8 septembre 2024 7 08 /09 /septembre /2024 07:15

De Zar Amir et Guy Nattiv (USA Géorgie 2023)

 

avec Arienne Mandi (Leïla Hosseini) Zar Amir (Maryam) Jaime Ray Newman (Stracey Travis), Ash Goldeh (le mari de Leila) Mehdi Bajestani (le père)

 

 Festival de Venise  Prix Brian, (un prix qui récompense un film qui défend la liberté) 

La judokate iranienne Leila et son entraîneuse Maryam se rendent aux championnats du monde de judo avec l'intention de ramener sa première médaille d'or à l'Iran. Mais au cours de la compétition, elles reçoivent un ultimatum de la République islamique ordonnant à Leila de simuler une blessure et d'abandonner pour éviter une possible confrontation avec l'athlète israélienne.

Tatami

Première séquence :  habitacle d’un bus (une délégation iranienne se rend aux championnats du monde de judo) un travelling latéral, une vue panoramique sur la capitale géorgienne Tbilissi. Le ton est donné. Mutisme et concentration, huis clos, ce qu’accentue le choix du format et d’un noir et blanc un peu  désuet. style expressionniste(?) . En écho au final un bus, une délégation, mais avec d’autres perspectives……Entre les deux nous aurons assisté -et ce dans tous les sens du mot- à un double combat, celui sur le tatami -pour l’obtention d’une médaille d’or- et celui d’une conscience, combat intérieur douloureux (Leïla est confrontée à un dilemme, se soumettre au diktat de son « gouvernement » qui la somme d’abandonner, pour ne pas affronter une Israélienne ou poursuivre sachant que l’inévitable répression s’acharnera sur les siens (mari enfant parents …) Le film est l’histoire de cette tension

Tension qui culmine (au mitan) dans ce montage parallèle au rythme haletant (Leïla et son adversaire sur le tatami, en Iran mari et enfant dans leur course contre la montre pour échapper à…) Tension qui oppose les séquences de liesse (famille amis face au petit écran exultant à chaque victoire de Laïla ; flash-back exaltant l’amour d’une femme d’une mère dans un Iran décomplexé) et celles douloureuses des pressions exercées à l’intérieur de l’arène.-dont la progression suit celle des victoires remportées… Opposition entre la verticalité des tribunes (mais comme désertées.) avec ces jeux de travellings ascendants ou de contre-plongée, et l’horizontalité de la scène (avec parfois un plan fixe prolongé sur le(s) corps terrassé(s). Opposition entre les gros plans sur le visage de Leïla (dont les stigmates de la peur seront de plus en plus lisibles jusqu’à l’automutilation, sur celui de son entraineuse (avec des fluctuations en harmonie d’ailleurs avec « ses » choix !!) et ces plans d’ensemble (sur les autres membres de la délégation comme figée , entre le silence si éloquent de la judokate, un bloc de concentration, et le commentaire en voix off analysant les « combats ». Ces commentaires (loin d’être fastidieux) vont permettre d’établir des parallèles entre certaines règles du judo (forcer à l’abandon en imposant un étranglement, une clé de bras) et les pressions que subit la judokate iranienne. L’évolution de la relation avec son entraîneuse plaide pour ce parallèle, - car cette autre dynamique interne illustre précisément la dialectique du corps à corps et du rejet…

Ce film co réalisé par un Israélien résidant aux États-Unis, et une Iranienne réfugiée en France prouve la singularité d’une collaboration inédite ( ?). Il est censé dénoncer toute forme de radicalisme, mais  c’est un film à charge  contre le régime iranien des mollahs…  et dans le contexte actuel il résonnera de façon assez trouble (ou troublante c’est selon !)

Il souffre en outre d’une répétitivité trop appuyée, de symbolismes complaisants (les connotations du miroir brisé ou celles du « carcan » par exemple)

Cela étant Tatami n’en reste pas moins un film que je vous recommande (construction, prestation d’Arienne Mandi, musique de Dascha Dauenhauer)

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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5 septembre 2024 4 05 /09 /septembre /2024 13:39

de Laetitia Dosch (2024  France Suisse)

 

avec Laetitia Dosch, François Damiens,  Anne Dorval,  Jean-Pascal Zadi , Pierre Deladonchamps Mathieu Demy,  Kodi le chien

 

Festival de Cannes 2024  Un certain regard

Palm Dog pour Kodi

 

 

Présenté en avant-première hier à l'Omnia en présence de Laetitia Dosch 

 

Sortie le 11 septembre 

Argument: Avril, avocate abonnée aux causes perdues, s’est fait une promesse : sa prochaine affaire, elle la gagne ! Mais lorsque Dariuch, client aussi désespéré que sa cause, lui demande de défendre son fidèle compagnon Cosmos, les convictions d’Avril reprennent le dessus. Commence alors un procès aussi inattendu qu’agité : le procès du chien.

