1 février 2022 2 01 /02 /février /2022 10:22

 

 

 

 

 

 

 

 


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26 janvier 2022 3 26 /01 /janvier /2022 16:16

d’Ana Katz Argentine 2021

avec Daniel Katz (le frère de la réalisatrice) Valeria Lois, Julieta Zylberberg, Lide Uranga, Raquel Bank, Carlos Portaluppi, Marcos Montes

 

prix Big Screen au Festival international du film de Rotterdam

et  nominé pour le Grand prix du jury au Festival de Sundance

 

 

Actuellement sur Mubi https://mubi.com

The Dog Who Wouldn't Be Quiet (2021) | MUBI

(sortie prévue fin janvier 2022)

 

Sebastian, trentenaire, est un homme ordinaire dévoué à son fidèle chien. Un jour de pluie, des voisins se rassemblent à sa porte se plaignent des aboiements…de Rita. Qu’à cela ne tienne il l’emmène au bureau….mais on le lui interdit. Sebastian  quitte son emploi , s’installe à la campagne, et de défis en rencontres, il sera au final confronté à une catastrophe mondiale…qui impose un autre « ordre des choses »  

 

 

The dog who wouldn't be quiet

 

Le film d’Ana Katz a de quoi surprendre,  intriguer moins par le choix du noir et blanc que par la narration fragmentée et peut-être son message de « survie »

Voici une succession de tableaux comme autant de vignettes, voici des dessins comme prolongements de l’image, quand la réalité est insoutenable ou trop dramatique -ainsi de la mort du chien, ainsi du passage d’une comète qui s’en vient bouleverser l’ordre planétaire. A cela s’ajoutent des distorsions temporelles (en peu de temps et presque dans une étonnante simultanéité Sébastien connaît la rencontre amoureuse, la paternité et la rupture) et surtout le fait que les moments importants -ceux qui président à ses choix – restent délibérément hors cadre

La dernière séquence (prémonitoire ?) renvoie à une réalité qui s’est imposée à nous depuis 2020. Une pandémie qui contraint les êtres à être accroupis, à porter des casques…Serait-ce une nouvelle normalité, celle de l’anormalité ?

 

Le personnage principal au flegme apparent traverse des éclats de Vie, comme s’il était hors sol et pourtant on devine qu’il lutte pour s’adapter aux changements perpétuels (à l’instar de tous ces petits métiers qu’il pratique avec équanimité)

Un film comme voyage initiatique ?

 

Et comme souvent dans des films énigmatiques (ou porteurs de message) l’essentiel est dans le non -dit. C’est au spectateur de s’interroger sur l’ordre social « apparent » -celui qui recèle tant d’inégalités, celui qui tance vertement et/ou sanctionne les « déviants » (car le chien, dans sa relation si intime à Sébastien, n’est qu’un élément d’un « conte cruel »), celui qui impose face à l’adversité collective,  des choix auxquels il « faut » souscrire, tant est prégnante l’angoisse de la Mort ?

 

Un film que je vous recommande

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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24 janvier 2022 1 24 /01 /janvier /2022 18:50

 

 

Tournée Macao/Normandie Images avec Ouistreham

Long métrage d'Emmanuel Carrère 
produit par Curiosa Films et Cinéfrance en coproduction avec France 3 Cinéma et Mars Films
avec : Juliette Binoche, Hélène Lambert, Léa Carne

Synopsis : Marianne Winckler, une écrivaine connue, décide d’écrire un livre sur le travail précaire en vivant concrètement cette réalité. Elle se retrouve femme de ménage et découvre la vie à quelques euros près, la condition d’invisible de la société. C’est une épreuve, mais pas seulement, car au fil de son immersion elle noue des vrais liens, des liens chaleureux et même joyeux avec quelques-unes de ses compagnes de galère. De l’entraide naît l’amitié, de l’amitié la confiance. Mais que devient-elle, cette confiance, quand éclate la vérité ?

Adaptation du récit "Le Quai de Ouistreham" de Florence Aubenas paru en 2010.

