17 juillet 2020 5 17 /07 /juillet /2020 10:29

De Frédéric Farrucci

Avec Guang HuoCamélia JordanaXun Liang

 

 

Présenté en compétition  au festival Champs Elysées (9 au 16 juin 2020) ce film  a obtenu le prix du public du meilleur long métrage français 

Paris 2018. Jin, jeune immigré sans papiers, est un chauffeur de VTC soumis à la mafia chinoise depuis son arrivée en France, il y a cinq ans. Cet ancien DJ, passionné d'électro, est sur le point de solder "sa dette" en multipliant les heures de conduite. Une nuit, au sortir d'une boîte, une troublante jeune femme, Naomi, monte à bord de sa berline. Intriguée par Jin et entêtée par sa musique, elle lui propose d'être son chauffeur attitré pour ses virées nocturnes. Au fil de leurs courses dans la ville interlope, une histoire naît entre ces deux noctambules solitaires et pousse Jin à enfreindre les règles du milieu.

La nuit venue

Domination, aliénation dues aux ravages de l'ubérisation, dans un Paris de phosphorescences nocturnes, c'est la toile de fond de La nuit venue.  Film noir, thriller, film de gangsters,  mais aussi  de romance amoureuse...! Avant tout, un film d'atmosphère(s) qu'électrise la musique de Rone

 

Voici Jin, un chauffeur de VTC d'origine chinoise, sans papier, soumis aux diktats d'un compatriote  mafieux. Nous allons suivre ses "tribulations" que scande une double dynamique : le "collectif" et "l'individualisme"  sachant que le premier (à la chinoise) est perverti et que le second (à l'occidentale) obéit au schéma de domination!!

 

Il suffit de quelques touches (repas à la va vite, dortoirs immondes, campements de migrants etc...) pour que le Paris des bas-fonds, le Paris interlope éclate dans sa torpeur et sa sordidité!!!

 

Une "romance"? Certes mais d'emblée "condamnée". Dès l'instant où Jin rencontre la call-girl  Naomi, qu'il devient son chauffeur particulier, et  qu'ils préparent leur fugue, le spectateur devine que le rêve d'évasion sera frappé d'inanité...tant ils sont pris l'un comme l'autre dans les rets de l'esclavage moderne! . 

 

les gens de la nuit vieillissent plus vite 

 

Premier long métrage de F Farrucci 

Un film choc que je vous recommande

 

Colette Lallement-Duchoze

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6 juillet 2020 1 06 /07 /juillet /2020 06:39
 De Isabel Sandoval (USA Philippines) 

Avec Isabel Sandoval (Olivia) Eamon Farren(Alex)  Ivory Aquino (Trixie)  Lynn Cohen (Olga)

Olivia travaille comme soignante auprès d’Olga, une grand -mère russe ashkénaze de Brighton Beach à Brooklyn. Fragilisée par sa situation d’immigrante philippine, elle paie secrètement un Américain pour organiser un mariage blanc. Alors que celui-ci se rétracte, elle rencontre Alex, le petit fils d’Olga, avec qui elle ose enfin vivre une véritable histoire d’amour  

Brooklyn secret

Cheveux blancs ébouriffés, mains noueuses, muette et pensive Qui est cette femme octogénaire assise seule dans cette minuscule cuisine ? Elle décroche le téléphone mural  "je veux rentrer chez moi"  une voix bienveillante la rassure "mais vous êtes chez vous Olga. Regardez le mur ; regardez la gazinière ..là où vous avez préparé …. "  Un passé recomposé dans l’instantanéité de l’échange. La voix  est celle d’Olivia ....qui  va entrer dans le champ de la caméra. Olivia l’aide-soignante.

 

Cette scène inaugurale (à laquelle répondra en écho la scène finale ...mais …) toute de délicatesse et d’émotion contenue, suggère en filigrane un essentiel -et ce sera la marque d’Isabel Sandoval. L’amnésie de la vieille babouchka, immigrée russe  vivant à Brighton Beach, Brooklyn,  n’est-elle pas à mettre en parallèle avec celle d’une Amérique oublieuse de sa propre histoire….de l’immigration ???