Le procès du chien

 

D’emblée -dès le générique-  la voix off de Laetitia Dosch introduit le spectateur dans une "histoire" dans son univers mental -bilan   d’une carrière bien modeste - mais aussi dans un monde où s’opposent le burlesque et le sérieux, le dominé et le dominant-; -ce dont témoignent le face à face humiliant avec son "supérieur " mâle, le vocabulaire trivial,  l’hébétude qui se lit sur le visage de l’avocate quand se présentent le malvoyant et Cosmos, son chien accusé de …morsures sur des …femmes. La voix off par la suite tout en alertant  le spectateur, permet à l'avocate de s’interroger comme en se dédoublant, de commenter, distribuer des satisfecit ou des blâmes  et au final -en écho au prologue-  elle sert d'épilogue au ....procès du chien....

 L’incongruité de certains épisodes et le grossissement – jusqu’à la caricature cf le personage de l’avocate de la partie civile politicienne aux dents longues - loin de desservir le propos l’inscrivent au contraire dans le genre de la comédie. Une comédie en ses diverses nuances,  burlesque, grotesque, humour, légèreté. Comique de situation (et F Damiens d’entrée de jeu qui est aussi une entrée en scène avant d’être entrée dans le prétoire, fait un numéro de malvoyant hilarant ;  la façon de faire entrer dans le cadre le chien, impérial, au regard implorant ou aux aboiements inattendus );  comique de mots (les questionnements ad libitum sur les notions de « bien meuble »  « chose » « animal machine » bref sur le statut à donner à un chien « accusé » de surcroît de misogynie);  l’écart entre la légèreté formelle assumée et le sérieux des problèmes abordés (altérité antispécisme violences domestiques) Il y a des « numéros irrésistibles » -celui du comportementaliste qui pour être pédagogue n’en est pas moins délirant en imitant par des circonvolutions, et des circonlocutions celles supposées du cerveau mammifère ;  la réunion d’un comité d’éthique où siègent imperturbables, les représentants de différentes religions et philosophies ou encore cette séquence où l’on a imaginé un immense buzzer horizontal à l’adresse du chien sommé de répondre en appuyant de sa patte sur tel ou tel bouton…   Seule l’avocate souffrirait de ne pas trouver le « ton juste » celui qui dévoilerait son être profond ? (Quand est-ce que j’arriverai à parler comme je suis bordel de merde confie-t-elle à son jeune voisin alors qu’ils visionnent les infos sur le petit écran) et d’ailleurs sa plaidoirie finale semble récitée avec difficulté… au moins est-elle sincère loin des éructations dignes de CNews qu'incarne Anne Dorval

Ainsi Le procès du chien serait (aussi)  une sorte de parcours initiatique dont les étapes seraient scandées par ces gros plans sur le visage de l'avocate -dont un cadré à la Brancusi ; et l’ovalité trouve une sorte d’irénisme dans ce cadre où l’avocate et le chien reposent dans une forme ellipsoïdale faisant corps avec une nature protectrice et nourricière…Et au final après le verdict (ne pas spoiler) l'avocate  filmée de dos, ne s'est -elle pas  "libérée" " de certaines emprises ....

Accélérer, ralentir,  couper le son autant de procédés qui participent aussi d’un même choix. La rigidité de la salle d’audience (où tout est codifié avec ses bancs ses alignements sa répartition de l’espace sa cohorte d’experts et cette immense toile de fond qui représente un paysage suisse) contraste avec les intérieurs d’appartements ou les extérieurs mais surtout avec des instantanéités incontrôlées.

Ce premier film de l’actrice est une fable fantaisiste, hilarante parfois, où se télescopent des profils et des idéologies si bien ancrées dans notre quotidien…

Un film que je vous recommande

 

Colette Lallement-Duchoze

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2 septembre 2024 1 02 /09 /septembre /2024 04:54

de Jonas Trueba (Espagne 2024)

 

avec Itsaso Arana, Vito Ganz Fernando Trueba

Argument: Après 14 ans de vie commune, Ale et Alex ont une idée un peu folle: faire une fête pour célébrer leur séparation...Si cette  annonce laisse leurs proches perplexes  le couple semble certain de sa décision

