12 mai 2020 2 12 /05 /mai /2020 04:24

de Chad Chenouga (2017)

avec Khaled Alouach, Yolande Moreau, Theo Fernandez

Nassim est en première dans un grand lycée parisien et semble aussi insouciant que ses copains. Personne ne se doute qu’en réalité, il vient de perdre sa mère et rentre chaque soir dans un foyer. Malgré la bienveillance de la directrice, il refuse d’être assimilé aux jeunes de ce centre. Tel un funambule, Nassim navigue entre ses deux vies, qui ne doivent à aucun prix se rencontrer…

De toutes mes forces

Le cas de Nassim est assez singulier : c’est un « dandy » ; il cherche à intégrer le milieu bourgeois qu’il fréquente via ses relations au lycée. Lui, vit dans un petit appartement avec sa mère dépressive qu’il s’efforce de protéger. Une succession assez rapide de saynettes ou de flashes nous introduit ainsi et dans le milieu et dans les pensées du personnage. Au retour d’un week end, il découvre sa mère, inanimée (suicide ?) Enterrement. Fin du prologue

 

Nassim est placé dans un foyer. C’est le début d’un autre  "calvaire".  Ce sont aussi les prémices d’un parcours initiatique. Deux forces écartèlent le personnage : la culpabilité (Nassim écoute régulièrement sur son portable, le dernier message de sa mère, c’était un appel au secours !!) et la ruse mensongère : il invente une prise en charge par un oncle -pour ses amis du lycée- il ment à son référent, à madame Cousin la directrice  (formidable Yolande Moreau), quand il est au centre il snobe -dans un premier temps- les autres jeunes.

 

Écartèlement dont rend compte une construction qui joue sur les prismes les fractures les ruptures de rythme. Un va-et-vient permanent entre deux univers. Une alternance aussi  entre rébellion et accalmie. Et si des mini-séquences se reproduisent à intervalles réguliers (Nassim dans le métro, en salle de classe, dans la cour du lycée ; Nassim au réfectoire, dans sa chambre) elles insistent moins sur une répétition que sur la fragmentation ! Certaines se font écho (convocation chez le proviseur et chez la directrice ; rapports sexuels avec deux jeunes femmes ....dissemblables)

Quand s’opérera la prise de conscience -qui est résolution du dilemme- le portrait en sera-t-il plus lisse ? ..La fin reste ouverte alors qu’on assistait à un lent mais inexorable cheminement vers la mort dont la portée symbolique - trop appuyée d’ailleurs – était dans l’embrasement et la danse des flammèches 

 

 

Khaled Alouach  le  "beau gosse"  incarne Nassim avec justesse et talent. Il est quasiment de tous les plans : qu’il soit isolé, en groupe, en tête à tête. Un visage à la Michel Ange : à un moment Mme Cousin y lira la beauté tragique de la Douleur ! (alors que la plupart du temps il cultivait l’impassibilité)

Une énergie folle et communicative : celle des adolescents du centre; ces cabossés de la vie disent leur foi en la camaraderie, par-delà trips et comportements répréhensibles. Que de joies dérisoires, d’espoirs insensés, de fêlures et de déficiences ! Une volonté de s’affranchir d’un passé consigné dans ces « fameux » dossiers collés à vous tels des " tatouages".  Le cas de Zawady est exemplaire de cet acharnement à  "s’en sortir" : travailler réviser pour réussir ses examens de médecine (en cas d’échec elle sait qu’elle n’aura plus droit à une aide financière!!! Or ......malchance?  injustice? 

 

 

Certes on peut déplorer l’accumulation (dernier tiers du film) des maux et obstacles, traitée d’ailleurs à la manière de clips, tout comme le systématisme trop prononcé dans tous les va-et-vient (d’ordre spatial temporel ou psychologique) mais à aucun moment le film ne verse dans le mélo ni le misérabilisme. L'arrière-plan social et les clivages Paris/banlieue, dominants/dominés, évidents, palpables -avec toutefois une légère tendance à la caricature- parlent d’eux-mêmes et un « discours » sociologique ferait l’effet de surenchère.

