15 mai 2017
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d'Hany Abu-Assad (Palestine) 2015
avec Tawfeek Barhom, Kais Attalah, Hiba Attalah
Le chanteur c’est Mohammed Assaf : réfugié palestinien qui a grandi dans la bande de Gaza, il a, grâce à son obstination, à sa ténacité remporté la victoire au concours Arab Idol (le Caire) en 2013. Sa voix continue à retentir dans les pays arabes. Son visage apparaîtra vers la fin du film.
Le réalisateur Hany Abu-Assad (connu des cinéphiles pour Paradise now et Omar) suit son parcours depuis l’enfance dans un camp de réfugiés à Gaza; -c'est la première partie, Mohammed a 11 ans- jusqu’à l’épreuve ultime du concours (il a 23 ans). Une histoire vraie ? Oui. Mais avec quelques libertés.... - ce que dit explicitement un encart dès le générique.
Le rythme souvent trépidant qui anime le film est donné dès la séquence d’ouverture : une bande de gamins à l’agilité de gazelle – Omar, Amad, Mohammad, celui qui chante, et sa sœur Nour- saute de toit en toit dans une incroyable "course-poursuite". Un rythme qui prévaudra dans la seconde partie quand Mohammed devra franchir tous les obstacles pour quitter Gaza puis à s'imposer jusqu’à la victoire finale. Un rythme qui illustre comme par métaphore celui de la vie en général dans la bande de Gaza : l’embargo, le blocus israélien et égyptien, et le pilonnage régulier par l’armée israélienne contraignent les habitants à user de subterfuges. Quelques travellings sur des maisons éventrées et des gravats, ou sur les barbelés, suffisent à évoquer…cette " prison à ciel ouvert"...
Dans ce " biopic" où alternent des moments de bonheur intense (la foule en liesse dans les rues de Gaza à l'annonce de la victoire, par exemple) et des scènes de grande douleur (la mort de Nour) , se dessinent ainsi en creux un autre visage celui de Gaza …et partant, un bel hommage à un peuple meurtri
le chanteur de Gaza ou l’odyssée émouvante et chaleureuse de Mohammed Assaf ; le chanteur de Gaza ou l’épopée d’un peuple audacieux, traitée sans misérabilisme ni pathos
Certains spectateurs pourront toujours dénoncer une forme de naïveté. Une voix fédératrice, une voix annonciatrice de paix dans le contexte d’une guerre permanente ; cela ne relève-t-il pas de l’utopie ? Mais là n’était pas le propos du réalisateur, écoutons-le Je veux vraiment que les Palestiniens soient fiers d'eux-mêmes. Ce n'est pas comme si le film allait changer leur situation, mais il peut les aider à changer et à croire davantage en eux-mêmes
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
12 mai 2017
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Documentaire réalisé par Bénédicte Pagnot
D’Ispahan à Sidi Bouzid, en passant par Jérusalem, Cordoue, Dubaï… le film invite à un voyage en Islam. Islam avec un I majuscule, comme celui qu’Abdelwahab Meddeb a eu à cœur de faire connaître. La réalisatrice prolonge la voie tracée par le poète et intellectuel franco-tunisien aujourd’hui disparu pour qui "une des façons de lutter contre l’intégrisme est de reconnaître à l’Islam sa complexité et ses apports à l’universalité". Une navigation entre passé et présent, histoire et politique, musique et poésie.
Un documentaire ambitieux et qui -paradoxalement- trouve ses limites dans la simultanéité de ses différentes approches. Car il s’agit bien tout à la fois d’un hommage au penseur et poète Abdelwahab Meddeb; d’un voyage initiatique -celui de la narratrice/réalisatrice depuis ses interrogations liminaires – avec cette vue sur les toits de Rennes- jusqu’à l’élaboration d’autres questionnements à la mort du maître, et d’une sorte de géographie de territoires musulmans ou multi confessionnels saisis à la fois dans leur spécificité et leur universalité, essentiellement culturelle (on célèbre en Iran, avec cet élan oblatif et quasi orgiaque le poète Hafez ; en écho mais pudique et muette voici la main d’Abdelwahab Meddeb posée sur la tombe du poète palestinien Mahmoud Darwich à Ramallah)
Un maître et son élève; l’anaphore "je vous écoute" équivaut très souvent à je vous suis ; tout comme la caméra suit le penseur/poète dans certains de ses déplacements... Une démarche similaire? : interroger, collecter et tisser (le mot textus étant est à prendre dans sa double acception ).
