6 mars 2017 1 06 /03 /mars /2017 16:54

De Ivan I. Tverdovsky (Russie france Allemagne)

Avec Natalya Pavlenkova, Dmitri Groshev, Irina Chipizhenko

 

Ce film est présenté en compétition au festival à l'Est du nouveau Rouen (3/12 mars 2017)

http://www.alest.org/fr/a-lest-nouveau/

Argument

Il pousse une queue dans le bas du dos de Natasha. Résignée jusqu’alors à une vie plutôt terne, cette étrangeté lui offre une liberté nouvelle.

Zoologie

Un appendice caudal comme support à une parabole sur l’exclusion, le rejet de l’Autre (dont la singularité va à l’encontre des normes convenues) il fallait " le faire " ! et le film ne manque ni d’humour ni de hardiesse ! (certaines scènes provoquent même une franche rigolade) et pourtant la fable est cruelle….

Natasha est directrice des achats dans un zoo municipal ; elle est la risée de ses collègues, (femelle de l’hippopotame en 7 lettres ? Réponse Natasha...) Son existence est terne, elle n’a pas de vie sexuelle ; son visage est renfermé, son accoutrement, celui d’une vieille fille. La découverte d’une queue dans le bas de son dos va " intéresser " un jeune radiologue. Et ce sera la " métamorphose " : Natasha change de look, elle s’épanouit dans sa relation " amoureuse " ; elle accepte sa " différence " (laquelle fait désormais partie intégrante de sa personnalité). Aux scènes liminaires qui mettaient en exergue le fade et le terne vont se succéder -et souvent sur un rythme rapide- des séquences lumineuses. ! À 55 ans Natasha  vit l'amour avec une exubérance juvénile, comme une " seconde chance " Sa mutation  physiologique, affective et sociale, emprunte, badine et sans complexe, les  "sentiers déviants" (ici, contraires aux "sentiers battus")

Cette  ex -vierge quinquagénaire,  sera néanmoins rejetée par la mère, (dont la religiosité culmine dans cette scène où elle tapisse de croix rouges le mur de sa  pièce encombrée d’icônes) et par le pope de cette ville côtière (qui officie dans une église  située dans une épicerie) Qu’à cela ne tienne jusqu’à la scène finale….tragique....qui concrétise une douloureuse prise de conscience.....

 

Il faut saluer l’interprétation de Natalya Pavlenkova et surtout le travail si méticuleux sur les lumières et la bande-son (cf la séquence dans le zoo où les paroles des amoureux symboliquement "encagés" vont se confondre avec celles plus " feutrées " des animaux  locataires du zoo….où le rose de la queue contraste avec les clairs obscurs)

 

Un film audacieux et original sur la " différence " Natasha n’affirme-t-elle pas à un moment " Nous sommes tous différents " ?

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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6 mars 2017 1 06 /03 /mars /2017 06:29

Documentaire de Goran Radovanovic (Serbie 2011)

(dans le cadre du festival à l'Est du nouveau Rouen, mars 2017)

 

Argument: Sierra Maestra, Cuba, 850km à l'est de la Havane, le jour du 52ème anniversaire de la révolution, le destin de plusieurs personnes est retracé à travers leur quotidien

Con Fidel pase lo que pase

Ce " documentaire "de Goran Radovanivic aura "désappointé" certains spectateurs. Pourquoi ? Les Cubains que filme le réalisateur semblent vivre dans une sorte de léthargie muette, se contenter du strict minimum, ne pas se rebeller (lors de la panne de bus par exemple) leurs conditions d’existence sont précaires et même archaïques 

La réponse de Goran Radovanovic est double; la première tient à l’essence même du "documentaire" ;celui-ci n’est jamais objectif (la "réalité " passe par le prisme d’une subjectivité qui va comme diffracter ce " supposé " réel) ; la seconde correspond à des choix personnels : tordre le cou à tous les clichés véhiculés par les Occidentaux, en filmant hors des " sentiers battus " et dans des régions méconnues des touristes…

 

Cela étant, ce documentaire est une véritable "leçon de cinéma"

 

Sa facture obéit à une construction rigoureuse. Chaque séquence est annoncée par le chant d’une femme ; d’abord vue en plongée, elle avance, protégée par une ombrelle (?) ; puis vue de face elle interprète à chaque fois une chanson (dans l’une, allusion à Moscou) ; son interprétation plus que maladroite va délibérément à l’encontre des stéréotypes habituels. Au final elle sera vue de dos comme si elle quittait définitivement à la fois l’écran et l’histoire….

