17 septembre 2018 1 17 /09 /septembre /2018 05:20

d'Emmanuel Mouret 

avec Cécile de France, Edouard Baer, Alice Isaaz

 

argument: 

Mme de La Pommeraye, jeune veuve retirée du monde, cède à la cour du marquis des Arcis, libertin notoire. Après quelques années d’un bonheur sans faille, elle découvre que le marquis s’est lassé de leur union. Follement amoureuse et terriblement blessée, elle décide de se venger de lui avec la complicité de Mademoiselle de Joncquières et de sa mère...

Mademoiselle de Joncquières
Ce film est un régal pour les yeux, les oreilles, le cœur et l’esprit.
 
La belle langue française du XVIIIème siècle est à l’honneur dans ce festival d’habiles et raffinés dialogues, ponctuée par des musiques d’époque. Les costumes et les coiffures des femmes en harmonie avec les décors sont un enchantement. Cécile de France incarne une femme perverse certes, mais si séduisante ! et son jeu est parfait. Edouard Baer ne badine pas comme on aurait pu le craindre, ses répliques sont autant de traits d’esprit qui traduisent la philosophie libertine de l’époque : Névrose de la séduction quand tu nous tiens !
On nous dit qu’il s’agit d’une vengeance féministe contre ces hommes qui séduisent pour mieux abandonner leur proie, prémisse d’un combat contemporain mais le procédé utilisé par la Marquise pour se venger du désamour du Marquis est tout aussi cruel même si la fin surprend tout un chacun.
 
C’est léger, profond, bien mené, et ça donne même envie de lire ou relire Diderot !
 
A voir comme un élixir de jouissance.
 
Serge Diaz
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8 septembre 2018 6 08 /09 /septembre /2018 02:59

 

Ce documentaire de Michel Toesca (présenté à Cannes HC ) sera projeté

 

en avant-première, dimanche 23 septembre à 10h30 à l'Omnia (Rue de la

 

République Rouen) 

 

Un débat en présence du réalisateur suivra la projection 

 

Libre

synopsis

La Roya, vallée du sud de la France frontalière avec l'Italie. Cédric Herrou, agriculteur, y cultive ses oliviers. Le jour où il croise la route des réfugiés, il décide, avec d'autres habitants de la vallée, de les accueillir. De leur offrir un refuge et de les aider à déposer leur demande d'asile.
Mais en agissant ainsi, il est considéré hors la loi... Michel Toesca, ami de longue date de Cédric et habitant aussi de la Roya, l'a suivi durant trois ans. Témoin concerné et sensibilisé, caméra en main, il a participé et filmé au jour le jour cette résistance citoyenne. Ce film est l'histoire du combat de Cédric et de tant d'autres.

 

lien

https://www.jour2fete.com/distribution/libre

 

Extraits de l'article de David Fontaine paru dans le  Canard enchaîné du 26/09/18

 

 Libre (l'étoffe des Herrou)

 

[...] Un documentaire exceptionnel. Il fait saisir sur le vif le sens d'un combat pour la dignité et fait peu à peu émerger la figure d'un vrai héros, d'un héros tout simple, qui ne se prend pas au sérieux, qui prend sans façon un bébé dans ses bras mais sait aussi  tenir tête aux flics de tout poil (police aux frontières, CRS, gardes mobiles...) et aux autorités de tout acabit (proc, juges, dircab du préfet...) Juste parce qu'il veut être "libre" , libre de manifester sa fraternité  envers les clandestins, libre de leur permettre d'exercer leur droit d'asile, envers et contre l'Etat, qui les refoule illégalement [...]

Un documentaire-à-terre, qui fait aussi voir le ciel

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6 septembre 2018 4 06 /09 /septembre /2018 17:42

Documentaire réalisé par  Margarethe von Trotta (Allemagne France)

 

Ingmar Bergman est considéré comme l’un des réalisateurs les plus importants de l’histoire du cinéma. À l’occasion du centenaire de sa naissance en 2018, la cinéaste allemande Margarethe Von Trotta s’interroge sur l’héritage du maître, son travail et sa vie personnelle, qui continue d’inspirer des générations de réalisateurs.

