23 septembre 2024 1 23 /09 /septembre /2024 11:33

Documentaire réalisé par Frédérick Wiseman (USA 1970) version restaurée 

 

1970, le film a gagné deux Emmy Awards pour le meilleur film documentaire et le meilleur réalisateur

sélectionné en 1994 par le National Film Preservation Board pour conservation à la Bibliothèque du Congrès aux États-Unis dans le National Film Registry

Sélectionné en 2016 au festival de Cannes (Cannes classics)

 

 "il était une fois l'Amérique"

argument: 1970. Jour et nuit, le service des Urgences du Metropolitan Hospital de New York voit arriver de nouveaux patients. Cardiaques, diabétiques, cancéreux, alcooliques, drogués, accidentés, les malades défilent entre les mains des médecins, des infirmières ou des psychiatres. Il leur faut tous ensemble affronter les règlements, la disponibilité des ressources et les contraintes d’organisation, qui décident souvent de la nature des soins. »

Hospital

i don’t want to die répète tremblant et apeuré cet homme (jeune) victime d’un « bad trip » ; un lavage d’estomac va le remettre sur pied, entretemps le sol aura été maculé par son vomi ! Une « tranche de vie » parmi tant d’autres ! La scène inaugurale au bloc opératoire ne lassait-elle pas émerger le concept de « tranche » ? à l’instant précis où le scalpel ouvre la chair du patient (filmé en gros plan) la séquence est « coupée » …de même qu'elle plongeait le spectateur "in media res" (tel l'incipit de certains romans) 

Comme dans law and order  Frédérick Wiseman livre ainsi sous forme de « vignettes » ou de tableautins des lambeaux de vie ; ici c’est le corps malade qui en porte les stigmates…Corps déchiré lacéré par la drogue la précarité l’alcool la maladie le cancer ; lambeaux de vie restitués dans un enchaînement d’images -aux multiples angles de vue et aux plans variés. Une telle immersion dans le quotidien d’un hôpital a-t-elle pour finalité de heurter le spectateur, l’apitoyer, le responsabiliser ? Certes hormis quelques confidences ou infos extorquées grâce aux habiles ou nécessaires questions du soignant, on ne saura quasiment rien des relations extérieures du patient, ou des circonstances les ayant conduits à ces « urgences » -et le plan final - flot de voitures filmé en extérieur-  semble opposer l’enfermement (mortifère ?) dans lequel le documentariste nous a plongé.es et le flux de la vie « normale »( ?)  

Détresse humaine, certes mais aussi réunions de travail, avis d’experts, constats positifs ou négatifs (sur les disponibilités en équipements, médicaments, sur les prévisions etc…) et qui vont immanquablement « conditionner » la stratégie dite d’urgence !!!

Observer, ne pas intervenir, mettre en évidence le professionnalisme du corps soignant et simultanément les failles du système de soins (le long entretien téléphonique du psychiatre -en charge d’un transsexuel schizo- avec Miss Hightower de l’Aide sociale, en dit long sur ce double aspect de la médecine « prévention  et  thérapie »; la femme consciente du coût qu’exigerait un traitement tous azimuts, consciente aussi de ses faibles moyens financiers  conclut "bien sûr, personne ne souhaite être aidé par l'État…) tel est bien un des aspects de la démarche de F Wiseman

Il ne « construit » pas des « types sociaux » ceux-ci préexistaient ! Oui ce sont bien les plus démunis qui fréquentent cet hôpital ; et cet immense lieu dispensateur de soins, devient comme le microcosme d’une Amérique où la « condition sociale » se donne à voir, à lire dans le Corps…(du) malade…

A ne pas rater

 

Colette Lallement-Duchoze

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22 septembre 2024 7 22 /09 /septembre /2024 06:47

De Mohammad Rasoulof   (Iran  France Allemagne 2024)

 

avec Missagh Zareh : (Iman)  Soheila Golestani (fa) : (Najmeh,)  Mahsa Rostami :( Rezvan,) Setareh Maleki (: Sana,) Niousha Akhshi : (Sadaf) 

 

festival de Cannes 2024 Prix spécial  Prix FIPRESCI  Prix du jury œcuménique  Prix de l'AFCAE Prix François-Chalais 

Festival du film de Sydney 2024 : meilleur long métrage international5

Argument: Iman, un avocat honnête  a récemment été nommé enquêteur au tribunal révolutionnaire de Téhéran. Il découvre qu'on attend de lui qu'il approuve des condamnations à mort sans évaluer les preuves. On lui ordonne également de cacher des informations à ses amis et à sa famille...Il va tomber dans la paranoïa le jour où son arme de service  disparaît au sein du foyer familial...  