 

Quelques touches -dont certaines dupliquées par les effets de miroir (autre spécificité de ce film) – et c’est tout un pan de l’histoire personnelle d’Olivia qui s’impose. Transsexuelle -or son passeport la renvoie à son identité masculine- elle tente d’obtenir la nationalité américaine….Les appels répétés de "Ma" restée aux Philippines qui attend l’argent promis, les rencontres avec Trixie une amie d’enfance, la séquence au bureau de l’immigration, les infos -dont nous ne verrons pas les images sur l’écran de télévision- rappelant la politique de discrimination du gouvernement Trump, tout cela met en évidence les tracasseries administratives auxquelles fait face Olivia et les peurs qui l’habitent….

 

La relation amoureuse avec Alex -petit-fils d’Olga- est vécue avec une authenticité et une sensualité telles que la réalisatrice non seulement renverse un tabou mais fait de son héroïne une femme libre ...Relation qui est Le thème majeur de ce film : vivre intensément un amour que l’on croyait jusque-là impossible. Même si, tapie au profond, subsiste la double peur de l’expulsion et de la réaction de l’homme aimé quand il découvrira son "secret" …

 

Une esthétique minimaliste, des effets spéculaires, une répartition de l’espace -le quartier de Brighton Beach avec le passage récurrent du métro aérien et les structures métalliques de la station, et l’intérieur cloisonné tout comme Olivia a enfermé des « reliques »  tout comme elle croit avoir enfermé son « secret » : tout cela dans le contexte d’une politique migratoire toxique c’est Brooklyn Secret dont la réalisatrice -qui s’est inspirée de sa propre expérience- est aussi scénariste, monteuse et interprète

 

Un film que je vous recommande (L'Omnia aux Toiles)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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5 juillet 2020 7 05 /07 /juillet /2020 08:40

Anne Walberg est une célébrité dans le monde du parfum. Elle crée des fragrances et vend son incroyable talent à des sociétés en tout genre. Elle vit en diva, égoïste, au tempérament bien trempé. Guillaume est son nouveau chauffeur et le seul qui n’a pas peur de lui tenir tête. Sans doute la raison pour laquelle elle ne le renvoie pas

Les parfums

Fragrance et anosmie !

 

Un Tandem au départ mal assorti (cette situation renvoie au duo classique maître esclave) mais l’apprivoisement (c’est le fil narratif) ira jusqu’à métamorphoser l’un et l’autre et en faire des complices

Elle, ex diva du parfum chez Dior, qui, suite à une anosmie (qui revient d’ailleurs à intervalles réguliers,  symptôme d’une crise plus profonde) doit se contenter  de créer des ambiances olfactives ( retrouver les fragrances d’origine d’une grotte pour sa duplication ; pallier l’odeur trop forte du cuir chez un maroquinier par exemple). Bourgeoise corsetée dans ses rigides principes, elle s’oppose à son chauffeur (un homme bienveillant à l’humour bon enfant) qui a accepté ce boulot assez bien rémunéré afin de louer un appartement digne de recevoir sa fille en garde alternée. Elle,  insensible aux "plaisirs"  de la vie (alcool tabac sexe),  lui d’abord insensible aux effluves artificiels mais...

La relation qui nous est contée (loin des clichés d’une romance) repose sur un constat plaisant et même assez original.  Anne a certes du "nez" mais manque de "flair" ;  c’est l’inverse pour Guillaume…Et le rapport initial maître - valet  après quelques péripéties (dont certaines forcent le rire) sera chamboulé à défaut d’être inversé...

 

L’alternance road movie -sur les routes de France-, et pauses -consacrées au "travail olfactif » (la grosse valise à manier avec délicatesse, ce laboratoire portatif si précieux que l’on dépose dans les chambres d’hôtel) -, crée le tempo de même que certains champs contre-champs épousant la frénésie de l’un (renifler à tout prix…) vont rendre palpables la volatilité et la subtilité des "parfums" ou leurs irradiations capiteuses.