A la recherche d'Ingmar Bergman

Ni biopic ni hagiographie

J'entends déjà des esprits chagrins  dénoncer des « manques » ou s'offusquer de l’omniprésence à l'écran de Margarethe von Trotta (il n'y aura pas de voix off) . Or la réalisatrice allemande a été invitée par la Fondation Ingmar Bergman à "livrer un regard personnel qui réinvente la vision que l’on peut avoir sur les travaux du réalisateur" (décédé en 2007) Et c’est bien d’une recherche qu’il s’agit et du rapport qu’elle entretient avec l’oeuvre du cinéaste suédois. (cinéaste qu’elle avait bien connu à Munich à l’époque où suite à des démêlés avec le fisc il avait dû fuir la Suède). Un questionnement aussi sur son héritage dans le cinéma d’aujourd’hui

 

Voici un paysage marin que dévorent falaises et rochers ; Margarethe von Trotta se promène et nous guide en commentant tous les plans qui « ouvrent » le  "Septième sceau".  C'est à Paris qu'elle a vu ce film - sorti en 1957, et ce fut comme  une Révélation ; elle sera cinéaste alors que rien ne la prédisposait à l’être ….

 

Et la voici qui "musarde" elle erre dans les rues enneigées de Paris (prologue), sur la plage en Suède, en Allemagne, entre dans le restaurant préféré de Bergman:  en marchant sur les "pas" de son Maître, elle  arpente son passé.

Témoins, acteurs, comédiennes (dont Liv Ullman) réalisateurs (Assayas Carlos Saura ou Ostlund entre autres ) collaborateurs, membres de la famille et le documentariste Stig Björkman, se prêtent au jeu  des questions/réponses;  et ces interviews entrecoupées d’images d’archives (dont celle de l'enterrement ) et d’extraits de films (Persona, le Septième sceau, Les fraises sauvages,  Les forains,  le miroir, Scènes de la vie conjugale,  Fanny et Alexandre, Saraband) composent une sorte de puzzle d’où émerge la personnalité du cinéaste - ses exigences en tant qu’artiste, ses « manques » ou « tares » en tant que père ou amant...ses obsessions et ses cauchemars (Olivier Assayas insiste par exemple sur le rôle de l'enfance dans la filmographie de l'auteur) 

Daniel (fils de Bergman et de la pianiste Kabi Laretei) lui-même cinéaste évoque la difficulté à grandir dans l’ombre d’un tel génie avant que retentisse cet aveu "depuis qu’il est mort jamais il ne m’a manqué" ; plus facétieux Ruben Ostlund  -palme d’or à Cannes 2017 pour The Square – avoue carrément préférer se « marrer » avec les vidéos YouTube plutôt que disserter sur Saraband  (2003) ou Persona. (1966) À l’inverse il faut entendre le scénariste Jean-Claude Carrière, exégète de Persona,, ce film à la beauté inégalée 

 

En partant sur les traces du cinéaste et celles de son propre passé Margarethe von Trotta propose ainsi un regard original sur des  "destins croisés" (rappelons que le film Les années de plomb figure sur la liste des 11 films préférés de Bergman ....)

 

Un documentaire à voir (absolument) 

 

Colette Lallement-Duchoze

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4 septembre 2018 2 04 /09 /septembre /2018 05:48

De Matthew Portefield   (USA)

Avec McCaul Lombardi (Keith) , Jim Belushi  (le père)  Zazie Beetz (Courtney) 

 

Prix du jury du long-métrage au dernier Champs Elysées Film Festival.

argument

Sollers Point, Baltimore. Aujourd’hui. Après une absence forcée, Keith, 24 ans, retourne habiter chez son père, il retrouve Sollers Point, son quartier de Baltimore de plus en plus marqué par le chômage, la violence et la ségrégation. Il y retrouve aussi ses démons.

