d'Adam Koloman Rybanský - République Tchèque 2022
avec Michal Isteník Standa Miroslav Krobot Broňa Anna Polívková Jana l'épouse de Standa Vladimir Škultéty Jiří Vymětal Martin Šesták Václav Hrzina Marek Pospichal
Présenté au 72ème festival de Berlin
à voir sur
https://artekinofestival.arte.tv/
Arte festival kino 2024 (du 1 au 31 décembre) 8ème édition
Standa et Bronya sont pompiers volontaires dans un petit village. Alors que Standa, maladroit, attend avec impatience la naissance prochaine de son fils, Bronya, son ami plus âgé, ne profite plus de la vie car sa femme est décédée récemment. Mais quand un véhicule fonce sur la foule, s’encastre dans la fontaine municipal, .heurte un habitant les pompiers veulent prouver qu’ils se soucient de la sécurité….
"les gens sont si stupides qu'ils croiront n'importe quoi"
Pour dénoncer la xénophobie et toute forme de racisme le réalisateur a opté pour une démonstration par l’absurde, l’humour pince sans rire et le rire "jaune" Voici une fable dans la tradition humoristique tchèque (cf entretien avec le réalisateur) Un village apparemment sans histoire …mais…où la contamination ….ressemble à une "traînée chimique" (chemtrail)
Terre et ciel, village et cimetière, maisons et place du village, intérieurs et voisinage proche, arbre à abattre ou élaguer et arbre tutélaire tel un mémoriel, scies haches gourdins, le film nous entraîne de l’un.e à l’autre alors que la caméra est souvent fixe filmant les personnages en frontal (aussi raides dans leur verticalité que les façades des maisons) et ce, dans un laps du temps assez court -du vendredi saint au lundi de Pâques (temps signalé par des encarts et relayé par la voix d’un « héraut » souvent le maire). Un duo au "comique grinçant" sert de "fil conducteur" : hébété souvent hagard c’est Standa, visage grimaçant de rides colériques c’est Bronya !
Chaque personnage semble incarner un archétype et le réalisateur va jouer des liens qui se tissent se serrent se desserrent se distendent entre ces références archétypales : le curé incarne la "raison" et le "pardon" dont témoigne son homélie -vite inaudible pour les "fidèles" ; il saura garder -du moins pendant un temps-, le « secret » de la confession (le vrai coupable est un habitant du village) Bronya le vétéran des pompiers volontaires et qui semble avoir beaucoup d’ascendant sur ses congénères décrète ex abrupto que l’accident "ne peut avoir été perpétré que par des basanés des noirs des salauds d’Arabes" -même s’il n’a pu identifier le chauffeur de la camionnette…; Standa - nonchalant et maladroit- tergiverse, serait enclin à suivre son mentor…alors que son épouse plus raisonnable (et rationnelle) lui enjoint de ne pas céder aux voix (voies) maléfiques voire plus…D’autant que des traînées blanches "maculant" le bleu céruléen du ciel (plusieurs occurrences) alimentent la théorie conspirationniste des chemtrails (mot valise anglais, construit par la contraction de « chemical trail », soit « traînée chimique ») et que Standa persuadé des vertus thérapeutiques du vinaigre en vient à asperger aliments objets et corps pour éviter toute contamination…
Contamination ici-bas -où les préjugés racistes s’épandent à la vitesse des bières que l’on ingurgite- en écho à la contamination chimique dans le ciel...
Et quand la vérité éclate dans sa surprenante évidence, que les villageois ont retrouvé une certaine « joie de vivre » (où continue à sévir le racisme sexuel…propos qui essentialisent la (les) femme(s) ) voici des rebondissements aux conséquences insoupçonnées avant le twist final…(à ne pas spoiler)
Un film à ne pas rater !!
Colette Lallement-Duchoze