Septembre sans attendre

Nous avions suivi Eva en août dans la torpeur madrilène (Eva en août (la virgen de agosto) - Le blog de cinexpressions) ; nous avons vu entendu de micro événements à la Rohmer (Venez voir - Le blog de cinexpressions) et nous voici à nouveau sollicité(s) pour une urgence :  célébrer la séparation entre Ale et Alex après 14 ans de vie commune…. On retrouve dans ce long métrage la même dilection pour les dialogues- qui enchevêtrent références philosophiques, quotidienneté, contemporanéité, commentaires de films-, le même goût prononcé pour les plans séquences et plans fixes. En outre et compte tenu des métiers exercés par Ale (réalisatrice) et Alex-(acteur)  voici enchâssé un film dans le film et débutera la  "valse des hésitations "  tant pour les personnages de la -(des deux)- fiction(s) que pour le spectateur …A celles formulées par Ale sur le choix du générique de fin pour le film qu’elle est en train de « monter » , voici en écho celles du spectateur (superposition de deux films ? dont l’un serait la mise en abyme de l’autre ? et où l’acteur Alex qui joue dans les deux prolongerait un "rôle" dans une vidéo, devenue « archive » ? ou s’agit-il plutôt d’un seul et même film que l’on pourra embobiner réembobiner à des vitesses différentes, un film où l’on peut couper au montage, tout comme Ale se plaît à faire des arrêts sur images, à accélérer, à retourner en arrière…illustrant en cela les propos du cinéaste « la vie est un film mal monté » D’emblée la séquence d’ouverture était sujette à caution (discussion sur l’oreiller : un rêve un cauchemar ou la réalité ?) Et la division en chapitres dont les titres empruntent au processus de création renforce cette impression

Ale et Alex vont annoncer à leurs amis leur  "séparation consentie"  et les convier à une fête célébrant cette rupture ; ce sera le 22 septembre soit la fin de l’été (une date géniale pour un nouveau départ ; un clin d’œil à la chanson de Brassens ?) Telle est l’intrigue…qui une fois de plus frappe par sa ténuité ! Qu'importe! 

Le cinéaste use -sans abuser- du comique de répétition : des propos identiques suivis du constat « nous allons bien » réitérés ad libitum mais  jamais ad nauseam –  souvent proférés avec une forme de moquerie celle de l’auto dérision-. Tout est dans la façon d’appréhender et de filmer l’annonce (diversité des réactions jusqu’à l‘aveu hypocrite du père… interprété par Fernando Trueba, le père du réalisateur…) et dans cette façon de rompre les questions des préparatifs (nombre d’invités lieu musique traiteur) par des commentaires plus techniques (sur le film en train de se faire et partant sur le septième art) plus philosophiques (sur l’amour la vie la mort) par ces « décloisonnements » (intérieur de l’appartement, la ville filmée en plans larges ou plus rapprochés, jusqu’aux travellings latéraux sur les visages en liesse des participants et ce kaléidoscope un peu kitsch sert de ….générique de fin !!! Il fallait l’oser !!

On a empaqueté livres bibelots disques cd avant le grand déménagement, tout comme on empaquette ses souvenirs. Un adieu ou un au revoir ?

Un film porté par la talentueuse actrice Itsaso Arana (compagne du cinéaste) et le non moins performant Vito Sanz

Ce film est un geste rebelle, provocant, on part d'une plaisanterie, pour faire une comédie romantique, universelle, entre un homme et une femme

A voir! 

 

Colette Lallement-Duchoze

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1 septembre 2024 7 01 /09 /septembre /2024 07:26

d'Astrid Rondero et Fernanda Valadez (Mexique, 2023)

 

avec  Juan Jesús Varela, Yadira Pérez, Karla Garrido Sandra Lorenzano

 

Prix Sundance 2024

Argument: Josué, sicario – tueur à gages – d’une petite ville mexicaine, est assassiné, payant ainsi de sa vie une dette contractée envers le cartel local. Son fils de quatre ans, Sujo – nommé ainsi en référence à un cheval – se retrouve orphelin et en péril. Contrainte de le recueillir, sa tante décide de l’élever à la campagne, à l’écart des dangers de la ville. Mais à chaque étape de sa vie, Sujo semble poursuivi par l'ombre de la violence, comme si le destin de son père devait se confondre avec le sien...

Hijo de Sicario

Le Mexique, ses cartels ses caïds la corruption la mort, un « contexte » qui s’apparenterait à celui d’Emilia Perez MAIS avec des dissemblances si évidentes qu’il y a comme un abyme entre les "fantasmes suscités par le narcotrafic"  et l’approche sociale et politique des deux femmes Astrid Rondero et Fernanda Valadez qui s’interrogent sur les victimes collatérales et particulièrement les enfants de sicaire…(homme de main chargé de tuer pour les cartels de la drogue) . A  travers le « portrait » de Sujo c’est celui de milliers d’enfants qui au Mexique perdent leurs parents à cause de la violence des cartels de la drogue

Structuré en 4 chapitres à l’instar des romans d’apprentissage le film nous invite à adopter le point de vue de Sujo depuis cet instant (il a 4 ans) où tapi dans la voiture il appelle en vain son père, un sicaire, tué par un gang jusque sur les bancs de l’Université de Mexico où sous l’égide de sa professeure il parviendra à se débarrasser ‘définitivement ( ?) d’un lourd héritage. Car il s’agit bien d’un questionnement sur le déterminisme, sur l’atavisme -si l’on se réfère au titre ; lui Sujo fils de Josué serait-il  " condamné"  à perpétuer la sauvagerie des sicaires ?

