5 novembre 2016 6 05 /11 /novembre /2016 08:08

Documentaire-fiction réalisé par Roksarah Ghaem Maghami  Iran

Sonita

Ce documentaire vaut surtout pour la peinture d'un caractère bien trempé, l'évocation d'une force d'une énergie d'une affirmation de soi, bravant tous les tabous; leur mise en forme étant assez quelconque.... En revanche le questionnement sur l'intervention ou non du "filmeur" dans son propre documentaire est assez intéressant

Voici la jeune Sonia Alizadeh. Son rêve? Devenir chanteuse ou plutôt rappeuse alors qu'on la destine à être l'épouse d'un inconnu (en échange d'une certaine somme d'argent). Afghane exilée en Iran (banlieue de Téhéran) elle est accueillie au sein d'une ONG. Le journal -son double son miroir – anticipe son futur de chanteuse (on la voit à plusieurs reprises scotcher des photos de son visage sur des albums...).

Son destin semble définitivement scellé quand la mère se déplace d'Afghanistan et que l'ONG ne peut "donner" la somme d'argent... C'est alors que la réalisatrice "entre en scène" -elle prend le parti de "contredire" le destin en s'impliquant elle-même (aide financière, intermédiaire précieux dans l'obtention d'un passeport, dans la réalisation d'un clip, etc..)

Dès lors se superposent dans ce film deux dynamiques: celle de l'insoumission triomphante incarnée par Sonia, la rebelle exubérante, tenace, sémillante et celle de l'engagement qui se substitue au  témoignage – dans l'acte filmique lui-même...

L'arrière-plan politique et sociologique (talibans, lois sexistes, condition de la femme) est bien sûr prégnant. N'est-ce pas contre lui que s'insurge la jeune rappeuse fougueuse; elle sait la force explosive voire révolutionnaire des "mots" et le film se clôt presque "naturellement" sur le concert "Brides for sale" (mariées à vendre)

 

Sonia  susurre et c'est presque inaudible (ma voix ne doit pas être entendue elle est contre la charia") puis elle éructe "laissez-moi hurler/ je hurle pour combler le silence des femmes/ Je crie pour un corps épuisé et enfermé dans sa cage"

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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commentaires

M
Coucou, j’ai déjà lu un livre traitant d’un sujet plus ou moins similaire. Je vous remercie pour ce partage. Je chercherais bien ce documentaire pour apprendre à mieux connaître la face cachée de certaines cultures. On dirait aussi l’histoire d’Antigone !
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