25 juillet 2016
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De Jin Jang Corée du Sud
Avec Cha Seung-Won, Oh Jung-SE, Song Young-Chang
Grand prix du Festival du film policier de Beaune (2016)
argument: Ji-wook est un policier endurci bardé de cicatrices prêt à tout pour arrêter les criminels qu'il pourchasse, en particulier Heo-gon, un mafieux notoire et cruel. Sa jeune collègue traque, elle, un violeur en série et tombe peu à peu amoureuse de Ji-wook. Mais elle ignore que celui-ci ne nourrit qu'un seul désir: devenir une femme...
Un homme face à la caméra narrant ses mésaventures avec Yoon Ji-wook en vient à le mythifier «J’étais face à sa bite et ensuite il m’a démoli comme un chien». Le plan s'élargit; cet homme s'adresse en fait à ses sbires attablés, et voici que surgit Ji-wook; seul il "massacre" la quasi totalité de ces malfrats (après avoir jeté son revolver préférant la lutte à mains nues...) Première séquence, première scène très gore; le spectateur ne sera pas épargné par d'autres similaires.
Qui est cet homme tant redouté des clans mafieux et criminels? Cet "homme aux talons hauts" à la beauté renversante? Un flic impavide et invincible? En fait -et son passé revient par bribes auréolées de lumière au cours de la narration – marqué dès l'enfance par une scène dite "primitive": une relation homosexuelle tragique , Ji-wook rêve de devenir femme; on le voit fréquenter des "cliniques" (assez sordides); l'argent gagné grâce à son métier de flic, lui permettra de réaliser ce projet.
Le cinéaste va ainsi jouer sur deux fronts: le genre thriller et le cinéma de genre. Violence à l'état brut avec ses giclées de sang et ces corps qui n'en finissent pas d'agoniser, violence dans les propos, c'est le schéma du thriller qui oppose flics et gangsters (mais traité de façon très chorégraphiée) et plus particulièrement Yoon et le "boss" et en parallèle cruauté d'un combat intérieur. Et ces deux "intrigues" non seulement se croisent mais se renforcent mutuellement (d'ailleurs la promesse faite à son camarade de veiller sur sa petite sœur prévaudra sur ses choix personnels)
La beauté tragique de certains plans (la face tuméfiée de Ji-wook, sa chemise /suaire, le visage d'une femme "surréelle"), l'humour très présent, la prégnance de codes spécifiques, l'interprétation de Cha Seung-Won tout cela est au service de cette hybridité à la fois formelle textuelle et thématique.
Un thriller singulier et décapant!
Colette Lallement-Duchoze
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22 juillet 2016
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De Anna Muylaert Brésil
Avec Naomi Nero (Pierre/Felipe) Dani Nefussi (les deux mères) Lais Dias (Jaqueline la soeur)
Argument. Pierre est un jeune adolescent de 17 ans, des quartiers populaires de Sào Paulo où sa mère l'élève seule avec sa soeur. Son quotidien est bouleversé quand il découvre que sa mère n'est pas sa mère biologique et que sa famille qui n'a cessé de le rechercher attend son retour....
