11 décembre 2022 7 11 /12 /décembre /2022 07:35

 

de Lise Akoka et Romane Gueret,

avec Mallory Wanecque, Timéo Mahaut, Johan Heldenbergh

 

 

Festival de Cannes 2022 : Prix Un certain regard

Festival du film francophone d'Angoulême 2022 : Valois de diamant

 

Un tournage va avoir lieu cité Picasso, à Boulogne-Sur-Mer, dans le nord de la France. Lors du casting, quatre ados, Lily, Ryan, Maylis et Jessy sont choisis pour jouer dans le film. Dans le quartier, tout le monde s’étonne : pourquoi n’avoir pris que « les pires » ?

 

 

 

 

Les pires

Lise Akoka et Romane Gueret sont des professionnelles du « casting enfants », mais pour leur premier long métrage, elles ont,  affirment-elles, procédé de manière inhabituelle  "aller d’abord à la rencontre de nos personnages avant même qu’ils ne soient écrits" ; à partir de cette « rencontre », des témoignages recueillis, elles créent une histoire, des « personnages » ; puis procèdent à un nouveau casting (collèges écoles foyers) à la recherche d’interprètes…Les 4 précisément du film « les pires » Et voici autour de Johan Heldenberg (Gabriel) le réalisateur, quatre jeunes Timéo Mahaut (Ryan), Mallory Wanecque (Lily), Loïc Pech (Jessy) et Mélina Wanderplancke (Maylis) qui vont tourner dans leur propre environnement une "fiction"  proche de leur "vécu";  quatre jeunes dont le "naturel" le  "talent fou",  la gouaille, le parler ch’ti, la rage ou la placidité vous emporteront. Mention spéciale au duo Ryan Lily

Mais attention ! rien n’est laissé au hasard. Tout a été écrit avec une extrême précision ("tromper" sciemment en donnant l’illusion d’un réel proche du documentaire ?)

Non seulement les deux réalisatrices  exploitent les procédés de la mise en abyme (film dans le film) mais jouent sur les "codes du documentaire"  en filmant de  "vrais gens"  aux côtés d’acteurs, en fusionnant réel et fiction, vie et cinéma. Elles mettent en images et interrogations la fonction prédatrice du metteur en scène (Gabriel ose certaines confidences, Gabriel fait croire à une répétition alors qu’il filme, Gabriel éprouve un plaisir "sadique" ( ?) à obliger le jeune Ryan à simuler une crise (alors que précisément il en est victime) Vampirisation ? voyeurisme ?

A cela s'ajoutent réflexions et questionnements sur la fiction comme voie royale pour accéder au réel?  sur l'accaparement de la misère à des fins prétendues esthétiques (la scène où Gabriel s'extasie devant le délabrement d'une façade en témoigne aisément), ce que dénoncent des associations qui mettent tout en œuvre pour que la population des quartiers "sensibles"  ne soit pas (plus) stigmatisée. La séquence finale empreinte d'onirisme (un lâcher de pigeons géant, la main vigilante de la grand-mère de Ryan (Dominique Frot) leur donnerait-elle raison? A noter que le titre du film -dont le tournage se termine avec cette envolée- "A pisser contre le vent"  est emprunté à une formule ch'ti A picher contre l’vint d’biss ou à discuter contre tes chefs, t’auras toudis tort »  qui  serait le "substitut nordiste" de "tu auras toujours tort"

En portant à l’écran un casting (ce sont les plans d’ouverture, plans fixes  sur les quatre visages, sur le regard qui se dérobe ou affronte l’œil de la caméra et/ou celui du metteur en scène hors champ ) puis la préparation et le tournage d’un film, au cœur même d’une cité, les deux réalisatrices ont réussi à ne pas « stigmatiser » ni « glamouriser ». (Même si le titre "les pires" peut se parer  rétrospectivement des " qualités" de son antonyme)

Un film méta ? (Comme on dit métafiction en littérature) Assurément

Bref, un récit en abyme mais si éloigné de ceux auxquels le cinéma nous a habitué (la nuit américaine, la référence par excellence) qu’il est devenu miroir (d’infinies contradictions) et non plus enchâssement serti d’esthétisme

A voir absolument !

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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8 décembre 2022 4 08 /12 /décembre /2022 13:35

de Hirokazu Kore-eda, (Corée du Sud Japon 2022)

 

avec Song Kang-ho : Sang-hyeon Bae Doona : l'inspectrice Soo-jin Gang Dong-won : Dong soo IU : la jeune maman So-young Lee Joo-young : l'inspectrice Lee

 

 Festival Cannes 2022 : Prix d'interprétation masculine pour Song Kang-ho  et Prix du jury œcuménique

Synopsis

En Corée du Sud, il existe des boîtes dans lesquelles il est possible de déposer son bébé afin que celui-ci soit adopté par une autre famille. Par une nuit pluvieuse, une jeune femme abandonne son nourrisson. Il est récupéré illégalement par deux hommes, bien décidés à lui trouver une nouvelle famille. Lors d’un périple insolite et inattendu à travers le pays, le destin de ceux qui rencontreront cet enfant sera profondément changé