Les graines du figuier sauvage

La violence (pour ne pas dire l’horreur) totalitaire restituée sur les petits écrans de portables -avec de poignantes images d’archives lors des manifestations « femme, vie, liberté » après la mort de l’étudiante Masha Amini, ou vécue au quotidien à l’intérieur d’un microcosme familial et restituée sur le mode fictionnel sur le grand écran, telle est la force subversive de ce film qui a reçu à Cannes le prix spécial du jury. Car par une construction et une progression subtiles le cinéaste mêle habilement implosion du pays, du régime, de la famille et des convictions. Il en démonte les rouages, cerne au plus près les étapes, celles qui mèneront à la folie destructrice (Iman est promu juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran, et incarne le patriarcat dans le huis clos familial) ou à une prise de conscience (la mère, d’abord garante de l’ordre, tiraillée entre deux forces antagonistes, la soumission au mari et son amour maternel,  revendiquera des initiatives personnelles) ou à la vengeance (Sana  l’arme et le rôle des hautparleurs) dans une perspective qui renoue avec la mythologie (cf les dernières scènes de la seconde partie dans cette cité oubliée terreuse et labyrinthique à la force suggestive explosive)  

Une main signe un pacte  "diabolique" -ouverture du film-, une main émergera des décombres se confondant avec leur flou ocre terreux -fin de la seconde partie- des mains de manifestants brandies tels les étendards de la liberté, le film est ainsi traversé, balisé par ces indices à la puissance suggestive insoupçonnée dans l’acceptation ou le refus du pouvoir des mollahs. Il en va de même de ces forces antagonistes générationnelles (télévision vs réseaux sociaux) de cette récurrence des scènes d’interrogatoires (celui pratiqué sur les trois femmes par un « expert » dans l’art d’« extorquer » des aveux, celui pratiqué par le père dans le huis clos de la maison familiale il  filme son épouse et ses filles- prétendues coupables d’avoir « volé » et caché son arme- tout en éructant des propos injurieux) et à chaque fois se profile (invisible mais suggérée) une des manipulations du régime (interrogatoires musclés après arrestations, tortures et condamnations). L’arme de service dont la disparition signifie déchéance pour Iman est devenue prétexte au « rétablissement du principe d’autorité » mis à mal par la révolte de ses filles (qui ont choisi ouvertement le camp de l’opposition…) Quant à l’enfermement il est montré ou suggéré par le confinement imposé aux deux filles, par ces couloirs de l’administration, par ces plans récurrents sur les portes, les embrasures, les fenêtres d’où l’on écartera le voilage alors que l’on se couvre d’un voile..

Certes il y a quelques "longueurs" (épisode de la traque, séquence où la mère extrait délicatement, comme en temps réel, toutes les " balles"  de chevrotine, du visage ensanglanté et éborgné, celui de l’amie de sa fille Rezvan…même si cette scène a la portée symbolique du supplicié !)

Mais ce ne sont là que de légers  bémols qui ne sauraient ternir la force de ce film où la tension ne faiblit pas et où les individus sont littéralement broyés (émergence d’un sursaut final ?)

Est-il besoin de rappeler que le cinéaste a été condamné à l’exil (après avoir connu la prison le fouet etc..) que trois des actrices sont en exil elles aussi en Allemagne, et que le film tourné dans la clandestinité porte de ce fait, tels des stigmates, les blessures de ces douloureuses et tragiques destinées…

 

Un film à ne pas rater ! 

 

Colette Lallement-Duchoze

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20 septembre 2024 5 20 /09 /septembre /2024 06:20

De Simon Moutaïrou (France  2023)

 

Avec Ibrahima Mbaye (Massamba),Camille Cottin: (Madame La Victoire) Thiandoum Anna Diakhere : (Mati), Benoît Magimel  (Eugène Larcenet) Félix Lefebvre (Honoré Larcenet ) Vassili Schneider (Baptiste) 

 

Musique Amine Bouhafa

 

Fenêtre sur le cinéma français » du Festival du cinéma américain de Deauville 2024, en avant-première mondiale

argument: 1759, sur l'Isle de France, actuelle Île Maurice. Massamba et Mati, esclaves dans la plantation d'Eugène Larcenet, vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l'enfer vert de la canne à sucre. Une nuit, elle s'enfuit. Madame La Victoire, célèbre chasseuse d'esclaves, est engagée pour la traquer. Massamba n'a d'autre choix que de s'évader à son tour. Par cet acte, il devient un "marron", un fugitif qui rompt à jamais avec l'ordre colonial.

