30 juin 2016 4 30 /06 /juin /2016 08:19

De Pascal Bonitzer

Avec Agathe Bonitzer, Vincent Lacoste, Jean-Pierre Bacri, Lambert Wilson, Isabelle Huppert, Pascal Gregorry

Tout de suite maintenant

Les projets sont faits pour être réalisés, les rêves pour être brisés », c'est une vérité d'évidence, un truisme pour le directeur Barsac (Lambert Wilson) d'un cabinet conseil en "fusions-acquisitions". Et le film serait censé illustrer ces propos pour le moins cyniques.

Son titre au laconisme de slogan publicitaire illustre bien une fonction programmatique...En outre il est construit sur le principe de la binarité et/ou de l'opposition: une direction bicéphale chez ABFi; deux soeurs, deux jeunes loups, deux univers (celui glacé aux couloirs bureaux escaliers comme désertés par l'humain) et celui d'un appartement au charme suranné où vit Serge le père de Nora), Solveig et ses deux amours. 

Cette binarité formelle épouse-t-elle les "trames" de fond? Celles que la métaphore du banian sous-entend; cet arbre  qu'affectionne Prevôt Parades (Pascal Gregorry) croît aux dépens des autres, auxquels ses branches s’enroulent. Ainsi se définirait le jeu d'intrigues souterraines progressivement extirpées; car le monde de la finance n'est dans ce flm qu'une "toile de fond" sur laquelle viennent se "projeter" ou se fracasser des réminiscences, des projets avortés, des amours contrariés, et la thématique de la transmission familiale par exemple serait bien plus prégnante que la satire du monde de la haute finance!

Et pourtant!! 

Des intrusions "surnaturelles"(l'énorme chien "fantôme" cauchemar de Nora, la femme de ménage aux croyances de type vaudou) des propos salaces (ceux de Solveig par exemple), les scènes avec la soeur de Nora une chanteuse sans prétention, une fin genre "happy few", sauveraient-ils in extremis un film globalement décevant???

(Tout cela ne remet nullement en cause l'interprétation d'Agathe Bonitzer aussi glaçante parfois que son aînée Isabelle Huppert)

 

 Colette Lallement-Duchoze

 

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26 juin 2016 7 26 /06 /juin /2016 17:04

De Pietro Marcello, Italie

Avec Tommaso Cestrone, Sergio Vitolo, Gesuino Pittalis

Bella E Perduta

"Dans un monde qui nous prive d'âme, être buffle est un art

Telles seront les ultimes paroles de Sarchiapone, alors que de ses immenses yeux de bufflon, goutte une larme perlée...

C'est son parcours que nous suivons (à travers son regard le plus souvent et à l'écoute de sa voix off) dans ce film/conte où le merveilleux côtoie le tragique, où l'apparente fiction voile les arcanes du réel ou les révèle dans leur âpreté, où se télescopent paysages de la Campanie et images en sépia de foules, scènes de déprédations et fresques de style étrusque. Une image récurrente celle de l'antre telle une matrice inviolée, un plan récurrent lui aussi celui de l'arbre dénudé, l'arbre de la Mort, le jeu d'oppositions entre le pragmatisme des bergers paysans (un buffle mâle coûte plus cher qu'une femelle, alors inutile de l'engraisser mangeons-le) et le rêve de Tommaso ou de Polichinelle, tout cela invite à une lecture plurielle (égalité entre les espèces,  histoire d'un pays dévoré honteusement par les prédateurs, un pays perdu comme le signalerait le titre emprunté à Nabucco)

 

Dès la première séquence la tonalité est donnée; la caméra (en fait l'oeil du bufflon) virevolte dans un engrenage bleu aux bruits effrayants, c'est l'antichambre de la mort!

