9 juin 2023 5 09 /06 /juin /2023 05:38

d'Ulrich Seidl (Autriche Allemagne  2022)

 

avec Georg Friedrich, Florentina Elena Pop, Hans-Michael Rehberg

Ewald s'est installé en Roumanie il y a plusieurs années. La quarantaine passée, il cherche un nouveau départ. Il quitte alors sa petite amie et part vivre dans l'arrière-pays où il ouvre un centre de judo pour jeunes garçons. Si les enfants profitent d'une nouvelle existence insouciante, la méfiance des villageois, elle, s'éveille rapidement. Ewald est alors obligé d'affronter une vérité qu'il a longtemps refoulée

Sparta

Voici cadrée en frontal une chorale de vieux, pathétique sénilité !! Et voici le fils de l’un d’eux, -ce vieillard nostalgique du nazisme (dernier rôle de Hans-Michael Rehberg auquel ce film est dédié).  Un fils aimant aimable et pourtant quel mal-être transpire de cette stature virile et timide à la fois, de cette voix fluette claire et cassée, un mal-être qui traverse l’écran et provoque un malaise chez le spectateur. Malaise qui perdurera presque tout au long de ce film. (Qu’Ewald soit en Autriche auprès de son père (en toile de fond le cynisme des maisons de soins !!) qu’il soit en Roumanie (une Roumanie aux relents gris et glauques du post soviétisme) auprès de son amante (incapable de bander il la quitte!!) ) et plus tard installé dans la région roumaine  de Transylvanie auprès de ces gamins auxquels il apprend le judo (la pédophilie à fleur de …) .

Au début, la succession de « tableautins » (avec le père, chez la belle-mère, à l’usine, chez l’amante, dans des bars glauques) en insistant sur l’absence de relations humaines authentiques, saisissait un personnage engoncé dans un mal-être. A partir du moment où il joue avec des gamins à une bataille de boules de neige il semble ragaillardi !!

Ewald un homme taraudé, rongé  par un mal intérieur  ? Conscient de ses penchants pédophiles il tente de les maîtriser et tout l’art du cinéaste est de mettre en évidence cet instant où tout risque de basculer, où les regards -ceux d’Octavian, l’enfant maltraité par un père, ceux d’Ewald emplis de tendresse et de désir, ceux du spectateur voyeur malgré lui, vont se rencontrer !! Evitement permanent! Et pourtant les photos prises  -qu’il visualise agrandit sur écran ne sauraient tromper ! Simultanément le beau-père d’Octavian lui reprochera d’être une " mauviette", de ne pas initier les enfants à la brutalité à la méchanceté (cf la mini séquence avec le lapin qu'il faut égorger avec sang-froid!!)  Empathie pour l'un répulsion pour l'autre???

Des plans séquences et des plans fixes savamment composés,  des cadres millimétrés, d’abruptes ellipses, le refus d’une moralisation banale et convenue (on dit de ce cinéaste qu’il déshabille les corps, et met à nu les âmes et si on l’accuse d’être nauséabond, cynique il rétorque « je ne suis pas un photographe de mariage ») c’est la « marque » d’Ulrich Seidl.  (Ici il filme entre autres des individus comme régénérés qui par les slogans nazis qui par le contact fébrile avec des garçons ! notre « morale » bien pensante est inéluctablement mise à mal !)

 

Un film qui dérange ? C’est une évidence ! (Comme la plupart des films de Mikael Haneke d’ailleurs)

 

Mais un film à voir !

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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