17 septembre 2017 7 17 /09 /septembre /2017 15:38

De Jonas Carpignano (Italie) 

Avec Pio AmatoKoudous SeihonIolanda Amato

 

 

 

Pio a 14 ans et veut grandir vite. Comme son grand frère Cosimo, il boit, fume et apprend l’art des petites arnaques de la rue. Et le jour où Cosimo n’est plus en mesure de veiller sur la famille, Pio va devoir prendre sa place. Mais ce rôle trop lourd pour lui, va vite le dépasser et le mettre face à un choix déchirant.

A Ciambra

 

Tourné à Gioia Tauro (Calabre) en  caméra portée le plus souvent, avec des acteurs non professionnels ; -ils interprètent en fait leur propre rôle, celui d’une famille rom condamnée à la précarité à cause de son oisiveté et qui survit « grâce » à la  délinquance…- le film A Ciambra est plus un récit initiatique -  illustrant le rite du passage de l’enfance à l’âge adulte- qu’un documentaire. En effet, le réalisateur s’intéresse surtout à Pio (il est d’ailleurs de tous les plans) un adolescent entre deux âges qui rêve d’être un caïd comme son frère Cosimo et qui se lie d’amitié avec un Burkinabé réfugié clandestin (lequel  incarne une certaine morale) -Et là on comprendra vite que le sort des "Africains" est cruel, victimes eux-mêmes de l’ostracisme des rom!!

 

Ce qui frappe d’emblée c’est une effervescence frénétique soutenue par la musique de Dan Romer. Oui un film décapant. Oui un film sans complaisance. Oui les traditions (rôle dévolu à la  mère, code d'honneur) sont la spécificité de la communauté.  Alors on fera abstraction de certaines redondances (scènes du train, motos qui pétaradent) ou lourdeurs (repas tablées), voire de clichés qui frisent la caricature (la séquence un peu longue avec le "parvenu" , un mafieux gitan, par exemple)

 

 

Un homme vu de dos avance lentement vers son cheval ; ambiance crépusculaire ; ellipse ; gros plan sur sa main qui caresse amoureusement la crinière ; puis plan moyen sur le même personnage qui mange assis sur une pierre de fortune un repas frugal, au bord du campement. C’était le prologue…

L’imaginaire (fantôme d’un autre âge, présence du cheval) s’en viendra par trois fois rompre et le rythme trépidant et la dureté du réel. Ne  serait-ce pas aussi la vision d’une génération à jamais disparue ???

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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17 septembre 2017 7 17 /09 /septembre /2017 06:45
C’est une biennale !
C’était en 2015,  
donc maintenant c’est en octobre 2017 ! 

 

du 6 au 8 octobre 2017 : Cinéma Omnia République (Rouen)

le 9 octobre à Yvetot et à l'Ariel (Mont st Aignan) 

 

 

vendredi 6/10 à 20h avant-première  de Ghost Hunting de Raed Andoni 

projection suivie d'un débat "Que peut le cinéma pour la  Palestine? " en présence du premier assistant Wadee Hanani 

 

 

 

 

 

Festival    Regards sur la Palestine
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11 septembre 2017 1 11 /09 /septembre /2017 08:26

De Philippe Van Leeuw

Avec Hiam AbbassDiamand Bou AbboudJuliette Navis 

 

prix: Valois du Public au Festival d’Angoulême

 

 

Dans la Syrie en guerre, d'innombrables familles sont restées piégées par les bombardements. Parmi elles, une mère et ses enfants tiennent bon, cachés dans leur appartement. Courageusement, ils s’organisent au jour le jour pour continuer à vivre malgré les pénuries et le danger, et par solidarité, recueillent un couple de voisins et son nouveau-né. Tiraillés entre fuir et rester ils font chaque jour face en gardant espoir.

Une famille syrienne

Écran noir. Bande-son : déflagrations (bombes ? mitraillettes?). On est averti. Et dès les premiers plans (dont un prolongé sur le visage d’un vieillard vu de face, dans l’embrasure d’une fenêtre, scrutant l’extérieur; lents travellings sur la bibliothèque, les canapés, les buffets d’un appartement) on sait que tout va se passer à huis clos ; et l’on sera enfermé avec cette famille syrienne confinée dans un appartement en quête de survie. L’extérieur -les combats- restera  hors champ

Comment rendre tangibles, palpables la claustration et la peur ? Caméra à l’épaule, le réalisateur filme les déplacements de ses personnages dans cet intérieur comme sur une scène de théâtre ; pris isolément, en duos ou en groupe ils vont se figer ou se terrer dans la cuisine, quand retentit le feu ou le martèlement de pas à l’étage supérieur ou dans la cage d’escalier. Dans cet enfer, la mère (admirable Hiam Abbass) tente d’organiser le désordre, d’imposer un "semblant" de Vie (rituel de la toilette, du repas ; même s’il y a pénurie d’eau…).