D'abord recueilli par le berger Tommaso Cestrone, l'ange gardien du palais Reggia di Carditello (Campanie) devenu une gigantesque poubelle et qui seul (sans aide financière) a entrepris de débarrasser tous les détritus, de lutter contre les assauts de la Camorra. À la mort de ce "héros local", Sarchiapone est confié à Polichinelle ("émergeant des profondeurs du Vésuve"); c'est un personnage masqué -comme dans la commedia dell'arte- il est l'intermédiaire entre vivants et morts. En compagnie de ce duo (cf l'affiche), nous quittons la Campanie pour Tuscia (à l'ombre de  la figure tutélaire de Tommaso) 

Masqué, Polichinelle parlait avec l'animal. Démasqué, il perdra le contact car ce dernier ne le reconnaît plus..

Mais un conte ne doit-il pas aussi "dire la vérité toute nue" ???

Et cette vérité c'est celle d'une patrie si belle et perdue

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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25 juin 2016 6 25 /06 /juin /2016 17:20

Documentaire réalisé par Nassima Guessoum 2014 (Algérie, France)

 

 

 

Selon le comptage officiel de l'Etat algérien, 10949 femmes ont combattu pendant la guerre d'indépendance en Algérie. La réalisatrice franco-algérienne Nassima Guessoum a suivi pendant 5 ans Nassima Hablal, une de ces héroïnes souvent oubliées pour en faire son premier film

10949 femmes

Elle chante, elle parle  avec un mélange de faconde et de gouaille, -en se faisant répéter les questions à cause de sa surdité-, elle sourit -et surgit tel un îlot rescapé, son unique dent-, elle prépare le café, elle se maquille, se pare de foulards colorés, elle marche lentement appuyée sur sa canne, elle répond vertement à sa nièce, elle se fait le guide dans les lieux qui ont marqué son passé en Algérie....

Elle, c'est Nassima Hablal une des 10949 femmes, moudjahidine de l'indépendance algérienne. Et Nassima Guessoum en la filmant en plans très serrés dans son quotidien d'octogénaire, va "donner un visage" à cette guerre qui longtemps ne fut pas reconnue comme telle par les gouvernements français... 

Membre du PPA (parti du peuple algérien) puis engagée dans le FLN, militante convaincue (la Révolution primait sur sa vie privée), torturée par les paras de Massu, emprisonnée en France, elle revient en Algérie après l'indépendance. De 2006 à 2013 Nassima Guessoum va la rencontrer et de ces échanges naît ce documentaire certes très intimiste mais bien plus éloquent qu'une "leçon d'histoire"

Il s'ouvre sur les fêtes de la commémoration (Bouteflika en tête) Le faste de cet anniversaire contraste avec la sobriété du documentaire dont la richesse est dans la parole restituée...Et quand Baya son amie témoigne  des viols et de la torture, ou quand Nelly Forget, ex compagne de geôle, raconte face à la caméra leur "évasion" par le rêve (la couverture sur le sol de la cellule servait de piste d'envol ou d'embarcadère vers la ville de Fez !!!), jamais de surenchère facile dans le pathos! D'ailleurs après la perte douloureuse de son fils Youssef -et la tonalité du film va épouser celle du drame- c'est la réalisatrice qui lira (voix off) cette lettre écrite par Nassima (ô ce flux mémoriel que vont illustrer de légers mouvements de caméra sur des objets, témoins d'une vie, dans une demeure ... vide...habitée par le silence ! )

 

Un documentaire à la fois sobre et poignant qui a valeur d'épitaphe

Nassima Hablal (1928-2013) a été inhumée dans l'anonymat, MAIS   sa voix résonne(ra)  par-delà les embruns de l'Histoire 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

10949 femmes

 

 

 

 

 

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21 juin 2016 2 21 /06 /juin /2016 10:25

De Paul Verhoeven (France)

 

Avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Anne Consigny, Charles Berling, Virginie Efira, Alice Izaas, Judith Magre, Vimala Pons

 

Sélection officielle Cannes 2016

 

Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. A la tête d'une entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimntale d'une main de fer. Sa vie bascule lorsqu'elle est agressée chez elle par un inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s'installe entre eux....