Sollers Point -Baltimore

Si la trajectoire concerne un personnage (Keith récemment sorti de prison assigné à résidence) s’’il est quasiment de tous les plans, (McCaul Lombardi est admirable de force et de justesse), le réalisateur le filme très souvent en présence de ...car Sollers Point est bien -à travers le parcours d’un individu- un portrait de groupe, le tableau désolant d’un quartier de Baltimore et partant le microcosme d’une Amérique désoeuvrée. Lors d’une partie de cartes chez le père de Keith, un des joueurs rappelle avec nostalgie la notoriété des aciéries Bethlehem et la fierté d’y travailler (or leur faillite depuis le début des années 2000 a laminé les villes qui en dépendaient). Si le père vit de sa retraite les jeunes s’adonnent à des trafics (drogue armes) à la prostitution et c’est le triomphe de codes dits « virilistes »

 

Ainsi c’est par Keith et par toutes ses rencontres que nous allons découvrir les tensions qui innervent le tissu périurbain de Baltimore en même temps que nous découvrons sa personnalité profonde : Courtney son ex amie dira explicitement  "il n’a pas mûri c’est un ado"  Voyez-le avec Scout -chien bien-aimé ; avec sa mamie substitut de la mère dans l’étreinte des retrouvailles ; tel un enfant démuni il en vient à solliciter de l’aide auprès d’un chef de gang raciste, ou hésiter à acheter des armes pour se débarrasser de ses ex-compagnons de taule -alors ses protecteurs….Et pourtant que de tentatives de réinsertion!! Toutes frappées d’inanité ? …serait-ce une fatalité ???  que de déceptions ! (il ne peut se rendre à l’anniversaire de sa nièce, il est viré du stage de clim, il est définitivement « plaqué » par Court, etc. ) En tout cas le film semble traversé par deux forces contraires "chute et rédemption"  mais sans la connotation religieuse

 

Certains plans sont éminemment signifiants dans leur sobriété même : première séquence Keith écoute du Heavy Metal dans sa chambre et la caméra montre sans insister le bracelet électronique à la cheville....voici dans une pièce, le père avachi dans une chaise longue, c’est l’été, le ventilateur est en marche; voici une femme "en vrac" assise côté passager Keith la reconduit chez elle -(sans demander une quelconque participation) nous ne voyons pas son visage mais ses tremblements et les morsures sur le bras tels des stigmates en disent long sur ses pratiques de droguée ; plan large Keith d’un côté d’un grillage s’adresse à son ex amie (le grillage dit la séparation définitive alors qu’il vient de subir deux ans durant l’enfermement). un vaste panoramique sur un cimetière: Keith écrasé dans l'immensité, va se recueillir sur la tombe de sa mère; douleur et solitude;  le plan choisi pour l'affiche illustre la vaine tentative de réinsertion : Keith est, restera comme entre deux eaux

 

Sans verser dans le misérabilisme, renouant par moments avec le genre dit naturaliste, jouant avec ellipses et non-dits, imposant un tempo qui fait alterner violence et accalmie avant que n'éclate la fureur  contenue  Matthew Porterfield signe là un film d’auteur indépendant que je vous recommande  vivement

 

Colette Lallement-Duchoze

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31 août 2018 5 31 /08 /août /2018 05:29

Trois  courts métrages (même producteur Emmanuel Chaumet) révélés à la Semaine de la Critique à Cannes

After school knife fight de Caroline Poggi et Jonathan Vinel

Laetitia Roca Nico Naël se retrouvent en terrain vague pour leur ultime répétition. Leur groupe n’existera bientôt plus car Laêtitia va partir pour ses études. Histoire de ces jeunes adultes qui n’ont pas envie de se dire au revoir

 

Les Îles de Yann Gonzalez

des personnes traversent un dédale érotique et amoureux avec le désir pour seul guide

 

Ultra Pulpe de Bertrand Mandico

Station balnéaire abandonnée. Fin de tournage d’un film fantastique sur la fin d’un monde. Deux femmes membres de l’équipe de cinéma, l’une actrice l’autre réalisatrice, Apocalypse et Joy, sont sur le point de mettre fin à leur relation amoureuse

 

Ultra Rêve

Puisque les 3 courts métrages sont présentés ensemble, on est en droit de se poser la double question de la thématique et d’une éventuelle progression.