 

On retiendra aussi la musique de Gaëtan Roussel qui accompagne le duo dans la voiture qui serpente dans un tapis aux couleurs automnales de l’Alsace 2018 (vues aériennes) ainsi que la présence d’un Gustave Kervern presque méconnaissable en gérant d’une société de voitures de luxe, toujours attablé au fond d’un restaurant chinois...

 

Un film qui par-delà  son titre fait la part belle au(x) regard (s)

Un film pudique ? Oui

Lumineux ? À vous de juger...

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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2 juillet 2020 4 02 /07 /juillet /2020 15:14

De Nora Fingscheidt (Allemagne)

Avec Helena ZengelAlbrecht SchuchGabriela Maria Schmeide

 

Festival de Berlin prix du Meilleur premier film

les Arcs film festival prix du public

Benni a neuf ans. Négligée par sa mère, elle est enfermée depuis sa petite enfance dans une violence qu'elle n'arrive plus à contenir. Prise en charge par les services sociaux, elle n'aspire pourtant qu'à être protégée et retrouver l'amour maternel qui lui manque tant. De foyer en foyer, son assistante sociale et Micha, un éducateur, tenteront tout pour calmer ses blessures et l'aider à trouver une place dans le monde.

Benni

Si le thème semble assez rebattu (cf La tête haute, Mommy pour ne citer que les films les plus récents) Benni vaut surtout pour l’interprétation hors norme de la jeune Helena Zengel : une tête d’ange -cheveux blonds yeux bleus- qui va contraster -surtout dans les scènes de crise aiguë - avec la violence du comportement,  et les éructations au vocabulaire argotique. Benni une enfant de 9 ans hyperactive, un électron libre fougueux ; le titre original systemsprenger (dynamiteur de système) rend bien compte de l’énergie sauvage et indomptable qui fait  "exploser le système" (on apprend à un moment qu'elle a subi un traumatisme -viol? infanticide? et que son visage doit être épargné )

 

Crier son désarroi son manque affectif (la mère impuissante, irresponsable, "immature" diront certains) Crier Oui ! mais quand on n’entend que sa propre voix en écho… ???

Le constat est amer ; toutes les tentatives pour "canaliser la violence", toutes les tentatives d'intégration dans des structures d'accueil  (école, famille d’adoption, foyer ) semblent vouées à l’échec. Et pourtant les travailleurs sociaux ont oeuvré avec amour et patience!!! ainsi Mme Bafané (assistante sociale) ou Micha (éducateur);  mais pour Benni qui semble les "aimer"  ne sont-ils pas  que des pis-aller?

 

Le film est construit selon la dynamique tension /accalmie, qui impose un rythme binaire rémissions/rechutes, tendresse/fureur ou selon un point de vue extérieur espoir/déception. Si ce tempo est trop répétitif (et risque de lasser) force est de reconnaître que les faits ne sont pas toujours prévisibles et que la mise en scène pallie cet éventuel  "défaut"  Rythme trépidant, caméra à l’épaule qui virevolte, gros plans sur un visage désarmant, fondus enchaînés en rose (rose comme les habits de Benni) musique expressive (dissonante ou enfantine) comme reflet d’un chaos intérieur

 

Un film à voir assurément !!  (L'Omnia aux Toiles)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

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2 juillet 2020 4 02 /07 /juillet /2020 05:04

de  Marco Berger (Argentine) 2019

Avec Gaston ReAlfonso Barón Malena Irusta

 

présenté au festival Chéries Chéris ce film a obtenu le prix d'interprétation pour l'acteur Gaston Re 

Juan doit vite trouver un colocataire après le départ de son frère. C’est finalement Gabriel, son collègue charmant et taciturne, qui emménage. Ce qui débute comme un arrangement innocent se transforme rapidement en attraction naissante, puis en passion…

