15 novembre 2016 2 15 /11 /novembre /2016 09:33

d'Asghar Farhadi (Iran) 

avec Shahab Hosseini, Taraneh Alidoosti, Babak Karimi 

Prix du meilleur scénario et prix d'interprétation masculine au festival de Cannes 

 

Argument: contraints de quitter leur appartement du centre de Téhéran en raison d'importants travaux menaçant l'immeuble, Emad et Rana emménagent dans un nouveau logement. Un incident en rapport avec l'ancienne locataire va bouleverser la vie du jeune couple

Le client

Je me garderai bien de me prononcer sur la "morale" de ce film, tant les critères du spectateur obéissent à des schémas culturels conscients ou inconscients -certainement très éloignés de la culture iranienne. En revanche on peut être séduit (sinon vivement intéressé) par le scénario et la façon de filmer de Farhadi (encore que des symboles  nous échapperont)

Tout d'abord les jeux de mise en abyme . Dans le film, les deux personnages sont aussi acteurs (amateurs), on assiste aux répétitions: Emad est Willy, Rana est Linda dans  la  pièce d'Arthur Miller , Mort d'un commis voyageur. Si le procédé n'est pas en soi original, l'imbrication entre le vécu des personnages dans la capitale iranienne et le texte théâtral est ici très patente (déboires du couple dans le quotidien et complexité des relations humaines dans la pièce; mort d'un idéal dans les deux cas; ainsi la réalité filmée et la fiction théâtralisée s'appellent en se répondant)

Les fissures de l'immeuble (première séquence) trouvent un écho dans les lézardes du couple (suite à son agression Rana  refuse de porter plainte, elle est même tentée par le pardon, alors que  son mari buté autoritaire se veut justicier et met tout en oeuvre pour identifier l'agresseur et le "punir"  )

Comme dans "Une séparation" l'engrenage et l'enfermement sont illustrés par le jeu incessant des cloisonnements (parois portes passages)

Le bandage qui cache les cheveux de Rana après l'agression : simple précaution médicale? ou succédané du foulard? (dans le sens où il permettrait de contourner les règles imposées par le ministère de l'orientation islamique)

Le rythme souvent trépidant va s'alentir vers la fin avec d'une part la confrontation avec le "client" enfin identifié et d'autre part la scène finale de la pièce de théâtre: celle-ci obéit à une liturgie telle qu'elle laisse le public comme tétanisé par l'émotion (public composé essentiellement par les élèves d'Emad en un saisissant panoramique alors que le cercueil où gît Willy/Emad est nimbé de lumière)

 

Une trame assez limpide, malgré ellipses et rebondissements (dans la traque du  fameux "client"!!!) des qualités formelles indéniables et cette façon de filmer si particulière à laquelle Fahradi nous avait habitués depuis "Une séparation",  tout cela est en parfaite adéquation avec le  questionnement sur les valeurs ancestrales de la société iranienne et la peinture sans complaisance de ses travers! 

Le dernier plan sur les visages des deux acteurs qui se griment montre que le couple, désuni dans la vie,  peut "survivre" . Mais .... ne s'agit-il pas d'un simulacre de dénouement puisque  rien n'est résolu? Dénouement comme prologue d'un autre film???

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

Quel grand film ! Les critiques ont descendu ce film de la manière la plus injuste et stupide qui soit. Télérama en tête pour qui un bon film iranien est un film obligatoirement censuré.
Le thème de la vengeance est traité avec finesse.

Donner l'avantage à une femme en ce qui concerne la force morale, la grandeur d'âme, voilà qui en dit long sur l'avant-gardisme tant politique que cinématographique de ce réalisateur génial qu'est Asghar Farhadi.

Si vous aviez aimé "Une  séparation", vite, courez voir ce film ! on en sort enrichi.