Le film est découpé en plusieurs tableaux annoncés par un encart " motocycliste " " Rodriguez " le téléphone " " le mégaphone ". Mais chacun des personnages rencontrés individuellement et dont la caméra aura suivi le parcours (parfois du matin jusqu’au soir, ce dont rend compte le changement de lumière) sera présent dans d’autres séquences (le motocycliste du début annoncera de son mégaphone le rassemblement du 1er mai ; l’aveugle qui téléphonait sera le chanteur accompagné d’instrumentistes sur l’estrade pour la fête)

Ainsi pris isolément en tant qu’individu un personnage devient partie d’un grand tout. À l’instar de la fête collective organisée pour le 1er Mai et pour rendre hommage à Fidel ; à l’instar d’un régime fondé sur le " collectivisme "

Des similitudes sont perceptibles d’une séquence à l’autre. Les pannes à répétition du cyclomoteur trouvent un écho dans celle du bus qui oblige les passagers à descendre. Le parcours du " dentiste " pour se rendre à son " cabinet " est hérissé de difficultés (attendre, marcher, prendre le bus, ou monter à cheval) tout comme la " circulation " des messages (les voix de l’appelant et du destinataire nous parviennent en off le plus souvent, tandis que d’autres personnes patiemment attendent leur tour) ; le seul téléphone dans ce bourg est " public "même s’il est installé sur la terrasse d’une maison de " particuliers ". La répétition des mêmes gestes (ce couple qui mange puis se balance sur un rocking-chair et remet à sa place chaque objet);  le défilé à la queue leu leu des gamins si bien vêtus se rendant à l’école;  le barbier qui exerce au milieu de la rue ; rien n’est laissé au hasard car tout a une fonction métaphorique (le téléphone et la confiscation de l’intime par exemple)

Une alternance entre scènes de rue (avec ses dénivellations) et scènes d’intérieur (la maison, le cabinet dentaire, l’habitacle du bus) avec tout un travail sur la lumière. Des audaces aussi : cette façon de filmer le motocycliste avec de gros plans sur son bras velu ou sur sa main et si l’écran semble maculé c’est en fait celui du pare-brise…

Tout cela participe de (et à)  l'évocation de fragments de destinées  humaines dans un récit qui tient à la fois de la "contemplation" et du "documentaire poétique"

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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4 mars 2017 6 04 /03 /mars /2017 09:06

De Attila Till (Hongrie)

Avec Zoltán Fenyves Szabolcs Thuróczy Ádám Fekete

Présenté en soirée d'ouverture du festival "à l'Est du nouveau" à Rouen, ce film a obtenu plusieurs prix  au festival d'Arras (novembre 2016) 

Roues libres

Le ton est donné dès la scène d’ouverture: engueulades insultes bagarres pugilats de fauteuils roulants dans la salle de réfectoire ; tout cela sur un rythme effréné…tout s’emmêle les corps cabossés et les fauteuils renversés en échappement libre

L’originalité -découpage scénario montage- est décelable elle aussi dès le générique et le début du film

Passionné par le dessin et les scénarios pour BD Zolika handicapé moteur depuis l’enfance, aidé par son pote Barba Papa est précisément en train de créer un nouvel album; il sait que l’art seul peut pallier la morosité et la douleur dues à sa paralysie. La "vie fantasmée" jouera en fait le rôle de storyboard du ...film " roues libres "

Revenant à intervalles réguliers planches et vignettes scandent la narration -celle de la fiction- (d’abord esquissée sur le papier, une scène se transforme en plusieurs séquences, dans son adaptation pour l’écran). Et de même que l’on passe du graphisme au cinéma, c’est-à-dire d’un medium à un autre, on passe de la réalité (le quotidien des deux amis dans le centre pour handicapés) à la fiction : avec Rupaszov, le bagarreur, paralysé depuis 3 ans, ce trio " improbable " -pieds nickelés dans la veine de Aaltra, parfois ou inspiré de Tarantino – va utiliser le handicap comme "couverture"  : on s’acoquine avec le mafieux local pour mieux le gruger, on tue sans vergogne, pour empocher un pactole. Le rouge du sang versé peut envahir l’écran (vous avez dit gore ? Non ; c’est de la couleur répétait ad libitum Godard…).