Ni chaînes ni maîtres

Dénoncer le système esclavagiste pratiqué par la France pendant des siècles, privilégier le problème du  « marronage », mettre en exergue une violence frontale -le spectateur adopte le point de vue du père torturé, dévasté par le chagrin mais animé par une volonté quasi surhumaine d’en découdre avec « chaînes et maîtres » - insuffler une dimension « fantastique mystique » -voix off de la femme aimée disparue en mer, effets spéciaux qui métamorphosent les éléments naturels, tout en faisant de la relation père/fille, de la traque, de la résistance à l’esclavage l’essentiel du film  et  tourner in situ (Ile Maurice en des décors immersifs)  tout cela dénote une ambition rare et qui force l’admiration…. Simon Moutaïrou dont c’est le premier long métrage s’est beaucoup documenté (l’existence de la dame chasseuse d’esclaves fugitifs, les croyances des catholiques à l’encontre des Noirs …. « Dépourvus d’âme » la révolte des esclaves) il a fait appel à des historiens, s’est inspiré aussi des ouvrages de Franz Fanon, de Césaire.

Le monolithe de 500m face à la mer fut le haut lieu de la révolte des esclaves (la plupart venant du Sénégal)  au XVIII° Le montrer de façon récurrente (souvent en contre plongée) crée le tempo (le père, pieds nus, traqué par la dame chasseuse à cheval) le père et sa fille au sein d’une communauté gage d’une dignité retrouvée (Massamba peut renouer avec la spiritualité de ses ancêtres) avant que pourchassée par les militaires cette communauté  ne rejoigne la mer, la mer toujours recommencée (circularité du film qui s’ouvrait précisément sur le corps de la femme aimée plongeant dans les abysses mais qui de sa voix enchanteresse aura su perpétuer une foi inébranlable !)

Et pourtant alors que le cinéaste se propose de revisiter le destin d'êtres humains qui risquent tout au nom de leur droit à disposer d'eux-mêmes » une fâcheuse tendance à la complaisance dans l’illustration de la « violence » en dénature les « effets » attendus! Très gros plans fixes prolongés sur les stigmates de la flagellation, sur un pied déformé gonflé par la douleur, sur le sang qui gicle de la gorge, sur cette fleur de lys marquée au fer rouge sur le bras de celle qui a tenté de fuir, sur le visage muselé du père encagé tel un chien, zooms sur le ruissellement de la douleur à fleur de peau, etc…

Et cette musique signée Amine Bouhafa  -cordes dissonantes, percussions, sonorités rugueuses des contrebasses  - qui trop souvent au lieu de souligner,  surligne les tensions….et accentue l’aspect « survival » du film

Dommage

 

Colette Lallement-Duchoze

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19 septembre 2024 4 19 /09 /septembre /2024 04:26

De Julie Delpy (France 2024)

 

avec Julie Delpy (Joëlle l’institutrice) Sandrine Kiberlain (Anne Poudoulec) Laurent Lafitte (le plombier Hervé Riou) India Hair (Géraldine Riou) Mathieu Demy (Philippe Poudoulec) Rita Hajek (Alma) Ziad Bakri (Marwan) Fares Helou (le père Hassan) Emilie Gavois Kahn (Marylin Legal) Jean Charles Clichet (le maire Sébastien Lejeune) Albert Delpy (Yves) Brigitte Roüan (restauratrice) Marc Fraize (Johnny Jannou)

 

 

Présenté en ouverture , le 27 août 2024, au Festival du film francophone d'Angoulême

Argument: À Paimpont, en Bretagne, le conseil municipal, ému par la guerre en Ukraine, décide d'accueillir une famille de réfugiés de ce pays victime de l'attaque russe. Tout le village,  galvanisé par un esprit de solidarité, se prépare dans la joie à l'arrivée de ces nouveaux arrivants. Mais compte tenu de la forte attractivité des Ukrainiens, "très demandés sur le marché des réfugiés", c'est une famille syrienne qui débarque à Paimpont. Une équipe de la télé régionale réalise un documentaire sur cette aventure. 

Les Barbares

Le prologue dénonce la politique du Deux poids deux mesures : autant il fallait aider les réfugiés ukrainiens et la médiatisation fut déterminante…, autant les autres "réfugiés"  -Syriens entre autres- suscitent méfiance rejet, la médiatisation là aussi sert de fer de lance…et  l'extrême droite qui pavane sans vergogne ! Car ce sont des barbares !  Barbaros  dans la démocratie athénienne c'était l’étranger, celui qui n’a pas droit de cité…avant de désigner le sauvage, l’inculte et le cruel (Mais rappelez vous ces propos de Claude Lévi-Strauss « le barbare est d’abord celui qui croit à la barbarie »…)

Et tous les clichés, tous les préjugés racistes sur « l’autre » sont épinglés dans cette comédie découpée en 5 actes. ("Bienvenue à Paimpont", "1 euro et Dictature", "Chez nous", "Cassé" et " Alma et Alma"),