Ecartelé entre des forces contradictoires, victime  -malgré lui-  de résurgences du passé, Sujo part à la conquête de soi. Deux figures tutélaires féminines la tante Nemesia (Yadira Pérez) et la professeure d’université Susan (Sandra Lorenzano) vont l’aider dans son "apprentissage" cette "quête de soi"  …L’orphelin (mère morte en couches père tué) aura trouvé en elles des figures de substitution protectrices mais aussi une réponse à son tiraillement intérieur

Chaque étape (à l’instar des saisons) est illustrée par des changements d’atmosphère de lumière ; même si les réalisatrices privilégient les brumes et les ambiances nocturnes, qu’elles mêlent quelques éléments plus oniriques (récurrence de la figure du cheval) ou insistent par de gros plans (insectes araignées) sur l’opposition entre un tiraillement intérieur et la quiétude ou sur la notion de « captivité », que démultiplie le zoom.

Mutisme et provocations, vie et mort ! Ombre(s) et Lumière !

Il y a certes quelques longueurs (surtout dans la première partie qui se veut plus contemplative) quelques symboles trop appuyés (le redémarrage de la voiture jusque-là camouflée dans les broussailles par exemple) une légère tendance au didactisme démonstratif (cf le cours de Susan portant sur le conflit entre libre-arbitre et déterminisme),

Cela étant Hijo de sicario en évoluant de bout en bout comme sur un fil, en reléguant hors champ la crudité et l'âpreté de la violence  (ce qui la rend d’ailleurs plus suggestive), en renversant le « cliché» habituel de « la tension brutale » n’en reste pas moins un film essentiel à ne pas rater !

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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30 août 2024 5 30 /08 /août /2024 05:13

de Jacques Audiard (2023)

 

avec Zoe Saldana, Karla Sofia Gascon, Selena Gomez, Adriana Paz, Edgar Ramirez

 

 

Musique : Camille et Clément Ducol  Chorégraphie : Damien Jalet

 

 

Cannes 2024 :

Prix du jury

Prix d’interprétation féminine pour l’ensemble des actrices Zoe Saldana,  Karla Sofia Gascon, Selena Gomez et Adriana Piaz

14ème prix Cannes Soundrack attribué à Camille et Clément Ducol pour la BO et les chansons du film 

 

 

 

Argument: Au cours d'une carrière orientée sur la défense de criminels, l'avocate Rita Moro Castro est chargée par Manitas del Monte, un chef de cartel mexicain en fuite, d'organiser le simulacre de son décès, sa « chirurgie de réadaptation sexuelle » pour l'aider à vivre la vie dont il a toujours rêvé. Tournant le dos à son passé, la dorénavant Emilia pourra réparer le malheur que Manitas a causé.

Emilia Perez

Intrigué par le personnage d’une femme trans narcotrafiquante dans le roman Ecoute de Boris Razon, Jacques Audiard décide d’en faire le personnage principal d’un « opéra ». Ce sera Emilia Perez, thriller musical sur la « rédemption » et il tourne ce  dixième long métrage,  en langue espagnole, dans des studios d’Ile de France, avec au casting Zoé Saldana et Karla Sofia Gascon …

Magnifique, flamboyant. Un des sommets du festival de Cannes

Un concert de louanges.

Face à ces dithyrambes osons des bémols

 

On ne s’ennuie pas …encore que…Mais est-ce un critère suffisant d’appréciation ?

Le ton est donné dès les premières séquences dites d’exposition : marier en un rythme assez trépidant les milieux de la criminalité de la justice de la chirurgie ET l’euphorie de la « comédie musicale » Pari audacieux, insolite  (et à l'ode transgenre  ajouter les deux thèmes de prédilection du cinéaste, la paternité et la transmission de la violence). Certes il y a des moments d’indéniable inventivité (mécanique répétitive des fusils que l’on recharge qui s’apparente à une chorégraphie, par exemple) et la performance de Zoe Saldana (en tant qu’actrice chanteuse danseuse) ou de Karla Sofia Gascon est incontestable …

La séquence finale (la seule tournée au Mexique ? ) reprenant en fanfare Les passantes de Georges Brassens ose une majesté processionnaire mais elle n’est pas complètement débarrassée d’oripeaux ; la parole chantée répète en chœur la présence d’un mystère…une évanescence, alors que l’image exhibe une statue de …sainte ( ?) !  Cela ne résume-t-il pas l’ambiguïté du film ? et ses faux semblants…

La liste des bémols serait longue fastidieuse et risquerait de spoiler..

