27 mai 2024 1 27 /05 /mai /2024 03:58

de Dominic Sangma (Inde 2023)

 

avec Torikhu A. Sangma, Handam R. Marak, J.H. Sangma 

 

Festival des 3 Continents de Nantes

 

 

Dans un village du Meghalaya, au nord-est de l’Inde, plusieurs jeunes hommes disparaissent mystérieusement durant la nuit. Alors que les anciens accusent de kidnapping les étrangers de passage, le prédicateur y voit les prémices d’une apocalypse de 40 jours et 40 nuits qui plongera les habitants du village dans l’obscurité. Vu à travers les yeux de Kasan, un garçon de dix ans souffrant de cécité nocturne, les forêts alentour n’ont jamais paru aussi terrifiantes...

Rapture

Soit c’est la nuit, soit on n'a pas besoin de lumière

 

D’emblée vous allez être plongé au cœur des ténèbres que vont irradier des myriades d’étincelles - clignotements de torches brandies par des humains dont la rumeur telle une mélopée va dominer les frémissements de la forêt et quand la caméra s’approche,  nous comprenons qu’il s’agit de la rituelle cueillette de cigales (avant leur dégustation) …

 

Nous sommes au nord-est de l’Inde dans la tribu Garo, au cœur de la jungle du Meghalaya, Jouant avec la polysémie du titre « rapture » (doctrine eschatologique, enthousiasme, enchantement, enlèvement magique) le cinéaste enchevêtre dans ce second volet d’une trilogie consacrée à son enfance, vision et réflexion. De même qu’il fait alterner ténèbres et lumière, forces nocturnes perturbatrices et forces diurnes, chamanisme et foi chrétienne, l’individuel (filmé à hauteur d’enfant ; Kasan) et le collectif (le village lui-même divisé)

Pour pallier la peur panique qui s’empare des habitants (suite à la disparition d’individus ou à la mort suspecte d’animaux) il faut trouver un bouc émissaire : les étrangers appâtés par la vente d’organes ? Dieu et son ordalie ? Justice immanente ? châtiment divin que l’on peut contourner moyennant finances ? attente fébrile de la statue de la vierge miraculeuse ?  Réalité plus sordide, mesquine et mortifère qui exploite la peur?  Tels seraient les enjeux d’une intrigue multiple dont le « fil directeur » est ce gamin atteint de « cécité nocturne » Kasan est en effet notre guide (c’est par ses yeux que nous assistons à la scène de tabassage, c’est dans ses cauchemars que nous nous immisçons, c’est avec lui que nous allons allumer l’étincelle de la tragédie)

 

Sonder la nuit, se laisser hypnotiser par la somptuosité de la forêt, la jungle et ses sortilèges, dans une perspective animiste parfois (cf cette profondeur de champ quand un individu s’éloignant du premier plan va se confondre avec l’élément végétal ou quand le trio assis sur les racines d’un arbre plus que séculaire semble faire corps avec lui)?  Certes, mais surtout ne pas succomber à la tentation de l’ethnocentrisme ?

 

Oui Rapture allégorie sociale (et/ou parabole sur la peur ) nous invite à combattre les dérives obscurantistes de tout bord (quand bien même elles seraient ici  essentiellement  religieuses ) 

 

A ne pas rater !!!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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24 mai 2024 5 24 /05 /mai /2024 08:13

De Carmen Jaquier  (Suisse 2022)

 

avec Lilith Grasmug , (Elisabeth) Benjamin Python (Émile)  Noah Watzlawick (Pierrot)  Mermoz Melchior (Joseph)

 

 

Présenté en compétition au Festival Chefs Op' en Lumières 2024 de Chalon sur Saône.

Festival Cannes 2023 Women in Motion Prix Talent Émergent 

Prix de la mise en scène festival de Marrakech

 

 

Été 1900, au cœur d'une vallée du sud de la Suisse. Elisabeth, 17 ans, est sur le point de prononcer ses vœux après 5 ans passés au couvent. La mort soudaine de sa sœur l'oblige à retourner dans la ferme familiale pour assumer son nouveau rôle d'aînée. Elisabeth se retrouve vite asphyxiée par cette vie de labeur et obsédée par les mystères qui entourent la disparition de sa sœur. Elle va alors chercher à s'affranchir de son statut et de ses nouveaux engagements...

Foudre

Ma vulve est un paysage nocturne, dévorant. Je veux me faire soulever pour oublier le monde

 

C’est par la lecture du journal intime de la sœur aînée Innocente que la jeune Elisabeth va découvrir les fulgurances de l’amour ; amour charnel qu’elle assimile très vite à une vision mystique panthéiste ; le corps sera comme irradié dans une nature où les brûlures du soleil diaprent en la fendillant la somptueuse majesté des montagnes ou  telles des morsures s’attaquent aux corps des quatre adolescents dont la chair palpite de frénésie d’ivresse celles du désir (la chair meurtrie par l’ortie… cloques blanchâtres sur la peau rougissante, mais une chair brûlante comme foudroyée !!!)

