22 avril 2021 4 22 /04 /avril /2021 08:02

Court métrage documentaire de John Smith (Royaume Uni 2020)

 

présenté en sélection au 43ème festival international du film documentaire (mars 2021) cinéma du réel

 

bande annonce et interview du réalisateur https://www.cinemadureel.org/film/citadel/

 

à voir sur MUBI

 

Filmé depuis la fenêtre de l’artiste pendant le confinement, le film associe des fragments de discours de Boris Johnson sur le coronavirus à des images du paysage urbain londonien. Conscient de la décision du gouvernement britannique de placer les intérêts économiques avant la santé de la population, John Smith déplace le centre du pouvoir en le faisant passer du Parlement au quartier financier de la City.

Citadel

                                                      Citadel, John Smith © 2021

"Place fortifiée d’une ville" (et/ou "coeur d’une place forte") la citadelle désigne - dans ce court métrage étrange, surprenant, percutant-, la City et son architecture hétéroclite. La bande son - extraits de discours de Boris Johnson (entre février et mai 2020) prouve qu’elle est devenue "centre du pouvoir" comme le prône l’ultralibéralisme. Les exhortations du Premier ministre ? Retirer les lunettes de Clark Kent, se changer en super héros du libre échange"  Buy and sell  acheter et vendre Business as usual   les affaires comme d’habitude...Le coronavirus ou l’aubaine économique !!! Or six mois plus tard on apprendra que le Royaume Uni a atteint le plus grand nombre de morts en Europe (Covid 19) et qu'il est entré dans sa plus profonde récession économique depuis le début de la pandémie .....

 

De son appartement (immeuble situé à Hackney) le vidéaste va filmer pendant plusieurs mois (caméra fixe sur trépied), enregistrer des sons (travaux de chantiers, jappements de chien, piaillements d'oiseaux). Son pari, qui est aussi parti pris? Filmer le politique "de l'extérieur" en dénoncer les aberrations, par des suggestions audacieuses et ironiques au montage. Au début par exemple la formule  "acheter et vendre" est répétée tel un mantra  alors que tout dans le "décor" semble figé dans une sorte de Chaos malgré -ou à cause de- la beauté démoniaque et presque irréelle de l'architecture de la City. Lumières et leurs variations au gré des saisons, et selon les moments de la journée? On pense au tableau de Magritte L'Empire des lumières !!!

 

Voici au premier plan un jeune arbre dénudé. Voici des flocons de neige gelée qui s'en viennent strier l'écran. Entre la fenêtre et la City voici des bâtiments où sont confinés les habitants. Clignotements éclairages furtifs sur leur intimité (qui s'adonnant à des exercices physiques, qui à l'ordinateur, qui préparant le dîner, qui regardant la télévision (écoutant le Premier ministre??). Non pas intrusion voyeuriste : John Smith s'intéresse plus à la façon dont la "crise sanitaire" a été gérée; il opte pour l'ironie (décalage entre les propos du Premier ministre et la réalité suggérée) il refuse le "sentimentalisme" -même si on devine son empathie pour ses congénères "je voulais capturer la mélancolie ....une sorte de tristesse dans leurs postures et leurs actions"

Mais surtout cette pseudo intrusion dans l'intime sert l'opposition entre "le pouvoir d'entreprise sans visage et les particularités de la vie individuelle" 

 

La citadelle, ce bloc imprenable,  qui a relayé la parole politique, imposant des diktats -tel un Minotaure des temps modernes- opposée à ces fragments d'humanité : femmes et hommes, marionnettes dans leur maison de poupée, condamnées pendant le confinement à jouer le théâtre de l'Absurde !

 

 

Un documentaire ( 16') à ne pas rater

 

Colette Lallement-Duchoze

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18 avril 2021 7 18 /04 /avril /2021 07:05

Documentaire de Paule Zajdermann (2006)  52'

Image : Jean-Luc Cohen // Son : Valentin Gruson et  Dominique Kerboeuf // Montage : Michèle Loncol // Production & diffusion : Et Associés et ARTE France.

