20 janvier 2023 5 20 /01 /janvier /2023 16:26

Une nuit d’hiver à Madrid, deux couples d’amis se retrouvent après s’être perdus de vue. Susana et Dani rayonnent depuis leur installation en banlieue et annoncent l’arrivée prochaine d’un bébé. La nouvelle perturbe Elena et Guillermo qui ont fait d’autres choix de vie. Pourtant au printemps, ils se décident à venir voir.

 

Venez voir

Nous avons répondu à l’injonction de Jonás Trueba ·"venez voir". Injonction qui s’adresse autant au couple madrilène Elena et Guillermo invité par Dani et Susana, à venir les voir, qu’au public ; l’auteur l’avoue sans ambages  "il y a le verbe venir et l’idée de déplacement ; la paresse que ressent le couple à l’idée d’aller voir la maison de leurs amis ressemble à ce que ressentent beaucoup de gens à l’idée d’aller au cinéma"

 

Et qu’avons-nous vu ?

Un film très minimaliste -ténuité de l’intrigue scénaristique, économie de moyens, choix des plans séquences et plans fixes pour évoquer ces petits riens ou ce qu’il est désormais convenu d’appeler  "micro-événements" - avec parfois des dialogues -ou plutôt monologues, à prétention philosophique (à la Rohmer) quand il s’agit de discuter de Peter Sloterdijk ; mais avec un final un peu  "déconcertant"  pour ne pas dire  "discutable". En effet la mise en abyme où on passe sans transition à la fabrique du film en présence de l’équipe technique dont Jonàs Trueba, où le grain de l’image a changé, est peut-être un clin d’œil à certains cinéastes mais dans le contexte de vacuité assumée, elle a les allures de "posture"  (et je ne saurais m'extasier  face à la pseudo révélation malicieuse  vous êtes venu voir, vous avez vu;  ce n’est que du cinéma…)

Or juste avant cette apparente rupture, voici Elena en train d’uriner dans les herbes et, se confondant avec elles, l’œil et l’oreille aux aguets comme pour capter le plus petit indice de Vie, elle esquisse soudainement un sourire dans ce cadre « bucolique » dont la révélation rappelle n’importe quelle épiphanie existentielle (à l’instar de celle vécue par Rilke à la vue d’une sculpture d’Apollon ? tu dois changer ta vie ? ce que rappelait précisément la même Elena lors du déjeuner …)

 

Le film s’ouvre sur l’interprétation de « Limbo » par le pianiste Chano Dominguez ; c’est l’hiver les quatre personnages sont attablés au Café Central de Madrid. La caméra a longtemps caressé le visage d’Elena (et suivi ce geste à peine perceptible de pincement du cou) puis successivement elle s’est posée sur les autres visages (en guise de « présentation » ? certes mais aussi pour marquer , affirmer une distance).

C’est la chanson Let’s Move To The Country de Bill Callahan qui, accompagnant le couple madrilène « venu voir » Susana et Dani, sert de prélude à la deuxième partie après une ellipse de 6 mois

Ainsi au « nocturne » de I succède le « solaire » de II ; à l’écoute quasi religieuse de Chano Dominguez, en I, la flânerie, la partie de ping-pong en II ; et toujours en I et II ces discussions sur la "meilleure façon de vivre"  (avoir ou non un enfant, vivre en ville ou en périphérie, individualisme et collectivité) discussions filmées en champ contrechamp avant que la caméra ne  "réunisse"  les quatre protagonistes en un seul plan large (partie de ping-pong)

 

 

Un conte rohmérien à « venir voir » (ou pas !)

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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17 janvier 2023 2 17 /01 /janvier /2023 06:39

de Martin McDonagh  (Irlande USA  2022)

avec Colin Farrell, Brendan Gleeson, Kerry Condon , Barry  Keoghan

musique Carter Burwell (connu comme collaborateur des frères Coen  a déjà travaillé avec McDonagh pour Three Billboards)

 

Golden Globes, meilleure comédie, meilleur scénario et meilleur acteur (Colin Farrell)

Mostra de Venise : coupe Volpi pour la meilleure interprétation masculine Colin Farrell

National Society of Film Critics Award meilleure actrice dans un second rôle Kerry Condon et meilleur acteur Colin Farrell meilleur scénario

Sur Inisherin - une île isolée au large de la côte ouest de l'Irlande - deux compères de toujours, Pádraic et Colm, se retrouvent dans une impasse lorsque Colm décide du jour au lendemain de mettre fin à leur amitié. Abasourdi, Pádraic n’accepte pas la situation et tente par tous les moyens de recoller les morceaux, avec le soutien de sa sœur Siobhan et de Dominic, un jeune insulaire un peu dérangé. Mais les efforts répétés de Pádraic ne font que renforcer la détermination de son ancien ami et lorsque Colm finit par poser un ultimatum désespéré, les événements s’enveniment et vont avoir de terribles conséquences.

