11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 13:09
 
 
J’ai découvert le site https://www.lacinetek.com/fr/, la cinémathèque des réalisateurs …une mine!  (location des films à 1,99 euros)
 
 
Pour ceux qui ne l’auraient pas reçu, je transmets les conseils de lAriel:
 
Sur le site de la Cinémathèque française, un film rare et restauré chaque soir:
https://www.cinematheque.fr/henri/

L'Agence du court métrage pense à vous au travers de la revue Bref propositions pour les enfants:
 
 
Bonnes (re) découvertes et pensez à Cinexpressions pour les partager!
 
 Faites attention à vous
 
Jacqueline Marro 

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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 11:45

de Tim Mielants (Belgique Pays-Bas) 2019

avec Kevin Jansens, Jemaine Clement, Hannah Hoeskstra, Bouli Lanners 

 

Présenté en sélection officielle au festival d'Aubagne (30 mars 4 avril 2020)  ce film  a reçu le  Grand Prix pour la musique originale (compositeur Geert Hellings ) et le  prix d'interprétation pour l'ensemble de la distribution

 

Patrick est employé dans le camping naturiste de son père. Il accomplit fidèlement les tâches que les campeurs lui donnent. Sur son temps libre, il fabrique des meubles. Mais quand il perd son marteau préféré et que son père est retrouvé mort, Patrick se met à soupçonner tout le monde

De Patrick

 "Parfois, on trouve ce que l’on cherche quand on arrête de chercher ce qu’on ne trouve pas."

Une vue aérienne sur un corps  tout blanc tout nu faisant la planche sur un plan d’eau, infiniment petit face à  l'infiniment grand; ce sera notre premier contact avec Patrick le personnage éponyme, .Quand la caméra s’approche de son visage c’est le sourire ensoleillé du bien-être. Puis caméra à l’épaule, nous le suivons de dos, fesses à l'air,  regagner le camp naturiste géré par son père. Telle une déclinaison processionnaire, les salutations des estivants ponctuent son passage... " bonjour Patrick"

Mais dans son  "sanctuaire" (lieu de son épanouissement, établi où il fabrique des meubles) un constat sans appel : un marteau a disparu (gros plan sur une béance criant l’absence au milieu des 11 marteaux   restants). Une perte incompréhensible. Une obsession : retrouver l’objet précieux ; obsession qui vire à la monomanie. Tel est le sujet d’une " intrigue" où le suspense est savamment entretenu et où les rebondissements sont parfois cocasses (interrogatoire musclé, renversement des données spatiales suite à la bagarre qui oppose Patrick et Herman). La quête du marteau  "manquant" va se conjuguer  avec un autre itinéraire, celui d’une "initiation"

Le marteau en effet, devient un outil maïeutique : déclencheur de l’intrigue, il sert de révélateur (dans sa quête obstinée Patrick sera confronté aux  "bassesses" de certains et à des  "découvertes"  sur le passé de son père), il est l’instrument nécessaire à un  "éveil"  qui le guidera  vers l’autonomie (car à 38 ans le personnage de cette fiction vit sous l’égide du père -avant qu’il ne meure- et la sollicitude d’une mère bienveillante, comme un enfant dépendant et immature (?) Et l’acteur Kevin Janssens avec ses gestes dégingandés, sa frimousse de renfrogné, ses yeux absents, son mutisme (même dans ses ébats avec la femme d’Herman) interprète avec maestria le personnage (un rictus un battement de cils ou de paupières et c'est comme un  paysage intérieur qui se donne à lire)

 

C’est l’été. La lumière se diffracte. Des surplombs sur la forêt (scène d’ouverture qu’accompagne la musique de Geert Hellings; elle  servira d'ailleurs de  leitmotiv) des plans larges ou serrés mais qui n’enferment pas (et ce magnifique plan lors de la dispersion des cendres où la mère/veuve, guide suprême,  se détache des touristes lesquels seuls ou en duos font corps avec la verticalité des arbres dans une ambiance presque fantomatique); dans ce microcosme le réalisateur fait alterner scènes d’extérieur à la lumière vibrante et scènes d’intérieur aux couleurs souvent cuivrées.

