15 avril 2014 2 15 /04 /avril /2014 13:09
Dans le cadre du festival "A l'est du nouveau" ( plein de bonnes surprises et de belles rencontres....quel dommage qu'il n'y ait pas plus de monde!):
A ne pas manquer ce soir à l'Omnia à 18h "Papusza":
  
Film polonais de Joanna Kos, Krysztof Krauze, sur les Roms de Pologne et Papusza poétesse rejetée par sa communauté (car apprendre à lire et à écrire est interdit, porte malheur...)
affiche-papusza-306x432.jpg

En noir et blanc, entre 1920 et notre époque, la guerre, la vie en roulotte, la sédentarisation... Il est dit dans le film: "Si les tziganes avaient de la mémoire, ils mourraient de chagrin"
Nombreux plans larges magnifiques (la photo entre autres a été primée à Valladolid en 2013). Seuls trois acteurs sont professionnels les autres sont des Roms. La musique est remarquable (la musique tzigane bien sûr mais aussi un opéra contemporain composé à partir de ses textes).
 
lien bande annonce:

à propos de Papusza:
 
 
Jacqueline Marro
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12 avril 2014 6 12 /04 /avril /2014 15:17

Film mexicain de Amat Escalante

Prix de la mise en scène à Cannes 2013

Avec Andrea Vergara (Estala) Juan Eduardo Palacos (Beto) Armando Espitia (Heli)

 

heliLa scène inaugurale a de quoi faire frémir! Un long plan fixe en plongée sur un visage ensanglanté calé par un pied; puis la caméra glisse sur le corps et celui d'un acolyte, tous deux allongés à l'arrière d'un pick-up; extérieur nuit; une route; arrêt; le corps du premier sera pendu à la balustrade d'un pont; plan d'ensemble; vision quasi fantomatique de ce corps qui n'est plus qu'épouvantail. Les bourreaux? Ils sont masqués. Les raisons d'une telle violence? Ce sera l'objet du premier tiers du film. Voici une famille ordinaire -cinq personnes: le père, la fille Estala, le fils Heli sa femme et leur bambin - qui vit très modestement dans une petite ville perdue dans un désert aride (voir l'affiche). Heli travaille comme son père à l'usine automobile locale, il rêve d'être "responsable"; sa petite soeur quant à elle rêve de concrétiser sa "romance" avec Beto (jeune recrue de l'armée mexicaine). Rêves à jamais brisés suite au vol de deux paquets de cocaïne par Beto! C'est toute la famille qui va subir d'atroces représailles!  La scène de torture en est le point culminant: un bourreau s'acharne à frapper le dos de Beto (jusqu'à ce que mort s'ensuive); puis on brûle ses parties génitales -une bande-son amplifie les cris de douleur. Violence filmée sans concession, sans détour, crûment, frontalement! . Scène d'autant plus insoutenable qu'elle est "vue" par des gamins (invités d'ailleurs à participer à cette barbarie) et qu'en profondeur de champ se devine la silhouette d'une femme préparant un repas....Et ce fut précisément le grief formulé par certains festivaliers... Mais le problème de la "légitimité": a-t-on le droit (dans une fiction) de filmer de tels actes de violence, est à mon avis un faux problème; la seule interrogation "légitime" porte sur les causes de cette violence: pourquoi en est-on arrivé là (dans la réalité) dans un pays désormais gangrené de toutes parts; même dans cette "immensité aride" la télé diffuse la barbarie. Moins criante, plus insidieuse la violence perdure dans la seconde partie du film : comment survivre à un tel traumatisme? Est-ce tout simplement possible? Quel sera le rôle de la justice ? (là encore une commissaire se contente d'offrir sa poitrine plantureuse au jeune Heli...)     

 

On sera peut-être déstabilisé voire pétrifié, on n'en appréciera pas moins la façon de filmer d'Escalante (qui rappelle un peu celle de son maître et devancier Reygadas), longs plans fixes, qui progressivement vont s'élargissant et ainsi contrarient ou confortent les premières impressions du spectateur; plans savamment cadrés; ellipses et non-dits; profondeurs de champ; effets spéculaires, lueurs bleutées lumière blafarde, etc.