Elle

 

C'est un chat au regard "persan"

 

C'est "elle" qui se masturbe en voyant "lui"

 

C'est "lui" qui vit dans le sadisme du "cagoulé"

 

Oui c'est "tordu" (propos de Michelle)

 

Tout ça pour "chat"? Ah Ah Ah

 

JM Denis

 

 

 

 

 

Salut,

Je suis allée voir ce film au cinéma, comme les critiques étaient plutôt positives…

Mais je suis sortie du ciné un peu confuse. MDR ! :)

Ce n’est pas que le film était mauvais : je l’ai juste trouvé bizarre !

Nina 27/06/2016

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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 14:23

De Savina Dellicour (Belgique)

Avec Bouli Lanners, Manon Capelle, Anne Coesens

De retour au pays, Paul, 46 ans, détective privé, rencontre Dorothy une adolescente de 16 ans qui est sa fille sans que celle-ci soit au courant. Troublé, Paul l'observe, sans oser s'approcher. Mais tout bascule  le jour où Dorothy vient lui demander d'enquêter sur son père biologique...

Tous les chats sont gris

Quel que soit l'angle de vue (duo Paul/Dorothy, duo Dorothy/Claire, duo mère/fille, trio familial) quelle que soit la thématique envisagée (quête identitaire, recherche du père biologique, désarroi de la jeunesse, heurs et malheurs dans un milieu bourgeois "bien pensant", parentalité, encanaillement....) le film est aussi terne que les chats sont gris...

 

Le regard que l'on porte sur soi et que démultiplient les reflets (glace dans l'entrée de la maison, miroir dans la salle de bains), le regard inquisiteur de la voisine derrière les rideaux à peine relevés, le "faux" voyeurisme, l'oeil de  l'appareil photo qui zoome sur sa "cible",  s'inscrivent dans le catalogue des "clichés" convenus  de l'être et du paraître ou de la violation de l'intime par effraction

 

Les deux enquêtes -celle de Paul et celle de Dorothy- amenées à se croiser (ah l'astuce qui fait de l'enquêteur, l'enquêté !!) loin de complexifier l'intrigue (pour le spectateur s'entend) la rendent trop "lisible" et parfois incohérente (le subterfuge imaginé par Claire ne sera pas une entrave à la quête/enquête)... In extremis un "rebondissement" et les aveux de la mère (soutirés comme au forceps, par la fille..) vont sortir momentanément le scénario de son tracé par trop artificiel!

 

Même Bouli Lanners à la bonhomie souriante et touchante, au jeu très sobre, ne parvient pas  à faire décoller cette "comédie dramatique" 

Certains spectateurs seront plus sensibles à la musique rock et punk, mais on peut aisément affirmer que ce choix musical - en soi roboratif -  ne saurait pallier le manque de dynamisme voire l'atonie de l'ensemble ! (même dans les deux scènes de discothèque qui se répondent en écho)

Décalage trop évident entre les intentions affichées (faire se télescoper multiples émotions) et la façon dont elles sont mises en forme.

Dommage! 

 

Colette Lallement-Duchoze

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16 juin 2016 4 16 /06 /juin /2016 11:31

De Antonin Peretjatko

Avec Vincent Macaigne, Vimala Pons, Pascal Legitimus, Mathieu Amalric, J-L Bideau

La loi de la Jungle

En Guyane, la statue hélitreuillée de Marianne, après avoir survolé la canopée, se détache de son filin et s'en vient chuter dans la ...jungle. A Paris un stagiaire reçoit du ministère de la Norme son affectation en Guyane (où il devra veiller au respect des "normes européennes" dans la construction d'une station de ski, le fameux projet Guyaneige).

Le ton est donné dès ces deux scènes liminaires : le burlesque au service d'une satire de l'administration; l'outrance au service de la dichotomie:  loi  ET jungle.