Contentons-nous de signaler que certaines parties chantées ou chorégraphiées semblent plaquées, que certaines chansons (sur la vaginoplastie par exemple) sont d’un goût douteux, que la séquence karaoké est franchement insipide voire inutile, que l’outrance l’excès -une constante chez Audiard- font que l’hybridation des genres - tragédie musicale, thriller, télénovela, chronique criminelle mexicaine, chronique familiale et les questionnements sur la transidentité, sur la féminité et le féminisme ne « prennent » pas toujours  (exception faite peut-être pour la séquence du banquet où l’hypocrisie des « bienfaiteurs » corrompus est astucieusement fustigée)

Cerise sur le gâteau : Emilia interrogeant Jessi sur ses relations amoureuses, sexuelles, va retrouver le « virilisme » de Manitas (voix et regards changent…) quand l’ex épouse a décidé de se remarier et de garder les enfants :

N’est-ce pas (re)tomber dans le piège de l’essentialisme?

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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29 août 2024 4 29 /08 /août /2024 04:21

d'Akira Kurosawa (1957 Japon) version restaurée 

 

avec Toshiro Mifune (le voleur) Kamatari Fujiwara (l'acteur de kabuki) Minoru Chiaki (le samouraï déchu) Bokuzen Hidari (le bonze)  Akemi Negish (la prostituée)   Isuzu Yamada (la propriétaire de l'asile) Ganjiro Nakamura (son mari ) Kyoko Kagawa (sa sœur)  

 

1957 : prix Kinema Junpō de la meilleure actrice pour Isuzu Yamada 

 

rétrospective Akira Kurosawa Omnia (du 21 août au 3 septembre) séances samedi 20h, lundi 16h45

Deuxième moitié du XVIIIème siècle. Dans un quartier insalubre d'Edo une auberge est tenue par Rokubei et Osugi  un couple cupide et malfaisant. Là survit tant bien que mal une poignée de laissés-pour-compte : Sutekichi le voleur, Tonosama le samouraï déchu , un ancien acteur de Kabuki devenu alcoolique , Osen la prostituée,   Unokichi le jeune chien fou, un joueur invétéré, Tomé un rétameur miséreux qui attend que sa femme mourante pousse son dernier soupir... Un jour débarque parmi cette humanité en déréliction Kahei , un vieil homme qui se dit bonze. Il va de locataire en locataire, écoutant leurs histoires et leurs peines, essayant de les soulager par des mots réconfortants.

Les bas-fonds

Tu finiras en enfer ! dit l'acteur, J'y suis déjà  lui répond le joueur 

Avec ses deux décors uniques: la chambre/dortoir et la cour , le film de Kurosawa (adaptation de la pièce de Gorki) s’apparente à du théâtre filmé ; impression que confirme un autre choix celui de limiter les mouvements de caméra -tout au plus léger zoom sur une « avant-scène », quelques gros plans, des entrées et sorties, à l’instar d’ailleurs d’une  scène de théâtre …A tel point que l’enfermement (seule une bande étroite en haut du cadre laisse deviner un semblant d’ailleurs, de même que la bande-son et les faux rideaux qui volètent sont les indices de conditions climatiques assez rudes) sera encore plus oppressant pour les personnages, spectateurs à l’intérieur du cadre, du théâtre intime de leurs compagnons d’infortune mais aussi pour le public qui  n’est pas toujours convaincu par « la théâtralité de la déclamation » son « artificialité » (chaque personnage à un moment joue sa partition en solo, une partition faite de déboires et de désenchantements)

Or précisément à travers l'évocation de ces déboires  se dessine en creux une société faite de misères difficiles à colmater et de rancœurs (ce milieu pouilleux dans sa diversité même, n’est-il pas comme le microcosme d’une société en crise -mauvaise gestion du shogunat. Rappelons qu’à la fin du XVIII° siècle la famine de Tenmei durera six ans, faisant des centaines de milliers de morts et provoquant des émeutes du riz à Edo) 

Dans ce « dortoir miteux» rôde la mort: grabataire l’épouse du rétameur, agonise ; après une altercation violente l’hôtelier expire sous nos yeux (sa femme accuse l’ex voleur dont elle est la maîtresse …) hors champ un suicide Plus symbolique la mort de tout espoir !  Le numéro de "music-hall" -chanté dansé  accompagné d'instruments de musique--   n’est festif qu’en apparence dans la concomitance voire la coalescence du désespoir et de la dérision …

Et si le mensonge était  le seul rempart contre la déliquescence ? 