Certes, la réalisatrice s'est inspirée d'un fait divers. Mais ce qui l'iintéresse est moins la filiation que la quête d'identité et la construction de soi. "Intriguée" par le personnage du fils, elle met en exergue ses ressentis d'adolescent et le regard qu'il porte sur lui-même (dont rend compte par exemple le jeu des miroirs dans la salle de bains) et par-delà ce cas spécifique c'est le passage cruel de l'adolescence à l'âge adulte. C'est pourquoi le sort de la "petite sœur" volée elle aussi à la maternité, élevée avec Pierre puis restituée à ses parents, aussi douloureux soit-il, est traité de façon elliptique ou laconique (difficultés d'adaptation au nouveau milieu social et familial)
Plans très serrés, succession rapide de petites touches, et voici que s'élabore le portrait de Pierre. Dès le prologue l'accent est mis sur son goût du travesti, du maquillage, des baisers pulpeux, des rapports sexuels compulsifs (au gros plan sur ses fesses et jarretières dans les toilettes d'une boîte branchée de São Paulo, fera écho celui dans la salle de bain) Puis dans la première partie du film, défile l'essentiel de sa vie d'ado: école, répétitions dans un groupe de rock, vie familiale. Une mère et une sœur aimantes. Mais dès que Pierre redevenu Felipe doit affronter ses parents biologiques, vivre avec eux, se conformer à leur standing de bourgeois bien pensants, la colère si longtemps contenue va éclater. La séquence du bowling est à cet égard révélatrice. D'une part elle illustre métaphoriquement l'incapacité de Felipe à se plier aux diktats sociaux et familiaux (son lancer de boule est toujours dévié, au grand dam du père) et d'autre part elle met à nu (le ton est de plus en plus violent) les angoisses et revendications de ce jeune homme: il déteste le foot, le bowling, il a été cruellement "volé deux fois" et n'a qu'un désir: assumer pleinement celui qu'il est...
NB: Si la même actrice (Dani Nefussi) interprète les deux mères, c'est moins un clin d'œil à Hitchcock qu'un choix délibéré de la réalisatrice; écoutons- la "je voulais que le personnage perdure: alors que Pierre quitte sa première mère, il ne va pas tarder à la retrouver à travers sa seconde mère. J’ai fait ce choix car je crois que les mères forment notre regard sur les choses, sur le monde, dès le début et à moins que nous ne fassions un très gros effort pour y remédier, elles sont toujours présentes dans notre subconscient influençant nos relations au quotidien"
Colette Lallement-Duchoze
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18 juillet 2016
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Comédie musicale de Paul Calori, Kostia Testut
Avec Pauline Etienne, Olivier Chantreau, François Morel, Loïc Corbery, Julie Victor, Vladimir Granov
Argument: Alors que Julie pense décrocher un CDI dans une fabrique d'escarpins de luxe, un plan social vient chambouler ses rêves de stabilité : entre lutter aux côtés d'ouvrières frondeuses ou bien faire profil bas, la jeune femme ne sait sur quel pied danser. Mais quand Samy, un camionneur aussi roublard que charmeur, vient prêter main forte au combat, ce n'est déjà plus la même chanson…
Quelle déception !
Je m’attendais à un film à la Demy revu à la sauce actuelle.
Rien de tout cela; ça partait bien pourtant avec un fond de lutte de classes dans une petite entreprise de chaussures haut de gamme et crac !... ça dérive petit à petit et finit en célébration de la démerde individuelle à l’opposé de l’action collective.
Le choix idéologique très contestable des réalisateurs à l’esprit à la mode “macronienne” m’a fait bondir à la fin du film.
Quant aux chansons elles sont archi-faiblardes, les acteurs sont ternes (François Morel s’en sort tout juste), les couleurs pâlottes que le rouge des chaussures ne parvient pas à relever.
Bref, on s’ennuie et on se demande pourquoi les réalisateurs se sont mis à deux pour pondre un si petit film qui fait plouf !
Serge Diaz
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6 juillet 2016
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15:52
De Cristian Jimenez Chili 2014
Avec Ingrid Isensee, Maria José Siebald, Paulina Garcia, Andres Was, Niels Schneider, Cristobal Palma
Argument: Sofia, jeune mère récemment divorcée, vit à Valdivia. En quête de tranquillité et de vérité, elle fait un vœu de silence inversé : plus de portable, de tv, d’internet, ni de lecture pendant un an. Au lieu de trouver la paix intérieure espérée, elle va déclencher une crise familiale comique et existentielle.
