du désir est limitée dans la durée (après tout il ne s’agit que d’une …liaison passagère…). Serait-ce la raison pour laquelle E Mouret introduit un autre élément, sauf que la « nouveauté » fait bifurquer la relation initiale fondée sur l’incomplétude consentie vers d’autres possibles fondés sur le sentiment

"On a voulu être élégants, on a été élégants, et on a tout raté".

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

PS le film a été présenté hier soir à l'Omnia pour fêter la réouverture de la salle art essai (en travaux depuis juillet 2020)

En présence entre autres du maire de la ville.

Dans son discours l'allusion à la Nupes (liaison passagère) fut d'un goût plus que douteux -en tout cas elle était déplacée...

 

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6 septembre 2022 2 06 /09 /septembre /2022 05:52

Court métrage de  Carla Simon (Espagne 2022) 25'

 

Carla est enceinte et nue, comme dans les photos où sa mère pose enceinte. Une jeune femme voyage des années 60 à aujourd’hui, en passant par les années 80, franchissant les seuils de la féminité et de l’histoire, jusqu’à ce qu’elle rencontre Carla, enceinte sous le ciel bleu de la côte catalane.

LETTER TO MY MOTHER FOR MY SON

 

Réalisé alors qu’elle était enceinte, ce chef-d’œuvre en Super 8 de Carla Simón  (lauréate de l’Ours d’or 72ème Berlinale, pour Alcarràs) , brille par sa richesse.

Voyageant à travers le temps, les générations et les supports (de l’écriture épistolaire au flamenco et divers films), il célèbre la promesse de nouveaux départs. (Mubi)

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3 septembre 2022 6 03 /09 /septembre /2022 04:06

de Lionel Baier (Suisse France 2022)

avec Isabelle Carré (Nathalie Adler) Théodore Pellerin  (Albert Adler) Ursina Lardi (Ute Lerner) Tom Villa (Charles-Antoine Dubat)  Elisabeth Owona (Elisabeth)

 

Présenté au festival de Cannes 2022 Section Quinzaine des réalisateurs

 

Au début de l’année 2020, Nathalie Adler est en mission pour l’Union Européenne à Catane en Sicile. Elle est censée y encadrer la visite de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français Emmanuel Macron dans un camp de réfugiés. Alors que les préparatifs se heurtent aux premiers obstacles, Nathalie découvre par hasard que son fils Albert est également présent dans le camp en tant que militant engagé auprès d’une ONG. Même si le temps lui manque, la fonctionnaire tente de renouer avec son fils qu’elle avait abandonné  neuf ans plus tôt. .

Leurs retrouvailles vont être plus détonantes que ce voyage diplomatique

 

La dérive des continents (au sud)

 Troisième volet d'une tétralogie consacrée à l'Europe -après Comme des voleurs (à l'est) et Les grandes ondes (à l'ouest) -, La dérive des continents (au sud) est un film décevant; loin de souscrire à la formule "non pas une image mais un lieu" que répètera Nathalie ... en diverses circonstances!!

 

Dès les premières scènes,  le réalisateur donne à  "voir"  un monde farcesque et cynique. Au discours du populiste  Salvini (nous sommes en 2020) qui se félicite de voir baisser ostensiblement le pourcentage de migrants, succèdent à un rythme rapide les éléments d’une mise en scène -telles des vignettes dignes (ou presque) d’un Tati -(fabriquer de l’insalubrité, biaiser le réel, afin de combler les attentes du président français…Ne pourra-t-on pas quelques semaines après se féliciter de l’impact de sa venue ??? et ce faisant améliorer son image de marque ? …Il faut transformer de fond en comble les lieux …Et le chargé de communication s’y entend en la matière !! (on aura reconnu le comique Tom Villa). Humour grinçant ! voici un Sénégalais qui  "répète"  son rôle mais ….son  "français"   n’est-il pas un peu trop châtié ???  On reprend, on reprend…

Et  au moment précis où l’avion doit se poser, patatras, la visite est annulée, Angela Merkel et Emmanuel Macron sont convoqués à Rome pour un sommet ....sur la "grippe chinoise" !!!!

