18 février 2017 6 18 /02 /février /2017 08:29

De Jeff Nichols

Avec Joel Edgerton, Ruth Negga, Marton Csokas

Présenté en Compétition Officielle au festival de Cannes

Argument: "Mildred et Richard Loving s'aiment et décident de se marier. Rien de plus naturel – sauf qu'il est blanc et qu'elle est noire dans l'Amérique ségrégationniste de 1958. L'État de Virginie où les Loving ont décidé de s'installer les poursuit en justice : le couple est condamné à une peine de prison, avec suspension de la sentence à condition qu'il quitte l'État. Considérant qu'il s'agit d'une violation de leurs droits civiques, Richard et Mildred portent leur affaire devant les tribunaux. Ils iront jusqu'à la Cour Suprême qui, en 1967, casse la décision de la Virginie. Désormais, l'arrêt "Loving v. Virginia" symbolise le droit de s'aimer pour tous, sans aucune distinction d'origine"

Loving

Encensé par la critique mais revenu bredouille du festival de Cannes, ce film bardé de bonnes intentions (salutaires bien évidemment puisque l’histoire du couple Loving a influé positivement sur la législation américaine) n’évite pas certains pièges-clichés.

Et d’abord la scène récurrente où l’on voit Richard Loving (Joel Edgerton) en ouvrier du bâtiment; certes c’est son gagne-pain et il l’exerce comme un tâcheron mais les connotations sont aussi lourdes que ces parpaings qu’il scelle (construire un avenir à deux, dans une maison; ce que disent en outre et en écho les promesses initiales et leur concrétisation à la fin)

Elle, vue souvent de dos dans l’accomplissement des tâches domestiques (laver la vaisselle dans l’évier)….

Les deux personnages (héros malgré eux) sont présentés tels des icônes de vertu et de persévérance dans leur simplicité et leur pudeur (même si leur évolution va diverger : lui frisera la paranoïa se croyant toujours menacé, elle, d’abord soumise, incite à poursuivre des démarches dont elle espère une issue heureuse) Une foi quasi mystique en l’amour!

Des longueurs inutiles : le spectateur est " prévenu " dès le début. En effet le film s’ouvre sur un gros plan fixe sur le visage de Mildred puis sur celui de Richard ; le cadre s’élargit : ils sont assis sur un muret ...(plus de 30s pour exprimer l’indéfectibilité de l’amour?)

Ajoutons ce " mariage " entre soleil et mythe rural d’une certaine Amérique avec cet horizon bien au-delà des champs que vient caresser le vent. "Croupir" à la ville sera d’autant plus insupportable pour " Brindille " et ses trois enfants

 

Cela étant, l’interprétation des deux acteurs frappe par sa justesse : lui (Joel Edgerton) en bloc quasi mutique, elle (Ruth Negga) toute en nuances (il lui suffit d’un regard, d’un battement de cils ou d’un sourire pour exprimer un sentiment, une émotion)

 

Avant le générique de fin, une photo d’archives montre le " vrai " couple sur un canapé -lui lové tel un enfant sur les cuisses de sa femme, une piéta  qui fume (Jeff Nichols s’inspire de ce cliché dans son film -la photo est censée être prise à l’insu du couple, par le journaliste de Life magazine- mais le réalisateur a gommé la présence du  tabac….)

 

Colette Lallement-Duchoze

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