Interrogé à Cannes (suite à la controverse) le réalisateur affirmait "mon film n'est pas une comédie; il montre la violence dans ce qu'elle a de douloureux de déplaisant et de triste" "cela (= montrer) est nécessaire d'un point de vue moral (c'est une question de responsabilité)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 06:44

FESTIVAL DU COURT-MÉTRAGE À ROUEN ET MONT-SAINT-AIGNAN Du 14 MAI au 4 JUIN 2014

aux cinémas ARIEL (MONT-SAINT-AIGNAN) et OMNIA (ROUEN)

 

Entrée 3 euros;  pass festival 8 euros  

www.courtivore.com

 

courtivore-vignette-.jpgDu 14 mai au 4 juin 2014, l'association rouennaise Courtivore vous invite à découvrir sa sélection annuelle de courts métrages. Films d'animation, comédies,drames, thrillers... Tous les genres du cinéma peuvent être représentés, la seule contrainte exigée des films étant de ne pas excéder une durée de 20 minutes. Pendant la préparation du festival, un jury de présélection composé de membres de l’association Courtivore a retenu 27 films sur les quelques 380 reçus pendant l’année et candidats à une participation au festival. Ces films sont ensuite répartis en trois actes, qui auront lieu les 14, 21 et 28 mai 2014 au cinéma Ariel. Cette organisation permet ainsi au public d’apprécier trois programmations distinctes. Lors de chacun des actes, les spectateurs désignent le film qu’ils souhaitent voir arriver en finale. Les 3 premiers de chaque session sont donc sélectionnés pour la finale du 4 juin 2014 au cinéma Omnia.

LES PRIX

Le prix du public

C’est lors de la finale (le 4 juin à l’Omnia) qu’est désigné, par le public, le film qui aura fait la différence, devenant ainsi le lauréat du festival d’un prix de 1000€ offert par le Crédit Agricole Normandie Seine. Deux autres distinctions complètent le prix du public :

Le prix 18-30

Le Courtivore s’associe au Centre Régional d’Information Jeunesse de Haute-Normandie (CRIJ) pour l’organisation d’un jury 18/30, composé de 7 jeunes de 18 à 30 ans. Les membres de ce jury assisteront gratuitement et dans des conditions privilégiées à toutes les séances du festival, et auront la charge de désigner ensemble le gagnant du prix du jury 18/30. Les personnes intéressées peuvent se faire connaître avant le 21 avril 2014 à l’adresse contact@crij-haute-normandie.org (en indiquant nom, prénom, âge, adresse, mail, téléphone).

Le prix jeunesse

Une projection jeunesse proposée à un public de scolaires (classes de CM1/CM2) désignera le gagnant choisi par les élèves présents

 

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6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 07:47

Film vénézuélien de Mariana Rondon

Avec Samuel Lange, Samantha Castillo

Grand Prix du festival de San Sebastian 2013

 

pelo maloPelo Malo (cheveux rebelles) c'est la chevelure frisée de  Junior, un métis de 9 ans qui vit avec sa mère et son tout jeune frère (non métis) dans un modeste appartement d'une Cité à Caracas. Mais au Venezuela l'expression désigne aussi (connotation péjorative) le métis en général. C'est pourquoi Junior cherche à se conformer au modèle "blanc": avoir les cheveux lisses. C'est son obsession. Et il lui faut agir vite (obtenir une photo d'identité pour la rentrée scolaire). Ses efforts, ses tentatives (il monopolise la salle de bains, enduit ses cheveux d'huile voire de mayonnaise), ses façons de se déhancher, les chansons qu'il fredonne dans le bus -et la grand-mère Carmen oeuvre en ce sens- sont pour la mère les signes incontestables d'une homosexualité précoce qu'elle doit juguler, "soigner" (d'où les rendez-vous chez le médecin). Le problème assez "tabou" de la sexualité des enfants, apparemment limité dans ce film aux désirs de "paraître" , se dessine en creux dans la relation conflictuelle entre la mère et son fils; la première n'a de cesse de "viriliser" son gamin, le second échoue à "plaquer" sur le réel ses rêves d'enfant -tout au plus regarde-t-il avec concupiscence la belle morphologie du jeune épicier. En adoptant très souvent le point de vue de l'enfant (hauteur des cadres par exemple) la réalisatrice nous immerge ainsi dans l'univers intérieur(?) de son personnage!