Son entêtement à vouloir rester dans un immeuble déserté par tous les autres occupants -et qui est devenu la cible des pillards, n’est pas la preuve d’un déni du réel. Le réalisateur montre avec subtilité ce que l’oppression et l’effroi peuvent engendrer chez les êtres humains (ici une foi inébranlable en la Vie) . Et de toute façon, partir ne serait-ce pas déserter ? Partir oui, mais pour aller Où ?? La même femme est capable au nom de l’intérêt général, de "sacrifier" une personne (en l’occurrence la voisine Halima qu’elle avait recueillie) -et la scène de viol imaginée par la famille cloîtrée derrière la porte et simultanément vécue par la victime dans la chambre est comme l’acmé de ce film. Le silence refoulé, les regards accusateurs sont plus éloquents que les cris de douleur….Théâtre de la guerre ; théâtre intérieur, théâtre de la cruauté!

 

On pourra  reprocher des insistances inutiles (les gros plans sur Halima présentée telle une madone) ou des métaphores appuyées (rôle de la table, des objets, des rideaux). Mais globalement le film (tourné dans un appartement à Beyrouth) a su mettre en évidence un aspect sordide de la guerre, de toute guerre : des civils en état de siège -dont le huis clos est la métaphore. Une telle dénonciation de la guerre est plus efficace que les "images" de dévastation dont nous abreuve la presse, sans discernement !

 

 

Passé dépassé ? Présent déserté ? On ne saura pas ce que le regard du grand-père (dernier plan du film en écho à un des premiers) a entrevu après cette journée d’enfermement (réminiscences telles de discrets fantômes ? Méditation sur une mort annoncée ?)

 

"laisse le monde dehors il ne vaut plus rien"

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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11 septembre 2017 1 11 /09 /septembre /2017 05:37
Soirée Moteur
 
 
Les 7 festivals  :   saison 2017-18  
 
 
- Regards sur la Palestine (du 6 au 10/10/17)
 
- Festival du film fantastique (du 3 au 5/11/17)
 
- This is England (du 13 au 18/11/17)
 
- A l'Est du Nouveau (du 6 au 11/2/18)
 
- Elles font leur cinéma (du 22 au 25/3/18)
 
- Ciné Friendly (du 18 au 21/4/18)
 
- Le Courtivore  (du 16/5 au 8/6/18)
 
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10 septembre 2017 7 10 /09 /septembre /2017 04:01

 De Fellipe Barbosa

 

Avec João Pedro ZappaCaroline AbrasAlex Alembe 

 

Semaine de la Critique Cannes 2017 : Prix Révélation France 4, Prix Fondation Gan à la Diffusion

 

 

Avant d'intégrer une prestigieuse université américaine, Gabriel Buchmann décide de partir un an faire le tour du monde. Après dix mois de voyage et d'immersion au cœur de nombreux pays, son idéalisme en bandoulière, il rejoint le Kenya, bien décidé à découvrir le continent africain. Jusqu'à gravir le Mont Mulanje au Malawi, sa dernière destination.

Gabriel et la montagne
 
Difficile de ne pas aimer ce film qui fait écho à nos fantasmes de jeunesse : partir à 20 ans avec son baluchon pendant une année sabbatique faire un tour du monde loin du tourisme de masse, en s’immergeant dans les populations indigènes pour s’enrichir des autres cultures. Il faut un caractère spécial pour réussir une telle aventure.
 
Le personnage de Gabriel a des qualités qui l’autorisent à le faire.
En plus d’être simplement charmant, plein de joie de vivre, sociable, curieux et tenace, il a cette insouciance qui le perdra car Dame Nature est toujours la plus forte quand on pousse ses limites au-delà d’un certain raisonnable.
 