Habitée par la pensée du poète, Bénédicte Pagnot, athée, va sur les traces d’un Islam aux antipodes de l’islamisme. Soit. Mais c’est au spectateur d’établir d’éventuelles passerelles et/ou de contextualiser. Car le documentaire -riche et bienveillant au demeurant- est du point de vue formel un peu brouillon (il s’agissait peut-être de mettre en images un patchwork couvrant horizons et époques différents, afin de faire jaillir une sorte d’entièreté ?) et le contenu explicatif (privilégier l’aspect civilisationnel) est entaché dans sa démonstration par une profusion de textes (auxquels s'ajoute la voix off de la narratrice)
Un documentaire traversé presque de bout en bout par une musique des chants des récitatifs au rythme typique de la mélopée
On retiendra la scène de liesse populaire suite à une victoire sportive, à Sidi Bouzid -là où s’était immolé le jeune Bouazizi en 2010 ; acte fondateur de la révolution tunisienne-, et surtout cette séquence où des adeptes d’une confrérie soufie gesticulent dans la frénésie
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
9 mai 2017
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D'Alessandro Comodin (Italie)
Avec Sabrina Seyvecou, Luca Bernardi, E. Sizonovas
Présenté au festival de Cannes 2016 (Semaine de la critique)
.Tommaso et Arturo sont parvenus à s'enfuir et se réfugient dans la forêt. Des années plus tard, cette forêt est infestée de loups. De nos jours, Ariane y découvre un trou étrange.....
Mon plus grand malheur c’est de ne venir de nulle part avouera in fine à travers les barreaux du parloir d’une prison le jeune homme (Arturo ? )
Désorienté le spectateur l’est lui aussi de bout en bout. Certes il conviendrait pour apprécier pleinement ce film de se "laisser porter" et à l’instar des deux fugitifs qui se délestent de leurs manteaux- de ne pas s’encombrer de questionnements… Ils sont pourtant légitimes : qui sont ces deux évadés ? La jeune femme Ariane qui pénètre dans les antres de la terre est-elle la jeune fille de la légende que racontent les habitants ? Et Dino son père, celui du conte ? Les loups que l’on traque ? L’homme/loup dont s’éprend la jeune fille du conte ? Les morts ? Etc…Se poser des questions oui mais les laisser en suspens, en acceptant de traverser une sorte d’espace-temps; telle serait la condition sine qua non
C’est qu'ici l’étrange naît précisément du recours à l’ellipse, du passage assez brutal d’une histoire à une autre, d’une histoire racontée sous forme de conte à son illustration qui en captera l’essentiel (même si par moments la descente dans les entrailles de la terre à la recherche de forces telluriques ou l’interpénétration du corps dénudé couvert de boue et de l’élément liquide sont un peu appuyés..Un geste suspendu est un moment de grâce, l’éterniser le contrarie dans son évanescence même)
La forêt est le lieu privilégié de tous les fantasmes (son foisonnement végétal, sa luxuriance ou son aridité passagère, son bruissement qui peut se métamorphoser en mugissement, ses arcanes, son parcours labyrinthique, ses antres ses grottes ses plans d'eau, autant d’éléments constitutifs d’une réalité qui porte en elle-même son contraire ; telle anfractuosité et c’est Eros et Thanatos ; telle grotte et c’est l’obscur de l’inconscient en lutte avec le conscient ou le passage de la lumière aux ténèbres de l’enfer ; tout comme le scintillement et la diffraction de la lumière ne peuvent se concevoir sans l’exaltation de l’ombre ou l’inverse. Ce que vivent ont vécu et continueront à vivre Tommaso, Arturo et Ariane…..Trois personnages d’une légende qui perdure par-delà les siècles
Des travellings audacieux quand la caméra suit au tout début les fugitifs dans leur course, des plans fixes sur ces visages qui vont raconter les légendes de leur contrée (le Piémont), une alternance d’ombres et de lumière plus ou moins crue (celle-ci prédominera dans la dernière séquence : inversion ironique puisque nous sommes à l’intérieur d’une prison…) des plans larges sur les corps pénétrant dans l’élément liquide ; le jeune réalisateur italien qui est aussi cadreur manie avec dextérité sa caméra certes; mais cela ne convainc pas forcément....l'ennui peut même gagner certains spectateurs (dont je fus...)
