2 juillet 2021 5 02 /07 /juillet /2021 05:51

Auteurs & réalisateurs : Sima Khatami et Aldo Lee  France. 2019. 

// Image & son & montage : Sima Khatami, Aldo Lee // Production & diffusion : Laurence Milon, La Huit Production, Centre Pompidou, ViàVosges 

 

« Être Jérôme Bel », chorégraphe hors norme | Documentaires | Mediapart

 

Je ne juge pas les gens sur leur virtuosité mais sur leur rapport à la danse, leur rapport au monde. » Travailler le corps dans l’espace, c’est la signature de Jérôme Bel, figure majeure de la danse contemporaine depuis le milieu des années 1990. Ce portrait réalisé sur quatre années par Sima Khatami et Aldo Lee souligne sa radicalité, son rapport à la norme et à l’excellence. Ses ambiguïtés aussi. En partenariat avec Tënk, plateforme du documentaire d’auteur.

Etre Jérôme Bel

 

« L’opéra, c’est basé sur l’excellence. Toujours. La danse veut que l’on soit toujours meilleur. » Des corps parfaits, majoritairement blancs, souvent blonds, corsetés dans une norme esthétique où s’effacent l’effort, la douleur, le plaisir, les différences. Et voilà Jérôme Bel qui « ne supporte plus le côté normatif de la danse » ; qui veut montrer tout le monde sur scène, voire personne. Et pourquoi pas ? « Je veux qu’on se demande : “Qu’est-ce qui se passe ?” » Cela donne des spectacles où il déconstruit les conventions et où certains crient à l’imposture, quand d’autres saluent l’audace ou le génie.

Le portrait que Sima Khatami et Aldo Lee dressent de Jérôme Bel au travail aurait pu être hagiographique. Mais les deux réalisateurs sont parvenus, au fil des répétitions, des réunions, des réflexions… et de quatre ans de tournage, à bousculer le personnage, à le saisir là où il ne s’attendait pas. Mais Jérôme Bel sait aussi faire la pirouette.

 PAR TËNK & MEDIAPART

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1 juillet 2021 4 01 /07 /juillet /2021 07:49

Premier long métrage de  Chloé Mazlo (France, Liban Italie 2020)

avec Alba Rohrwacher, Wajdi Mouawad 

 

film sélectionné à la 59ème édition de la Semaine de la Critique (festival de Cannes 2020)  et présenté au festival du film francophone d'Angoulême 2020

Dans les années 50, la jeune Alice quitte la Suisse pour le Liban, contrée ensoleillée et exubérante. Là-bas, elle a un coup de foudre pour Joseph, un astrophysicien malicieux qui rêve d’envoyer le premier Libanais dans l’espace. Alice trouve vite sa place dans la famille de ce dernier. Mais après quelques années de dolce vita, la guerre civile s’immisce dans leur paradis...

 

Sous le ciel d'Alice

 

Je veux parcourir avec vous le chemin qui mène au ciel

 

En s’appuyant sur l’histoire de sa grand-mère, la réalisatrice décrit le bonheur puis la dislocation d’une famille ; Sous le ciel d’Alice est moins un film sur la guerre civile qui a éclaté au Liban en avril 1975 que sur le désenchantement

 

Alice est sur le bateau qui la ramène du Liban en Suisse  -ce plan reviendra à intervalles réguliers comme pour scander la narration- ; elle écrit, elle s’adresse à son mari, elle dit son désarroi en même temps qu’elle revit la période enchantée depuis son départ de sa Suisse natale en 1955, son arrivée au Liban, la rencontre avec son futur mari, la naissance de leur fille, puis la guerre