 

Amoureux des belles lettres, de la littérature, Nassim consigne dans son carnet des poèmes dédiés à sa mère

ton corps est brisé/je suis une part de toi que tu as emportée/ tu ne peux pas mourir

 

Colette Lallement-Duchoze

 

PS  Chad Chenouga s'est inspiré de sa propre vie pour réaliser cette fiction. Une rencontre en sa présence -et celle de Yolande Moreau entre autres-  est d'ailleurs prévue en ligne (Zoom)  dimanche 17 mai à 21h sur le thème : l’autobiographie au cinéma

 

 

 

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10 mai 2020 7 10 /05 /mai /2020 07:14

documentaire de Raymond Depardon et Claudine Nougaret  (24') 2019

 

Mon Arbre

 

 

Réalisé à l’occasion de l’exposition Nous les Arbres (Fondation Cartier 2019) ce film donne la parole à celles et ceux qui vivent auprès des arbres, les côtoient, les chérissent, les observent, plaident pour eux, les soignent, les admirent ou qui sont aussi un peu fatigués de vivre à leur côté.

Mon arbre

Une " mer" dans les arbres ? Oui c’est la conviction de ce guide de la nature à Lodève moins sensible au prestige du cèdre du Liban qu’amoureux de tous ces arbres « communs » porteurs d’une histoire, d’une mémoire !

Des branches balançoires, une frondaison comme pare-soleil, un siècle de grandeur et de confidence, une valeur marchande (noyer) qui s’amenuise, des feuilles chues qui encombrent un boulodrome au grand dam des joueurs.

Oui ce documentaire illustre la façon d’appréhender le quotidien d’un arbre, dans son interdépendance avec celui de l’homme (social, économique psychologique ou scientifique) En l’absence d’un langage « commun » le documentaire en fait se côtoyer deux jusqu’à leur interpénétration. Comment ?

 

Avant chaque interview voici un plan fixe : l’arbre (platane, arbousier, noyer, cèdre pleureur, magnolia, pin parasol etc..) s’impose dans sa magnificence (isolé, ce tronc séculaire de robustesse) son environnement de verdure (allée de parc) ou de pierre (place de village) une bande son discrète (cloches de l’église, pépiement d’oiseaux, une seule fois une pétarade) . Puis l’écran affiche à la fois le nom de l’arbre et celui du village (Saint Guilhem le Désert, Tharaux) C’est l’été, et nous sommes dans le sud de la France.

Alors apparaît le visage de la personne interviewée (que l’on identifie par son prénom et son nom) filmée en frontal, parfois en plan américain rarement de pied en cap, elle dit sincère, convaincante parce que convaincue, sa relation à l’arbre (son arbre). Elle envahit les 3/4 de l’écran comme occultant « son arbre » Or celui-ci vit dans le discours (de botaniste, d’amoureux, de pragmatique) avant de « réapparaître » à la fin de l’interview.

Ainsi l’arbre écoute respire il peut être confident ami complice ; et si ce paysan lozérien plein de « bon sens » doute de la « sensibilité » de son noyer il lui voue néanmoins un certain respect (« à chacun ses croyances »)

 

Un documentaire-ballade (presque au sens premier de ce terme : poème à forme fixe avec envoi) composé de tableaux tels des strophes-couplets.

Et ce n’est pas pur hasard si le premier (Pin Parasol Montpellier) donne la parole à Francis Hallé (botaniste biologiste et dendrologue) "on a cru pendant très longtemps (cf Platon) que les arbres sont une forme de vie inférieure qu'ils sont insensibles. On sait maintenant qu'ils ont autant de sensibilité que nous, et même qu'ils ont des sensibilités que les humains n'ont pas" 

.Le dernier (Cyprès Saint Philibert)  un long plan fixe, sans commentaire,  semble célébrer le mariage entre l’arbre le réalisateur (?) assis sur un banc le regard perdu vers la baie, dans la fixité du présent réinventé 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

Mon arbre

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8 mai 2020 5 08 /05 /mai /2020 06:42

Documentaire d'Ariane Doublet (2019) 

 

 

Communiqué de l'association Welcome Rouen Métropole :https://welcomerouen.org contact@welcomerouen.org 

à partir du 6 mai diffusion sur Vimeo du documentaire d'Ariane Doublet 

Comme tant d’autres films, ce documentaire n’a pas pu sortir en salle ce printemps. Le collectif #Achacunsonart (à l’initiative de Expo-Vente à l’Abbatiale Saint Ouen en septembre dernier) encourage le visionnement du film sur Vimeo et invite les personnes qui le souhaitent, après inscription préalable, à participer à un échange via ZOOM avec Ariane Doublet le vendredi 15 mai à 20h30.

