7 août 2017
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06:54
Film slovaque, hongrois et tchèque de György Kristof.
Avec Sandor Terhes, Eva Bandor, Judit Bardos, Ieva Norvele Kristof
Présenté à Cannes dans la catégorie Un Certain Regard
Bratislava. Des ouvriers -filmés en un lent travelling latéral- écoutent silencieux la parole amplifiée par le mégaphone qui leur signifie leur licenciement -un discours qui dépasse les frontières tant il est enrobé d'arguments fallacieux.... Puis en quelques instantanés voici l’intimité d’Agoston mise à nu dans son rôle de père et d’époux jusqu’à la prise de décision : partir ...à la recherche d’un emploi.
C’est le prologue: son contenu -crise de l’emploi- dont le lave-linge déglingué serait la métaphore ?? - et la façon de le filmer -distanciée- rappellent les ambiances à la Kaurismaki !
À partir de là, nous allons suivre le personnage dans un périple qui le conduit en Lettonie ; un parcours fait de déconvenues, d’aventures, de rencontres; l’incongruité et l’extravagance de certaines font sourire: une femme hyper botoxée compagne d’un Russe; une basketteuse taxidermiste qui se balade avec son lièvre empaillé; dans un bar le patron offre une chope de bière à qui se met à poil et voici filmés les fessiers des buveurs assis au zinc; comment le gardien d’un hôtel entretient un cactus avec une lampe importée du Mexique, etc.. D’autres sont plus cruelles -gros plan sur le visage du docker qui éructe des propos racistes "des gens comme vous viennent nous prendre notre emploi", avant de renvoyer Agoston ; bagarres avec le Russe à cause du lièvre naturalisé ….sans oreilles.. Certaines semblent artificiellement "plaquées" (ce pêcheur jupitérien !)
Certes dans ce périple assez picaresque, nous partageons les décalages dus aux différences de langue et de culture (sources de malentendus) et nous sommes constamment aux côtés de ce quinquagénaire un peu hébété parfois même sonné, admirablement interprété par l’acteur hongrois Sandor Terhes
Mais nous restons "à côté" car le film ne nous entraîne pas "out"
La "dérive" d’Agoston (si dérive il y a) est circonscrite dans des limites….presque "convenues" même si l’objectif initial -trouver du travail- a cédé la place au rêve : pêcher un gros poisson et que la "dynamique" du film semble illustrer l'adage "partir, se perdre pour mieux se retrouver"
Presque 20 ans après la chute du Mur que sont les anciennes républiques soviétiques… devenues....??
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
5 août 2017
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08:12
De Tarik Saleh
Avec Fares Fares, Mari Malek, Yasser Ali Maher
Le Caire, janvier 2011, quelques jours avant le début de la révolution. Une jeune chanteuse est assassinée dans une chambre d’un des grands hôtels de la ville. Noureddine, inspecteur revêche chargé de l’enquête, réalise au fil de ses investigations que les coupables pourraient bien être liés à la garde rapprochée du président Moubarak.
Un polar à l’égyptienne...ça intrigue ! en plus on voyage.
Ce film méritait bien le grand prix du film policier à Beaune.
L’histoire est bien construite et s'inscrit en 2011 en plein dans le commencement des révoltes du peuple égyptien place Tahir.
L’ambition du réalisateur est d’abord de nous distraire avec une histoire bien ficelée mais surtout bien ancrée dans son contexte pré-insurrectionnel. On visite le Caire dans ses recoins reculés où vivent des migrants soudanais comme des esclaves. L’acteur principal a le charisme voulu pour que l’on croie à son personnage, ni ange ni bête, mais tenace et juste au milieu d’une foule de policiers corrompus, d’un homme d’affaires proche du pouvoir et donc tout puissant, d’un pays de non-droit.
Les scènes sont en huis clos ou de nuit mais jamais étouffantes, simplement anxiogènes, dans cette ville grouillante, sale, où les riches ont établi un état qui les sert exclusivement et où les les pauvres trinquent.