Sur écran vidéo (film dans le film) un accouchement; il est commenté par la parturiente Ana (soeur de Sofia) , de retour au Chili dans la maison familiale à Valdivia; son père s'éloigne "pudiquement" presque offusqué alors que sa mère est "jalouse" : elle n'était pas à ses côtés quand elle a accouché de Cau
Ce premier plan/prologue encoderait-il tout le film, un film construit sur de légers "différés"?
Voici une famille, quatre générations, cohabitant sous le même toit. Sofia en sera le pivot narratif. Les liens jusque-là indestructibles (du moins en apparence) vont voler en éclats dès l'instant où le père (prétextant imiter sa fille divorcée) décide à 60 ans de quitter la famille. Et des allers et venues, des allers et retours (à l'instar de ceux qu'effectuent les deux enfants de Sofia quand ils rejoignent leur père pour la garde alternée) vont rythmer la narration.
Dans cette comédie/chronique familiale (de type plutôt matriarcal) nous entendrons plusieurs voix off: celle d'un "narrateur extérieur" qui commente sonde explique le(s) comportement(s) de Sofia; celle que Sofia enregistre quand elle doit vanter tel ou tel produit (une voix qui exige répétitions modifications pour finaliser l'adéquation entre paroles et produit vanté); voix intérieure du personnage principal - Sofia a fait le voeu "d'être en off" en se "déconnectant" d'internet entre autres; voix off en décalage souvent avec l'image... Cette "déclinaison" va de pair avec la multiplication par duplication de versions d'une même histoire (le père était-il "gay"; "coureur de jupons" comme la rumeur le laisse "entendre" ou encore???) des "moyens de communiquer (via skype comme le fait Alicia la fille de Sofia avec son arrière-grand-mère? ou dans le silence intérieur comme l'a décidé Sofia ?)
Car le problème majeur est bien celui de la communication. Les deux sœurs (Sofia et Ana) malgré les apparentes divergences restent profondément complices (comme le suggère la fréquence de plans frontaux sur le duo); le mari d'Ana d'origine française est le confident malgré lui de sa belle-mère Matilda; les deux enfants de Sofia, Alicia et Roman, s'adonnent à des jeux "dangereux" quand ils ne sont plus sous l'égide maternelle (Alicia se complaît dans le rôle de bourreau).
Et c'est précisément la dichotomie entre le non-dit -qui correspondrait à une voix off- et ce qui est perçu ou montré -une sorte de voix in- qui imprime à ce film une certaine originalité; originalité que renforce toute une circulation de saveurs et d'odeurs !
Colette Lallement-Duchoze
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1 juillet 2016
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De Solveig Anspach
Avec Samir Guesmi (Samir) Florence Loiret-Caille (Agathe) Philippe Rebot, Didda Jönsdottir (Anna)
Prix SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) festival de Cannes 2016 (Quinzaine des réalisateurs)
Argument: Samir, grutier à Montreuil tombe fou amoureux d'une maître-nageuse à la piscine Maurice Thorez. Il décide pour s'en approcher de prendre des leçons de natation avec elle, alors qu'il sait parfaitement nager....
Dernier volet d'une trilogie, mais aussi dernière création de Solveig Anspach (décédée en août 2015) L'effet aquatique -comme dans Back Soon et Queen of Montreuil-, relie deux mondes :Montreuil (la piscine Maurice Thorez) et l'Islande (où se tient un congrès des maîtres-nageurs); pour l'intrigue c'est la quête amoureuse qui rend vraisemblable et même nécessaire cette jonction; pour la réalisatrice c'est la signature même de son identité
Drôle souvent, humain toujours, ce film gargouille bouillonne de flux et reflux comme autant de "révélateurs" des non-dits (c'est l'effet aquatique assuré!!)
Lui c'est Samir (grutier comme dans Queen of Montreuil); elle, c'est Agathe si dévouée dans l'apprentissage de la brasse aux enfants. Lui, un (faux) grand niais dégingandé, elle, à l'allure garçonne, rebelle à l'amour, vont progressivement s'apprivoiser...