Le Colocataire

Une main hésitante, une caresse dérobée, deux corps sculptés dans le drapé du lit, un regard mélancolique c’est avec délicatesse que le réalisateur donne à voir l’intime du désir partagé. Une relation homosexuelle (du refoulement à son acceptation)- sublimée par une mise en scène qui privilégie le non dit, les cadrages qui enferment, la caméra fixe, les couleurs sépias et mordorées, les lumières tamisées. Le corps nu vu de dos dans l’embrasure de la porte (caméra subjective) les fesses dont on trace les contours d’un doigt amoureux, le visage qui exulte lors de la pénétration, tout cela est filmé sans voyeurisme. Et la lenteur étudiée invite le spectateur à partager comme hypnotisé une idylle entre Juan le séducteur et Gabriel le  "taiseux."  Idylle bannie par la société argentine et Juan (dans l’unique scène où la parole est cardinale) avoue ne pas vouloir afficher au grand jour son amour pour Gabriel ne pas être montré du doigt ne pas subir de quolibets "être normal"  en assumant sa relation avec Ornella

 

 

L’appartement avec ces portes qu’on entrouvre ce couloir qui structure le cheminement vers...la pièce salon où on s’affale sur le canapé avec les potes en buvant de la bière et en regardant la télé, fonctionne tel un huis clos.

De rares échappées sur la terrasse.

L’extérieur (avec la récurrence des scènes de métro, quelques plans dans l’atelier de menuiserie, et des mini séquences familiales où  Gabriel retrouve momentanément sa gamine) est traité du point purement formel -hormis pour les  plans sur les deux visages dans le  métro- comme son exact opposé  : plans plus larges, ambiances plus lumineuses,  mais d’un point de vue narratif comme un prolongement, ou un essentiel à sauvegarder (la toute dernière séquence donnera le beau rôle à l’enfant qui accepte sans sourciller dans la joie partagée, les aveux de son père Juan était mon amoureux)

ne serait-ce pas in fine le message à retenir dans un climat d’homophobie ?

 

Un film sur une passion contrariée,

Un film à l’émotion contenue mais à la sensualité farouche,

Un film que je vous recommande vivement  (L'Omnia aux Toiles)

 

Colette Lallement-Duchoze

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26 juin 2020 5 26 /06 /juin /2020 16:17
Courtivore covidéo club

Cette sortie récente de nos cocons respectifs augure des retrouvailles amoureuses et amicales, et mille façons de se réinventer.

Vécue depuis quelques mois à travers nos écrans d’ordinateur, la culture reprend enfin une place physique dans nos vies !

 

Contrarié par l’annulation de son festival mais pas vaincu, Le Courtivore, avec le soutien de la Friche Lucien et de la Ville de Rouen, improvise et inaugure son Covideo Club, trois projections de courts métrages en plein air, pour le pur bonheur de se revoir et de partager un moment de cinéma ensemble

Réservez vos mercredis soirs ! 

Et rendez-vous les 1er, 8 et 15 juillet 

à la Friche Lucien

Courtivore covidéo club

Embrassez qui vous voudrez mercredi 1 juillet 21h30

Un peu de rouge à lèvres sous le masque avant de sortir rejoindre l’elu.e de votre cœur, et vous laisser emporter par la fougue de la passion. Un baiser court mais intense, un échange de salive par procuration, dans le bon respect des gestes barrières ! Slurp 

gratuit sur réservation

 

 

Le sens de la fête  mercredi 8 juillet 21h30

Des ami-es, quelques verres, des blagues et de la musique. Quoi de mieux pour se sentir vivant-es ? 

Puisqu’il faut encore rester sages, déléguons ces moments de convivialité et effusions de sueur au grand écran devant quelques courts métrages. Du bonheur en gouttelettes que nous ne saurons bouder encore longtemps...

« Short must go on »

Gratuit, sur réservation 

Le jour d'après mercredi 15 juillet 21h30

Franchement, l’apocalypse, c’était mieux avant.

“This is the end”… Oui, et maintenant ? À quoi ressemble alors ce fameux « monde d'après »?