Dépaysement garanti et fin ouverte sur une situation qui n’en finit pas d’être violente, et globalement désespérante.
Cette fiction nous donne le sentiment de voyager dans un univers que les touristes ne voient pas. C’est captivant et édifiant. Qu’on aime les films policiers ou pas, ce film réussi sur le plan de la mise en scène est à voir avec plaisir et intérêt sans risque aucun d’être déçu.
Serge Diaz
Published by cinexpressions
5 août 2017
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Emir Kusturica
avec E Kusturica, Monica Bellucci, Predrag Manojlovic, Sloboda Micalovic
Sous le feu des balles, Kosta, un laitier, traverse la ligne de front chaque jour au péril de sa vie pour livrer ses précieux vivres aux soldats. Bientôt, cette routine est bouleversée par l’arrivée de Nevesta, une belle réfugiée italienne. Entre eux débute une histoire d’amour passionnée et interdite qui les entraînera dans une série d’aventures rocambolesques.
Un déluge d’images abracadabrantesques, une course folle dans les Balkans, du loufoque vraiment dingue et des moments de grâce..Kusturica est un poète de l’image parfois tragique mais toujours drôle.
Les spectateurs se diviseront certainement en deux camps : ceux qui comme le critique de Télérama n’a pas aimé, n’y a vu qu’une hystérie de metteur en scène en panne, d’autres comme moi qui ont beaucoup aimé, transporté par le foisonnement des images toutes superbes, la mise en scène maîtrisée, le rythme soutenu de l’imaginaire et ses plages de grâce.
Difficile de ne pas être bercé par le charme fou de Kusturica acteur dans un rôle d’homme à part, limite anormal, et la beauté des deux actrices. Monica Bellucci nous donne du bonheur rien qu’à la regarder sourire et marcher, l’autre actrice, genre Carmen, est aussi fascinante de par sa fantaisie, sa vitalité, sa liberté.
On voyage ! On rit on a peur on souffle.
Kusturica ne prend rien au sérieux mais prend soin de faire un film soigné en dépit du désordre.
Ce film est à voir comme un conte, très beau, qui fait des pieds de nez à la guerre absurde des Balkans.
Un film sensuel qu’une musique extra accompagne à merveille.
A ne pas manquer pour ceux qui comme moi.... !
Serge Diaz
Published by cinexpressions
21 juillet 2017
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07:04
d' Amat Escalante (Mexique)
Avec Ruth Ramos (Alejandra) Simone Bucio (Veronica) Jesus Meza (Angel) Eden Villavicencio (Fabian)
Ce film a obtenu le Lion d'Argent du meilleur réalisateur lors de la 73ème Mostra de Venise
Moins violent moins vertigineux que Héli, « la région sauvage » n’en est pas moins troublant ; à la fois par sa puissance autant suggestive que démonstrative et par le mélange de réalisme (la dynamique familiale dans une région très conservatrice, entre autres) et de fantastique (qui emprunte à la SF et au cinéma d’horreur)
On ne peut raconter ce film -même sous forme de pitch- au risque de le dénaturer. Car dans la construction, la mise en place de ce qui est le cœur du dispositif (une Créature dispensatrice de volupté mais aussi de mort) se fait progressivement (cette Créature n’apparaîtra dans son entièreté opérationnelle qu’aux deux tiers du film…)
La succession initiale de plans ou tableaux -plan prolongé sur un météorite, sur une jeune femme dénudée encore frémissante de désir malgré une blessure au flanc...petite scène sur l’intime d’un couple ; vision d’une cabane dans une atmosphère embrumée et présence insolite d’un couple de savants d’un autre âge- ces prémices créent une forme de suspense tout en faisant coexister dénonciation sociale (le machisme du mari) et intrusion du fantastique.
La cabane et ce qu’elle abrite, comme lieu du refoulé, comme métaphore du Ça freudien… ? Peut-être, sûrement! Mais en fustigeant simultanément l’hypocrisie les humiliations subies par les femmes et l’homophobie Amat Escalante n’abandonne pas la veine de ses films précédents...