 

à voir sur MEDIAPART

https://www.mediapart.fr/studio/documentaires/culture-idees/judith-butler-philosophe-en-tout-genre

 

 

Professeure de rhétorique et de littérature comparée à Berkeley, Judith Butler est l’une des principales théoriciennes de ce qu’on appelle aux États-Unis les   "gender studies", c’est-à-dire les   "études sur le genre"  (dont l’objet est la distinction entre les sexes comprise non pas comme biologique ou naturelle, mais comme sociale et historique).
Intellectuelle novatrice, égérie des mouvements gays et lesbiens, elle propose une vraie révolution de la pensée au carrefour de l’anthropologie, de la sociologie et de la philosophie.

 

Judith Butler, philosophe en tout genre

                                      extrait de "Judith Butler philosophe en tout genre" Paule Zajdermann

 

 

De prime abord, le programmateur concède sa perplexité face au film et son écriture formatée. Néanmoins il lui reconnaît un mérite d’importance : son souci de restituer avec justesse l’ampleur du chantier intellectuel de Butler. On y découvre une personnalité intensément habitée par ses questions, aussi précise que subversive, refusant la polémique facile. Le film est habité par l’énergie de sa protagoniste – et nous, totalement électrisés. Plus d’une fois, sa hauteur de vue et son agilité à raisonner les problèmes qui agitent l’époque impressionnent.
Le   "trouble"  est un concept hyper-opératoire : le genre est source d’anxiété pour tout le monde – y compris pour les hétérosexuels, puisque les catégories du masculin et du féminin sont au fond impossibles à incarner parfaitement. Le genre est toujours un échec ("je suis toujours à côté" ). À partir de ces constats, la pensée peut mieux recommencer et, peut-être, le monde se réinventer. »  PAR TËNK & MEDIAPART

 

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16 avril 2021 5 16 /04 /avril /2021 09:49

De  Corneliu Porumboiu (Roumanie 2020)

Avec Vlad IvanovCatrinel MarlonRodica Lazar

Titre original La Gomera

 

Festival ROMANIA      https://www.villeneuveloubet.fr/romania

 

Cristi, un inspecteur de police de Bucarest, corrompu par des trafiquants de drogue, est soupçonné par ses supérieurs et mis sur écoute. Embarqué malgré lui par la sulfureuse Gilda sur l’île de la Gomera, il doit apprendre vite le Silbo, une langue sifflée ancestrale. Grâce à ce langage secret, il pourra libérer en Roumanie un mafieux de prison et récupérer les millions cachés. Mais l’amour va s’en mêler et rien ne se passera comme prévu…

 

Les siffleurs

Tout dans ce film déstructuré et facétieux,  fuse et crépite. La musique ? Vous entendez aussi bien Iggy Pop que Strauss Bellini et Carl Orff - surtout dans le bouquet final (expression à prendre dans ses sens propre et figuré) . Le montage ? Fait de constants flash back et flashforwards (analepses et prolepses) et d’allers et retours  entre la Roumanie et les Canaries, plus particulièrement la Gomera cette île où Cristi va apprendre le silbo gomero (langue sifflée qui permet de communiquer  sans être perçu par une oreille non initiée…) ; montage qui, malgré les encarts de couleur annonçant un  "chapitre"  censé être consacré à un personnage -Gilda, Zsolt, Mama, Paco, Magda, Cristi-,  n’en est pas moins un jeu constant de cache-cache où chacun est à la fois manipulateur et manipulé, observateur et observé, voyeur et traqué dans un monde de vidéosurveillance où même les agents de police tentent en vain de démêler sur leurs écrans l’écheveau d’une intrigue "apparemment' complexe (le spectateur ne serait- il pas aussi ce  "voyeur"  d’abord dérouté puis  "complice" des caprices de l’homme aux cent visages ? Ce Cristi ripou de la brigade des stups, au physique débonnaire, mais qui dans les faits est une taupe, un agent double voire plus... .