 

Les Banshees d'Inisherin

« je ne veux plus te voir » décrète brutalement Colm à son "ami"  Pádraic. Ce postulat de départ n’est pas un caprice ; il va résonner comme le fracas de la guerre civile (qui restera hors champ),  transformer les paysages -malgré leur somptuosité et magnificence- en une forme de prison à ciel ouvert, permettre au réalisateur de mieux « cerner » cette petite communauté insulaire, contrainte de s’interroger sur une forme de finitude (du policier véreux à la postière avide de potins en passant par le tavernier débonnaire et  la « sorcière » la banshee de la mythologie celtique), d’opposer la « voix » de la raison (incarnée par la sœur de Pádraic) à la « folie » des habitants. Cette rupture insuffle des questionnements en créant un tempo et un crescendo – de la légèreté à la tragédie dont les étapes sont soulignées et illustrées par la prestation des deux acteurs Colin Farrell et Brendan Gleeson. Le premier incarne un être simplet qui se "nourrit" de la chaleur de ses bêtes, de l’amour pour sa sœur et qui progressivement va se "transformer", le second, violoniste (il est en train de composer « les banshees d’Inisherin) a décidé d'éliminer tout ce qui entrave  sa  "création" (dont l’amitié jusque-là partagée sans faille avec Pádraic). Ce film se prête  ainsi à une lecture plurielle (amitié, création, absurdité de l’existence, usure du temps) tout comme McDonagh mélange la noirceur (solitude, méchanceté) et la tendresse (relation entre le frère et la sœur, relation avec les animaux) ainsi que les tonalités (comédie fantastique et drame), tout en préservant les  "silences"  - la complicité muette avec l'ânesse et les deux chiens, et ces animaux   acquièrent, progressivement, une importance jusque-là insoupçonnée,  dans la confusion espace géographique et mental !!

Voici des statues de la Vierge elles cohabitent avec les croix celtiques, voici des falaises, des immensités balayées par les souffles venteux, des ciels tourmentés de stries orageuses ou embrasés de rouge, voici des maisons isolées,  une taverne. Voici le « fameux » idiot du village (seul à même de percevoir et/ou de comprendre l’indicible). Ces quelques éléments sont déjà porteurs d’une histoire que vient accentuer la présence récurrente d’une vieille femme toute de noir vêtue aux mains de Nosferatu, au bâton sablier (mais qui n’a pas la prestance suggestive de la Mort de certains autres films…). Les potins circulent comme la bière. Et les dialogues - du moins au début- sont savoureux… (cf la répétition de formules préfabriquées !!)

En interrogeant le fameux mythe de « l’artiste torturé » (interprété avec brio par Brendan Gleeson) le réalisateur invite le spectateur à prendre lui-même position : la création a-t-elle inexorablement pour corollaire la tyrannie ? et en l’occurrence doit-elle  anéantir l’amitié -Pádraic  "barbant"  est une entrave au parcours artistique, il faut s'en débarrasser!- Or cette question en maquille une autre : au confessionnal Colm avoue au prêtre qui vient de condamner ses automutilations  Je crois que je m'occupe en repoussant l'inévitable  

La cruauté comme exutoire à la détresse existentielle ?

Riche en questionnements, ce film frappe aussi par la maîtrise de la mise en scène et l’excellence de l’interprétation (mention spéciale outre les trois acteurs récompensés, à Barry Keoghan dans le rôle de Dominic, l’idiot)

 

Un film à ne pas rater !!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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16 janvier 2023 1 16 /01 /janvier /2023 06:16

Documentaire de Verena Paravel et Lucien Castaing-Taylor  (France USA Suisse)

 

Quinzaine des réalisateurs Cannes 2022

Il y a cinq siècles l’anatomiste André Vésale ouvrait pour la première fois le corps au regard de la science. "De humani corporis fabrica" ouvre aujourd’hui le corps au cinéma. On y découvre que la chair humaine est un paysage inouï qui n'existe que grâce aux regards et aux attentions des autres

De humani corporis fabrica
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15 janvier 2023 7 15 /01 /janvier /2023 07:03

de Dénes Nagy (Hongrie 2021) 

 

avec  Ferenc Szabó, Tamás Garbacz, László Bajkó, Gyula Franczia, Ernő Stuhl, Gyula Szilágyi, Mareks Lapeskis, Krisztián Kozó, József Barta, Aivars Kuzmins, Liene Kislicka

 

 

Ours d'argent du meilleur réalisateur - BERLINALE, 2021

Prix du Meilleur Réalisateur, Festival International du Film de Gangneung, Corée du Sud - 2021

 

1943, l’Union Soviétique est sous occupation allemande. Semetka, un paysan hongrois, est enrôlé comme sous-lieutenant dans une unité spéciale qui traque les groupes de partisans russes. En route vers un village isolé, sa compagnie tombe sur l’ennemi. Le commandant est tué, Semetka doit prendre la tête de l’unité... Va-t-il réussir à conserver son humanité ?