Cartographie des sentiments, des désirs et du refoulement ?
Veronica double pasolinien de Théorème ? Elle joue ici le rôle de passeur entraînant vers la cabane des délices ou de la mort, Fabian (l’infirmier qui a soigné sa blessure) et plus tard Alejandra l’épouse et mère, sœur de Fabian. En suivant de dos ces deux personnages l’oeil de la caméra (réalisateur ? Veronica ? ) devient celui du Conscient avant le basculement dans l’Inconscient
La dévoration (par le sexe par l’amour) ne rappelle-t-elle pas « possession » de Zulawski ? Peut-être mais sans sa beauté vénéneuse…
Tant de questionnements ! dont je vous laisse juge...
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
16 juillet 2017
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18:40
De Sebastien Lelio (Chili)
avec Daniela Vega, Francisco Reyes, Luis Gnecco
Prix du meilleur scénario à la Berlinale (février 2017) ce film a reçu le Teddy Award -qui distingue un film traitant le mieux des questions homosexuelles, bisexuelles ou transgenres-
L’actrice transgenre Daniela Vega porte de bout en bout ce film. Un film qui n’est pas un plaidoyer militant, mais avant tout un hymne à l’amour ; ce que tendent à prouver les premières scènes consacrées à l’intimité des deux personnages Orlando et Marina ; mais le plan prolongé sur les chutes d’Iguazù qu’accompagne une musique presque féerique met d'emblée en exergue une bivalence : magnificence et bouillonnement; exaltation et enfouissement abyssal
La mort soudaine d'Orlando va contraindre Marina à affronter la famille "normale" du défunt, une famille corsetée dans ses convictions et son rejet de l'altérité (Marina transsexuelle? c'est une "chimère" affirme l'ex épouse d'Orlando, un monstre de pédé dira le fils; le frère d'Orlando serait plus conciliant mais il ne peut échapper -par lâcheté?- à l'opprobre familial.... )
Jeu de miroirs, jeu de portes (celle de l’appartement d’Orlando, celle de la cabine du Finlandia clé 181) que l’on ouvre et ferme -comme si le personnage était dans un entre -deux ; d’ailleurs sur sa carte d’identité figure encore son ancien prénom Daniel (« les formalités sont en cours » affirme sereine Marina). Grâce à sa ténacité et à l’amour qui l’habite, elle arpente seule les chemins tortueux et tordus d’un tunnel d’où elle émergera rayonnante ; elle qu’on a bafouée, humiliée -en lui interdisant d’assister aux funérailles de l'être aimé, par exemple. Son seul soutien est sa famille ; le père l’initie d’ailleurs à l’art lyrique et sa sœur l’héberge quand elle doit quitter presque manu militari l’appartement dans lequel elle allait précisément s’installer pour vivre intensément sa relation amoureuse avec Orlando
On pourra reprocher certains excès dans la mise en scène; ce plan prolongé où Marina affronte seule une tempête de vent, elle se cramponne arc-boutée sur elle-même, malgré l'impétuosité des rafales, trop appuyé ce plan dénature le symbolisme sous-jacent ; ou ce très gros plan sur son visage déformé par des bandes de scotch suite au tabassage de la famille, ou encore cette envolée fantasmée sur une musique disco en costume kitch…
Cela étant, le film n’en est pas moins fascinant; il est servi par une actrice au jeu magistral et une bande son très originale (signée par le compositeur britannique Matthew Herbert)
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
14 juillet 2017
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08:23
De Kim Ki-duk (Corée du Sud)
avec Ryoo Seung-bum, Lee Won-geun, Young-Min Kim
Sur les eaux d'un lac marquant la frontière entre les deux Corées l'hélice du bateau d'un modeste pêcheur nord-coréen se retrouve coincée dans un filet. Il n'a pas d'autre choix que de se laisser dériver vers les eaux sud-coréennes, où la police des frontières l'arrête pour espionnage. Il va devoir lutter pour retrouver sa famille....