 

Vincent Macaigne interprète ce stagiaire dégingandé pataud naïf. Sur place, il est aidé par un chauffeur ,Tarzan, stagiaire elle aussi, c'est Vimala Pons (sa partenaire dans "la fille du 14 juillet" du même réalisateur). Et les voici embarqués dans des aventures rocambolesques, empêtrés dans les méandres fuligineux d'une forêt luxuriante souvent hostile; où les gags se succèdent en cascades; où les changements de tonalité sont appuyés par des encarts "fin" (soit la fin d'un cauchemar, soit la fin d'un rêve). Le spectateur est entraîné dans ces aventures toujours limites (ornières enlisement hors piste rencontres scabreuses de serpents mygales larves comestibles pus qui gicle d'un pouce infecté; il assiste même aux prémices d'une ordalie..) tout comme il apprivoise ces lucioles ces papillons et se désaltère dans une eau turbide et tourbeuse et pourtant si pure!

Et si du foisonnement apparemment inextricable surgissaient , inviolées, des pulsions amoureuses???

 

Une comédie loufoque à ne pas rater! 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

Tu plaisantes Colette?

Ce film est à fuir! Plus con on meurt

Gags éculés, clichés à deux balles, fausse critique de fond, BD pour ados boutonneux

Vimala Pons nulle à pleurer; jeu d'acteurs dignes des plus mauvaises séries comiques américaines

On se demande ce que sont allés faire Bideau et Amalric dans cette grosse merde

Copinage ou la crise? Et on rage de s'être laissé prendre

Serge 19/06/2016

 

 

"La Guyane c'est la France" slogan répété ad libitum...

Le te Deum de Charpentier pour inaugurer la statue de Marianne...

"l'amour est un voyage" tape le stagiaire Marc Châtaigne (Macaigne) sur sa machine..

A l'instar du projet capitaliste ambitieux (cette station de ski guyanaise) le film se plaît dans l'outrance (en jouant sur les clichés sur la Guyane pour mieux les déjouer) et en substituant à un "essoufflement"  prévisible les marques du "dérèglement" (ressort du comique); à condition que le spectateur ne prenne pas tout au premier degré...à condition qu'il ne soit pas allergique à la loufoquerie 

Colette 20/06/2016

 

 

 

Un film à 1000 000 volts qui m'a fait rire de bon coeur

les dialogues absurdes, les scènes loufoques et le rythme effréné m'ont fait penser au "magnifique" avec Belmondo rocambolesque

(et je ne suis plus une ado boutonneuse)

Béatrice Le Toulouse 20/06/2016

 

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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 05:02

De Andrian Sitaru Roumanie

 

Avec Alina Grigore, Adrian Titeni, Bogdan Albulescu

Illégitime

Une réunion de famille, le père se lance dans une grande tirade sur le temps, sur  l’insignifiance des vies et de cette fin de repas embrumée émergent tout à coup les jugements de valeur sur le passé du père, les points de vue divergents sur l’avortement et le repas se termine en pugilat.

Et ça se complique encore: les positions théoriques explosent quand la réalité des corps, des sentiments et de leur illégitimité se révèle. Dans une Roumanie à peine convalescente de l’ère Ceausescu, aspirant à l’évolution des mœurs, ce n’est pas la première fois que l’avortement  est le sujet de film (4 mois, trois semaines, 2 jours de Cristian Mungiu).

 

Les acteurs sont effervescents, ils portent les sentiments à fleur de peau, dans une réalisation tout aussi tendue. Si  la fin inattendue célèbre la victoire de l’amour, c’est pourtant un film assimilable à un Festen roumain que l’on vient d’encaisser.