Des scènes "improbables" (quand Samir se fait passer pour le représentant d'Israël avec un projet "miraculeux" -une piscine together scellerait la fin du conflit israélo-palestinien); des dialogues loufoques (les clichés sur l'hygiène ou le romantisme à la française entre autres) ponctuent cette comédie qui allie (comme dans Quenn of Montreuil) la poésie l'humour le burlesque et la générosité (car Solveig Anspach a toujours montré dans ses films son empathie pour tous les gens ordinaires qu'elle sait rendre si attachants dans la simplicité et/ou la complexité de leurs désirs)
Corps en apesanteur (très beaux plans sous l'eau, sur les jambes de sirène de l'une et le torse viril de l'autre). Corps mis à nu, dans ce monde aquatique tout en moiteur qui par essence abolit toutes les différences. Corps qui vont émerger du liquide "amniotique" pour célébrer l'Amour -jusque-là "refoulé" ou contrarié!
Colette Lallement-Duchoze
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30 juin 2016
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De Pascal Bonitzer
Avec Agathe Bonitzer, Vincent Lacoste, Jean-Pierre Bacri, Lambert Wilson, Isabelle Huppert, Pascal Gregorry
Les projets sont faits pour être réalisés, les rêves pour être brisés », c'est une vérité d'évidence, un truisme pour le directeur Barsac (Lambert Wilson) d'un cabinet conseil en "fusions-acquisitions". Et le film serait censé illustrer ces propos pour le moins cyniques.
Son titre au laconisme de slogan publicitaire illustre bien une fonction programmatique...En outre il est construit sur le principe de la binarité et/ou de l'opposition: une direction bicéphale chez ABFi; deux soeurs, deux jeunes loups, deux univers (celui glacé aux couloirs bureaux escaliers comme désertés par l'humain) et celui d'un appartement au charme suranné où vit Serge le père de Nora), Solveig et ses deux amours.
Cette binarité formelle épouse-t-elle les "trames" de fond? Celles que la métaphore du banian sous-entend; cet arbre qu'affectionne Prevôt Parades (Pascal Gregorry) croît aux dépens des autres, auxquels ses branches s’enroulent. Ainsi se définirait le jeu d'intrigues souterraines progressivement extirpées; car le monde de la finance n'est dans ce flm qu'une "toile de fond" sur laquelle viennent se "projeter" ou se fracasser des réminiscences, des projets avortés, des amours contrariés, et la thématique de la transmission familiale par exemple serait bien plus prégnante que la satire du monde de la haute finance!
Et pourtant!!
Des intrusions "surnaturelles"(l'énorme chien "fantôme" cauchemar de Nora, la femme de ménage aux croyances de type vaudou) des propos salaces (ceux de Solveig par exemple), les scènes avec la soeur de Nora une chanteuse sans prétention, une fin genre "happy few", sauveraient-ils in extremis un film globalement décevant???
(Tout cela ne remet nullement en cause l'interprétation d'Agathe Bonitzer aussi glaçante parfois que son aînée Isabelle Huppert)
Colette Lallement-Duchoze
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26 juin 2016
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De Pietro Marcello, Italie
Avec Tommaso Cestrone, Sergio Vitolo, Gesuino Pittalis
"Dans un monde qui nous prive d'âme, être buffle est un art"
Telles seront les ultimes paroles de Sarchiapone, alors que de ses immenses yeux de bufflon, goutte une larme perlée...
