de Jonas Trueba (Espagne 2019)
avec Itsaso Arana (Eva) Vito Sanz (Agos) Isabelle Stoffel (Olka)
"Eva, 33 ans, décide de rester à Madrid pour le mois d’août, tandis que ses amis sont partis en vacances. Les jours s’écoulent dans une torpeur madrilène festive et joyeuse et sont autant d’opportunités de rencontres pour la jeune femme..."
« Tout un chacun veut être lui-même et moi de même", (propos attribué au philosophe espagnol Augustin Garcia Calvo, cité dès le prologue dans la présentation du personnage éponyme Eva )
Le film de Jonas Trueba, aux accents rohmériens, découpé en journées tel un éphéméride, s’ouvre et se clôt sur un emménagement.
Entre le 1er août,-jour de la pré-installation dans le quartier du Rastro-, et le 14 -acceptation d’une colocation avec Agos-, nous allons suivre Eva dans ses déambulations, au musée, au cinéma, dans les bars, en boîte; participer aux conversations -sur les chakras les ovocytes l’amitié, la quête de soi. Car cette femme trentenaire -dont nous ne savons pas grand-chose hormis cette volonté affichée de « s’essayer à une nouvelle façon d’être au monde » accueille avec bienveillance tous ces instants qui font les jours, et les rencontres qui les ponctuent en les magnifiant ; elle va même jusqu’à provoquer l’imprévu (cf sa relation avec Agos l’homme des « rituels » ), elle s’invite dans des conversations (Maria et Violetta); va au devant d’Olka, s’en vient féliciter Solea Morente pour son concert ; une voix intérieure les commente parfois et/ou le récit consigné dans son « journal »
On pense bien sûr à Rohmer dans cette façon d’évoquer la flânerie, le hasard(?) amoureux l’apparente légèreté, l’élégance du naturel et de faire advenir la banalité du propos au rang de dialogue.
Itsaso Arana (qui interprète avec naturel et brio le personnage : une Eva à la fois ingénue et déterminée) est de tous les plans ; la caméra peut la filmer à distance (dans la rue dans la foule en terrasse) ou faire vibrer les effets diffractés de la lumière sur son corps ou encore privilégier, par le gros plan, son visage et son sourire.
Un film en osmose avec l’été madrilène : Madrid son quartier du Rastro, ses rues animées, sa touffeur et sa torpeur ; Madrid et ses fêtes religieuses estivales San Lorenzo, la vierge de Paloma, San Cayetano dont la procession vue en plongée semble bouleverser Eva !!
Osmose avec le personnage par le détournement (ironique?) de la théorie de l’Immaculée Conception; la promenade à la recherche de soi -un "acte de foi" - (et les références philosophiques le confirment aisément ) se métamorphose en ballade (presque au sens premier du terme)
Un bémol toutefois: la longueur; plus court ce long métrage n’aurait-il pas gagné en intensité ce qu’il perd en superflu ?
Colette Lallement-Duchoze
Oui, 30 minutes de trop.
On aurait aimé voir dans ce film rohmérien comment elle s'y prenait pour rompre avec ses différentes rencontres puisqu'une série de rencontres intéressantes il y a...
On aurait aimé aussi voir davantage de Madrid au mois d' Août.
Mais pour l'essentiel on reste captivé par le charme fou de l'actrice principale et la grande justesse du jeu d'acteurs
Serge Diaz 25/08/2020