La réunification de la Corée est-elle possible ? Non tant que des deux côtés de la frontière perdurent incompréhension, méfiance voire une forme de paranoïa, semble dire le réalisateur à travers l’histoire d’un pêcheur entraîné bien malgré lui dans un enfer aux accents kafkaïens …
Si l’éducation communiste dans un régime dictatorial dynastique l’empêche de "regarder" le miroir aux alouettes d’un système capitaliste, lui qui ne vit que pour sa famille (et son instrument de travail, le bateau, est précieux) comprend progressivement que des systèmes politiques opposés ne sont pas sans failles. Privation rédhibitoire de liberté ? ou impossibilité de profiter d’une liberté réservée aux plus nantis? : le cas de la prostituée à Séoul est exemplaire….
Les scènes d’interrogatoire, les procédés musclés, la torture physique et mentale, la manipulation des médias, la fabrication des images, sont quasi identiques des deux « côtés » (seul change l’environnement plus précaire voire sordide d’un côté, plus sophistiqué de l’autre). Les inquisiteurs eux-mêmes sont victimes d’une forme de parano et les sous-fifres obéissent docilement aux diktats des supérieurs
Si la critique dénonce des failles au niveau formel (schématisme, raccords, démonstration trop appuyée etc. ) ne serait-ce pas plutôt une forme de maquillage hypocrite ? (on met en avant des lacunes formelles pour éluder un message qui ne sied pas à la doxa, en évitant de l’attaquer frontalement) Car en Occident les médias diabolisent (certes avec raison) la Corée du Nord mais sont assez indulgents envers la Corée du Sud. Kim Ki-duk, lui, sud-coréen, dénonce une incompréhension mutuelle entre les deux pays et s’intéresse avant tout à l’humain et à la quête du « bonheur »
Non Kim Ki duk n’est pas manichéen (il s’interroge sur la déshumanisation dans toute forme de régime politique) Non il n’a pas bâclé son travail (il faut imaginer tout le travail de documentation en amont et comme il disposait de peu de moyens il fut à la fois scénariste réalisateur et monteur) Non le film n’est pas entièrement « noir » (le cas du garde du corps sud-coréen qui s’insurge contre les pratiques ignobles de l’inquisiteur, son amitié naissante avec le pêcheur le prouvent aisément)
Certains spectateurs auraient aimé « retrouver » la poésie symbolique de « locataires » ou de « printemps été automne... » ? La poésie ici est celle de ces eaux troublées, (filmées en de grands aplats) de ces filets (sens propre et figuré), de ce corps nu recroquevillé dans une tourmente indicible ! La poésie est celle du quotidien, de cette peluche que serre avec un mélange de délicatesse et de force la gamine….l’unique fille de ce pêcheur ...que les rets vont embourber jusqu’à l’effacement...
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
13 juillet 2017
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De Sebastian Borensztein (Argentine)
avec Ricardo Darin, Oscar Martinez, I. Cuesta
Argument: Argentine 1977. Un ancien pilote et capitaine de la Marine argentine, Tomas Köplic s'enfuit après avoir désobéi à un ordre de l'armée soumise à la dictature. Caché dans une petite ville du sud du pays, sa présence attire l'attention du maréchal local -d'une autorité abusive et sans scrupules. La conscience n'a nul endroit pour se cacher....
Sur le papier on imaginait l’excellence : contexte politique -la dictature de Videla, le règne de l’ arbitraire- la contamination du Mal et la mauvaise conscience; et Ricardo Darin (notre Cluzet argentin selon la critique....) dans le rôle de Köblic
mais à l’écran ? …..cela donne un faux western qui tient du thriller, du film noir, avec des effets de caricature grossiers, des jeux de fausses pistes inutiles
On aura beau me dire que tout cela évite le piège de la "pédagogie fastidieuse", oui mais à condition de ne pas tomber dans le simplisme -parfois racoleur!!!
