4 octobre 2024 5 04 /10 /octobre /2024 01:53

De Chantal Akerman (France Belgique 1986) version restaurée

 

 

avec Delphine Seyrig, Charles Denner, Lio, Fanny Cottençon , Jean-François Balmer  Myriam Boyer John Berry Nicolas Tronc Simon Reggiani

 

 

Présenté au festival de Cannes 1986 Section Quinzaine des Réalisateurs 

 Argument: Dans l'univers pimpant et coloré d'une galerie marchande, entre un salon de coiffure, un café, un cinéma et une boutique de confection, employés et clients ne vivent et ne s'occupent que d'amour : ils le rêvent, le disent, le chantent, le dansent. Rencontres, retrouvailles, trahisons, passions, dépits. Déclinant toutes les formes de la séduction et du sentiment amoureux, les histoires se croisent et s'entremêlent, commentées par les chœurs malicieux des shampouineuses et d'une bande de garçons

Golden eighties

Galerie marchande, galerie de portraits, défilé de frimousses -qui font corps avec brosses mousse sèche-cheveux, défilé de couleurs acidulées, galerie où artificialité facticité (cf les mannequins) flirtent allègrement avec l’amour, Ah l’amour décliné en ses multiples facettes (avec cette dynamique interne Mado aime Robert qui aime Lili qui aime… hors mariage ou non…) Quel entrain quelle vitalité quelle fougue quel rythme. Au ballet des shampouineuses répond le chœur masculin (et les deux sautillant et chantant commentent l’actualité … des fragments amoureux… des amours contrariés) deux « chœurs » enfermés provisoirement dans le décor de « maison de poupées » qui devient le théâtre de l’amour et de la « cruauté »( ?) ; impériale entre les deux voici Jeanne (admirable Delphine Seyrig) qui « revit » fugace un amour qu’elle croyait enfoui (mais à l’époque le verbe de l’aimé avait failli dans la confidence et l’avenir en a décidé autrement ; à la proposition « fuyons » elle ne peut aujourd’hui qu’opposer ,théâtrale, les règles de la bienséance « je suis mariée ; j’ai un fils »

Le ton est donné dès le générique : chassé-croisé de jambes et de chaussures martelant le carrelage coloré en un rythme de plus en plus accéléré -générique annonciateur du chassé-croisé des amours, annonciateur aussi du « genre » choisi par la cinéaste : la comédie musicale. Comédie légère ? badinage amoureux ?. Oui mais avec en toile de fond la crise économique, le rappel du passé douloureux de Jeanne (Celui des camps, celui de la grand-mère de Chantal Akerman) et les thématiques si chères à la cinéaste (enfermement, ennui)

Une lettre que l’on va lire puis chanter -sans le support du papier- et le corps qui décolle… en s’élançant vers …, c’est le rêve de Sylvie/Myriam Boyer, rêve avoué, colporté d’une oreille à l’autre. Circulation de « rumeurs », circulation de regards aussi : Mado (une Lio qui sera la seule à ne pas chanter….). épie l’être aimé qui n’a d’yeux que pour Lili… Les cabines d’essayage vont abriter les baisers volés dans l’instantanéité de l’étreinte Et quand brusquement la donne a changé doit-on se féliciter de ce retour -momentané- de fortune ???

De toute façon l’amour n’est-il pas mouvant ? interchangeable ? (comme une robe dira Mr Schwartz le mari de Jeanne, lui qui rappelle à son fils les règles de la vie … amoureuse…- dictées par le « capitalisme » ….

Ne pas rater cette comédie musicale, sur l’amour et le commerce dans le cadre d’une rétrospective Chantal Akerman Ecoutons la réalisatrice

Derrière les vitrines des boutiques on entr’aperçoit des visages maquillés, on accroche parfois un regard, de femme, le plus souvent. Des femmes qui n’ont pas toujours choisi de se retrouver derrière une vitrine où elles sont presque aussi exposées que ce qu’elles sont censées vendre, parfois aussi éclairées. Comme des actrices mais sans le plaisir de la scène, comme des femmes qui vendent leur corps, alors que le leur sert seulement à vendre. Et qui pourtant peuvent apparaître comme les dernières stars sous leurs rampes lumineuses, intouchables et pourtant si proches, séparées seulement du public par une porte de verre toujours ouverte.

 

Colette Lallement-Duchoze

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3 octobre 2024 4 03 /10 /octobre /2024 06:11

Documentaire réalisé par François Xavier Destors et Alfonso Pinto (France Italie 2022)

Argument: En Sicile, dans l’ombre de la belle Syracuse, bat le poumon d’un des plus grands complexes pétrochimiques d’Europe. 70 ans après l’arrivée des premières raffineries, le territoire et les hommes semblent aujourd’hui livrés à eux-mêmes dans l’empoisonnement du ciel, de la mer et de la terre. « Mieux vaut mourir d’un cancer que mourir de faim », entend-on sur la plage qui borde la raffinerie. Dans un contexte d’omerta, le film donne à entendre des voix qui luttent, se résignent ou simplement survivent au sein d’un territoire sacrifié sur l’autel du progrès et de la modernité.