Délicate ambition : dénoncer sans verser dans le lourdingue, rendre palpable le racisme ordinaire sans caricaturer la « ruralité »,(nous sommes à Paimpont village breton), égratigner au passage le macronisme sans l’ambition politique du pamphlet, canarder les bobos qui, sous couvert de leur désir du « bien vivre ensemble » s’achètent une bonne conscience…. Julie Delpy sait qu’elle avance sur une corde raide en « croquant ces gimmicks », elle sait par expérience aussi que la tradition française de la comédie navigue souvent en eaux troubles (et en cela les approches anglo-saxonnes sont beaucoup plus performantes…et convaincantes )

Si le public rit de bon cœur (grâce aux épousailles entre légèreté et sérieux) jamais il ne rira d'Hervé Riou (celui qui incarne le racisme le plus éhonté …) admirablement interprété par Laurent Lafitte-, ne serait-ce pas là un gage de « réussite » ? auquel on peut ajouter la volonté de la cinéaste (et actrice) de réaliser un film choral où chacun joue sa partition dans la bonne humeur (depuis son père qui incarne un anar écolo grivois  jusqu’à la propriétaire d’une crêperie – la si rare et pourtant si convaincante Brigitte Roüan, en passant par une India Hair l’épouse apparemment soumise …) avec toutefois un bémol (le manque de fluidité dans les changements de registre d’une scène à l’autre; Marc Fraize interprétant une chanson de Johnny…par exemple)

Oui le trait est souvent forcé (comique de situations -la longère qui abrite les amours clandestines de la bouchère et du  gérant de la superette, l’alcoolisme d’Anne Poudoulec, etc. ou comique de mots…et ils pullulent) même si c’est un ressort de la comédie. Oui la prédilection de Julie Delpy pour les "vues aériennes" fleure le procédé. Et surtout le traitement contrasté (famille syrienne vs villageois) est trop accentué.

Comparer les barbares et the old oak de Ken Loach ne saurait plaider en faveur du premier. Certes 

Cela étant,  malgré quelques bémols, Les barbares est un film à voir! 

 

Colette Lallement-Duchoze

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17 septembre 2024 2 17 /09 /septembre /2024 08:32

De  Boris Lojkine (France 2024)

 

avec Abou Sangare (Souleymane) Alfa Oumar Sow (Barry) Nina Meurisse (agente OFPRA) Emmanuel Yovanie (Emmanuel) Kelta Diallo (Katiadou)

 

 

Prix du Jury de la section Un certain regard (Cannes 2024)  Prix d'interprétation masculine pour Abou Sangare

Prix FIPRESCI (fédération internationale de la presse cinématographique)

Argument: Tandis qu'il pédale dans les rues de Paris pour livrer des repas, Souleymane répète son histoire. Dans deux jours, il doit passer son entretien de demande d'asile, le sésame pour obtenir des papiers. Mais Souleymane n'est pas prêt. 

L'histoire de Souleymane

Une plongée au cœur des ténèbres, un rythme trépidant (ce qui n’exclut pas des moments de pause émouvants l’ « adieu » à Katadiou la jeune femme aimée restée en Guinée par exemple ) une façon « originale » de filmer à vélo (ce qu’expliquait le réalisateur lors de la rencontre hier soir)  et voici que Boris Lojkine rend « visible » l’ubérisation de ces livreurs étrangers ivoiriens et guinéens (dont 75% de sans papiers), voici qu’il rend palpables tous les risques encourus, en immergeant le spectateur dans le vertige d’une course contre la montre quotidienne, grâce à cette caméra qui suit le.personnage de bout en bout, comme vissée à lui, collée  à sa peau – et grâce à une bande son   qui rend audible le calvaire en restituant saccades chaos et grouillements, -cliquètement entrechocs rails vrombissements- de la ville dans l'entièreté de son tissu sonore (rues, métro, dortoirs d’accueil, douches municipales, bus spéciaux) . 