La veine burlesque de El Chino semblait mieux adaptée au duo Sébastien Borensztein (réalisateur) et Ricardo Darin (acteur)
Elisabeth
Ne pas se fier au « résumé » (surtout ici car c’est progressivement que les cauchemars récurrents vont révéler la « scène » du trauma et du même coup les raisons de la fuite du personnage éponyme)
Saisissant contraste entre l’immensité des espaces les vols au-dessus des paysages et l’enfermement d’un personnage (taraudé par sa conscience et traqué par un potentat local). Tout cela dans une ambiance feutrée ou tendue ou macabre qu’accompagne une musique imitant par moments les rafales de l’ouragan
Avoir choisi la forme du western et du « faux » thriller n’en dénonce pas moins les atrocités d’une dictature (éloignés de la capitale des sbires de seconde zone se comportent en bourreaux sanguinaires) Et Köblic malgré ses tourments intérieurs est loin d'être "irréprochable" !!!!
Colette 15/07/2017
Published by cinexpressions
9 juillet 2017
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Documentaire réalisé par Agnès Varda et JR
Présenté hors compétition au festival de Cannes (mai 2017) ce film a obtenu l'Oeil d'or du meilleur documentaire
Argument: La cinéaste Agnès Varda et le photographe JR décident de sillonner les routes de France à bord de la camionnette-studio de JR. Ils désirent aller à la rencontre des gens, leur parler, les photographier, développer les photos et les afficher en grand dans leurs lieux de vie.
Ce documentaire à l’allure de road movie et qui in fine se présente comme un montage collage est avant tout un film sur le regard.
Regards croisés mais aussi complices des deux artistes ; chacun dans sa singularité (elle cinéaste lui photographe plasticien) explorant ce champ des « possibles » ; les deux regards se superposant ou se complétant
Regards des personnes sur elles-mêmes quand elles se voient immortalisées en de monumentales photos (même vouées à disparaître) ; le cas de Jeanine dernière habitante d’une rue d’anciens mineurs à Bruay la Bussière, est exemplaire ; car le regard ému qu’elle porte sur sa façade devenue effigie la conforte dans sa lutte contre l’oubli. Le regard et son corollaire : la mémoire ! Le regard contre l’oubli !
Ces regards émerveillés fiers ou bienveillants scellent le pacte qu’a conclu Agnès Varda "aller à la rencontre des gens simples dans ces villages oubliés du grand public" (le titre visages villages qui joue sur les allitérations et la presque parfaite homophonie le dit expressément).
Agriculteurs facteurs carillonneurs femmes de docker, tous ne seront plus de simples anonymes et c’est le regard du spectateur qui désormais va les relier à une autre mémoire, incluant leur individualité dans une fresque collective
Nonagénaire (ou presque) Agnès Varda ne cache pas ses problèmes de vision ; une vue floue certes mais largement compensée par une grande écoute. À l’inverse le trentenaire JR se cache derrière ses lunettes noires (à l’instar de Godard ?) et se plaît à jouer (ou être?) le cabotin….
Les différents "clins d’oeil" à Godard (même si le pastiche de la scène du Louvre est un peu longuet et si la séquence finale du rendez-vous manqué était prévisible) constituent une autre forme de regard ; celui d’une cinéaste qui rend hommage au cinéma (le plan sur son œil par exemple n’est pas sans rappeler la scène d’ouverture du chien andalou), et à son ami de la Nouvelle Vague qui a révolutionné le regard sur l’image
C’est enfin le regard d’une femme sur elle-même avec ce mélange de légèreté et de sérieux ; sentant sa fin prochaine elle en vient même à la souhaiter (un plan au cimetière de Varengeville-sur-Mer où les deux partenaires assis sont filmés de dos, et surtout les paroles prononcées sur la tombe de Cartier Bresson dans le minuscule cimetière de Montjustin, en témoignent aisément)
Un "documentaire" à ne pas rater !