À la fois film d’espionnage et d’aventure, thriller et polar, - avec des clins d’oeil à Gilda et Pulp Fiction entre autres-  "les siffleurs" relève aussi de la  satire sociale. On sait que la corruption est une thématique privilégiée du cinéma roumain, quel que soit son mode de traitement. Fléau du monde contemporain elle est ici un ressort du comique ; et par des insinuations, elle peut évoquer l’ère du communisme (pour dissimuler la provenance réelle du magot, Cristi exhorte sa mère  "tu diras que c’est l’épargne de ton mari"    "Mais tu sais bien que ton père ne touchait pas de pots-de-vin"  proteste Mama  "C’est un cliché alors ils te croiront"  rétorque son  fils. TOUT est dit) 

 

Un film qui, in fine, interroge l’essence même de la création. Si le silbo gomero est bien un langage qui code le langage parlé, le cinéma n’encoderait-il pas le réel ? Et la confrontation image/langage n’est-elle pas la dynamique de ce film ?

 

Film à (re)voir !

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

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14 avril 2021 3 14 /04 /avril /2021 04:17

 

 

SUCO et Funambules Médias sont heureux de présenter la 3e édition de Ciné Vert! Le festival de films documentaires sur l’environnement se déroulera entièrement en ligne du 13 au 24 avril 2021

 Tout au long du festival ce sont 9 longs métrages, et 5 courts métrages qui seront présentés gratuitement en ligne. Les films présentés seront accompagnés par des discussions en direct avec les cinéastes et des spécialistes des plus grands enjeux environnementaux de l’heure, afin d’ouvrir des espaces de dialogues, et de favoriser l’échange d’idées autour de la transition écologique et l’identification des pistes de solution pour y contribuer activement. Comme à l’habitude, le Festival proposera également des panels ainsi que plusieurs activités en marge des films.

Festival ciné vert

http://cinevert.org/le-festival-cine-vert-est-de-retour-pour-une-3e-edition/

 

http://cinevert.org/programmation/


  • Une fois que tu sais, Emmanuel Cappellin | 2020 | France | V. o. française / anglaise | S.-t. français | 104min mardi  13 avril ( soirée d'ouverture)   Film disponible sur la plateforme Tënk.ca cette même journée, à compter de 19h. Le mercredi 14 avril à 19h30, Emmanuel Cappellin, réalisateur du film, sera présent dans le cadre d’un panel de discussion entourant le film, en direct sur Facebook.
Festival ciné vert
  • La terre du milieu de Juliette Guignard / Du 14 au 17 avril  2020  France I 57 min I V.O. française I Sous-titres anglais | Première canadienne 
  • Le périmètre de Kamsé de Olivier Zuchuat / Du 15 au 18 avril 2020 | Suisse/France/Burkina Faso | 93 min | V.O. mooré | Sous-titres français | Première canadienne
  • Fast Fashion d’Édouard Perrin et Gilles Bovon / Du 17 au 20 avril  2021 | France | 90 minutes | Version française | Première canadienne
  • Le dernier tuyau d’Olivier D. Asselin / Du 18 au 21 avril 2021 | Québec | 42 min | V.O. française | Première internationale
  • Sol souverain de David Curtis / Du 19 au 22 avril 2019 | Canada | 91 min | V.O. anglaise | Sous-titres français
  • Recettes pour un monde meilleur de Benoît Bringer / Du 20 au 23 avril2020 | France | 69 min | Version française / anglaise | Doublé en français | Première canadienne
  • Douce France de Geoffrey Couanon / Du 21 au 24 avril 2020 | France | 96 min | V.O. française | Première canadienne
  • Je m’appelle humain de Kim O’Bomsawin / Du 23 au 24 avril 2020 | Québec / Canada | 78 min | V.O. française / innue | Sous-titres français

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12 avril 2021 1 12 /04 /avril /2021 12:15

du 10 au 17 avril 2021

 

https://www.villeneuveloubet.fr/romania

 

 

Pour sa 4ème édition, le festival de cinéma roumain ROMANIA propose de faire découvrir la diversité d’un cinéma en pleine expansion.

Pendant une semaine, 5 films programmés, reconnus par la critique et primés pour certains, seront visibles 24h/24 sur la page ROMANIA en Version Originale sous-titrée français.