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23 janvier 2022 7 23 /01 /janvier /2022 06:37

de  Régis Roinsard (France Belgique 2021)

 

avec Romain Duris, Virginie Efira, Gregory Gadebois, Solan Machado-Graner 

 

 

 Adapté du roman  d'Olivier Bourdeaut (2016).

 

Sélectionné et projeté en avant-première  le 13 octobre 2021, au Festival international du film de La Roche-sur-Yon

 

Récompenses : Festival du film du Croisic 2021 Chabrol du public et Chabrol du jury jeunes

 

 

Gary voit ses parents, Camille et Georges, danser tout le temps sur leur chanson préférée Mr. Bojangles de Nina Simone. Ils reçoivent leurs amis chez eux, entre plaisir et fantaisie. Avec le temps, Georges et son fils voient que la maman va beaucoup trop loin...

En attendant Bojangles

Harponneur de mouches tel se présente -entre autres professions et divagations farfelues énoncées avec des changements de langue et de timbre de voix- Georges (Romain Duris) à tous ces bourgeois guindés, qui gobent (ou font semblant) les paroles du bonimenteur, lors d’une garden party dans une villa luxueuse surplombant la mer. C’est la scène d’ouverture. C’est alors qu’une femme oiseau, s’impose à son regard désormais captif quoi qu’il arrive, (on se rappelle le fameux « ce fut comme une apparition » flaubertien), une colombe gracile aux gestes aériens (Virginie Efira). Rencontre épiphanique !

 

Mais dès le pas de deux, et la fuite précipitée, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond…chez ces êtres aimantés et fantasques et qui va enrayer la suite. Non pas tant la parodie de la séquence d’ouverture de « pierrot le fou » (soirée mondaine, fuite de Ferdinand avec Marianne) qu’une évidente maladresse dans la façon de filmer

 

Et de déraillement en déraillement, le couple censé incarner la folie douce-amère à la Boris Vian, préférer l’exubérance permanente au réel, patauge assez vite dans les entrechats convenus. Après le mariage, l’installation à Paris, la naissance d’un fils, les excentricités à répétitions, la vente du garage, etc.  on quitte le "fantasque"  pour le  "drame"  quand Camille est hospitalisée, internée (et là encore que de clichés !!!) et le  "vrai" château en Espagne comme antépénultième avant le saut final !!!

 

Et la musique ? trop souvent diluée (dans l’excès d’accessoires rappelant les années 50 60) ou trop illustrative (cf la soirée espagnole)

 

Certes il y a la grue superfétatoire, il y a Ordure (Gadebois) et l’admirable Gary (Solàn Machado-Graner)

Certes le film chante l’amour fou (pas nécessairement rimbaldien) en toute circonstance et l’on devine aisément que chacun des acteurs (surtout Virginie Efira) y met du sien comme on dit communément.

 

Mais il faudrait s’interroger sur ce « je ne sais quoi » qui entache quasiment tout le film (et sincèrement je n’en ai aucune envie…)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 08:26

De Samuel Kishi Leopo  (Mexique 2019)

avec Martha Ryes Arias, Maximiliano Najar Màrquez, Leonardo Nàjar Màrquez

 

En quête d’une vie meilleure, Lucia, une jeune mère mexicaine s’installe dans une chambre insalubre d’Albuquerque. Promettant à ses deux garçons d’aller à Disneyland elle les force à apprendre l’anglais à l’aide d’une cassette audio 

 

 

Los Lobos

 We want to go Disney, can I have a ticket, please?