Toxicily

Un écocide aux portes de l’Europe !.

En alertant l’opinion, François Xavier Destors historien de formation, et le photographe Alfonso Pinto lancent un cri d’alarme.

Voici des plans quasi oniriques ou carrément apocalyptiques -quand la dystopie n’est plus fictionnelle-que renforce une musique angoissante (images du désastre, de ravages indélébiles). Envelopper le tout dans la brume, le flou, les couleurs délavées, comme pour saisir l’écran d’une pollution toxique à défaut de le traverser résonne comme un glas (l’adieu aux cartes postales glamour idéalisant Syracuse) Entrecouper l’hommage du prêtre aux victimes de cancer (une messe le 28 de chaque mois) par d’autres images illustre une autre fragmentation plus réaliste et douloureuse, celle vécue au quotidien dont rendent compte des témoignages poignants. Quelques images d’archives (commentées par une voix off) rappellent en l’illustrant la genèse du complexe pétrochimique qui aura sacrifié la vie humaine au profit – expropriations défrichement excavations arrivée massive d’ouvriers Et voici ces victimes, celles qui ont subi les « dommages dits collatéraux », celle de cette jeune femme à l’avenir lourdement compromis, celle de l’enfant qui « ne veut pas mourir ». Nous les verrons et entendrons à intervalles réguliers ; voix enregistrées créant une forme de tempo (sous l’apparente monotonie de la succession) Promenons-nous avec ce couple dont le mari aveugle revisite par d’autres sens « son » vécu, écoutons cette « molle » indignation de deux comparses testant des fruits, etc.. Mais comble de l’ironie  -pour ne pas dire cynisme :voici un plan large sur des vaches( ?) paissant derrière un grillage puis plans rapprochés avant un zoom sur une pancarte interdit …au bétail…

Mieux vaut mourir d’un cancer que mourir de faim

L’eldorado promis est vite devenu un « cimetière » ; les habitants ne peuvent ;« partir » Faute d'implication de la part de l'état, avec une mafia qui règne et plus particulièrement en Sicile, ces gens sont livrés à eux-mêmes et peinent à se défendre. Les lois sont détournées, et du moment que l'argent rentre, peu importante le peuple !!!

Notre « guide » encapuchonné (souvent filmé de dos) d’emblée nous avait confié « les gens, ici, ont peur de parler »

Un documentaire à ne pas manquer ! (même si parfois il se réduit  à une « enquête journalistique »)

 

Colette Lallement-Duchoze

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30 septembre 2024 1 30 /09 /septembre /2024 09:04

De Frederico Luis (Argentine 2023)

 

avec Lorenzo Ferro ,Kiara Supini, Pehuen Pedre , Laura Nevole (la mère de Simon)

 

Grand Prix de la Semaine de la Critique Cannes 2024

Argument: Simon a 21 ans. Il se présente comme aide-déménageur. Il dit ne pas savoir cuisiner ni nettoyer une salle de bains, mais en revanche il sait faire un lit. Depuis quelque temps, il semble devenir quelqu'un d'autre

Simón de la montaña

Un film pour le moins déroutant voire pervers.( ?) Le cinéaste ayant choisi de ne donner aucune explication, de procéder par ellipses, (alors que parfois il force le trait alourdit inutilement le fil narratif insiste presque avec indécence sur certains aspects) c’est au spectateur de remplir les interstices de combler les béances de se questionner et au final de rester dans l’incertitude. Pourquoi Simon mime-t-il une pathologie?  opportunisme (allocation et passe-droits) ? malaise existentiel - douloureuse conscience  d’une inadéquation foncière entre ce qu’il croit être , ce qu’il aspire à devenir et ce qu’il vit au quotidien?  désir d'Intégrer l’univers de ses « potes » insouciants et si vivants malgré (ou à cause de ) leur handicap cognitif ? perversité malsaine  ?

Dès le prologue on peut se sentir frustré. Voici une séquence filmée en extérieur dans la montagne de la Cordillère des Andes. Le groupe de randonneurs s’est perdu, vent violent assourdissant, brume, absence de réseau ; les personnages tels des fantômes agglutinés et/séparés mains levées conscients de la tragédie, être engloutis à jamais, ont foi en Simon (qui les a rencontrés …par hasard…) il gravit le mausolée afin de capter un réseau et appeler le secours…peine perdue…le portable a rejoint l’abîme !