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26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 07:06

de Kristina Buozyte et Bruno Samper ·(Lituanie, France, Belgique 2022)

 

avec Raffiella ChapmanEddie MarsanRosy McEwenRichard BrakeMelanie GaydosEdmund Dehn

 

Niff festival du film fantastique de Neufchâtel

 

Dans le futur, les écosystèmes se sont effondrés. Parmi les survivants, quelques privilégiés se sont retranchés dans des citadelles coupées du monde, tandis que les autres tentent de subsister dans une nature devenue hostile à l’homme. Vivant dans les bois avec son père, la jeune Vesper rêve de s’offrir un autre avenir, grâce à ses talents de bio-hackeuse, hautement précieux dans ce monde où plus rien ne pousse. Le jour où un vaisseau en provenance des citadelles s’écrase avec à son bord une mystérieuse passagère, elle se dit que le destin frappe enfin à sa porte

 

Vesper chronicles

Même si le film renoue avec certains clichés des dystopies -post nucléaires ou post-apocalyptiques : clivages générationnels et sociaux (une oligarchie protégée dans la Citadelle et des miséreux survivant dans les cloaques) conséquences fâcheuses de l’ingénierie technologique (stérilité d’une nature meurtrie), même s’il exploite des thématiques typiques de la science-fiction (littéraire ou cinématographique) dont les dialectiques humain/inhumain, charnel/artificiel, même s’il lorgne parfois du côté de Cronenberg (la viscosité organique), il ne verse pas pour autant dans le spectaculaire.

Adoptant le point de vue de Vesper (Raffiella Chapman) une jeune adolescente bio-hackeuse,  il nous entraîne dans les forêts lituaniennes, avec peu d’effets spéciaux visuels ou sonores,  une bande son parfois élégante parfois plus illustrative -mais qui évite la saturation l’amplification facile, soigne les ambiances d’intérieurs (clairs obscurs couleurs ocres et brunâtres à la Rembrandt),  tout en opposant un père alité et moribond (Richard Blake) et son frère (Eddie Marsan), despote esclavagiste œuvrant avec des sbires pour la Citadelle

 

Le thriller SF se mue bien vite en récit  "initiatique"  et la rencontre entre Vesper et Camélia (aristo échouée à la suite du crash de son vaisseau) servira de ligne narrative.

Vesper dès le début est secondée par un drone humanisé -à la voix caverneuse d’outre-tombe…celle de son père- qui doit lui permettre de s’émanciper du monde environnant, et grâce à ses expériences en laboratoire, de créer des semences,  gages de survie. L’aide apportée par Camélia s’inscrira dans le mouvement qui va de l’intime à l’universel, du particulier au général. (Mouvement qu’avait illustré la toute première séquence : Vesper gratte la terre, palpe de curieux tubercules puis les rejette ….au loin... le plan s’élargit : le sol devient "rizière"  alors que se profile en arrière-plan une immense structure)

Quelle est la véritable identité de Camélia? Les révélations successives, non seulement vont "pimenter"  le récit, mais "guideront"  Vesper dans sa double émancipation, son affranchissement de l'environnement hostile et celui de la tutelle paternelle! 

 

Cela étant, malgré d'évidentes "qualités", on peut  déplorer une certaine complaisance, une fin presque "convenue"  et des longueurs inutiles

Gageons que les  "jeunes",  voire très jeunes spectateurs seront sensibles à cette "fable écologique" et à la double libération de l’adolescente Vesper !!!

