10 avril 2024 3 10 /04 /avril /2024 07:07

'De Rodrigo Moreno  (Argentine/Brésil/Luxembourg/ Chili) 2023 (durée 3h10)

 

avec Daniel Elias, Esteban Bigliardi, Margarita Malfino, German de Silva, Laura Paredes, Cecilia Rainero 

 

 

présenté au  festival de Cannes 2023 (section Un Certain Regard)

 

présenté à Rouen  lors du festival à L'Est  du 12 au 17 mars en Compétition d 'Est en Ouest

Román et Morán, deux modestes employés de banque de Buenos Aires, sont piégés par la routine. Morán met en oeuvre un projet fou : voler au coffre une somme équivalente à leurs vies de salaires. Désormais délinquants, leurs destins sont liés. Au gré de leur cavale et des rencontres, chacun à sa manière emprunte une voie nouvelle vers la liberté...

Los delincuentes

Un film étrange audacieux qui mêle habilement  -parfois en les pulvérisant- les codes de certains films de genre : le polar la romance. Un  film où l’onirisme côtoie le réalisme cru, où la poésie transcende l’immanence, où le burlesque et l'humour pactisent avec le sérieux et le grave.  Composé de deux parties il oppose ville (Buenos Aires) et nature quasi idyllique (région de Cordoba); le grouillement les architectures (cf les différents angles de vue pour cerner une forteresse, la banque où sont employés Román et Morán) à la musique du  silence,  à la précieuse rareté des fleurs, à  la majesté d’un cheval , à la somptuosité des étendues (vastes panoramiques) à la vie idyllique dans une nature comme « inviolée » (l’ascension de Morán et les vues en contre plongée n’en seront que plus exemplaires).

Oppositions mais aussi échos : ainsi la banque est présentée d’emblée comme un univers carcéral (gros plans sur les serrures et grillages, et bruitages inhumains) et c’est le même acteur qui interprète le « boss » (banque) et le « caïd » (prison) ; deux employés de banque (le « complice » d’abord réticent assumera le choix imposé) deux sœurs ; un vidéaste cinéaste qui arpente les étendues magiques (et ce très gros plan sur une fleur rouge improbable) double de Rodrigo Moreno?  (peut-être). On  pourrait multiplier les exemples et inscrire ce film dans la production argentine foisonnante (cf  Trenque Lauquen Trenque Lauquen Parties 1 & 2 - Le blog de cinexpressions ) signe d’un incroyable dynamisme  culturel (hélas compromis  par les choix mortifères du nouveau président  ???…)

Certes le découpage peut sembler artificiel (d’autant que le début de la partie II n’est que le prolongement d’une séquence de I) peut-être que le film a été conçu dans la durée ; certes les split-screen d’abord assez singuliers (les bras des deux protagonistes filmés en des décors et circonstances dissembalbles donnent l’impression de se « toucher » ) répétés, ils perdent leur originalité ; les anagrammes (Moran Roman Norma) , doublées par le jeu des initiales du réalisateur (R M)  et certaines interprétations confiées aux mêmes acteurs, mêlent un peu facilement le ludique et le  symbolique et on pourra toujours déplorer l’irréalisme d’une rédemption par la poésie (cf le caïd en prison)

Mais tout cela -broutilles pour esprits chagrins - s’inscrit en fait dans une approche qui fait la part belle aux lectures plurielles (d’où le choix du « double ») de même que la déclamation de la grande salina (Ricardo Zalarayá) irrigue le film de poésie, de même que la pochette du disque Pappos Blues, baladée au rythme du scénario apparemment (ou délibérément) tortueux joue le rôle de talisman ; et ce n’est pas pur hasard si le film se clôt sur  un  hymne à la liberté  

 A ne pas manquer

 

 

Coletet Lallement-Duchoze

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