Le titre suggérait un lien étroit voire interdépendant entre le personnage et la montagne. Un prologue à valeur épiphanique ? Révélation de soi à soi,  grâce à la montagne et  au groupe, dans un mouvement ascensionnel ?  Une séquence censée illustrer une circulation des regards ? (une même "circulation" prévaudra  dans les scènes à la piscine, au vestiaire, sur le plateau de théâtre) émanant d’un seul corps ??

Grâce à l’excellence du jeu de l’acteur Lorenzo Ferro, et à ces gros plans sur son visage, (la caméra portée accentue les effets d’enfermement et d’oppression)  on imagine aisément que Simon « incarnerait » une forme de « monstruosité » (regards hagards, balancements de la tête, rictus) avec des nuances ou des variantes selon l’interlocuteur … tout cela amplifié par la bande son, elle-même dépendante de cet amplificateur auditif à l’oreille ; et la scène où Colo qu’il a sauvée d’une noyade le menace de dévoiler la supercherie s’il n’a pas de rapport sexuel avec elle, illustre les deux aspects du personnage (samaritain mais… horrifié par l’altérité) et parallèlement les deux tendances du film (perversité et empathie). La scène ultime fera écho à la scène inaugurale celle d’un face à face Simon /responsable social pour l’obtention… d’un formulaire de handicapé…

Par ailleurs on ne saurait reprocher au cinéaste de porter un regard nouveau sur le handicap (loin de tous ces clichés qui fleurent la mauvaise foi) et la distorsion, si récurrente, le cinéaste la met au service d’une approche moins clivante en l’intégrant aux univers dits « normaux » (la violence du milieu familial de Simon opposée à la sollicitude du père de Colo)  Frederico Luis, lui-même semble habité par cet élan d’humanité qu’il filme auprès de (et si près de) Kati Colo Péhuen .qui interprètent leur propre rôle! 

Simon de la montana  est aussi (surtout) un film sur l’adolescence (au moment des premiers amours et des désirs avoués et/ou frustrés)

Impression mitigée

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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27 septembre 2024 5 27 /09 /septembre /2024 12:11

d'Alain Guiraudie (France 2024)

 

avec Félix Kysyl (Jérémie)• Catherine Frot (Martine) • Jean Baptiste Durand (Vincent) • Jacques Develay (L’abbé )• David Ayala (Walter)

 

Présenté au festival de Cannes 2024 Section Cannes Première

 

Présenté hier soir à l'Omnia en présence de l'acteur Félix Kysyl  

Argument: Jérémie revient à St Martial pour l'enterrement de son ancien patron. Il s'installe quelques jours chez Martine, sa veuve. Mais entre une disparition mystérieuse et un abbé aux intentions étranges, son séjour au village prend une tournure inattendue

Miséricorde

Miséricorde -du latin miseria, misère et cor, le cœur, signifie étymologiquement Un cœur ouvert à la misère de l’homme. Empathie compréhension de l’autre au-delà de toute morale, c’est ce que le curé proclame (le Verbe) c’est aussi ce qu’il accomplira (le Geste)  contre toute attente, contre tout préjugé, usant au besoin de « pieux » mensonges. Oui tout le film sous-tend (ou tend vers) cette notion quand bien même rien n’est dit explicitement, avec un mélange de comédie et de tragédie, de réalisme et de cauchemar. Un film où l’on rit de bon cœur (inversion des rôles au confessionnal,  pénis en érection, ruptures de rythme inattendues, propos saugrenus, incongrus, dialogues décalés- mais aussi  parodie du polar (à partir du moment où un duo de gendarmes -archétypal ?-, est censé mener l’enquête). Miséricorde ? Une comédie certes MAIS   aux ressorts essentiellement …dramatiques

Alors que défile le générique, nous avons pris place dans l’habitacle d’une voiture, nous empruntons cette route en lacets, jusqu’à un village « mort » en apparence ; habitacle de la pensée?, cheminement sinueux  vers un passé tortueux ? Questions qui affleurent et resteront sans réponse -comme d’ailleurs toutes celles qui parsèment le récit…le mystère étant devenu l’auxiliaire de la « miséricorde »