Un texte grimoire -on pense à Cœur cousu de Caroline Martinez- Le très gros plan sur les lèvres d’Elisabeth en train de lire des passages met d’emblée en exergue sororité, sensorialité et sensualité ; texte-confession -fragments du discours amoureux> ?-d’abord murmures des tremblés d’une vie, les mots  vont s’incarner dans  une fougue, ennemie des préceptes (voire des objurgations) catholiques lesquels sont personnifiés tant par la famille que par les officiants ou représentants de la religion.

Au plan du début , quand après avoir refusé de quitter le couvent, Elisabeth s’accroche aux meubles avant d’être portée sur un brancard, prisonnière, fera écho celui où son corps sera attaché par des cordes…

Dans le couvent, moribonde sur une civière (une mort symbolique …) , elle accrochait malgré elle son regard à la voûte de l’église ; elle sera désormais celle par qui le scandale arrive perpétuant le passé de sa sœur « innocente » (étymologiquement « qui ne nuit pas ») Et de fait, dès son arrivée elle fait fuir ses sœurs cadettes tant  elle incarne à la fois la vierge (habit blanc de religieuse) et le diable….Dualité au cœur de l’intrigue précisément, dualité dichotomie de deux forces antagonistes (qu’Elisabeth cherche à transcender en les faisant fusionner dans une confondante unité !!!)

 

Certes on ne peut qu’être sensible à la beauté formelle (d’ailleurs dès le prologue se succédaient  des photographies et des reproductions de tableaux fin XIX°, comme l’authentique écrin (ou prémisses ?) de ce qui allait advenir -surgissant dans le cadre et dans l’intrigue. Voyez ces couchers de soleil flamboyants -en harmonie avec l’incandescence des personnages, contemplez la majesté de ces montagnes du Binntal et alpages suisses qu’un vent léger caresse du même frémissement que la chair qui palpite (nudité des corps restitués en leurs fragments : vision furtive du sexe, mais gros plans sur les mains qui se cherchent, sur le sein, sur le grain d’une peau offerte en oblation)

 

Le  combat pour la survie,  cette urgence à (re)trouver une humanité profonde -dont l’éducation rigide a privé les quatre protagonistes -, aurait dû être poignant déchirant  Mais… le bouleversement de tous les sens que renforce d’ailleurs la musique sur dimensionnée de Nicolas Rabaeus, n’aura pas (hélas !) la force convaincante capable d’emporter le spectateur. En cause moins  le jeu de l’actrice Lilith Grasmug (son interprétation tout en nuances est magistrale) que cette esthétisation proche de l’afféterie, (les clairs obscurs des intérieurs, les paysages inondés de lumière, la fragmentation de la chair en lambeaux dévoreurs et dévorants et leurs plans redondants, les contre-plongées et le symbolisme de la tension terre vs ciel) une préciosité formelle qui accentue(rait) la contemplation au détriment du propos .   Et la comparaison avec Pasolini -personnages et esthétique -, ne saurait plaider en faveur de la réalisatrice Carmen Jaquier ….

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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23 mai 2024 4 23 /05 /mai /2024 07:15

Documentaire réalisé par Claus Drexel ( 2023)

 

 

Ils sont de toutes origines et ont vécu près d’un siècle. Ils ont traversé les bouleversements de l’histoire. Ils sont drôles, émouvants, rebelles. Ils nous surprennent et nous émerveillent. Pourtant, on entend rarement leur voix. Ce film est une invitation au voyage à travers la France, à leur rencontre : les Vieux... 

Les vieux

Filmer en cinémascope, avec plans fixes, entrecouper la parole des intervenant.es par des plans nature : c’est de cette manière que Claus Drexel invite le spectateur à « prendre le temps » de voir, d’écouter, de repérer le moindre détail

Ainsi pour chacune des 30 personnes (ou plus) interviewées -dont des immigrés d’Europe de l’est ou d’Afrique du nord-, c’est d’abord par son environnement que l’on va capter une spécificité, celle qui sert à authentifier le passé – celui d’ouvriers (terrils usines désaffectées corons) de marin-pêcheur (baie de Douarnenez) ou spécificité qui enserre intimement présent et passé : un château vu de loin puis en plan rapproché, une campagne tel un tableau de peinture (cadre, couleurs éclatantes automnales) des ciels carte postale, des montagnes et leur palette de bleu, ou de vert, une vue panoramique sur un arrondissement urbain (Colmar, Marseille) etc.