Colette Lallement-Duchoze
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8 mai 2017
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Premier long métrage du cinéaste turc Mehmet Can Mertoglu
Avec Sebnem Bozoklu, Müfit Jacayan, Murat Kliiç
Présenté à la Semaine de la critique (festival Cannes 2016)
Au départ une supercherie : un couple infertile "invente" une grossesse – ventre faussement arrondi couple heureux, visage souriant, - puis procède à l'adoption - bébé dans les bras du " géniteur", de la "parturiente", du chirurgien obstétricien etc. Ces clichés ces instantanés voire ces selfies ce sera l’album de famille !
Le réalisateur a choisi une forme laconique et le style pince-sans-rire : peu de dialogues, caméra fixe souvent, personnages en frontal figés dans leurs mensonges, ou plans larges pour dénoncer à la fois le fameux mythe de la virilité liée à la procréation, le racisme des personnages principaux (classe moyenne) et cette tendance condamnable à falsifier l’histoire en la réécrivant (apanage des dictatures et des prétendues démocraties…dont celle d'Erdogan...)
Le ton était donné dès le prologue qui tient d’un documentaire animalier sur les différentes étapes de l’insémination artificielle d’une vache ; soit trois scènes dans un univers froid -depuis la récupération du sperme du taureau jusqu’à la naissance du veau en passant par les manips en laboratoire. L’analogie s’impose dans son implacable évidence : l’homme est un animal ; le mâle a vocation de procréer ; l’être humain obéit en s’y soumettant à tous les carcans qui jugulent sa liberté ou dictent sa pensée.
Des saynètes vont se dérouler comme autant de tableaux illustrant cette quotidienneté. Si celle-ci est souvent étrange (décalage entre les propos entendus et les images qui les démentent) parfois surréaliste (dinde qui s’ébat dans le bureau du directeur de l’orphelinat) elle frappe surtout par l’antipathie que suscitent les deux personnages principaux Bahar et Cüneyt (racisme primaire, goinfrerie animale, soumission à tous les diktats). La séquence finale près de la cascade serait-elle signe d’ouverture ? ou condamnation sans appel?
On pourra toujours affirmer que le cinéaste turc est dans la lignée de Kaurismaki ou de Corneliu Porumboiu. Cette comparaison vaut pour la forme elliptique et distancée ; mais l‘humour si particulier de "l’album de famille" ne se catégorise pas ! Une chose est sûre : Il met souvent mal à l’aise.
La charge contre le régime turc en sera-t-elle plus efficace??
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
4 mai 2017
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D'Hirokazu Kore-eda (Japon)
Avec Kirin Kiki, Hiroshi Abe, Yoko Maki, Yoshizawa Taiyo
Argument: "Malgré un début de carrière d’écrivain prometteur, Ryota accumule les désillusions. Divorcé de Kyoko, il gaspille le peu d’argent que lui rapporte son travail de détective privé en jouant aux courses, jusqu’à ne plus pouvoir payer la pension alimentaire de son fils de 11 ans, Shingo. A présent, Ryota tente de regagner la confiance des siens et de se faire une place dans la vie de son fils. Cela semble bien mal parti jusqu’au jour où un typhon contraint toute la famille à passer une nuit ensemble… "
Le titre -et ce sera presque un truisme- est à prendre dans ses sens propre et figuré ; car la "tempête" est cette perturbation qui affecte autant la famille qu’elle s’incarne en ce typhon annoncé ; le toboggan dans lequel vont se lover père et fils est-il annonciateur de cet "après" qui restera hors champ ??
Le cinéaste (cf still walking) aime peindre affects troubles drames et deuils familiaux et dans ce film chaque personnage en incarne une facette, suite à deux "traumas": la mort du père et le divorce du fils. D’abord la mère (Kirin Kiki). Veuve, elle semble "soulagée" quand au début, elle trie avec sa fille les "affaires" ; son époux accro au jeu n’a-t-il pas dilapidé l’argent dont elle aurait eu besoin pour, entre autres, quitter cet appartement HLM (un des éléments principaux du décor qui va enserrer les personnages au moment du passage du typhon). Le fils Ryota (Hiroshi Abe) semble avoir hérité du penchant paternel; écrivain en panne d’inspiration il vit d’emprunts s’adonne aux paris et accepte d’être détective -ironie du sort : traquant les incartades d’époux infidèles -matière supposée de ses livres à venir- il en profite pour épier son épouse et son fils ; accro au "jeu" délétère, couvert de dettes, il ne peut payer la pension alimentaire de son fils et risque ainsi de le "perdre". Or à un moment sa mère le compare au mandarinier "il n’a ni fleurs ni fruits mais ses feuilles nourrissent ces chenilles prometteuses de papillons.. (suggestion de l’"après"?). L’enfant Shingo étonnamment "mûr" pour ses 11 ans sait -par une inversion des "rôles"- poser les questions qui fâchent et profère le fameux " deviens qui tu es " nietzschéen -précepte enseigné par son père!