Il est vrai que la frontière entre les deux univers est parfois poreuse (créant ainsi une forme de suspense)

Deux flash back aussi brefs que des instantanés font allusion à un épisode du  passé de Rupaszov (l'accident qui a provoqué  sa paralysie) ; le personnage lui-même se rappelle ce passé récent quand il somme Zolika et Barba Papa de rendre l’extincteur volé….ou quand, assistant au mariage de son ex -dont il est toujours amoureux- il confesse non sans amertume qu'il l’avait priée de le quitter, il vit sa paralysie comme une "émasculation" Et l’épilogue annoncé par l'encart "4 mois après" sera d’autant plus inattendu ...

 

Cette comédie qui tient du thriller du polar est aussi un bel hymne à la Vie. Le handicap jamais ne sera traité avec pathos (un gros plan sur le dos de Zolika ne s’appesantit pas ; le regard que portent les handicapés sur eux-mêmes sont lucides mais non larmoyants).

Dans les paysages post industriels filmés en plans larges ou dans les rues grouillant de monde, nous assistons en fait à une sorte de ballet : celui des corps paralysés  en " roues libres "

 

Colette Lallement-Duchoze

 

PS: Le festival de Chicago a décerné son prix du meilleur jeune réalisateur à Till, avec la mention ajoutée par l'un des jurés : 'un film qui a des couilles"

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3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 04:32

 

 

6ème RENCONTRE DE FILMS DE FEMMES  

 

16, 17, 18 et 19 MARS 2017

 

CINEMA OMNIA (RUE DE LA REPUBLIQUE ROUEN)

 

 

 

 

Festival  "Films de Femmes" (16,17,18 et 19 mars)

EDITO

 

En mars 2017, de jeunes réalisatrices talentueuses vous emmènent autour du monde: Tel-Aviv, Casablanca, Dacca, Kabané, Téhéran, Paris....pour découvrir dans des documentaires, des fictions et des courts métrages, des femmes pleines de courage et de force et qui luttent pour leur liberté et leur choix de vie

 

Cette année le festival vous fait de nouvelles propositions:

  • une séance pour les scolaires autour de Sonita
  • deux avant-premières Je danserai si je veux ( jeudi 20h) et Lauriers roses rouges (samedi 20h30; cette séance sera suivie d'un débat)
  • une carte blanche à des universitaires spécialistes des séries américaines féministes (vendredi 20h)
  • un prix du public pour les courts métrages (vote à l'issue de la séance samedi 17h30 et remise d'un trophée "la Lucie" à la réalisatrice du court métrage primé ) 

Ainsi le festival 2017 élargit son panorama du cinéma des femmes pour vous émouvoir et vous interpeller

 

Festival  "Films de Femmes" (16,17,18 et 19 mars)

programme détaillé sur le site

 

www.elles-font-leur-cinema.info

 

www.facebook.com/ellesfontleurcinema/

 

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2 mars 2017 4 02 /03 /mars /2017 07:57

argument:

En Palestine, le quotidien d'une famille: les parents vivent à Nazareth, leur fils Tarek, un célibataire endurci à Ramallah, leur fille va accoucher, la grand-mère perd peu à peu le Nord, le fils aîné Hisham  s'est expatrié en Suède... A chacun ses conflits et ses rêves d'une autre vie...

