Documentaire de Jon Nguyen, Rick Barnes et Olivia Beergaard-Holm USA
Dans son atelier de Los Angeles, il est assis, vu de profil, rarement en frontal; quand il se déplace, sa silhouette filmée de dos -peu à peu floutée - rappelle une forme spectrale ; puis le voici légèrement courbé: gros plans sur ses mains qui manipulent, triturent malaxent de la pâte avant de l’étaler sur une toile ou de coller des morceaux de plastique.
Seul! Dans cet atelier qui ressemble à un cabinet de curiosités. Il ne cesse de fumer. Parfois sa fille, une toute jeune gamine, à qui il fait écouter de la musique, s’en vient rompre cette solitude…
Quel que soit l’angle de vue, quelle que soit la durée du plan ou du mouvement, c’est sa Voix que l’on va entendre en un récit quasi hypnotique. Que dit cette voix (qui le plus souvent a été enregistrée) ? elle évoque une enfance heureuse, les incartades d'adolescent, les premiers joints, les premières visions et fantasmes ; les rencontres avec Peter Wolf Jack Fist, la liaison avec Peggy Reavey sa première épouse (en 1968 naît leur fille Jennifer) . Un récit émaillé d'anecdotes (plaisantes)
Ne nous leurrons pas : si David Lynch est surtout connu comme cinéaste (Elephant man, Dune, Blue Velvet Lost Highway, Mulholland Drive, etc.) il est d’abord et avant tout un peintre. Il rappelle son goût précoce pour le dessin, ses études – certes de courte durée - aux Beaux-Arts de Boston, son apprentissage auprès de Bushnelle Keeler, comment bien plus tard à Philadelphie il a ajouté des mécanismes à ses tableaux et comment il les a filmés
Alors qu’on entend sa voix au timbre si particulier et à la diction très lente, défilent sur l’écran des extraits de films de famille et de reportages, des photos d’archives, des reproductions de ses créations (torturées ou surréalistes) comme autant d’illustrations de ses " confidences " et de ses "expériences"
Portrait d’un artiste qui n’a eu de cesse " d’expérimenter " dans les domaines de la peinture de la musique et plus tard du cinéma - et précisément le récit prend fin au moment où il va tourner son premier film Eraserhead 1977 - directement inspiré de ses obsessions picturales
Un " voyage " au cœur de l’INTIME, au cœur de la CREATION
Colette Lallement-Duchoze
PS: une fois de plus le " plaisir " du spectateur aura été gâché par les conditions d’inconfort typiques de la salle 4 (Omnia)