Le cinéaste aime mêler ou alterner tendresse et cocasserie ; délicatesse et dérision, scènes d’intérieur et plongée dans l’univers des courses ou du tissu urbain frénétique. Mais surtout en sondant les "blessures" intérieures, il sait déceler ce détail apparemment anodin qui va définir un personnage (l’exemple de la mère/grand-mère est à cet égard révélateur)
Si la tempête (typhon) -qui aura rassemblé le temps d’une nuit, des morceaux jusque-là désunis est au cœur du dispositif narratif, c’est bien l’enfant -et partant le thème de la filiation- qui imprime au film sa connotation symbolique
Nb le film a été présenté au festival de Cannes 2016 dans la section "un certain regard" et non en "compétition officielle" ; Thierry Frémaux en a décidé ainsi "beau film certes mais mineur". Or les films du réalisateur japonais ne sont-ils pas "de grands films joués en mode mineur "???
à vous de juger !!!
Colette Lallement-Duchoze
Très déçue par ce film .... pas d'action très très lent ... je me suis presque endormie !
Seule la dernière partie avec l'annonce du tiphôn est intéressante !!
Je ne conseille pas du tout ce film
Tia 4/05/17
Published by cinexpressions
30 avril 2017
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Film écrit et réalisé par Rayhana
Co-production France / Grèce / Algérie (le film a été tourné dans un hammam à Thessalonique)
Avec Hiam Abbas (Fatima) Fadila Belkebla (Samia) Lina Soualem (Meriem) Bayouna (Aïcha)
Dans un hammam neuf femmes algériennes de conditions et d'âges différents se livrent, à l'abri du regard des hommes, à une conversation libre qui touche à l'intimité des corps et à tous les tabous de leur société, sur fond de bombes et de menaces intégristes
Alger 1995. Vue aérienne sur le port la mer le ciel puis sur les toits et paraboles. D'une terrasse on entend la voix off de Samia qui dit l’attente l’espoir (elle a 29 ans et demi) la façon de contourner l’interdit en lavant puis étendant le linge . Mais une vue en plongée sur une fenêtre, et … dans le reflet d’un miroir, c'est la violence d’un rapport sexuel...(dont Fatima est la victime)
Après ce prologue -très suggestif- le spectateur va être enfermé dans le lieu clos d’un hammam que dirige la même Fatima (Hiam Abbas) -elle y trouve refuge, se lave de l’affront subi; nue et recroquevillée, elle fume avec délectation (cf l’affiche) (en Algérie fumer c’est pour les catins). Aidée de sa masseuse Samia elle est prête à accueillir les "femmes"
Le choix d’un tel lieu n’est pas innocent ; de l’aveu même de la réalisatrice "c’est un des rares endroits où la femme peut aller sans réprimande. Sauf pour les islamistes qui avaient décidé que le hammam était illicite car lieu de la nudité -laquelle est réservée à l’époux !
Les corps se dénudent, l’eau ruisselle, les langues se délient. On fume, on chante, on danse, on crie, on rit. Chacune de ces femmes d’âge de corpulence et de milieu différents a son vécu, un vécu souvent douloureux. On retiendra le récit de cette femme âgée qui à 11 ans, a subi sa défloraison (mariage arrangé avec un homme de 30 ans) ; l’histoire de Meriem enceinte de père inconnu menacée de mort par son frère - Fatima dans un premier temps la "cache" mais l’accouchement va fédérer toutes les femmes dans une forme d’unité salvatrice où la Vie et la Dignité s’opposent aux ravages dévastateurs des islamistes. Quand les "barbus" tentent de faire irruption, Aïcha (Bayouna) sait déverser son venin sur cette meute d'enragés
Des corps et des cœurs mis à nu dans une atmosphère embuée de vapeurs, aux couleurs pastels ; tout cela au service d’une charge contre le traditionalisme, la dictature phallocrate et islamiste -dont le bruit des bombes rappelle la présence prégnante! Telle est bien la "mise en images" de "à mon âge, je me cache encore pour fumer"
Mais l’adaptation cinématographique d'un texte destiné au théâtre est loin d'être "convaincante". Hormis prologue et épilogue qui se répondent en écho, le film accuse trop souvent les marques de la théâtralité.. Voyez ces mouvements des corps qui se rassemblent ou se dispersent: ne rappellent-ils pas les entrées et sorties des personnages sur scène ? entendez ces voix, n'ont-elles pas les modulations de récitantes ?
