30 juin 2019 7 30 /06 /juin /2019 07:00

De Monia Chokri  Canada 

Avec  Anne-Elisabeth Bossé, Patrick Hivon, Sasson Gabai, Evelyne Brochu

présenté au festival de Cannes (Un Certain Regard)

Montréal. Sophia, jeune et brillante diplômée sans emploi, vit chez son frère Karim. Leur relation fusionnelle est mise à l’épreuve lorsque Karim, séducteur invétéré, tombe éperdument amoureux d’Eloïse, la gynécologue de Sophia…

 

La femme de mon frère

Tout est exacerbé voire hystérique dans ce film de Monia Chokri (on l’avait vue comme actrice dans des films de Xavier Dolan). Rythme, montage et raccords, couleurs, dialogues – ponctués de fameuses punchlines- débités à une vitesse folle et même les références à Xavier Dolan. L’actrice Anne Elizabeth Bossé qui interprète Sophia, une trentenaire super diplômée mais sans emploi, célibataire, "amoureuse" de son frère (du moins la relation est très fusionnelle) , est aussi survoltée que le film (attention cela n’enlève rien à sa prestation !!). Et tout en riant -sans se moquer tout à fait- de ce personnage, le spectateur risque sinon d’être exaspéré (à moins que ce ne soit le but recherché par la réalisatrice) du moins de s’ennuyer quelque peu...

 

Et pourtant la scène d’ouverture était prometteuse (pour le ton et pour la façon de filmer). La présidente du jury (Sophia défend une thèse d’anthropologie sur les politiques familiales chez Gramsci) s’exprime face à la caméra dans son jargon philosophique le ponctuant de mimiques qui la transforment en pantin ridicule et névrosé puis elle sollicite l’avis des membres du jury -visages en gros plan face à l’objectif- eux aussi vite discrédités….Un prénom pour le moins symbolique (Sophia) le sujet d’une thèse comme mise en abyme du film, et les querelles de chapelles comme caricature du milieu universitaire... Règlement de comptes? Peu importe.

 

Suit une exposition sous forme de galerie de portraits (Karim le frère, et les parents assez excentriques). Nous voici immergés dans une comédie humaine (façon québécoise) dont les scènes de repas festives exubérantes mais aussi sarcastiques  seront la  "ponctuation" 

 

À partir du moment où la réalisatrice opte pour la sur-stylisation et l’outrance (dans la mise en scène comme dans les dialogues) même si des scènes empreintes de tendresse sont censées assurer un tempo, même si le personnage principal est censé évoluer (de son "infantilisme" initial à une forme de "maturité"  qui passe par l’acceptation de soi et l’acceptation de la "femme de son frère") le film dans son exubérance même a tendance à s’embourber

 

Dommage !!

 

Colette Lallement-Duchoze

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