Mais la circulation des regards- empreints de désir-  et ce, dès les premières scènes met en évidence et de façon paradoxale le « refoulé » (quand Martine la veuve demande à Jérémie « tu veux le voir », un gros plan sur le visage du mort aura été précédé par un reflet dans la glace de l’armoire,  par le regard embué de larmes de l’ex apprenti et par l’aveu « j’étais très lié à lui »…  ; quand Vincent (le fils unique de Martine) pose des questions à Jérémie sur son intimité, ce sont les non-dits qui sont les plus éloquents captés par le regard inquisiteur, jaloux ( ?) ou légèrement concupiscent ( ?) …. Regards qui se projettent, ou se prolongent (c’est selon !) dans une bagarre, -corps à corps qui ne dit pas son nom- , une volonté d’en finir (avec la part « sombre » de soi ?),  une main qui se pose sur un torse (celui de Walter qui fut l'ami de Jérémie et de Vincent) -autant pour le renverser que pour l’étreindre- une forme de jalousie (in)compréhensible ?? regards ambigus de Jérémie (apôtre du mal sous couvert de bonhomie ( ?) lui le désirant désiré désirable, salué par le curé -à son retour après tant et tant d'années,  comme l’enfant prodigue de la parabole évangélique…

Et ces allées et venues entre ruelles portes -aux heurts répétés peut répondre la menace d’une chevrotine-, et forêt complice -en ses fruits défendus, ses champignons prétextes à.., semblent répondre en écho aux allers et retours entre passé enfoui et présent …Passé dont la seule trace visible et lisible serait cet album photos que Jérémie se plaît à feuilleter (et le  commentaire de Martine "comme il (Walter)  était beau "  peut laisser pantois ! .. Ce film à l’évidente circularité narrative où s’impose la mort -à la séquence inaugurale de l’enterrement répondra in fine celle du cimetière – est surtout un film crépusculaire (sens propre et figuré) ; ce qu’accentue le choix de la saison automnale dont la cheffe opératrice Claire Malthon a prodigieusement restitué la lumière diffractée dans  (et par) les dominantes rouges mordorées et qu’une bande-son accompagne de leur crissement les pas hésitants ou accélérés du faux promeneur , lui-même comme emprisonné par la vastitude de cette sylve qui le « regarde » --surplombs, plans larges, plans serrés qui enferment…

Un film servi par de talentueux acteurs (mention spéciale à Félix Kysyl qui incarne avec brio l’ambigüité du personnage principal et à Jacques Develay qui dispense de bout en bout les charmes (sens premier) de la Miséricorde…)

Un film à ne pas rater 

 

Colette Lallement-Duchoze

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26 septembre 2024 4 26 /09 /septembre /2024 07:29

De Daniel Hoesl et Julia Niemann (Autriche 2024)

 

Avec Laurence Rupp (Amon) Ursina Lardi  (Viktoria), Olivia Goschlher (Paula) Dominik Warta (Volker)  Markus Schleinzer (Alfred)

 

Sélection festival Sundance 

Section Harbour de l'IFFR. (Festival du film international de Rotterdam) 

argument:  La famille Maynard mène une vie fastueuse et rêvée de milliardaires… en apparence. Le patriarche, Amon, a pour passion la chasse, mais ses proies favorites ne sont pas les animaux. Malgré des accusations de plus en plus nombreuses et précises, ce clan se pense totalement au-dessus des lois.

Veni vidi vici

De très gros plans sur les gestes de la cavalière, sur l’allure, l’amble et les sabots du cheval, sur les mimiques des visages des spectateurs, très gros plans qui décomposent avec une lenteur insoupçonnée le mouvement, voilà une approche clinique (assez déroutante) d’autant qu’elle est au service de la « méritocratie » ; elle va d’ailleurs « encoder » le film ! (mécanique bien huilée d’un système ???)

Ultra stylisée, aux couleurs aussi froides et glacées que celles d’un magazine de mode, ou cotonneuses voire embuées, un accompagnement musical qui utilise le répertoire classique (Boléro, le beau Danube bleu) mais avec une bande-son qui duplique sous forme de couacs d’onomatopées de vocalisations la voix off de la fille Paula, la mise en scène de ce film « audacieux » pourra agacer  ou  séduire (du moins entraîner l'adhésion)

La formule lapidaire de César (célébrant sa victoire « facile » en -48 avant JC sur Pharnace II roi du Pont) veni vidi vici permet un découpage en trois parties pour illustrer une satire sociale, sous forme de fable : les richissimes ont tous les droits (même celui de « tuer ») ils restent impunis grâce à la complicité des politiques de la justice des industriels et des médias (cf le rôle de la première ministre, le sort dévolu au garde-chasse ou au journaliste indépendant Volker dont la volte- face est exemplaire…)

Amon Maynard, passionné  de chasse,  lui le milliardaire décomplexé étalant tout autant le luxe de sa somptueuse demeure (assez kitch) que l’image d’une famille de « conte de fées » (filles adoptées, épouse avocate qui s’adonne aux « bonnes œuvres » et qui veut coûte que coûte procréer, etc ..) lui , le « tueur en série » recherché par la police, triomphe, il savoure -en la revendiquant- une liberté qu’aucun système ne saurait compromettre bafouer, -tant est patente la couardise de tous ses congénères

Son rire (fou par moments) ne saurait être communicatif ; la fable n’a rien de farcesque (on penserait plutôt à Ruban blanc quant au rôle de la fille …qui va perpétuer avec l’aval de la mère la sordidité impunie (elle n’a que 13 ans… diront les deux représentantes de l’Ordre de la Justice, filmées de dos ….)