Serge 20/11/2016

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14 novembre 2016 1 14 /11 /novembre /2016 14:45

d'Albert Serra (France Espagne)

avec Jean-Pierre Léaud, Patrick d'Assumçao

La mort de Louis XIV
C’est un long film (1 H 55) en huis clos exclusivement sur l’agonie de Louis XIV emperruqué sur son grand lit baldaquin.
Les spectateurs qui s’attendent à une fresque historique avec hors champ sur le peuple et la cour, les intrigues et la misère à l’extérieur, seront déçus. Cependant on se laisse captiver  par la lenteur, la grande beauté des images -les cadrages la répartition ombre/lumière rappellent la peinture italienne et française post Renaissance 
Jean-Pierre Léaud joue sobrement, peu de paroles, des signes, des regards, des gestes très mesurés ; les médecins à son chevet ne sont pas ridicules mais impuissants.
 
Ces images sur une assez longue agonie (Louis XIV se meurt à 77 ans de la gangrène de la jambe) laissent le temps à l’esprit du spectateur de penser autour de la mort. Riche ou pauvre la fin  attend chacun de nous irrémédiablement, sans doute l’unique justice en ce bas monde. Qui n’a pas eu envie d’abréger la vie d’un être aimé qui se meurt et en même temps de supplier qu’il vive ?...
 
Ce film est original car il est le seul à ma connaissance à prendre comme seul sujet une agonie, et pas n’importe laquelle : celle de l’homme le plus puissant de son époque. Immense solitude  du mourant, incommunication  finale, terrible angoisse ou délivrance, tout dans ce film se déroule en non-dits à la faible lumière des bougies.
 
Serge Diaz
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14 novembre 2016 1 14 /11 /novembre /2016 07:21

Documentaire réalisé par Nikolaus Geyrhalter  (Autriche)

Homo Sapiens

Un film constitué uniquement de plans fixes plus ou moins longs (de 8 à 30 secondes) presque toujours en frontal -ils seront "miroirs" pour le regardeur. Un film sans paroles, sans commentaires (ni voix off, ni notations explicatives) uniquement des "images" sur des ruines des bâtiments  abandonnés, en état de décrépitude plus ou moins avancé, ruines témoins de l'activité de l'homo sapiens,  de son passage sur la planète. Voici des "lieux" publics -école, église, hôpital, usine, dancing, stade.. -une centrale nucléaire .- des engins militaires -cuirassé, tanks ...Intérieurs ou extérieurs; nous sommes  au Japon en Europe et en Amérique du Sud

Voici un plan moyen sur une carcasse de mobilier informatique; puis le plan s'élargit et une vue d'ensemble permet au spectateur de contextualiser; une vue prise à l'intérieur d'un blockhaus le plan suivant capte en extérieur cette forteresse gisant dans une mer de sable et de flots; sur un lac au loin se profile la silhouette d'un navire blanc, zoom avant: c'est un cuirassé ou du moins ce qu'il en reste....En l'absence de commentaires, il appartient au spectateur de décider lui-même, d'imaginer un scénario, de "voir" des scènes ( objets métonymiques que sont des vareuses accrochées à des patères et cette paire de chaussures posée à même le sol !!)

 

Dans ces décombres circule néanmoins un énorme souffle de Vie; celui des éléments naturels, de la faune et de la flore, dont témoigne tout un travail sur le son. Martèlement assourdissant de la pluie; ses "plocs" s'en viennent percuter le sol et le maculer de perles sonores ; mugissement du vent qui, s'engouffrant dans ces lieux désormais inhabités, fait voleter papiers, documents, livres, stores; vrombissement ou susurrement d'insectes; cri ou chant d'oiseaux . Et parfois c'est le silence - mais un silence habité! La Nature (cette fameuse "alma" chantée par Lucrèce) a-t-elle repris ses droits là d'où précisément l'homo sapiens s'était ingénié à la déloger? Une réponse  se donne (peut-être) à lire dans la comparaison entre le premier et le dernier plan. Mosaïques - à dominante rouge- miraculeusement préservées dans les entrailles du Buzludza,  c'était le plan d'ouverture. Au final sur fond presque opalin semble s'échapper du dôme/cheminée une fumée bleuâtre; mais le brouillard de plus en plus épais la fait disparaître progressivement; l'écran lui-même n'est plus qu'un rectangle à la blanche opacité...

 

Avons-nous assisté -témoins hypnotisés - à notre propre finitude??

 

Colette Lallement-Duchoze

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10 novembre 2016 4 10 /11 /novembre /2016 20:00

De Ken Loach 

Avec Dave Johns, Hayley Squires, Sharon Percy

Palme d'Or Cannes 2016

 

Argument  Pour la première fois de sa vie, Daniel Blake, un menuisier anglais de 59 ans, est contraint de faire appel à l'aide sociale suite à des problèmes cardiaques. Mais bien que son médecin lui ait interdit de travailler il se voit signifier l'obligation de rechercher un emploi sous peine de sanction

Moi, Daniel Blake

Alors que défile le générique on entend -voix off- les questions d'une "professionnelle de la santé"; elles ne concernent nullement les problèmes cardiaques du patient qui le lui fait remarquer; on le rabroue; on le menace;.... Le ton est donné avant même qu'apparaisse son visage. Nous sommes en absurdie. L'administration tatillonne serait censée appliquer des lois d'où le bon sens et surtout l'humain sont bannis (plus tard les représentants de la police joueront un rôle similaire). Le combat sera forcément inégal. 

Ken Loach oppose ainsi deux mondes inconciliables -celui hérité de l'ère Thachter, celui de Cameron qui broie l'individu vivant dans la précarité et celui du peuple solidaire incarné par Daniel Blake. Opposition qu'illustrent ces face-à-face/entretiens/confrontations ou ces cloisons/séparations ou encore ces paroles échangées avec une voix fantôme au récitatif de robot. Certains spectateurs reprochent au cinéaste ce manichéisme (ridiculiser les uns, magnifier les autres). Mais son film n'est pas un documentaire (la réalité serait encore plus sordide....) et le peuple -qui est problème pour les politiques et économistes libéraux- reste pour lui une Cause à défendre coûte que coûte. De plus le cas Daniel Blake dépasse la frontière britannique ; sa descente aux enfers -scandée par de furtifs passages écran noir - concerne en fait des travailleurs honnêtes pris dans la tourmente dédaléenne d'une administration et d'un système iniques.

Face à des injonctions absconses, à des démarches aberrantes Daniel Blake revendique sa part de dignité "je suis un simple citoyen je ne suis pas un chien" (cette profession de foi  pourrait servir d'épitaphe)

"Il fallait faire entendre des cris dont seuls parvenaient des échos feutrés". Le parcours de Daniel Blake répond à cette nécessité. Ubuesque au tout début ce parcours va virer au cauchemar. Or le personnage ne représente-t-il pas une sorte d'idéal prolétarien fait de bonhomie de bienveillance et d'une  propension à protéger l'autre ( cf l'aide précieuse qu'apporte Dan à Katie !)

L'acteur Dave Johns, formidable, est de tous les plans (avec des   angles de vue  très divers);la caméra sait capter un silence un regard s'attarder (pas trop) sur un geste. Certaines scènes déclenchent le rire d'autres peuvent arracher les larmes. Une épure le plus souvent à l'image de cette bibliothèque encore vide, fabriquée avec amour et qui aurait dû être le reposoir des livres de Katie!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

Moi je serais d'accord avec un (e) critique qui parle de "mélenchonisme" facile!!!!

Ismaël

11/11/016 14h

 

Tout à fait d'accord avec la critique de Colette.

La justesse de ce film nous remplit d'émotions de toutes sortes.

Sa peinture de la réalité britannique d'aujourd'hui fera date, elle est aussi très européenne, c'est ce qui fait l'universalité du talent de Ken Loach.. 
Un très beau film.

