24 juin 2022 5 24 /06 /juin /2022 09:41

de  Ronny Trocker  (Allemagne Italie Danemark 2021)

avec Mark Waschke, Sabine Timoteo, Jule Hermann, Wanja Valentin Kube, Hassan Akkouch, Isaak Dentler, Daniel Séjourné, Hannes Perkmann, Marie Rosa Tietjen, Steve Driesen

 

Présenté en première mondiale au Festival du film de Sundance le 29 janvier 2021.

 

à voir sur Mubi

 

https://mubi.com/fr/films/human-factors

 

 

Nina, Jan et leurs enfants forment en apparence une famille idéale. Mais qui donc a bien pu s'introduire dans leur maison secondaire, alors même qu'ils se trouvaient sur les lieux ? Qui a vu quoi, et qui cache quelque chose ? Un trouble inquiétant plane... (Synopsis  fourni par le Festival International du Film de La Roche-sur-Yon)

 

 

 

Human Factors

 

Personnellement, j’aime qu’un film offre plusieurs interprétations, mais c’est aussi un risque. Ronny Trocker

 

 

Le film s’ouvre sur une sorte d'"état des lieux":  balayage (avec gros plans et travellings latéraux) sur tout ce qui compose le rez-de-chaussée d’une maison, avant que n’arrive une famille (Jan, Nina et leurs deux enfants). La fille Emma s’installe devant le téléviseur, Max cajole son rat, Nina s’isole pour fumer, Jan part faire quelques courses. A son retour de la supérette c’est le branle-bas : la maison a été visitée (cambriolée ?) en leur présence ; le rat a disparu, Nina saigne du nez, Jan est sommé de  "vérifier"  l’éventuelle présence des intrus dans le jardin, un bruit suspect un coup de bâton….

Générique.

Un prologue comme condensé de ce qui va suivre ? et/ou aboutissement de ce qui a précédé?  par le ton (une impression d'étrangeté) par la thématique de la "distorsion" des liens familiaux? : rébellion de la fille Emma, isolement de Nina, amour inconsidéré de Max pour Zorro son rat, chacun comme replié sur lui-même visuellement séparé par la caméra? 

Une séquence comme matière et matrice ? (réalité ou fantasme que ce cambriolage ? alors que la radio informe sur l’insécurité ? )

 

Si une vision parcellaire trouble la compréhension, voir la situation dans son ensemble sera le fait d’un montage qui ressemble à un puzzle avec éclatement chronologique et faux semblants des lumières (anomalies apparentes délibérées ?). Car la séquence d’ouverture sera reprise plusieurs fois (angles et points de vue différents) inscrite dans un autre contexte -celui qui chronologiquement a précédé ou celui qui suivra (le lendemain, la virée sur la plage la venue de Flo le frère de Nina le restaurant chez Frédéric) et à chaque itération (déformée par le prisme des points de vue subjectifs) elle se charge d’éléments informatifs nouveaux qui iront de pair avec de nouveaux questionnements ou d’éclaircissements (comme a posteriori) ; par exemple on comprendra mieux pourquoi Jan et Nina ont décidé de partir quelques jours dans la maison de vacances sur la côte belge ou l’importance du téléphone. De même le film est traversé d’échos intérieurs (la soirée d'Emma avec son amie Amélie, les masques comme préfiguration du plan final ? la recherche des "intrus" au début et en écho, au final, celle de Max)?); il obéit aussi à la dynamique du "double"  la réalité et sa perception , la parole et ses non-dits, le présent et des secrets "enfouis", une famille bilingue, deux lieux (Belgique Allemagne) la maison sur la côte belge et l'appartement en ville (avec le passage récurrent du métro) ou l'agence (lieu de travail), les deux  enfants tiraillés entre une mère trop présente -et compréhensive- et un père "fouettard" ; on pourrait multiplier les exemples!!

 

 

Sur fond de xénophobie, en pleine campagne électorale, dans le fatras d'infos qui se contredisent, nous assistons  au délitement d’un couple, d’une famille - personnages souvent filmés  de dos, présence de vitres, choix de couleurs  délavées ternes grises , et procédés de surimpression comme autant d’obstacles à une franche communication???