Tempêtes de déchets, scénarios post-Happy et jungles urbaines détachent notre cerveau en friche de l’imaginaire zombifié des films de genre.

gratuit sur réservation

INFORMATIONS PRATIQUES

Renseignements

Association Courtivore 

festival@courtivore.com

07 81 63 34 85

Réserver vos billets

La Friche Lucien

Place Carnot, site SNCF Saint Sever, entrée rue Malouet, Rouen

Accès F1 arrêt Champlain, ou métro Joffre Mutualité

Entrée gratuite

CB et monnaie acceptées au Troquet et à la Cantine

www.lafrichelucien.org

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23 juin 2020 2 23 /06 /juin /2020 12:11

film documentaire de Matthieu Bareyre (2019)

Musique Raps FaTyo, Swip&Daks le Vrai;  Vivaldi 

 

Présenté au festival de Locarno

 

Du Paris de l’après-Charlie aux élections présidentielles; une traversée nocturne aux côtés de jeunes qui ne dorment pas : leurs rêves, leurs cauchemars, l’ivresse, la douceur, l’ennui, les larmes, la teuf, le taf, les terrasses, les vitrines, les pavés, les parents, le désir, l’avenir, l’amnésie, 2015, 2016, 2017 : l'époque

 

L'Epoque

Rose Soall Mel Nico Luz Alexandra Solene Coraline Axelle Camille Eléonore c’est à eux et à tous les autres que ce film est dédié (cf générique de fin).

Mais qui sont-ils ? Quels sont leurs désirs ? Leurs attentes ? Le film se focalise sur ces jeunes encore étudiants ou chômeurs ; dealers ou activistes – non violents ou membres des Black Blocks ; il nous invite à cheminer avec eux dans leur errance nocturne dans le Paris des bars des rues de la Place de la République ou dans les banlieues. Mais aussi  dans leur affrontement avec les forces de l’ordre lors de manifestations

Et le montage -où la récurrence du thème musical emprunté à Vivaldi et le passage écran noir servent de raccord- permet de mettre en évidence -progressivement- leur angoisse dans une forme de kaléidoscope (la fragmentation dans toutes les acceptions de ce terme comme fil conducteur?)

 

C’est quoi l’époque ? Les poks (peut-on lire sur la jambe de Rose qui a métamorphosé sa peau en syllabaire) ; le pok comme le bruit d’une matraque, le « son d’un mec qui a le crâne creux »

C’est quoi vos rêves ?

« j’ai pas de haine mais si tu savais comment j’ai le feu » (Rose)

 

C’est la nuit. Douleurs, malaises, obsessions (Etat, violences policières) désirs s’entremêlent dans cette ivresse qui embrase le cœur autant que le corps de ces noctambules. La caméra de Matthieu Bareyre filme parfois au plus près les visages comme si elle s’emparait de ces mots arrachés ou de ces regards comme hébétés d’extase (cf la DJ capable de partir au bout du monde emportée par le son…) Fixer l’instantané !

Certains discours   reproduisent le credo  parental tout en le dénonçant, d’autres légitiment le recours à la casse tout en sachant que c’est illégal (il faut provoquer la peur tout comme ils nous font peur en nous contrôlant il faut faire du déficit faire des choses inutiles comme casser. La peur comme moyen d’entente ???

 

C’est la nuit. Une nuit en bleu et rouge. Bleu des gyrophares et rouge fumigène. Nuit des reflets ou effets spéculaires sur les eaux de la Seine ou les flaques ruisselantes.  Mais aussi rose (celui du bonnet de....Rose) et fuschia (celui de son écharpe) Rose interviewée -et longuement- à plusieurs reprises ! Cette Française d’origine africaine, qui déplore ces contrôles dont elle est régulièrement victime, qui sait le pouvoir des mots, -elle recommande d’ailleurs aux jeunes de les maîtriser, et c’est sur un de ses podcasts que se clôt le film

 

L’époque

Une balade aux portes de la nuit,

Une ballade d’avant l’Aurore ?

 

L'époque, un documentaire  qui en dit plus sur un "état d'esprit" que tous les commentaires des "sachants" (sociologues historiens psychologues) qui paradent sur les plateaux de télévision ....