Merci de relayer l’information auprès de vos proches afin que le film puisse recevoir tout l’accueil qu’il mérite.

Des précisions sur les modalités de connexion au film et à l’échange seront données ultérieurement.

Lien vers la Bande Annonce : https://vimeo.com/400530832

 

 

 

 

Green boys

Ce  pourrait être un " Petit Prince " du millénaire de l'exil.: Au milieu des champs de lin et des pâturages avec vue sur la mer, dans le Pays de Caux, Louka 13 ans et Alhassane 17 ans, jouent au foot, pêchent à l’épuisette, montent aux arbres, se donnent des leçons de choses. Alhassane vient de loin, Louka est d’ici mais tous deux semblent être apparus là dans le paysage instantanément,   Jour après jour ils s’apprivoisent et au rythme de l’amitié qui se noue, construisent une cabane. La cabane c’est celle que l’on bâtit en Guinée, le pays d’Alhassane, et plus que le refuge de leur enfance, elle est comme un bout d’Afrique posée là à flanc de colline.

 

2019 Cinéma du réel - Paris (France) - Mention Spéciale du Prix de l'Institut Français - Louis Marcorelles

2020 FIPADOC - Festival International Documentaire - Biarritz (France) - Sélection "En famille"

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5 mai 2020 2 05 /05 /mai /2020 06:48

de Helena Trestikova et Jakub Hejna (documentaire République tchèque, France)

 

Présenté au festival de Cannes 2019 (Sélection Cannes Classics)

 

Présenté au festival à l'Est à Rouen (du 3 au 8 mars 2020) dans le cadre de la rétrospective consacrée à Milos Forman

 

ce documentaire de 55' est en accès libre (jusque début juin) 

 

https://www.arte.tv/fr/videos/080107-000-A/milos-forman-une-vie-libre/?

Le film retrace la vie et la carrière de Miloš Forman, (1932-2018) de son enfance marquée par la mort de ses parents en camp de concentration, en passant par l’époque de la Nouvelle Vague du cinéma tchécoslovaque jusqu’à sa conquête d’Hollywood, tout cela avec, en toile de fond, les bouleversements politiques du XXe siècle.

Forman vs Forman

C’est un film qui s’est construit entièrement dans une salle de montage », a expliqué le coréalisateur Jakub Hejna. Helena Třeštíková ajoute: « Nous avons travaillé avec une centaine de sources différentes, avec des archives tchèques et étrangères. Ensuite, nous avons procédé à un travail de fourmi dans la salle de montage. Car lorsque vous disposez d’une masse tellement importante de matériel, il existe mille et une façons de compiler les images. Nous avons, donc, sans cesse retravaillé des séquences déjà terminées.

 

Images d’archives ; extraits de films, making off, interviews, albums de photo, vidéos familiales (Vera les  jumeaux et plus tard Martina ) et les voix de Milos Forman -qui s’exprime en tchèque anglais et parfois en français- et de son fils Petr

À partir de ce matériau foisonnant, nous allons suivre un parcours/carrière (où la linéarité chronologique contraste avec la pluralité des interviews éclatées dans la durée) : celui d’un homme épris avant tout de liberté.

Liberté ! Le maître mot « c’est la possibilité de douter de sa propre réalité » « la liberté elle est d’abord en soi» Et l’image du prologue -le cinéaste en polo rouge faisant du jogging dans un environnement lumineux- , viendra ponctuer ce documentaire/portrait.

Une liberté de mouvement. Est-ce parce que très tôt il fut livré à lui-même ? Orphelin à 10 ans (ses parents ne reviendront pas des camps) Est-ce parce qu’il a connu un régime qui bâillonne muselle entrave et broie ?

 

Milos Forman aurait voulu être acteur; mais il a été recalé au « concours » (une audition)  d’entrée à l’Ecole de Théâtre. En revanche il réussit celui de l’’Ecole de cinéma où il recevra un enseignement de Maîtres. En opposition farouche au « réalisme socialiste » (d’un ennui mortel) il s’inspire du néo réalisme italien. Et ses premiers films « l’audition » « l’as de pique » 1964 (vus à Rouen en mars 2020) frappent par l’authenticité quasi documentaire, par la direction d’acteurs pour la plupart non professionnels et surtout par la critique de la médiocrité des individus et de la société (un jeune, embauché pour fliquer dans une supérette: c’est bien le microcosme de la société tchèque où sévit la délation).