Personal Affairs

Voici une suite de saynètes sur les tracas d’une famille. La cinéaste Maha Haj -Palestinienne née à Nazareth- les  filme en montage alterné, avec sobriété et un humour pince sans rire. (à la manière de Eila Suleiman ; elle fut d'ailleurs  son assistante pour " intervention divine "). Caméra souvent fixe pour filmer les parents -lui de profil scotché devant son écran de PC, elle de dos vaquant aux occupations domestiques , ou de face en train de tricoter ou scotchée devant l’écran Télé. Répétition comique qui tient du gag : l’arrivée de Maïssa, l'amie de Tarek, est toujours annoncée par le jeune homme à bicyclette....Dans chacun de ces tableautins l’accent est mis sur des broutilles, des bisbilles contenues dans d’impassibles plans fixes ce qui confirmerait  une première impression, celle d’assister à une chronique familiale intimiste et plaisante

Mais ne nous méprenons pas. La distance ironique et la feinte nonchalance n'occultent  pas la dure réalité de la " colonisation "; toujours présente, elle triomphe dans cette séquence du check point – Maïssa et Tarek  sont pris en " flagrant délit " alors qu’ils se chamaillaient (fouilles arrestation garde à vue) et même si le " drame " est détourné (attendant d'être "libérés",  les deux personnages exécutent un tango chaloupé très sensuel) il n’en reste pas moins prégnant. Quand Georges, garagiste, aux allures de benêt,  éternel enfant cocooné par sa femme enceinte, est " choisi " pour faire un film, on le met en garde sur les options des cinéastes américains : quelle image donnera-t-on du Palestinien, en Occident?

Plus subtiles, les allusions sous forme de métaphores : l’éclatement géographique de la famille illustre une réalité bien tangible : le problème de la frontière israélo-palestinienne, de part et d’autre du mur dit de " séparation "; la grand-mère qui perd le Nord peut symboliser la perte de repères de même que l’éloignement de Hisnam  en Suède concrétise le douloureux problème de l’exil, forcé

 

Cela étant, personal affairs ne prétend pas être une allégorie ni un film " militant ".

Mais ces " affaires personnelles " -à portée universelle d’ailleurs- ont ceci de particulier : le seul lien d’unité dans cette famille " ordinaire " n’est-il pas l’absurdité de se sentir étranger sur sa propre terre…. ?

 

Colette Lallement-Duchoze

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25 février 2017 6 25 /02 /février /2017 13:41

Documentaire de Jon Nguyen, Rick Barnes et Olivia Beergaard-Holm USA

David Lynch: the art life

 

Dans son atelier de Los Angeles, il est assis, vu de profil, rarement en frontal; quand il se déplace, sa silhouette filmée de dos -peu à peu floutée - rappelle une forme spectrale ; puis  le voici légèrement courbé: gros plans sur ses mains qui manipulent, triturent malaxent de la pâte avant de l’étaler sur une toile ou de coller des morceaux de plastique.

Seul! Dans cet atelier qui ressemble à un cabinet de curiosités. Il ne cesse de fumer. Parfois sa fille, une toute jeune gamine, à qui il fait écouter de la musique, s’en vient rompre cette solitude…

 

Quel que soit l’angle de vue, quelle que  soit la durée du plan ou du mouvement, c’est sa Voix que l’on va entendre en un récit quasi hypnotique. Que dit cette voix (qui le plus souvent a été enregistrée) ? elle évoque une  enfance heureuse, les incartades d'adolescent, les premiers joints, les premières visions et fantasmes ; les rencontres avec Peter Wolf Jack Fist, la liaison avec Peggy Reavey sa première épouse (en 1968 naît leur fille Jennifer) . Un récit émaillé d'anecdotes (plaisantes) 

Ne nous leurrons pas : si David Lynch est surtout connu comme cinéaste (Elephant man, Dune, Blue Velvet Lost Highway, Mulholland Drive, etc.) il est d’abord et avant tout un peintre. Il rappelle son goût précoce pour le dessin, ses études – certes de courte durée - aux Beaux-Arts de Boston, son apprentissage auprès de Bushnelle Keeler, comment bien plus tard à Philadelphie il a ajouté des mécanismes à ses tableaux et comment il les a filmés

Alors qu’on entend sa voix au timbre si particulier et à la diction très lente, défilent sur l’écran des extraits de films de famille et de reportages, des photos d’archives, des reproductions de ses créations (torturées ou surréalistes) comme autant d’illustrations de ses " confidences " et de ses "expériences" 

 

Portrait d’un artiste qui n’a eu de cesse " d’expérimenter "  dans les domaines de la peinture de la  musique et plus tard du cinéma - et précisément le récit prend fin  au moment où il va tourner son premier film Eraserhead 1977 - directement inspiré de ses obsessions picturales