 

Ils n’ont pas dix ans, ils ont quitté le Mexique, le regard le cœur et l’esprit emplis ce cet espoir de voir les couleurs les attractions de Disneyland leur terre promise, We want to go to Disney  …Après le défilement de vastes paysages aperçus derrière la vitre, les voici à Albuquerque, à la recherche d’un appartement …Infructueuses tentatives traitées sur un mode répétitif et accéléré ! Ce sera in fine une pièce vide, miteuse insalubre, ce sera un confinement de tous les jours dans l’attente de leur mère aimante Lucia -qui chaque matin part travailler cumulant les emplois pour leur "vie", leur "survie". Le lien avec l’extérieur ? cette fenêtre barreau, poste d’observation d’où, filmés de dos (caméra subjective avec ce double encadrement qui s’en vient dupliquer l’enfermement), ils "voient" la vie quotidienne d’autres enfants et habitants du motel

 

Filmé à hauteur d’enfants,  los lobos ne verse jamais dans le dolorisme ni le misérabilisme. Car ces gamins ont su investir de leur imaginaire, les murs de « l’appartement» par leurs dessins qui bien vite vont s’animer. Car l’espace salle à manger/chambre s’est transformé en salle de jeux (ils miment parodient, ils seront les louveteaux super héros). Car une cassette (le magnéto est un des fils narratifs du récit) sur laquelle est enregistrée la voix du grand-père s’accompagnant à la guitare, sert de lien avec leur « passé » et leur pays d’origine. Une autre sur laquelle la mère enregistre les consignes (dont la défense de sortir, l’extérieur étant le lieu de tous les dangers…) et des exercices d’apprentissage de la langue anglaise (condition sine qua non à la concrétisation de leur rêve) dicte leur "mode de vie" Les loups ne pleurent pas, les loups mordent et défendent leur maison »

 

Mais l’intrusion de l’extérieur et sa violence peuvent fissurer le monde « imaginaire » Et Max qui a enfreint les « règles » fera l’apprentissage de la « cruauté » du « mensonge » ; en ce sens los lobos serait un film initiatique (ce que corrobore aussi la thématique de l’ampoule, comme support d’un trip, qui lui fait comprendre soudainement les causes de la disparition de son père) ….

Si la frontière entre confinement et vie extérieure est poreuse son franchissement permet au cinéaste d’évoquer l’entraide dont celle apportée par Mme Chang et de porter un regard sur l’environnement : voici des habitats insalubres des lieux de vie très exigus, voici d’immenses hangars entrepôts -dont celui où travaille Lucia- qui rapetissent l’être humain, voici des routes qui semblent mener nulle part…

Et surtout voici des habitants filmés de pied en cap,  en plan fixe (à l’instar de portraits) le corps fatigué, les traits tirés, le regard hagard, signes extérieurs d’une population en « souffrance » ? en tout cas ouvrant et refermant le film ces portraits et leur environnement immédiat, sont comme le négatif de la photo du fameux « rêve américain » et dans le contexte d’une promesse de l’El Dorado, c’est l’exact antonyme de Disney ce parc de loisirs tant et tant rêvé !!!!

 

Une façon assez originale d’évoquer le déracinement, de faire vivre à hauteur d’enfants (de leurs yeux, de leurs jeux) les contraintes de l’enfermement et de l’adaptation.

Un film qui bien qu’ancré dans un souvenir personnel, vise à une forme d’universel

« Il faut apprendre à nous adapter, même si on ne quitte pas son pays »dit le cinéaste ; ce qui lui a valu le Grand prix du Jury International de Berlin

Un film que je vous recommande

 

Colette Lallement-Duchoze

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18 janvier 2022 2 18 /01 /janvier /2022 16:57

 

 

 

 

Approchez Approchez, Mesdames et Messieurs !

 

Dans le cadre de l’exposition CIRQUE ET SALTIMBANQUES actuellement au Musée des beaux-arts de Rouen, Courtivore vous propose de découvrir une sélection de courts-métrages : des fictions ou documentaires sur l’univers contemporain du cirque mais aussi des films du début du 20è siècle (Méliès, Segundo de Chomon) mettant en scène magiciens ou acrobates à l’aide des premiers trucages de l’histoire du cinéma.