Ce sera le label de « la nouvelle vague tchèque » 

 

De Forman vs. Forman je retiendrai deux épisodes :

Celui de Cannes 1968 voici Milos Forman interviewé en maillot de bain (son film « au feu les pompiers » a été sélectionné). Mais Godard et Truffaut, entre autres, décident d’annuler le festival pour marquer leur soutien au mouvement de Mai 1968.  Le cinéaste tchèque se rallie à leur cause. La même année, quelques mois plus tard, entrée des chars soviétiques dans Prague.. !!!!  Ce sera l’exil aux USA

 

Et celui du tournage d’Amadeus. (date de sortie 1984) Surveillance constante indics sbires de tout poil; l’équipe est infiltrée espionnée photographiée !! Or le film ose raconter le triomphe de l’individu sur la masse. Amadeus C’est l’explosion d’un rire perçant dans le paysage monocorde de Vienne. Plus de portées, plus de notes, plus de génie, un visage insolent, unique et qui dresse malicieusement son postérieur devant les censeurs

 

On s’étonnera que « les fantômes de Goya » (2006) (film vu à Angers festival premiers Plans janvier 2018) ne soit pas mentionné. Or n’est-on pas en droit de le considérer comme un testament artistique ? Et surtout ce film ne s’interroge-t-il pas sur « les responsables des atrocités commises au nom de diverses idéologies » ??

 

Forman  vs Forman un documentaire... à voir!!

Assurément! 

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

PS J'apprends que la version TV a amputé le documentaire d'origine de 23'

Que ceux qui auraient vu le film dans son intégralité nous fassent part de leurs remarques!!!!

 

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4 mai 2020 1 04 /05 /mai /2020 05:48
Festival le Courtivore

LE GÂTEAU AU FRIGO 

C’est une évidence mais il nous faut bien vous l’annoncer officiellement, nous sommes dans l’obligation d’annuler notre festival de courts-métrages qui devait avoir lieu du 7 mai au 5 juin à Rouen et Mont-Saint-Aignan. 

C’est pour nous une grande tristesse car cette année 2020 devait nous permettre de fêter à la fois les 20 ans de notre association et la 20ème édition de son festival. Nous avions mis toute notre énergie pour vous concocter un beau programme : une centaine de films, répartis sur 20 projections (compétition, rétrospectives, thématiques), dans 12 lieux partenaires…

Après avoir imaginé de multiples scénarios, la 20ème édition aura donc lieu l'an prochain , dans un climat que nous espérons de nouveau propice à la fête et au cinéma. Nous aurons ainsi le plaisir de partager avec vous, et en salle, des films qui se mangent avec les yeux!

 

Nous nous engageons dès maintenant à conserver les 32 films sélectionnés dans les compétitions générales et jeune public . Ils se retrouveront d'office dans la programmation de 2021.

Et pour ne pas totalement se laisser gâcher la fête par le covid-19 et pour continuer à partager des films avec vous durant le mois de mai , nous vous proposons quelques films qui ont marqué les précédentes éditions du Courtivore, à visionner gratuitement en ligne via nos pages de réseaux sociaux à partir du 7 mai prochain.

 

 

 

Festival le Courtivore

Nous adressons un message de soutien à toute la profession du cinéma qui se retrouve lourdement impactée par cette crise, et avons hâte de vous retrouver dans les salles des cinémas Ariel, Omnia ou dans les autres lieux de cultures et de convivialité qui nous accueillent.

D’ici là, portez vous bien !

 

L’équipe du Courtivore

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3 mai 2020 7 03 /05 /mai /2020 08:04

Produit par Michael Moore et réalisé par Jeff Gibbs ce documentaire (2019) présenté le 22 mars 2020 (Jour de la Terre) est en accès libre jusqu'au 22 mai 2020, sur 

Youtu.be/Zk11vI-7czE

 

Planet of the Humans

Porte drapeau de la gauche radicale, vulgarisateur de Noam Chomsky!  Pamphlétaire chevalier des temps modernes!  C’est ainsi que l’on présente souvent Michael Moore. Et il est vrai que dans ses films ( Capitalism: a love story, The Big One, Sicko entre autres )  ses écrits (Mike contre attaque ou Tous aux abris) il fustige vilipende cloue parfois au pilori :le système capitaliste ses ravages mortifères

 

 Planet of the Humans dont il est le producteur et Jeff Gibbs le réalisateur, dénonce l’outrageuse fusion « écologisme et capitalisme ». S’attaquer aux énergies vertes ? Oui dans la mesure où il y a eu dès le départ un piège énorme et pervers ! Une mise en garde ! Un cri d’alarme ! « nous avons été influencés dans la bataille pour sauver la planète et si nous ne renversons pas le cours des choses , les événements comme la pandémie actuelle seront de plus en plus nombreux et insurmontables » propos de Michael Moore ..)