Puis nous pénétrons dans l’intimité de ces "vieux" -seul.e ou en couple-  là où s’éploie leur quotidien : maison, appartement, chambre EHPAD avec de légers travellings sur l'environnement immédiat, mais le plus souvent gros plans  fixes sur des objets (objets inanimés avez-vous donc une âme ?) Un dispositif simple : le réalisateur reste hors champ (rarement on entend sa voix) la personne - ou le couple- - est assise (fauteuil, canapé, fauteuil roulant) face à la caméra en frontal, elle se confie (avec plus ou moins d’aisance, de réticence) dit son modus vivendi, se souvient. !  Bien évidemment c’est au montage que la dynamique interne émerge du puzzle initial et que les séquences musicales composées par Valentin Hadjadj apportent leur dimension hypnotique ou vont tout simplement « sédimenter les propos »

Vieillesse d’octogénaires (quelques centenaires) aux visages -plus ou moins- marqués par les ans, aux gestes - plus ou moins- alentis, à la conscience aigüe de l’éphémère, aux souvenirs  douloureux (cette femme juive qui a dû survivre seule, ces soldats de la Seconde guerre mondiale, de la guerre d’Indochine ou de la guerre d’Algérie, témoins d’atrocités). Tous semblables ? comme le suggérerait l’emploi de l’article générique « les » (vieux) ? et pourtant si dissemblables !

Vieillesse et douleur de l’isolement (une femme fait le distinguo entre solitude et isolement) vieillesse et acceptation (ou non) de sa finitude, vieillesse et volonté d’en finir (Je n'ai plus aucune utilité. On ne devrait pas vivre aussi vieux) vieillesse et volonté de Vivre (un cri primal avant passage écran noir !)

On retiendra deux beaux exemples, emblématiques du  "vivre ensemble"  Suite au cambriolage effectué par ceux-là mêmes que le couple accueillait, décision fut prise de mettre en place  "une maison associative"  afin d’empêcher la délinquance due à l’oisiveté (qu’on est loin des mesures répressives à tout-va !)

Vous voyez ce parterre de fleurs ? dit une nonagénaire  bloquée dans son fauteuil de handicapée, c’est de leur diversité que naît la beauté ; il en est de même pour la société…» (qu’on est loin des jugements discriminatoires qui refusent l’altérité !) l’uniformité ne fait pas l’unité 

Un documentaire où s’équilibrent moments de respiration, d’émotions, de tension et d’humour ! Où des « histoires individuelles » ont épousé (épousent) l’Histoire, où se profile une "géographie humaine" qui se  confond dans sa singularité même avec une natura naturans et une natura naturata

 

A ne pas manquer !

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

Nb attention « séance indépendante » une seule séance par jour (jeudi 13h45 vendredi 20h samedi 13h45  dimanche 18h20 lundi 13h45, mardi 20h)

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22 mai 2024 3 22 /05 /mai /2024 05:36

de Yasmine Benkiran (Maroc 2022)

 

avec Nisrin Erradi, Nisrine Benchara, Rayhan Gusran 

 

Photographie  Pierre Aïm

 

79ème Mostra de Venise  2022 (37ème semaine internationale de la critique, film de clôture) 

Casablanca, Maroc. Zineb s’évade de prison pour sauver sa fille de la garde de l’État. Mais les choses se compliquent rapidement lorsqu’elle prend en otage la conductrice d’un camion, Asma. La police aux trousses, les trois femmes se lancent dans une cavale dangereuse à travers l’Atlas, ses roches rouges et ses déserts brûlants…

Reines

Ces filles ont un certain style

Oui Zineb l’évadée -elle a voulu sauver sa fille Inès du carcan des services sociaux- et la conductrice Asma prise en otage, ces fugitives, ces « reines » ont quelque chose de singulier, dans leur inventivité, leurs pulsions de Vie, leur audace, qui irrigue de façon assez novatrice les « codes » de la course poursuite.et va même jusqu’à les faire voler en éclats  La réalisatrice signe, en outre, un plaidoyer en faveur de l’émancipation de la femme dans une société encore dominée par les valeurs patriarcales voire virilistes (ce dont témoignent à la fois le « mari » d’Asma  et la commissaire Batoul (Jalila Talemsi), guindée dans son uniforme, rigide à l’excès pour mener à bien sa tâche…)

Car la thématique majeure est bien celle de l’enfermement (carcéral social ou politique) et les trois « fugitives » incarnent chacune, à sa manière, une façon de s’en affranchir : même la « captivité » d’Asma/otage résonne comme une  « délivrance »… Certes les deux femmes en cavale (interprétées de façon magistrale par Nisrin Erradi et Nisrine Benchara) sont « dissemblables » ( Zineb est armée, elle peut tuer, c’est une « hors la loi »…) , mais elles partagent le même désir d’émancipation (clin d’œil à Thelma et Louise ?). Quant à la gamine, interprétée par Rayhan Guaran, une pré-adolescente éduquée pour être « lionne » elle n’a de cesse de retrouver les pierres bleues de l’univers des djinns, évasion par l’imaginaire ?

Un trio ou la fusion mythe et réalité ? L’errance des deux femmes ne s’en vient-elle pas rejoindre (symboliquement) celle d’Aïcha Kandisha (cette femme sorcière, dont la vie est consignée dans le cahier d’Inès, un cahier viatique ! un cahier où chaque page serait ouverture sur d’autres « possibles » ?)