 

 

Jeudi 20 janvier à 20h

 

 

Durée : 1h30 environ / Auditorium du musée des Beaux-Arts / Gratuit / Dans la limite des places disponibles

 

 

 

LE CIRQUE TOUT COURT

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18 janvier 2022 2 18 /01 /janvier /2022 07:34

Documentaire de Abdallah Al-Khatib (Liban France Qatar 2021 )

 

 Grand Prix et le Prix des Étudiants du Festival 2 Cinéma de Valenciennes 2021.

2021 : ACID Cannes - Cannes (France) –

Sélection 2021 : Visions du Réel - Nyon (Suisse) - Prix Interreligieux - Compétition Internationale Longs Métrages

Cinemed 2021 Prix Ulysse

War on Screen 2021  prix de la presse

 

Suite à la révolution syrienne, le régime de Bachar Al-Assad assiège le quartier de Yarmouk (banlieue de Damas en Syrie), plus grand camp de réfugiés palestiniens au monde. Yarmouk se retrouve alors isolé et le réalisateur témoigne des privations quotidiennes, tout en rendant hommage au courage des enfants et des habitants du quartier.

 

 

 

Little Palestine, journal d'un siège

La genèse de ce  film? Elle est expliquée dans les deux génériques. Abdallah Al-Khatib a vécu à Yarmouk, il a documenté le quotidien et quand en 2015 le camp passe sous le joug islamique, il fuit en Allemagne et c’est là qu’il « se replonge dans ce matériel filmique » où s’impose un impressionnant travail de montage Little Palestine, journal d’un siège. Un film comme « nécessité de survie » -dans les deux sens propre et figuré-. ?

 

 

Guidé par sa voix, nous allons suivre  le réalisateur à l’intérieur du camp.  Deux approches, image et texte, deux façons d’appréhender le réel, à la fois entrelacées et concomitantes  Un texte:  qui ne se contente pas d’illustrer une réalité -souvent insoutenable- mais la transcende par une réflexion à la fois politique et poétique ; l’image qui n’est pas plate reconstitution dans le "rendu" mais qui par des «"jeux" d’échos et/ou de non-dits  (le camp et le régime syrien ; l’histoire personnelle et collective) par la récurrence de certains plans (la rue, les façades, la foule) imprime au vécu testimonial (texte) une portée presque universelle ; où le temps support et attente infernale, contamine de sa férule l’exiguïté de l’espace…

 

Voici un camp -Yarmouk dans la banlieue de Damas – en état de siège-, une prison à ciel ouvert, un lieu maudit où les besoins élémentaires (nourriture, médicaments) ne seront plus satisfaits, où les concepts de Vie et Mort vont changer d’essence, d’acception, où le chant « ma Palestine » surgi du tréfonds d’un corps qui est aussi le tréfonds de l’Histoire, devient un palimpseste, où la longue séquence consacrée à une gamine déjà « désabusée » alterne avec l’errance d’un mendiant, où l’exaltation et la joie (piano en pleine rue, chants et chansons, rires d’enfants), peuvent triompher parfois des colères (cf la rue envahie de ces manifestants scandant « Yarmouk agonise ») et des servitudes,

et pourtant

Le siège est un long emprisonnement fait d’attente et d’ennui qui ne pose pas de limites aussi claires que les barreaux d’une prison : il s’étale comme un désert écrasé de chaleur en plein été. Le siège est un chemin qui conduit à la folie et au suicide, et le seul moyen d’en réchapper c’est de trouver une idée qui vaille la peine de vivre Abdallah Al Khatib

 

Petite Palestine, prolongement des souffrances de la grande Palestine ?

 

Little Palestine, journal d’un siège un documentaire qui allie l’efficacité -du témoignage-, à l’esthétique -de la forme-,  

à ne pas rater

 

Colette Lallement-Duchoze

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18 janvier 2022 2 18 /01 /janvier /2022 04:43

 

 

 

En ce début d'année, vous pourrez nous retrouver au mois de mars avec deux projections.

Le 11 mars au cinéma le Kinepolis à Rouen :
- Sur les traces de Madeleine Pelletier (militante féministe et activiste de gauche au début du siècle), documentaire de florence Sitoleux en présence de la réalisatrice.
En ouverture de cette projection, le chœur de femmes Source d'Elles, dirigé par Soléne Duparc.