Pour illustrer son passé lumineux la réalisatrice utilise à la fois des images d’animation (stop motion) et des prises de vues réelles (même si le film a été tourné à Chypre pour les extérieurs et en studios pour les intérieurs). Le ton est léger les couleurs celles d’un conte naïf . Ces "écarts" iront s’atténuant à mesure que s’installe l’angoisse due à la tourmente de la guerre. Ecarts que d’aucuns vont certainement fustiger…dénonçant le décalage entre la légèreté -de la forme- et le tragique du contenu. Dissonance ? On sait le débat frappé d’inanité (depuis le Castigat ridendo mores  jusqu’au film de Benigni  la vie est belle en passant par les aphorismes de Montesquieu et plus tard de Nietzsche). Ecoutons la réalisatrice  « je ne voulais pas nier les drames, la violence mais il m'importait de les évoquer avec cette retenue teintée d'humour que m'avait transmise ma famille. Avec ce récit, la mixité des techniques prenait tout son sens et j’ai décidé d’utiliser le stop motion quand cette technique était nécessaire comme un effet spécial …(cf le dépliant mis à votre disposition dans le hall de l’Omnia)

 

Alice aura été plus que séduite par un pays chaleureux et joyeux, le Liban (On a du mal à comprendre pourquoi on tombe amoureux d’un pays qui n’est pas le nôtre. commente la réalisatrice)  Dès lors ses réticences quand sa fille décide de rejoindre son amoureux en France ou quand son mari, pour la protéger, l’exhorte à retourner en Suisse sont tout à fait justifiées !!!

 

Chloé Mazlo -qui a la double nationalité française et libanaise- dédie au pays de ses ancêtres, le Liban,  un hymne vibrant de couleurs de fragrances et de musique. Mélange heureux de poésie (son film a parfois les allures d’un conte) de théâtre (les deux personnages principaux interprétés par Alba Rohrwacher et Wajdi Mouawad semblent évoluer sur une scène dans le minimalisme de leurs paroles et de leurs gestes et le refus du "naturalisme")  et de danse (entendons que la guerre elle-même si elle est chorégraphiée n’en élude pas moins la force incommensurable de la solidarité et de l’hospitalité)

 

Un film que je vous recommande

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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28 juin 2021 1 28 /06 /juin /2021 07:01

Documentaire réalisé par Hassen Ferhani (2019) Algérie, France, Qatar

En plein désert algérien, dans son relais, une femme écrit son histoire. Elle accueille, pour une cigarette, un café ou des œufs, des routiers, des êtres en errance et des rêves. Elle s'appelle Malika

143 Rue du Désert

Le sable qui envahit presque tout l’espace, un filet cranté d’or qui le sépare d’un ciel à peine tourmenté, c’est sur cette infinitude de l’horizon que s’ouvre le film ; la durée  de ce plan fixe épousera le cheminement d’une « silhouette» qui se dirige vers une cahute en ciment, alors qu’aux tout premiers plans de ce lieu « improbable » se dessine la ligne horizontale d’une route sur laquelle filent un puis deux camions.

C’est le prologue.

Nous sommes au 143 rue du désert (sur la route reliant Alger et Tamanrasset )

 

La  "buvette" est tenue par Malika (la reine) une femme à la corpulence impressionnante, au verbe haut, au rire moqueur, au pragmatisme éprouvé. Cette gardienne du vide (comme la surnomme le facétieux Chawki) avec pour seuls compagnons Mimi, la chatte et les chiens,  filmée de face ou de profil, assise le plus souvent, à l’intérieur, est à l’écoute de tous ces  "voyageurs" -Camionneurs routiers imams militaires touristes et même une motarde polonaise ou un groupe de musiciens-chanteurs-. qui lors de leur périple s’octroient une pause (thé omelette). Les propos échangés avec la "maîtresse du logis"  sont apparemment anodins mais on devine que ces micro-histoires dessinent en creux l’histoire de l’Algérie  -un discours de Boumedienne est d'ailleurs retransmis sur le petit écran d’un portable- avec ses périodes troubles de terrorisme, ses problèmes de chômage de corruption et le sort des immigrés subsahariens. Le travail documentaire ne consiste-t-il pas à laisser ces "vies" -et surtout celle de Malika qui les capte et les enregistre,  à s’immiscer dans le plan, la caméra à juste distance (comme dans le film précédent dans ma tête un rond-point)?