Natural light

D'emblée le spectateur est comme happé par les choix esthétiques du réalisateur hongrois :   paysages désolés, couleurs terreuses, miasmes morbides des marécages, dialogues réduits au strict minimum, visage impavide de Semetka au regard d’acier, lenteur calculée. Une esthétique qui peut rappeler  celle de ses compatriotes Béla Tarr,  László Nemes ou celle du Lituanien  Bartas et que Dénes Nagy exploite pour évoquer un épisode méconnu (oublié ?) de la seconde guerre mondiale : après l’occupation de l’Ukraine par la Wehrmacht en 1941 des troupes hongroises -dans le cadre de l’alliance avec l’Allemagne-,  ont eu pour mission d’éliminer l’activité partisane soviétique. S’il s’inspire du roman éponyme de Pál Závada,  le réalisateur  (dont c’est le premier long métrage de fiction) dit s’être « concentré sur 3 jours de 1943 » tout en « respectant l’esprit du roman »

Et voici le portrait d’un homme qui « ne comprend pas mais qui aimerait comprendre ». Il regarde, scrute, semble s’interroger mais …; pour illustrer cette constante hésitation voici des plans prolongés sur son visage impavide. La fixité des traits traduit-elle une tristesse face à l’horreur de la guerre ou face à l’inhumanité des supérieurs- ? ou plutôt comme chez Bartas le regard ne saurait se substituer à la parole muette ; même si on devine la volonté du réalisateur de pénétrer ces arcanes, Semetka semble regarder par-delà ce présent, vers un ailleurs qui se dérobe à l’écran et que, ce faisant, le spectateur ne peut capter.

Voici dans cette circulation de regards (soldats,  vieillards,  jeunes femmes, enfants) des zooms qui ne font qu’accentuer l’énigme des « ressentis » ; des visages de paysans parcheminés par le temps, des corps déambulant avec une lenteur élégiaque parmi les bruissements replis et anfractuosités de leur espace familier mais hostile pour qui  vient s’en emparer  et le dilapider !! Ou bien le geste supplée à la parole (mains qui se cherchent, fausse étreinte, offrande de baies sauvages).

Si Semetka est « humain » avec les villageois, s’il n’offense pas la jeune fille, ne poursuit pas les bûcherons, ni les gens du radeau (impressionnant travelling , au début, sur un élan mort),  il « participe» à la spoliation de leurs biens d’autant plus criminelle dans un contexte de pauvreté extrême (ce dont témoignent les scènes d’intérieur aux lumières feutrées qui opposent la tablée des soldats  qui se gavent éructent aux habitants assis apeurés affamés)

Millimétrée, au cordeau, la mise en scène ne peut que séduire voire subjuguer (même si, parfois trop esthétisante ,  elle n’a pas la puissance suggestive d’un Béla Tarr ou d’un Bartas). La photo avec ses teintes gris-vert, ocre -brun terreux, évidemment crépusculaire, peut rappeler certaines peintures  Plans majestueux mais teintés d’effroi, où respire la matière tellurique du monde, plans serrés sur les humains, et gros plans sur les visages, lenteur des mouvements de la caméra, jeu spéculaire de mise en abyme (Semetka dispose d’un petit appareil photo,  pour « immortaliser » des portraits),  tout dans ce film participe d’une approche formelle de l’immobilité et de l’effacement (le tout dernier plan avec cette lente disparition du visage est d’ailleurs éloquent ) alors que l’absence de dialogues qui laisse parler le silence est à même d’amplifier le moindre son (certaines séquences  y gagnent en intensité !!)

 

Un film à ne pas rater

 

Colette Lallement-Duchoze

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9 janvier 2023 1 09 /01 /janvier /2023 06:12

d'Alexandru Belc (Roumanie 2022)

 

avec Mara Bugarin (Ana) Serban Lazarovici (Sorin)  Vlad Ivanov (Biris) Mihai Calin, (le père d'Ana) Andreea Bibiri (la mère d'Ana)  Alina BrezunteanuMara Vicol (Rosana) 

 

Les Doors Light My Fire (que l’on entendra in extenso)

 

Prix de la mise en scène Cannes 2022 Un certain Regard

 

En pleine Guerre froide à Bucarest en 1972, des lycéennes et lycéens écoutent l’émission "Metronom" sur Radio Free Europe, interdite par le gouvernement. Un délateur confie à la Securitate une lettre écrite de leur main à l’animateur exilé à l’Ouest. Arrêtés, ils doivent tous s'acquitter d'une déclaration où ils s’accusent mutuellement de trahison au pays, sous peine de prison. Ana est la seule du groupe à résister, mais jusqu’à quand ?