 

Éoliennes, panneaux solaires, biomasse ces énergies ne sont ni « propres ni vertes ni renouvelables ». Comme tout enfer est pavé de bonnes intentions, des banques, des groupes, de grosses entreprises capitalistes se sont emparés de ce label, (l’image verte) pour investir à coup de slogans et de publicités ….non par philanthropie mais par pur appât du gain.

On ne s’affranchit pas des énergies fossiles ….et partant on ne cesse de produire des émissions de gaz à effet de serre. Bien plus la manière dont certaines de ces énergies "vertes"  sont produites  saccage l'écosystème ! 

 

Et le documentaire va multiplier les interviews en illustrant in situ le propos. Jeff Gibbs à bord de son Vus sillonne les Etats d’Amérique commente (voix off le plus souvent) joue le « candide » (en mettant écologistes patrons d’entreprises banquiers face à leurs contradictions!) Au tout début du film , nous le suivons dans son parcours de militant "vert". 

Le rythme est souvent soutenu voire trépidant (parfois en accéléré) à tel point que le spectateur peut faire sienne la remarque du réalisateur « j’ai le tournis » ….

De nombreux passages écran noir vont servir de ponctuation : dans l’espace- on passe d’un Etat à un autre-, dans l’argumentation/illustration -on passe d’une thématique à une autre

 

Après une déforestation sauvage, dans un "paysage" de désolation voici  deux fantômes d’arbres : amputés ils dressent leurs moignons où s’accroche vainement un singe ; ces dernières images sur le Sacrifice de la Vie ont la  beauté sépulcrale d'une apocalypse annoncée

 

Mais le film dans  son ensemble est, avouons-le,  assez laborieux et ennuyeux

On regrettera l’impasse sur le nucléaire, et  la propension au schématisme

Et que penser des propositions sur la  "surpopulation" ???

 

Un documentaire intéressant, oui, mais loin d’être captivant !!

 

Il   va susciter - n’en doutons pas-  la controverse !!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

 

Le titre (et son graphisme) en clin d’œil à la fiction « Planet of the Apes », laisse présager le pire quant à l’avenir de l’humanité. Avec l’image finale de cet orang outan amaigri et mourant, on atteint le comble de l’écœurement que provoque le film tout au long.

 

Finalement je n’ai pas trouvé l’ensemble laborieux ou ennuyeux.

 

Je regrette que le problème de population (et de sa consommation ostentatoire) n’ait pas été creusé plus. Peut-être est-ce fait par insinuation lorsque la question rhétorique sur ce qui entre dans la "biomasse",  après avoir brûlé les arbres et les alligators…

On pense au film Soylent Green (Soleil Vert)…

À moins d’affronter ce problème, je crains qu’il n’y ait pas vraiment d’échappatoire.

 

Fabien  5/05/2020

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30 avril 2020 4 30 /04 /avril /2020 07:05

de Stany Cambot (2019)

avec Michel Lescarbotte, Jean-Marc Talbot

Produit par Christophe Hubert (l'Echelle inconnue) 

 

L'épidémie de Covid-19 a reporté ad vitam l'avant-première en salle du film «Blouma» de Stany Cambot. Et puisqu'un film vit d'être vu, Echelle Inconnue décide de le diffuser en ligne, dès maintenant, gratuitement, sous licence libre Creative Commons CC-BY-NC-ND, jusqu'à la fin du confinement.