 

Le 143 rue du désert , c'est un "refuge" de 20m2 rudimentaire, monacal (une table deux chaises un réfrigérateur quelques ustensiles) avec des ouvertures (fenêtres et porte) dont la portée symbolique est d’emblée soulignée, mais qui variera selon la position de Malika (à l’intérieur ou à l’extérieur) selon la distance, les moments de la journée, les lumières (de jour et de nuit). Cadre dans le cadre que le cinéaste filme avec cet art de la composition -auquel il nous a habitués-. Chawki à un moment improvise un parloir à travers la fenêtre grillagée ; une improvisation qui joue sur le détournement (ressort du comique) et qui pose aussi le problème de la « vérité et du mensonge » (portée plus philosophique) -le même problème que soulevait d’ailleurs Amou dans le film  Dans ma tête un rond-point  « je ne mens pas mais je ne tombe pas dans la vérité »

 

Solitude et aridité … En captant des atmosphères, des lumières, des musiques et des paroles le cinéaste les aura transformées en un souffle semblable à l’Esprit du lieu, et qu’incarne cette femme hors du commun

 

 Résiste comme tu as toujours fait  c'est l'exhortation de Chawki  quand Malika  apprend l’ouverture, non loin de son mini "commerce" , d’une station-service…..

 

Mais  les derniers plans laissent présager le pire...

(à moins que…)

 

Colette Lallement-Duchoze

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25 juin 2021 5 25 /06 /juin /2021 07:42

De Byambasuren Davaa  (Mongolie Allemagne 2020)

Avec Bat-Ireedui Batmunkh, Enerel Tumen, Yalalt Namsrai, Algirchamin Baatarsuren, Ariunbyamba Sukhee, Purevdorj Uranchimeg, Alimtsetseg Bolormaa, Unurjargal Jigjidsuren 

En Mongolie, le père d’Amra, chef des derniers nomades, s’oppose aux sociétés minières internationales à la recherche d’or dans les steppes. Après sa mort dans un tragique accident, son fils entreprend de continuer son combat mais avec les moyens d’un garçon de 12 ans…

Les racines du monde

Plaines immenses, montagnes à l’horizon, îlots de verdure, terre poudreuse, tels sont les paysages que traverse Erdene à bord de sa « Mercédès » rouge (séquence d’ouverture) Mais les mottes de terres, les bossèlements et les trous qui défigurent une beauté naturelle ne sont-ils pas des stigmates, écorchures de douleur provoquées par les engins excavateurs ? Un paysage lacéré dans sa permanence séculaire et tutélaire mais aussi (et c’est bien pire) voici que toute une vie aux rythmes très précis risquerait de disparaître....

Quand le dernier filon d'or aura été tiré de la terre, le monde tombera en poussière

Quand l’enfant est à l’école, la mère s’occupe du troupeau de chèvres et de la fabrication de fromages (la répétition des mêmes gestes la cinéaste la filme sous des angles différents tout en opposant la compacité du troupeau -vu en frontal ou en plongée- à l’individualité du personnage féminin).  Mécanicien, le père milite aussi pour la préservation des terres ancestrales ; or son militantisme se heurte au pragmatisme de sa femme et à celui de ses congénères (pressions et misère les contraignent à signer leur avis d’expropriation)

 

Et pourtant le film ne verse pas dans la facilité du manichéisme. Pourquoi ? en optant pour un mélange de documentaire et de fiction et en adoptant le point de vue de l’enfant, la cinéaste met en exergue nuances et complexité tout en dénonçant les effets pervers de l’exploitation effrénée des richesses aurifères. Et la narration obéit à une dynamique interne scandée en deux mouvements