 

Et le spectateur est embarqué pendant quatre jours à bord de ce camion (qui transporte des paraboles…tout un programme) dans l’Atlas marocain, à la beauté sidérante.

Les couleurs ocre rosé orangé ou rouge vif  (avec de brusques passages de l’ombre à la lumière) les effets de clair/obscur lors de pauses vespérales ou nocturnes, le mutisme de la conductrice qui contraste avec la fougue de la mère arnaqueuse et les exigences de la gamine, le déploiement des forces engagées à leurs trousses, les imprévus souvent rocambolesques ! le rythme, les revirements dans les relations féminines, la foi en l’imaginaire, tout concourt à faire de ce premier long métrage, road movie revisité  par Yasmine Benkiran, un chant de la désobéissance -et peu importe s’il n’est pas toujours convaincant !

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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20 mai 2024 1 20 /05 /mai /2024 06:48

de Joanna Arnow (USA 2023)

 

avec elle-même, Scott Cohen, Babak Tafti, Alysia Reiner, Barbara Weiserbs 

 

 

Cannes festival 2023 Quinzaine des Réalisateurs

Portrait d'une trentenaire new yorkaise très décomplexée avec le sexe et surtout avec la soumission

La vie selon Ann

Ce film n'attire pas. Pourquoi ?

 

La thématique ? Une femme trentenaire recherche partenaire BDSM (acronyme imbriqué faisant référence aux pratiques de bondage et de discipline, de domination et de soumission, de sadisme et de masochisme) Or, à une époque où précisément on dénonce avec virulence domination et machisme ; serait-ce une provocation ? Mais l’opposition entre les deux Ann (au travail et dans l’intimité) ne serait-elle pas révélatrice d’une forme d’exorcisme. Choisir une « soumission » avec ses aspects ludiques et codifiés s’opposerait à cette autre soumission -imposée, contrainte-  où l’individu est comme réifié voire néantisé (au travail, on change d’intitulé en gardant la même fonction, par exemple, on fête une année de « bons et loyaux services » alors qu’Ann est employée depuis 3 ans,  on est victime de gueulantes discriminatoires, etc.) Est-ce plus ridicule que de se faire traiter de « fuck pig » ? De plus, la « contradiction » avec la revendication féministe n’est qu’apparente (cf le concept d’empowerment )

 

Est-ce dû au « traitement », à la façon de filmer et au jeu de l’actrice ?

Vous voyez successivement Ann au bureau, Ann en famille, Ann au yoga, Ann dans son appartement et surtout Ann face aux hommes ; succession plus ou moins rapide de tableautins -telles des vignettes- avec plans fixes (à la Roy Andersson) et de longs silences où les personnages sont comme figés dans des rôles (cf la mère, le père, leurs chansons syndicales d’un autre âge, le père et son ordi, et les collègues de bureau). Avec les hommes (Allen surtout) Ann accepte les humiliations répétées, jamais n’exprime une quelconque satisfaction ; hormis ces  quelques mots récités sans conviction mais elle affiche, impudique,  sa décomplexion  (toujours nue, alors que les « partenaires » sont habillés): , Ann, la cochonne au groin ridicule, Ann qui se caresse mécaniquement le sexe, en distanciation de soi avec soi . Est-cela qui met mal à l’aise ? Quand bien même la réalisatrice qui interprète son propre rôle avec apathie nous invite à ne pas confondre « laconisme et effacement »

 

Impudique, apathique, blasée( ?) Joanna, actrice et réalisatrice, -au physique peu avenant- nous entraîne dans une comédie  déconcertante ...à ne pas bouder...pour autant

 

Colette Lallement-Duchoze

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19 mai 2024 7 19 /05 /mai /2024 03:49

de  Quentin Dupieux (2024)

 

avec Vincent Lindon (Guillaume)  Raphaêl Quenard (Willy)   Louis Garrel, (David) Léa Seydoux (Florence) Manuel Guillot (Stéphane) 

 

 

Festival de Cannes 2024 (Ouverture) 

Florence veut présenter David, l'homme dont elle est amoureuse, à son père. Mais David n'est pas attiré par elle et souhaite s'en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy

Le deuxième acte

« On peut se détendre la nouille un peu là ? Non justement elles sont hyper tendues les nouilles (Willy et David)

On n’est plus dans les années 80 là, on s’en branle de ces petites histoires d’amour! (…) On n’est pas sur le Titanic là. Le naufrage, il est mondial! On est tous en train de couler (Guillaume à Florence)

 

Auteur prolifique Quentin Dupieux l’est assurément: Le deuxième acte est sa troisième création en 10 mois, Et quand la prolixité devient "personnage" (film bavard avoue ironiquement le cinéaste) la prestation des acteurs  doit être exemplaire -pari réussi avec mention spéciale pour Vincent Lindon et Raphaël Quenard

 