 

Un " voyage " au cœur de l’INTIME, au cœur de la  CREATION 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

PS une fois de plus le " plaisir " du spectateur aura été gâché par les conditions d’inconfort typiques de la salle 4 (Omnia)

 

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23 février 2017 4 23 /02 /février /2017 11:52

De Lucas Belvaux

Avec Emilie Dequenne, André Dussollier, Guillaume Gouix 

 

 

 

"Pauline, infirmière à domicile, entre Lens et Lille, s’occupe seule de ses deux enfants et de son père ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l'aiment et comptent sur elle.
Profitant de sa popularité, les dirigeants d’un parti extrémiste vont lui proposer d’être leur candidate aux prochaines municipales."

Chez Nous
En sortant du cinéma on a envie de serrer dans nos bras le réalisateur de Chez nous, et de le remercier pour sa belle œuvre utile !
L’intelligence de Lucas Belvaux est d’avoir démontré de manière franche, crédible, fine et bien documentée,  que le fascisme n’est pas mort, qu’il sait depuis les années 1920 se transformer , adopter plusieurs discours, être double, voire triple, se parer des masques de la bienséance (le costume cravate, le bon médecin, la jeune femme blonde à l’air si normal...) ou de la violence (le treillis, crâne rasé et matraque).
 
Le FN gagne du terrain depuis son changement de stratégie mais comme le dit le respecté médecin d’extrême droite interprété par Dussollier : ce n’est pas parce qu’on change de stratégie qu’on change d’objectif. Le spectateur pourra se rendre compte que les valeurs non plus ne changent pas. Le fascisme est intrinsèquement porteur de haine, de racisme, et anti-social malgré son discours racoleur, trompeur. La perversité des dirigeants de ce parti tient dans la manipulation qu’il fait des pauvres gens ordinaires pour les faire retomber dans un grand malheur.
 
Le film est admirable sur ce point car rien n’est téléphoné, on glisse petit à petit dans ce mélange de chantage affectif, de constats amers de la réalité (pas d’angélisme des victimes chez Belvaux) où une jeune mère célibataire gentille, ordinaire, est manipulée avec mépris, adroitement.
Il faut savoir que 400 élus du FN ont démissionné avant la fin de leur mandat depuis les dernières municipales (dixit L. Belvaux à l’émission 28 minutes d’Arte).
Point n’est besoin pour être maire de connaître le programme qu’on est censé appliquer, c’est l’image qui importe, car derrière les gestionnaires ou politiques avisés veillent.
 
 
Du grand cinéma à la Costas Gavras où la fiction rejoint la réalité, la met en relief, avec du rythme, des dialogues justes et bien dits. On est loin du téléfilm militant qui agace parfois. Chez nous est un vrai film, engagé, qui nous captive, nous terrorise, nous parle et nous fait découvrir ce qui est dans le ventre de la bête immonde.
 
Courez voir ce film génial, courageux, et dites à vos amis de faire de même, c’est une question de salubrité publique.
 
Serge Diaz
Chez Nous

Je retiendrai surtout ces plans qui ouvrent et ferment le film, les audaces de certains raccords ou la façon abrupte de "couper" une scène, la construction par gradations qui correspond d'ailleurs aux intentions du réalisateur "décrire une situation, un parti, décortiquer son discours, comprendre son impact, son efficacité, son pouvoir de séduction. Montrer la désagrégation progressive du surmoi qu’il provoque,libérant une parole jusqu’ici indicible"
A ceux qui dénigrent l'aveuglement de Pauline je répondrai "et si cet aveuglement était précisément la métaphore de la banalisation des idées de ce parti"?

Je recommande la lecture du "Bloc" de Jérôme Leroy (co-scénariste pour "chez nous") : à travers le parcours de deux personnages Antoine et Stanko c'est la peinture de la déliquescence politique française contemporaine et la plongée dans les coulisses du parti d'extrême droite

Colette

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22 février 2017 3 22 /02 /février /2017 17:48

 

Dans la Pologne d’après-guerre, le célèbre peintre Władysław Strzemiński, figure majeure de l’avant-garde, enseigne à l’École Nationale des Beaux Arts de Łódź. Il est considéré par ses étudiants comme le grand maître de la peinture moderne mais les autorités communistes ne partagent pas cet avis....