Le voyageur philosophe en était persuadé lui qui a su dispenser à chacun ce que précisément il souhaitait entendre  !

Las ! il a plié bagage !!!

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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28 août 2024 3 28 /08 /août /2024 03:29

d'Akira Kurosawa (Japon 1963) version restaurée

 

avec Toshiro Mifune (Gondo) Tatsuya Nakadai (Tokura détective en chef) Masayuki Muri Tatsua Mihashi (le secrétaire de Gondo)  Tsutomu Yamasaki (le ravisseur)

 

Rétrospective A Kurosawa Omnia du 21 août au 3 septembre 2024

Séances jeudi 19h45, samedi 10h30, lundi 14h

. Actionnaire d’une grande fabrique de chaussures, Gondo décide de rassembler tous ses biens pour racheter les actions nécessaires lui permettant de devenir majoritaire. C’est alors qu’on lui apprend qu’on a enlevé son fils...

Entre le ciel et l'enfer

Multiplicité des genres -film noir, à suspense, polar thriller, drame social, -, inventivité de la mise en scène - d’abord un huis clos -qui devient le réceptacle d’une conscience confrontée à un dilemme, puis en extérieurs traque enquête d’indices et  plongée dans les bas-fonds pour une  chasse à l’homme, le ravisseur ; Oui le film de Kurosawa est tout cela à la fois. Si le ciel et l’enfer (du titre évocateur…) ne renvoient pas explicitement à « nos » catégories religieuses ils peuvent « signifier » en dénotation, le « haut » (soit la maison de Gondo "arrogante"  dans son luxe ostentatoire ) et les bas-fonds (où croupissent les mal- logés les drogués en manque de came)  le monde rutilant de la richesse opposé à celui de la crasse misérable et miséreuse  …Les concepts "bien et mal"  sont souvent imbriqués chez le cinéaste (ce dont témoignera le face à face final qui  "oppose"  Gondo au ravisseur lequel dévoile ses motivations profondes bien éloignées de l’appât du gain !)  Peu  (ou trop) de « distance » entre « le ciel et l’enfer » ? Et le personnage du chauffeur Anki (dont c’est bien le fils qui a été kidnappé...) ne représente-t-ll pas cet « entre deux » ???  

La dimension « sociale » du film est patente -encore plus dans  la troisième  partie où la caméra nous entraîne dans les bas-fonds de Yokohama (années 1960) - avec cette alternance de rythmes (soutenu ou plus posé le passage de l’un à l’autre marqué par la reprise d’un thème musical -qui d’ailleurs scande les différents « moments » de l’intrigue… Ecoutons les fracas de la ville, parcourons ses ruelles nauséabondes, pénétrons dans ses plis et replis, dans les bouges, dans l’univers des dealers de la drogue. A l’aspect dédaléen de l’enquête (2ème partie) où à  chaque réunion le chef résume avec méticulosité chaque avancée, chaque détail dont certains qui a priori semblent incongrus - les 7cm d’épaisseur de la sacoche par exemple -, alors que  l'on visualise   leur illustration sur l'écran , voici en écho l’intrusion dans le labyrinthe de la ville, cet « enfer » On retiendra la scène époustouflante où une jeune femme en manque d’héroïne, filmée de dos, titube accrochant ses mains ses ongles s’agrippant, tâtonnant,  à la recherche de …et plus encore  ce visage écumant d’une autre jeune femme sur laquelle le « ravisseur » a « testé les « effets » de la drogue…pure

Un film sous tension constante,

 un film « noir »,

un film à voir ou revoir

impérativement !

 

Colette Lallement-Duchoze

Entre le ciel et l'enfer

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27 août 2024 2 27 /08 /août /2024 06:13

d'Akira Kurosawa (Japon 1952) version restaurée

 

avec Takashi Shimura (Kanji Watanabe) Minoru Chiaki (Noguchi ) Miki Odagiri (Toyo l’employée) Bokusen Hidari (Ohara)

 

 

Rétrospective Kurosawa Omnia  ( 21 août 3 septembre 2024)

séances jeudi 16h30, dimanche 19h30, mardi 13h40

Atteint d'un cancer, Watanabe chef de service du génie civil, décide de réaliser un projet qu'il avait d'abord repoussé, celui d'assainir un terrain vague, pour que les enfants puissent jouer dans un véritable jardin 

Vivre

Un homme  "déjà mort" - -à son insu et de par un métier où la " bureaucratie tue "  - mais qui "renaît " en apprenant qu’il est condamné ! Formulé ainsi ce constat aurait pu s’éployer en un pathétique larmoyant mais l’art de Kurosawa est précisément de le transformer en une œuvre d’art (à la portée universelle)

