d'Olivier Assayas (2023)
avec Vincent Macaigne, Micha Lescot, Nora Hamzawi, Nine d'Urso
Synopsis: Paul, réalisateur, et son frère Etienne, journaliste musical, sont confinés à la campagne dans la maison où ils ont grandi. Avec eux, Morgane et Carole, leurs nouvelles compagnes. Chaque pièce, chaque objet, les arbres du jardin, les sentiers parcourant les sous-bois leur rappellent les souvenirs de leur enfance, et leurs fantômes
Le film débute telle une visite guidée… Guidée par la voix off du cinéaste. Visite inventaire ? Un préambule aussi lent que poussif. La caméra nous promène dans l’immense propriété familiale, (un cadre, tel l’exact opposé du confinement) ; elle nous immerge dans des pièces au mobilier et à l’atmosphère suranné.es ; elle est censée nous apprivoiser avec les « voisins » -ceux d’hier dont les voix se sont tues, ou ceux d’aujourd’hui- tout cela dans une atmosphère à la fois bucolique éthérée et iridescente, où la flore va épouser l’âme des objets inanimés -??; le film sera ponctué par d’autres passages à la teneur rétrospective similaire, sur ce paradis perdu ( ?) C’est que le confinement aura ressuscité tout un pan du passé. Le ton est sinon nostalgique du moins mélancolique et la voix éraillée du cinéaste/mémorialiste a parfois des accents d’outre-tombe, hors du temps.
2020 Voici les deux frères en train de se chamailler (l’un partisan d’un suivi méticuleux -voire outrancier- des directives imposées par le pouvoir contre la propagation du covid, l’autre se contentant du « service minimum » le port du masque ; l’un victime d’achats compulsifs via Amazon et sévèrement tancé par l’autre ; les « motifs » de ces chamailleries pullulent mais ...ils sont si dérisoires L’espace imparti -hormis ces repas en plein air- paraît suffisamment immense pour que chacun s’adonne à ses activités ; activité comme déconnectée du réel pour Paul (double d'Olivier Assayas) ; ses discussions les plus banales sont toujours hyper référencées (Hockney, le maître vénéré) son rendez-vous hebdomadaire avec sa psy par écran interposé au pied du même arbre, et surtout l’interprétation de Vincent Macaigne (il excelle en dégingandé, au phrasé saturé d’afféteries) accentuent le ridicule du personnage (saluons le regard nullement attendri mais lucide du réalisateur dans cette autofiction) Quant aux deux femmes, elles servent trop souvent de « faire-valoir » ….(on devine le malaise dans le jeu de Nine d’Urso, alors que l’humour est omniprésent dans celui de Nora Hamzavi ….)
Ces moments vécus au grand air à la campagne (vallée de Chevreuse) lors du confinement, les considérations sur les bienfaits de la vie qui ralentit, la fraternité (re)assumée, font de cette pseudo fiction un opus peu convaincant …
Au grand dam du spectateur (qui, comme moi, s’est laissé piéger par la bande-annonce !!)
Colette Lallement-Duchoze