 

 

 

Festival culturel roumain

aide pour chacun des 5  films 

Cliquez sur le bouton "code d'accès"  afin de récupérer le mot de passe OU le code promo associé, puis cliquez sur "Voir le film".

                               

Les siffleurs de Corneliu Porumboiu  (2020)

Fixeur  d’Adrien Sitaru (2017)

Cardinalul de Nicolae Margineanu  (2019)

L’extraordinaire voyage de Marona. Animation d'Anca Damian (vf sans sous-titre)  (2020)

Zavera d’Andrei Gruzsniczki  (2019)

Si vous rencontrez des difficultés, contactez le service culturel :

- par mail : service-culturel@villeneuveloubet.fr

- par téléphone : 04.93.73.08.82

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12 avril 2021 1 12 /04 /avril /2021 05:36

France. 2006. 95 min // Auteure & réalisatrice : Ariane Michel // Image & montage : Ariane Michel // Montage son : Ferdinand Bouchara // Production & diffusion // Love Streams et Agnès b. Productions.

"Ce film est une expérience sensorielle, méditative, contemplative. La réalisatrice et plasticienne Ariane Michel fut embarquée à bord de l’expédition Tara au Groenland. Sa caméra glisse sur la banquise, surprend des hommes, des animaux, de rares fleurs. En partenariat avec Tënk, la plateforme du documentaire d’auteur." 

https://www.mediapart.fr/studio/documentaires/culture-idees/les-hommes-dans-un-monde-immense-et-absolu

 

Les hommes

"La caméra d’Ariane Michel contraint à observer. Lentement, presque prudemment, elle nous fait d’abord découvrir l’espace, la terre gelée, la brume, les roches qui découpent le ciel. Puis le peuple qui l’habite : un phoque, un ours, un morse… De longs plans fixes offrent le temps de s’habituer au paysage, de surprendre un mouvement infime. Les bruits sont ceux du vent, de l’eau, de l’envol d’un oiseau. Puis viennent les intrus : un bateau qui s’approche tout doucement, des gens qui marchent, observent, prélèvent, se rapprochent de la caméra, qui peut alors saisir quelques bribes de propos scientifiques, puis s’effacent, laissant place à une beauté sauvage, immobile et immense, d’où les hommes ont disparu il y a des millions d’années.

Ce film a reçu en 2006 le grand prix de la compétition française au FID (Festival international du documentaire) de Marseille."

 PAR TËNK & MEDIAPART 

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5 avril 2021 1 05 /04 /avril /2021 06:57

de Sherry Hormann (Allemagne Turquie 2019)

avec Amilia Bagriacki  Rauand Taleh  Aram Arami 

 

présenté en compétition au festival international de films de femmes Créteil (du 2 au 11 avril )

 

filmsdefemmes.com

Aynur Sürücü, jeune allemande d’origine turque, est contrainte de quitter l’école à l’âge de 16 ans afin d’épouser un cousin à Istanbul. Enceinte, elle se rebelle et quitte son époux violent. Elle retourne avec son enfant auprès de sa famille à Berlin. Même si cette dernière est persuadée que son évasion a déshonoré la famille, Aynur refuse de laisser ses frères et ses parents dicter ce qu’elle peut et ne peut pas faire. Au lieu de cela, elle essaie de vivre sa propre vie, commence un apprentissage et sort la nuit…

Nur eine Frau

La réalisatrice s’est inspirée d’une histoire vraie (assassinat d'une jeune femme de 23 ans par son propre frère) . Intriguée par ce meurtre  commis en pleine rue à Berlin, en 2005, elle  se documente, lit Ein deutsches Schicksal" de Matthias Deiß et Jo Goll, des rapports, des dossiers. Elle refuse cette simplification qui réduirait ce  "crime d’honneur" à un  "dossier"  et ferait d’Aynur une  " victime".  NON  Aynur est morte, car elle était une femme (nur  eine Frau),  une femme qui a revendiqué le droit de ne pas obéir aux diktats d’une famille de religion musulmane (sunnite). Le droit d’être libre. En ce sens Aynur est une héroïne, A regular woman (nur eine Frau )  lui rend hommage et à travers elle, à toutes ces femmes qui  luttent  (et meurent)  pour leur émancipation