 

Musique (en I) théâtre (II) cinéma (III) et pour les 3 une  puissance esthétique et un travail sonore indéniables (avec un  bémol pour I où la bande son est trop cristallisante); refus du "naturalisme"; (cf  le manifeste paru dans les Cahiers du Cinéma  "nous poursuivons un cinéma enflammé un cinéma pour les rêveurs transpirants, les monstres qui pleurent et les enfants qui brûlent. Un cinéma qui jouit et se consume sans compter")

 

Ultra Rêve? en I un jeune rockeur doit se séparer de la chanteuse à qui il n'a jamais (pu) déclaré(er) son amour;  mais le traitement -jeu distancié, et non-dits, voix off, images rajoutées, la clairière comme garage de répétition-   m'a donné l'impression d'un court métrage expérimental (et ce, quoi qu'en dise Yann Gonzalez présent lors de la projection mardi 28 août qui, sincèrement ébahi,  en louait l'admirable fluidité)  A ce chant d’adieu, vont succéder deux chaudes nuits où la fusion fantasmagorique par le sexe (en II) devient érotisme pulpeux  qui n'exclut nullement l'humour (en III). Et c'est dans ce dernier que l'explosion des couleurs des sensations de la musique est la plus manifeste, d'autant qu'elle est sous-tendue par une interrogation sur l'essence même du cinéma. Bertrand Mandico avait habitué son public à ces atmosphères - entrelacs de surréalisme et de fantastique, une île à la fois décor et mirage dans Les Garçons sauvages; où  "la beauté doit être redéfinie comme dépendant plus de l'imaginaire de chacun que de diktats collectifs"  Pour exemple : voici  Vilma Pons qui raconte son trouble quand à 10 ans elle a découvert le cinéma cannibale et porno de Joe d'Amato ....

 

A vous de juger (encore deux séances à l'Omnia dimanche et lundi à 21h45)

 

Colette Lallement-Duchoze

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30 août 2018 4 30 /08 /août /2018 12:28

Premier long métrage de Lukas Dhont (Belgique) 

Avec Victor Polster (Lara) Arieh Worthalter (le père)

 

Caméra d'Or au festival de Cannes  et prix d'interprétation masculine (pour Victor Polster) dans la section Un Certain Regard

Argument

Lara, 15 ans, rêve de devenir danseuse étoile. Avec le soutien de son père, elle se lance à corps perdu dans cette quête d’absolu. Mais ce corps ne se plie pas si facilement à la discipline que lui impose Lara, car celle-ci est née garçon.

Girl

Pour réaliser son double rêve : être femme, être danseuse étoile, Lara,  née Victor, doit lutter et physiquement et psychologiquement, pendant cette période de transition (traitement médical intensif avant la grande opération). Alors que l’entourage est bienveillant (surtout le père qui l’accompagne l’encourage) Lara est impatiente : son corps ne change pas ou du moins pas assez vite (et nous la voyons à maintes reprises regarder dans la glace d’éventuelles métamorphoses au niveau des seins et des fesses).

C’est ce parcours que le jeune réalisateur Lukas Dhont met en scène et c’est le jeune Victor Polster, un ado de 16 ans, au physique androgyne, qui incarne de façon sidérante le personnage.

Ce film est inspiré d’une histoire vraie -comme le réalisateur l’a rappelé hier soir à l’Omnia face à un public nombreux, impressionné et conquis- une histoire qui l’a hanté depuis ses 18 ans (Nora le « modèle » a d’ailleurs accompagné l’équipe à la Croisette mais elle ne tient pas à sortir de l’ombre)

Loin des clichés ou des poncifs il s’agit bien d’une souffrance dans la chair comme condition sine qua non de sa métamorphose !