 

Colette Lallement Duchoze

 

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23 août 2022 2 23 /08 /août /2022 12:25

de Zoé Brichau    (Belgique 2020)

documentaire 29'

 

présenté aux Etats généraux du film documentaire 2021

à voir sur Tënk 

Qu'ils ne me volent pas mes rêves - Film documentaire - Tënk (on-tenk.com)

"Ce dimanche (21/08)  à Lussas, Ardèche, s'ouvrent les États généraux du film documentaire. La semaine prochaine, nous vous ferons découvrir quelques uns des films qui vont être montrés sur les écrans cette année. Mais aujourd'hui, retour sur l'édition 2021, avec un petit crochet par 2019 !"

 

Fin 2019, la révolution éclate au Chili. Un groupe d’amis milite et participe activement aux manifestations. Tandis qu’ils photographient, filment, placardent des affiches, ils subissent quotidiennement les inégalités contre lesquelles ils se battent.

Qu'ils ne me volent pas mes rêves!

 

 

Des images de manifestations. Sur les pancartes "Piñeda casse-toi" ou encore "droit à l'avortement". La réalisatrice filme ses ami·es : ils et elles sont dans la rue, photographient et participent à l'insurrection du peuple chilien fin 2019.

 

Le film les suit également dans l'intimité. Dans leur appartement, Claudia, Jorge et Nico parlent de la société qu'ils et elles veulent et de cet enfant qui ne naîtra pas. On suit pas à pas l'avortement clandestin de Claudia. Il y a du sang, de la douleur mais surtout beaucoup de douceur et de solidarité.

 

La caméra de Zoé Brichau nous fait une place aux côtés de cette jeunesse en colère et rend hommage à celles et ceux qui osent dire à leurs parents : "Cette situation te plait ? Moi, je n'arrive pas à l'accepter." 

La nouvelle constitution mise au référendum le 4 septembre 2022 prévoit notamment l'inscription du droit à l'avortement dans la loi fondamentale. Son adoption mettrait fin au texte en vigueur depuis la dictature Pinochet.

 

Éva Tourrent Responsable artistique de Tënk

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16 août 2022 2 16 /08 /août /2022 04:44

d’Ali Abbasi (Suède-France-Allemagne-Danemark, 2021).

Avec Zahra Amir Ebrahimi, Mehdi Bajestani, Arash Ashtiani, Sina Parvaneh

 

Sélection officielle Cannes 2022

prix d'interprétation féminine  ( Zahra Amir Ebrahimi,)

 

 

Iran 2001, une journaliste de Téhéran plonge dans les faubourgs les plus mal famés de la ville sainte de Mashhad pour enquêter sur une série de féminicides. Elle va s’apercevoir rapidement que les autorités locales ne sont pas pressées de voir l’affaire résolue. Ces crimes seraient l’œuvre d’un seul homme, qui prétend purifier la ville de ses péchés, en s’attaquant la nuit aux prostituées

Les nuits de Mashhad

 

Cinéaste danois d’origine iranienne Ali Abbasi, a tourné Les nuits de Mashhad en Jordanie Je tenais particulièrement à ce qu’on reconstitue la face la plus sombre de Mashhad de manière crédible, et la Jordanie réunissait tous nos critères. On a déniché un endroit relativement quelconque et qui peut camper n’importe quelle région du Moyen-Orient, en fonction du point de vue qu’on adopte." Son film s’inspire de faits réels : en 2001 un maçon, père de famille, un homme apparemment sans histoire, avait tué 16 prostituées pour « débarrasser la ville sainte de Mashhad de la débauche » et il fut condamné à la peine capitale après un procès très médiatisé !!!

Comme dans l’excellent Border (Border - Le blog de cinexpressionsAli Abbasi explore une figure de la monstruosité. Ici celle d’un tueur qui, au nom de la religion, se fait justicier en "nettoyant" la communauté de ses impuretés -les femmes prostituées et droguées. Et comme le personnage de Border, Saeed ressent « les appels du pied d’un autre monde » SAUF qu’ici il s’agit de fantasme hybridé d’obligations religieuses, d’excitation de la foule et de délire narcissique. La caméra entraîne le spectateur dans ce « fantasme » (gros plans sur un visage habité par une folie vengeresse), dans ce gouffre dévastateur, (exécutant débridé et maniaque de la mort) le transforme en « voyeur » (scènes de sauvage strangulation, répétées avec peut-être trop de complaisance).