Radio Metronom

 

Le film s’ouvre sur un lent travelling latéral alors que défile le générique : voici un immense bas-relief (une bataille glorieuse ?) sur une place à la froide minéralité. Un espace dévolu au "jeu" (récré foot) aux "rencontres"  mais où les personnages, en uniforme (dont Ana qui va au-devant de Sorin) sont minuscules. Silence plombant ; on devine que c’est une scène d’adieu. En écho au final le même décor, la même place, et les mêmes élèves en uniforme  dans l’attente "joyeuse" des résultats du bac. Entre ces deux scènes, nous aurons assisté aux formes sournoises, mais efficaces, de la répression sous la dictature de Ceausescu (la police secrète, la Securitate) et à la fin d’une idylle amoureuse (perte des illusions) -les deux étant étroitement liées. Ana (étonnante Mara Bugarin) 17 ans qui est de tous les plans, incarne la façon dont la jeunesse peut  "survivre" dans une dictature.

 

Ce film a obtenu le Prix de la mise en scène (Section « un certain regard » Cannes 2022), prix contesté par certain.e.s critiques….

 

Si la thématique est quasi similaire à celle de Leto (cf Leto - Le blog de cinexpressions) à savoir la résistance en et par la musique de la jeunesse dans un régime totalitaire (1972 Roumanie 1980 Saint Pétersbourg),  que de différences dans la « mise en scène » !!!. Dans Leto audaces et inventivité, rythme endiablé humour frénésie .

Dans metronom plans séquences et longs plans fixes, et surtout cette construction méthodique à l’instar du balancier d’un métronome (à la longue séquence de la boom filmée avec justesse dans une ambiance plutôt « bon enfant » succèdera après l’irruption de la police le face à face opposant le colosse détenteur du pouvoir (Vlad Ivanov)  à la frêle Ana tiraillée entre son amour filial, son amour de la vérité, son amour pour ses camarades)

 

Suggérer plus que démontrer participe aussi de la "mise en scène" (cf. une lenteur calculée,  la circulation des regards ,  la lascivité de certains corps lors de la boom, le découpage en plusieurs plans du "couple" amoureux, la répartition des couleurs -appartement/ salle d'interrogatoire) 

 

L’effet de " balancier" (et pour la forme et pour le fond, relâchement/inquiétude, incandescence Jim Morrison/ froideur glaçante interrogatoire, attentes/désillusions), l’impression que le film est tourné en temps réel n’est-ce pas la spécificité de radio Metronom -et partant, ce qui fait sa force, fût-elle celle d’un « exercice de style » ? (j’entends déjà les récriminations).

 

Certes on peut toujours formuler des reproches confondant attentes personnelles et critères objectifs, mais on ne pourra que saluer un art consommé de l’exigence et de la suggestion -quand bien même on n'y adhère pas !-, un art  qu’Alexandru  Belc a peut-être appris de Cristian Mungiu dont il fut l’assistant….

 

Un film à voir !!

 

 

Colette Lallement-Duchoze 

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6 janvier 2023 5 06 /01 /janvier /2023 06:26

de Marie-Castille Mention-Schaar  (France 2022)

 

avec  Oulaya Amamra (Zahia), Lina El Arabi (Fettouma), Niels Arestrup (Sergiu Celibidache), Zinedine Soualem (le père), Nadia Kaci (la mère), Laurent Cirade (Claude Burgos), Marin Chapoutot (Dylan),

 

 

À 17 ans, Zahia Ziouani rêve de devenir cheffe d’orchestre. Sa sœur jumelle, Fettouma, violoncelliste professionnelle. Bercées depuis leur plus tendre enfance par la musique symphonique classique, elles souhaitent à leur tour la rendre accessible à tous et dans tous les territoires. Alors comment peut-on accomplir ces rêves si ambitieux en 1995 quand on est une femme, d’origine algérienne et qu’on vient de Seine-Saint-Denis ? Avec détermination, passion, courage et surtout le projet incroyable de créer leur propre orchestre : Divertimento

 

Divertimento

Le maire de Pantin vient de rebaptiser (provisoirement) le nom de la ville dont il est l’élu PS en Pantine !!! Pourquoi ne pas immortaliser les « sœurs jumelles » Ziouani ? lui suggère, à distance,  ironique et bon enfant, la réalisatrice !!!! C’était mercredi soir (5/01) à l’Omnia lors d’une séance-débat après la projection ovation de son film  Divertimento

 

Un film qui émeut -beaucoup de spectateurs avouent avoir pleuré-, un film d’une indéniable vivacité communicative ; grâce à tous ces "gestes" comme autant d’invitations à regarder et vivre autrement ; geste-accueil, geste-élan, celui bien sûr de cette très jeune cheffe d’orchestre dont la   "baguette"  par-delà l’espace musical trace comme des arabesques sonores, celui de son  "maître"  Celibidache (Niels Arestrup), celui si bienveillant des parents ; celui de la réalisatrice qui incite le public à s’inspirer de l’énergie, de la pugnacité de ces deux sœurs comme d’un viatique.