 

Un film que je vous recommande (même si le minimalisme et les  "faux" rebondissements peuvent l’apparenter à un "exercice de style"  et dérouter le spectateur)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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19 juin 2022 7 19 /06 /juin /2022 09:58

d'Hadas Ben Aroya (Israël 2021)

 

avec  Elisheva Weil, Leib Levin, Yoav Hayt, Hadar Katz, Hila Mann

 

Danny est enceinte de Max. Elle veut profiter d'une soirée pour le lui annoncer, mais n'y parvient pas. De son côté Max explore les fantasmes sexuels de sa "fiancée" Avishag. Celle-ci se confie à un vieil homme qui la paye pour garder sa chienne 

All eyes off me

 

Et s’il n’y a pas de mer, alors il n’y a pas non plus de navire. Une autre semaine, un autre mois, une autre année

 

Un film pour le moins étrange. Et qui laisserait un goût amer si le personnage de Dror (un quinquagénaire bedonnant) n’invitait (en III) sa partenaire à écouter le silence, à explorer d’insoupçonnables contrées où le fictif (une émission visionnée sur smartphone qui arrache les larmes par exemple) retrouverait la place qu’il a usurpée, face au réel trop souvent dénié et fantasmé

 

All eyes off me est composé de trois parties (chacune annoncée par un chiffre rouge 1, 2 3). Dans la première, un long plan séquence ; caméra à l’épaule la jeune réalisatrice nous plonge dans l’ambiance exubérante d’une boîte de nuit. On boit on s’embrasse, on se drogue, on discute … un long récit détaillé sur l’avortement, ou la prise de parole décomplexée ? Danny enceinte cherche le « père géniteur » Max …en vain ! Ce dernier entame une relation avec Avishag qui se concrétise en II. Le spectateur va franchir la porte de l’intime et malgré lui, il est en position de « voyeur » : la chair sa sublime carnation, les corps leurs spasmes, les violences infligées à la demande d’Ashvag, la nudité le pénis en érection, la gourmandise la strangulation, tout cela filmé …presque…en temps réel ! Or ces expériences sexuelles que Max désire renouveler, semblent lasser Avishag. En acceptant de garder (exceptionnellement) la chienne de Dror, elle reposera à ses côtés avant de "provoquer" une relation avec le "vieil" homme. A l’agitation  des deux premières parties s’oppose une forme de lenteur, de tendresse et s’imposera le silence salvateur ! Quand Dror, dévêtu expose son corps bedonnant et se met à égrener les mêmes questions que posait Brigitte Bardot à Michel Piccoli dès la scène d’ouverture du Mépris…pour conclure alors tu m’aimes totalement ? on s’interroge, on est mal à l’aise…on doute de la sincérité d’Avishag - qui acquiesce, indifférente.

L’impudeur -quelle qu’en soit sa forme- et qui prévaut dans chaque partie, érigée en norme ?

 

En montrant les corps (car c’est bien de corps qu’il s’agit) tels qu’ils sont – ni magnifiés dans leur beauté ni dévalorisés dans leurs imperfections-, en faisant d’Avishag le  fil conducteur -une jeune femme provocatrice avide de sensations toujours renouvelées, accro du smartphone comme de l’intime exhibé, mais qui accède peut-être à la « révélation »-  la réalisatrice met en exergue la vulnérabilité d’une génération. Est-elle aussi libérée qu’elle le prétend ?

 

La jeunesse israélienne est  devenue indifférente à toute chose affirme Hadas Ben Aroya. Elle en a précisé l’origine, lors d’une interview ; Je crois qu’il y a eu un avant et un après Oslo [les accords signés en 1993] Ce qui a suivi, et qui a frappé de plein fouet ma génération, a été comme une immense résignation. La simple injonction de devoir penser notre situation politique est devenue un fardeau. La jeunesse de mon pays, me semble-t-il, est devenue à la fois indifférente à toute chose et pour cette raison même, dans un sentiment de violence à peu près permanent ».

 

A vous de juger!!

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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18 juin 2022 6 18 /06 /juin /2022 09:41

de Quentin Dupieux 

avec  Alain Chabat (Alain)Léa Drucker (Marie)Benoît Magimel (Gérard)Anaïs Demoustier (Jeanne), Lena Lapres (Mimi), Mikaël Halimi (le stagiaire), Stéphane Pezerat (Franck Chaise), Marie-Christine Orry (madame Lanvin)Grégoire Bonnet (le docteur Urgent), Nagisa Morimoto, Roxane Arnal

 

Un couple achète une maison qui, selon l'agent qui leur a fait visiter le bien, dispose d'une trappe secrète pouvant changer le cours de leur vie.

 

 

Incroyable mais vrai

 

 Moins déjanté que le pneu  psychopathe tueur Rubber, moins foutraque que Wrong Cops (Wrong Cops - Le blog de cinexpressions Le daim (Le Daim - Le blog de cinexpressions ou Au poste–( Au Poste! - Le blog de cinexpressions), plus abouti -car on a l’impression parfois d’un inachèvement - que Mandibules, Incroyable mais vrai  "actualise"  (et prend au "pied de la lettre" ) une thématique qui a fait florès et dans la littérature et au cinéma : le rêve d’immortalité, à travers le couple Alain /Marie,  et il s’attaque à un autre concept : le virilisme qu’il  écorne et fait voler en éclats (sens propre et figuré) à travers le couple Gérard/Jeanne

Le film obéit aussi à une dynamique interne qui va entraîner le spectateur de l’absurde vers un conte plus  "moral"

 