Nous sommes dans un camp naturiste. À ce propos il est intéressant de constater que seule la mère (aveugle) porte des vêtements....sa cécité l’empêche de voir les corps nus, mais elle accède à d’autres vérités que précisément la nudité maquille(ait). La nudité ou le camouflage de…??  Et la jeune avocate ("compagne"  du chanteur) ne pactise pas avec le protocole de la chair mise à nu; le naturisme, une  affaire de quinquas ou sexagénaires ? (du moins dans ce film : c'est un camping namurois prisé par des naturistes flamands)

 

Un film à l'humour souvent "décalé"  -même si un spectateur français ne peut comprendre les arcanes de la langue néerlandaise- ; un film  à voir  (dans un futur proche??...)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

Dans les années 80, au cœur d’une forêt ardennaise, on découvre un camp de nudistes géré par un père âgé et malade et son fils introverti, Patrick, qui, lors de ses moments libres exerce ses talents de menuisier. Concomitamment à la mort du père, disparaît un des marteaux de Patrick. Ce dernier se lance alors dans la recherche méthodique et obsessionnelle de ce marteau, afin d’éviter d’affronter la perte de son père et les questions existentielles qui le tourmentent.

Cette enquête nous fait découvrir les différents locataires du camp dont la nudité contraste avec la part de mystère et d’étrangeté que renferme chacun d’entre eux.

J’ai été particulièrement sensible aux jeux de lumière que créent les ombres des conifères : la lumière chaude et intense qui filtre à travers les cimes apaise et allège l’atmosphère a priori oppressante de ce décor sylvestre (quiconque s’est déjà promené dans une plantation d’épicéas comprendra).

Certaines scènes cocasses, comme ce conseil d’administration où des corps nus et marqués par le temps, assis autour d’une table en U, discutent tout naturellement de problèmes financiers, ou lorsqu’une caravane se retrouve sur le flanc lors d’une empoignade, font sourire.

 

Mais on reste sous tension, car à intervalles réguliers on retrouve l’établi de l’ébéniste avec ce marteau qui manque à l’appel. Le retrouvera-t-il ?

 

Fabien P

Bruxelles le 12/04/2020

 

 

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15 mars 2020 7 15 /03 /mars /2020 07:38

de Martin Provost

avec Juliette Binoche, Yolande Moreau, Noémie Lvovsk, Edouard Baer,  François Berléand

Tenir son foyer et se plier au devoir conjugal sans moufter : c’est ce qu’enseigne avec ardeur Paulette Van Der Beck dans son école ménagère Ses certitudes vacillent quand elle se retrouve veuve et ruinée. Est-ce le retour de son premier amour ou le vent de liberté de mai 68 ? Et si la bonne épouse devenait une femme libre ?

La bonne épouse

Le public sera partagé. Forcément partagé…

 

Je ne remets pas en cause le genre choisi, celui de la comédie -pour évoquer à partir de faits vérifiables -ces écoles ménagères où l’on formait les jeunes adolescentes à leur futur rôle d’épouse, entendons de femmes entièrement dévouées à leur mari ; écoles dont la fermeture correspondra avec le mouvement d’émancipation féministe.

 

Mais la façon dont cette comédie est traitée…

 

Les acteurs -et quelle brochette- Juliette Binoche Yolande Moreau Edouard Baer Noémie Lvovsk (et même François Berléand qui disparaîtra dès la fin du "premier acte" -les passages écran noir servant de repère.dans le déroulé d’une intrigue qui a aussi la prétention d'être l'histoire d'une émancipation....) surjouent…

 

Certes on est dans la caricature….et le trait est grossi comme devrait l’être l’interprétation ? mais quand le grotesque et le mauvais goût s’érigent en valeur suprême… !!

