23 février 2017 4 23 /02 /février /2017 11:52

De Lucas Belvaux

Avec Emilie Dequenne, André Dussollier, Guillaume Gouix 

 

 

 

"Pauline, infirmière à domicile, entre Lens et Lille, s’occupe seule de ses deux enfants et de son père ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l'aiment et comptent sur elle.
Profitant de sa popularité, les dirigeants d’un parti extrémiste vont lui proposer d’être leur candidate aux prochaines municipales."

Chez Nous
En sortant du cinéma on a envie de serrer dans nos bras le réalisateur de Chez nous, et de le remercier pour sa belle œuvre utile !
L’intelligence de Lucas Belvaux est d’avoir démontré de manière franche, crédible, fine et bien documentée,  que le fascisme n’est pas mort, qu’il sait depuis les années 1920 se transformer , adopter plusieurs discours, être double, voire triple, se parer des masques de la bienséance (le costume cravate, le bon médecin, la jeune femme blonde à l’air si normal...) ou de la violence (le treillis, crâne rasé et matraque).
 
Le FN gagne du terrain depuis son changement de stratégie mais comme le dit le respecté médecin d’extrême droite interprété par Dussollier : ce n’est pas parce qu’on change de stratégie qu’on change d’objectif. Le spectateur pourra se rendre compte que les valeurs non plus ne changent pas. Le fascisme est intrinsèquement porteur de haine, de racisme, et anti-social malgré son discours racoleur, trompeur. La perversité des dirigeants de ce parti tient dans la manipulation qu’il fait des pauvres gens ordinaires pour les faire retomber dans un grand malheur.
 
Le film est admirable sur ce point car rien n’est téléphoné, on glisse petit à petit dans ce mélange de chantage affectif, de constats amers de la réalité (pas d’angélisme des victimes chez Belvaux) où une jeune mère célibataire gentille, ordinaire, est manipulée avec mépris, adroitement.
Il faut savoir que 400 élus du FN ont démissionné avant la fin de leur mandat depuis les dernières municipales (dixit L. Belvaux à l’émission 28 minutes d’Arte).
Point n’est besoin pour être maire de connaître le programme qu’on est censé appliquer, c’est l’image qui importe, car derrière les gestionnaires ou politiques avisés veillent.
 
 
Du grand cinéma à la Costas Gavras où la fiction rejoint la réalité, la met en relief, avec du rythme, des dialogues justes et bien dits. On est loin du téléfilm militant qui agace parfois. Chez nous est un vrai film, engagé, qui nous captive, nous terrorise, nous parle et nous fait découvrir ce qui est dans le ventre de la bête immonde.
 
Courez voir ce film génial, courageux, et dites à vos amis de faire de même, c’est une question de salubrité publique.
 
Serge Diaz
Chez Nous

Je retiendrai surtout ces plans qui ouvrent et ferment le film, les audaces de certains raccords ou la façon abrupte de "couper" une scène, la construction par gradations qui correspond d'ailleurs aux intentions du réalisateur "décrire une situation, un parti, décortiquer son discours, comprendre son impact, son efficacité, son pouvoir de séduction. Montrer la désagrégation progressive du surmoi qu’il provoque,libérant une parole jusqu’ici indicible"
A ceux qui dénigrent l'aveuglement de Pauline je répondrai "et si cet aveuglement était précisément la métaphore de la banalisation des idées de ce parti"?

Je recommande la lecture du "Bloc" de Jérôme Leroy (co-scénariste pour "chez nous") : à travers le parcours de deux personnages Antoine et Stanko c'est la peinture de la déliquescence politique française contemporaine et la plongée dans les coulisses du parti d'extrême droite

Colette

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