Les fleurs bleues

C’est en extérieur et dans l’illumination d’une joie partagée que les étudiants après avoir dévalé une pente herbue sont à même d’écouter les leçons du maître, et sa théorie de la vision et de l'unisme. C’est la scène d’ouverture, la seule baignée de lumière car la plupart des séquences seront traitées en couleurs plus ternes, verdâtres ou gris sombre

 

D’immenses drapeaux rouges à l’effigie de Staline ont envahi la façade ; pour retrouver, de son atelier, la lumière du jour, le peintre les lacère….Annonce d’une " ère nouvelle " (pour le peuple polonais) et prémices d'une lente agonie (pour le peintre Wladyslaw Strzeminski; lui qui fut le compagnon de Kandinsky et de Malevitch, lui qui a créé le Musée d’art de Lodz, lui qui, mutilé de la première guerre mondiale, a surmonté son handicap et qui par son intransigeance a consacré toute sa vie à l’art, au détriment  de sa vie privée...)

 

Dans la salle "néoplasticismedes sbires du nouveau pouvoir meurtrissent déchirent saccagent tous les tableaux ; le sol n’est plus qu’un amas de tessons et de lambeaux. C’est qu’il faut promouvoir le " réalisme socialiste " en peinture !

 

Andrzej Wajda (disparu en octobre 2016) évoque dans ce film à la beauté crépusculaire les dernières années de la vie du peintre qui, par conviction, a refusé de pactiser avec le nouveau régime ; lequel, en le privant de TOUT (le spectateur suivra toutes  les étapes depuis son licenciement jusqu’à sa  mort ) cherche à l’asphyxier (sens propre et figuré)

Quatre années (1948-1952) de misère et de déchéance, et en parallèle la mise en place d’une dictature..

La création face au pouvoir liberticide!

 

Vêtue d’un manteau rouge, Nika, la fille accompagne, seule, sa mère défunte jusqu'à sa "dernière demeure" ; suite aux remontrances de passantes elle " retourne " son vêtement…la doublure noire est plus seyante en de telles circonstances !

 

Blanches, les fleurs vont se teinter en bleu; et le peintre les dépose -ultime hommage-  sur la tombe enneigée  de son épouse (une scène muette à la composition très picturale) 

 

Sur un lit d’hôpital, un drap blanc, c’est la relique du père sur laquelle vient se recueillir sa fille

Une minute d’éternité !

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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21 février 2017 2 21 /02 /février /2017 03:59
XII FESTIVAL DU FILM D'EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE
Du 3 au 12 Mars 2017
ARIEL Place Colbert  Mont Saint Aignan
OMNIA 28 Rue de la République Rouen
KINEPOLIS  Centre Commercial Saint-Sever Rouen
Festival à l'Est du Nouveau (3 -12/ 03/2017)

Le programme est disponible sur le site 

 

http://www.alest.org/fr/a-lest-nouveau/

 

programme A l’Est du Nouveau 2017

 

 

film d'ouverture le vendredi 3 Mars 19h30 à l'Omnia "Roues libres" de Attila Till (Hongrie)

 

film de clôture le samedi 11 Mars 19h30 Kinépolis "the teacher" de Jan Hrebejk (Slovaquie, République tchèque) 

 

8 films en compétition,

4 films section fokus (thème : héroïnes de cinéma, devant et derrière la caméra)

4 films section jeune public "kluk

4 films section "à l'est dans le monde"

2 films de Roy Andersson (carte blanche à Istivan Borbas directeur de la photographie de ces films)

4 courts métrages (sélection proposée par le festival O!PLA en Pologne

7 courts métrages (courtivore à l'Est)

 et  projections spéciales

mardi 28 février 18h30

 à la Maison de l'Architecture 48 Rue Victor Hugo

projection du film documentaire Santier in Lucru - qui évoque l'architecture et l'urbanisme de  trois villes roumaines

Festival à l'Est du Nouveau (3 -12/ 03/2017)

vendredi 3 Mars à 17h30

Rencontre à l'Armitière (66 rue Jeanne d'Arc) avec Dominique Fernandez, académicien, prix Medicis 1974 (Porporino ou les mystères  de Naples

L'entretien portera sur un des thèmes de prédilection de cet auteur: son amour pour les pays de l'Europe orientale à travers ses ouvrages "le Transsibérien, La perle et le croissant, On a sauvé le monde...