 

A voir absolument

(cinémutins  www.cinemutins.com)

 

Colette Lallement-Duchoze

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17 juin 2020 3 17 /06 /juin /2020 06:34

Depuis le 19 mai, Normandie Images vous offre un film par semaine.
Vous pouvez voir un court métrage de fiction, un film documentaire (soutenus par le fonds d'aide de la Région Normandie en partenariat avec le CNC), un film d'atelier d'éducation et des pastilles “je me souviens” constituées de films d'archives amateurs.

Chaque film sera visible pendant une semaine en « Une » du site, avec la possibilité de revoir les films des précédentes semaines jusqu'à la fin septembre 2020.
 

Programme des 4 E-séances à venir :

Mardi 16 juin
La Chair de ma chère court métrage de Calvin Antoine Blandin

Mardi 23 juin
Cordes et liens film d'atelier d'Arthur Shelton

Mardi 30 juin
Casa documentaire de Daniela De Felice

Mardi 7 juillet
À vos marques, prêts, partez ! montages de films amateurs


bonne découverte et bonne E-séance à tous,
l'équipe de Normandie Images

 

 

 

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16 juin 2020 2 16 /06 /juin /2020 08:53

de Guillaume Brac

avec Eric Nantchouang, Salif Cissé, Edouard Sulpice

 

Présenté en compétition au festival Champs Elysées (du 9 au 16 juin)

champselyseesfilmfestival.com

a obtenu le Prix de la Critique 

 

Paris, un soir au mois d'août. Un garçon rencontre une fille. Ils ont le même âge, mais n'appartiennent pas au même monde. Félix travaille, Alma part en vacances le lendemain. Qu'à cela ne tienne. Félix décide de rejoindre Alma à l'autre bout de la France. Par surprise. Il embarque son ami Chérif, parce qu'à deux c'est plus drôle. Et comme ils n'ont pas de voiture, ils font le voyage avec Edouard. Évidemment, rien ne se passe comme prévu. Peut-il en être autrement quand on prend ses rêves pour la réalité ?

A l'abordage

Rappelez-vous Contes de juillet -romances presque rohmériennes interprétées par des élèves du Conservatoire

Ici encore le réalisateur fait jouer des élèves du Conservatoire national supérieur d’art dramatique (éblouissant Edouard Sulpice dans le rôle de ce  "chauffeur blablacar", maladroit et coincé, lui le "chaton à sa maman" ; fantastique Salif Cissé tout en rondeurs face à l’exubérant Eric Nantchouang)

 

Le titre ? la formule empruntée à la marine est reprise, mais délestée de sa connotation pirate, lors d’une scène de spectacle de rue pour enfants : l’actrice/clown tente en le ratant plusieurs fois l’assaut sol/estrade et les gamins de s’esclaffer.

C’est métaphoriquement un coup d’envoi, un assaut, une façon d’aborder l’autreet qui concernera autant Felix que ses deux comparses !

 

Une  "romance" estivale, telle une tranche de vie à la fois pudique légère et grave (en filigrane se lit tout un contexte social fait de clivages culturels)

Une  "rencontre" avec l’autre que l’on apprivoise et qui est aussi rencontre avec soi-même. (Félix accepte les limites de son amour exclusif, Edouard se désinhibe alors que Chérif vit intensément la délicatesse d’une relation avec une maman seule (Ana Blagojevic)

 

Tournée en extérieur, cette chronique à l’ambiance souvent bon enfant d’un camping, d’ébats dans la rivière, (nous sommes dans la Drôme) d’un karaoké (Aline…) est pleine d’une humanité, tendre et empreinte d’humour,  à la fraîcheur de "jouvence" 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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13 juin 2020 6 13 /06 /juin /2020 12:20

de Camilo Restrepo (Colombie) 

Avec Luis LozanoFernando Úsaga HiguítaCamilo Restrepo

 

prix GWFF du meilleur premier long métrage à la Berlinale (février 2020)

 

En compétition au 9ème festival 

Champs-Élysées Film Festival - 9-16 juin 2020 

A obtenu le prix du jury : meilleur réalisateur

 

(Le réalisateur s’est lié d’amitié avec Pinky et l’a convaincu de jouer lui-même son propre rôle dans le film.)