Serge 11/11/2016

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9 novembre 2016 3 09 /11 /novembre /2016 16:36

Documentaire réalisé par Wang Bing (Chine) 

Ta'ang un peuple en exil entre Chine et Birmanie

Ta'ang est une minorité ethnique birmane contrainte à l'exil à cause de la guerre civile: telle est la première information qui apparaît dès le prologue sur écran noir et depuis 2015 des dizaines de milliers de personnes tentent de franchir la frontière chinoise depuis le Myanmar. Parfois une notation en bas de l'écran (camp de Maidhe..... province de ...) précisera l'éclatement géographique qu'affrontent ou ont affronté ces "exilés" et la narration sera marquée elle aussi par la discontinuité

 

Les causes du conflit? La guerre restera hors champ mais elle affleure dans les discours des mères le soir de "veillées" ou elle se fera plus  palpable dans des coups de feu des explosions ou des lambeaux de flammes, au loin. Ce qui intéresse le documentariste ce sont surtout les conséquences du conflit: l'exode, les déplacements incessants afin d'échapper à ces menaces et de survivre!

Ainsi Wang Bing va suivre des groupes constitués essentiellement de femmes et d'enfants; sa caméra emboîte leurs pas; s'immobilise en les filmant dans des camps en Chine (première séquence) ou des nocturnes (deuxième séquence) "la nuit on est moins visible donc plus en sécurité. Et cela apporte une plus grande liberté pour tourner" . Ces moments se prêtent aussi aux confidences: long monologue d'une femme qui en vient à regretter d'avoir voulu aider une autre mère et du coup de s'être dissociée de son groupe. Car c'est cela aussi l'exode: marcher vers et parfois "abandonner" les autres, les proches qui n'auraient pas suivi le même chemin. Comment les (re)joindre? En communiquant par portable; et à chaque fois le documentariste accompagne la personne qui s'isole pour "parler". Le groupe assemblé autour d'un feu était cadré façon Georges de La Tour puis vu de loin il va se confondre avec les braises dans un embrasement ..aux connotations "mortifères"

 

Des activités : le travail dans des champs de canne à sucre par exemple, vont permettre de "payer" un bout de "survie"... Des femmes surtout, au visage laminé par la fatigue, et dont le corps ploie sous les fardeaux (enfants et baluchons) car les hommes ont peut-être trouvé du travail en Chine ou sont restés dans les villages birmans; on ne le saura pas vraiment ..

 

Documentaire "saisissant" dit le dépliant. En effet voici le quotidien dans sa nudité; une plongée sans misérabilisme dans le dénuement; mais surtout voici la "mise en scène" de ce que signifie "se réfugier" : fuite et attente, marche forcée et pauses ponctuelles (ce qu'illustrent les trois parties du film).

Et pourtant l'intérêt voire l'empathie du spectateur sont parfois mis à rude épreuve à cause de longueurs -comme si une séquence "interminable" était à elle seule un moyen métrage hors du temps.... alors que les oiseaux" sont terrorisés"

 

Colette Lallement-Duchoze

Ta'ang un peuple en exil entre Chine et Birmanie
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5 novembre 2016 6 05 /11 /novembre /2016 08:08

Documentaire-fiction réalisé par Roksarah Ghaem Maghami  Iran

Sonita

Ce documentaire vaut surtout pour la peinture d'un caractère bien trempé, l'évocation d'une force d'une énergie d'une affirmation de soi, bravant tous les tabous; leur mise en forme étant assez quelconque.... En revanche le questionnement sur l'intervention ou non du "filmeur" dans son propre documentaire est assez intéressant

Voici la jeune Sonia Alizadeh. Son rêve? Devenir chanteuse ou plutôt rappeuse alors qu'on la destine à être l'épouse d'un inconnu (en échange d'une certaine somme d'argent). Afghane exilée en Iran (banlieue de Téhéran) elle est accueillie au sein d'une ONG. Le journal -son double son miroir – anticipe son futur de chanteuse (on la voit à plusieurs reprises scotcher des photos de son visage sur des albums...).

Son destin semble définitivement scellé quand la mère se déplace d'Afghanistan et que l'ONG ne peut "donner" la somme d'argent... C'est alors que la réalisatrice "entre en scène" -elle prend le parti de "contredire" le destin en s'impliquant elle-même (aide financière, intermédiaire précieux dans l'obtention d'un passeport, dans la réalisation d'un clip, etc..)