Le film se déploie tel un thriller dans un « double » récit : celui d’une journaliste courageuse, une femme émancipée, qui malgré les complicités phallocrates qui tissent le tissu social et politique est décidée à aller jusqu’au bout (découvrir l’identité du tueur « psychopathe » exiger sa condamnation) ;  celui d’un « fou de dieu » dont on pénètre la psyché, suit la croisade puis le procès. Mais cet homme va laisser en héritage à son fils Ali la mission dont il s’était senti investi : en témoigne la « leçon de choses » glaçante qui joue le rôle d’épilogue…La perspective d’un devenir « autre » serait-elle frappée d’inanité ???

Double récit, double exploration ou comment le film entrelace polar et analyse d’une société Je n’ai pas voulu tourner un film sur un tueur en série, mais un film sur une société tueuse. Enquête et radiographie ; comment la société a engendré un Saeed (cet ex soldat de la guerre  Iran /Irak, cet homme qui vénère le « grand imam Ali Reza ») comment une société est encore inféodée à des diktats patriarcaux, à des atavismes et à la corruption.

Tout cela est mis à nu dans ce film où le sens du « suspense » (attentes gradations rebondissements) et la maîtrise formelle (ambiances nocturnes, lumières bruitages etc. ) sont évident.e.s

Ce qui n’exclut pas excès outrance et complaisance (dommage !!)

 

Colette Lallement-Duchoze

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14 août 2022 7 14 /08 /août /2022 09:34

 

De Stephen Karam  (2021 USA)

 

Avec Richard Jenkins , Jayne Houdyshell , Steven Yeun , Beanie Feldstein , Amy Schumer , June Squibb

 

TIFF Toronto international film festival 

 

 

Au sein d'un duplex d'avant-guerre au cœur de Manhattan, The Humans suit le cours d'une soirée durant laquelle la famille Blake se réunit pour célébrer Thanksgiving. Alors que l'obscurité tombe à l'extérieur du bâtiment en ruine, des choses mystérieuses commencent à se heurter dans la nuit et les tensions familiales montent crescendo...

 A voir sur Mubi

The Humans (2021) | MUBI

 

The Humans

 

En adaptant sa pièce de théâtre (2015) Stephen Karam a su éviter les pièges du « théâtre filmé ».

Certes la profusion de dialogues, le décor unique et les longs plans fixes renvoient immanquablement au théâtre.

Mais en jouant constamment avec les premiers et arrière-plans (voire les profondeurs de champ) en décloisonnant l’espace, en le transfigurant (cf  la fragmentation du visage dans et par le miroir brisé, la bouteille de bière comme prisme déformant du réel) ou en accentuant les failles (lents travellings et/ou gros plans sur la tuyauterie délabrée, sur des plaques de moisissure) le réalisateur entraîne le spectateur dans un « autre univers » : plus pictural (les couleurs en aplats ou le noir, les jeux de clair-obscur, les cadrages) plus cinématographique et "cauchemardesque" en harmonie d’ailleurs avec les  "failles internes" des personnages. ( Saluons le travail sur la couleur du chef opérateur Lol Crawley)  

On peut comparer cette démarche raconter autrement une œuvre à celle de Florian Zeller adaptant pour l’écran sa pièce de théâtre « the father »

 

Reprenons : la famille Blake est réunie pour fêter   thanksgiving » (ou Action de grâce) dans le nouvel appartement de la fille cadette Brigid (Beanie Feldstein) et de son conjoint Richard (Steven Yeun). Le père Erik (Richard Jenkins) est d’emblée effaré par le choix d'un tel lieu d'habitation,  tant le duplex est minable, (bruits insolites répétés venant du dessus, moisissures comme décorations murales, silhouette étrange aperçue par la fenêtre) ; impression partagée par sa femme Deirdre (Jayne Houdyshell), sa fille aînée Aimee (Amy Schumer)  et sa mère Momo (June Squibb), - et la déambulation en fauteuil roulant dans l’étroit vestibule frise la catastrophe !!!!