 

On accède à un tunnel par une trappe (chausse-trappe !! bien évidemment) sise au cellier et… on est assuré non seulement de  "remonter"  à l’étage mais surtout d’être rajeuni de 3 jours toutes les 12 heures.. Une faille "spatio-temporelle"  Si Alain est trop investi dans son travail, (du moins est-ce son excuse !!!) pour se laisser tenter, sa femme en revanche est décidée à "remonter" le temps, rajeunir et débuter une carrière de mannequinat. Comique de répétition (descente, interrogations face au miroir, minauderies) et montage accéléré -dans la deuxième partie--, épousent cette thématique du "voyage dans le temps" qui connaîtra une fin douloureuse, dont la morale  "humaniste"  si évidente se passe volontiers de commentaire. Des images de putréfaction (gros plans sur des vers à l’intérieur d’une pomme à la saine apparence, fourmis qui s’échappent de la paume de la main, illustrent ô combien la putréfaction inéluctable des corps, et pourquoi pas  des couples !!!)

Histoire dans l’histoire que celle du patron (employeur et ami d'Alain)  imbu de sa personne, égocentrique, mâle au sexe triomphant (non plus grâce au viagra mais aux nouvelles technologies de fabrication japonaise dont on taira la nature pour ne pas spoiler…). Le triomphalisme de façade s’en viendra lui aussi percuter une dura lex -ici celle de l’inanité de la  "performance"  sexuelle…

 

Deux  acteurs fidèles (Alain Chabat Anaïs Desmoutier ) et deux nouveaux  venus, Léa Drucker et Benoît Magimel,  vont composer avec talent la « galaxie » Dupieux

 

Ce qui est tout à fait nouveau chez  ce réalisateur  -surtout pour les dernières séquences- est cette ambiance de "sagesse mélancolique"  que renforce un clin d’oeil à la peinture impressionniste -le cadre champêtre évoquant une toile digne des peintres du XIX° siècle

 

A voir 

 

Colette Lallement-Duchoze

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16 juin 2022 4 16 /06 /juin /2022 07:30

de David Cronenberg (Canada Grèce)

 

avec  Viggo Mortensen, Léa Seydoux, Kristen Stewart, Scott Speedman, Welket Bungué, Don McKellar, Lihi Kornowski, Tanaya Beatty, Yorgos Karamihos, Yorgos Pirpassopoulos, Nadia Litz, Jason Bitter, Denise Capezza

 

Présenté au festival de Cannes Sélection Compétition Officielle 

 

Alors que l’espèce humaine s’adapte à un environnement de synthèse, le corps humain est l’objet de transformations et de mutations nouvelles. Avec la complicité de sa partenaire Caprice, Saul Tenser, célèbre artiste performer, met en scène la métamorphose de ses organes dans des spectacles d’avant-garde. Timlin, une enquêtrice du Bureau du Registre National des Organes, suit de près leurs pratiques. C’est alors qu’un groupe mystérieux

 

Les crimes du futur

 

Vous allez pénétrer dans les entrailles des corps -sens littéral -et de la pensée -sens figuré.

 

Epoque indéterminée, futur plus ou moins proche, présent déjà advenu mais dont nous n’aurions pas conscience ? Comme le titre le dit explicitement, l’humanité en est arrivée à un seuil critique de son évolution (germes, fermentation d’une ère nouvelle, catastrophique ; c’est que la population, en train de développer d'étranges tumeurs, apprend à "vivre" sans son enveloppe corporelle, …)

 

La séquence d’ouverture -enfant, lumière, soleil, clapotis de l’eau, bientôt évanouis, quand à l’intérieur de la villa l’enfant ingère du plastique comme unique nourriture et que la mère commet l’irréparable-, résonne comme un avertissement !!

 

Et nous allons basculer dans une dystopie!  -où les couleurs rouille ou glacées d'un underground vont remplacer l'ambiance solaire - à peine menacée par ces doigts d'enfant qui grattaient la grève ... à la recherche de ?...

 

Le mot d’ordre nouveau ? ou l’ordre nouveau ? la chirurgie, c’est le nouveau sexe 

La recherche du frisson ? ce sera  donc dans toutes ces expériences …récupérées par  l’Art ! car l’ablation des organes est devenue spectacle - une "performance"… Celle qu’admirent tous les adeptes de Saul - lequel atteint d'un syndrome de mutation génétique, ne cesse de produire de nouvelles excroissances organiques, ce qui le rend de moins en moins humain.

 

Et même si le scalpel incisant  la chair ne provoque qu'un léger grimacement, un léger clignement des paupières témoins du  plaisir sadomaso , même si des mains-robot extirpent des organes, l’absence de réalisme et le refus du naturalisme interdisent toute pseudo identification et inciteraient plutôt le spectateur à sourire si ….la  "pensée" cachée sous ses faux semblants n’était aussi grave !. De quelle forfaiture le futur est-il devenu le nom ? (ou le non ?)