Dettes à rembourser (Souleymane a loué une application téléphonique à Emmanuel) réservation au petit matin d’un endroit où « dormir » le soir, bus et métro à ne pas rater après une journée harassante de courses effrénées (rendement imposé), et à chaque étape la même angoisse, à chaque étape de ce calvaire de forçat de la rue  -on est au cœur d’une forme éhontée d’exploitation moderne- la même peur panique dans l’attente de ce « sésame » (droit d’asile, statut de réfugié politique ). Telle se donne à voir "l'histoire" de Souleymane 

Mais il est une autre « histoire » celle qu’il est contraint d’apprendre par cœur (documents précis à se procurer moyennant finances) une histoire censée faciliter l’obtention du « papier » qui légaliserait une situation, une histoire qui mêle politique engagement emprisonnement tortures dans la Guinée natale, une histoire datée avec précision, une histoire friande de détails (lieux noms des personnalités politiques ou des militants,  vérifiables) ; une histoire qui certainement correspond à une réalité mais qui n’est pas celle de Souleymane….En revanche le récit du périple (Algérie Lybie Italie) Souleymane l’a vécu dans ses horreurs accumulées (raison suffisante pour dissuader Katadiou de le rejoindre) « horreurs » que le cinéaste avait illustrées dans Hope (2015)

La dernière séquence où le face à face alterne les points de vue tout en alternant les plans sur les visages avec changement subtil d’angle de vue (et non champ contrechamp) aura son acmé dans une subjectivité retrouvée, dans et par une réappropriation sincère de soi; et même si la compassion se lit sur le visage de Nina Meurisse (elle auditionne dans le cadre de l’OFPRA -Office français de protection des réfugiés et apatrides-), et se devine dans son regard - même si la voix de Souleymane est entrecoupée de pleurs, hoquets et spasmes vont emplir un écran noir laissant au spectateur le loisir « d’imaginer la suite… » 

 

Un film aux allures de documentaire aussi vibrant que l’interprétation à fleur de peau de Sougare

Un film sur l’humain (on retiendra la séquence où à bout de souffle le livreur a monté en maugréant  les 6 étages d’un immeuble pour livrer le repas à un....vieillard impotent …à qui il va proposer spontanément son aide !;);  une humanité qui jamais ne verse dans le sentimentalisme le misérabilisme,  le manichéisme

Un film à ne pas rater lors de sa sortie le 9 octobre  

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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16 septembre 2024 1 16 /09 /septembre /2024 15:50

 

 

Le réseau des festivals de cinéma de Rouen vous invite

le lundi 30 septembre

au cinéma Omnia-République à 19h30

 

à une soirée - présentation de la saison 2024/2025 et  projection de 7  courts-métrages-

 

 

moteur.cinema.rouen

reseaumoteur@gmail.com

 

 

Soirée Moteur le 30 septembre
Soirée Moteur le 30 septembre

 Dates à retenir  

 

Regards sur la Palestine  4 au 6 octobre 2024

 

Film fantastique               8 et 9 novembre 2024

 

this is england                 16 au 24 novembre 2024

 

elles  font leur cinéma       28 février au 2 mars 2025

 

à l'Est                                14 au 16 mars 2025

 

ciné friendly                        24 au 26 avril 2025

 

courtivore                            16 mai au 14 juin 2025

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12 septembre 2024 4 12 /09 /septembre /2024 07:31

Documentaire réalisé par Mati Diop (France Bénin 2024)

 

 

Ours d'or Berlinale 2024

Argument: Novembre 2021, vingt-six trésors royaux du Dahomey s’apprêtent à quitter Paris pour être rapatriés vers leur terre d’origine, devenue le Bénin. Avec plusieurs milliers d’autres, ces œuvres furent pillées lors de l’invasion des troupes coloniales françaises en 1892. Mais comment vivre le retour de ces ancêtres dans un pays qui a dû se construire et composer avec leur absence ? Tandis que l’âme des œuvres se libère, le débat fait rage parmi les étudiants de l’université d’Abomey Calavi.

Dahomey

Les 26 œuvres élues qui retournent dans leur pays d'origine seront dans le film/documentaire de Mati Diop   "actrices et narratrices de leur épopée" . Ecoutons la voix de la statue n°26 (sculpture du roi Ghézo ) qui va parler au nom de toutes les œuvres qui resteront (encore) dans l’ombre et au nom des 26 élues. Ecoutons cette voix venue du fond des âges du fond des abysses ou des profondeurs chthoniennes…

Dans ce film à la puissance formelle novatrice audacieuse Mati Diop « restitue » les étapes d’un long voyage : en artefact le « rapatriement » (terme qu’elle préfère à « restitution ») des 26 objets royaux (raflés par le colonel Dodds en 1892, expédiés au musée du Trocadéro puis réinstallés au musée du quai Branly en 2000) depuis les coulisses du musée Chirac jusqu’au palais présidentiel de Cotonou, en passant par un empaquetage ritualisé et le transport en avion-cargo. ; simultanément la cinéaste  invite le spectateur à un voyage à travers les océans, les continents et les époques Car  elle exhume  par la fiction la mémoire de populations exilées, et cette population déportée, mise en  esclavage, colonisée, recouvre SA voix,. Un rapatriement qui va se confondre avec la restitution de soi-même, à soi-même.  