Ne pas s’attendre à des « originalités » de mise en forme, de mise en scène, l’essentiel est dans la puissance narrative ; un film de facture « classique » donc, mais dont les halos d’émotions vont de pair avec la volonté presque forcenée de concrétiser un rêve et surtout avec ce plaisir de le voir prendre forme et de communiquer cette joie (même en plein désarroi, victime de préjugés de classe, l’actrice ne faillit pas, son visage illumine la pénombre) C’est qu’il s’agit tout autant de « réussir » que de « transmettre » aux autres ce que les parents ont légué : l’amour de la musique symphonique

 

Nous suivons le parcours de ces deux sœurs ; parcours dont les étapes sont méthodiquement soulignées, (chaque jour le trajet Stains Paris lycée Racine, animation d’ateliers, préparation du concours tout en dirigeant un orchestre) ;à la diversité des lieux, répond celle des relations avec les « supérieurs »; aux différences de langage d’attentes et d’éducation s’oppose le « vivre ensemble » et comme dynamique interne cette volonté irrépressible de faire aboutir un rêve quelles qu’en soient les difficultés (dans le milieu culturel des orchestres symphoniques à dominante masculine, le « métier » de cheffe est discrédité non reconnu objet de quolibets, bien plus que les clivages « bourges » (Paris) et banlieue qui ponctuent les rencontres dans le film)

 

Un film qui a exigé un an de casting (la condition sine qua non était que les « comédiens » devaient être d’abord instrumentistes),  des rencontres avec les deux sœurs jumelles, avec leurs parents ; un film servi par deux interprètes talentueuses, Oulaya Amamara et Lina El Arabi, qui rendent crédible l’approche biographique (et lors du tournage des séquences musicales Zahia Ziouani était la "guide"). Un film musical (Saint-Saêns, Schubert Prokofiev) qui avec Ravel -en ouverture et dans un final où s’unissent les forces vives d’une cité- nous met au diapason entraînés dans une "folle équipée" (rien à voir bien évidemment avec les success story à l’américaine)

 

Si divertimento souffre de certains défauts (dont le jeu de la plupart des jeunes interprètes qui donnent la fâcheuse impression de « réciter ») il n’en reste pas moins une leçon de combativité et de persévérance

En dénonçant une discrimination (la profession de chef d’orchestre comprend seulement 4% de femmes en France et 6% dans le monde, rappelle le générique de fin) la cinéaste espère par ce « biopic » ouvrir le champ des possibles grâce à une réflexion sur le contexte social 

"Ça ne va pas changer le monde mais ça peut changer les gens" (Zahia)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

Depuis deux décennies la formation guidée par Zahia Ziouani met sa musique au service d’une philosophie exigeante celle de s’inscrire dans son temps transmettre et partager dans une quête exploratoire inlassablement portée par sa vocation de démocratisation culturelle » Académie – Divertimento (orchestre-divertimento.com)

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5 janvier 2023 4 05 /01 /janvier /2023 07:31

de Mario Martone (Italie 2022) 

avec Pierfrancesco Favino, Francesco Di Leva, Tommaso Ragno 

 

présenté en compétition officielle Cannes 2022

Après 40 ans d’absence, Felice retourne dans sa ville natale : Naples. Il redécouvre les lieux, les codes de la ville et un passé qui le ronge.

Nostalgia

 Nostalgie : du grec ancien νόστοςnóstos (« retour ») et ἄλγος algos (« douleur »)

 

C’est bien d’un retour après 40 ans d’éloignement -dont un exil forcé-, et de douleur, celle lovée au fond de soi ou tapie derrière chaque visage retrouvé chaque porte regardée ou franchie, qu’il s’agit dans ce film adapté du roman éponyme d’Ermanno Rea,   Moins la nostalgie, dynamique interne des grands poèmes antiques (dont Ulysse serait le parangon) que celle plus sournoise d’un secret enfoui et lancinant que Felice -de retour au pays de son enfance- doit « confesser » - tradition catholique oblige  alors qu'il s'est converti à l'Islam ?. Une nostalgie qui colore de sa tonalité sépia tout le film (des façades délabrées aux églises en passant par les ruelles et les intérieurs)

 

Dans un premier temps le spectateur est invité à suivre Felice (admirablement interprété par Pierfrancesco Favino) dans ses déambulations de solitaire, qui (re)découvre sa ville natale et plus particulièrement le quartier populaire de la Sanità. Instants ô combien précieux et émouvants que ces étreintes entre la mère et le fils (prodigue !!) – et certains tableaux renvoient à des peintures de pietà inversée (la mère portée avec délicatesse pour un bain lustral, préfigurant peut-être la « toilette mortuaire »)

 