Un film que je vous recommande tant est patente l’adéquation entre les choix formels et narratifs et la métaphore du pouvoir vampirique ou mortifère des richissimes -quand bien même celle-ci  serait éculée….et quand bien même la voix off de Paula qui dispense une profusion de sentences explicatives serait trop envahissante....

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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25 septembre 2024 3 25 /09 /septembre /2024 11:20
Festival du film palestinien Regards sur la Palestine 6ème édition

Le festival REGARDS SUR LA PALESTINE se déroulera

 

Du 4 au 6 octobre 2024 

 

Au Cinéma Omnia

Rue de la République Rouen

 

Contact : Afpsrouen@gmail.com

Par SMS uniquement : 06 84 56 61 54

 

 

VENDREDI 4 OCTOBRE 

 

18H30            Animations devant l'Omnia: musique et apéritif géant .

                       Poésies de Mahmoud DARWICH  

                       Artistes du Safran   Collectif 

 

 

20h                 NO OTHER LAND LM Documentaire 95')

                       BASEL ADRA, HAMDAN BALLAL  RACHEL SZOR YUVAL ABRAHAM

                       Conférence et débat  Serge HALIMI (avocat et journaliste)

 

 

 

 

Festival du film palestinien Regards sur la Palestine 6ème édition

SAMEDI 5 OCTOBRE

 

11H                    BYE BYE TIBERIADE (LM Documentaire (82') de Lena Soualen 

                          avec Hiam Abbas 

 

14h                     FARHA (LM Fiction 92') de Darin J Sallem 

 

16h                     GROUND ZERO  LM Documentaire 65') de RASHID MACCHARAWI 

 

18h                     UNE MAISON A JERUSALEM ( LM Fiction 113') de MUYAD ALAYAN 

 

20h                     LES CUEILLEURS  (LM Docu/Fiction 65') JUMANA MANNA  

                           Conférence et débat

 

 

DIMANCHE 6 OCTOBRE

 

11h                         trois courte métrages

                               FAMILILLIAR PHANTOMS  (42')

                               VIBRATIONS FROM GAZA  (16') 

                               AS IF NO  MISFORTUNE HAD OCCURRED IN THE  NIGHT (21')

Festival du film palestinien Regards sur la Palestine 6ème édition

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23 septembre 2024 1 23 /09 /septembre /2024 11:33

Documentaire réalisé par Frédérick Wiseman (USA 1970) version restaurée 

 

1970, le film a gagné deux Emmy Awards pour le meilleur film documentaire et le meilleur réalisateur

sélectionné en 1994 par le National Film Preservation Board pour conservation à la Bibliothèque du Congrès aux États-Unis dans le National Film Registry

Sélectionné en 2016 au festival de Cannes (Cannes classics)

 

 "il était une fois l'Amérique"

argument: 1970. Jour et nuit, le service des Urgences du Metropolitan Hospital de New York voit arriver de nouveaux patients. Cardiaques, diabétiques, cancéreux, alcooliques, drogués, accidentés, les malades défilent entre les mains des médecins, des infirmières ou des psychiatres. Il leur faut tous ensemble affronter les règlements, la disponibilité des ressources et les contraintes d’organisation, qui décident souvent de la nature des soins. »

Hospital

i don’t want to die répète tremblant et apeuré cet homme (jeune) victime d’un « bad trip » ; un lavage d’estomac va le remettre sur pied, entretemps le sol aura été maculé par son vomi ! Une « tranche de vie » parmi tant d’autres ! La scène inaugurale au bloc opératoire ne lassait-elle pas émerger le concept de « tranche » ? à l’instant précis où le scalpel ouvre la chair du patient (filmé en gros plan) la séquence est « coupée » …de même qu'elle plongeait le spectateur "in media res" (tel l'incipit de certains romans) 

Comme dans law and order  Frédérick Wiseman livre ainsi sous forme de « vignettes » ou de tableautins des lambeaux de vie ; ici c’est le corps malade qui en porte les stigmates…Corps déchiré lacéré par la drogue la précarité l’alcool la maladie le cancer ; lambeaux de vie restitués dans un enchaînement d’images -aux multiples angles de vue et aux plans variés. Une telle immersion dans le quotidien d’un hôpital a-t-elle pour finalité de heurter le spectateur, l’apitoyer, le responsabiliser ? Certes hormis quelques confidences ou infos extorquées grâce aux habiles ou nécessaires questions du soignant, on ne saura quasiment rien des relations extérieures du patient, ou des circonstances les ayant conduits à ces « urgences » -et le plan final - flot de voitures filmé en extérieur-  semble opposer l’enfermement (mortifère ?) dans lequel le documentariste nous a plongé.es et le flux de la vie « normale »( ?)  