Les bonnes étoiles

Le titre anglais Broker met l’accent sur le métier de courtier et partant, sur l’aspect social, le titre français "Les bonnes étoiles"  est moins trivial plus optimiste presque poétique (ce que dit explicitement Sang-Hyeon à la jeune maman  voyez en nous des bonnes étoiles pour votre nourrisson). Déposer un enfant dans des lieux dédiés (boîtes à enfants en Corée du sud, où l’accouchement sous x est interdit) avec un mot de « retour » implique que l’enfant abandonné n’est plus éligible à l’adoption et qu’il sera placé dans un centre d’accueil ; ce que refusent les deux compères « on va te trouver une famille où tu seras heureux ». et ils vont manœuvrer pour le « vendre » au couple le plus offrant.

Voilà donc deux trafiquants, une jeune mère qui s’est débarrassée (provisoirement) de son bébé ; singulière communauté qui s’agrandit avec l’irruption d’un gamin  "abandonné"  lui aussi. surgi du …coffre , il s'incruste lui et sa plaisante logorrhée

Nous sommes embarqués sur les routes de Corée, dans une histoire de famille et quelle famille ! une histoire de filiation ! et quelle filiation ! (thème de prédilection du réalisateur japonais cf Tel père tel fils par exemple). Famille reçue en héritage ! famille que l’on refuse, famille que l’on construit ! Merci d’être né !!!

 

Enchevêtrement d’une trame policière (les trafiquants sont suivis par deux policières,  mais aussi par deux jeunes …bandits) et d’une chronique familiale ? C’est ce qui crée le tempo. Or la première s’effritera (même si la traque se poursuit jusqu’au bout) car s’imposera bien vite la force des liens que l’on construit …. en dehors des liens du sang. La cavale initiale se mue en une initiation à l’altruisme

 

Linge qui sèche au vent, lavage automatique de la voiture où l’eau pénètre à flots sur les visages hilares de ses occupants, - en écho la fonction lustrale de l’eau dans le rêve de So-young,  sourcils artificiels sur le visage du poupon, cabine de la grande roue propice aux confidences, photo selfie ballottée emportée, bébé que l’on trimbale en couffin ou que l’on porte avec délicatesse, plage vue en plongée nimbée de lumière, rires et fous rires, des instants d’intense complicité et d’heureuse connivence, celles d’une famille d’abord amputée, décomposée puis reconstruite. Et le parallèle entre Sang-Hyeon qui  coud, recoud, reprise les chemises de ses compagnons  et le cinéaste qui raccommode suture les brisures est assez éloquent

 

En nous entraînant dans ce « road movie » de Busan à Séoul à bord d’un van (tout déglingué à l’instar de ses occupants) le réalisateur ne cherche-t-il pas à nous rendre « complices » de ces êtres cabossés par la vie en mettant à nu leur humanité profonde ? par-delà leurs failles ?

 

Mais 

La prolifération des personnages et des motivations, l’étirement (inutile) de certaines scènes, la recherche de la consensualité -à tout prix  (« trop de ….tue …»), ces bonnes étoiles drapées de (trop) bons sentiments (Eh bien oui « tout le monde a un bon fond » ne le saviez-vous pas ?) tout cela nuit de facto au traitement de cette thématique si chère au réalisateur -l’adoption comme blessure et réponse aux conceptions trop endogames des liens du sang

 

Dommage !

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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6 décembre 2022 2 06 /12 /décembre /2022 06:41

Cow

Documentaire réalisé par Andrea Arnold (Grande-Bretagne 2021)

avec Lin Gallagher

La cinéaste nous invite à porter un autre regard sur les vaches, à nous en approcher, à contempler leur beauté mais aussi la réalité de leur vie. C’est l’histoire d’une réalité, celle d’une vache laitière…

Cow

Non Luma (la vache laitière, « héroïne » du documentaire Cow) n’est pas « malade » (comme se le demandaient certains spectateurs à l’issue de la projection) Si elle ne peut « nourrir » sa progéniture c’est qu’elle est victime de la « maladie » de l’homme : la rentabilité. On féconde les vaches, on les sépare de leurs veaux, afin de produire le lait dont s’abreuveront les « humains »….

Et ce n’est pas pur hasard si le documentaire s’ouvre sur une séquence de vêlage ! à peine Luma aura-t-elle pris le temps de lécher le corps du « nouveau-né » - ô cette chaleureuse proximité-, qu’on l’entraîne avec violence vers ces trayeuses électriques (alors qu’on biberonne le veau …mais avec du lait en poudre !!!). Et quand bien même la réalisatrice refuserait l’anthropomorphisation, force est de constater que les meuglements de Luma sont ceux du désespoir, étranglée de terreur elle beugle la douleur de la séparation…

 