Un beau chœur à l’antique avec coryphée oui ; un objet cinématographique non
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions
26 avril 2017
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d'Alberto Rodriguez (Espagne)
avec Eduard Fernandez, José Coronado, M Etura
Années 90. Un ex-agent secret espagnol est engagé pour résoudre une affaire de détournement d'argent risquant d'entraîner un scandale d'Etat. L'homme y voit l'opportunité de s'enrichir tout en se vengeant du gouvernement qui l'a trahi par le passé....
Un rythme fou, une musique électrisante (signée Julio de la Rosa) un imbroglio de situations qu'illustrent des jeux labyrinthiques narratifs - chronologie éclatée par des flash-back, des prolepses-; une voix off -celle du pilote, seul personnage de fiction- censée expliquer au spectateur tenants et aboutissants d'une vaste escroquerie de barbouzes de tout poil....un scandale qui aura coûté des milliards de pesetas ....mais aussi la chute du gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez...Le réalisateur -qui s'est inspiré d'une histoire "vraie"- nous égare dans ce vertigineux dédale tout comme Paco s'est ingénié à égarer tous les "acteurs" de sa supercherie rondement menée
L'homme aux mille visages c'est lui Paesa dit Paco -dont le prologue au rythme survolté rappelle son passé d'ex-agent secret. Trahi par son gouvernement, il est décidé à le trahir si une opportunité se présente. La voici précisément: Luis Roldan -le patron de la Garde Civile- a détourné une coquette somme d'argent et sollicite son aide pour protéger son magot! alors que Paco est parallèlement et officiellement engagé pour ....résoudre cette arnaque ...
Si l'argent est bien en cavale dans ce thriller qui nous entraîne de Madrid à Singapour en passant par Genève et les paradis fiscaux -et j'en passe, l'homme le plus recherché Luis Roldan est resté, lui, planqué dans un minuscule appartement à Paris grâce aux "services" bien monnayés de l'ex-agent; puis ce sera une "simulation" de reddition au Laos (supercherie qui provoquera la démission du ministre de la Justice Belloch!)
Impassible, en costume sombre, la cigarette aux lèvres, Eduard Fernandez incarne ce gangster élégant, cet arnaqueur ingénieux - "être riche coûte cher" affirme-t-il sans vergogne; il ira jusqu'à embaucher sa nièce pour détourner le pactole de Roldan planqué provisoirement à Singapour !
Ainsi Paco aura trahi à la fois son gouvernement et Roldan (qui après hésitation avait souscrit à son credo "vous avez toute ma confiance")
Est-il mort ? Peut-être l’a-t-on croisé dans le VI° arrondissement à Paris….
Ultime pied de nez !
Colette Lallement-Duchoze
PS cela étant j'ai préféré "La Isla Minima"
Published by cinexpressions
25 avril 2017
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les mercredi 10 17 et 24 mai 20h à l'Ariel Mont-Saint-Aignan
et vendredi 2 juin 20h à l'Omnia Rouen
"De l’évasion et un savoureux cocktail de films, voilà ce que le Courtivore souhaite vous offrir du 10 mai au 2 juin 2017 à l’occasion de la 17ème édition de son festival.
Vous retrouverez au programme une sélection de 24 courts-métrages en compétition aux ingrédients et aux couleurs très variés (comédie, drame, thriller, animation…). Passés au “shaker” du Courtivore, ces films de moins de 20 minutes et choisis par notre équipe parmi près de 1100 candidatures seront répartis en 3 actes (les 10,17 et 24 mai à l’Ariel).
Comme toujours les spectateurs seront consultés lors des projections pour élire les 6 films finalistes puis le lauréat du prix du public (finale le 2 juin à l’Omnia).
