de Sarah Gavron (Grande Bretagne)
avec Bukky Bakray, Kosar Ali, D'angelou Osei Kissiedu, Ruby Stokes
Rocks, 15 ans, vit à Londres avec sa mère et son petit frère. Quand du jour au lendemain leur mère disparaît, une nouvelle vie s’organise avec l’aide de ses meilleures amies. Rocks va devoir tout mettre en oeuvre pour échapper aux services sociaux
Rocks c'est le surnom de Shola Joy Omotoso d'origine nigériane -admirablement interprété par Bukky Bakray
Rocks c'est un film collaboratif (cf générique de fin) ; le travail collectif en amont -scénario, dialogues; ateliers avec des adolescentes, des travailleurs sociaux- lui confère une authenticité indéniable, et le jeu des actrices -non professionnelles- illustre leur naturel, leur spontanéité -comme si elles oubliaient la caméra...
Un clin d'oeil qui fleure le marketing accompagne l'affiche "Un Ken Loach au féminin" . Est-ce parce que le thème est éminemment social, que la réalisatrice est une femme, que l'équipe technique est féminine et que le groupe des six jeunes est féminin? Un peu facile et racoleur...Non?
Abandonnée par Funke, une mère dépressive, orpheline de père depuis l'âge de quatre ans, Rocks doit à 15 ans agir en "adulte responsable": prendre en charge son tout jeune frère Emmanuel. Pour échapper aux services sociaux elle ira coucher chez des copines ou à l'hôtel, jusqu'au jour où.... Mais dès que l'adolescente est avec ses amies -Agnès, Sabina, Sumaya, Yawa, Khadijah- elle retrouve l'insouciance la légèreté, la joie de vivre tout simplement. Le prologue -auquel fera écho le plan final- met l'accent sur cet aspect; alors que le film épouse le parcours entre ces deux pôles -avec variations de plans ambiances et musiques; une caméra souvent à hauteur de visages comme pour en calligraphier les émotions, très mobile aux moments de tension, plus fixe pendant les accalmies. Ombre et lumière!
D'abord réticente à toute forme de "confession" -Rocks garde secret le départ de sa mère et veut agir seule- elle comprendra que le "vivre ensemble" s'accomplit aussi dans le partage des tourments. Solidarité et sororité. Ode à l'amitié
Et si à travers le personnage de cette jeune fille de 15 ans, Sarah Gavron fait le portrait de l'adolescence dans sa complexité (dont le découpage de visages comme support à la découverte de l'univers de Picasso, serait la métonymie) son film est aussi un hymne au multiculturalisme -les 6 amies n'incarnent-elles pas la diversité sociale, culturelle et religieuse dans la capitale britannique contemporaine?
à voir
Colette Lallement-Duchoze