 

Certains spectateurs vont interpréter ce film comme une somme testamentaire !  d’autres se plairont à glaner çà et là des références à Videodrome Crash Existenz Faux Semblant ou encore à d'autres films de Cronenberg

 

Mon impression est mitigée. Passons outre l'intrigue (aux "fausses" allures de thriller)

Autant l’interrogation sur l’art et sa récupération (cf les excroissances organiques les performances) serait  passionnante,  si elle n'était  diluée dans de longs dialogues souvent monocordes et prétentieux. Quant au concept de  "paysage intérieur"  (un leitmotiv)  que l’on accolerait à une « forme » de peinture et de sculpture, il est constamment escamoté : supposons que la dimension spirituelle se soit volatilisée,  et que l’anatomie -dans une approche purement fictionnelle- puisse le donner à voir littéralement , pourquoi recourir à tous ces propos verbeux,  ces formules pontifiantes?.

Ou alors est-ce de l'humour au énième degré ?

Car l’humour est omniprésent : on retiendra le sarcophage dans sa matérialité étymologique- consumer les chairs, l’éjaculation précoce du  "old sex" ,  la fermeture éclair pour accéder aux organes, la parodie des liturgies et surtout la présence de l’agent double –

 

comme si le film était un piège pour le  public!  ou signait, sous le sceau de l'auto-dérision, son propre échec ?

 

Colette Lallement-Duchoze

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15 juin 2022 3 15 /06 /juin /2022 05:39

de Serge Bozon (France, 1h40).

Scénario : Axelle Ropert et Serge Bozon, d’après Molière.

Avec Virgine Efira, Tahar Rahim, Alain Chamfort, Jehnny Beth, Damien Chapelle.

 

présenté en Compétition Officielle Cannes 2022

 

 

En 2022, Don Juan n’est plus l’homme qui séduit toutes les femmes, mais un homme obsédé par une seule femme : celle qui l’a abandonné…

Don Juan

Ce film a "énervé" "irrité" (et certains spectateurs à Cannes auraient, dit-on,  quitté la salle). On n’apprécie guère les séquences chantées, l’immobilisme de Tahar Rahim/ Don Juan contrastant avec l’étonnante mobilité de Julie, la mise en abyme (Laurent interprète le personnage éponyme de Molière et Julie celui d’Elvire et lors des répétitions, le texte du XVII° siècle entre en résonance avec le vécu du couple au XXI°), les directives de la metteuse en scène (gestes chorégraphiés), le chanteur et pianiste Alain Chamfort (à la fois père effondré de douleur suite à la perte de sa fille et Commandeur) et même la "construction"  du film dans son entièreté .

 

Et pourtant!!!

 

Mairie. Laurent, de noir vêtu, attend Julie ; ils vont se marier. Elle tarde. Impatience. Alors qu’il vient de tester sur son téléphone différentes musiques, le regard rivé sur son reflet dans le miroir, - avec cet effet de mise en abyme : reflet d’un tableau où l’on voit un homme dans la position du suppliant-, il se penche à la fenêtre …Il regarde…fixe une passante (la voit-il vraiment ?) MAIS il ne verra pas Julie ; dépitée elle entre dans un bar et commande « de la musique »

 

Regards et musique, c’est à cette double dynamique qu’obéira tout le film !

 

Regard de soi sur soi, de l’autre sur soi, les deux entrecroisés, (regard qui regarde le regard de l’autre) ce qu’accentuent les effets spéculaires, regard fantôme (et parfois le visage ravagé de Tahar Rahim porte les stigmates du spectre). Car le Don Juan de Bozon n’est plus l’infidèle auquel " sa"  légende nous a habitués. Il erre mais immobile (assis à une terrasse de café il voit dans toutes les femmes le double de Julie, celle qui l’a abandonné). Et le jeu de Tahar Rahim -gaucherie apparente, sobriété calculée, étrange absence à soi-même— est bien celui d’un « mort-vivant » - rien à voir avec une grille de lecture préformée !!! Et si on accepte cette « déviance »-déviation ?- on acceptera simultanément ou du moins plus volontiers les parties chantées, comme ultime moyen de « sonder » une intériorité ...  qui s’en serait allée ? Avec le « retour » de Julie/Elvire et les répétitions sur la scène d’un théâtre à Granville, Laurent/Don Juan reviendrait-il sur le rivage (alors qu’il allait s’embarquer pour les Limbes ?)  La présence dans le film du pianiste-chanteur Alain Chamfort -et sa double « fonction » y apportera peut-être une réponse  

 

Colette Lallement-Duchoze 

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13 juin 2022 1 13 /06 /juin /2022 06:52

de Santiago Mitre (Fr-Arg,Esp, 2021)

avec Daniel Hendler, Melvil Poupaud, Vimala Pons, Sergi Lopez, Françoise Lebrun…

Le couple, l’amour et la vie de famille sont de bien belles aventures que vivent José et Lucie. Jusqu’au jour où l’ennui s’installe. Lucie consulte alors un psy pour sauver leur couple. De son côté, José vient me voir, moi, Jean-Claude, leur voisin. Ensemble, nous lançons une nouvelle thérapie. Trinquer, danser et jouer au meurtrier tous les jeudis : la nouvelle recette du bonheur !