La sélection “En short” permettra à nos jeunes cinéphiles en culottes courtes (7 ans et plus) de découvrir 7 films (sans alcool) et de remettre également un prix dédié.
Deux projections thématiques vous seront servies bien frappées elles aussi avec “Courtivore sous les toits” – mettant en scène l’architecture et le logement dans le cinéma (à la Maison de l’Architecture) – puis une thématique “science-fiction” lors d’une soirée spéciale “Courts du 3ème type” avec plein d’autres animations festives et ludiques (jeux vidéo, installations numériques, “maison hantée”…) dans un lieu atypique du centre-ville de Rouen"
Les prix :
Prix du public : En votant lors de la finale, le 2 juin à l’Omnia, le public récompensera le film lauréat du festival dont le réalisateur remportera un prix de 1000€ offert par le Crédit Agricole Normandie Seine.
Prix du jury 18/30 : Composé de 7 jeunes de 18 à 30 ans, les membres du jury, épaulés par le CRIJ et les Rencards Étudiants, auront la charge de désigner ensemble leur gagnant parmi les 24 films en compétition.
Prix “en short” : Désigné par les jeunes spectateurs (de 7 ans et plus) des projections “Courtivore en short”.
http://courtivore.com/edition-2017/
Pour vous donner un aperçu des films projetés, visionnez le courteaser :
Published by cinexpressions
24 avril 2017
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De Maysaloun Hamoud (Palestine, Israël)
Avec Mouna Hawa, Sana Jammelieh, Shaden Kanboura
Le titre à valeur programmatique -soit l'expression d'une farouche volonté d'émancipation- trois jeunes femmes vont l'illustrer; trois Arabes israéliennes; trois incarnations de la société civile et religieuse; une avocate athée qui ne cesse de cloper, Layla; une DJ, qui travaille dans un restaurant et affiche son homosexualité, Selma issue d'une famille chrétienne, et une étudiante en informatique, Nour, une musulmane portant le voile et dont l'avenir est déjà tracé car elle est fiancée au pire macho religieux.
Mais le titre originel était plus adapté : littéralement "entre terre et mer" en arabe traduit par "ni ici ni là-bas" en hébreu. D'emblée en effet l'appartement que les trois jeunes femmes partagent à Tel-Aviv est chargé de symboles: microcosme de la société arabe israélienne, il est un refuge contre l'extérieur -entendons la famille et le poids des traditions d'une part, et la ville où le statut mixte est difficilement accepté, d'autre part. C'est aussi le lieu privilégié d'une liberté à conquérir; elle s'élabore dans cet entre-deux, celui de la sororité, avant de jaillir à l'extérieur -et ce sera précisément la dynamique du film
La réalisatrice procède par montage parallèle et alterné; cela permet au spectateur de suivre le parcours de chacune; on pourra reprocher le systématisme d'une telle approche. Mais elle est largement compensée par une forme accumulative de "situations" , par une maîtrise des cadrages, par l'alternance de scènes nocturnes frénétiques et de blessures à suturer, et par le choix d'une musique vivifiante
Comme il est dit dans le générique de fin, le film a été produit par Shlomi Elkabetz, le frère de Ronit cette actrice israélienne décédée en 2016 (ce film lui est d'ailleurs dédié)
Ecoutons la réalisatrice " Comme eux je mets en lumière le patriarcat qui règne au sein de la société israélienne dans son ensemble. Comme eux je mets les outsiders devant la scène, je donne la voix à ceux qui en sont privés. J'ai simplement continué à marcher dans la voie que Shlomi et Ronit ont commencé à tracer"
NB tant pis pour les spectateurs qui ont quitté la salle avant le générique de fin; ils n'auront pas pris la peine de lire remerciements, témoignage et dédicace... pourtant si éclairants...
Colette Lallement-Duchoze
Je suis partagé par ce film. Est-ce vraiment un film féministe ?
Oui si l’on se limite à la juste description de la violence machiste en tous genres que subissent les femmes arabes en Israël par les hommes arabes, en premier lieu. Non si on considère que ce film n’apporte aucun élément de réflexion - qui aurait pu être au travers d’un dialogue- à la désaliénation.
Deux des protagonistes boivent, fument, se shootent à qui mieux mieux. La troisième reste dans la tradition de la femme soumise totalement aliénée...