 

Lara est de tous les plans. Elle porte le film, dévore l’écran par son énergie sa ténacité mais aussi par sa grâce ! Le réalisateur a privilégié les gros plans (visage, pieds meurtris) et plans rapprochés (cours de danse, chambre, voiture aux côtés du père, cuisine). Ce n’est pas le regard de l’autre qui est primordial mais les émotions qu’éprouve Lara en toute circonstance, et ces émotions se lisent sur le visage de Victor Polster, s’expriment dans des gestes apparemment banals (préparations culinaires, mouvements de la main) Les séquences consacrées à la danse (très nombreuses et répétitives) insistent moins sur les tortures que le milieu inflige (c’est devenu presque un poncif) que sur la volonté de Lara à les braver en se faisant violence ; pieds ensanglantés, pénis sanglé dans des sparadraps, infections urinaires, tout cela devient comme la métaphore d’une autre souffrance, celle de ne pas encore habiter un corps désiré (même si extérieurement le visage maquillé, les cheveux blonds relevés en chignon, les vêtements donnent à voir une jeune femme) ; de même les « mutilations » qu’elle impose à son corps, en préfigurent une autre …. qui a fait frémir certains spectateurs !

 

Ni vulgarisation clinique, ni plaidoyer moral, encore moins drame licencieux flirtant avec le sensationnalisme, ce film sur le mal-être est aussi une histoire de tolérance toute en sensibilité en émotion retenue (et le père contenant souvent son désarroi face au mutisme de sa fille, n’en a pas moins adopté une belle solidarité avec elle)

 

 

Un chuchotement :Lara Lara c’est l’éveil/ réveil écran encore noir ; c’était le prologue

Lara Lara c’est l’appel angoissé du père à son chevet (après la mutilation…)

Majestueuse et sereine(?) Lara avance filmée en frontal :  c’est le plan final

 

Colette Lallement-Duchoze

 

Un film à ne pas  manquer! 

 

Girl
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26 août 2018 7 26 /08 /août /2018 06:25

De Hafsteinn Gunnar Sigurösson (Islande)

avec  Steinþór Hróar SteinþórssonEdda BjörgvinsdóttirSigurður Sigurjónsson

 

argument:

Atli, accusé d'adultère par sa femme, est forcé d’emménager chez ses parents. Il se retrouve malgré lui plongé au sein d'une querelle de voisinage, dont le déclencheur est l'ombre imposante d'un arbre entre les deux maisons. Leur banal conflit se transforme en guerre sans pitié.

Under the Tree

Un "détail" et ce sera l'horrible escalade!

Tel est  le thème de cette comédie noire, féroce aux accents parfois de thriller ; et c’est l’arbre, habituel symbole de paix ou objet sacré dans certaines civilisations, qui est le casus belli. Filmé dans sa majesté - zoom ou contre-plongée-, dans ses aspects vivifiants -gros plans sur ses feuilles ou ses branches à peine frémissantes- ou encore se détachant sur un bleu céruléen il est comme une scansion (et la musique sera de plus en plus anxiogène) qui structure le film dans sa gradation dans la violence -depuis les  altercations venimeuses jusqu'aux actes de plus en plus atroces, et à la violence physique- et si le dernier plan est réellement un "twist" il joue le rôle d’apologue : toute cette violence n’avait aucun sens….

 

Deux voisins dans un lotissement quelconque de la banlieue de Reykjavik s’épient se jaugent ; un arbre sur la propriété d’Inga et Baldwin fait de l’ombre à la voisine qui désire bronzer. Inga, traumatisée par la mort d’un fils non seulement vit dans le déni, mais alcool aidant elle va devenir le "cerveau" de cette guerre -parce qu’elle est épuisée et qu’elle s’ennuie » (propos du réalisateur).

Un couple en rupture -Agnès met à la porte du domicile conjugal son mari surpris en train de se masturber en visionnant une sex tape dans laquelle il est acteur...(cette scène d’ouverture aura donné le ton !!)- Congédié, le mari, Atli fils d’Inga, se réfugie chez ses parents ; ce faisant il est comme le relais entre deux « intrigues » que le réalisateur va filmer en séquences alternées dans lesquelles il privilégie l’essentiel, évitant à la fois la caricature et les poncifs; à la guerre pour la garde de l'enfant correspond mutatis mutandis celle qui déchire les voisins pour élaguer ou non l'arbre de la discorde...