Dans ce huis clos, les mouvements  d’un niveau à l'autre du duplex (et son escalier en colimaçon), d’une pièce à l’autre, d’un personnage à l’autre vont scander la narration alors qu’au moment des agapes (le benedicite,  l’inévitable dinde) les personnages assis, filmés de dos, de trois quarts ou de profil vont « révéler » leur être profond -et souvent au détour de remarques insignifiantes, de propos anodins, de prétendues réflexions existentielles ou de "confessions" (il en est de même dans le duo père/gendre ; mais la question formulée sur le ton de la plaisanterie  "ne pensez-vous pas qu’être en vie devrait coûter moins cher" ? est loin d’être anodine, tant elle recèle un  douloureux vécu)

Et voici qu’apparait en filigrane le contexte politique et social d’une Amérique encore « traumatisée » par le 11 septembre (cauchemars du père) d’une middle-class encore jugulée par la crise financière de 2008, en proie à des vicissitudes insurmontables (?) alors que se profile le spectre de la maladie et de la mort...

The Humans ou la défaite du "rêve américain" ?

Mutatis mutandis ne serait-on pas en droit de mettre en parallèle le huis clos, si propice à l’enfermement, avec la politique américaine du repli sur soi, outrageusement sécuritaire ?

 

Colette Lallement-Duchoze


 

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29 juillet 2022 5 29 /07 /juillet /2022 19:44

Une riche famille anglaise passe de luxueuses vacances à Acapulco quand l’annonce d’un décès les force à rentrer d’urgence à Londres. Au moment d’embarquer, Neil affirme qu’il a oublié son passeport dans sa chambre d’hôtel. En rentrant de l’aéroport, il demande à son taxi de le déposer dans une modeste « pension » d’Acapulco...

Sundown

Voici en gros plan des poissons sur un étal, entre vie et trépas, un spectacle que « contemple » Neil. C’est la scène d’ouverture

Métaphore de sa propre vie ? peut-être.

Art de « noyer » le poisson argueront les spectateurs hostiles à toute rétention d’informations et au parti pris de concision extrême

 

Succession de tableautins muets, (ou dialogues minimalistes), ellipses et non-dits, un personnage principal apathique ou donnant l’impression d’être étranger à tout (famille, argent, injonctions morales), le film de Michel Franco est pour le moins étrange dans sa concision, ses rebondissements inattendus créant des ruptures de rythme et de tonalité, et ses mystères (que signifie ce plan récurrent qui envahit l’écran en le troublant de son bleu? la réponse « supposée » sera explicitée comme a posteriori à la toute fin du film… encore que…)

 

Non pas un film sur le vide ou le néant « existentiel » ; mais plutôt sur les « choix de vie » face à un lointain inaccessible ou définitivement révolu.

Film crépusculaire (cf le titre) dans un contexte de violence brutale.

Violences sociales (la narration oppose le mode de vie de richissimes touristes nantis -dont la famille de Neil- et l’existence précaire de la population locale)

Crimes « gratuits » crapuleux (ou dictés par la loi du talion) et impunis « On vit avec la violence au quotidien au Mexique, – alors soit on va vivre ailleurs, soit on cherche à comprendre. En tant qu’auteur, je me dois d’étudier cette réalité » affirme le réalisateur

 

Un film qui cultive l’épure et dans lequel Tim Roth incarne à merveille une fausse indolence

 

A voir

 

Colette Lallement-Duchoze

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Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

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