Logorrhée verbale où s’entrechoquent tous les ferments et ingrédients de « problématiques très contemporaines » celles liées à l’industrie cinématographique, à la création, à l’acteur, mais aussi aux tendances négatives de notre société. Et voici que s’invitent -pêle-mêle ?- les ravages de l’IA, la porosité de la frontière entre réalité et fiction, l’homophobie et #MeToo , le carriérisme l’individualisme et l’ego surdimensionné des acteurs, le comportement (b)ovin des individus, dicté en partie par l’omniprésence et l’omnipotence de l’image dans une société voyeuriste (un malheur ? une mort ? clic je l’enregistre dans ma galerie IPad )

Or la critique à peine corrosive met TOUT sur le même plan d’autant que l’absurde, le farfelu ou le fantastique (cf le rat baveur, le pneu psychopathe) ont déserté le plateau (hormis le grotesque d’une salle d’op…)

 

Saluons en revanche la mécanique -savante- de la construction ; loin de cette  paresse puérile que l'on reproche parfois au cinéaste

Les duos Willy/David et Florence/Guillaume se répondent en miroir -avec les mêmes effets de rupture quand un des protagonistes s’écarte du rôle qu’il doit interpréter, vitupérant la création cinématographique, revendiquant haut et fort son statut d’acteur accompli exigeant ou se lamentant du peu de considération dont il est l’objet ou encore professant des stupidités

La séquence liminaire -une voiture dans une ambiance crépusculaire ou pré-aurorale, un chauffeur en sueur extrême, un restaurant « le deuxième acte » sis dans un lieu improbable- et voici qu'entre en scène ( dans le cadre) le « figurant » dans le « rôle du serveur ; un serveur tétanisé  qui n’en finira pas d’en finir avec ses tremblements (le comique de répétition saturé et saturant dérivant vers le tragique -un faux suicide-) Vilipendé moqué -par les acteurs « prestigieux» - il n’en était pas moins l’élément fédérateur (convergence de tous les protagonistes et d’autres figurants faussement attablés). Leçon ? ? Jouer la comédie est un métier cruel, on peut y laisser sa peau....

Le film n’est que mises en abyme (entendons une mise en abyme d’une mise en abyme) La palme ? Quand Vincent Lindon censé quitter le plateau de la fiction se pare d’une fausse moustache et se grime, avec cet œil/miroir qui  reflète un monde « bien à l’envers » : Être dans le vrai, le prétendu réel, serait-ce changer de « masque » ?

Aux longs travellings du début vont répondre en écho ces rails qui n’en finissent pas d’être filmés ; rails qui auront servi à la fiction, rails qui in fine immergent le spectateur dans l’envers du décor, les coulisses du tournage, circulez il n’y a rien à voir (ou plus rien à voir ?)

Une épate narrative que cette peinture difforme de la réalité ….cinématographique? D’une réalité où « l’illusion d’un ordre est abolie ? La bande annonce -succession rapide des acteurs chacun s’attribuant le rôle phare… sans extraits du film et le dessin de l'affiche  étant censé.es  " guider"  le public

 

Serez-vous Yannick dans votre appréciation?

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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17 mai 2024 5 17 /05 /mai /2024 11:14

Documentaire réalisé par  Mehran Tamadon (France Suisse 2023)

 

 

45e Festival International du film documentaire “Cinéma du Réel” (2023)

 

cf Mon pire ennemi - Le blog de cinexpressions

 

 

Taghi, Homa et Mazyar ont été arrêtés et interrogés par le régime iranien. Tous les trois témoignent avec leurs corps, avec leurs gestes, et racontent ce que signifie résister, ce que signifie craquer. Y a-t-il un espoir que le tortionnaire renoue un jour avec sa conscience ?

Là où Dieu n'est pas

Le film s’ouvre et se ferme sur des rues à Paris et sur le ciel où l’on peut lire le titre « là où Dieu n’est pas ».

Mais l’essentiel va nous « enfermer » dans les pièces d’un bâtiment désaffecté où tout sera reconstitué  de façon artisanale: barreaux peints à la peinture blanche, tasseaux de bois pour délimiter l’espace très étroit d’une cellule, sommier métallique, choix d’un câble aux filons assez souples pour « lacérer » les pieds, confection d’un cercueil où Homa va reposer ; et lors de ce processus de « fabrication » auquel tous participent (le spectateur est mal à l’aise) le réalisateur s’entretient avec les protagonistes : voir ressurgir les instruments de torture ne peut que raviver et la mémoire et les traumas. Et quand la parole prend le relais Homa Kalhori craque (elle avoue avoir consenti in fine à porter le voile, avoir « pactisé » avec l’ennemi en étant la « gardienne d’une section de la prison après sa pseudo-conversion ; s’interroge encore sur ce processus de réification de néantisation)

 

Le réalisateur est toujours à leurs côtés ; dans le cadre ou hors champ il guide propose d’interrompre, console Homa en l’enlaçant, il se met aussi à la place du torturé (allongé sur le lit poignets entravés genoux repliés voûtes plantaires dégagées) Les yeux souvent bandés à l’époque des tortures, Homa Taghi Mazyna vont faire appel à leurs sens auditif et olfactif pour « restituer » ce qu’ils ont enduré dans leur chair leur être tout entier (chants bruits gueulantes humiliantes des bourreaux)

Les trois ont été torturés dans la sinistre prison Evin (à la réputation aussi sulfureuse que d’autres prisons que le régime soit dictatorial ou  …. démocratique   avec les mêmes dénégations officielles quand on en dénonce l’arbitraire et l’outrageante entreprise de déshumanisation …là où les interrogatoires, prétendument destinés à soutirer des « aveux » ( ?), virent aux abus viols tortures exécutions, l’ensemble savamment maquillé !!!

 

Situation éprouvante et gênante pour le spectateur (dans la position ou posture du « voyeur ») Spectateur qui ne peut souscrire aux propos du réalisateur : destinée aux bourreaux, sa « reconstitution » aurait une vertu cathartique (et d’ailleurs Taghi se moque « gentiment » de cette naïveté ;  on sait que les bourreaux sont persuadés « être du « bon côté » (on se souvient du film de Rithy Panh S21 la machine de mort khmère rouge et des témoignages glaçants) Spectateur qui s’interroge sur la nécessité, la pertinence et l’efficacité d’une telle démarche… l

La réponse est précisément dans la réaction de ces « héros ordinaires » ; ils ont du mal à « incarner » les bourreaux ils s’isolent réfléchissent puis (du moins Mayzar) affirment que reconstituer les scènes de torture c’est révéler aux gens ce qui se passe réellement dans leur pays Il rejoue les aveux extorqués et cette mise en abyme par l’image, et par extension le cinéma, se donne à voir/lire dans son double pouvoir de « vérité » et de « manipulation, Mystificatrice» Le torturé qui avait les yeux bandés voit pour la première fois la position dans laquelle il était comme si la peur quittait son corps Mayzar Ebrahimi  souffre encore des séquelles des coups reçus ; or cette douleur fait surgir « du corps une force de réaction insoupçonnée »  «C’est dur de faire de la prison sans s’illusionner” "jouer un rôle ça permet de témoigner de comprendre l'autre"

 

Colette Lallement-Duchoze

 

Là où Dieu n'est pas

Mazyar Ebrahimi reconstitue les conditions dans lesquelles il a été torturé, avec le réalisateur comme cobaye volontaire. | Survivancsens

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16 mai 2024 4 16 /05 /mai /2024 06:30

 De Joao Salaviza et Renée Nader Messora. (Brésil 2022)

Avec· Ilda Patpro krahô Patpro  Francisco hyjnõ krahô, Hyjnõ, Solane tehtikwyj krahô Jotàt, Raene kôtô kraho kôtô, Débora sodré Debora , Luzia Cruwakwyj krahô Crowrãkwyj

 

 

Couronné par le prix d’Ensemble au festival de Cannes 2023 Section Un certain regard

A travers les yeux de sa fille, Patpro un membre de la tribu des Karahô, va parcourir trois époques de l’histoire de son peuple indigène, au cœur de la forêt brésilienne. Inlassablement persécutés, mais guidés par leurs rites ancestraux, leur amour de la nature et leur combat pour préserver leur liberté, les Krahô n’ont de cesse d’inventer de nouvelles formes de résistance...

La fleur de Buriti

Long poème souvent chanté et dansé, ce film très militant entrelace le document ethnographique, la revendication politique écologique, la reconstitution fictionnelle, avec un mélange de réalisme de naturalisme et d’onirisme.

Le montage a ceci de mystérieux et de convaincant -pour certains- de spécieux- pour d’autres- qu’il met sur le même plan des temporalités et des points de vue différent.es. Trois périodes trois points de vue trois approches. (dont celles du jeune Ilda Patpro Kraho, de Hyjno Kraho et de sa femme Luzia Cruwakwyj Kraho) Et la récurrence du procédé de surimpression (deux plans du même personnage dans le même cadre, l’un immobile l’autre en mouvement) en créant une sorte de dédoublement participe de ce choix

L’ouverture est consacrée à ce chant venu du fond des âges échos feutrés d’antiques cosmogonies et de mythes fondateurs ; une prose poétique à la gloire de Crowrà, la fleur de Buriti (nom que portait la grand-mère d’un chef de village qui enfant avait vu toute sa famille se faire massacrer par les gens des villes et les agriculteurs)  Le film dans son ensemble n’est -il pas une ode psalmodiée avec une perspective animiste (cf l’interpénétration des règnes et des espèces avec des zooms ou des plans rapprochés  sur la cohabitation; mode de vie qui perdure par-delà les époques, mode de pensée qui glorifie forces chtoniennes et cosmos originel) ?