Dans un premier temps -quai Branly-, une approche très clinique mêle froideur (sous-sol aseptisé) et liturgie (délicatesse des gestes ritualisés), silence sépulcral et cliquètement de chaînes,  en une succession de plans fixes prolongés ou de "tableautins" ,- et la lente immersion dans l’intériorité des statues ira de pair avec les frôlements sur la matière que l’on caresse (le bras de l’officiant/technicien épouse parfois celui de l’exilé.e à rapatrier) avant une mise en « caisse»  telle une mise au tombeau -écran noir pour le cérémonial d’enfermement.

De retour au Bénin, l’œuvre est auscultée (d’éventuelles fissures telles des lésions sont méthodiquement consignées comme pour un diagnostic médical). La médiatisation fut telle que tout un pays en liesse fête l’événement ! Musique danses couleurs et lumière. Mais simultanément voyez ces jeunes ouvriers sur des chantiers dangereux (réfection du palais présidentiel en vue de l’expo) ou portant à bras le corps les caisses : le « rapatriement » serait un projet dont ils sont exclus ? La voix ne reconnait pas … les siens …une violence de « classes »  si patente !!!  J’ai voulu la rendre palpable tant je l’ai sentie forte au Bénin – 

En faisant se croiser des points de vue différents, la séquence où nous « entendons » les propos de jeunes étudiants met en évidence une confiscation de la mémoire. Parler de restitution n’est-ce pas parler des stigmates du colonialisme ? de mémoire et… d’amnésie , une amnésie "méthodiquement" orchestrée ?

(il y a d’autres priorités pour notre pays dit l’un, …comment être sensible à cette « histoire » alors que l’on a été nourri de Tom et Jerry…avoue un autre ; c’est un combat politique en ce qui concerne l’identité culturelle de l’Afrique ose affirmer une autre  Ce qui a été pillé est l'âme des peuples

Et  de fait  la "restitution" serait d'abord l'histoire du  "pillage" ..d'un Continent !

Or  le combat politique reste à  "reconstruire"  et Mati Diop dédie ce film en priorité à la jeunesse africaine

 Je tenais à ce que le sujet lui soit restitué et j’espère que le film participe à cette réappropriation

Un film à ne pas rater

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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11 septembre 2024 3 11 /09 /septembre /2024 15:33

Film d'animation réalisé par Michel Hazanavicius

 

avec les voix de Jean-Louis Trintignant, Dominique Blanc, Gregory Gadebois, Denis Podalydes 

 

adapté du conte éponyme de Jean-Claude Grumberg 

 

Présenté en Compétition Officielle festival de Cannes 2024

 

Sortie prévue novembre 2024

Avant-première à l'Omnia mardi 10 septembre en présence du réalisateur

Dans un bois enneigé vivent un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne, dans la solitude, la misère et le froid. Suite à une prière près de la voix-ferrée, la bûcheronne recueille un bébé, balancé d’un train où un homme a aperçu sa silhouette. Malgré les réticences de son mari, elle ramène l’enfant au chaud dans leur maison

La plus précieuse des marchandises

 

Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne”, dit la voix off (Jean -Louis Trintignant) l

Montrer l’horreur ? tendance fâcheuse au voyeurisme obscène. Ne pas la montrer ? être dans un déni injustifié voire inqualifiable… Comment trancher ? en recourant au « conte » et à l’animation. Voilà ce qu’affirmait (grosso modo ) Michel Hazanavicius hier soir lors de la rencontre après la projection de son long métrage d’animation (lequel d’ailleurs fut présenté à Cannes en compétition,) Et pourtant n’est-ce pas au même dilemme qu’ont dû être confrontés László Nemes pour le fils de Saül et plus récemment Jonathan Glazer pour La zone d’intérêt ??  Et pourtant....

En adaptant le « conte » de Grumberg Michel Hazanavicius a certes trouvé une forme d’équilibre, où la suggestion aurait le primat sur la démonstration. Même si à un moment de la narration le spectateur est « censé » voir par le regard du père biologique, rescapé au corps famélique, fantomatique, les « horreurs » des camps d’extermination (succession de dessins qui misent à la fois sur l’amoncellement et l’insoutenable (mais précisément dans le quotidien des « pauvres bûcherons polonais» cela reste hors champ…) ou encore le dessin où « découvrant » son reflet, ce père biologique « découvre» en même temps l’horreur qu’il suscite chez la gamine (sa fille !!!) Double découverte, double mise à nu… sans artifice