Au final on se demande quelle idée a la réalisatrice de la libération de la femme arabe ? On n’en voit pas dans son film hormis une description primaire de l’asservissement et une réaction infantile pour s’en dégager.
Dommage, c’était bien parti pour en faire un film qui dépasse l’anecdote.
Serge Diaz 30/04/17
La réponse est dans les "images" ; particulièrement deux scènes -celle du viol et celle du bain dans la mer; Nour s'est quasiment dénudée (= s'est débarrassée du corset des traditions) et l'eau a une fonction à la fois lustrale et symbolique
Il ne s'agit pas de "description primaire" ni de "réaction infantile" mais d'une "évocation" ; et la conquête de la liberté (que suggère le titre français) s'est élaborée "collectivement"...(cf les moyens mis en oeuvre pour prendre en flagrant délit le fiancé de Nour; voir aussi ce plan final sur les 3 femmes assises sur un muret, filmées de face)
On est loin de la pure "anecdote"...
Colette 1/05/17
Published by cinexpressions
21 avril 2017
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De K. Grozeva et P. Valchanov (Bulgarie)
Avec Margarita Gosheva, Stefan Denolyubov
Le cantonnier Tsanko, la cinquantaine, trouve des billets de banque sur la voie ferrée qu'il est chargé d'entretenir. Plutôt que de les garder, l'honnête homme préfère les rendre à l'Etat qui en signe de reconnaissance organise une cérémonie en son honneur et lui offre une montre.... qui ne fonctionne pas!
Cette comédie douce-amère inspirée d'un fait divers dénonce la corruption qui gangrène le pouvoir en Bulgarie -mais aussi toute la société. Dans Godless film sombre voire glauque, c'était une mafia et son trafic de cartes d'identité usurpées à des vieux impotents par une infirmière. Ici c'est le ministère des Transports, le pouvoir maléfique et cynique de ses communicants dirigés par Julia Staikova, qui sont épinglés. Un homme simple -pour ne pas dire simplet- bégayant de surcroît, est confronté -à cause précisément de trop d'honnêteté - à l'impudence éhontée de cette caste politique. David contre Goliath!!
Pendant le générique d'ouverture, on entend l'horloge parlante décliner avec l'impeccable précision que l'on sait, heure, minute et seconde. Tsanko peut ainsi régler sa montre -une Glory- et commencer sa journée de cantonnier. Filmé de dos il arpente la voix ferrée, vérifie les boulons et il revisse ceux qui n'ont pas "fait le bon bruit" (gros plan sur sa lourde clé à mollette); sa marche est interrompue par la découverte d'une sacoche éventrée et ses billets de banque...Ellipse. Déclaration à la gendarmerie. Il bègue. Récupération en haut lieu; cérémonie officielle bien médiatisée et réglée au millimètre près; retransmission en direct; etc.. On connaît la mainmise du pouvoir sur les médias et l'intox par l'image... Or Julia avait pris la Glory ...afin d'offrir sous l'oeil de la caméra une autre montre - preuve manifeste d'une honnêteté récompensée.. Les ennuis vont commencer, début d'un calvaire. Tsanko qui amoureusement caressait les oreilles de ses lapins, leur donnait régulièrement à boire, lui qui exerçait son métier avec la minutie du professionnel va être pris malgré lui dans un engrenage et n'aura de cesse de retrouver sa Glory -cadeau familial, incarnation de son exactitude et symbole de sa probité.
L'histoire est cruelle, pour ne pas dire "tragique". Les réalisateurs ont opté pour le mode du comique "dit décalé" qui rappelle parfois Tati. On ne rit pas mais on sourit du bégaiement de Tsanko; on se moque légèrement de ses maladresses et le personnage est parfois englué dans des situations que n'aurait pas reniées Keaton!!!
Mais dans cette parabole, la mécanique -trop souvent- tourne à vide
Et que d'insistance sur les séances de procréation assistée (Julia)! Que de complaisance quand la bouche bégayante est montrée en très gros plan -même si le bégaiement peut symboliser le musellement de la parole quand il s'agit des "petits". Que d'étirements inutiles de scènes a priori comiques (changement de pantalon et plus tard de chemise); des mélanges douteux ou simplistes - comique farcesque et sa symbolique latente: nudité et dépouillement moral par exemple.
Le film n'en reste pas moins une charge ... fût-elle décevante dans son traitement
Colette Lallement-Duchoze
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