 

Les trois  éducatrices et les quatre adolescentes mises en avant dans le groupe des "futures bonnes épouses " sont réduites à des stéréotypes - bourgeoise corsetée dans son tailleur comme dans ses principes,   jeune fille rebelle, jeune fille soumise, par exemple

 

Les références à l’actualité (l'action se passe au cours de  l'année "scolaire"  1967/1968) : chansons (Adamo), danses, infos sur le mouvement étudiant à Nanterre, puis à Paris en mai, sont comme " plaquées" pour donner l'illusion du "vrai" . Par un heureux hasard l’école ménagère alsacienne que dirige Mme Van Der Beck (J Binoche) a été sélectionnée, elle doit se rendre à Paris (le chauffeur du bus ? La nonne -méconnaissable Noémie Lvovsk) ; c’est le début de la pénurie de carburant. Qu’importe ! On fera le reste du chemin à pied. Et ce sera cette séquence finale qui emprunte à la comédie musicale...autant saugrenue qu’inaboutie ...

 

Bref, une enfilade de clichés à l’humour souvent réchauffé dans cette comédie où l’on cuisine le lapin chasseur, prépare le trousseau, repasse les chemises avec une jeannette, où il faut apprendre les « 7 piliers » indispensables à la « bonne éducation » (Un os de lapin responsable de la mort du directeur lubrique chaud lapin ?. Non ce n’est pas le destin c’est le lapin gémit Yolande Moreau qui se sent responsable de la mort de son frère. Malentendus  quiproquos et préjugés sur le clitoris ou encore  expressions prises au sens littéral censées déclencher  un  "rire communicatif"..)

 

 

La bonne épouse n’est pas cette comédie ravissante jubilatoire intelligente encensée par une certaine critique, mais plutôt  une comédie qui se prétend  engagée mais  d’une lourdeur pachydermique (Wilfried Rennehan Mondociné)

 

A vous de juger (quand l'occasion d'aller au cinéma se présentera de nouveau à vous puisque tout ce qui n'est pas "vital" doit momentanément disparaître de notre quotidien...)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

 

Merci Colette pour cette délicieuse et sincère chronique ! vive la vie et vive le cinéma ! avec toi bien-sûr !

 

Maria Pinto

dimanche 15/03/20 

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13 mars 2020 5 13 /03 /mars /2020 06:30

de Sandra Kogut (Brésil)

avec Regina Casé (Mada) Otavio Müller (Edgar) Gisele Froes (Marta) Rogiero Froes (Lira) 

Chaque année, Edgar et Marta organisent une grande fête dans leur luxueuse résidence d’été, orchestrée par leur gouvernante Mada et les autres employés de la maison. Mais, en trois étés, tout va basculer. Alors que le monde de ses riches patrons implose, balayé par des scandales financiers, Mada se retrouve en charge de la propriété dont elle est bien décidée à tirer le meilleur parti.

Trois étés

Quelles sont les conséquences sur des employés de maison quand leurs patrons débusqués et condamnés par la justice sont emprisonnés ? Quid des salaires non payés ? Quid de leur survie ? Ce sont ces problèmes qui sont au cœur de la comédie "douce-amère"-Trois étés  la réalisatrice adoptera le point de vue de la gouvernante et femme à tout faire Mada

 

Étés 2015, 2016, 2017 le film a été tourné avant l'arrivée au pouvoir de Bolsonaro quand "les Brésiliens qui connaissaient par cœur les noms des joueurs de foot de l'équipe nationale, connaissent désormais ceux des juges de la Cour suprême  tant la société a été gangrenée par le virus du libéralisme, du profit à tout prix, de la corruption"

 

Trois étés soit trois séquences tournées au même endroit -une villa luxueuse en bord de mer- trois façons d'investir l'espace (de l'opulence au vide et à la réappropriation) trois atmosphères, trois tonalités pour ce théâtre-comédie  en trois actes illustrant le chaos de la société brésilienne. Au centre le personnage de Mada (en III elle sera aidée par le "patriarche" le père d'Edgar, Monsieur Lira, intellectuel intègre jusque-là en retrait); l'actrice Regina Casé qui l'interprète porte le film de bout en bout par sa faconde et sa truculence

 

D'un point de vue purement "dramatique" la comédie obéit à une double dynamique: à la chute des patrons rattrapés par la justice correspond l'ascension de Mada (de simple employée elle acquiert le statut de responsable); à la déliquescence du domaine une réappropriation: location des yachts -pour promenades aquatiques-, des chambres -AirBnB- et de la maison -tournage de films publicitaires.

D'un point de vue idéologique, si la réalisatrice évite le manichéisme: patrons voyous, domestiques asservis, et si l'histoire de cette "rébellion domestique" imite un modèle "libéral" tant le pays est marqué par la soif de l'argent, c'est bien l'ingéniosité et la solidarité d'une "classe" qui sont mises en exergue

 

Et pourtant malgré ces intentions affichées,  malgré d'évidentes  qualités formelles -ellipses, plans fixes souvent, changement de rythme et de tonalité, rares mais belles échappées hors de ce huis clos-, voilà un film qui ne saurait emporter l'adhésion, en tout cas il peine à convaincre

Cherchez l'erreur!!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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10 mars 2020 2 10 /03 /mars /2020 15:32

Du 19 au 22 mars 2020

 

au cinéma Omnia République Rouen

 

 

 

Elles font leur cinéma donne la parole aux réalisatrices du monde entier qui, au travers de leurs films, témoignent des avancées des luttes de femmes 

 

trois fictions (Vietnam XIX°, France/Israël, Arabie Saoudite aujourd'hui) explorent les problématiques de jeunes femmes en butte aux traditions patriarcales de leur société

 

trois documentaires (USA, France, Kenya) mettent au coeur des films le désir de reconstruction et d'expression salvatrice par le biais du cinéma

 

six courts métrages, du drame à la comédie, balaient les enjeux féminins d'actualité (violence, esthétique, sororité, homosexualité, deuil) et prix du public pour le meilleur court métrage

 

 

www.elles-font-leur-cinema.info 

 

9ème Festival de Films de Femmes

PROGRAMME

 

jeudi 19 mars

 

18 h pot d'ouverture au labo Victor Hugo 27-29 rue Victor Hugo Rouen

 

20h30  avant-première 

The end of love       de  Keren Ben Rafael, fiction (France) 

la séance sera suivie d'une rencontre avec Elise Benroubi, co-réalisatrice du film 

 

 

vendredi 20 mars

 

18h  Serendipity        de Prune Nourry (documentaire USA) 

 

20h  The Third Wife  d'Ash Mayfair (fiction Vietnam)

 

 

 

samedi 21 mars 

 

15h  FilmmakErs  de Julie Gayet et Mathieu Busson (documentaire France)

séance suivie d'un débat

 

17h   6 courts métrages 

vote du public à l'issue de la séance et remise du trophée La Lucie réalisé par Isabelle Poupinel, céramiste 

 

20h30 avant-première

The Perfect Candidate  d'Haïfa Al-Mansour (fiction Arabie Saoudite, Allemagne) 

 

 

 

dimanche 22 mars

 

10h30 In Search de Beryl Magoko (documentaire Kenya Allemagne) 

séance suivie d'un débat avec Pierrette Rita-Soumbou de ASIFA (association internationale du film d'animation) 

Tarifs 

5,50 € tarif normal

4 € moins de 26 ans et demandeur d'emploi 

 

Possibilité de repas

au restaurant japonais Sushi Tong 2 place de la République (à proximité du cinéma) 

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7 mars 2020 6 07 /03 /mars /2020 08:47

de Gregor Bozic (Slovénie) 

avec  Massimo de Francovic, Giusi Merli, Anita Kravos, Ivana Roscic, Janez Skof

 

Présenté en compétition au festival A l'Est (qui a lieu à Rouen du 3 au 8 mars 2020)

Quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale, à la frontière de la Yougoslavie et de l'Italie, le destin d'un vieux charpentier va croiser le destin de Marta une vendeuse de châtaignes

Il était une fois un châtaignier

On connaît les choix du festival A l'Est -dont c'est la 15ème édition-  des  films à l'écriture belle dans leur exigence et leur plasticité; le film slovène présenté hier soir en compétition en est une fois de plus  l'illustration

 

Un parterre de feuilles mortes couleur cuivre et or, et au milieu une "fosse"; vue en plongée; caméra et plan fixes; des personnages entrent dans le champ et leurs paniers emplis de châtaignes exécutent un ballet aérien en déversant leur contenu. puis ce seront des femmes qui, avec leurs râteaux recouvrent ce "trésor" des feuilles mortes et leurs mouvements ressemblent à un autre ballet chorégraphié à même le sol. Le ton est donné dès cette scène d'ouverture: une composition minutieuse (cadrage répartition dans l'espace couleurs et lumière) et "sacralisation" des châtaignes (Marta dans une séquence perpétue -peut-être en vain-  le commerce des châtaignes)

 

Un homme marqué par les ans, assis au pied d'un arbre se prend à rêver du moins il se souvient...alors qu'il attend la charrette-navette- et ce sera à bord de celle-ci que la conversation ou les rires fous des deux jeunes filles vont impulser le souvenir

 

Dès lors vont s’éployer en une série de flash-back et traitées de façon très picturale (souvent des tableaux d’une beauté indomptée) des séquences qui auront marqué sa vie. On passe de l’une à l’autre par un titre

(A rappeler ici que Stories from the chesnut woods traduction anglaise, insiste sur la pluralité et  impose un certain découpage narratif, alors que la traduction française,  "il était une fois...."  rappelle l’incipit des contes)

 

La plus émouvante des "histoires/séquences" est sans conteste celle qui évoque les derniers moments de l’épouse Dora. Le beau visage de l’actrice Giusi Merli ses déplacements à pas comptés ses paroles laconiques illustrent le rôle de ces femmes soumises qui jusqu’à leur dernier souffle auront trimé comme des bêtes de somme, au service de l’époux mâle et macho !!!

 

Mais le film ne manque pas d’humour (scènes de bistrot où les hommes s’adonnent à un jeu d’adresse; visite chez l’unique médecin qui prescrit un médicament unique, telle une panacée ) ; il peut être «sordide » (quand Massimo prend les mesures pour fabriquer un cercueil à sa femme, alors qu’elle exhale encore le souffle de la vie)

 

Un film tout en nuances-voire ellipses- pour évoquer des conditions de vie dans l’après- guerre (certaines personnes comme Marta,  sont contraintes au départ pour leur survie).

Quelques plans et c’est tout un pan de l’Histoire qui s’impose au spectateur ( à lui de reconstituer....)

 

Un film dont le réalisateur est à la fois grand portraitiste et brillant paysagiste

 

Et malgré un bémol (une musique parfois trop illustrative) "il était une fois un châtaignier" est un film à ne pas rater! 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

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6 mars 2020 5 06 /03 /mars /2020 12:06

de Martti Helde (Estonie) avec Rea Lest et Reimo Sagor

 

Présenté en compétition au festival A l'Est (Rouen du 3 au 8 mars 2020)

 

sortie  prévue  le 3 juin 2020

Deux personnages, une obsession : empêcher le passé de tout submerger

 

Silence scandinave

Un film c’est l’image et le son avant tout, affirmait Knut Erik Jensen à chacune de ses interviews lors du festival du cinéma nordique. Ces propos valent aussi pour le jeune cinéaste estonien Martti Helde....Et d’ailleurs la vocation du cinéma serait  "moins de raconter des histoires que de donner à voir "

 

 

Si le choix de la mise en scène était radical et novateur dans Crosswind  celui de Silence scandinave -plusieurs versions d’une même réalité- n’est pas inédit certes, mais il n’en est pas moins original dans son traitement (que le titre révèle  partiellement )

 

Dans ce film en noir et blanc ,épuré, beau sans être esthétisant où le drame familial ne sera restitué que par bribes et avec parcimonie, l’essentiel est centré sur les deux personnages du frère et de la sœur et sur les paysages -ceux-ci deviennent  des êtres à part entière tout comme le silence est revendiqué à un moment comme moyen d’expression

 

Une route de forêt enneigée, à la verticalité des arbres dont les branches ont accueilli, bienveillantes, les flocons, fait écho la silhouette d’un homme minuscule qui chemine vers…..Une voiture s’arrête une jeune femme le prend à bord. Cette scène inaugurale sera reprise trois fois (avec des variantes) comme point de départ à trois "versions" du même drame  (deux versions « parlées » :Tom est le premier locuteur puis ce sera Jenna).

Trois "versions" trois découpages de l'espace. Si la caméra est proche des visages dans l'habitacle de la voiture (devenu par métaphore lieu de la conscience et de la mémoire) elle s’en éloigne et donne à voir des immensités d’un blanc quasi virginal (alors que l’esprit est taraudé de noirceurs), des forêts striées de noir (en contrepoint, ou en harmonie avec l’évocation nostalgique que fait la sœur d’un passé heureux, par exemple).

 

Un noir et blanc  au plus près du  "pictural" ou/et du graphisme, avec la majesté du grand angle ou des vues aériennes. Certaines dans leur éblouissement et l’éclosion de motifs floraux pourraient illustrer des désirs, emplir ces interstices où la parole s’est tue, relayée par l'imaginaire (?)

 

Mouvement et immobilité, arrêts et retours (dans l'espace et le temps) confusion des paysages extérieur et intérieur, pudeur du récit (pourtant parfois assez glauque) distanciation dans l’énonciation, réflexion sur la douleur et le sens de la vie,  que scande à la fin des deux premières versions la reprise du thème musical (bande-son) ; un parcours avec des cahots (alors que le tracé de la seule route dans ce  "désert" scandinave , semblait aplani, les deux passagers tressautent - soubresauts d’une mémoire qui exhume le passé ?

 

Oui Silence scandinave est un film dont la magie des images ne peut que séduire..

Un film à ne pas manquer ! (Il aura ses détracteurs comme pour Crosswind...)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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4 mars 2020 3 04 /03 /mars /2020 12:00

de Jan Komasa (Pologne)

avec Bartosz Bienelia, Eliza Rycembel, Aleskandra Konieczna, Tomasz Zietek

 

Festival A L'Est (Rouen du 3 au 8 mars 2020)

Soirée d'ouverture le 3/03/2020

Daniel, 20 ans, se découvre une vocation spirituelle dans un centre de détention pour la jeunesse mais le crime qu'il a commis l'empêche d'accéder aux études de séminariste. Envoyé dans une petite ville pour travailler dans un atelier de menuiserie, il se fait passer pour un prêtre et prend la tête de la paroisse. L'arrivée du jeune et charismatique prédicateur bouscule alors cette petite communauté conservatrice.

La Communion (corpus christi)

Un atelier. Des corps qui épousent le mouvement des scies Et en l’absence momentanée du gardien un « règlement de comptes » violent (traité partiellement hors champ) Daniel joue le rôle de guetteur zélé . Nous sommes dans un centre de détention pour délinquants. Fin du prologue. (à cette scène d’ouverture fera écho la séquence finale...)

 

Si les croyances et pratiques religieuses semblent omniprésentes (rôle du père Thomas dans le centre, activités du village/paroisse rythmées par les rites que sont la messe, les enterrements, les confessions, les processions) la religion s’inscrit dans une dialectique Eros et Thanatos, dialectique dont la résolution serait la rédemption incluant le pardon. Pardon que Daniel s’octroie pour lui-même,  (il a commis un meurtre) pardon qu’il tente de dispenser à une communauté corsetée dans ses rancœurs -suite à un épisode tragique. Eros sera Agapé. Telles sont bien les forces en présence dans ce film dont le titre renvoie aux deux acceptions du terme « communion » « croyance uniforme de plusieurs personnes qui les unit sous un même chef dans une même église et « réception de l’eucharistie » -corpus christi- ce qu’illustre la représentation iconique du Christ sur la Croix (vue souvent en contre-plongée)

 

Daniel a  "usurpé"  la fonction de prêtre : non seulement il en revêt l’habit mais dans ses prêches, il fait siens tous les préceptes enseignés par le père Thomas (dont il "usurpe"  aussi l’identité) L’acteur Bartosz Bienelia aux yeux  bleu acier, au regard halluciné, à la peau parfois translucide, au corps tatoué (les tatouages ne seraient-ils pas devenus stigmates?) interprète de sa présence charismatique, ce personnage ambigu ambivalent. Prédicateur, amant, rock star, habité et violent, il est de tous les plans (souvent fixes) : son visage vu de profil ou de face peut envahir l’écran, seul face aux paroissiens (mais vu de dos) il prodigue la "bonne parole", ses lèvres dans le confessionnal à travers le grillage murmurent le pardon, son corps mis à nu se love dans l’embrasement amoureux. Parfois il est comme "détaché" de l’image, comme aimanté vers un Ailleurs et quand les paupières sont closes c’est un regard intérieur qui doit irradier tout son être…

 

Comment guérir une âme de ses tourments ? On retiendra cette séquence où -comme dans une séance de thérapie collective- les villageois sont invités à hurler, dans un cri primal, leurs obsessions. Daniel  devenu aussi justicier,  a repris une enquête (un chauffeur en état d’ébriété aurait provoqué l’accident mortel) . Disculper, déculpabiliser, accéder à la sérénité

 

Un film  souvent sombre (et le parti pris des ambiances au bleu flouté ou glaciales le prouverait aisément) mais aussi empreint d’humour;  un film à la construction sinon rigoureuse du moins très habile (schéma circulaire, alternance scènes d’intérieur et d’extérieur, progression du personnage dans son chemin de croix) la  scène finale, percutante et dans sa forme et dans son message,  n’est pas pour autant épilogue….

 

Un film à ne pas rater !

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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3 mars 2020 2 03 /03 /mars /2020 15:58

de Todd Haynes (USA)

avec Mark Ruffalo, Tim Robbins, Anne Hathaway

Robert Bilott est un avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques. Interpellé par un paysan, voisin de sa grand-mère, il va découvrir que la campagne idyllique de son enfance est empoisonnée par une usine du puissant groupe chimique DuPont, premier employeur de la région. Afin de faire éclater la vérité sur la pollution mortelle due aux rejets toxiques de l’usine, il va risquer sa carrière, sa famille, et même sa propre vie...

Dark Waters

Rappelez-vous cette publicité «teflon » menée tambour battant, rappelez-vous cet empressement à acheter des poêles au revêtement miracle, sans effet nocif et pourtant la colle industrielle PFOA est hautement toxique..

.Suite à des morts en série (bétail) en Virginie Occidentale, à des malformations (visages de nouveaux-nés),  Robert Bilott,   un avocat du très  influent cabinet Taft Stettinius & Hollisteyr,  spécialisé jusque-là dans la défense des entreprises de l’industrie chimique, va mener un bras de fer contre l’entreprise DuPont, ce géant de la chimie. Contre l’avis des siens…

Le film de Todd Haynes illustre  cette bataille : elle aura duré presque 20 ans

Si Dark waters connaît un succès certain, s’il fait l’unanimité c’est qu’il rapporte avec une précision minutieuse des faits avérés, que le scénario est bien ficelé, l’interprétation de Mark Ruffalo impeccable, et qu’il s’interroge sur les liens entre démocratie et intérêts financiers.  Alors que l'actuel président américain se soucie peu des catastrophes sanitaires et écologiques et n'a cure des angoisses environnementales….