En suivant le « quotidien » de cette vache laitière dans une exploitation agricole du Kent, Andrea Arnold oppose mécanisation brutale et authenticité de la vie : ainsi à l’itinéraire quasi dédaléen qu’entravent des barrières métalliques, aux très gros plans sur ces gobelets trayeurs -que l’on nettoie par souci d’hygiène ? ou de prophylaxie ? éviter les mammites torturantes ?-, s’impose en s’opposant cette vibrante masse de chair à la lourdeur impressionnante, avec des très gros plans sur le pelage, sur les yeux bordés de longs cils. Un œil qui reflète une « condition de vie» ? peut-être mais en aucun cas un œil qui reflèterait « notre » monde (à l’inverse de EO l’âne gris du film de Skolimowski , et sa caméra subjective)

 

Quelques échappées vers des paysages - ceux frémissants de son film Les Hauts de Hurlevent, ceux qui rappellent les paysagistes anglais du XIX° - ne font qu’accentuer dans leur fugacité même, la « barbarie » des pratiques du monde « agro-alimentaire » dans sa recherche effrénée du profit -auxquelles on accède comme dans les coulisses d’une tragédie-

 

Mais ne nous méprenons pas!  le documentaire d’Andrea Arnold n’est pas un brûlot ni un film militant.

Ni voix off, ni dialogues ; la répétition des mêmes activités : traite pâturage vêlage, une scène de monte avec ses préliminaires, la présence « humaine » limitée à ses fonctions (souvent inhumaines), des beuglements qui alternent avec de la musique pop, une caméra à hauteur de « pis », soit un quotidien : la « conscience » ( ?) d’un animal. Dommage que la thématique s’englue dans le répétitif (mais cela est à n’en pas douter intentionnel !)

 

École du regard ?(cf le synopsis); elle est beaucoup plus patente et convaincante dans  bovines ou la vraie vie des vaches » (Bovines ou la vraie vie des vaches - Le blog de cinexpressions)

Ou encore « gorge cœur ventre » (Gorge Cœur Ventre - Le blog de cinexpressions)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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5 décembre 2022 1 05 /12 /décembre /2022 05:57

de Christophe Honoré (2021)

avec Paul Kircher,  Vincent Lacoste, Juliette Binoche, Erwan Kepoa Falé

Lucas a 17 ans quand son adolescence vole en éclats. Il voit sa vie comme une bête sauvage qu'il lui faut dompter. Alors que son frère est monté à Paris et qu'il vit désormais seul avec sa mère, Lucas va devoir lutter pour apprendre à espérer et aimer de nouveau.

Le Lycéen

 

Le visage de Lucas (Paul Kircher) -filmé en frontal- envahit l’écran -alors qu’une voix intérieure au phrasé si particulier dans la nonchalance, met en lumière la souffrance, celle d’une incomplétude et d’un éclatement de l’être profond ; cette même voix semble se dédoubler, s’adressant au spectateur qui capte ce murmure sur les lèvres. Une temporalité émiettée à l’instar du ressenti douloureux ? (le propos est postérieur à la tragédie - un autre indice conforte cette affirmation : sur le bord de la route, vision fugace d’un bouquet funéraire.) Superposition ou enchevêtrement entrecroisement grâce à des ellipses?. Ce qui d’ailleurs présidera à certains moments d’intensité extrême dans le film ; ou bien le temps morcelé en trois grands mouvements (la dévastation après l’annonce de la mort du père, l’escapade parisienne, le retour/résilience après les abysses, l’enfermement dans le mutisme) ne serait que partiellement fragmenté dans le flux du précipité : vivre à tout prix, coûte que coûte, tout expérimenter.

Lucas court il est en short, plan suivant il est en jogging – la continuité n’était qu’apparente et cela sera répété plusieurs fois. Dislocation et/ou pouvoir cathartique pour le cinéaste ? Car le film dédié au père (on l’apprend juste avant que ne défile le générique de fin) est à n’en pas douter d’inspiration autobiographique (Christophe Honoré interprète lui-même le rôle du père de Lucas…) Mais pour un jeune de 17 ans à la vie déjà cabossée, c’est la fulgurance du vivre vite hic et nunc (au lycée Lucas avoue à son ami que leur relation ne peut être qu'éphémère); à Paris il s’insurge face à Lilio qui refuse ses avances, il accepte moyennant finance une relation fugace avec un quinqua etc…Il exulte, s'exalte dans le "tourbillon" jusqu'à cet instant de bascule !

Le Lycéen ? Une histoire de deuil et d’émancipation : la perte du père, la douleur dévastatrice, l’amertume de ne pas avoir eu de passé, la volonté d’en finir. Mais le lycéen de Christophe Honoré ne serait-il pas tout jeune homme au sortir de l’adolescence confronté à un drame? Ce que suggérerait l’article du titre, un "le" à valeur générique ?

Le lycéen ? Un drame familial et Juliette Binoche en veuve éplorée et mère aimante a le ton juste ; le frère aîné (Vincent Lacoste) sans être moralisateur dispense conseils et remontrances "Tu n'as pas le droit de te servir du chagrin comme excuse pour tout foutre en l'air et ne pas penser aux autres" ; des cadres enveloppent le trio dans la recherche d’une paix intérieure (cf. l'affiche)

Et si le réalisateur alterne avec maîtrise les très gros plans (visage nuque œil) et plans rapprochés dans la même séquence ; procédé qui culmine dans l’épisode de la douche avec ce ruissellement de perles d’eau que la main s’en vient caresser, il use et abuse de certains procédés (caméra tremblante) se complaît dans l’étirement inutile (la séquence du karaoké, ou la « relation » sexuelle inaboutie avec le quinquagénaire). Des choix qui peuvent friser l’afféterie voire l’exhibitionnisme

On dit que Paul Kircher est « la révélation » de ce film ;  Erwan Kepoa Falé (Lilio) le serait bien plus à mon avis

Malgré ces quelques bémols Le Lycéen est   un film à voir, assurément!

 

Colette Lallement-Duchoze

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1 décembre 2022 4 01 /12 /décembre /2022 07:18

 

Après un combat acharné contre une tortue démoniaque, cinq justiciers qu’on appelle les "TABAC FORCE", reçoivent l’ordre de partir en retraite pour renforcer la cohésion de leur groupe qui est en train de se dégrader. Le séjour se déroule à merveille jusqu’à ce que Lézardin, empereur du Mal, décide d’anéantir la planète Terre…

Fumer fait tousser

 

Voici Benzène, Methanol, Nicotine, Mercure et Ammoniaque, soit les cinq membres de « Tabac Force » qui a pour mission de lutter  "contre les méchants"  en les asphyxiant de produits toxiques -qui sont précisément ceux du tabac !!! Combinaison moulante en lycra, casque, perruque (Anaïs Demoustier) ou cheveux teints (Vincent Lacoste) ils semblent sortis des sentaïs (ces récits japonais qui mettent en scène un groupe de héros en costumes colorés luttant contre les forces du mal pour sauver la terre) hormis qu’ils n’ont rien d’héroïque. Dès la première séquence, l’enfant qui, en voiture, a demandé à ses parents un arrêt pipi, va les filmer en train de "terrasser"  un  "monstre" en latex aussi visqueux que caoutchouteux, mais dont l’hémoglobine giclera sur les costumes, les visages et les vitres de la voiture et  le sol sera tapissé de lambeaux sanguinolents. Benzène apostrophe le gamin et lui enjoint de ne pas fumer (regarde ton père, la clope au bec, il a l’air con, c’est nul…). Le ton est donné : le réalisateur tord le cou à moult clichés -au niveau formel- et ce dans la bonne humeur -et les humeurs- qui se marie à l’humour -même et surtout pour dénoncer les méfaits du tabac ou approcher de façon critique certains  programmes de télévision des années 90

Ces 5 membres reçoivent des ordres du Chef Didier auquel Chabat (acteur fétiche de Quentin Dupieux) prête sa voix. Affreux rat en feutrine, baveux et libidineux, aussi expert en donneur d’ordres qu’en tombeur de dames ! Pour ressouder l’équipe il octroie une pause, à la campagne. Le logement ? une capsule des temps atomiques ( ?) au frigo minimarket. Le temps précisément de « raconter » des histoires (des vraies !!!) plus épouvantables les unes que les autres. Et le réalisateur glisse du faux film d’anticipation (et/ou d’horreur) vers le film à sketches. Sketches traités tels des courts métrages. Dont certains au gore outrancier (un neveu passé à la déchiqueteuse, une épouse devenue serial killer) mais interprétés par des acteurs convaincants (dont Blanche Gardin, Adèle Exarchopoulos et Doria Tillier)

Les 5 héros du début sont confrontés désormais au réel et  à ses dérives (et non plus à des aliens en mousse) . Ainsi parmi les « conteurs » voici une gamine qui, nouvelle Greta Thunberg ( ?), dénonce la pollution de la rivière, les effluents toxiques, voici un poisson « disert » (mais il n’aura pas le temps de terminer son propos…Benzène est en train de le faire cuire). 

L’écologie s’invite donc dans cette fable souvent foutraque d'autant que sur la planète des terriens devenus fous, pèse une menace (Lézardin -Benoît Poelvoorde- depuis son « étoile noire » s’ingénie à achever la terre !!!)

Le chef Didier craint l’apocalypse et ordonne  à  son robot  de remonter le temps

 

Mais tout cela ne serait-il pas  "fumeux" ? ( osons  jouer sur les mots, sur leur polysémie à l'instar de  Quentin Dupieux qui ne mégote jamais!!! )

La chanson de Gainsbourg « Dieu est fumeur de havanes » « tu n’es qu’un fumeur de gitanes » accompagnait le générique d’ouverture.

Changement d’époque en cours  martèle le robot. Pour déjouer la menace de Lézardin, faut-il revenir au temps où l’on pouvait "déconner"  et  fumer en toute quiétude ? Dans une atmosphère bleuâtre se détachent les corps des 5 héros en train de  "cloper" ! mégots incandescents pour saluer l’aube ? C’est le plan final !!

« Changement d’époque en cours » continue à marteler la voix …après le générique de fin

Est-elle encore audible ? (le spectateur a coutume de quitter la salle quand défile le générique !)

 

Colette Lallement-Duchoze

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27 novembre 2022 7 27 /11 /novembre /2022 11:33

de Jafar Panahi (Iran 2021)

avec Jafar Panahi, Mina  Kavani, Vahid Mobasheri

 

Compétition officielle  Mostra de Venise , prix spécial du jury

Dans un village iranien proche de la frontière turque, un metteur en scène est témoin d'une histoire d'amour tandis qu'il en filme une autre. La tradition et la politique auront-elles raison des deux?

Aucun ours

 

Mise en abîme ? Métaphore de la situation d’artistes, celle de Jafar Panahi en particulier ? Plaidoyer pour la liberté d'expression, pour la LIBERTE? 

Aucun ours est tout cela, assurément !

Une fois de plus (rappelez-vous   Ceci n'est pas un film, documentaire iranien de Jafar Panahi et Motjaba Mirtahmasb - Le blog de cinexpressions ou Taxi Téhéran - Le blog de cinexpressions) le réalisateur nargue le pouvoir qui musèle, tyrannise, emprisonne en entremêlant  plusieurs "intrigues". Lui-même condamné (et depuis juillet 2022 emprisonné) interprète son propre rôle de cinéaste, il  dirige équipe technique et acteurs mais ..."à distance"; de sa chambre minuscule dans un village reculé du Kurdistan iranien à la frontière de la Turquie;  il  met en scène (via l’écran de son ordinateur portable au gré d'une capricieuse connexion !!)  un couple de dissidents iraniens installés en Turquie, désireux de rejoindre l’Europe ; or les  "acteurs" interprètent un rôle proche de leur vécu -ce dont témoignent les récriminations de Zara !!!

Mettre en scène un tournage tout en étant absent du plateau : c’est bien la métaphore de la situation du cinéaste. Frontière poreuse entre le réel et la fiction c’est bien la mise en abîme de sa création. A cela s’ajoutent les querelles intestines particulières, spécifiques  de certains villages, dont il sera la « victime collatérale » : aurait-il pris en photo un couple illégitime ? sa présence est devenue suspecte !!! il doit partir ! double voire triple peine !

Accompagné de son assistant,  Jafar Panahi grimpe essoufflé une colline , il  atteint la ligne de démarcation entre l’Iran et la Turquie; il semble hésiter à ….franchir le pas (vers la liberté);  et son corps comme silhouetté dans la semi-obscurité alors qu’au loin brillent les lumières d’une ville, en devient presque fantomatique ; malgré tous les malgré il refusera l’exil !

Mais  il est confronté à cet « exil intérieur » ô combien douloureux ! bête noire du régime, il est devenu le mal-aimé dans ce village corseté dans des croyances ancestrales. La séquence finale et le plan prolongé sur le visage du banni n’en seront que plus émouvant.es !

Malgré les  "conditions de tournage", on devine une forme d’excellence dans ces lignes de force qui se heurtent se croisent se brisent , dans ce jeu de multiples oppositions (ombre et lumière; vie citadine et rurale, entre autres) et surtout dans cette interrogation essentielle sur la Vie et l’Art 

Les ours ? Pur fantasme ! on les a "inventés"  pour susciter la peur ! 

La barbarie ? il faut la chercher ailleurs : dans ces violences inhérentes ( ?) au régime iranien, dans cette soumission à des traditions plus que séculaires qui brisent l’élan libérateur

 

Nous créons des œuvres qui ne sont pas des commandes c’est pourquoi ceux qui sont au pouvoir nous voient comme des criminels (extrait de la lettre envoyée aux organisateurs de la Mostra )

Un film  à  ne pas rater !

 

Colette Lallement-Duchoze

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25 novembre 2022 5 25 /11 /novembre /2022 10:31

d'Alice Diop (2021)

avec Guslagie Malanda, Kayije Kagame, Valérie Dréville, Aurélia Petit

 

 

Mostra de Venise 2022 Lion d'argent et grand prix du jury

Prix Jean Vigo

 Sélectionné pour représenter la France aux Oscars 2023 dans la catégorie meilleur film international

 

A la Cour d'assises de Saint Omer une jeune romancière assiste au procès de Laurence Coly accusée d'avoir tué sa fille de 15 mois en l'abandonnant à la marée montante sur une plage...

Saint Omer

 

Une femme chemine seule sur la plage portant son bébé dans les bras ; extérieur nuit ; on entend un souffle, un halètement, bientôt recouverts par le rugissement des vagues (l’infanticide restera hors champ). C'est la scène d'ouverture.  En écho  dans le dernier plan , une autre "respiration"  celle de la mère de Rama, celle de la délivrance.

Ainsi encadré par le "souffle" - dans toutes les acceptions de ce terme- le film d’Alice Diop va se déployer essentiellement dans un huis clos - procès, Cour d'assises de Saint-Omer-, où le " souffle"  sera celui de la circulation des regards, des cadrages millimétrés, des longs plans fixes, des gros plans sur le visage de l’accusée (qui se « fond » avec les boiseries) et en contre champ sur ceux de la juge de l’avocate et des témoins. Le spectateur est à la fois  témoin et  juré. Ainsi quand l’avocate dans sa plaidoirie finale s’adresse aux jurés, son visage filmé en frontal et qui envahit tout l’écran, scrute le spectateur le questionne (vous aurez rendu un arrêt mais non la justice)

 

Et pourtant Saint Omer n’est pas la « reconstitution » du procès auquel a réellement assisté Alice Diop, procès de Fabienne Kabou cette jeune mère qui en 2013 avait abandonné sa fille de 15 mois sur une plage de Berck-sur-Mer (même si  tous les propos échangés, questions réponses,  sont le « copier/coller » des verbatims).

Dès les premières scènes, en effet, c’est le point de vue de Rama qui s’impose et son regard guidera le nôtre. Rama professeure d’université, spécialiste de Marguerite Duras commente  "la sublimation du réel par l'écriture " tout en montrant des extraits du court métrage de Jean-Gabriel Périot (femmes dont on rase la tête pour les punir de leur engagement auprès des nazis ; femmes traîtresses, femmes exposées à la vindicte populaire). Rama l’écrivaine qui va à la rencontre de la criminelle. Rama, française d'origine sénégalaise, qui maîtrise les références  "culturelles" (à l’université elle est filmée en légère contre plongée dans un cadrage assez large -à la différence de Laurence l’infanticide dont on moquera la prétention à faire une thèse sur Wittgenstein…et qui est filmée dès sa première apparition au procès dans un cadrage  plus étroit, comme pour accentuer l’écart dans la tentative de réappropriation de la culture)

Rama sera ébranlée par les propos de Laurence sur la transmission (ou plutôt la non transmission), sur le rapport à la maternité à la famille, sur la  "possession" (sorcellerie exotique pour un Occidental ? ) sur les relents de colonialisme 

Rama double d'Alice Diop?

 

Le film est ainsi traversé par un jeu de miroirs : Alice Diop et Rama, Rama et Laurence (ce qu’illustrent les flash-back sur la relation mère/fille), par un jeu de références aussi (sublime forcément sublime écrivait Marguerite Duras à propos de la mère de Grégory ; Médée pasolinienne où le "clair de lune" aura son écho inversé sur le visage de Laurence devenu paysage d'ombres et  de nuages,  comme peint au sfumato)

 

Que voit réellement Rama sur le visage – altier parfois- de l’infanticide (admirablement interprété par Guslagie Malanda) Une criminelle ? certes. Mais surtout la dignité d’une femme détruite.

 

 

En remettant à ce film le prix Vigo, le jury a salué sa manière singulière de penser notre époque à partir de l’impensable, en reliant l’intime et le collectif, la société et l’histoire, l’inexplicable et la nécessité politique de trouver un sens.

 

 

Un film à voir absolument

 

Colette Lallement-Duchoze

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22 novembre 2022 2 22 /11 /novembre /2022 07:43

de Valeria Bruni Tedeschi (2021)

 

scénario de Valeria Bruni Tedeschi Noémie Lvovsky Agnès de Sacy

 

Avec  Nadia Tereszkiewicz : Stella Sofiane Bennacer : Etienne Louis Garrel : Patrice Chéreau Micha Lescot : Pierre Romans Clara Bretheau : Adèle Vassili Schneider : Victor Eva Danino : Claire Oscar Lesage : Stéphane Sarah Henochsberg : Laurence Liv Henneguier : Juliette Baptiste Carrion-Weiss : Baptiste Alexia Chardard : Camille Léna Garrel : Anaïs Noham Edje : Franck Suzanne Lindon : la serveuse Franck Demules : le gardien Isabelle Renauld : l'assistante de Chéreau Sandra Nkaké : Susan Bernard Nissille : Gaspard

 

Présenté au festival de Cannes 2022 Compétition Officielle

Fin des années 80, Stella, Etienne, Adèle et toute la troupe ont vingt ans. Ils passent le concours d'entrée de la célèbre école créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans au théâtre des Amandiers de Nanterre. Lancés à pleine vitesse dans la vie, la passion, le jeu, l'amour, ensemble ils vont vivre le tournant de leur vie mais aussi leurs premières grandes tragédies

Les Amandiers

Regardez ces enfants, regardez les crimes qu’ils commettent, regardez comme ils se mentent à eux-mêmes comme ils veulent apprendre et ne peuvent pas, comme ils veulent faire le tour de toutes les expériences et les épuisent en si peu de temps et quels espoirs pourtant ils portent en eux quand la lune est pleine. Je vous laisse avec eux, ils sont comme nous ils ont envie d’être aimés P Chéreau à propos de la mise en scène de La dispute de Marivaux

 

 

Le film s’ouvre sur un champ contre champ, séance d’audition sous le regard amusé de Romans (Micha Lescot);  un jeune s’asperge de ketchup sur scène, on « entend » un membre du jury (interprété par la mère de la réalisatrice)  enjoignant Stella de « parler un peu plus fort je suis sourde » !! et la question devenue rituelle « pourquoi tu veux faire du théâtre » (les réponses trahissent des quêtes si diverses « satisfaire les rêves de  parents » « s’approprier les paroles d’un autre » « face à la finitude inscrite dans notre destin laisser une trace ».) Léger flou sur les visages du jury, dont on devine l'ironie moqueuse à l’encontre de ces jeunes qui briguent la sélection mais qui en font trop…. Sur les 40 présélectionnés, 12 seront les « heureux élus »

Et ce sont les 18 mois de travail intense que Valeria Bruni Tedeschi -qui a fait partie de la promo, elle avait à peine 20 ans - va « restituer ».

Une tranche de vie, une tranche d’histoire qui se veut moins historique qu’émotionnelle « ni documentaire, ni reconstitution, ni monument mais une évocation, affirme-t-elle 

Evocation d’une fureur, celle des excès, (on s’amuse au volant de sa voiture à griller à toute allure les feux rouges, on se drogue jusqu’à l’overdose, on baise dans un confessionnal ou dans les toilettes, on est multipartenaire)  et le rythme qui illustre cette exubérance est souvent trépidant. Fureur confrontée bientôt à la prégnance mortifère du sida (cf la séquence de la cabine téléphonique où trois jeunes femmes/actrices, terrorisées,  s’enquièrent des résultats de leur analyse de sang) Eros et Thanatos. Jouissance et mort. Mélange de comédie (parfois farcesque) et de drame (c’est une marque de fabrique dans la filmographie de la réalisatrice).

C’est aussi -et peut-être surtout- l’évocation d’une façon « originale » de travailler sous la houlette de Chéreau  -alors auréolé de gloire-  même si les scènes de répétition sont peu nombreuses dans « Les Amandiers » La frontière entre personnage et personne ne doit pas être étanche et le brouillage entre le théâtre et la vie, entre ce qu’on éprouve et ce qu’on joue, est lisible à l’écran quand sans transition on passe d’un plan où l’acteur est en plein exercice de répétition à un autre qui immerge le spectateur dans son vécu . Confusion prônée par le Maître (Chéreau/Louis Garrel) dont le portrait est ici sans complaisance (brutal bourru blessant)

Cette tranche de vie inscrite dans un contexte précis (avec tous les jeux de mise en abyme et de miroirs:  Valeria Bruni Tadeschi double de Patrice Chéreau, dirigeant ses acteurs, de... cinéma,  Stella alter ego de Valeria ) aurait-elle une portée universelle comme le revendique la réalisatrice :  Les Amandiers un film "sur la jeunesse en général, comme aventure "? 

 

Comme à l’accoutumée, confronté aux films de Valeria Bruni Tedeschi qui mêlent autobiographie et fiction, le spectateur est perplexe. Il peut adhérer (et au propos et à la façon de filmer) ou au contraire rejeter et quasiment en bloc. Si la critique est unanime dans le dithyrambe pour louer ce 7ème film, n’y aurait-il pas une position intermédiaire ? qui ne serait pas posture ?

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

 

J'ai détesté ce film parce qu'il n'est justement que posture théâtreuse, au sens le plus péjoratif du terme. Valeria Bruni Tedeschi étale son narcissisme au travers d'une comédienne qui surjoue. Elle ne filme pas la jeunesse mais l'hystérie permanente. C'est facile, déjà vu maintes fois et tellement complaisant. Elle en arriverait presque à démystifier sans le vouloir l'aura sacrée du statut d'acteur.
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21 novembre 2022 1 21 /11 /novembre /2022 07:33

 d'Emilie Frèche (2021)

 

avec Benjamin Lavernhe, Julia PiatonBruno TodeschiniCatherine Hiegel, Youssouf Guaye

Sur la route de Briançon, la voiture de David percute un jeune exilé poursuivi par la police. Suivant son instinct, David le cache dans son coffre et le ramène chez sa compagne Gabrielle qui vit avec ses deux enfants. Bouleversé par le destin de cet adolescent, David s’engage à l’aider coûte que coûte 

Les engagés

« Dans un monde civilisé, la solidarité ne devrait pas être un délit » (Anne du Refuge de Briançon)

 

La réalisatrice dit s’être inspirée de l’affaire des « sept de Briançon » (citoyens accusés d’avoir facilité l’entrée de migrants clandestins sur le territoire français, avant d’être relaxés) ; elle dit aussi avoir été alertée par la mort de Blessing Matthew une jeune femme nigériane qui pour échapper à une patrouille s’est jetée dans la Durance en mai 2018. A noter que suite au combat de Cédric Herrou, ce paysan de la Roya poursuivi pour délit de solidarité, le principe constitutionnel de fraternité et de la liberté d’aider autrui dans un but humanitaire sera reconnu en 2018, mais il reste encore pas mal de flou dans la législation

Le film s’ouvre sur une scène de « bonheur » -David, Gabrielle sa compagne et ses deux enfants, terminent leur escalade en montagne ; visages souriants dans le bleu lumineux. Mais  sur le chemin du retour la voiture heurte un jeune migrant poursuivi par la police et David, instinctivement, le cache dans le coffre. Jusque-là ni militant ni engagé il va désormais s’investir -corps et âme- dans un « délit de solidarité ». Alors que Gabrielle mène un autre combat (son mari l’assigne en justice pour récupérer la garde des enfants)

Rester fidèle à des valeurs fondamentales au risque d’être emprisonné ? de  "compromettre sa vie de couple"?