Suggestion au service d’une option, celle de la survie (dans le déroulé narratif) qui se confond avec celle de la Vie et de l’Amour (apologue) Et la simplicité des traits, des contours plus ou moins épais (les cernes évoqués par le cinéaste), les aplats de couleurs pour les personnages,  le blanc pour « signifier » l’irréalité des lieux -que sillonnent pourtant des trains de manière récurrente, trains de plus en plus tonitruants et rougeoyants- …le passage du figuratif à l’abstrait, les oppositions à l’intérieur d’un cadre verticalité/horizontalité,  tout cela sera gage de sobriété. Mais une sobriété qui n’exclut pas l’expressivité et les contrastes (à un moment un oiseau quittant sa branche bienfaitrice nous entraîne dans l’univers géométrique de constructions humaines où l’on devine - tas de chaussures sur lequel il vient de se poser…-- que s’accomplit « la solution finale » )

Contribution musicale d'Alexandre  Desplat ? Le cinéaste affichait sa fierté d’avoir travaillé avec lui (compositeur régulier de J Audiard Wes Anderson, ou encore Guillermo del Toro, compositeur français de cinéma renommé comme le furent en leur temps Legrand ou Delerue  …). Et pourtant ici le crissement des violons est à la fois pesant et sur-signifiant ce qui (à mon humble avis) nuit au propos (là où précisément la ténuité des dialogues et la qualité de l’image, des traits, de la composition du cadre etc… auraient suffi à rendre crédible le…cauchemar)

Un film d’animation assez « convenu » (dessins et propos)

Au final, impression mitigée….

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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10 septembre 2024 2 10 /09 /septembre /2024 09:42

de Camila Beltràn  (Colombie 2023) 

 

 Avec Stella Martinez (Mila) Hector Sanchez (David) Marcela Mar (Eva) Mallerly Aleyda Murillo Rivas (Dora)

Musique Wissam Hojeij

 

Festival Cannes 2024 ACID 

Festival Sitges (festival international fantastique de Catalogne)

Argument: Bogota 1996. Alors qu’une éclipse de lune s’apprête à toucher Bogota, les habitants redoutent l’arrivée du diable. La jeune Mila se demande, elle, si son corps ne serait pas impacté par cette terrible prophétie…

Mi Bestia

Métamorphose du corps pubère, prise de conscience douloureuse d’un phénomène traumatisant suspect et inquiétant, l’idée n’est pas originale mais la mettre en parallèle avec une prophétie -celle qui annonce avec la nouvelle lune la venue du fils du diable- et ce dans un pays où religion omniprésente se confond avec religiosité et où le regard de l’homme phallocrate abuse de ses pouvoirs maléfiques, tel sera le thème de ce premier long métrage. Lequel en outre comme dans un film expérimental teste la possibilité de juxtaposer images de teneurs et textures différentes. (rompant avec la tradition des 24 images /seconde seuil à partir duquel notre cerveau considère une succession comme fluide, Camila Beltran a travaillé en 8, 12 ou 16 images seconde accélérées ensuite en post production) d’où cette impression   de flou  de saccadé  (car il s’agissait avant tout d’exprimer par l’image ce que Mila ne peut formuler car c’est trop viscéral ; une voix off eût été incompatible cf dépliant sur le présentoir dans le hall de l'Omnia ) 

Le hic est qu’ici lourdeur et lenteur -du moins au début-  loin de surligner les effets anxiogènes,  va les étouffer et décevoir les attentes du spectateur…Coupure de courant, marécage à la flore composite par interpénétration des différents règnes,  canidés carnivores, sang qui gicle, sexe et mains ensanglanté.es, ciels tourmentés, regards affolés, lune qui rougeoie  tout cela ressemble souvent à des poncifs quand bien même on cherche à les nimber d’une aura mystique ….

Mais il y a cette jeune actrice Stella Martinez qui incarne Mila ; elle est de tous les plans (visage qui envahit le cadre au format 4,3, vue de dos comme isolée dans des rues étrangement désertes), il y a cette acuité du regard capable de tout capter en une seule et même image mêlant le réel et le fantasmé ; une mine renfrognée  qui soudain s’illumine à la vue de son copain …. Mila élevée dans une école catholique, , Mila et la « nourrice » bienveillante dépositaire de croyances, Mila et son beau-père au regard concupiscent…Mila la rebelle alors qu’à la télé on déplore la disparition de gamines de 11 13 ans (celle de Dolores Reyes par exemple) …elle boude les recommandations.(des adultes) . Et sa transformation elle va l'assumer  en passant par une métamorphose…

Le rythme ira s’accélérant jusqu’à la séquence finale et ce plan sur Bogota, vue en surplomb ; crépitante de lumières la ville brille des vives clartés de la nuit (oxymore assumé ....!)