Dans un premier temps, Amra, tout en respectant les traditions transmises par le père (et la scène récurrente de l’arbre aux prières et aux khatags le prouverait aisément) rêve d’un ailleurs dont le concours de chant ouvrirait les portes. Le combat des adultes ne l’intéresse pas ; technologies modernes - téléphones portables-  et traditions font bon ménage. Une première partie placée sous le signe de l’insouciance de la sérénité (hormis certains propos échangés entre les époux concernant un .... déménagement). La mort du père, et le sentiment de culpabilité font voler en éclats ce rêve ; et c’est aussi l’enfance d’Amra qui à jamais s’effrite. Scènes plus ténébreuses à l’instar de ces descentes au fond de puits : délaissant l’école l’enfant aide les ninjas -ces mineurs clandestins- lui le nouveau « père » doit subvenir aux besoins de la famille. La dernière partie du film jouerait-elle le rôle d’épilogue ? Certes le « triomphe » d’Amra (à la télévision) est étroitement lié à son interprétation de la chanson « les rivières d’or ». Mais les paroles « l’or est un puits de souffrance » n’ont-elles pas une résonance particulière pour qui a en subi les douleurs torturantes  dans sa chair ?

Sa voix emplit l’espace sonore alors que …. sur cette « terre gorgée d’or », défilent des images d’excavateurs !!

 

Une fable émouvante qui s’adresse à tous les publics -dont les enfants

Un film qui allie contemplation et dénonciation

Un film qui frappe par la maîtrise des cadrages et des ambiances (pour exemple, le traitement des scènes à l’intérieur de la yourte dont les éclairages et clairs obscurs évolueront en fonction de ce voyage intérieur )

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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25 juin 2021 5 25 /06 /juin /2021 03:49

 

Du cinéma iranien, Abbas Kiarostami est sans doute l’une des figures les plus connues. Le Centre Pompidou à Paris lui offre d’ailleurs une rétrospective intégrale jusqu’au 26 juillet. Ce cinéma, un des plus fertiles au monde, n’hésite pas à traiter d’affaires culturelles, sociales ou politiques très contemporaines. Pour donner à voir ce pays et la richesse de sa production cinématographique, le festival Cinéma(s) d’Iran ouvre mercredi 23 juin sa huitième édition (il s’achèvera le mardi 29 juin) au Nouvel Odéon, 6 rue de l’École de médecine, à Paris. Une édition sans la présence des réalisateurs cette année, mais qui propose plus de vingt films de fiction, documentaires et courts métrages.  PAR LE FESTIVAL CINÉMA(S) D’IRAN & MEDIAPART

Mediapart s’y associe de nouveau en diffusant plusieurs courts métrages. 

 

Aujourd’hui, Tattoo réalisé par Farhad Delaram en 2019. Lors d’un examen de routine pour renouveler son permis de conduire, une cicatrice et un tatouage plongent une jeune Iranienne dans une situation inextricable…

Festival iranien Tattoo  (court métrage)

 

Court métrage iranien (1/3): « Tattoo » | Documentaires | Mediapart

 

Le site du festival Cinéma(s) d'Iran est ici. Et toute la programmation détaillée, .

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18 juin 2021 5 18 /06 /juin /2021 12:43

Documentaire d'Eléonore Weber 2020

Texte dit par  Nathalie Richard 

 

Mention spéciale du Prix de l’Institut Français au festival Cinéma du Réel 2020

 

Le documentaire  repose sur des vidéos enregistrées par les armées américaine et française en Afghanistan, en Irak, au Pakistan… L'intervention a lieu sous nos yeux. Jusqu'où peut mener le désir de voir, lorsqu'il s'exerce sans limites?

 

Il n'y aura plus de nuit

 

Dissimulé dans un bunker au Nevada traquant les terroristes à abattre, le pilote de drone français (interprété par Grégoire Colin) actionne un bouton dès que la « victime » est dans le viseur ; c’était dans Full Contact un film du Néerlandais David Verbeek (2015) qui analysait les conséquences d’un choc post traumatique (le pilote avait bombardé une école…. trop habitué à « ne pas se poser de questions ») Fiction ??

Quand WikiLeaks révèle les « bavures » de l’armée américaine en Irak (bavure, encore un euphémisme destiné à maquiller la sordidité du réel !!) son auteur Julian Assange subit les foudres des USA (au nom du « secret d’Etat ») et…vous connaissez la suite…depuis 2010...