Et quand les mêmes personnages (ceux du présent que filme avec empathie le couple de cinéastes) vont « interpréter » des rôles « historiques » (avec insertion d’images d’archives en noir et blanc) on comprend l’intention des réalisateurs: non pas faire œuvre d’historiens mais chanter la persistance d’un mode de vie singulier qui a dû affronter la cruauté barbare des « prédateurs », ceux qui ont cherché- et cherchent encore-  à s’approprier les terres en massacrant leurs habitants….

Et ce n’est pas pur hasard si à la scène liminaire (douleurs de la parturiente) répond en écho au final la scène de l’accouchement (on entend les voix bienveillantes des femmes avant que l’être nouveau ne s’approprie le sein tutélaire et nourricier) Naissance et survie. Et comme entre temps il y aura eu cette marche à Brasilia, par un effet spéculaire l’accouchement acquiert une dimension plus universelle

Un environnement d’une luxuriance sidérante celui du nord-est de la forêt amazonienne état du Tocantins où vit la tribu Krahô -un groupe d’environ 2000 personnes- contrastant avec les échappées urbaines où les représentants de la communauté vont plaider leur devenir à Brasilia. Car ce film/documentaire met en exergue deux « projets différents pour le monde » soit deux « visions différentes du futur du monde » Si les Krahô ont accepté une forme de « modernisation » (utilisation de portables pour communiquer par exemple) ils militent pour préserver l’environnement, refusant de le laisser saccager en énièmes exploitations agricoles, ils plaident pour l’acceptation de « l’autre » (cf les banderoles et les slogans qui fustigent la politique de l’agronégoce du président Bolsonaro) (à noter ici que depuis le tournage le président Lula a été réélu et qu’une militante dont on a entendu la prise de position à Brasilia a été nommée ministre…)

Voici un feu avec ses braises mais aussi ses volutes de fumée. Horizontalité et verticalité, puissance tellurique et voûte céleste vont se conjuguer dans le rouge et l’évanescent, le rêve et le cauchemar (l’enfant et sa prescience du malheur que la berceuse d’une mère aimante tente de consoler)

Le feu tel un foyer protecteur, le feu et ses dévastations infligées par les tenants du "profit à tout prix" 

Le feu - ouverture et clôture du film – dont les crépitements et l’incandescence font entendre la voix des Anciens …

Lenteur du rythme, beauté sculpturale des êtres humains et des vivants piliers que sont les arbres, somptuosité des couleurs (vert émeraude, ocre brun, rouge vif bleu céruléen) lumières diffractées chants mélopées tout dans ce film  semble renouer avec une des fonctions majeures du cinéma "révéler d'autres mondes" 

A ne pas manquer !

 

Colette Lallement-Duchoze

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14 mai 2024 2 14 /05 /mai /2024 08:16

de Juan  Sebastiàn Vàsquez  et Alejandros  Rojas  (Espagne 2023)

 

avec Alberto Ammann Diego Bruna Cusí Elena Ben Temple Agent Barrett Laura Gómez Agent Vásquez Gerard Oms Un passager Colin Morgan Un agent de la Police des Frontières

 

Angers festival Premiers Plans 2024 Prix d’interprétation féminine (Bruna Cusi) et Grand prix du jury

Un couple de trentenaires barcelonais décide de s’établir aux États-Unis – pourquoi pas eux ? Elena est une talentueuse danseuse et Diego, originaire du Venezuela, peine à trouver un emploi stable. Avant de s’envoler vers la Big Apple, le couple signe un acte d’union civile. Cependant cet accord va leur causer des problèmes. Arrivé à l’aéroport, le couple est interpellé. La police des frontières soupçonne d’entrée de jeu une union arrangée pour passer la frontière. Le duo se retrouve pris au piège par les soupçons qui les assaillent

Border Line

Huis clos, thrillers de bureau, les films- interrogatoires reposent sur une tension qui jamais ne doit faiblir grâce à une progression savamment dosée avec éventuellement changement de perspective. Pari réussi pour le duo Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vasquez  avec  Border line (un film inspiré des difficultés rencontrées -c’est un euphémisme-  à la police des frontières américaine  " Il est né des nombreuses fois où nous nous sommes rendus, nous Vénézuéliens, aux États-Unis. Mais aussi des témoignages de nos familles et de nos amis. [...] Ce qui nous intéressait, c’était de raconter au grand jour ce qui, généralement, se déroule derrière les portes closes des aéroports."

 

La scène préliminaire (le couple à l’arrière d’un taxi à Barcelone, en partance pour l’aéroport) est placée sous le signe de la joie exubérante ; puis voyage en avion (Elena dort, mais Diego semble stressé) ; arrivée aéroport International de Newark (New Jersey) passage douane, guichet 18 (passeports empreintes) et voici que le temps qui s’étire devient anxiogène…Ce que vient corroborer la nécessité d’un contrôle (en fait interrogatoire) plus « élaboré » ; l’attente du spectateur se confond astucieusement avec celle du couple (suspicion sur la politique américaine d’immigration très stricte ; n’avait-il pas entendu dès l’ouverture, dans le taxi, la voix de Trump vantant les bienfaits du mur à la frontière avec le Mexique ???

