16 avril 2024 2 16 /04 /avril /2024 08:49

 De Delphine Girard (Belgique 2023)

 

avec Selma Alaoui, Anne Dorval, Guillaume Duhesme Veerle Baetens

 

Prix du public à la Mostra de Venise 2023 dans la section parallèle Giornate degli autori, (équivalent de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes)

Une nuit, une femme en danger appelle la police. Anna prend l’appel. Un homme est arrêté. Les semaines passent, la justice cherche des preuves, Aly, Anna et Dary font face aux échos de cette nuit qu’ils ne parviennent pas à quitter...

Quitter la nuit

La première séquence (qui joue le rôle de prologue) est à couper le souffle, tant le mystère et le suspense sont savamment entretenus. Nous sommes embarqués, -tel un passager clandestin- dans l’habitacle d’une voiture. C'est la nuit. La  route semble déserte!…La passagère (dont nous ne voyons que la nuque et la main) est censée appeler sa sœur, elle déguise son affolement par des détails plausibles (garde de l’enfant par exemple, retard) C’est en fait un appel au secours que captera – après hésitation- ….la policière du centre d’urgence à l’autre bout du fil , à ses questions précises (afin de localiser puis intervenir) la passagère répond par des monosyllabes (donner le change au conducteur qui maugrée, s’impatiente)

En parallèle, deux univers dans le bleu de la nuit :- un habitacle de voiture, un centre d’urgence open-space dans une tour , deux paroles, deux discours ; deux formes d’affolement, de terreur,! Mais  un lien qui se tisse entre les deux femmes, pour une séquence filmée en temps réel (temps minuté,  minutes d'éternité!  )

 

Mais que va-t-il se passer après  ? La mémoire de la nuit, de cette nuit entachera le quotidien des trois protagonistes .... Quitter la nuit, ​​​​​​ Est-ce  possible ?

 

Entrevues ressassements interrogatoires;  analepses aussi : ces retours en arrière qui permettent au spectateur de visualiser un avant de se familiariser avec lui,  Tout cela conjugué  frappe  moins par l’éclatement des  points de vue que par la tendance affichée (en écho au mode de pensée qui continue à sévir -même après #Me Too)- qui veut inscrire une histoire réelle de viol dans l’ambiguïté permanente (et si c’était consenti ?) et dans la minoration des faits (simple incident de parcours) et faire le procès de « deux discours » (parole contre parole) en évacuant la réalité (d’ailleurs à un moment Aly a l’intention de retirer sa plainte…) Aly ne serait pas la "bonne victime"? (elle a entre autres refusé l'examen médical complet)  Dary un violeur? (trop affable amène avec  les siens..) 

 

Un éclaircissement lent et douloureux ; au brouillage à la suspicion entretenue substituer la clarté de l’évidence, tel est bien l’intérêt majeur de ce film,  son enjeu :  "quitter la nuit"  (seconde acception de la formule  à valeur programmatique) 

Y contribuent l’éclatement de la chronologie, l’enchâssement et/ou le télescopage et la confrontation des récits, des différents points de vue, les tâtonnements réitérés. et bien sûr la prestation des trois acteurs

Une approche originale -surtout si on la compare aux propos édifiants de certaines productions…

Un film que je vous recommande, même s’il n’échappe pas à certains poncifs

Même si la lenteur ….calculée,.... peut parfois irriter

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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