 

https://artitube.artifaille.fr/videos/watch/bb858d2b-94f2-46b3-85a7-0c70c3c8cec3         

         

           https://vimeo.com/408941338/412d2434e5

 

          https://www.youtube.com/watch?v=B43IjMbhznU&t=1s

 

          http://echelleinconnue.net/newsweb/20200423/

"Depuis 30 ans, un bouquet de roses dans les bras, Cacahuète sillonne les nuits de Rouen. Ce soir une raison supplémentaire le pousse à traverser la ville : la recherche de " Mémoires " écrits en trois langues inconnues par son ami décédé…"

Blouma

Extérieur nuit port de Rouen, deux voix off, une voie ferrée, des mots comme des personnages sur l’écran, avant que n’apparaisse en grosses lettres  le titre Blouma, un tel prologue encode de toute évidence ce "documentaire marché en trois langues "

 

Collision des temporalités, effets spéculaires, montage parallèle, deux « destins » -celui de Cacahuète et celui de Nono. (et la porte de la chambre de l’hôtel que l’on franchit devient par métaphore celle qui donne accès au souvenir au passé) tout cela va illustrer les promenades/enquêtes auxquelles nous convie Stany Cambot

 

Cacahuète (souvent filmé de dos) arpente les rues de Rouen avec son bouquet de roses ; ses pauses dans des bars, ses discussions avec des "potes" sont le prélude à d’autres "voyages" vers un passé individuel et collectif que la parole ressuscite. Pour rendre compte de la richesse lexicale des  langues pratiquées, - manouche argot verlan louchében- le cinéaste a choisi d’incorporer les mots, leur traduction, directement dans l’image en jouant sur leur police et leur répartition (équivalent des notations infra-paginales dans un texte écrit, alors que le voix off sur l’historique la genèse serait l’équivalent d’une forme de métalangage) le mot est comme une note sur une partition, et devient un personnage à part entière

 

Cette promenade/exploration de l’espace (Rouen et certains de ses quartiers) du temps (la nuit, le passé recomposé) et de la langue (dont nous palpons la chair) est aussi profondément humaine. On devine l’empathie de l’auteur pour Cacahuète et Nono des personnages qui ont triomphé très jeunes de tant de contingences/obstacles (de gros plans sur le visage, une main qui écrit, sur la jambe de fer, sur la jante du fauteuil roulant ou même un silence habité le prouveraient aisément)

 

Après un passage écran blanc, c’est l’aube venue sur les quais ; la foire Saint-Romain s’est endormie. Dans cette dernière séquence Cacahuète seul sur l’immensité du quai vénère dans un geste ultime la Mémoire de son ami Nono…

 

Un film que je vous recommande vivement 

 

Colette Lallement-Duchoze

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23 avril 2020 4 23 /04 /avril /2020 05:42

 

La sortie de En Politica , prévue le 18 mars, est à nouveau possible grâce à la plateforme de la la Vingt-cinquième heure  qui "propose des projections en ligne, où le public peut se retrouver dans un dispositif de géolocalisation calqué sur le tissu des salles, et échanger après la séance, en direct avec les réalisateurs et / ou d'autres intervenants grâce à une visio-conférence . Les billets sont vendus en ligne et les spectateurs reçoivent un lien de connexion qui leur permet d'assister à la séance de leur choix. Ils peuvent ensuite échanger avec les intervenants en visio-conférence. Les recettes sont partagées entre l’exploitant, le distributeur, et la plateforme".

 

 

Cinéma en salles virtuelles: nouvelle sortie pour En Politica

"Le documentaire (EN POLÍTICA de Jean-Gabriel Tregoat er Penda Houzangbe ) nous sert, nous, électeurs éloignés des couloirs où se jouent les conséquences réelles de nos choix. Il nous sert à comprendre que la démocratie telle qu’actuellement comprise dans nos sociétés occidentales n’est rien d’autre qu’un outil dont l’usage s’apprend, se détourne et, irrémédiablement, consume." (slate.fr : «En Política», ou comment être élu ne suffit pas pour prendre le pouvoir).

 

Ni VOD ni streaming, le e-cinéma nous permet de revivre l’expérience collective unique de la salle de cinéma, qui nous manque tant aujourd’hui. https://www.25eheure.com/

Premières séances : 

le 22 avril à 20h15 au Méliès de Montreuil, avec les réalisateurs

le 22 à 20h15 au Lux de Caen, avec Emilio León, protagoniste principal du film

le 23 à 20h15 au Luminor à Paris avec les réalisateurs

le 24 à 20h15 au Lux de Caen avec les réalisateurs

le 24 à 20h30 au Vog de Bazas (33)

le 24 à 20h15 à l'Entrepôt à Paris

le 25 à 18h00 à l'Atalante à Bayonne avec Emilio León,

le 26 à 16h00 au Luminor à Paris

le 27 à 20h15 au Méliès de Montreuil, avec Emilio León

le 28 à 20h15 à l'Entrepôt à Paris avec les réalisateurs

le 29 à 20h15 à l'Arvor de Rennes avec les réalisateurs

le 6 mai à 20h30 au Jean Vigo de Gennevilliers avec les réalisateurs

le 7 mai à 20h15 au Bel-Air de Mulhouse avec les réalisateurs 

autres séances en préparation à Marseille, Dunkerque, Dinard, Dreux, Besançon, Sarlat, Nantes, Saint-Denis, Montpellier. Toutes les infos sur notre page.