 

Guy Foulquié

 

Oui on sort un peu hébété voire assommé 
Un huis clos d'autant plus oppressant que les personnages sont filmés en plans très serrés 
Audacieux ce film qui mêle les problèmes de l'avortement (et les aveux du père ex obstétricien délateur sous l'ère Ceausescu sont glaçants) et de l'inceste !!!
La photographie de la famille "apaisée" qui sert d'épilogue (après un long passage écran noir) est "discutable" (dans tous les sens du terme...)

Colette

 

 

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11 juin 2016 6 11 /06 /juin /2016 08:27

premier long métrage de Magnus von Horn

 

avec Ulrik Munther, Loa Ek, Mats  Blomgren, Alexander Nordgren

SynopsisLorsque John retourne chez son père après avoir purgé sa peine de prison, il aspire à prendre un nouveau départ. Mais son crime reste présent dans les mémoires des habitants de la commune et semble impardonnable. Son retour attise la colère de chacun et lentement s'installe une atmosphère pesante

Le lendemain

Dans ce drame, le réalisateur ne livre les indices, les "clés" nécessaires à la compréhension que progressivement; le spectateur est plongé dans une atmosphère oppressante de violence contenue, avant qu'elle n'éclate vraiment...

C'est par la réaction de tous les protagonistes -les membres de la famille, les lycéens, les enseignants - que l'on devinera ce qui habite le "monstre" John au visage si angélique...

 

Et si le retour de l'adolescent jouait le rôle de révélateur à l'incompréhension généralisée? Et si tous étaient des "meurtriers" en puissance? Et si la rédemption à laquelle semble aspirer John était impossible? (à moins que le dernier plan ne soit une ouverture...)

 

Un premier film à la beauté froide sinon glaçante

 

Elisabeth

 

 

 

 

 

 

 

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8 juin 2016 3 08 /06 /juin /2016 07:55

De Pedro Almodovar 

Avec Emma Suarez, Adriana Ugarte, Daniel Grao, Rossy de Palma

 

Présenté en compétition officielle au festival de Cannes

A la veille de quitter Madrid pour s'installer au Portugal Julieta rencontre Beatriz amie d'enfance de sa fille Antia. Elle aprend ainsi que cette dernière qui l'a abandonnée il y a plus de douze ans vit en Suisse avec trois enfants. Julieta décide alors de rester à Madrid et de se confronter à ses souvenirs...

Julieta

C'est sur le frémissement d'un drapé rouge -faisant corps avec tout l'écran - que s'ouvre ce film. La tonalité est donnée -et ce dans toutes les acceptions et connotations du vocable "rouge"!

 

L'autoportrait de Lucian Freud et le visage de Julieta se partagent l'écran; tous les détails qu'a scrutés le peintre sur lui-même afin de parachever son portrait, deviennent par une sorte de principe d'équivalence imposé par le réalisateur, ceux que Julieta consignera dans ce long flash back (lettre destinée à sa fille Antia; en écho au finale, lettre d'Antia à sa mère après plus de douze ans de silence). Mais que diable, pourquoi tant d'insistance? Voire de redondance inutile..

 

Une toile monochrome -ou du moins à dominante noire (à la Soulages)  comme annonciatrice de pièges? d'embûches que Julieta a dû affronter dans son parcours de mater dolorosa? Et cette tempête -éléments déchaînés- que la bande son (Iglesias) amplifie, annonciatrice d'une tragédie? Inutile de jouer la Cassandre à la manière de Rossy de Palma (en Marian, domestique souveraine) pour "capter" le message !!!

Et ces très gros plans sur un objet, une enveloppe, un peignoir, une statuette; ces passages en force du rouge au bleu (Julieta dans le train)  du rouge au noir ; ces plans carte-postale (surtout le dernier...). Ce style "feuilleton" (Almodovar nous y avait déjà habitués...) qui fait jaillir différentes  époques, différents  personnages dits secondaires (dont l'homme du train et Julieta se sentira coupable de ne pas l'avoir écouté), différents lieux, pour mieux les "brasser" dans un mélo (relations mère/fille avec parfois inversion des rôles -Antia protectrice-, ou reproduction par une duplication un peu "facile" de la tragédie!  Une gémellité qu'incarnent deux actrices (le passage de l'une à l'autre dans une surimpression frise le ridicule...)