Le 18 mars à l'auditorium du musée des Beaux-Arts en partenariat avec Rouen donne des Elles :
- Beyond the visible documentaire de Halina Dyrschka, sur Hilma Af Klint ( pionnière de l'art abstrait), en présence de Marie-Jo Bonnet historienne d'art.

cf  Beyond the visible - Le blog de cinexpressions

 

Elles font leur cinéma mars 2022

 

D’autres projections sont en préparation pour l’année 2022.

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15 janvier 2022 6 15 /01 /janvier /2022 14:56

 

De  Christian Schwochow. (Allemagne 2019)

 

Avec Ulrich Noethen, Tobias Moretti, Levi Eisenblätte

 

Siggi Jepsen est enfermé dans une prison pour jeunes délinquants Après avoir rendu copie blanche lors d'une épreuve de rédaction, sur  "Les joies du devoir" il est en isolement. Dans sa cellule, il se remémore la période qui a fait basculer sa vie. En 1943, son père, officier de police, est contraint de faire appliquer la loi du Reich et ses mesures liberticides à l'encontre de l'un de ses amis d'enfance, le peintre Max Nansen, privé d’exercer son métier. Siggi remet alors en cause l'autorité paternelle et se donne pour devoir de sauver Max et son œuvre...

La leçon d'allemand

Dès la séquence d’ouverture domine une atmosphère pesante, malaisante voire malsaine. Ce qu’accentue cette façon de filmer et de cadrer qui fait la part belle aux plans fixes, aux couleurs blanchâtres, aux vues en plongée ou aériennes, aux silences et aux regards plus éloquents que certains dialogues. Sigi est le seul parmi ses camarades « délinquants» à avoir rendu copie blanche ; il sera en isolement. Toutes les humiliations (se déshabiller, exposer une nudité que l’on palpe et ausculte) trouveront un écho au cours d’un récit …qui va exhumer certains pans de son passé.

 

Les joies du devoir.!!!

Flash back. 1943 Sigi enfant préadolescent est écartelé  entre le respect dû au père, Jens Ole Jepsen  -mais un père autoritaire et brutal qui obéit de façon maladive aux diktats du nazisme (le devoir comme valeur suprême)-  et un peintre Max Ludwig Nansen (ami de longue date) plus aimant, plus amène, mais condamné par le régime, au prétexte que sa peinture est de l’art dégénéré.

 

En adaptant le livre de Siegfried Lenz (paru en 1968) Christian Schwochow alterne les scènes d’intérieur (où chaque plan semble emprunter à la peinture ; la peinture n’est-elle pas au cœur du conflit ?) et les extérieurs où l’environnement spectaculaire des bords de la mer du Nord filmé avec une certaine lenteur peut faire éclater des forces vives capables de terrasser l’être humain ; beauté apollinienne de ces étendues, de l’estran, de ces grains de sable, de ces éclaircies et beauté démoniaque des essaims de mouettes, de l’horizon que noircit l’orage, des vents tumultueux. (l'artiste installé sur l'estran avoue peindre "la douleur"). Un double environnement pour le jeune Sigi et un tiraillement intérieur. Une étrange étrangeté au service d’une quête voire de cette « révélation » ? formulée par JP Sartre le devoir, c’est la volonté de l’autre en moi, l’aliénation de ma liberté propre

 

Un film qui condamne la justification des crimes nazis par le  "sens du devoir" , un film qui dénonce l’obéissance aveugle -et fatalement destructrice- à l’ordre politique mais aussi social et patriarcal (et l’acteur Ulrich Noethen qui vient du théâtre incarne avec maestria ce père impitoyable et barbare), un film qui revendique la prise de position comme expression du libre arbitre, vécue telle une évidence solaire par le peintre, mais via tout un cheminement intérieur pour Sigi et ce, malgré quelques zones d’ombre -dont les motivations peut-être inavouables qui  l’ont conduit plus tard à « voler » les tableaux