Philippe Elusse / DHR distribution - A vif cinémas 

 


 

 

 

Autre info

Et en ce moment sur UniversCiné, plus de 200 films à 0,99 € à découvrir ici https://www.universcine.com/corner/universolidaire

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17 avril 2020 5 17 /04 /avril /2020 07:33

de Behnam Behzadi (Iran 2016)

avec Sahar Dolatshabi, Ali Mosaffa, Setareh Pesyani, Roya Javidnia, Shirin Yazdanbakhsh, Setareh Hosseini

 

Présenté au festival de Cannes 2016 (Un Certain Regard) sorti en France en juillet 2017

à voir en replay sur Arte 

Un vent de liberté

La pollution à Téhéran est telle que les écoles sont régulièrement fermées, que des malaises respiratoires peuvent être  "mortels" .La mère de Nilooflar a été hospitalisée (malgré les recommandations de ses enfants et du médecin, elle  "sort" trop et ce jour-là c’était sans sa bouteille d’oxygène).  La sentence tombe tel un couperet : ou quitter Téhéran, ou mourir. Nilooflar (35 ans)  "doit"  se soumettre aux diktats du conseil de famille (un frère violent macho, une sœur aînée corsetée dans ses principes d’épouse et de mère) ; célibataire et benjamine elle est toute désignée pour accompagner la mère... au vert ... Elle devra abandonner son atelier de couture ; elle devra renoncer à une relation amoureuse naissante... Une fois de plus dans son existence, ON a décidé pour elle. En proie à un dilemme -de type cornélien- -et c’est le coeur de l’intrigue- c’est ELLE qui finira par trancher en optant pour….(une fin à ne pas révéler)

 

L’intérêt de ce film réside surtout dans la métaphore de la "suffocation" .On suffoque à Téhéran tant la ville est polluée ; on  "suffoque" dans le microcosme familial régi par un ordre patriarcal archaïque. Nilooflar est victime de cette  "double"  pollution. Ce dont rend compte l’alternance entre scènes de rues -trafic intense, voile délétère qui fait de la capitale une ville "fantôme" - et scènes plus intimes (entre une mère aimée aimante, une soeur manipulatrice, un frère endetté, une nièce attendrissante, un amoureux apparemment transi...mais.. )

Aspirer à une forme d’émancipation, puis la concrétiser, c’est cette authentique croisade contre la soumission, que le réalisateur met en scène. On peut légitimement faire référence au théâtre car dans Un vent de liberté -comme dans les films de Asghar Farhadi d’ailleurs (Une séparation, Le passé et plus récemment le Client) le cinéaste se plaît dans les joutes verbales comme autant de dialogues à faire réciter sur une scène et il est très sensible au jeu des acteurs (visages mimiques regards déplacement dans l’espace avec zooms et légers travellings et une prédilection pour les plans séquences). Ce qui parfois exclut finesse et nuances...

 

Un vent de liberté est certes traversé par ces petits riens à valeur universelle ou symbolique ; ces cloisons qu’on abat, comme autant d’efforts pour les femmes d’abattre les barrières ? Ces fleurs et plantes que Nilooflar -au sourire lumineux (et ce n’est pas un cliché)-, arrose chaque jour, une oasis ? la préservation de la Vie à tout prix ? La complicité de la nièce, ébauche de la lutte féministe ? 

 

Mais  ce film manque cruellement de  "souffle" et verse souvent dans des clichés (cf le catalogue des personnages dits secondaires réduits à des stéréotypes..)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

J'avais vu le film à sa sortie. Et j'avais beaucoup aimé

Pas d’accord avec ta conclusion Colette.

Peu de souffle ? Ce film tient en haleine en tous cas, l’ambiance y est, étouffante par l’environnement physique, social, idéologique. 

Que les seconds rôles soient stéréotypés n’est pas choquant car cette fiction fonctionne pour nous spectateurs français comme un documentaire sur un pays où la misogynie est caricaturale.