 

L’apparente dichotomie (aux hommes la violence physique, aux femmes la violence psychologique) s’inscrit en fait dans la tradition des sagas (où souvent les femmes complotent dans l’ombre alors que les hommes mènent l’action) On ne saurait faire grief à l’auteur de s’inspirer des traditions littéraires de son pays...

 

Cette "fable" - savamment orchestrée - sur la brutalité tapie au fond de  chacun de nous, aurait eu sa place dans le prestigieux festival du cinéma nordique (avec ces constantes : dérèglement du quotidien et humour noir)

 

A ne pas manquer! 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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24 août 2018 5 24 /08 /août /2018 03:32

de Thomas Stuber

avec Sandra Hüller, Franz Rogowski, Peter Kurth

 

Argument:

"Le timide et solitaire Christian est embauché dans un supermarché. Bruno, un chef de rayon, le prend sous son aile pour lui apprendre le métier. Dans l’allée des confiseries, il rencontre Marion, dont il tombe immédiatement amoureux. Chaque pause-café est l’occasion de mieux se connaître. Christian fait également la rencontre du reste de l’équipe et devient peu à peu un membre de la grande famille du supermarché. Bientôt, ses journées passées à conduire un chariot élévateur et à remplir des rayonnages comptent bien plus pour lui qu’il n’aurait pu l’imaginer…"

Une valse dans les allées
Un jeune homme fortement introverti trouve un travail dans un hyper marché : ses débuts, la prise en charge de sa formation par un employé plus très jeune et quelques démarches sentimentales auprès d'une collègue : Il ne se passe pas grand-chose mais l'intérêt du film est dans la délicatesse des situations ; rien n'est souligné abusivement ; tout est décrit avec tact alors que l'ambiance et le cadre, à priori, ne s'y prêtent pas.
 
Les interprètes, le garçon, la fille, le "formateur" tout en retenue, sont très attachants.
 
On aura compris : que ce film vaut le dérangement même si on peut faire une petite réserve sur sa longueur ( comme pour beaucoup de films à l'heure actuelle).
 
Marcel Elkaim
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14 août 2018 2 14 /08 /août /2018 14:05

de David Robert Mitchell (USA)

avec Andrew Garfield, Riley Keough, Topher Grace

présenté en Compétition Officielle au festival de Cannes 2018 

argument:

A Los Angeles, Sam 33 ans, sans emploi rêve de célébrité. Lorsque Sarah une jeune et énigmatique voisine, se volatilise brusquement, Sam se lance à sa recherche et entreprend alors une enquête obsessionnelle surréaliste à travers la ville. Elle le fera plonger jusque dans les profondeurs les plus ténébreuses de la Cité des Anges, où il devra élucider disparitions et  meurtres  mystérieux sur fond de scandales et de conspirations

Under the Silver Lake

 Sam à la recherche de Sarah (Riley Keough) nous entraîne dans une course souvent effrénée, balisée par des signaux ….à déchiffrer ; car il est convaincu que le monde est une sorte de palimpseste ; mais le grimoire n’est-il pas aussi celui de sa mémoire (la nôtre) et l’univers restitué n’est-il pas aussi un univers mental ?