 

Le film commence là, sur le trottoir,  où gît un corps mort recouvert d’un drap blanc maculé de sang. Une voix nous interpelle, c’est celle d’Anyur - et cette voix hors champ commentera le récit . Ce choix d'exposé narratif  -donner la parole à une morte- ne saurait être un  énième procédé de flash back, ni un pastiche de Boulevard du crépuscule, mais Sherry Hormann  le revendique comme une nécessité    "il fallait donner à Aynur la voix qu’elle n’a jamais eue ; faire entendre son point de vue  et cette focalisation   "interne"  sera précieuse pour comprendre ses réticences à déposer plainte, ou pour contrecarrer les assertions  de  ses  frères,  par exemple 

 

Si le récit suit la chronologie des événements depuis 1998 jusque 2005, il est scandé par les énoncés de 4  "commandements", mis en exergue, annonciateurs de chaque partie ; 4 commandements sur les 6 (car aux deux premiers dont ne pas perdre sa virginité avant le mariage, la jeune fille n'a pas dérogé). Chronologie et   "effractions condamnables"  successives!!!

 

Le  crime est méthodique, il a été  planifié; plus la jeune femme se libère d’un carcan, s’émancipe rompt avec une tradition ancestrale et affiche avec détermination ses choix (rechercher un emploi, élever seule son enfant, boire fumer, avoir des relations sexuelles) plus la famille (et particulièrement les frères) se sent humiliée, déshonorée. Allah acquiescera : la « coupable » -celle qui a souillé- doit mourir

 

Mais les procédés: arrêts sur image, ralenti ou accéléré, image pixellisée, insertion textes de présentation (frère n°1 le père etc..) censés imiter certains  "rapports" d’audience (et même certains films dits de "reconstitution") jusqu’à l’insertion de vidéos d’époque et de photos de la vraie Aynur,  risquent d'entacher  l'empathie du spectateur envers le personnage et de  l'agacer par leur systématisme et leur répétitivité (on n'est pas loin de la surenchère démonstrative ).

Dommage!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

 

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4 avril 2021 7 04 /04 /avril /2021 09:07

d'Agnes Kocsis (Hongrie 2019)

avec Lana Baric, Daan Stuyven, Lóránt Bocskor-Salló, Maja Roberti, Zalán Makranczi, Róbert Kardos

 

présenté en ouverture du  festival international de films de femmes (2 au 11 avril)

filmsdefemmes.com

Éva est allergique à toutes sortes de substances chimiques, aux ondes radio et aux champs électromagnétiques. Elle doit vivre dans un isolement total et ne peut avoir aucun contact avec son environnement. La moindre erreur peut lui être fatale. Elle est juste en relation avec son frère et les médecins qui continuent à faire des expériences sur elle. Mais un jour, un psychiatre vient vérifier si sa maladie est réelle ou simplement imaginaire

Eden

Jamais un titre n’aura été aussi antiphrastique et le personnage principal Eva aussi éloigné de son homologue d’antan !

Cloîtrée dans un appartement aseptisé, monacal, aux couleurs froides, Eva (formidable Lana Baric) ex enseignante, doit se rendre régulièrement dans une clinique : soumis à des tests dans un cube de verre, son corps sert de cobaye ! (tout comme un rat en laboratoire), et ses réactions enregistrées sur ordinateurs par des « sachants » en blouse blanche ; scènes d’une froideur glacée et glaçante, scènes humiliantes, (or c’était le deal : des tests contre un appartement complètement aménagé !!). Eva doit aussi être évaluée par un psychiatre dont le rapport sera déterminant au moment du procès (au cas où la maladie ne serait pas d'origine physiologique !!). Et le spectateur va assister à un face-à-face (sens propre et figuré) interrogations apprivoisement avant le « rapprochement » furtif, prémices d’un bonheur retrouvé dans un cadre champêtre, édénique  ??? On serait tenté de le croire mais ….la séquence finale ……..