Medellín, Colombie. Pinky est en fuite. Il vient de se libérer de l'emprise d'une secte religieuse. Il se trouve un abri de fortune et un petit boulot dans une fabrique de t-shirts. Trompé par sa propre foi, il questionne tout. Mais alors qu'il tente de reconstruire sa vie, il est bientôt rattrapé par des réminiscences violentes qui demandent Revanche.

Los conductos

Halluciné et hallucinatoire, réaliste et fantastique, ce film à la narration fragmentée, au mélange  d'"onirisme narcotique et de mysticisme lyrique" , et où s'entrelacent, se superposent   géographie d'une  ville post industrielle  et géographie mentale, ne peut laisser indifférent.

 

La scène d'ouverture est assez déroutante. Extérieur nuit noire, bleutée; ombre portée d'une arme à feu; détonation; zooms sur le rouge d'une blessure et le rouge du réservoir à essence d'une moto. Et pendant presque 10 minutes absence de paroles et impossibilité d'identifier les silhouettes....Nous allons suivre le "meurtrier" (d'abord une ombre puis un visage casqué); il est en cavale; seul sur l'autoroute!  Rythme accéléré! Pétarades! 

 

C'est alors que sa voix intérieure va tenter d'expliquer cette fuite. Oui Pinky a fait partie de la secte des "élus" sous l'égide -voire la férule- d'un gourou, le "père" qu'il vient de tuer ; oui il a été comme envoûté;  oui ce groupe a commis des crimes; il est temps de  s'en affranchir. Y parviendra-t-il?. Est-ce possible de se libérer de ces chaînes? C'est à un "voyage initiatique"  que nous convie Camilo Restrepo dans "Los conductos" 

 

Aux scènes dites réalistes, le réalisateur préfère des ambiances (obscurité, jeux d'ombre et de lumière, étincelles qui illuminent la ville vue en plongée; gestes répétitifs des ouvriers dans un atelier de contrefaçon). Il privilégie les gros voire très gros plans (roue de la moto, visage ou regard de Pinky, bottes des soldats qui défilent, boules de cuivre, cigarette que l'on roule.., doigt qui crochète,  trou dans le mur de la cave qui sert d'abri et en écho trous de la chaussée qui donnent accès à des forces chthoniennes (?)) comme autant de détails qui dans des plans d'ensemble perdraient leur pouvoir évocateur, symbolique ou métaphorique. Les lignes verticales alternent avec les horizontales et les formes ovales! Jeux sur  la gémellité   (cf affiche). Tout cela au service d'un montage dit impressionniste

Un montage qui suggère plus qu'il ne décrit, un montage où se mêlent la mémoire du protagoniste et celle de son pays la Colombie, le présent -celui d'une survie - transfiguré par des visions (certaines dues à la drogue), le présent confronté à un passé revisité, ou à la perspective d'un futur en marche ("au lieu de tuer ses fils, la Colombie ne peut-elle pas les rendre dignes de vivre ?) et le film se clôt -après la confrontation avec Revanche - sur un poème de Gonzalo Arango 

 

​​​​​​​On pourra toujours reprocher une  tendance à la  logorrhée philosophique (d'autant que celui qui profère et professe semble réciter)  ainsi que les similitudes avec le Christ qui s'exprimait en recourant aux paraboles (ici Pinky "racontant"  l'histoire des mendiants); mais l'abscons de la parole allégorique est  transcendé par le lyrisme omniprésent, les trouvailles de Guillaume Mazloum (éclairages photos)  et la partition originale d'Arthur B Gilette

 

Le festival international de Mar del Plata (fin 2019) qui a récompensé le film, a salué "sa vision personnelle du monde qui a une dimension esthétique politique et humaine et sa propre langue cinématographique" ​​​​​​​

 

A voir absolument!

 

 

Colette Lallement-Duchoze 

 

 

Los conductos
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Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

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