Mais à partir du moment où le personnage a décidé de « rester » et de « mourir » dans sa « patrie » alors qu’on lui enjoint de « partir », le film va opérer un double basculement qui signe aussi un fâcheux délitement. Basculement thématique : à l’amour filial se substitue l’exploration d’une amitié, la douceur cède la place à la noirceur, et les motivations succèdent  aux émotions

 Changement formel : mélange peu convaincant du présent et du passé reconstruit sous forme de flashback, prolifération de personnages, complicité souvent farfelue avec le prêtre Don Luigi farouche adversaire de la Camorra, face à face prévisible Oreste/ Felice. Et de même que les « allusions » aux films de vendetta mafieuse sont à la fois appuyées, convenues voire stéréotypées, de même les clins d’œil à la Bible (pourquoi m’as-tu abandonné éructe l’ex ami devenu l’incarnation du Mal à Judas son ami/traître )- même s’ils sont détournés de leur sens originel, sonnent faux

 

Le vrai personnage de ce film serait la ville de Naples que la caméra de Mario Martone explore dans ses anfractuosités ses ambiances sonores criardes et souvent délétères, ses labyrinthes de ruelles, ses catacombes, mais le parallèle voire la fusion- entre les strates de sa géographie profonde et celles d'un passé torturant - est parfois (souvent?)  ostentatoire

 

Une déception à la hauteur de l’attente !

 

Colette Lallement-Duchoze

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3 janvier 2023 2 03 /01 /janvier /2023 06:27

documentaire réalisé par  Benoît Jacquot (2021)

avec Isabelle Huppert et Fabrice Luchini

Festival d’Avignon, été 2021. Une comédienne, un comédien, face à leur rôle, leur texte, juste avant les représentations. Devant la caméra documentaire de Benoit Jacquot, Isabelle Huppert et Fabrice Luchini au travail.

Par coeurs

Il importe de rester bravement à la surface, de s’en tenir à l’épiderme, d’adorer l’apparence, de croire à la forme, aux sons, aux paroles, à tout l’Olympe de l’apparence !Ah ces Grecs ils étaient superficiels par profondeur! ( Le gai savoir Nietzsche ) 

 

Elle est assez discrète, lui volubile dans une forme de cabotinage affiché et assumé tout à la fois. Elle répète le rôle de Lioubov pour la pièce qui sera jouée à la Cour  d’Honneur du Palais des Papes, lui répète des extraits du Gai savoir et de Zarathoustra de Nietzsche qu’il lira, seul, dans la Cour du Musée Calvet. Elle est intégrée à un groupe d’acteurs sous la direction de Tiago Rodrigues, (cf le générique de fin),  lui est son propre "metteur en scène" (instaurant d’ailleurs un dialogue entre le philosophe et le poète Baudelaire).

Des enjeux au départ très différents, donc. Mais ce qui intéresse Benoît Jacquot c’est de montrer les deux artistes/acteurs dans l’exercice de ce qu’ils font. D’abord successivement, séparément (caméra à l’épaule ou posée sur un coin de table) puis dans les dernières minutes, en montage parallèle et "faussement" alterné. L’une effacée -voire minuscule- dans  l’immensité du lieu théâtral, l’autre envahissant un espace moins scénique que mental

Isabelle Huppert "bute" sur une phrase (le malheur est tellement invraisemblable que j’en viens même à ne plus savoir que penser); elle la triture, la décompose, en interroge le sens -et ce, quel que soit l’endroit où elle se trouve : dans la voiture -qui la mène en longeant le Rhône vers Avignon- dans les coulisses de la Cour d’Honneur, dans sa loge. Luchini cherche le ton juste pour une phrase qu’il module à sa guise "on a nécessairement la philosophie de sa personne, à supposer qu’on en soit une" ; mais aussi en fonction du souffle du mistral !! Si l’actrice s’interroge sur un « handicap » si elle avoue connaître le « trac », l’acteur rompu à tous les contretemps se plaît à passer outre certaines « règles » ; c’est en jouant qu’il serait à l’abri du trac et il avoue être encore à table quelques minutes avant de se présenter sur scène (cf la longue file d’attente rue Joseph Vernet)

Nous suivons la première dans ses déambulations, la surprenons somnolant sur une couche, alors que le second à l’instar de Flaubert semble reproduire, assis, une forme de gueuloir (ce dont témoignent ces plans très rapprochés sur le visage les lèvres et les dents). Isabelle Huppert doit savoir « par cœur » un texte précis à restituer dans son intégralité,  alors que F Luchini se plaît à « oublier » provisoirement le texte originel; non seulement pour le commenter (quand le destinataire est le public) mais pour expliquer (face à la caméra de Benoît Jacquot) son propre jeu d’acteur -celui de la diction, de l’effacement du moi profond pour parvenir à ce que recommandaient ses devanciers – Jouvet, Bouquet ses « maîtres » qu’il cite avec passion-, non pas imposer un « sens » mais entendre tout simplement le « ça parle »  le « ça dit » (une sorte de métalangage de l’interprétation et de la diction)