Le film nous montre très bien le rapport parfois difficile parfois enchanteur qu’entretient un Blanc en Afrique avec les Africains, car qu’on le veuille ou non, notre culture occidentale (en l’occurrence Gabriel est brésilien  et d’origine aisée) est aux antipodes de celle du continent noir et les surprises bonnes ou mauvaises ne manquent pas pour les visiteurs. Le réalisateur a su très bien rendre ce dosage de non angélisme et de générosité, de méfiance et d’allant, de prudence et de curiosité débridée qu’il faut avoir pour rendre son voyage le plus “durable” possible.
 
Bref, ce film est à voir car nous avons tous un Gabriel dans nos valises de routard.
Le style est léger, le scénario original,  les acteurs professionnels ou non sont justes : un prolongement de vacances bienvenu en cette rentrée grisailleuse.
 
Serge Diaz
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30 août 2017 3 30 /08 /août /2017 15:11

 

De Olivier Lorelle

Avec Cyril Descours, (Philippe)  Audrey Giacomini (Thi) 

 

Argument: Vietnam – 1946. Philippe s’est engagé pour pacifier un pays inconnu fait de forêts denses et de montagnes spectaculaires. Ses idéaux s'effondrent lorsqu’il comprend qu’il doit torturer et tuer une jeune vietminh qui lutte pour son indépendance. Il décide de fuir avec elle dans un voyage  imprévisible au cœur de la jungle. Livrés à eux-mêmes, ils découvriront qui ils sont. Ce film est l’histoire de leur amour.

Ciel rouge

 

Fuite à travers la jungle puis long séjour au bord d'un lac où les deux fugitifs -le jeune militaire français et la jeune vietminh- (re)trouvent le bonheur d’un éden sauvage, c'est l'essentiel de "ciel rouge"

Or cette partie ( triomphe de l'amour sur les contingences politiques militaires et idéologiques)   est souvent pataude et/ou mièvre tant son traitement souffre d'artifices! 

Même la jungle filmée sous différents angles ou le lac Babe et son immensité lustrale ou encore le couple dans la sérénité d’un antan que rien ne semble galvauder, tout cela ressemble étrangement à des "clichés"; il en va de même pour les paroles: dialogues minimalistes  réduits à des constats, à des banalités (surtout quand il s'agit de militantisme ou d'engagement....) 

 

Le refus de la torture -qui débouche sur une prise de conscience (première partie)- et le renversement de situation (dernière partie, avec en point d’orgue le "massacre défouloir") sont engloutis dans le magma romanesque (où même les zooms sur des papillons, des insectes, des branches, frisent le ridicule alors qu'ils sont censés illustrer  l'allégresse de la découverte!!!)
 

La construction "circulaire" du film (Philippe attaché avant la sentence/exécution demande un livre comme faveur ultime, comme l'avait fait la jeune Thi au tout début) et des échos intérieurs (torture pratiquée dans les deux camps) semblent asséner des vérités d'évidence ....

 

Alors quand on entend la musique de Philip Glass, on peut fermer (momentanément) les yeux et se laisser habiter par elle….

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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27 août 2017 7 27 /08 /août /2017 06:59

De Robin Campillo 

avec Nathuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel

 

Grand Prix Festival de Cannes 2017

Les années 90. Alors que le sida tue depuis 10 ans, les militants d'Act-Up Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan est touché par la radicalité de Sean qui consume ses dernières forces dans l'action...

120 battements par minute

"120 battements par minute" ou l’histoire d’Act-Up Paris dans les cinq premières années de son existence, avec ses militants, son organisation, ses actions, ses morts ? Un militantisme radical transgressif et novateur tout à la fois ?. Certes. Mais Robin Campillo s’intéresse surtout à ces personnages dévorés par le virus, abandonnés par les pouvoirs publics mais dont les pulsions de Vie sont étonnantes -le cas de Sean est exemplaire. Et sa "fiction" (qui puise dans son vécu) obéit à cette dynamique interne qui va du général (réunions hebdomadaires, discussions, manifestations offensives, soirées en boîte, recours au montage parallèle souvent) au particulier (enchevêtrement lascif de deux corps, flash-back, surimpression, jusqu’à cette mise au tombeau quasi liturgique en présence de la mère…) et vice-versa;  il en va de même pour le rythme : soutenu ou ralenti.