 

Un film à la maîtrise formelle sidérante : couleurs gris bleu dominantes, plans larges, plans fixes construits comme des tableaux, cadrages soignés, perfection de la photographie. Un film qui, malgré sa durée (2h33) ne souffre pas de longueurs inutiles, et dont le tempo assez lent est en harmonie avec le processus de "thérapie". Un film qui joue avec les effets spéculaires : jeux de  miroir, de reflets, du double, comme autant de symboles ou de métaphores -les glaces dans la salle de bain, les cubes de verre, Eva et son reflet sur les baies vitrées alors que son dessin reproduit  la façade de l’immeuble d’en face, l’oiseau qui agonise après avoir percuté la fenêtre et son simulacre en autocollant, Eva debout regardant la carapace: son "double" allongé,  les deux aquariums, les deux tortues,  Liza et Eva, les deux « faces » d’un même personnage, le frère et la sœur!

 

Science-fiction que ces déplacements d’Eva dans une tenue de cosmonaute, en taxi, dans le métro, en ville ?, que ces tests dans le désert avec des dômes en verre? En tout cas l’allergie aux ondes aux produits contenant des adjuvants artificiels, aux particules fines est sans conteste un « mal » de notre temps (ce dont témoigne au moment du procès la contre expertise réalisée par des militants écologistes) Eva n’incarnerait-elle pas à elle seule tous ces lanceurs d’alerte qui mettent en garde contre un péril planétaire? (cf le long zoom arrière sur ce coin de verdure qui progressivement va s’exhausser aux dimensions du globe terrestre)

Ce film présenté dans plusieurs festivals avant la pandémie, peut entrer en résonance en 2021 avec le vécu du spectateur: le confinement et ses déclinaisons, les gestes barrières, la peur de la contamination, et surtout le besoin irrépressible du contact physique (ce dont souffre le plus Eva dans son enfermement est précisément un  manque d’amour, de caresses….)

Combien de temps un être humain peut-il « survivre » dans un tel contexte ???

 

Un film à ne pas rater

(ne pas "louper" la dernière image après le long générique de fin, celle du céphalopode aux "3 cœurs") 

 

Colette Lallement-Duchoze

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2 avril 2021 5 02 /04 /avril /2021 18:09

Film documentaire d'Emanuele Gerosa (Italie  Liban Suisse 2019)

avec Abdallah Inshasi et Jehad Abo Sultan

présenté dans plusieurs  festivals ce film a obtenu entre autres le  PRIX EUROPA Meilleur documentaire TV européen de l'année 2020 

 

 panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient 

en ligne sur Festival Scope.

Abdallah, athlète professionnel, a réussi à s'échapper de Gaza. Son ami Jehad, lui, y vit toujours. Il y entraîne de jeunes athlètes pour qui le sport reste le seul espace teinté d'espoir au milieu du conflit. Faut-il partir pour accomplir ses rêves ou rester pour se battre pour son pays ?

One more jump

Il n'aurait pas dû s'enfuir seul déplore Jehad -qui s'entraîne avec deux amis  sur des pneus alignés  en bord de mer- regarde cette ligne; au-delà c'est l'Europe. Séquence suivante:  nous sommes en Italie, dans une maison abandonnée, Mohammed déclare sans ambages à son pote Abdallah "tu seras toujours un étranger ici, mais aussi à Gaza que tu as quitté et où tu ne pourras retourner

Partir oui mais à quel prix? Et le retour? frappé d'inanité? 

 

Le film est construit sur cette dialectique et ce dilemme  ce qu'illustre le choix d'un montage alterné et/ou parallèle. Voici deux histoires qui s'écrivent à distance presque dans la même durée mais avec des points de vue divergents. Ce sont les parcours d'Abdallah et de Jehad. Le premier  qui avait créé Gaza parkour team a quitté la Palestine pour devenir un athlète professionnel; Jehad son coéquipier resté à Gaza a pris le relais d'entraîneur et formateur. L'un invité en Italie y restera afin de concrétiser un rêve : participer à une compétition  en Suède; l'autre rêve de quitter Gaza -même s'il doit abandonner les siens

Aux entraînements dans les décombres répondent ceux d'Abdallah dans les souterrains de la gare de Firenze ou sur les bords de l'Arno; au quotidien familial du premier (prendre en charge un père invalide, souscrire aux directives de la mère) répond celui d'Abdallah (recherche de travail, pauses aléatoires dans des squats); au visage songeur du premier, filmé en gros plan répond celui du second où se lit une infinie tristesse.