Dès lors se superposent dans ce film deux dynamiques: celle de l'insoumission triomphante incarnée par Sonia, la rebelle exubérante, tenace, sémillante et celle de l'engagement qui se substitue au  témoignage – dans l'acte filmique lui-même...

L'arrière-plan politique et sociologique (talibans, lois sexistes, condition de la femme) est bien sûr prégnant. N'est-ce pas contre lui que s'insurge la jeune rappeuse fougueuse; elle sait la force explosive voire révolutionnaire des "mots" et le film se clôt presque "naturellement" sur le concert "Brides for sale" (mariées à vendre)

 

Sonia  susurre et c'est presque inaudible (ma voix ne doit pas être entendue elle est contre la charia") puis elle éructe "laissez-moi hurler/ je hurle pour combler le silence des femmes/ Je crie pour un corps épuisé et enfermé dans sa cage"

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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24 octobre 2016 1 24 /10 /octobre /2016 08:21

de Luc et Jean- Pierre Dardenne

Avec Adèle Haenel, Olivier Bonnaud, Jérémy Rénier

Présenté en Compétition Officielle à Cannes

La Fille inconnue
Les frères Dardenne savent se renouveler : ce thriller place au centre d’un très bon scénario une jeune femme médecin rongée par un sentiment de culpabilité.
Le personnage incarné par Adèle Haenel (digne d’un prix d’interprétation) est un témoignage par la fiction de l’héroïsme de ces médecins  des quartiers déshérités.
 
Le film ne cherche pas à nous faire pleurer sur les prostituées, les vieux malades et esseulés  ou les jeunes à problèmes, non, le film suit froidement et calmement, tout en retenue,  le cheminement d’une conscience meurtrie par la culpabilité.
La jeune médecin mène l’enquête sur les circonstances de la mort de cette jeune fille inconnue retrouvée à quelques mètres de son cabinet médical.
C’est l’occasion pour les metteurs en scène de dresser un portrait psychologique sur la jeune toubib puissamment imprégnée des valeurs déontologiques, tenace, courageuse, simplement humaine sans niaiserie.
 
En cette époque de dévalorisation de la profession de médecin, le film vient à point pour renverser cette tendance.
Le jeu d’acteurs maîtrisé , la mise en scène sans effet, efficace, l’absence de musique, les couleurs froides, tout concorde pour nous capter de bout en bout.
 
Un film à voir avec plaisir et profit.
 
Serge Diaz
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23 octobre 2016 7 23 /10 /octobre /2016 11:42

 

Film tourné en Normandie par 4 jeunes cinéastes  L. et Z. Boukherma, M. Gautier, H.P. Thomas

 

Avec Daniel Vannet, Romain Léger

 

Sélectionné à l'ACID au Festival de Cannes 2016, il a été présenté au Festival international du film de La Rochelle

 

 

Argument: à la mort de son frère jumeau, Willy 50 ans quitte pour la première fois ses parents pour s'installer dans le village voisin. Inadapté, Willy part trouver sa place dans un monde qu'il ne connaît pas... 

Willy 1er

On rit un peu pour ne pas pleurer.

 

Le regard bienveillant mais sarcastique quand même sur le principal personnage, déficient physique et intellectuel, évoque du déjà vu. Les documentaires Strip-Tease de Bernard Olivier avaient ouvert la route dans le genre “incroyable mais vrai”, au grand public.  Bernard Dumont avait signé un film fort avec “l’Humanité”.

 

Dommage que ces jeunes réalisateurs aient copié sans gêne la scène du rodéo à cyclomoteur. Sujet facile et accrocheur; ne sont pas les frères Dardenne qui veut !

 

Et tant qu'à montrer la misère sociale et son corollaire la grande misère culturelle, il vaudrait mieux essayer d’inventer.

Espérons qu’après ce premier essai les co-auteurs de ce film moyen aux bonnes intentions sans doute, sortent des sentiers battus.

 

Je n’ai plus l’âge de rigoler sur la misère du monde, et comme Aragon “vous regarder pauvres gens m’arrache l’âme”.