Cette version plutôt "intimiste" s'inscrit dans un contexte de précarité sociale. Nous sommes à Caracas. Chavez agonise (on apprend que des habitants vont se tondre les cheveux, gage de leur soutien au président victime d'alopécie suite aux traitemnts subis). Cela n'a aucune incidence sur la narration. Le discours politique est comme "tenu à distance". Et Marta, la mère, est trop occupée à retrouver son emploi de vigile. En revanche, l'espace urbain délimite les errances et les itinéraires des personnages. La récurrence des plongées et contre-plongées sur les immeubles (délabrés) semble rythmer la narration et simultanément souligne l'effarante compacité verticale qui sature l'espace en l'obstruant -et la scène où Junior et sa copine scrutent de leur "balcon" les voisins d'en face est éloquente: un zoom avant met à nu l'intimité des locataires identifiés, dans l'exiguïté de leurs "clapiers". De même la récurrence des scènes de rues (foule grouillante, circulation incessante, immenses panneaux fresques "religieuses") correspond dans la narration aux déplacements de la mère -appartement bus recherche d'emploi- et simultanément donne au film une dimension de "documentaire" sur la mégalopole.

Les cheveux rebelles, on l'aura compris, ne sont qu'un prétexte. Au service d'une "oeuvre cruelle sur l'orientation sexuelle d'un gamin de neuf ans"  comme l'affirment certains ?(cf. dépliant Omnia). Peut-être. En tout cas, ne pas traiter le problème frontalement confère à ce film une certaine délicatesse en ce qu'il suggère plus qu'il ne dévoile (hormis bien évidemment la dernière scène qui "cisaille" et tombe tel un couperet!)  

 

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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30 mars 2014 7 30 /03 /mars /2014 10:01

Film franco-belge de Kadija Leclere. Avec Rania Mellouli (Sarah enfant) Hafsia Herzi (Sarah jeune femme) Hiam Abbass (la tante) Smaïn (le père)

 

 

le-sac-de-farine.jpg"Bonjour je suis ton papa".Quelle aventure pour une gamine de 8 ans abandonnée dans un orphelinat catholique belge!. Mais quelle déconvenue quand elle se réveillera (après avoir été "droguée") dans un petit village de l'Atlas marocain!. Dès lors commencera la dure "acculturation" dans une société patriarcale où la femme est reléguée au second plan (tricot et mariage forcé) Mais Sarah garde intact le rêve de retourner en Belgique!

La réalisatrice (qui s'est inspirée de sa propre expérience) met en évidence le  problème souvent douloureux de la double culture; en outre, elle a  osé s'attaquer à un sujet tabou "l'enlèvement familial"-ce qui lui a valu de violentes critiques. Hélas! Son film, sincère au demeurant, ne "convainc" pas. La première partie Belgique 1975 -ou plutôt ce qui sert de prologue- souffre de lourdeurs trop démonstratives (voir la scène du confessionnal qui s'étire inutilement). Maroc 1984, en toile de fond la révolte des Awbach (en fait appellation méprisante utilisée par Hassan II pour condamner le mouvement de protestation); l'évocation du quotidien dans la famille de "sang" (une tante bienveillante, une grand-mère soucieuse de préserver les traditions, en l'absence du père biologique (re)parti sans donner d'explication) qui se veut la peinture d'un microcosme, s'apparente plutôt à un défilement de vignettes/clichés où les acteurs (même Hafsia Herzi et Hiam Abbass) semblent réciter leurs dialogues et leur manière d'investir l'espace est "empruntée" voire dégingandée... Un thème assez grave desservi par une réalisation plutôt boiteuse. Dommage! Et ce, malgré  les panaromiques sur de somptueux paysages, malgré le chatoiement de couleurs et certaines ambiances feutrées!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

lundi 31/03

Jugement bien sévère  ! Le jeu des deux actrices ( cf. La source des femmes) m'a paru au contraire très "juste" (beaucoup de retenue chez  Hiam Abbas dans le rôle de la tante et Hafsia Herzi illumine le film de sa beauté rebelle). De plus je fus particulièremnt sensible à un des problèmes soulevés par la réalisatrice: celui des origines, familiales  surtout (ce qui explique peut-être la scène de la confession au début; la petite Sarah "ment" à ses copines et à elle-même en s'inventant des parents) Un film empreint de délicatesse que je recommande

Elisabeth

 

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27 mars 2014 4 27 /03 /mars /2014 07:49

de Quentin Dupieux

Avec Mark Burnham, Eric Judor, Marilyn Manson

Musique de Mr Oizo

 

wrong-cops.jpg

 

 

Adeptes du "je-m'en-foutisme" artistique, fans de  musique techno, ce film est pour vous!