 

 

 

Petite fleur

 

 Une histoire de vie et de mort dans n’importe quel ordre 

On connaissait Santiago Mitre « chantre d’un cinéma militant » (cf  el presidente - Le blog de cinexpressions). En déplaçant l’action en France (Clermont-Ferrand plus précisément) et en optant pour un réalisme fantastique à la Raoul Ruiz, le réalisateur argentin signe une comédie fantasque qui explore -avec ce burlesque à répétition keatonien- les arcanes de l’ennui dans un couple moderne et surtout les moyens de rompre la routine.

Intrigue servie par la pétulante Vimala Pons, Daniel Hendler en  paumé mystérieux  et Melvil Poupaud en dandy œnologue et jazzophile.

Intrigue servie également par la reprise du standard de Sydney Bechet « petite fleur » -comme incitation, pulsion nécessaire au…meurtre-, la voix off de Jean-Claude (Melvil Poupaud) le mort du jeudi chaque fois ressuscité, le concert avec Hervé Vilard (et l’inusable  Capri c’est fini), la présence d’un gourou thérapeute (Sergi Lopez) d’une voisine suspecte (Françoise Lebrun).

Des décors d’intérieur qui rappellent parfois l’architecture géométrique à la Chirico et les couleurs design, ou le brun rouille du milieu underground où  "sévit"  un "drôle" de  thérapeute, alors que la capitale auvergnate filmée en plongée -d’où émergent les flèches gris noir  de la cathédrale- ou anthropomorphisée quand Daniel (au chômage) arpente ses rues et ruelles pour balader sa petite Antonia , sont comme une « valeur ajoutée » dans cette volonté de faire « coller » le réel à l’absurde

Oui cet exercice de style en forme de comédie noire loufoque est réussi et prouve l’étonnante capacité de son auteur à évoluer dans les eaux troubles des comédies assassines, (malgré tous les malgré(s)  que des esprits chagrins ne manqueront pas de signaler)

 

Colette Lallement-Duchoze

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12 juin 2022 7 12 /06 /juin /2022 06:10

de Ferit Karahan (Turquie Roumanie 2021)

avec Samet YildizEkin KoçMahir IpekMelih SelcukCansu FirinciNurullah AlacaMert HazirMustafa Halli

 

 

 

Dans un pensionnat isolé dans les montagnes d’Anatolie, les élèves doivent obéir à des règles strictes. Une nuit d’hiver, le chauffage tombe en panne. Memo, 12 ans, demande à son ami Yusuf s’il peut dormir dans son lit mais ce dernier refuse par crainte du qu’en dira-t-on. Le lendemain matin, Memo est retrouvé sans connaissance.

 

Yusuf et son meilleur ami Memo sont élèves dans un pensionnat pour garçons kurdes, isolé dans les montagnes de l’Anatolie orientale. Lorsque Memo tombe mystérieusement malade, Yusuf est contraint de surmonter les obstacles bureaucratiques dressés par la direction autoritaire et répressive de l’école pour tenter d’aider son ami.

 

 

 

Anatolia

Le film s’ouvre sur la séquence de la douche- douche collective hebdomadaire, que surveille un personnel prompt à repérer  la moindre incartade - prétexte pour exercer un autoritarisme forcené : en l’occurrence privation d’eau chaude et obligation de se laver à l’eau froide….Punition infligée à trois pensionnaires dont Mehmet sous l’œil réprobateur de son ami Yusuf.  Ce long prologue filmé en plans serrés met en exergue dureté, maltraitance, coercition, relations fondées sur la peur.

Thématique majeure de ce film qui -tout en s’inspirant d’un douloureux épisode de la vie du réalisateur- donne à voir de façon prégnante et sensorielle une école de la cruauté. Le jeune acteur  Samet Yildiz dont le visage filmé en gros plan envahit parfois l’écran ou dont le corps, minuscule virgule dans l’immensité enneigée, incarnera  cette terreur au regard noir!