 

Qu’il est loin le temps où le jeune Luc Moullet alors critique aux Cahiers du Cinéma écrivait à propos de Vivre  (rétrospective Kurosawa 1957à la Cinémathèque) Vivre bat les records du ridicule. (...) la misanthropie de l'auteur devient d'une telle outrance qu'elle se retourne bien vite contre lui-même  A l’époque, semble-t-il,  il était de bon ton aux Cahiers du Cinéma de préférer Mizoguchi à Kurosawa……Depuis Luc Moullet s’est illustré comme réalisateur loufoque, à l’abondante filmographie et Vivre est salué comme « un chef d’œuvre »

Oui Vivre est un chef d'œuvre !   tant par sa structure, le mélange des « genres », la science des cadres des plans, leur diversité, le montage, que par l’exploitation de thèmes universels et le jeu de l’acteur principal Takashi Shimura

Dès le début, une voix off informe le spectateur que le personnage (dont on analyse la radiographie de l'estomac) est condamné. Or ce gratte-papier n’était-il pas déjà  un "cadavre ambulant" -ce qu'accentue le jeu de l'acteur ? Une  "momie" tel est  le sobriquet donné par l’employée…Et de fait dans l’exercice de son métier Watanabe fait corps avec l’entassement des dossiers (en écho au final Noguchi, le « rebelle», pliera lui aussi enfoui dans ces piles de paperasse). Mais quand la " mort" est annoncée  -tel un couperet- dans la salle d’attente de l'hôpital -à la fois par un autre patient à l’humour noir et par le personnel soignant-- il y a une urgence de Vivre! Et dans un premier temps, face à cet ultimatum, Watanabe  opte  pour une sorte de carpe diem ; aux nuits hallucinées, faussement enchanteresses. Puis  ce sera la révélation grâce à une employée --elle lui communique cet appétit de « vivre » en donnant un sens à l’existence. Déterminé, obstiné il frappe à toutes les portes et met tout en œuvre pour "réaliser" le fameux parc pour enfants   (être constamment ballotté d'un service à l'autre,  attendre le dos voûté, le regard implorant à peine larmoyant, qu'importe!!) 

Après une ellipse de 5 mois voici une soirée mortuaire bien arrosée où défilent face au portrait du défunt,  les trognes des « employés » à la posture codifiée, où le « peuple » -les mères-  s’invite pour un hommage ultime. Reconstitution de ce qui fut, a été, restera, sous forme d’un brillant kaléidoscope de points de vue et  de flashbacks 

Watanabe sur une balançoire dans le parc enneigé, chantonne …Puis...Seule, la balançoire poursuit sa chorégraphie dans l’espace; une vue en contre plongée isole un « regardeur » qui contemple (vue en plongée) l’animation, la Vie …des… enfants  ! 

Il y a des moments de pure contemplation, et/ou de pure émotion,  des plans à la beauté sidérante, une majesté dans l’humilité de Watanabe (quand bien même le contraste avec les visées électoralistes de l’échevin usurpateur ou avec le pragmatisme éhonté du fils ingrat et de la bru cupide est par trop criant) ce qui n’exclut pas l’humour pince-sans-rire

VIVRE un film à voir! ou revoir! 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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24 août 2024 6 24 /08 /août /2024 06:11

De Gilles MacKinnon (G-B 2023) 

 

avec Timothy  Spall, Phyllis Logan, Saskia Ashdown, Natalie Milson, 

Tom, un retraité dont la femme, Mary, vient de décéder, voyage du point le plus au nord de la Grande-Bretagne, John O'Groats, jusqu'à sa ville natale d'origine, située au point le plus au sud, Land's End,(soit 874 miles)  en utilisant sa carte de bus gratuite

Le dernier bus

Un film décevant. Pourquoi ?

 

 Tom a méticuleusement consigné les changements de bus, les étapes, les réservations ; sa valise dont le contenu précieux sera  "dévoilé"  à l’arrivée, est son "viatique"  , valise  métonymie de la vie, de Sa Vie.?  Le long voyage (exactement l’inverse de celui qu’il avait accompli des décennies plus tôt, avec l’être aimé) sera en fait le prétexte à faire défiler des clichés, en assemblant des vignettes -souvent mal raccordées d’ailleurs- où s’insèrent des flashbacks lourdement annoncés quand bien même de gros plans en surimpression laissent émerger les différentes temporalités. Flashbacks censés livrer par bribes les raisons du "voyage", Et/ou illustrer une permanence dans l'impermanence? .  Durant ce long périple, Tom va "rencontrer"  autant de gens bienveillants que de personnes acariâtres ou irascibles  -des ouvriers ukrainiens et leur sens de l’hospitalité ; une musulmane en burka vilipendée par un raciste, une junkie, une patronne de B&B excédée par les questions "qui fâchent" , un groupe de supporters etc etc. 