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
6 juillet 2017
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Argument: Une petite ville perdue au milieu de nulle part, en plein cœur de l’hiver. Un commerce de pompes funèbres agonise lentement, au grand désespoir d’Edmond Zweck, son propriétaire. L’entreprise ne compte plus que deux employés : Georges, le bras droit de Zweck, et Eddy, un jeune homme serviable encore novice dans le métier. Un beau matin, pourtant, un mort, enfin, pour de bon. Et l’espoir renaît. Eddy et Georges sont chargés de mener ce défunt jusqu’à sa dernière demeure. Mais à la recherche du cimetière qui s’avère introuvable, le convoi funéraire s’égare et le corbillard perd la famille qui suivait. Le voyage tourne au désastre.
Un film à l’humour loufoque belge adapté d’un roman de Joël Egloff avec deux pointures que sont Jean-Pierre Bacri et Olivier Gourmet...on se dit : tiens ! ça doit être bien.
Hélas au final on s’ennuie, le film se traîne, manque de rythme, s’essouffle, on regarde sa montre.
Pourtant il y avait les ingrédients pour passer un bon moment : quelques bons dialogues qui font rire et sourire, une photographie soignée, une histoire pas sérieuse jouée très sérieusement.
Alors on se demande ce qui cloche : un scénario pas assez étoffé, un montage un peu trop généreux avec les longueurs, des personnages (le frère du défunt et la veuve) sous exploités, une chute au ralenti ?...
Hélas, Bacri et Gourmet n’arrivent pas à sauver ce film, comme quoi pour faire un bon film il faut beaucoup de bons ingrédients, et que tout tienne bien ensemble.
Serge Diaz
Published by cinexpressions
27 juin 2017
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07:14
Documentaire réalisé par Jean-Pierre Pozzi
Argument: Le dessinateur Mathieu Sapin prépare une nouvelle BD sur les salles de cinéma. Il va donc parcourir la France pour rencontrer ceux qu’on nomme « les exploitants ». De villes en villes, il va découvrir la diversité d’un milieu et l’envers du décor d’un modèle que le monde entier nous envie
Plus de 1200 salles de cinéma, plus de 3500 écrans ; des "exploitants" qui ne sont pas seulement gestionnaires mais aussi et surtout cinéphiles. Voilà la fameuse exception française que revendique et admire Michel Ciment interviewé à un moment dans ce documentaire (en tant que critique de cinéma il était invité par un "exploitant")
Et le spectateur est embarqué dans la Ford Escort quasi mythique, avec Mathieu Sapin et son chauffeur à parcourir la France de la Normandie à la Provence dans une sorte de road movie, à la rencontre de directeurs de salles, programmateurs, projectionnistes, salariés interviewés tour à tour lors de 14 étapes (dont "Le Casino" à Bagnols-sur-Cèze (Gard) "L'Athénée" à Lunel (Hérault), "Ti Hanok" à Auray (Morbihan), "Le Long-Cours" à Coutances (Manche)..Utopia à Avignon) Mathieu Sapin griffonne sur son carnet de croquis, corrige développe ce qui sera sa future BD (en s’inspirant précisément de tous les personnages rencontrés).
De même nous pénétrons avec eux dans les coulisses des salles aux fauteuils rouges le plus souvent
Passage au numérique, aménagement d’un lieu existant ou création d’un nouveau, technique de "séduction" pour attirer le public, passions et déconvenues -dont les relations avec les distributeurs- les sujets de discussion ne manquent pas. Mais on devine chez tous la même volonté de faire des salles de cinéma (art et essai surtout) un lieu de rencontre avec le public et de promouvoir ainsi le lien qui unit le 7ème art à une ville ou un quartier
Peut s'inviter (hélas!) la musique de "la dernière séance"....
Ce documentaire -que l'on pourrait comparer à un "inventaire" à la Prévert- n'évoque pas suffisamment le lien qui unit exploitants de salles et pouvoir politique (le cas de Rouen serait à cet égard exemplaire…) De plus la légèreté (entendons le manque de sérieux ou de maîtrise) dans le montage est gênante tant elle manifeste de la "hâte" ....(impression de bâclé parfois)
Dommage!
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions