14 novembre 2016
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14:45
d'Albert Serra (France Espagne)
avec Jean-Pierre Léaud, Patrick d'Assumçao
C’est un long film (1 H 55) en huis clos exclusivement sur l’agonie de Louis XIV emperruqué sur son grand lit baldaquin.
Les spectateurs qui s’attendent à une fresque historique avec hors champ sur le peuple et la cour, les intrigues et la misère à l’extérieur, seront déçus. Cependant on se laisse captiver par la lenteur, la grande beauté des images -les cadrages la répartition ombre/lumière rappellent la peinture italienne et française post Renaissance
Jean-Pierre Léaud joue sobrement, peu de paroles, des signes, des regards, des gestes très mesurés ; les médecins à son chevet ne sont pas ridicules mais impuissants.
Ces images sur une assez longue agonie (Louis XIV se meurt à 77 ans de la gangrène de la jambe) laissent le temps à l’esprit du spectateur de penser autour de la mort. Riche ou pauvre la fin attend chacun de nous irrémédiablement, sans doute l’unique justice en ce bas monde. Qui n’a pas eu envie d’abréger la vie d’un être aimé qui se meurt et en même temps de supplier qu’il vive ?...
Ce film est original car il est le seul à ma connaissance à prendre comme seul sujet une agonie, et pas n’importe laquelle : celle de l’homme le plus puissant de son époque. Immense solitude du mourant, incommunication finale, terrible angoisse ou délivrance, tout dans ce film se déroule en non-dits à la faible lumière des bougies.
Serge Diaz