Certes le réalisateur a cherché tout au long à diversifier les angles de vue (Tom qui est de tous les plans est filmé  en très gros plan ou de face, de profil, seul, au milieu du groupe de voyageurs ; il en va de même pour les paysages (vastes panoramiques ou vues aériennes) Certes plusieurs arcs narratifs forment une sorte de voûte  où viennent s’arcbouter le présent (le voyage, les rencontres, les paysages), le passé (les souvenirs; la blondeur des cheveux et la couleur orangée des vêtements de Marie sont censées illuminer la grisaille) et la  "légende " qui sera colportée via les réseaux sociaux jusqu’à l’ovation finale…'

Mais tout cela ne saurait compenser la platitude et la mièvrerie, le faux suspense, ou la ridicule insistance (cf les deux mains qui se superposent telles les strates de la vie, ou la similarité de positions par-delà les ans)

 Timothy Spall ? Attendrissant en octogénaire guidé par un amour indéfectible, déterminé à respecter les dernières volontés de la femme aimée? . Las ! Souvent les très gros plans sur sa  lippe bougonne  ou sa démarche claudicante en font un personnage de BD ou un pantin désarticulé …

Dommage! 

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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13 août 2024 2 13 /08 /août /2024 07:42

Troisième volet d'une trilogie réalisée par Ti-West (USA 2023)

 

avec Mia Goth (Maxine Minx), Elizabeth Debicki, (Elizabeth Bender) Moses Sumney (Leon Green), Giancarlo Esposito (Teddy Knight) , Kevin Bacon (John Labat) Michelle Monaghan (Inspecteur Williams) Bobby Cannavele (Inspecteur Torres) Simon Prast (le père de Maxine)

Synopsis: À Los Angeles dans les années 80, Maxine Minx, une vedette de films pour adultes et aspirante actrice, obtient finalement le rôle tant espéré, mais lorsqu'un mystérieux tueur traque les starlettes d'Hollywood, des indices sanglants menacent de dévoiler le sombre passé de Maxine.

MaXXXine

Casser les stéréotypes et montrer les côtés obscurs du système hollywoodien,  tel est le pari de Ti-West. qui  va nous immerger dans l’envers infernal de ce qu’il faut bien nommer l’usine à rêve hollywoodien

Première séquence, voici Mia enfant dans un film de famille début années 60 ; elle récite la parole paternelle, tel un mantra (sur la réussite à tout prix…) qui sera repris à la fin de ce faux film d’horreur (troisième volet d’une trilogie) Ti-West y entremêle deux intrigues : ascension hollywoodienne de l’ex actrice du porno et présence d’un tueur en série (dont la première risque d’être victime…) Maxine vient de décrocher un rôle dans « la puritaine »(nous sommes en 1985 ère reaganienne du puritanisme réactionnaire) première marche vers… ; or elle est «prise en filature » par un détective privé assez louche…(Kevin Bacon) Bien vite on comprend que l’actrice incarnera la « monstruosité » en mettant sa  férocité au service de sa réussite (une entreprise de dévoration ! ), monstruosité que « fabrique » Hollywood précisément - ce qu’annonçait la citation de Bette Davis en exergue (dans ce métier tant qu’on n’est pas connu comme un monstre on n’est pas une star) Et la chanson de Kim Carnes qui clôt le film indique  que celui-ci aura été vu..... depuis...... « les yeux de Davis » (?) 

Maxxine ou la tension « monstre/star », une tension hyper référencée ?

Mais accumuler les références (Psychose Body Double Mulholland Drive Chinatown  ) jusqu’à la peinture de Magritte la mémoire (où le sang ne coule pas du visage mais du cou de….Maxine) est loin d’être une stratégie convaincante ; car il faut être un grand maître pour manier le pastiche (Brian de Palma !!) et que dire de  cette image silhouettée qui se découpe sur la fenêtre de la maison de psychose) ?  Le ad libitum devient ad nauseam quand la référence se limite à un clin d’œil, poli et policé, et n’est pas questionnement sur…

Et quand bien même l’ambiance des années 80 est restituée (lumières chansons BO couleurs) le spectateur reste sur une attente (le « film d’horreur » a cédé la place au « thriller » (parsemé ça et là de quelques touches horrifiques complaisantes et alors ???)

Impériale la performance tant vantée de Mia Goth ?? 

Impression plus que mitigée

mais peut-être faut-il avoir vu l’ensemble du triptyque pour émettre un avis plus éclairé 

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

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