Ce n'est plus le pneu psychopathe sérial killer de Rubber, mais une clique de flics crapuleux (Duke, Rough, Deluca entre autres, libidineux, monomaniaques pervers )

Faire écouler de la drogue dans le cadavre de rats puis de poissons, la belle trouvaille!! s'égorger pour ne pas assumer son passé de gay, quel destin! "ressusciter" un moribond  aux sons graves ou aigus de la techno, quel événement!

La musique est signée Mr Oizo alias  Quentin Dupieux, qui est aussi scénariste réalisateur chef opérateur; quel ego prédateur!

 

J-M Denis

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25 mars 2014 2 25 /03 /mars /2014 06:51

IX° édition du festival du film d'Europe centrale et orientale du 11 au 18 avril 2014

  

http://www.alest.org/fr/

 

Salles: Ariel (Mont-Saint-Aignan)  Omnia (Rouen) Amphithéâre de l'ENSA de Rouen  (Darnétal)

Prix des places :
T.P. 5.50 / T.R. 3.50/ Pass 25 euros - 8 places

 alest-affiche-2014

 

Programmation  8 films en section competitive, 5 en section retrospekt Istvan Szabo, 4 en section fokus, 7 en section jeune public "kluk" + soirées et projections spéciales dont:

soirée d'ouverture :" L'homme du peuple" biopic de Andrzej Wajda (Pologne) à l'Omnia vendredi 11 à 19h

soirée de clôture "Des escargots et des hommes" de Giurgi (Roumanie)  à l'Ariel vendredi 18 à 20h30

 

 

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22 mars 2014 6 22 /03 /mars /2014 13:41

De Nicolas Birkenstock

Avec Philippe Torreton (André), Armande Boulanger (Violette) , Lola Duenas (Paula) , Elie Lucas Moussoko (Pierre). Musique de Thomas Roussel

 

 

la-piece-manquante.jpg"UN seul être vous manque...". Comment survivre à l'absence d'une épouse, d'une mère qui a "disparu" un matin, abandonnant l'apparent cocon familial? Telle est l'interrogation que soulève ce premier long métrage du jeune réalisateur Nicolas Birkenstock. Il invite ainsi le spectateur à être le témoin d'une lente et difficile reconquête -celle de soi- et d'une lente reconstitution -celle de la "cellule familiale"  

.

 André, le  père (Philippe Torreton) complètement déboussolé opte pour le silence voire le mensonge (surtout ne pas alerter l'entourage), Violette, la fille, pour la révolte et  Pierre, le fils, pour le mutisme. Le réalisateur procède par petites touches, par ellipses (au spectateur d'interpréter les silences, les blancs et certains raccords); il crée aussi des ambiances qui frôlent le fantastique (à un moment  Pierre risque de s'enliser dans la boue), insiste sur des scènes à valeur symbolique (la récurrence des séances d'entraînement au trampoline avec ses figures imposées: chandelle, vrille et salto); mais surtout il met en évidence un habile décalage entre la luminosité de l'environnement (c'est l'été, on vit dans un moulin qu'on est en train de réhabiliter) et la sombre tristesse qui ronge les personnages confrontés au cataclysme de l'absence.

 

Mais quand les démarches (recours à la "magie" et plus prosaïquement et efficacement, à un détective) vont élucider l'énigme, le "charme" n'opère plus: c'est que le film bascule dans la platitude de l'évidence! La survie  est comme amputée de son incandescence (alors que dans la dernière séquence, dans le gymnase où les parents assistent à la finale, le visage du père s'était illuminé tandis que sa fille était comme suspendue entre terre et ciel...)   

