De Ivan I. Tverdovsky (Russie france Allemagne)
Avec Natalya Pavlenkova, Dmitri Groshev, Irina Chipizhenko
Ce film est présenté en compétition au festival à l'Est du nouveau Rouen (3/12 mars 2017)
Argument
Il pousse une queue dans le bas du dos de Natasha. Résignée jusqu’alors à une vie plutôt terne, cette étrangeté lui offre une liberté nouvelle.
Un appendice caudal comme support à une parabole sur l’exclusion, le rejet de l’Autre (dont la singularité va à l’encontre des normes convenues) il fallait " le faire " ! et le film ne manque ni d’humour ni de hardiesse ! (certaines scènes provoquent même une franche rigolade) et pourtant la fable est cruelle….
Natasha est directrice des achats dans un zoo municipal ; elle est la risée de ses collègues, (femelle de l’hippopotame en 7 lettres ? Réponse Natasha...) Son existence est terne, elle n’a pas de vie sexuelle ; son visage est renfermé, son accoutrement, celui d’une vieille fille. La découverte d’une queue dans le bas de son dos va " intéresser " un jeune radiologue. Et ce sera la " métamorphose " : Natasha change de look, elle s’épanouit dans sa relation " amoureuse " ; elle accepte sa " différence " (laquelle fait désormais partie intégrante de sa personnalité). Aux scènes liminaires qui mettaient en exergue le fade et le terne vont se succéder -et souvent sur un rythme rapide- des séquences lumineuses. ! À 55 ans Natasha vit l'amour avec une exubérance juvénile, comme une " seconde chance " Sa mutation physiologique, affective et sociale, emprunte, badine et sans complexe, les "sentiers déviants" (ici, contraires aux "sentiers battus")
Cette ex -vierge quinquagénaire, sera néanmoins rejetée par la mère, (dont la religiosité culmine dans cette scène où elle tapisse de croix rouges le mur de sa pièce encombrée d’icônes) et par le pope de cette ville côtière (qui officie dans une église située dans une épicerie) Qu’à cela ne tienne jusqu’à la scène finale….tragique....qui concrétise une douloureuse prise de conscience.....
Il faut saluer l’interprétation de Natalya Pavlenkova et surtout le travail si méticuleux sur les lumières et la bande-son (cf la séquence dans le zoo où les paroles des amoureux symboliquement "encagés" vont se confondre avec celles plus " feutrées " des animaux locataires du zoo….où le rose de la queue contraste avec les clairs obscurs)
Un film audacieux et original sur la " différence " Natasha n’affirme-t-elle pas à un moment " Nous sommes tous différents " ?
Colette Lallement-Duchoze