 

Voici un lieu doublement isolé du monde (par sa situation géographique et par une tempête de neige). Un pensionnat de garçons kurdes mais qui ressemble plutôt à une prison. Une prison dont le rythme quotidien  est scandé par des rites, dans les lieux dédiés (dortoirs, salles de classe,  réfectoire avec le bénédicité en l’honneur de l’État…). Et quand Mehmet est entre la vie et la mort, l’infirmerie où il repose - un simulacre que cette pièce minuscule et cette absence de médicaments !!!-   devient un tribunal où s’affrontent les adultes, ces responsables potentiels qui se rejettent mutuellement la faute, alors que Yusuf, au chevet de son ami incarne la bienveillante sollicitude. Et ce contraste est si puissant dans ce microcosme, que les glissades à répétition sur le carrelage à cause de la  neige fondue, que l’accumulation de contretemps pour faire venir une ambulance, ne sauraient provoquer le rire, c’est que le burlesque n’a plus sa place dans ce huis clos, réceptacle d’une tragédie

 

Un film aux allures de « thriller » glacial » -le parcours labyrinthique de Yusuf , son errance filmée à sa hauteur, la maladie mystérieuse de son ami Mahmet, les entorses au règlement, et  au final ce récit dans le récit qui vient  combler   l'attente,  tel ce point de suspension inscrit dans  l'écran noir  à la fin du  prologue!!!…

Un récit aussi glaçant que l’environnement mais en osmose avec la stratégie du pays (former de futurs soldats au service de l’Etat ; un Etat qui d’ailleurs a effacé de la carte la notion de  "région kurde"  au profit d’Anatolie orientale -cf le cours de géo ). Une narration qui égrène ça et là des allusions ciblées (conditions de travail des professeurs, détournements  de fonds,  trafic de cigarettes, individualisme des parents...) comme autant d'égratignures (euphémisme) au système 

 

Malgré quelques invraisemblances (température extérieure -35° MAIS aucun des personnages, ne porte coiffe gants cache-nez) et quelques difficultés à faire coexister fiction et documentaire- Anatolia est un film que je vous recommande (il vous reste 3  séances avant la fermeture de l’Omnia aux Toiles mardi 14 juin 23h59)

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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11 juin 2022 6 11 /06 /juin /2022 06:37

 De Mariano Cohn et de Gaston Duprat (Argentine Espagne) 2022

 

avec Penelope Cruz, Antonio Banderas et Oscar Martinez

 

 

Un homme d'affaires milliardaire décide de faire un film pour laisser une empreinte dans l'Histoire. Il engage alors les meilleurs : la célèbre cinéaste Lola Cuevas, la star hollywoodienne Félix Rivero et le comédien de théâtre radical Iván Torres. Mais si leur talent est grand… leur ego l’est encore plus !

Compétition officielle

Le ton  -dénonciation d'un certain milieu-,  est donné dès la  longue séquence d’ouverture : un magnat de l’industrie pharmaceutique a la prétention de  laisser un nom dans l’histoire (autre que celui de milliardaire) et à défaut de faire construire un pont  "à son nom",  il produira un  BON FILM. Son assistant est chargé de convaincre la  "meilleure"  réalisatrice du moment (multirécompensée pour ses films art et essai) qui choisira les "meilleurs" acteurs, en vue de l’adaptation d’un livre écrit par un prix Nobel…..Fabriqué à partir de cette  "recette"  (comme on mitonne un menu succulent) le film d’auteur est  susceptible d’être couronné à Cannes à Venise et à Berlin !!! et de flatter l’immense bonté du généreux mécène….(lui qui n’a pas lu le livre ....et qui n’est pas  du tout versé dans la culture….cinématographique)

 

Premier grincement dans l’univers du cinéma -alors que précisément s’achève la  "grand-messe"  cannoise avec son cortège de faux-semblants,  ses surenchères promotionnelles, Compétition officielle viendrait à point nommé??

 

Cette comédie – qui pose la question incontournable "qu’est-ce qu’un BON film", (serait-ce le film d’auteur, vs divertissement ?) va en outre parachever la "mise à mort" de certains clichés sur le "sérieux" de l’entreprise cinématographique. Dans le décor d’un immense bâtiment moderne – les cadrages, les plans en épouseront l’aspect architectural et géométrique-, voici, pour les séances de lecture du scénario et pour les répétitions, une réalisatrice, Lola Cuevas -aux méthodes peu orthodoxes- et deux acteurs fort dissemblables  – Felix Rivero, une sorte de playboy exaspérant et Ivan Torres, un comédien lugubre qui ne jure que par l’engagement ; tous les trois imbus de leur personne, aux égos surdimensionnés.

L’astuce des deux réalisateurs argentins est moins d’avoir procédé à une double mise en abyme (les deux acteurs s’invectivent et sur le plateau et dans leur vie privée ; le scénario (fiction romanesque) est dupliqué (réel) par la vie réelle des protagonistes) que d’avoir fait endosser par les acteurs eux-mêmes le  " poids"  de cette mise en abyme comme si ça allait de soi …. et ainsi d’avoir maquillé astucieusement ce qui relèverait d’un parti pris trop facile !!!