C'est son parcours que nous suivons (à travers son regard le plus souvent et à l'écoute de sa voix off) dans ce film/conte où le merveilleux côtoie le tragique, où l'apparente fiction voile les arcanes du réel ou les révèle dans leur âpreté, où se télescopent paysages de la Campanie et images en sépia de foules, scènes de déprédations et fresques de style étrusque. Une image récurrente celle de l'antre telle une matrice inviolée, un plan récurrent lui aussi celui de l'arbre dénudé, l'arbre de la Mort, le jeu d'oppositions entre le pragmatisme des bergers paysans (un buffle mâle coûte plus cher qu'une femelle, alors inutile de l'engraisser mangeons-le) et le rêve de Tommaso ou de Polichinelle, tout cela invite à une lecture plurielle (égalité entre les espèces, histoire d'un pays dévoré honteusement par les prédateurs, un pays perdu comme le signalerait le titre emprunté à Nabucco)
Dès la première séquence la tonalité est donnée; la caméra (en fait l'oeil du bufflon) virevolte dans un engrenage bleu aux bruits effrayants, c'est l'antichambre de la mort!
D'abord recueilli par le berger Tommaso Cestrone, l'ange gardien du palais Reggia di Carditello (Campanie) devenu une gigantesque poubelle et qui seul (sans aide financière) a entrepris de débarrasser tous les détritus, de lutter contre les assauts de la Camorra. À la mort de ce "héros local", Sarchiapone est confié à Polichinelle ("émergeant des profondeurs du Vésuve"); c'est un personnage masqué -comme dans la commedia dell'arte- il est l'intermédiaire entre vivants et morts. En compagnie de ce duo (cf l'affiche), nous quittons la Campanie pour Tuscia (à l'ombre de la figure tutélaire de Tommaso)
Masqué, Polichinelle parlait avec l'animal. Démasqué, il perdra le contact car ce dernier ne le reconnaît plus..
Mais un conte ne doit-il pas aussi "dire la vérité toute nue" ???
Et cette vérité c'est celle d'une patrie si belle et perdue
Colette Lallement-Duchoze
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25 juin 2016
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Documentaire réalisé par Nassima Guessoum 2014 (Algérie, France)
Selon le comptage officiel de l'Etat algérien, 10949 femmes ont combattu pendant la guerre d'indépendance en Algérie. La réalisatrice franco-algérienne Nassima Guessoum a suivi pendant 5 ans Nassima Hablal, une de ces héroïnes souvent oubliées pour en faire son premier film
Elle chante, elle parle avec un mélange de faconde et de gouaille, -en se faisant répéter les questions à cause de sa surdité-, elle sourit -et surgit tel un îlot rescapé, son unique dent-, elle prépare le café, elle se maquille, se pare de foulards colorés, elle marche lentement appuyée sur sa canne, elle répond vertement à sa nièce, elle se fait le guide dans les lieux qui ont marqué son passé en Algérie....
Elle, c'est Nassima Hablal une des 10949 femmes, moudjahidine de l'indépendance algérienne. Et Nassima Guessoum en la filmant en plans très serrés dans son quotidien d'octogénaire, va "donner un visage" à cette guerre qui longtemps ne fut pas reconnue comme telle par les gouvernements français...
Membre du PPA (parti du peuple algérien) puis engagée dans le FLN, militante convaincue (la Révolution primait sur sa vie privée), torturée par les paras de Massu, emprisonnée en France, elle revient en Algérie après l'indépendance. De 2006 à 2013 Nassima Guessoum va la rencontrer et de ces échanges naît ce documentaire certes très intimiste mais bien plus éloquent qu'une "leçon d'histoire"
Il s'ouvre sur les fêtes de la commémoration (Bouteflika en tête) Le faste de cet anniversaire contraste avec la sobriété du documentaire dont la richesse est dans la parole restituée...Et quand Baya son amie témoigne des viols et de la torture, ou quand Nelly Forget, ex compagne de geôle, raconte face à la caméra leur "évasion" par le rêve (la couverture sur le sol de la cellule servait de piste d'envol ou d'embarcadère vers la ville de Fez !!!), jamais de surenchère facile dans le pathos! D'ailleurs après la perte douloureuse de son fils Youssef -et la tonalité du film va épouser celle du drame- c'est la réalisatrice qui lira (voix off) cette lettre écrite par Nassima (ô ce flux mémoriel que vont illustrer de légers mouvements de caméra sur des objets, témoins d'une vie, dans une demeure ... vide...habitée par le silence ! )
Un documentaire à la fois sobre et poignant qui a valeur d'épitaphe
Nassima Hablal (1928-2013) a été inhumée dans l'anonymat, MAIS sa voix résonne(ra) par-delà les embruns de l'Histoire
Colette Lallement-Duchoze
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21 juin 2016
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De Paul Verhoeven (France)
Avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Anne Consigny, Charles Berling, Virginie Efira, Alice Izaas, Judith Magre, Vimala Pons
Sélection officielle Cannes 2016
Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. A la tête d'une entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimntale d'une main de fer. Sa vie bascule lorsqu'elle est agressée chez elle par un inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s'installe entre eux....