Laissons aux jeunes, peut-être, le plaisir d’en rigoler...

 

Serge Diaz

 

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22 octobre 2016 6 22 /10 /octobre /2016 13:40

Documentaire réalisé par Ruedi Gerber (Suisse) 

Anna Halprin et Rodin: voyage vers la sensualité

Le cinéaste suisse Ruedi Gerber qui suit Anna Halprin depuis une trentaine d'années, l'a filmée au cours d'une mise en scène avec sa troupe Sea Ranch Collective, sur une plage de  Californie. Cette chorégraphe née en 1920 qui certes n'a pas inventé comme Merce Cunningham ou Lucinda Childs de nouvelles formes de mouvements, fait partie de ceux qui inventèrent non pas des gestes, mais des corps : non pas une écriture, mais des réceptacles à celle-ci; d'où le choix des sculptures de Rodin chez qui elle retrouve cette "même volonté d'exprimer une vérité venant de l'intérieur"

 

Nonagénaire encore ingambe (il faut voir son corps en reptation sur le sable et ses mains qui le lacèrent à la recherche de..ou ce jeté dans l'espace) l'œil vif, la peau ridée mais non parcheminée, Anna Halprin explique commente sa démarche, suggère une piste de réflexion tout en corrigeant parfois une position du buste ou de la hanche le mouvement des bras (comme dans un masterclass): le mouvement apparemment "figé" gravé à jamais dans le marbre doit servir de modèle au danseur qui lui donnera ainsi une seconde Vie. Anna Halprin invite ses élèves/danseurs -non professionnels- à opérer d'abord un voyage intérieur avant de faire jaillir une sensualité jusque-là inconnue. Les rochers bien vite vont se muer en blocs de marbre d'où surgira la figure expressive du baiser, de la source, du penseur, de l'âge d'airain, de l'amour debout, etc. Sculptures vivantes, les danseurs évoluent seuls ou en duos, souvent nus ce dont témoigne la "représentation" (dernière partie du film) donnée en pleine forêt face à un public debout et admiratif comme médusé! Une performance (sens artistique) un art de l'éphémère au service d'une approche tout à fait singulière de la danse

 

On devine la vigilance de Ruedi Gerber quand sa caméra attend le moment de grâce enfin conquise, le capte pour l'immortaliser en plans moyens le plus souvent (tout comme Anna Halprin invitait chaque danseur à mobiliser ses forces vives jusqu'à la capture de l'INSTANT). En revanche on comprend moins qu'au montage il ait jugé pertinent de mettre systématiquement en parallèle la position d'un danseur et la sculpture de Rodin qui a servi de modèle; ce va-et-vient entre l'intérieur du Musée (Paris)  et l'extérieur d'une plage californienne, entre la figure sculptée et le danseur "vivant" momentanément figé, est par trop "didactique" et frise l'artifice

 

Colette Lallement-Duchoze

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20 octobre 2016 4 20 /10 /octobre /2016 07:03
Moteur:  les festivals de cinéma de Rouen

Les 6 festivals se fédèrent (et d’autres nous rejoindront) pour parler d’une voix commune à nos interlocuteurs institutionnels et privés et affirmer qu’il se passe beaucoup de choses autour du cinéma d’art et d’essai à Rouen.

 

La soirée aujourd’hui est gratuite et ouverte à tous.

 

 

Moteur défend le cinéma en tant qu'art

 

Moteur  fédère 6 festivals qui dans un souci de non concurrence se concertent pour un calendrier harmonisé et partagent des informations sur les différentes programmations

 

Moteur  valorise la diversité cinématographique à Rouen et le dynamisme de ses différents acteurs locaux

 

Moteur  favorise les croisements entre ses différents publics partenaires et bénévoles afin d'élargir le rayonnement des festivals de cinéma sur le territoire

 

Moteur  aide à la visibilité, à la communication, à la diffusion des festivals de cinéma

 

Moteur  vise à créer une entraide entre les festivals adhérents, des coopérations, des partages de moyens et de compétences

 

 

 

Moteur:  les festivals de cinéma de Rouen
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Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

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