Certes il y a des moments hallucinants (quand l’avocat est filmé en plongée seul dans un parking, quand dans le bureau il croule sous les dossiers empilés tel un mur infranchissable, quand le cinéaste donne à voir simultanément l’extension du « monstre » et la « démesure » de la tâche de Robert Bilott. Certes la photographie d’Edward Lachman nous immerge souvent dans un univers noir bleuté (qui rappelle le titre)

 

Mais le tempo souffre du caractère répétitif dans les alternances entre séquences de délibérations (le cabinet d’avocats) et les rencontres avec les plaignants ; entre scènes d’intimité familiale (au bord de la crise de nerfs) et pression des patrons dans leurs bureaux. Un très gros plan prolongé sur une vache malade ? voyeurisme facile et bien inutile. Si l’isolement de l’avocat (il a triomphé mais les résultats se font attendre) renvoie assez judicieusement au milieu d’origine , le traitement de cette longue période frise la niaiserie en ce sens que le défilement de dates en bas de l'écran ne suffit pas à rendre palpable la douleur torturante ...Mais surtout, comme le message (celui d’utilité publique) semble prioritaire, la mise en scène, délaissée, est terne,   convenue…

 

On pourra toujours rétorquer que le genre choisi le thriller d’investigation laisse peu de place à l’innovation….

Efficacité contre originalité ?

Mais ne peut-on concilier les deux ?

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

 

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28 février 2020 5 28 /02 /février /2020 07:11

Documentaire réalisé par Jean-Robert Viallet et Alice Odiot (France)

 

 

Tourné entre 2016 et 2018 à la prison Les Baumettes (avant sa fermeture) 

25 jours en immersion dans la prison des Baumettes. 30 000 mètres carrés et 2 000 détenus dont la moitié n’a pas 30 ans. Une prison qui raconte les destins brisés, les espoirs, la violence, la justice et les injustices de la vie. C’est une histoire avec ses cris et ses silences, un concentré d’humanité, leurs yeux dans les nôtres.

Des Hommes

Le ciel par-dessus le toit : un bleu azuréen couvre les 2/3 de l’affiche ; un bleu qui restera hors champ dans le documentaire « Des hommes » Un bleu auquel vont se substituer des rais lumineux tentant de s’infiltrer dans les plus petits interstices et surtout le contraste entre une lumière extérieure qui traverse les  fenêtres grillagées  et un intérieur vétuste insalubre où « croupissent » les détenus

 

Derrière une porte vitrée sécurisée s’agite un détenu à la marche erratique vite hypnotique et l’on devine quand il s’approche , des traits qui nous sont familiers. Écran noir. Le film peut commencer. Ce plan d’ouverture sera repris en écho à la fin. Une des rares métaphores (le mouvement perpétuel et vain de l’homme qui tourne en rond en vase clos) dans ce documentaire à la fois sobre et  humain 

 

Sobre ? Ne serait-ce que par le refus d’une voix off, (ce sera celle de la musique de Marek Hunhap) l’absence d’une surenchère visuelle (celle de gros plans ou zooms sur des dysfonctionnements matériels ou autres qui illustreraient le misérabilisme par exemple) mais l’insistance sur de petits objets -comme substituts de langage- ; le positionnement d’une caméra (souvent fixe) à la fois très proche et suffisamment distante pour capter gestes et paroles (même dans l’exiguïté d’une cellule de 9m2)

 

Humain ? c’est bien ce qui intéresse les deux documentaristes. On est loin des clichés auxquels la presse nous habitue. Écoutons ces aveux teintés d’humour, ces tentatives de minimiser un « forfait » commis en interne, regardons ces yeux rieurs, moqueurs ou embués, respirons ces effluves qui dans la promiscuité, transpirent (de) l’humain !

 

Le personnel -essentiellement féminin- bienveillant,  est à l’écoute sans être dupe (les séquences de "condamnation en interne" sont succulentes..) -à signaler que la plupart des condamnations sont liées à des histoires de stupéfiants...ce qui en dit long sur "la politique française pénale en matière de drogue" (mais les documentaristes ne jugent pas,  ils donnent à voir!)

 

Ces détenus  ne sont pas des "anges"

Mais ce sont des hommes! 

 

 

« Allez, venez.

Restez un peu et vous verrez.

Vous en sortirez plus confus qu’en entrant.

Oui cette prison pue l’humanité » Jean-Robert Viallet

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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