C'est un chat au regard "persan"
C'est "elle" qui se masturbe en voyant "lui"
C'est "lui" qui vit dans le sadisme du "cagoulé"
Oui c'est "tordu" (propos de Michelle)
Tout ça pour "chat"? Ah Ah Ah
JM Denis
Salut,
Je suis allée voir ce film au cinéma, comme les critiques étaient plutôt positives…
Mais je suis sortie du ciné un peu confuse. MDR ! :)
Ce n’est pas que le film était mauvais : je l’ai juste trouvé bizarre !
Nina 27/06/2016
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20 juin 2016
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De Savina Dellicour (Belgique)
Avec Bouli Lanners, Manon Capelle, Anne Coesens
De retour au pays, Paul, 46 ans, détective privé, rencontre Dorothy une adolescente de 16 ans qui est sa fille sans que celle-ci soit au courant. Troublé, Paul l'observe, sans oser s'approcher. Mais tout bascule le jour où Dorothy vient lui demander d'enquêter sur son père biologique...
Quel que soit l'angle de vue (duo Paul/Dorothy, duo Dorothy/Claire, duo mère/fille, trio familial) quelle que soit la thématique envisagée (quête identitaire, recherche du père biologique, désarroi de la jeunesse, heurs et malheurs dans un milieu bourgeois "bien pensant", parentalité, encanaillement....) le film est aussi terne que les chats sont gris...
Le regard que l'on porte sur soi et que démultiplient les reflets (glace dans l'entrée de la maison, miroir dans la salle de bains), le regard inquisiteur de la voisine derrière les rideaux à peine relevés, le "faux" voyeurisme, l'oeil de l'appareil photo qui zoome sur sa "cible", s'inscrivent dans le catalogue des "clichés" convenus de l'être et du paraître ou de la violation de l'intime par effraction
Les deux enquêtes -celle de Paul et celle de Dorothy- amenées à se croiser (ah l'astuce qui fait de l'enquêteur, l'enquêté !!) loin de complexifier l'intrigue (pour le spectateur s'entend) la rendent trop "lisible" et parfois incohérente (le subterfuge imaginé par Claire ne sera pas une entrave à la quête/enquête)... In extremis un "rebondissement" et les aveux de la mère (soutirés comme au forceps, par la fille..) vont sortir momentanément le scénario de son tracé par trop artificiel!
Même Bouli Lanners à la bonhomie souriante et touchante, au jeu très sobre, ne parvient pas à faire décoller cette "comédie dramatique"
Certains spectateurs seront plus sensibles à la musique rock et punk, mais on peut aisément affirmer que ce choix musical - en soi roboratif - ne saurait pallier le manque de dynamisme voire l'atonie de l'ensemble ! (même dans les deux scènes de discothèque qui se répondent en écho)
Décalage trop évident entre les intentions affichées (faire se télescoper multiples émotions) et la façon dont elles sont mises en forme.
Dommage!
Colette Lallement-Duchoze
Published by cinexpressions