 

Au final, impression plus que mitigée

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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9 septembre 2024 1 09 /09 /septembre /2024 08:32

De Céline Sallette (2023)

 

avec Charlotte Le Bon, (Niki) Judith Chemla (Eva Aeppli) John Robinson (Harry) Damien Bonnard (Jean Tinguely) Radu Mihaileanu (Brancusi) Jesse Guttridge (Jean-Pierre Reynaud ) Eric Pucheau (Dufrêne) Hugo Brunswick (Arman) Maxime Saint-Jean (Jean-Paul Riopelle) Romain Sandère Hugues Weiss

 

Festival de Cannes 2024 Un certain regard

 

en avant-première à l'Omnia vendredi 6 septembre  en présence de la réalisatrice 

Argument: Paris 1952, Niki s'est installée en France avec son mari et sa fille loin d'une Amérique et d'une famille étouffantes. Mais malgré la distance, Niki se voit régulièrement ébranlée par des réminiscences de son enfance qui envahissent ses pensées. Depuis l'enfer qu'elle va découvrir, Niki trouvera dans l'art une arme pour se libérer.

Niki

Un format 4,3 (enfermement), le recours aux split screen, (dissociation) le jeu sur les couleurs et les lumières, les titres à la « franc-tireuse » qui jalonnent les étapes, un tempo qui épouse tous les battements de cœur,, de la Vie de la Douleur de Niki, autant de procédés au service d’une approche à la fois frontale immersive et délicate de la plasticienne Niki de Saint-Phalle de 1952 à 1960 (une Niki admirablement interprétée par la talentueuse Charlotte Le Bon)

Un visage à la blancheur quasi spectrale enfermé dans le cadre 4,3 une voix masculine hors champ impose de légers mouvements des yeux,  c'est le plan d'ouverture. Elle c'est Niki. Mannequin, elle pose pour la revue Vogue ! Mais… Mais voici qu’une ampoule  éclate. Panne  de lumière, panique ; l’écran lumineux s’assombrit !

Un prologue qui encoderait le film ? En tout cas le « partage /dissociation» n’est -il pas le prélude au split screen, procédé assez récurrent (surtout quand ressurgit le passé, le trauma) et à la dialectique ombre et lumière, au tiraillement qui écartèle la jeune femme. Jusqu’à sa résolution; le dernier plan d'ailleurs fait écho au tout premier (à l’image lisse mais figée, s’est substitué le visage rayonnant de celle qui vient de couper ses cheveux de façon anarchique : Niki s’est libérée de ses emprises. Niki peut devenir enfin ce qu’elle est .... Grâce à l'art!! 

C'est le parcours auquel nous convie Céline Sallette dans son premier long métrage qui mêle la fureur et la douceur, le tragique (les couteaux amoncelés sous le matelas, la folie dévastatrice et ses non moins dévastatrices thérapies) et l’humour (à un amant dégoûté par ses menstrues elle répond « je croyais que tu aimais la couleur »)

S’il n’est pas un « biopic » il pèche parfois dans ses tentatives de « reconstitution » historique ou autre : on célèbre en extérieur la création du mouvement pictural les « nouveaux réalistes » (et ils sont tous présents Arman, Brancusi, JP Raynaud, Tinguely, Dufrêne…) mais que le discours d’intronisation  fleure la leçon bien apprise ! La confrontation présent/passé, à cause du format 4,3 divisé par le split screen, est traitée à la façon de vignettes (comme si on « lissait » certaines aspérités ??) Or dans le premier le père n’était-il pas censé « avaler » moins sa nourriture, que l’enfant comme l’Ugolin de Dante ou le Saturne de Goya, métaphore de l’inceste pour la réalisatrice   ???). D’autres split screen rappellent plus les écrans divisés des programmes télévisés que la « trouvaille » esthétique, narrative ou dramatique ; le jeu entre Tinguely et Niki qui se cherchent sans (encore) se trouver vire à la caricature, le passage d’une missive (capitale pour Niki qui souffre d’amnésie traumatique) grâce à ces mains qui se touchent par-delà les temporalités et les lieux différent.es, se contente de niveler les raccords et de réduire les deux temporalités à une seule   

Autant le personnage d’Eva Aeppli (Judith Chemla) est convaincant autant celui de son mari Jean Tinguely (Damien Bonnard) peine …à s’affirmer même quand il énonce le primat de la gratuité dans  l’acte créateur sur toute autre considération (à moins que ce ne  soit antiphrastique) …

Mais ce ne sont là que de légers bémols….

Un film où vous ne verrez aucune œuvre (photographie,  reproduction) Certes les ayants droit s'y sont opposés, mais comme, l’affirmait enjouée Céline Sallette lors de l’avant-première (vendredi 6 septembre) « de toute façon le sujet du film c’est comment l’art la transforme et non ce qu’elle produit »

Un film à voir !

 

Colette Lallement-Duchoze

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