Détresse humaine, certes mais aussi réunions de travail, avis d’experts, constats positifs ou négatifs (sur les disponibilités en équipements, médicaments, sur les prévisions etc…) et qui vont immanquablement « conditionner » la stratégie dite d’urgence !!!

Observer, ne pas intervenir, mettre en évidence le professionnalisme du corps soignant et simultanément les failles du système de soins (le long entretien téléphonique du psychiatre -en charge d’un transsexuel schizo- avec Miss Hightower de l’Aide sociale, en dit long sur ce double aspect de la médecine « prévention  et  thérapie »; la femme consciente du coût qu’exigerait un traitement tous azimuts, consciente aussi de ses faibles moyens financiers  conclut "bien sûr, personne ne souhaite être aidé par l'État…) tel est bien un des aspects de la démarche de F Wiseman

Il ne « construit » pas des « types sociaux » ceux-ci préexistaient ! Oui ce sont bien les plus démunis qui fréquentent cet hôpital ; et cet immense lieu dispensateur de soins, devient comme le microcosme d’une Amérique où la « condition sociale » se donne à voir, à lire dans le Corps…(du) malade…

A ne pas rater

 

Colette Lallement-Duchoze

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22 septembre 2024 7 22 /09 /septembre /2024 06:47

De Mohammad Rasoulof   (Iran  France Allemagne 2024)

 

avec Missagh Zareh : (Iman)  Soheila Golestani (fa) : (Najmeh,)  Mahsa Rostami :( Rezvan,) Setareh Maleki (: Sana,) Niousha Akhshi : (Sadaf) 

 

festival de Cannes 2024 Prix spécial  Prix FIPRESCI  Prix du jury œcuménique  Prix de l'AFCAE Prix François-Chalais 

Festival du film de Sydney 2024 : meilleur long métrage international5

Argument: Iman, un avocat honnête  a récemment été nommé enquêteur au tribunal révolutionnaire de Téhéran. Il découvre qu'on attend de lui qu'il approuve des condamnations à mort sans évaluer les preuves. On lui ordonne également de cacher des informations à ses amis et à sa famille...Il va tomber dans la paranoïa le jour où son arme de service  disparaît au sein du foyer familial...  

Les graines du figuier sauvage

La violence (pour ne pas dire l’horreur) totalitaire restituée sur les petits écrans de portables -avec de poignantes images d’archives lors des manifestations « femme, vie, liberté » après la mort de l’étudiante Masha Amini, ou vécue au quotidien à l’intérieur d’un microcosme familial et restituée sur le mode fictionnel sur le grand écran, telle est la force subversive de ce film qui a reçu à Cannes le prix spécial du jury. Car par une construction et une progression subtiles le cinéaste mêle habilement implosion du pays, du régime, de la famille et des convictions. Il en démonte les rouages, cerne au plus près les étapes, celles qui mèneront à la folie destructrice (Iman est promu juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran, et incarne le patriarcat dans le huis clos familial) ou à une prise de conscience (la mère, d’abord garante de l’ordre, tiraillée entre deux forces antagonistes, la soumission au mari et son amour maternel,  revendiquera des initiatives personnelles) ou à la vengeance (Sana  l’arme et le rôle des hautparleurs) dans une perspective qui renoue avec la mythologie (cf les dernières scènes de la seconde partie dans cette cité oubliée terreuse et labyrinthique à la force suggestive explosive)  

Une main signe un pacte  "diabolique" -ouverture du film-, une main émergera des décombres se confondant avec leur flou ocre terreux -fin de la seconde partie- des mains de manifestants brandies tels les étendards de la liberté, le film est ainsi traversé, balisé par ces indices à la puissance suggestive insoupçonnée dans l’acceptation ou le refus du pouvoir des mollahs. Il en va de même de ces forces antagonistes générationnelles (télévision vs réseaux sociaux) de cette récurrence des scènes d’interrogatoires (celui pratiqué sur les trois femmes par un « expert » dans l’art d’« extorquer » des aveux, celui pratiqué par le père dans le huis clos de la maison familiale il  filme son épouse et ses filles- prétendues coupables d’avoir « volé » et caché son arme- tout en éructant des propos injurieux) et à chaque fois se profile (invisible mais suggérée) une des manipulations du régime (interrogatoires musclés après arrestations, tortures et condamnations). L’arme de service dont la disparition signifie déchéance pour Iman est devenue prétexte au « rétablissement du principe d’autorité » mis à mal par la révolte de ses filles (qui ont choisi ouvertement le camp de l’opposition…) Quant à l’enfermement il est montré ou suggéré par le confinement imposé aux deux filles, par ces couloirs de l’administration, par ces plans récurrents sur les portes, les embrasures, les fenêtres d’où l’on écartera le voilage alors que l’on se couvre d’un voile..