Chez des "monstres" -du cinéma ou du théâtre- il y aurait une part non négligeable d’hubris ? peut-être. Or la caméra de Benoît Jacquot a réussi un tour de force dans cet apprivoisement  du langage, de ces textes que l’on caresse et que l'on doit savoir "par cœur" . Dans les dévoilements -qui précédent la  "représentation" -,  il aura mis à nu une Isabelle Huppert en proie au doute, loin des clichés (elle fait du Isabelle Huppert ; elle maîtrise tout froidement) et -quelle gageure !-,  il sera parvenu à rendre presque "sympathique"  un Luchini (que d’aucuns détestent, d’une haine quasi viscérale)

Je ne peux que recommander ce documentaire/ exercice de style tant Benoît Jacquot, avec un dispositif très sobre, a su communiquer sa fascination pour la relation particulière entre un acteur et son texte : "l’élégance de la précision" pour l’une, "l’exubérance de la passion" pour l’autre ! mais toujours cette  "obsession du travail bien fait"  dans la  "soumission aux textes", une soumission dictée par l’amour des mots !

 

 

Colette Lallement-Duchoze


 

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2 janvier 2023 1 02 /01 /janvier /2023 05:02

de Saim Sadiq (Pakistan 2022) 

avec Ali Junejo,(Haider) , Rasti Farooq, (Mumtaz,)  Alina Khan (Biba) , Sarwat Gilani,(Nucchi ),  Salmaan Peerzada (Rana Amannullah), Sohail Sameer,(Saalem),   Sania Saeed, (Fayyaz),  Sana Jafri

 

 

 Cannes 2022 : Prix du jury Un certain regard

et Queer Palm   2022 (le prix LGBT+ du Festival de Cannes a été créé en 2010) 

 

 

A Lahore, Haider et son épouse, cohabitent avec la famille de son frère au grand complet. Dans cette maison où chacun vit sous le regard des autres, Haider est prié de trouver un emploi et de devenir père. Le jour où il déniche un petit boulot dans un cabaret, il tombe sous le charme de Biba, danseuse sensuelle et magnétique. Alors que des sentiments naissent, Haider se retrouve écartelé entre les injonctions qui pèsent sur lui et l’irrésistible appel de la liberté.

Joyland

Enveloppé dans un drap blanc un homme décompte « dix  neuf  huit » alors que des enfants se cachent ; c’est l’oncle Haider et ses neveux. Lui, marié sans enfant, vit sous le même toit que son père et la famille de son frère, lui l’homme au foyer (sa femme est esthéticienne), lui domestique rabroué par le père, doit prouver sa  "virilité"  en égorgeant un chevreau ….or sa main maladroite sera guidée par une autre main celle précisément de son épouse. Dès ces premiers tableaux le spectateur est perplexe. Le carcan du patriarcat volerait-il en éclats ?  Le "cache-cache" : un  jeu ou une tendance (forcée) à la dissimulation?   Le drap par-delà sa fonction ludique (dénotation) désigne-t-il en connotation une  existence  fantomatique, et/ou renvoie-t-il  au drap  d’un suaire ?

 

Très vite on va comprendre les véritables enjeux de cette chronique familiale.  Haider devra chercher un emploi, son épouse renoncer au sien (car il faut ...procréer). En s’inscrivant au cours de danse, le mari rencontre Biba une transgenre -dont il s’éprend. Une "femme" d’exception qui assume pleinement sa transidentité et qui sera son guide suprême dans la découverte puis la conquête de soi. Se désinhiber, se débarrasser du carcan, oui mais à quel prix !! c'est la dialectique  de ce film! 

Joyland s’intéresse ainsi au « destin » de trois personnages principaux : Heider, Mumtaz sa femme, et Biba, à leur solitude profonde due à l’impossibilité de conquérir leur liberté tant elle est jugulée au quotidien par des  "interdits" comme autant  d’impératifs sclérosants. Une lutte dont la seule issue serait la mort ?

D’autres membres de la famille incarnant des archétypes (le père, patriarche inflexible, le frère, mâle triomphant) assurent la pérennité des normes ancestrales, ce que dénonce avec vigueur mais sans militantisme affiché, le jeune réalisateur (cf la longue séquence où les discours  "masculins"  vont interdire à cette femme veuve de  "reconstruire"  sa vie amoureuse au nom  de la  "bienséance"  !!!).