Le réalisateur s’expose à dénoncer les rapports hommes-femmes iraniens tels qu’ils sont en réalité dans une classe sociale pourtant éduquée.

Son portrait de femme qui a du mal à sortir des préjugés du carcan familial est une réussite qui domine le reste.

 

Serge Diaz  17/04/2020

 

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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 07:04

De Michal Hogenauer (République tchèque/Lettonie/Pays-Bas) 2019

avec Eliska Krenkova (Mia) Roeland Fernhout (le père) Monic Hendrickx (la mère) Jacob Jutte (Sebastian) 

Présenté en sélection officielle au festival A l'Est (Rouen du 3 au 8 mars 2020), ce film (Tiché doteky - titre original) a obtenu le prix de la mise en scène au festival d'Aubagne (30 mars - 4 avril 2020)

 

Une jeune  fille au pair, d'origine tchèque, débarque dans une famille étrange du nord de l'Europe. Fascinée, elle participe à une opération aussi mystérieuse que malsaine dont elle ne prend vraiment conscience que lors de son interrogatoire par la police

A certain kind of silence

 Le film s’ouvre sur un long plan fixe : un bateau  et ses nombreuses voitures aux lumières clignotantes alors qu’envahissante, retentit la musique de leurs sirènes. Un concert qui déchire la nuit telle une alarme ? Alarme destinée à la jeune fille qui à bord de ce bateau s’en va vers un ailleurs ...insoupçonné… ? (Une interprétation que nous formulerons rétrospectivement quand le Silence aura imposé ses lois ).

Nous suivons dans cette séquence d’ouverture la jeune fille jusqu’à l’intérieur d’une villa cossue. Elle y sera fille au pair. Et c’est son point de vue qui nous guidera tout au long de ce film

 

Une villa  somptueuse certes  mais aux décors si froids -couleurs et mobilier- à l’ambiance si aseptisée que s’installe une forme de malaise. Impression qui se double de suspicion dès la séquence suivante : la jeune fille vue de face filmée en frontal répond à un interrogatoire (police?); nous n’entendrons pas ses réponses ; elles sont relayées par leur mise en images comme autant de flash-back et les rares réponses qui nous parviennent - destinées aux interrogateurs- sont en flagrante opposition avec la réalité vécue (surtout en ce qui concerne les sévices…infligés à l’enfant). Opposition qui rend compte d'un dilemme, et qui illustre une sorte de dislocation intérieure..

 

Le film entier est construit sur ce va-et-vient entre dualité échange fusion, passé proche-présent, réalité-mensonge. Un exercice narratif  fort habile et qui va mettre en évidence la lente descente aux enfers de Mia, depuis l'obéissance polie initiale (relation employeur/employé) jusqu'à l'anéantissement de toute barrière morale, en passant par des phases de doutes et de remise en question. Tout cela a commencé par la perte d'identité: Michaela dite Misha sera Mia : ainsi en a décidé le couple dans un énoncé plein de componction. Couple d'ailleurs sans identité propre, réduit à une fonction (le père, la mère)

 

La relation dominant/dominé prévaut dans ce système d'éducation où la moindre velléité d'émotion, d'empathie est sévèrement  réprimée, punie. C'est pour le bien de l'enfant; précepte sacro-saint partagé par tous les habitants de ce quartier bourgeois où les enfants "robotisés" sont chaque matin pris en charge (bus de ramassage n° 12853) pour se rendre dans une école "spécialisée" .

Dystopie? Il faudra attendre le générique de fin pour ....la réponse...

 

La mise en scène participe elle aussi de/à cet étrange malaise. Le cinéaste privilégie les plans fixes, construits comme des tableaux, il juxtapose souvent des séquences statiques en évitant les jeux de caméra, tout en faisant alterner plans larges et rapprochés, il joue avec les effets de miroir (au sens propre car plusieurs scènes ont pour décor la salle de bains que partagent Mia et Sebastian) ; les parents/éducateurs déambulent avec lenteur et raideur, et le déploiement d'une journée est ponctué par des "rites" . La séquence où le père en "officiant" préside une "messe" -on remet un "prix" à ...Mia...- cérémonie à laquelle sont conviés tous les voisins, des participants figés  déshumanisés, en dit long sur les ravages de l'endoctrinement!!!

 

Sobriété et froideur : un choix judicieux pour exprimer (et faire partager) le malaise que suscite inévitablement l'analyse clinique du Mal !!!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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