 

dimanche 5 mars 11h

Brunch documentaire (Omnia et La rose des vents) André Villers film de Markéta Tomanova, documentaire   (France, République Tchèque)

 

CONCERTS

samedi 4 Mars 22h sur la Lutèce NÜMI (entrée gratuite)

mercredi 8 Mars 21h30 au Barouf 11 bis Rue de Fontenelle  TÔHM ( 4 €)

vendredi 10 Mars 21h30 Ariel BAD KARMA BOY (billet couplé remise des prix + concert)

 

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18 février 2017 6 18 /02 /février /2017 08:29

De Jeff Nichols

Avec Joel Edgerton, Ruth Negga, Marton Csokas

Présenté en Compétition Officielle au festival de Cannes

Argument: "Mildred et Richard Loving s'aiment et décident de se marier. Rien de plus naturel – sauf qu'il est blanc et qu'elle est noire dans l'Amérique ségrégationniste de 1958. L'État de Virginie où les Loving ont décidé de s'installer les poursuit en justice : le couple est condamné à une peine de prison, avec suspension de la sentence à condition qu'il quitte l'État. Considérant qu'il s'agit d'une violation de leurs droits civiques, Richard et Mildred portent leur affaire devant les tribunaux. Ils iront jusqu'à la Cour Suprême qui, en 1967, casse la décision de la Virginie. Désormais, l'arrêt "Loving v. Virginia" symbolise le droit de s'aimer pour tous, sans aucune distinction d'origine"

Loving

Encensé par la critique mais revenu bredouille du festival de Cannes, ce film bardé de bonnes intentions (salutaires bien évidemment puisque l’histoire du couple Loving a influé positivement sur la législation américaine) n’évite pas certains pièges-clichés.

Et d’abord la scène récurrente où l’on voit Richard Loving (Joel Edgerton) en ouvrier du bâtiment; certes c’est son gagne-pain et il l’exerce comme un tâcheron mais les connotations sont aussi lourdes que ces parpaings qu’il scelle (construire un avenir à deux, dans une maison; ce que disent en outre et en écho les promesses initiales et leur concrétisation à la fin)

Elle, vue souvent de dos dans l’accomplissement des tâches domestiques (laver la vaisselle dans l’évier)….

Les deux personnages (héros malgré eux) sont présentés tels des icônes de vertu et de persévérance dans leur simplicité et leur pudeur (même si leur évolution va diverger : lui frisera la paranoïa se croyant toujours menacé, elle, d’abord soumise, incite à poursuivre des démarches dont elle espère une issue heureuse) Une foi quasi mystique en l’amour!

Des longueurs inutiles : le spectateur est " prévenu " dès le début. En effet le film s’ouvre sur un gros plan fixe sur le visage de Mildred puis sur celui de Richard ; le cadre s’élargit : ils sont assis sur un muret ...(plus de 30s pour exprimer l’indéfectibilité de l’amour?)

Ajoutons ce " mariage " entre soleil et mythe rural d’une certaine Amérique avec cet horizon bien au-delà des champs que vient caresser le vent. "Croupir" à la ville sera d’autant plus insupportable pour " Brindille " et ses trois enfants

 

Cela étant, l’interprétation des deux acteurs frappe par sa justesse : lui (Joel Edgerton) en bloc quasi mutique, elle (Ruth Negga) toute en nuances (il lui suffit d’un regard, d’un battement de cils ou d’un sourire pour exprimer un sentiment, une émotion)

 

Avant le générique de fin, une photo d’archives montre le " vrai " couple sur un canapé -lui lové tel un enfant sur les cuisses de sa femme, une piéta  qui fume (Jeff Nichols s’inspire de ce cliché dans son film -la photo est censée être prise à l’insu du couple, par le journaliste de Life magazine- mais le réalisateur a gommé la présence du  tabac….)

 

Colette Lallement-Duchoze

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Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

Envoyez vos articles ou vos réactions à: artessai-rouen@orange.fr.

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