 

Rythme et couleurs (séquences musicales et dansées, couleurs franches chaudes  le jour, scintillements la nuit) signent une partition qu’encadre et enferme le format 1,3. avec les jeux de plans rapprochés. L'alternance entre scènes de groupes (réunis pour la fête ou en famille pour délibérer avec gravité) et duos (l’enlacement romantique de Biba et Haider ou le face à face femme /époux) non seulement crée le tempo mais participe à ce qu’il est convenu d’appeler un film  "choral"  et  par-delà le cadre d’une famille pakistanaise, le film fait entendre à un spectateur occidental la pulsation d’une ville, celle de Lahore, avec son centre d’attraction Joyland

 

Oui ce film étonnamment riche dans ses questionnements, ses remises en question et son esthétisme est un audacieux et courageux pied de nez à la société patriarcale du Pakistan !

 

Un film à ne pas rater !

 

Colette Lallement-Duchoze

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30 décembre 2022 5 30 /12 /décembre /2022 06:17

De Stefan Ruzowitzky (Autriche Luxembourg 2021)

 

Avec Murathan Muslu (Peter Perg) , Max von der Groeben  (Komissar Paul Severin ) Liv Lisa Fries (Dr Theresa Körner) Matthias Schweighöfer (Josef Severin) Marc Limpach (Polizeirat Victor Renner) Miriam Fontaine (Anna Perg) Margarete Tiesel (la concierge) 

 

 

74ème Festival de Locarno (août 2021) Prix du public 

Vienne, 1920. Après l’effondrement de l’empire austro-hongrois, Peter Perg, soldat de la Grande Guerre revient de captivité. Tout a changé dans sa ville, où le chômage et les pulsions nationalistes prennent chaque jour un peu plus d’ampleur. Il se sent étranger chez lui. Soudainement, plusieurs vétérans sont brutalement assassinés. Touché de près par ces crimes, Peter Perg s’allie à Theresa Korner, médecin légiste, pour mener l’enquête. Au fur et à mesure de ses découvertes, Peter se retrouve malgré lui mêlé aux évènements et doit faire face à des choix cruciaux dans un chassé-croisé aux allures de thriller expressionniste.

Hinterland

 

En situant son intrigue en 1920 le réalisateur opte pour une esthétique expressionniste, rendant ainsi hommage à ses devanciers Robert Wiene, Fritz Lang, Murnau. Il va d’abord tout filmer sur fond bleu puis il rajoutera la ville, grâce des effets spéciaux. Le résultat ? tous les décors numériques imposent à l’écran une ville tortueuse avec des façades distordues, des perspectives tronquées, au service d’une atmosphère glauque (fonds verts dominants).

 

Et ce travail esthétique, ce style pictural, Stefan Ruzowitzky le met  en parallèle avec  l'univers mental  d’un ancien lieutenant de l’armée austro-hongroise, prisonnier de guerre en URSS,  qui, à son retour, est dans l'impossibilité de "reconnaître"  Vienne, de  "se"  retrouver dans  "sa" ville.  Tout a été "chamboulé",  tout lui semble déformé déséquilibré. Voyez ces gens, gueux  misérables,  agglutinés dans la rue,  ces immeubles qui effraient par leur apparente instabilité ; lui-même, déboussolé, arpente les rues, le corps et le visage comme "décalés" (changement d'échelle, de proportion et de perspective)….D'autant qu'il appartient désormais à la catégorie  des  "vaincus", des "humiliés"  et que la "virilité"  inhérente à l’esprit de la guerre est non seulement bafouée mais provisoirement ou définitivement abolie!!

 

C’est dans ce contexte que sévit un tueur en série obnubilé par le chiffre 19, trucidant ses victimes - les "compagnons" de Perg, d'ailleurs-, après leur avoir infligé d’atroces souffrances, (lui-même avouera être  "mort depuis longtemps" ; quant à son identité - ne pas spoiler- c’est le twist final !!!). Précieuse sera l’aide  de la médecin-légiste Theresa Körner qui sollicite  le soutien de l'ex flic Peter Perg, dans la résolution des crimes !!

 

Or les atrocités de la guerre que lui  et les siens ont subies, les traumatismes et leurs inévitables séquelles, tels des stigmates indélébiles, la haine de l’autre, le sadomasochisme, l’émergence d’extrémismes dans cet environnement sordide à la poisseuse densité,  sont comme les prodromes d’une autre conflagration !!! et les questionnements sur les sacrifices et les choix à faire en temps de guerre, sur la vengeance en temps de paix -le tueur à un moment placera Perg face à un cruel dilemme ! même s’ils paraissent alambiqués,  n’en sont pas moins  salutaires !

 

On peut être séduit par cette esthétique (annoncée dès le prologue par un tableau de Kokoschka) et accompagner Perg dans cette plongée quasi hallucinatoire – où tout sens logique dans notre perception de l’espace semble annihilé-, tout en "affirmant" (mais ce n’est qu’un point de vue) que la bande-son est surdimensionnée, que les plans prolongés sur les mutilations, les cadavres,  sont complaisants et que l’exercice, de par son artificialité même, peut pécher par ostentation

 

Cela étant, Hinterland vaut,  à n’en pas douter, le déplacement !

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

 

 

Hinterland

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