 

Tout cela fait que "Julieta", après les ratages dans le décollage des "Amants passagers" , ne saurait ni convaincre ni émouvoir

Dommage!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

 

 

 

 

Bonjour,

Je n’ai pas encore vu Julieta… Quoique j’ai entendu de bonnes choses sur ce film ! À ce qu’il paraît, le long-métrage a plu aux journalistes présents lors de sa projection au Festival de Cannes 2016. Mais bon, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. ;)
Nina  23/06/2016
 
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2 juin 2016 4 02 /06 /juin /2016 11:48

Documentaire réalisé par Tomer Heymann (Israël, Allemagne)

Mr Gaga, sur les pas d'Ohad Naharin

Voici un documentaire qui séduira les spectateurs curieux d'emboîter "le pas" du directeur de la compagnie israélienne Batsheva (nous avons vu plusieurs de ses chorégraphies à Rouen)

Il est dédié à Mary Kajuwara (compagne d'Ohad Naharin décédée en 2001)

 

Comme dans la plupart des  documentaires, celui-ci entremêle interviews,  témoignages (danseurs ou proches)  archives (ce fameux "sixty a minute" où les corps de Mary et Ohad chutent sur le clavier d'un piano ) documents anciens (on voit par exemple Martha Graham 1884/1991, la papesse de la danse contemporaine ou Béjart lors d'une audition) extraits de ballets, etc.. Dans ce "panachage" riche d'informations, (ce qui est typique du genre),  se déroule tel un ballet la vie d'Ohad Naharin; depuis l'enfance dans un kibboutz jusqu'aux cours collectifs de Gaga, en passant par l'épisode new-yorkais 1970, la direction de la troupe en 1990, les démêlés lors du jubilée de 1998, la perte douloureuse de Mary, sa reconquête de la vie et sa paternité tardive). Soit la vie et l'oeuvre de....Parcours professionnel et vie privée de....

L'originalité de ce documentaire n'est pas dans le montage mais dans son ouverture. Nous assistons en effet à une répétition ; Ohad Naharin explique à sa danseuse seule sur scène, la façon de "lâcher prise" : le corps doit s'effondrer, chuter   sans aucune contrainte (apparente) , celle de la pensée par exemple . Et cette scène liminaire préfigure la séquence finale, celle  d'une danse collective où les corps se libèrent grâce au langage corporel du "gaga"

 

Mais décortiquer la vie du chorégraphe (voix off souvent) bien plus que l'oeuvre; plaquer sur le kaléidoscope fait de bribes de répétitions ou d'extraits de ballets, un commentaire qui obéit à une sorte de déterminisme ( voici  l'illustration dansée de tel épisode vécu) est peu convaincant. Certes le vécu (ici comme en littérature) influe sur la création; mais l'art n'a-t-il pas vocation à le transcender?

 

Reste (outre bien évidemment la plasticité, l'énergie, la sensualité et la musique typiques de la Batshava Dance Company que certains découvriront grâce à ce film) un message d'optimisme,  celui que propose le "gaga"; un langage corporel qu'enseigne Ohad Naharin aux professionnels tout comme aux amateurs "établir une connexion entre plaisir et effort par l'écoute de son corps, la conscience de l'espace, les sensations de notre chair, de nos vêtements; repérer nos atrophies et les dépasser; apprendre le mouvement de l'intérieur et non face à un miroir"  etc.

"J'ai baptisé ma méthode de travail Gaga parce que ma mère m'a dit que c'est le premier mot que j'ai prononcé"

 

Ce message sera-t-il entendu?

Le chorégraphe avoue, dépité, que "Last Work" risque d'être effectivement sa dernière création (on ne peut créer là où prédomine le racisme !)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

 

 

 

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Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

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