Eros et Thanatos ; Thanatos et Eros

Car les 120 battements par minute sont ceux du coeur, de l’amour et de la Vie tout à la fois, en harmonie avec le tempo de la house music (celle précisément qui est née dans les communautés gay et afro-américaines de Chicago)

 

La Seine s’est métamorphosée en un long ruban rouge qui sinue à travers la capitale (le rêve d’Act-Up s’est incarné à l’écran) ; l’étudiant en histoire conscient de l’imminence de sa mort récite un passage de l’Éducation sentimentale (Révolution de 1848) voix off alors que nous voyons sur l’écran une manifestation des militants d’Act -Up (continuum dans l’insurrection ? )

 

Maîtrise des cadrages, des raccords, des changements de rythme (le réalisateur est aussi monteur et scénariste), sens de la dramaturgie, séquences "chorégraphiées", tout cela à partir d’un questionnement sur des problèmes d’actualité, telle est bien "la marque" (sens aiguisé de l'écriture) de Robin Campillo (cf aussi l’excellent Eastern boys)

Bien plus son empathie pour tous ses personnages (filmés, quand ils sont isolés, en plans serrés) est désormais la nôtre! 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

On peut penser que le film est un hommage aux gens qui sont morts; mais c'est aussi un hommage à ceux qui ont survécu et qui tiennent encore aujourd'hui et auxquels je pense énormément ce soir, qui ont toujours des traitements lourds et sont dans des situations précaires, parce que lorsqu’ils étaient militants, ils ont mis leur vie entre parenthèses (ainsi s'exprimait le réalisateur sur la scène du Palais du festival en recevant sa récompense)

 

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26 août 2017 6 26 /08 /août /2017 11:54

De Sergei Loznitsa

Avec Vasilina MakovtsevaMarina KleshchevaLia Akhedzhakova

 

 

Une femme reçoit le colis qu’elle a envoyé quelque temps plus tôt à son mari incarcéré pour un crime qu’il n’a pas commis. Inquiète et profondément désemparée, elle décide de lui rendre visite. Ainsi commence l’histoire  d’un voyage, l'histoire d’une bataille absurde contre une forteresse impénétrable.

 

Une femme douce
Si le réalisateur ukrainien a voulu dénoncer la barbarie du système soviéto-russe c’est malheureusement raté.
 
Le film  n’est pas situé dans le temps, mais il est au croisement, par une série d’indices, du régime soviétique de la période stalinienne et de la Russie d'aujourd’hui.
 
Serguei Loznitsa nous fait subir un enfer kafkaïen pendant 2 h 25 mn. Parmi les personnages, relais d’un monde absurde et totalement déshumanisé, aucun ne laisse entrevoir quelque espoir. On ne respire à aucun moment.
Vassilina Makovtseva qui interprète  la victime traverse ses épreuves comme une zombie, sorte de sainte biblique quasi mutique sans que son expression  change une seule fois : la même expression que celle sur l’affiche du film : la tristesse et le malheur incarnés. Rien d’autre.
Au bout de deux heures d’ennui à être témoin de la brutalité alcoolisée, de scènes interminables des bas-fonds de l’humanité, d’une société de non-droit déjà archi dénoncée au cinéma, le réalisateur nous fait subir un viol pendant d’interminables minutes qui finit de nous plomber complètement.
 
Bref, un film caricatural qui manque sa cible
à fuir !
 
Serge Diaz
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14 août 2017 1 14 /08 /août /2017 06:18

De Rodrigo Sorogoyen  (Espagne 2016)

 

Avec Antonio de la Torre, Roberto Alamo, Javier Pereira 

Madrid, été 2011. La ville, plongée en pleine crise économique, est confrontée à l’émergence du mouvement des « indignés » et à la visite imminente du Pape Benoît  XVI. Dans ce contexte tendu, deux policiers sont chargés de l‘enquête sur un serial killer….assez particulier

Que dios nos perdone

On s’extasie -non sans raison- devant la qualité, la vitalité du film policier espagnol….incluant que dios nos perdone 

Mais le film de Rodrigo Sorogoyen n’a pas l’envergure des deux films de Rodriguez (la isla minima, l’homme aux mille visages) ni l’ingéniosité de la colère d’un homme patient de Raùl Arévalo

Certes les personnages sont aussi -sinon plus- importants- que l’intrigue. Que le duo de policiers que tout semble opposer soit aussi « taré » que le criminel recherché, est devenu un classique du genre. L’un Alfaro une brute épaisse -mais efficace- l’autre Velarde, apparemment plus réservé desservi par son bégaiement cache en fait des pulsions de violence… Le "tueur"- dont l’identité est dévoilée bien avant la fin du film- illustre une psychopathie lourdement "expliquée" (relation à la mère, assouvissement de l’inceste gérontophile, le délire oedipien dans tous ses états…). Les trois partagent une "frustration sexuelle"  (d'où le questionnement sur la virilité...)