 

A cela s’ajoutent des dispositifs pour le moins étonnants (cf cette pierre de 5 tonnes suspendue au-dessus des deux acteurs telle l’épée de Damoclès afin de "mettre la pression" ou l’emballage cellophane des deux acteurs ) ,   "plaisants"  (menthol et larmes, blanchiment des dents) ; et  la broyeuse de trophées illustrera la tyrannie ravageuse de Lola, (le parangon de l’égocentrisme en broyeur d’égos !!)

 

S’ils connaissent les "affres" de la création, les personnages n’en sont pas moins souvent grotesques dans leurs souveraines prétentions, leurs poses et leurs snobismes outranciers. Et les trois acteurs Penelope Cruz (exubérante avec cette perruque rousse et ses minauderies) Antonio Banderas (étonnant numéro de faux « malade ») et Oscar Martinez (coupe Volpi  2017 pour Citoyen d’honneur  où il interprète un …prix Nobel) semblent s’en  "donner à cœur joie"  pour fustiger ce que précisément ils incarnent eux-mêmes…car le film est censé plaire au secteur qu'il parodie……

 

Malgré certaines longueurs, des gros plans fixes prolongés, complaisants, malgré l’absence d’une critique venimeuse (mais était-ce le but recherché ?) Compétition officielle est un film que je vous recommande pour son rythme souvent enlevé, son humour bon enfant ou corrosif, sa photo  "design", sa mise en scène  "théâtrale"  et la prestation de ses trois acteurs.

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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5 juin 2022 7 05 /06 /juin /2022 07:02

Documentaire d' Alexander  Abaturov  2017

 

Fiche technique : Le Fils (titre original Syn). France, Russie. 2017. 70 minutes // Auteur & réalisateur : Alexander Abaturov // Image : Alexander Abaturov, Artyom Petrov & Alexander Kuznetsov // Son : Alexander Kalachnikov // Montage : Alexander Abaturov & Luc Forveille // Producteur délégué : Petit à Petit Production.

Proposé en partenariat avec Tënk la plateforme de documentaires d'auteurs il résonne  particulièrement aujourd'hui

 

https://www.mediapart.fr/studio/documentaires/international/le-fils-mourir-pour-la-russie

 

Dima est mort le 23 mai 2013, à l'âge de vingt-et-un ans. Enrôlé dans l'armée Russe, il est tué d'une balle dans la tête, lors d'une mission spéciale au Daghestan. Pendant que ses parents affrontent le vide laissé par sa disparition, ceux qu'il appelait ses frères, s'entraînent toujours pour la guerre dans des conditions difficiles qui créent un lien puissant entre eux. Ces deux univers se mêlent. Ils racontent la mort et l'absence.

Le fils
 
 
 
 
 
 

Alexander Abaturov les a suivis pendant deux ans. En parallèle, il suit l’immense tristesse et les larmes emprisonnées des parents de Dima, tué au combat en 2013.

Jamais l’ennemi n’est nommé. Ce fut l’Afghanistan, la Tchétchénie, la Géorgie… C’est sans doute l’Ukraine aujourd’hui. Abaturov ne dénonce rien, mais aux bribes de discussions enregistrées, à l’évocation de ces autres fils qui ne sont jamais revenus, il parvient avec beaucoup de retenue à raconter l’implacable destin dans lequel ces jeunes hommes sont engagés. Une universelle malédiction".

Ce documentaire, proposé en partenariat avec Tënk, la plateforme de documentaires d’auteurs, est visible pendant un mois sur Mediapart.

Ecoutons le réalisateur  "A la mort de mon cousin, c’est ma tante qui m’a dit de faire un film, et au début, je ne l’ai pas prise au sérieux, je trouvais que c’était impossible de traiter d’un sujet aussi difficile et de se questionner sur le cinéma, à cause du lien intime que j’avais avec mon cousin. Mais avec le temps, c’est devenu un moyen d’évacuer la douleur, de faire sortir l’énergie, et ça a pris quatre ans. 

L’autorisation de filmer a été l’enjeu principal du film, mais la Russie est le pays des merveilles où tout est interdit, mais où tout est possible si on frappe aux bonnes portes. L’armée, c’est un milieu très fermé, à la fois administrativement, et au sein même de la communauté militaire. Les militaires ne parlent jamais de leurs missions, de leurs expériences à des civils. En fait, j’ai remarqué que pour les civils, les militaires sont des civils déguisés dans de drôles d’uniformes, et pour les militaires, les civils sont à part, on ne se mélange pas. Moi, j’étais explicitement un civil qui n’a jamais fait son service militaire, et j’ai dû me faire accepter et gagner leur confiance afin qu’ils m’aident. Au début, j’avais beaucoup de colère envers ces soldats, mais en fait ce sont les victimes de cette situation politique, et je me suis rendu compte qu’ils étaient tous mes cousins. Au départ, ils m’ont accepté parce que j’étais le cousin de Dima, et pour eux c’était important de faire ce film. Ce sont des gens extrêmement simples et honnêtes. Pour moi, tous les visages qui sont dans le film sont les symboles de cette machine qu’est l’armée, et qui essaie de faire de la viande hachée avec toutes leurs individualités. Mais au final, l’individu est plus fort que la machine. 