Dès le début voici un graffiti sur une vitrine dont on lit les lettres à l’envers (car nous sommes à l’intérieur...) ; puis on "lorgne" du côté de Hitchcock (fenêtre sur cour) quand Sam se fait « voyeur » ; puis cette colonie de putois. Des affiches, des panneaux publicitaires, des extraits de films, le fanzine Silver Lake, des lieux et des rencontres improbables, des tunnels, des profondeurs aquatiques, l’agence d’escort-girls, comme si on passait dans des univers parallèles (ceux du cinéma hollywoodien et ceux que crée une imagination fertile avide de sensations fortes)

Le regard souvent hébété, parfois halluciné (prise de stup) ou moqueur, Sam (belle interprétation de Andrew Garfield) dévide l’écheveau de ce qu’il croit être le réel ou le trans-réel. Et l’on passe du trivial (quelquefois le plus vulgaire -défécation ou dégueulis-) à des séquences de sexe torrides ; de l’imaginaire, du fantasme à des courses à perdre haleine à la poursuite de…dans la végétation arborescente de Griffith Park ou dans des chemins de traverse

Tant de références dans ce parcours dédaléen (et bien plus il y aurait urgence car Sam risque d’être expulsé de son appartement pour ne pas s’être acquitté de son loyer…) créent une trame à la fois digressive (enchaînements bizarres ou spécieux) et discursive (tout pour Sam est affaire de raisonnement) qu’accentue l’omniprésence de la musique,  pop et  rock entre autres.

Mais le lieu évoqué suggéré ou décrit c’est bien la ville de Los Angeles ; une ville authentique et mythique à la fois; une ville où une géographie spécifique (Sam vit côté est de la ville) se marie au temple du cinéma hollywoodien

Au bout de son enquête (n’était-ce pas une quête?) Sam pourra se moquer de ses « poursuivants » dans les bras de sa voisine quinqua ou... sexagénaire;   et il laissera  le spectateur un peu pantois!!

L'enquête de ce faux détective ne serait-elle pas frappée d'inanité ?

Ce que corroborent  les propos du réalisateur « Under the Silver Lake raconte l’histoire d’un personnage qui cherche des réponses partout, y compris là où il n’y a aucune réponse à trouver. Le fait est qu’il n’est pas le seul. Aujourd’hui, le conspirationnisme n’est plus un élément de la contre-culture de gauche ou de droite, il est partout, sur Internet et au-delà. Les gens croient réellement qu’ils sont en train de chercher des choses qui n’existent pas. Jusqu’au moment où ils les trouvent. Mais bien sûr, ça n’arrive presque pas » 

Under the Silver Lake
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13 août 2018 1 13 /08 /août /2018 06:46

de Nuri Bilge Ceylan 2017 Turquie

avec Dogu Demirkol, Murat Cemcir, Hazar Ergüçiü

 

Argument:

Passionné de littérature Sinan a toujours voulu être écrivain. De retour dans son village natal d'Anatolie, il met toute son énergie à trouver l'argent nécessaire pour être publié, mais les dettes de son père finissent par le rattraper.....

Le Poirier sauvage
J’avais aimé “Winter sleep” du même réalisateur en 2014, auréolé d'une Palme d’Or, cette fois je me suis fort ennuyé non pas tant à cause de la durée de 3h10  (bien que...) qu’à cause de la construction même du film : lourde juxtaposition de thèmes les uns après les autres (la famille d’Anatolie, la condition des jeunes femmes, la réflexion sur l’écriture, la religion, l’avenir d’un jeune homme).
 
Les dialogues sont trop écrits ou mal traduits (?) ce qui donne un effet désagréable de discours décousu, plaqué, sans ressenti.
On a l’impression que ce film a été écrit à l’intention exclusive des Turcs avec des références (notamment religieuses) qui nous échappent. 
On n’adhère pas aux différents personnages hormis la mère.
 
Certes le réalisateur a certainement voulu suggérer plutôt qu’asséner, mais au risque de perdre un spectateur non initié. On aura compris au moins que la grande punition pour un jeune instituteur diplômé est de faire ses classes à l’Est du pays, où les Kurdes mènent la vie dure aux autres Turcs.
L’ambiance est sombre et l’avenir bouché à l’instar de ce puits creusé en vain, sans eau...
 
En conclusion, Nuri Bilge Ceylan garde son style de direction d’acteurs et de peinture soignée (nous sommes loin d’une Turquie touristique).
Plus à l’aise dans les silences que dans les dialogues il nous laisse assoupis  en dépit de son originalité et agacés par l’artifice.
 
 
Serge Diaz
 
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Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

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