 

Pour réaliser « il n’y aura plus de nuit » Eléonore Weber a utilisé des images militaires mises en ligne par des soldats eux-mêmes (sur YouTube et autres sites accessibles) ou par les armées (valorisant une « nouvelle arme ou une nouvelle technologie ») ou encore par la police canadienne sur son propre site ; et la longue liste apparaîtra dans le générique de fin. Mais certaines resteront « inaccessibles »

Son but ? J'ai choisi de me concentrer sur la question du regard, de la nature de ces images et des effets qu'elles provoquent, du type de représentation du monde qui y est proposé. Il s'agit d'interroger la guerre comme construction d'un ensemble de formes. Et il me semble que, au-delà des enjeux géopolitiques spécifiques, ces technologies et ces modes de représentation préfigurent un monde qui vient

 

Voici des pilotes en opération (expression euphémisante qui désigne des pilotes de guerre formés aux nouvelles technologies mortifères). Nous ne les verrons pas mais nous entendrons leurs propos quand ils s’approchent de leurs « cibles » - des terroristes (forcément ! même s’il s’agit de simples civils ou de journalistes) : comment déceler le « vrai » avec ces caméras infrarouges qui confondent jour et nuit, où un humain est devenu un spectre, une silhouette qui scintille, tout comme ces montagnes alentour. Plus ces pilotes sont censés « voir » moins ils détectent la « réalité »

 

Dès lors se met en place tout un système de « duplications » : image réelle et image archivée, regard humain et caméra, caméra et canons de l’hélico de combat, (le commandant de bord visionne les images derrière ses lunettes connectées à la caméra, elle-même reliée au canon mitrailleur) œil du filmeur-tueur et œil du spectateur-voyeur (l’écran de la caméra qui s’agrandit aux dimensions de l’écran de la salle)

Les êtres qui fuient savent-ils qu’ils sont visés ? Le filmeur (hors champ) n’est-il pas aussi le tueur ? le spectateur -voyeur- serait-il complice de ce « désir de voir » ?

 

Eléonore Weber a délibérément gommé tout contexte géo-politico-militaire, afin de questionner notre rapport à l’image, elle invite à nous interroger sur nos propres perceptions, nos propres désirs, nos propres relations plus ou moins instinctives, plus ou moins formatées, avec ce à quoi nous  assistons.

A cet effet participe aussi le commentaire apparemment neutre et distant (voix aux accents durassiens de Nathalie Richard) qui, entre autres, rapporte les propos d’un pilote (Pierre V) interrogé sur le bien-fondé, la préparation de telle opération, sur le « ressenti » des pilotes-tueurs, sur l’interprétation des images archivées.

Et le constat sans appel « Les pilotes ne tirent pas sur des humains, mais sur des silhouettes sans visage » impose hélas ! l’analogie avec les jeux vidéo…

 

Tragique constat d’une déshumanisation généralisée : pilote tueur sans visage, êtres humains réduits à des silhouettes spectrales, qui d’une seconde à l’autre seront à jamais anéanties…

 

Un film intrigant (où l’on voit la caméra thermique détecter toute présence vivante grâce à la chaleur que dégagent les corps) dérangeant et glaçant par sa dominante gris-blanc métallique (et comme la caméra n’enregistre pas le son, la détonation mortelle se lira dans un nuage argenté…)

 

Quid de la personne ? elle n’était qu’une cible à abattre !!!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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15 juin 2021 2 15 /06 /juin /2021 06:17

de Chloé Zhao (E-U 2020)

 

avec Frances McDormand, David Strathairn

 

Lion d'Or Venise

Triple récompense aux Oscars 

Après l’effondrement économique de la cité ouvrière du Nevada où elle vivait, Fern décide de prendre la route à bord de son van aménagé et d’adopter une vie de nomade des temps modernes, en rupture avec les standards de la société actuelle. De vrais nomades incarnent les camarades et mentors de Fern et l’accompagnent dans sa découverte des vastes étendues de l’Ouest américain

 

Nomadland

 

Osons l’affirmer sans ambages ; ce film -un road movie initiatique ? - encensé par une critique dithyrambique ne saurait être le film de l’année, ni le film à voir absolument 

 