Certes il y a quelques "longueurs" (épisode de la traque, séquence où la mère extrait délicatement, comme en temps réel, toutes les " balles"  de chevrotine, du visage ensanglanté et éborgné, celui de l’amie de sa fille Rezvan…même si cette scène a la portée symbolique du supplicié !)

Mais ce ne sont là que de légers  bémols qui ne sauraient ternir la force de ce film où la tension ne faiblit pas et où les individus sont littéralement broyés (émergence d’un sursaut final ?)

Est-il besoin de rappeler que le cinéaste a été condamné à l’exil (après avoir connu la prison le fouet etc..) que trois des actrices sont en exil elles aussi en Allemagne, et que le film tourné dans la clandestinité porte de ce fait, tels des stigmates, les blessures de ces douloureuses et tragiques destinées…

 

Un film à ne pas rater ! 

 

Colette Lallement-Duchoze

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20 septembre 2024 5 20 /09 /septembre /2024 06:20

De Simon Moutaïrou (France  2023)

 

Avec Ibrahima Mbaye (Massamba),Camille Cottin: (Madame La Victoire) Thiandoum Anna Diakhere : (Mati), Benoît Magimel  (Eugène Larcenet) Félix Lefebvre (Honoré Larcenet ) Vassili Schneider (Baptiste) 

 

Musique Amine Bouhafa

 

Fenêtre sur le cinéma français » du Festival du cinéma américain de Deauville 2024, en avant-première mondiale

argument: 1759, sur l'Isle de France, actuelle Île Maurice. Massamba et Mati, esclaves dans la plantation d'Eugène Larcenet, vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l'enfer vert de la canne à sucre. Une nuit, elle s'enfuit. Madame La Victoire, célèbre chasseuse d'esclaves, est engagée pour la traquer. Massamba n'a d'autre choix que de s'évader à son tour. Par cet acte, il devient un "marron", un fugitif qui rompt à jamais avec l'ordre colonial.

Ni chaînes ni maîtres

Dénoncer le système esclavagiste pratiqué par la France pendant des siècles, privilégier le problème du  « marronage », mettre en exergue une violence frontale -le spectateur adopte le point de vue du père torturé, dévasté par le chagrin mais animé par une volonté quasi surhumaine d’en découdre avec « chaînes et maîtres » - insuffler une dimension « fantastique mystique » -voix off de la femme aimée disparue en mer, effets spéciaux qui métamorphosent les éléments naturels, tout en faisant de la relation père/fille, de la traque, de la résistance à l’esclavage l’essentiel du film  et  tourner in situ (Ile Maurice en des décors immersifs)  tout cela dénote une ambition rare et qui force l’admiration…. Simon Moutaïrou dont c’est le premier long métrage s’est beaucoup documenté (l’existence de la dame chasseuse d’esclaves fugitifs, les croyances des catholiques à l’encontre des Noirs …. « Dépourvus d’âme » la révolte des esclaves) il a fait appel à des historiens, s’est inspiré aussi des ouvrages de Franz Fanon, de Césaire.

Le monolithe de 500m face à la mer fut le haut lieu de la révolte des esclaves (la plupart venant du Sénégal)  au XVIII° Le montrer de façon récurrente (souvent en contre plongée) crée le tempo (le père, pieds nus, traqué par la dame chasseuse à cheval) le père et sa fille au sein d’une communauté gage d’une dignité retrouvée (Massamba peut renouer avec la spiritualité de ses ancêtres) avant que pourchassée par les militaires cette communauté  ne rejoigne la mer, la mer toujours recommencée (circularité du film qui s’ouvrait précisément sur le corps de la femme aimée plongeant dans les abysses mais qui de sa voix enchanteresse aura su perpétuer une foi inébranlable !)