 

Se met en place un dispositif resserré -exiguïté du lieu clos, lumière artificielle, plans fixes, champ contre champ- caméra peu mobile mais suffisamment pour capter regards hésitations gestes (qui rendent compte des « états d’âme » des deux protagonistes) et quand la porte s’ouvre avec l’entrée d’un nouvel agent qui coïncide avec la sortie programmée et éphémère d’Elena ou de Diego c’est pour mieux enfermer l’interrogé dans ses contradictions

Questions comme autant de menaces insidieuses proférées par des agents -seuls habilités à donner ou non le « feu vert » Questions qui, sur un ton de plus en plus ferme, cherchent à déstabiliser (Diego est-il vraiment amoureux d’Elena ? lui qui a déjà été fiancé …), à « rabaisser, humilier », en mettant en doute l’amour filial (Elena consentirait à vivre éloignée de ses proches elle qui se prétend fille aimante ??) en violant l’intimité (désir d’enfant, fréquence des rapports sexuels)

 

Cruauté et dévoilement ; question et accusation ; enfermement et reddition ; couple qui se fissure…dans un huis clos de plus en plus oppressant

Et un spectateur impliqué de bout en bout dans une entreprise humiliante de réification

 

Bienvenue …au pays du rêve / cauchemar

 

A ne pas manquer

 

Colette Lallement-Duchoze

 

Ps Laura Gomez triomphe dans le rôle d’agent ?  "nous avons remarqué que généralement, quand nous passions l’immigration en arrivant aux États-Unis, les agents qui nous traitaient le plus mal étaient des Latinos (…) Ils s’intègrent à un système totalement déshumanisant et se comportent de manière encore plus américaine que les Américains"  (Alejandro Rojas )

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14 mai 2024 2 14 /05 /mai /2024 04:01

de Shinya Tsukamoto  (Japon 2023)

 

avec Shuri Mirai Moriyama, OgaTsukao, Hiroki Kono3)

 

 

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Japon tente péniblement de se relever et de panser ses blessures. Unique survivante de sa famille, une jeune femme passe son temps enfermée dans le bar délabré qui lui sert de refuge. Un jour, elle voit débarquer un petit orphelin chapardeur et un jeune soldat démobilisé. Entre ce trio atypique, un semblant de vie de famille commence à s'installer. Hélas, les traumatismes de la guerre auront tôt fait d'anéantir ce bonheur fugace.

L'ombre du feu

L'ombre du feu ou le théâtre de la cruauté

Le trauma de la Seconde Guerre mondiale est encore prégnant dans l’imaginaire collectif au Japon (message non subliminal) .Le réalisateur, dans ce film de "reconstitution" et dont le titre est un bel oxymore,  dénonce la déshumanisation liée à cette tragédie  à travers le parcours d’un gamin orphelin.

Quelle étrangeté et quelle singularité dans sa façon de filmer! car en alliant lenteur et minimalisme, réalisme et onirisme, l'esthétique peut verser dans l'esthétisme  - Ambiances cuivrées d’un sordide lieu refuge, extérieurs bleutés, cours des miracles pour ces rescapés définitivement fracassés; netteté de certaines images (due au numérique) récurrence de certains procédés (dont la surimpression) , et parfois dolorisme – dû à l’omniprésence de la cruauté, qui envahit le réel le souvenir le rêve et qui peut mettre à rude épreuve le spectateur

La première partie par l’unité de lieu d’action est un huis clos théâtral et claustrophobe : la jeune femme… prostituée seule occupante de ce bar calciné tente provisoirement de « refonder » une famille avec un soldat de passage démobilisé et un orphelin chapardeur ; mais les cauchemars et traumas auront raison de cette éphémère illusion  ( le hors champ reste très prégnant  : ravages de la guerre, bruits détonants et qui détonnent.) Puis le gamin s’émancipant va suivre un « inconnu » avide de vengeance (le pistolet chapardé en sera l’instrument) avant de revenir sur les lieux (la jeune femme atteinte d’une maladie contagieuse, contrainte de survivre dans le « noir » l’accompagne de ses vœux (travailler honnêtement sans « voler » ); le gamin mettra-t-il à profit ces « pieuses » requêtes ? Une toute dernière séquence comme une ouverture ? Or le gros plan sur le visage du commerçant "prédateur" et "exploiteur" dit les ravages du capitalisme ... sauvage !

Restera gravé le visage de ce gamin (Oga Tsukao)

Un enfant au silence si mature!

Au regard magnétique…  substitut de la parole

Son passé ? les cauchemars qui hantent ses nuits…

Son présent ? l’’ombre du feu ?...

Son futur ? une prière comme un flux mémoriel à venir ?

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

Attention dernière séance mardi 14 mai 19h30 salle 8 Omnia

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