15 juillet 2019 1 15 /07 /juillet /2019 05:41

de Chany Button (Irlande G-B) 

avec Gemma Arterton, Elizabeth Debicki, Isabella Rosselini 

Virginia Woolf et Vita Sackville-West se rencontrent en 1922. La première est une femme de lettres révolutionnaire, la deuxième une aristocrate mondaine. Quand leurs chemins se croisent, l'irrésistible Vita jette son dévolu sur la brillante et fragile Virginia. Commence une relation passionnelle qui fait fi des conventions sociales et de leurs mariages respectifs.

 

Vita & Virginia

Si le romancier est un prédateur s'il ressemble au "scribe" du tableau de Füssli (Le cauchemar) alors Virginia Woolf aura lové dans la texture d’Orlando une proie, sa proie, en s’emparant de tout l’être de Vita - cette aristocrate poétesse elle-même  "prédatrice".

Chanya Button en "restituant"  un épisode de la vie de Virginia Woolf : sa relation amoureuse avec Vita Sackville-West, cherche aussi à l’inscrire dans la genèse de l’oeuvre à venir...qui d'ailleurs révélera la romancière au  grand public!

Thématique séduisante! Mais....

 

Dès le prologue le procédé de la duplication (en littérature ce serait le roman et le roman en train de se faire) est trop appuyé et le très gros plan sur les lèvres de la récitante le rend factice. (Rappelons que le film s’inspire d’une pièce de théâtre, elle-même adaptée de la correspondance entre Vita Sackville-West et Virginia Woolf)

Procédé que l’on retrouvera s’agissant de l’une ou l’autre des deux femmes : au tout début c’est une interview enregistrée reprise quasi simultanément par Vita – elle répète...en les récitant...les propos réponses à son intervieweur. Puis ce seront à intervalles réguliers des "paroles" écrites -correspondance et/ou manuscrit- reprises susurrées du bout des lèvres avec en surimpression la plume crissant sur le papier et le visage de la récitante/auteure alors que l’on entend sa voix comme en off

 

Cette tentative de film épistolaire et ses effets spéculaires s’insèrent maladroitement dans l’ensemble de ce "biopic". Un biopic assez cérébral -dont témoignent les ambiances tamisées mais sans âme, ce plan récurrent sur la façade du château comme un trompe l’oeil-, la pudeur calculée dans les rares scènes d’érotisme, les dialogues " récités" (avec les époux, les amis), les hallucinations visuelles de Virginia métamorphosant le milieu urbain en jungle, peu convaincantes, une musique électro décalée, censée "reproduire"  la pulsation amoureuse….

 

Si Elizabeth Debicki en Virginia apeurée et fragile, anxieuse et dépressive et Gemma Aterton en Vita séductrice extravagante toute en minauderies...incarnent avec talent leur personnage respectif, le film ne vibre pas pour autant d'une passion dévorante, celle qui précisément embrasait leur corps et leur correspondance 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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