Et pourtant alors que le cinéaste se propose de revisiter le destin d'êtres humains qui risquent tout au nom de leur droit à disposer d'eux-mêmes » une fâcheuse tendance à la complaisance dans l’illustration de la « violence » en dénature les « effets » attendus! Très gros plans fixes prolongés sur les stigmates de la flagellation, sur un pied déformé gonflé par la douleur, sur le sang qui gicle de la gorge, sur cette fleur de lys marquée au fer rouge sur le bras de celle qui a tenté de fuir, sur le visage muselé du père encagé tel un chien, zooms sur le ruissellement de la douleur à fleur de peau, etc…

Et cette musique signée Amine Bouhafa  -cordes dissonantes, percussions, sonorités rugueuses des contrebasses  - qui trop souvent au lieu de souligner,  surligne les tensions….et accentue l’aspect « survival » du film

Dommage

 

Colette Lallement-Duchoze

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19 septembre 2024 4 19 /09 /septembre /2024 04:26

De Julie Delpy (France 2024)

 

avec Julie Delpy (Joëlle l’institutrice) Sandrine Kiberlain (Anne Poudoulec) Laurent Lafitte (le plombier Hervé Riou) India Hair (Géraldine Riou) Mathieu Demy (Philippe Poudoulec) Rita Hajek (Alma) Ziad Bakri (Marwan) Fares Helou (le père Hassan) Emilie Gavois Kahn (Marylin Legal) Jean Charles Clichet (le maire Sébastien Lejeune) Albert Delpy (Yves) Brigitte Roüan (restauratrice) Marc Fraize (Johnny Jannou)

 

 

Présenté en ouverture , le 27 août 2024, au Festival du film francophone d'Angoulême

Argument: À Paimpont, en Bretagne, le conseil municipal, ému par la guerre en Ukraine, décide d'accueillir une famille de réfugiés de ce pays victime de l'attaque russe. Tout le village,  galvanisé par un esprit de solidarité, se prépare dans la joie à l'arrivée de ces nouveaux arrivants. Mais compte tenu de la forte attractivité des Ukrainiens, "très demandés sur le marché des réfugiés", c'est une famille syrienne qui débarque à Paimpont. Une équipe de la télé régionale réalise un documentaire sur cette aventure. 

Les Barbares

Le prologue dénonce la politique du Deux poids deux mesures : autant il fallait aider les réfugiés ukrainiens et la médiatisation fut déterminante…, autant les autres "réfugiés"  -Syriens entre autres- suscitent méfiance rejet, la médiatisation là aussi sert de fer de lance…et  l'extrême droite qui pavane sans vergogne ! Car ce sont des barbares !  Barbaros  dans la démocratie athénienne c'était l’étranger, celui qui n’a pas droit de cité…avant de désigner le sauvage, l’inculte et le cruel (Mais rappelez vous ces propos de Claude Lévi-Strauss « le barbare est d’abord celui qui croit à la barbarie »…)

Et tous les clichés, tous les préjugés racistes sur « l’autre » sont épinglés dans cette comédie découpée en 5 actes. ("Bienvenue à Paimpont", "1 euro et Dictature", "Chez nous", "Cassé" et " Alma et Alma"),

Délicate ambition : dénoncer sans verser dans le lourdingue, rendre palpable le racisme ordinaire sans caricaturer la « ruralité »,(nous sommes à Paimpont village breton), égratigner au passage le macronisme sans l’ambition politique du pamphlet, canarder les bobos qui, sous couvert de leur désir du « bien vivre ensemble » s’achètent une bonne conscience…. Julie Delpy sait qu’elle avance sur une corde raide en « croquant ces gimmicks », elle sait par expérience aussi que la tradition française de la comédie navigue souvent en eaux troubles (et en cela les approches anglo-saxonnes sont beaucoup plus performantes…et convaincantes )

Si le public rit de bon cœur (grâce aux épousailles entre légèreté et sérieux) jamais il ne rira d'Hervé Riou (celui qui incarne le racisme le plus éhonté …) admirablement interprété par Laurent Lafitte-, ne serait-ce pas là un gage de « réussite » ? auquel on peut ajouter la volonté de la cinéaste (et actrice) de réaliser un film choral où chacun joue sa partition dans la bonne humeur (depuis son père qui incarne un anar écolo grivois  jusqu’à la propriétaire d’une crêperie – la si rare et pourtant si convaincante Brigitte Roüan, en passant par une India Hair l’épouse apparemment soumise …) avec toutefois un bémol (le manque de fluidité dans les changements de registre d’une scène à l’autre; Marc Fraize interprétant une chanson de Johnny…par exemple)

Oui le trait est souvent forcé (comique de situations -la longère qui abrite les amours clandestines de la bouchère et du  gérant de la superette, l’alcoolisme d’Anne Poudoulec, etc. ou comique de mots…et ils pullulent) même si c’est un ressort de la comédie. Oui la prédilection de Julie Delpy pour les "vues aériennes" fleure le procédé. Et surtout le traitement contrasté (famille syrienne vs villageois) est trop accentué.

Comparer les barbares et the old oak de Ken Loach ne saurait plaider en faveur du premier. Certes 

Cela étant,  malgré quelques bémols, Les barbares est un film à voir! 

 

Colette Lallement-Duchoze

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