 

On peut  "déplorer"  le  parti  pris esthétisant, des longueurs, la  "rigidité cadavérique"  ou encore des raccords appuyés--sur la paume blessée par exemple-

 

Malgré ces  bémols La leçon d'allemand  est un film à voir , assurément 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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14 janvier 2022 5 14 /01 /janvier /2022 07:20

De Robert Guédiguian (France Sénégal 2021) 

 

avec Stéphane Bak, Alicia Da Luz Gomes, Saabo Balde, Ahmed Dramé 

En 1962, le Mali goûte son indépendance fraîchement acquise et la jeunesse de Bamako danse des nuits entières sur le twist venu de France et d'Amérique. Samba, le fils d'un riche commerçant, vit corps et âme l'idéal révolutionnaire : il parcourt le pays pour expliquer aux paysans les vertus du socialisme. C'est là, en pays bambara, que surgit Lara, une jeune fille mariée de force, dont la beauté et la détermination bouleversent Samba. Samba et Lara savent leur amour menacé. Mais ils espèrent que, pour eux comme pour le Mali, le ciel s'éclaircira.

Twist à Bamako

Un film hommage au photographe Malick Sidibé ? (cf générique de fin) Rappelons que Robert Guédiguian fut impressionné par la rétrospective que la fondation Cartier consacrait en 2017 au photographe, décédé en 2016. En cela le film serait réussi, si l’on admet qu’il joue le rôle de « bande son aux clichés du photographe ». Voici, en couleurs, des jeunes aux rires francs, aux corps comme désarticulés dans leurs déhanchements twistés, qui "s’éclatent"  dans des boîtes de la capitale Bamako (même si pour des raisons sécuritaires le film a été tourné au Sénégal) sur fond de musiques yé-yé et rock ; et soudainement le flux dansant se fige en un « arrêt sur image » noir et blanc -un procédé récurrent. Or c’est la même vitalité, la même frénésie la même fièvre dans une ambiance nocturne qui émanent des clichés de Malick Sidibé (cf Malick Sidibé, Mali Twist - Fondation Cartier pour l'art contemporain).

Couleurs et noir et blanc, nuit (la fièvre dansante) et jour (la fièvre émancipatrice, l’effervescence révolutionnaire) cette alternance formelle le cinéaste la met au service d’une « démonstration » aux allures de dialectique : de l’espoir (confiance absolue dans le socialisme naissant juste après l’indépendance avec Modibo Keïta) à l’amère déception (quand le pouvoir détricote les "acquis" fondés sur le collectivisme, musèle l’opposition et condamne une jeunesse "déviante" celle qui s'adonne aux plaisirs de la danse , celle qu’’incarne précisément un jeune couple : Samba le militant de la première heure et Lara cette jeune fille mariée de force qui s’échappe de la chape de plomb familiale.

Un double dynamique donc -amoureuse et politique, avec leurs icônes respectives qui tapissent les murs des chambres-  et une double confrontation -aux préjugés ancestraux d’une part qu’incarnent les chefs de village inféodés à leur pouvoir-, et aux visées affairistes d’autre part, qu’incarnent les bourgeois commerçants, soucieux avant tout de leurs bénéfices, ils ne peuvent adhérer aux idéaux socialistes de solidarité….

Mais comme souvent chez Guédiguian la démonstration se veut trop didactique…

Au tout début de Twist à Bamako la succession de saynètes censées valoriser le travail de groupe est entachée par une musique surdimensionnée, et l’épilogue (Bamako 2012) (ne pas spoiler) est assez acrobatique ; un "twist" au  sens cinématographique? un "savant gloubi boulga" ? ou tout simplement l’illustration de cette conviction ."Tout le mouvement ouvrier, les socialistes, les communistes, le mouvement syndical, ont pêché par manque de sens de la fête, du spectacle et du rire", "le twist, c'est extrêmement efficace pour remporter une victoire idéologique »

 

Colette Lallement-Duchoze

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Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

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