Il y a plusieurs niveaux dans le film, ça parle de la Russie, mais  il y a un niveau très intime et familial. Ça parle aussi de tous ces gens en Russie, qui sont obligés de faire leur service militaire : j’ai voulu que ce soit un récit planétaire" 

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3 juin 2022 5 03 /06 /juin /2022 08:04

de Blerta Basholli (Kosovo 2021)

avec Yilka Gashi Cun Lajci Aurita Agushi

 

Récompensé au festival Sundance par trois prix : grand prix du jury, meilleure réalisatrice et prix du public

A remporté l'Antigone d'or au festival du cinéma méditerranéen de Montpellier 2021

Le mari de Fahrije est porté disparu depuis la guerre du Kosovo. Outre ce deuil, sa famille est également confrontée à d’importantes difficultés financières. Pour pouvoir subvenir à leurs besoins, Fahrije a lancé une petite entreprise agricole. Mais, dans le village traditionnel patriarcal où elle habite, son ambition et ses initiatives pour évoluer avec d’autres femmes ne sont pas vues d’un bon œil. Fahrije lutte non seulement pour faire vivre sa famille mais également contre une communauté. hostile, qui cherche à la faire échouer

La ruche

Un des thèmes récurrents du cinéma des pays de l’ex Yougoslavie est l’obsession d’un passé douloureux (Seconde Guerre Mondiale;  guerre civile et l'épisode de Srebrenica en 1995, guerre du Kosovo) que certains réalisateurs traitent avec humour (cf la parade La parade - Le blog de cinexpressions),  un mélange d’âpreté de réalisme (Téret Teret - Le blog de cinexpressions). Pour évoquer les « séquelles » de la guerre du Kosovo la réalisatrice Blerta Basholli s’inspirant d’une histoire vraie, celle de Fahrije Hoti,  va explorer « le quotidien des femmes dont les époux ont disparu pendant la guerre du Kosovo »

Gros plan sur un visage inquiet ; un camion vient restituer les « restes » de ….. Bravant l’interdit Fahrije (car il s’agit de cette veuve) pénètre à l’intérieur, à la recherche de …  Une scène d’ouverture toute en non-dits et nuances : l’épouse doit attendre - pour pouvoir faire son deuil - de savoir avec certitude ce qu’il est advenu du mari disparu …En écho à cette ouverture, vers la fin, ce sera la difficile, douloureuse identification : des lambeaux de vêtements, témoins des atrocités et seuls vestiges de ce qui fut une Vie !

En combinaison d’apicultrice, Fahrije a pris le relais de son mari. ; n’ayant pas sa dextérité, elle conclut chaque essai par une piqûre (gros plan avec l'effet spéculaire du miroir!). A la toute fin du film,  une abeille glisse sur sa peau, l’effleure sans la piquer…Un apprivoisement, une conquête, une victoire !

La ruche ? ou l’économie de survie (créées par le mari les ruches étaient un atout financier mais le miel se vend mal ; et l’épouse décide de créer une petite entreprise ; fabrication artisanale d’avjar). La ruche ou la métaphore de ces femmes abeilles qui défient les obstacles (d’ordre économique familial idéologique) et dans la fraternité, la solidarité sans faille, avec pugnacité, se sont affranchies des préjugés qui les reléguaient au rôle d’épouse soumise. La ruche, une histoire de deuil et de résilience, à travers une destinée qui contient tous les destins de ces veuves de guerre capables de s’émanciper.

Couleurs froides, silence souvent glacial (cf la séquence de la douche du beau-père handicapé), le village Krushe e Madhe filmé en légère contre plongée aux couleurs de carte postale, voiture qui sinue vers la ville -avec ces allers et retours dictés par la volonté de survie, en parallèle à ceux entre passé et présent plus discrets mais ô combien signifiants, circulation des regards si éloquents dans le non-dit de la réprobation ou de l’acquiescement, tout dans ce premier film participe  d’une réflexion sur le deuil et  l’émancipation. Quand après un acte de vandalisme (une main perverse a renversé tous les bocaux d’avjar),  Fahrije prend avec délicatesse les tessons, c’est à la fois l’image d’une vie lacérée déchiquetée et la farouche détermination à la reconstruire

L’actrice Yllka Gashi, par sa fausse impassibilité, et une surprenante constance de ses traits (hormis dans cette scène qui célèbre par le chant et les rires la victoire et dans cette autre en écho inversé où effondrée dévastée, Farije doit accepter l’inéluctable !!) incarne ce personnage à la fois humble et hors norme !

 

Un film que je vous recommande vivement 

 

 

Colette Lallement-Duchoze


 

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