Séparés et pourtant si proches!

 

D'abord filmé de près, de profil, Jehad semble méditer; le plan s'élargit : il est assis dans l'embrasure d'une fenêtre; la vision s'ajuste à un  "paysage" où se dessinent des grillages, la ville et un horizon inaccessible ; cadre dans le cadre c'est le dernier plan ,  si éloquent dans son non-dit  (avant que l'épilogue n'informe sur la "destinée" cruelle des deux protagonistes)

 

Dans ce film documentaire, le sport -et particulièrement le parkour-,  n'est-il pas la métaphore de la condition de tous les jeunes à Gaza ? Une condition faite  "d'obstacles à franchir" , des obstacles permanents (barrages, grillages, coupures de courant, passages réguliers de drones israéliens, ...). Dès lors courir dans les ruelles (c'est le plan d'ouverture) escalader des lambeaux de constructions  (vestiges de raids israéliens) "voler" de l'un à l'autre (filmés en contre plongée ces voltigeurs semblent défier les lois de la pesanteur), inventer, maîtriser des figures acrobatiques, ne serait-ce pas synonyme de "survie" ? 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

Un film que je vous recommande, ainsi que "200 mètres"

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30 mars 2021 2 30 /03 /mars /2021 04:46

 

43ème édition du FIFF Créteil en ligne 

 

Autre temps, autres outils : un nouveau chemin de faire ! Le festival s’invite chez vous avec des films inédits de réalisatrices du monde entier et vous propose des rencontres avec toutes celles qui font un nouveau cinéma.
Rendez-vous du 2 au 11 avril !

  • Tarifs : Pass 15€ À partir du 24.03
  • Billet à l'unité : 3€ À partir du 2.04
  • Dans la limite des places disponibles
  • Accessible en France uniquement

 

filmsdefemmes.com

 https://t.co/EQmO50zpUg

Festival international de films de femmes du 2 au 11 avril 2021

Film d'ouverture

EDEN  Un film de politique fiction sur un cas d'allergie grave. Avec gravité et ironie, Ágnes  KOCSIS, nous parle d’un mal bien de notre époque.

Festival international de films de femmes du 2 au 11 avril 2021

Film de clôture 

 Produit par Nicole StéphaneDétruire, dit-elle est un film de Marguerite Duras d’après son roman éponyme publié la même année aux Éditions de Minuit. « J'ai voulu montrer un monde plus tard, après Freud, un monde qui aurait perdu le sommeil". Marguerite Duras

Festival international de films de femmes du 2 au 11 avril 2021

Thème héritage

Le Festival réunit un florilège de 10 films dont le contenu fait du cinéma un lieu de mémoire formidable. Six premiers films de cette section concourent pour le Prix France TV 2021 "Des images et des elles".

Rétrospective

Découverte de l’œuvre et de la vie d’une femme engagée dans son temps : NICOLE STÉPHANE, actrice, réalisatrice et productrice (1923 – 2007). Étonnante et courageuse, elle raconte ses vies à Hélène Delprat dans Nicole Stéphane, a displaced person.

Hommage à Cecilia Mangini

Première femme en Italie à réaliser des documentaires dans l’après-guerre, Cecilia Mangini nous a quittés le 21 janvier. Le Festival lui rend hommage et présente son dernier film Deux boîtes oubliées, dans lequel elle revient sur des photos prises au Vietnam en 1965.

Paroles de réalisatrices

Les femmes font de grands films, les femmes font des images. Ecoutez-les vous confier leurs secrets de fabrication. Avec Aïssa Maïga, Maria De Medeiros, Monika Treut, Firouzeh Khosrovani, Hélène Delprat, Helen Doyle et bien d’autres…

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Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

Envoyez vos articles ou vos réactions à: artessai-rouen@orange.fr.

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