Certes la réalisatrice en adaptant Nomadland : Surviving America in the Twenty-First Century de Jessica Bruder renoue avec une tradition de l’Amérique -Les nomades sont les héritiers de nos pionniers, ils perpétuent avec dignité la tradition de l’Amérique, dit la sœur de Fern ; des nomades solitaires mais solidaires. De même qu’elle renoue avec les  "origines"  du cinéma américain

Certes l'actrice Frances Mc Dormand incarne avec brio une veuve qui parle peu mais dont le regard et le sourire sont constamment à l'écoute de l'Autre 

Certes dans ce road movie une attention spéciale est accordée aux paysages : ils ponctuent et scandent la « narration » (encore que filmés à différents moments du jour, ils s’apparenteraient souvent par leur chromatisme à des cartes postales et ce faisant sont traités comme des décors -certains somptueux!!- et non comme des personnages)

 

Mais que de mièvrerie (musique incluse) !

Les conséquences tragiques de la crise de 2008 semblent éludées sous le vernis de la « résilience » 

Et ce n’est pas en mettant bout à bout des bribes d’existence (de survie ?) (Fern déféquant, Fern grelottant de froid ou se sustentant de soupes en conserve, Fern employée chez Amazon ou dans la restauration rapide) ni en exhaussant le minimalisme au rang de principe esthétique, que le film serait « réaliste »

 

Empathique le film l’est assurément

Mais hélas lénifiant !

 

Un bémol :il inviterait à une réflexion sur l’exil et l’errance -dont témoignent la construction circulaire, et le credo « I’m houseless, not homeless » -,

Mais une réflexion hors écran, hors champ !

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

 Ps je vous recommande  l'article d'Erik Wahl  Nomadland : un avant-goût du monde d’apprêt (diacritik.com)

 

 

 

 

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13 juin 2021 7 13 /06 /juin /2021 04:31
20ème festival du court métrage Rouen & Mont-Saint-Aignan 23 juin-9 juillet 2021

 

Cette année 2021 n’est pas plus réjouissante que la précédente mais notre détermination à organiser ce festival est intacte. Certes, nous allons revoir quelques ambitions à la baisse : moins de soirées thématiques, pas de buffets à partager à la sortie des séances, des jauges sûrement réduites… Mais reste à venir le vrai bonheur de pouvoir enfin se retrouver en salle pour voir des films et partager des émotions tous ensemble.

Alors maintenant reprenons le fil de cet édito qui devait initialement célébrer la longévité du Courtivore pour sa 20eme édition, toujours portée par la passion et la motivation d’une courageuse petite équipe de bénévoles, vingt et un ans après la création de l’association Courtivore en 2000 par quelques étudiants et employés de l’Université de Rouen.

Avec le temps, le festival a bien grandi et s’est professionnalisé, perdant petit à petit son étiquette d’association estudiantine. Il se déroule dans de belles salles de cinéma (Ariel, Omnia,…), reçoit, sur supports désormais numériques, des films par milliers et de tous horizons géographiques, multiplie les partenariats et accroît sa notoriété dans le petit monde du court-métrage local et national.

Avec cette 20eme édition, nous voulons donc célébrer cette belle aventure avec des séances rétrospectives (en plein air) et des expositions d’anciennes affiches. Pour la compétition, c’est une sélection exceptionnelle de 48 films (24 pour 2020 et 24 pour 2021) répartis en 6 actes (au lieu de 3 habituellement) qui vous sera proposée. Quant à la traditionnelle “Finale” du festival, nous avons choisi de la reprogrammer à une date ultérieure, à l’automne prochain, afin, on l’espère, de se donner la chance de pouvoir vous accueillir dans un contexte plus serein et plus propice à la fête !

 

L’équipe du Courtivore

 

Retrouvez le programme et l’agenda sur le site ou Cliquez ici

 

 

20ème festival du court métrage Rouen & Mont-Saint-Aignan 23 juin-9 juillet 2021
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13 juin 2021 7 13 /06 /juin /2021 04:13

 

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8 juin 2021 2 08 /06 /juin /2021 10:24

Voir la version en ligne 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

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