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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18 mars 2014 2 18 /03 /mars /2014 12:36

Documentaire de Céline Danhier (réalisé en 2009; après un séjour de 3 ans à New York  pour sa recherche   sur  la "no wave")

 

 

 

blank-city.jpgCéline Danhier nous plonge dans le New York des années 70, et plus particulièrement dans le quartier de Lower East Side. Univers crasseux (immeubles délabrés envahis par les rats) et foldingue, car il fut le carrefour d'une musique et d'un cinéma aux dissonances revendiquées et assumées, (les artistes, ces "naufragés du rêve américain", sont à la fois musiciens plasticiens cinéastes et créent avec les "moyens du bord" Personne ne faisait ce qu’il savait faire, les musiciens peignaient, les peintres faisaient de la musique et des films, affirme John Lurie). Un univers qui voit le triomphe de la "No-Wave" , ce mouvement anarchiste proche du dadaïsme, dans son refus des productions hollywoodiennes et sur fond de guerre du Vietnam. (à rappeler que No Wave New-Yorkais est caractérisé par le mouvement Do It Yourself, lancé par les punks au début des années 70)

 

Et pour rendre compte de l'effervescence jubilatoire et frondeuse, la réalisatrice a opté -au montage- pour un rythme débridé. Ainsi défilent, sans temps mort, interviews, extraits de films, images d'archives. Le spectateur voit entend Jim Jarmusch, John Lurie (un de ses acteurs fétiches) Steve Buscemi, James Chance, Susan Seidelman, Amos Poe, etc. (la liste serait longue); il assiste à la naissance du cinéma indépendant, du cinéma de la "transgression", d'un cinéma viscéral et souvent "trash" Et comme les créations de cette époque ressemblaient plutôt à des fragments, sortes d'instantanés, le documentaire de Céline Danhier, se donne à voir aussi comme tentative de décloisonnement, de puzzle que la seule énergie démiurgique sera à même de "reconstruire"

 

Un documentaire "original" avec ses turbulences qui donnent le tournis; une compilation très "fouillée" (certains auront l'impression de fouillis); clins d'oeil complices  pour les initiés, surprenante découverte pour les autres !

 

Colette Lallement-Duchoze

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15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 09:28

Documentaire de Julie Bertuccelli

 

 

la-cour-de-babel.jpgIls se prénomment Maryam, Xu-Li, Djenabou, Marko, Ramatoulaye, Tathsarani, Felipe....Ils ont entre 11 et 15 ans. Ils sont originaires de Serbie, Tunisie, Chili Irlande du Nord, de Chine, du Maroc ou de l'Afrique subsaharienne....Ils sont là en classe d'accueil dans un collège du X° arrondissement à Paris, pour apprendre le "français", décrocher ce Delf (diplôme d'études de langue française) sorte de sésame pour entrer dans une classe dite "normale" et poursuivre un cursus "normal"!

 

Dès la première séquence le spectateur est invité à pénétrer dans le microcosme d'une classe: Maryam doit orthographier son prénom sur le tableau; les autres élèves la suivront. Un tableau bientôt constellé de multiples identités, constellé  aussi de  calligraphies diverses, alors que se déclinent les différentes façons de dire "bonjour". Identité à construire dans la diversité telle est bien la finalité de cet enseignement dispensé avec "amour" (le terme ici n'est pas exagéré) par Brigitte Cervoni (dont nous entendrons surtout la voix; le personnage est souvent hors champ la caméra de Julie Bertuccelli préférant s'attarder sur le visage des élèves ou celui des parents; mais quand l'enseignante entre dans le cadre qu'elle est filmée de face, de profil ou en plan américain on mesure sa douce empathie et dans la scène finale, celle des adieux, elle ne pourra d'ailleurs contenir ses larmes...)

 

La réalisatrice a suivi la classe durant une année scolaire. La récurrence d'un plan sur la "cour" (vue en plongée) et sa végétation rythme la narration (à l'instar du passage des saisons). Mais il est une autre dynamique interne: la fusion progressive du groupe -au départ apparemment hétéroclite-; et le voyage à Chartres pour le festival scolaire Ciné clap (avec la remise d'un prix) va sceller une amitié si authentique (par-delà certaines "hostilités") que l'arrachement en fin d'année ne peut être que douleur!

 

Le film est construit aussi sur l'alternance entre séquences classe entière (avec des gros plans sur des visages lumineux souvent), séquences avec les parents (ceux-ci sont reçus lors de la remise des bulletins et en fin d'année) et scènes en face à face. Mais toujours (ou presque) dans l'intime du microcosme que représente la classe. Et c'est ici que se dessine en creux le "destin" de ces familles (certains témoignages sont bouleversants; on devine le rôle que jouent ou joueront les adolescents quand ils maîtriseront la langue, dans cette difficile adaptation!!!)

 

Un documentaire qui bouscule "nos" préjugés sur l'Immigration et sur l'Éducation nationale !

 

Colette Lallement-Duchoze

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Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

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