De Rodrigo Areias (Portugal 2023)
avec Albano Jeronimo (CAH), Scott Coffey (Ruskin), Edward Ashley (Dante Rossetti), Victória Guerra (Lizzie Sidall), Scott Coffey, Christian Vadim (La Rothière), Carmen Chaplin,(Lady Posselthwaite) Simon Paisley Day, Jean-François Balmer (comte Henri de Pourtalès) Edgar Morais (Simeon Solomon)
IFFR – Festival International du Film de Rotterdam 2024 Compétition Big Screen
A voir sur arte (arte kino 2024)
https://www.arte.tv/fr/videos/121262-000-A/le-pire-homme-de-londres/
Dans le Londres victorien, au centre de la communauté artistique et des conspirations politiques, se trouve un homme à l'esprit aventureux et plein d'esprit : Charles Augustus Howell, le Portugais, né à Porto d'une mère portugaise et d'un père anglais. Agent de grands artistes et marchands d'art, agent secret et maître du chantage
Le réalisateur emprunte le titre de son film à Arthur Conan Doyle qui avait fait de Charles Augustus Howell un personnage de Sherlock Holmes, le décrivant comme le pire homme de Londres
Par deux fois Charles Augustus Howell (qui signe CAH) évolue dans un jardin labyrinthique -qui n’est pas sans rappeler « meurtre dans un jardin anglais » -seules les deux têtes (CAH et le poursuivant) émergent de ces masses végétales sculptées grâce à ce fameux art topiaire ; parcours sinueux s’il en fut avec impasses et fausses pistes comme autant de possibles égarements (pour la première occurrence) mais qui (pour la seconde alors que s’affrontent deux visages) n’en cherche pas moins à « égarer » (espace temps) ; ces deux scènes ne seraient -elles pas comme une mise en abyme de tout le film (avec cette ponctuation bémol qui aura mis en évidence les difficultés auxquelles est confronté CAH mais qui pervers jusqu’au bout aura réussi à les surmonter…)
Affaires conclues ou à conclure, transactions dans le milieu huppé de l’art (luxe et décadence nocturne) et amoral menaces, propos comminatoires, circulation de billets (CAH achète les dessins de Dante Rossetti et lui permet ainsi d’acheter sa « drogue ») le pire homme de Londres est comme un intermédiaire sur l’échiquier de ces transactions douteuses voire illégales- mettant en danger la vie de certains (Lizzie et Dante par exemple) "Quelle bande de vampires !"constatait Dante dès le début. Il semble en outre incarner tous les traits du monde de l'art de l’époque : ses travers, parfois ses bons côtés, ses palabres incessantes et, parfois, l'art lui-même (cf conversation avec le réalisateur)
Avec ses costumes ( Susana Abreu) ses ambiances remarquablement restituées (séquences de vernissages raouts) le film se présente lui-même comme un « tableau » qui alterne scènes d’extérieur et d’intérieur certes mais où les premières de nuit ont le pouvoir maléfique de la conspiration satanique et où les secondes mettent au grand jour (et ici le rôle du chef op Jorge Quintela est primordial) la vilénie évidente ou latente et que CAH saura faire surgir du magma …
Un film à voir!!
Colette Lallement-Duchoze