Que la hiérarchie tienne à "minimiser" pour la presse la violence des faits (les vieilles ne sont pas violées mais meurent suite à une chute ou une crise cardiaque), quoi de plus "banal" dans une société très catholique -et qui de surcroît attend cet été là la visite du pape Benoît XVI  Le titre renvoie d’ailleurs à la religion catholique -dont la prégnance est illustrée par des images presque sulpiciennes..-

 

Mais il y a dans ce film une sorte d’éparpillement malgré le choix d’un tempo qui fait alterner rythme fou ou saccadé et moments d’intimité et malgré la récurrence d’un thème musical.  Bien plus l’atmosphère de torridité (température et climat social politique religieux) n’est qu’un prétexte, car elle n’est pas exploitée. La ville elle-même aurait pu devenir personnage à part entière. Une vue en plongée sur la place que ce matin-là on "nettoie", ouvre le film ; en écho Alvaro perché sur le toit d’un camion scrute la foule -après une course poursuite dans les rues ; des ruelles labyrinthiques où l’on se perd caméra à l’épaule ou des rues bondées, des vieux appartements madrilènes etc... Or tout cela semble "plaqué" comme  simple décorum

 

Cela étant, les trois acteurs principaux sont "formidables" (rappelons qu’Antonio de la Torre interprétait Rodrigo, père de famille taciturne dans la isla minima et José "vengeur" placide dans la colère d’un homme patient)

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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10 août 2017 4 10 /08 /août /2017 08:31

Documentaire réalisé par Lisa Immordino Vreeland (USA)

Peggy Guggenheim, la collectionneuse

Celle qui de son propre aveu ne connaissait rien à l’expressionnisme abstrait – le confondant avec le surréalisme- aura fait connaître Pollock (grâce au flair de Mondrian), Rothko et Motherwell entre autres

Celle qui a commencé sa collection à Paris -grâce aux conseils de Marcel Duchamp et de Cocteau- puis à Londres (ouverture d’une galerie) saura user de subterfuges pour la sauver

Celle qui a aidé financièrement Varian Fry, aura permis à des artistes (dont Max Ernst qu’elle épousera d’ailleurs) et des intellectuels (dont Breton et sa famille) de fuir l’Occupation

Oui elle fut mécène et collectionneuse (art addict)

Oui elle a mené une "vie de femme libre" collectionnant aussi les hommes, diront ses détracteurs...

Et son nom restera immanquablement lié au Musée  qu’elle a créé à Venise

 

Hélas le documentaire de Lisa Immordino Vreeland, certes très riche en images d’archives est "plombé" par la profusion d’interviews (des spécialistes en art le plus souvent, ayant ou non  connu Peggy Guggenheim, et qui face à la caméra, imposent, doctes et sentencieux, leurs interprétations). Il est entaché  par le classicisme de sa structure chronologique en 6 chapitres, et par des musiques souvent illustratives. Même si ça et là affleurent des séquences qui marqueront les mémoires (l’inauguration de la galerie à New York dans les décors de Kiesler  par exemple) Alors que le rythme saccadé censé  épouser  les déplacements de cette femme -entre les  USA et l'Europe-, souffre de troublants raccords 

Dès lors le portrait d’une femme -pourtant hors norme- va entrer dans le cadre "réducteur" d’un portrait télévisuel... une compilation (qui se veut érudite) sans grâce hypnotisante (le spectateur ne se sent pas habité...)

Vilipendons le faux message subliminal : propos sexistes du biographe de Picasso, A cause de son physique ingrat elle n’allait jamais devenir une figure glamour, désirable, de la haute, mais bon Dieu elle s’est imposée comme collectionneuse

 

Seule originalité, l’interview audio réalisée au début des années 70 comme "fil conducteur" ; (la documentariste a retrouvé la cassette dans la cave de la biographe… hasard objectif ???)

Peggy de sa voix chuintante, nasillarde répond sans fard aux questions de Jacqueline Bogard, (même si elle feint la légèreté quand on évoque le suicide de sa fille Pegeen...même si faussement naïve elle prévient parfois "cela ne doit pas figurer dans ma biographie")

 

Sa vie ne fut-elle pas un roman ?

 

Colette Lallement-Duchoze

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Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

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