Cette première fiction s’interroge ainsi sur la notion de « désobéissance civile » - ou plutôt  d’obéissance à « un devoir d’hospitalité » - à travers le parcours d’un homme devenu malgré lui le Juste (excellemment interprété par Benjamin Lavernhe)

On devine tout le travail de documentation qu'elle a exigé (les PPA points de passage autorisés -soit contrôle de police 24h/24, la législation en vigueur, les distinguos « majeurs mineurs mijeurs », le collectif du Refuge, et le rôle des mouvements d’extrême droite qui coûte que coûte veulent « casser » de l’étranger, etc.).

Et pourtant bien que le thème soit « porteur » (ou du moins d’une brûlante actualité !!!!) cette fiction ne fait pas le poids face à d’autres « films » qui s’emparent de la question des réfugiés et traitent cette thématique presque en frontal (et je pense surtout à Libre un documentaire de Michel Toesca sur l’affaire Cédric Herrou) …

Mise en scène très convenue, alternance (très scolaire) entre ces monts enneigés – nature quasi virginale et vertigineuse- et séquences à hauteur humaine, défilé des « points de vue » divergents avec des éructations inutiles (gendarmes ou bénévoles du Refuge) avec ces « jeux » de cache-cache, ambiances nocturnes clichés pour la maraude -avec ces clignotements de lumière dans la noire opacité,  enfants ballottés et comme pris en otage au gré des prises de position des parents (et la justice donnera raison au père pour la garde jusqu’à ce que le divorce soit prononcé et à la condition que la mère revienne à Marseille), et surtout les « propos » voire les dialogues sonnent souvent « faux » dans la bouche de certains  locuteurs.

 

Reste comme en suspens la question éminemment politique « que doit faire un citoyen face à la violence d’un Etat qui ne respecte(rait) pas la légalité » ?

 

Colette Lallement-Duchoze

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20 novembre 2022 7 20 /11 /novembre /2022 06:23

Documentaire réalisé par Julie Chauvin (2022) 

 

Fiche technique

France. 2022. 68 min // Auteure : Julie Chauvin en collaboration avec Stéphane Miquel // Réalisatrice : Julie Chauvin // Image : Marine Ottogalli // Son : Nino Guarda, César Mamoudy et Mégane Grandin // Montage : Isabelle Szumny // Collaboration artistique : Laure Matthey // Étalonneur : David Chantoiseau // Mixeur : Yan Chetrit // Musique originale : Vincha // Production : Samuel Moutel - Keren Production.

 

 

Cinq professeurs des écoles de tous âges racontent leur métier dans ce qu’il a de plus beau, mais aussi de plus dur. De la vocation au désenchantement, aux souffrances et au burn-out, jusqu’à la rupture. À l’heure où l’éducation nationale traverse une importante crise du recrutement, ce film d’une heure décrit très concrètement la casse d’un service public

L'école est finie

 

Médiapart

 

"En septembre 2019, Christine Renon s’est ôté la vie dans son école de Pantin, en Seine-Saint-Denis. C’est la raison de ce film : comprendre comment celles et ceux qui étaient pourtant passionné·es par leur métier peuvent un jour en arriver là.

 

Toujours plus de tâches, d’injonctions contradictoires, « on n’est plus dans la normalité, on est tout le temps en train de gérer une situation de crise, explique Émilie, professeure des écoles depuis vingt-deux ans. C’est-à-dire gestion de crise des élèves […], crise de confiance des parents à l’égard de l’école… Et puis alors, là, le bouquet, c’est la crise sanitaire. […] Pour moi, l’école est en crise depuis une bonne dizaine d’années. Une grosse crise qui s’installe et qui est vraiment dévastatrice ». Et quand, à bout, une enseignante raconte avoir demandé du soutien à sa hiérarchie, elle s’est entendu répondre : « On vous rappellera. » Mais jamais elle ne fut rappelée.

 

« Plutôt que par l’exposé objectif ou la théorisation, enrichis d’experts ou de chiffres, j’ai voulu aborder le sujet du mal-être enseignant par le “je”, précise la réalisatrice Julie Chauvin. Cinq professeurs témoignent de leurs expériences intimes, différentes et complémentaires. Ils quittent ici le costume et le rôle de personnage public et de représentant de l’institution qu’ils revêtent en classe, pour apparaître dans leur individualité et leur personnalité. Des paroles rarement entendues émergent. » Lesquelles permettent d’« approcher au plus près de la réalité du métier et montrer l’invisible, la partie immergée de ce que vivent les professeurs et directeurs d’école au quotidien. » Entrecoupés de superbes images de classes vides, ces récits parlent aussi d’enfants que les enseignant·es n’ont plus le temps de soutenir, de protéger même de leur milieu. De violence, parfois de la part des familles, mais le plus souvent de la part de l’institution"

 

 

Ce documentaire est visible pendant un mois sur Mediapart.

 

« L’école est finie », au cœur du malaise enseignant | Mediapart

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