6 mars 2015 5 06 /03 /mars /2015 15:00

28 et 29 mars 2015 à l'Omnia

 

Edito

 

Pour la 4ème année consécutive, nous vous proposons un  week end de rencontre cinématographique sur l'engagement des femmes.

Vous découvrirez des films inédits à Rouen, hors circuits de distribution, qui portent un regard de femmes sur le monde en plein bouleversement.

De l'Afghanistan à la Syrie, à l'Espagne elles témoignent, et luttent pour leur dignité et leurs droits.

Dans cette programmation, des femmes individuellement et/ou  collectivement créent, inventent et résistent..

 

elles font leur cinéma

 

 

 

Samedi 28 Mars


14h00  Not who we are

Documentaire de Carol Mansour, Libano-Palestinienne. 2013. . Durée 1h10. VO/STF.
Ce documentaire présente le parcours de cinq femmes syriennes réfugiées au Liban, à travers le récit de leur quotidien en exil. Ces femmes luttent pour reconstruire leur  vie détruite par la guerre.

 

15h45  No burqas behind bars

Documentaire de Maryam Ebrahimi et Nima Sarvestani. Suède,, 2012.  Durée 1h17. VO/STF. Nima Films.

Tourné intégralement dans une prison de femmes en Afghanistan,  ce documentaire donne la parole aux détenues et se fait l’écho de leurs conditions de vie et de l'arbitraire de leur détention ainsi que de leurs espoirs

 

17h45 projection de huit courts métrages (France, Allemagne, Tunisie, Suède, Iran, Irak) qui évoquent la discrimination dont sont victimes les petites filles, adolescentes ou femmes, et leurs résistances

 

21h Slameuses

Documentaire de Catherine Tissier France 2011, 1h10

Moins connues que leurs homologues masculins  ces slameuses poétesses urbaines nous entraînent sur des estrades improvisées dans des cafés de Paris et sa banlieue, dans un slam créatif et engagé

 

Un débat aura lieu à l'issue de la projection avec la réalisatrice, accompagnée de deux slameuses qui ont participé au film

 

Dimanche 29 mars 10h30

 

IVG: un droit, des combats, une loi

 

Lecture d'extraits du discours de Simone Veil du 26 novembre 1974 devant l'Assemblée Nationale

Marie-Hélène Garnier

 

Bismarck t'es foutu

docu-fiction de Carole Equer-Hany et Martine Schemana, France 2012 durée 43'

Ce film révèle l'acharnement du régime de Vichy contre une "faiseuse d'anges ses pourvoyeuses" et ses patientes

 

Yo decido, el tren de la libertad

document collectif de 80 réalisatrices espagnoles Espagne 2014 VO/ST 42'

La marche de milliers de personnes venues de toutes les régions d'Espagne jusqu'à Madrid pour manifester et exiger le maintien en vigueur de la loi sur l'avortement

 

A l'issue de ces projections, débat en présence d'anciens militants du MLAC en 1974 et du Planning Familial

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27 février 2015 5 27 /02 /février /2015 19:02

de Fred Nicolas (F Bégaudeau a participé au scénario)

avec Camélia Pand'or, Jisca Kaivanda, Adam Hegazy

 

Ce n'est pas un énième long métrage sur la précarité, la violence, les circuits de la drogue dans les quartiers dits "déshérités" ou en "déséhérence" - même si l'ancrage social est prégnant- c'est surtout un hymne à l'amitié (ici quasi fusionnelle) : un gros plan sur les deux visages de profil puis sur celui de Lenny où perlent des larmes le donnera à voir de façon expressive!

Voici deux jeunes filles. Rien ne laissait augurer de leur rencontre et surtout de leur amitié. L'une, Lenny, marginale asociale, "aide" son frère à dealer, dans les quartiers nord de Marseille; experte dans l'art de contourner à la fois les règlements de compte et les descentes de police, elle a élu domicile dans la rue (on apprend tout dans la rue répond-elle au professeur qui tente de la récupérer alors qu'elle a abandonné le lycée)  Sa VOIE ne serait-elle pas le Rap? Elle consigne dans un carnet son vécu sublimé en poésie, qu'elle cherche à mettre en musique. L'autre, Max, une Congolaise sans-papiers, "croule" sous les responsabilités -elle  doit s'occuper de ses jeunes frères, être la garde-malade de sa grand-mère tout en poursuivant ses études. Par son sourire et sa bonté -qui d'ailleurs illuminent le film- elle saura apprivoiser Lenny la rebelle et l'aidera dans sa quête (de reconnaissance). Deux trajectoires qui fusionnent en un seul chemin initiatique. Lenny parviendra à "reconquérir" sa petite fille placée en foyer. Max même arrêtée et susceptible d'être reconduite à la frontière, garde intacte, au tréfonds, l'authenticité d'une amitié que rien ne pourra profaner! Deux musiques: celle de Mozart (concerto n°23) et celle d'un rap vindicatif, se combinent en se répondant dans les entrelacs de ces parcours! 

max-et-lenny.jpg Il convient de saluer les audaces du montage: pour éviter toute longueur inutile et/ou tout basculement  facile dans le pathos, rupture brusque et passage  à la séquence suivante (les conversations avec le frère sont parfois sibyllines, les menaces de mutilation proférées par les "caïds" sont réduites à l'essentiel, la restitution de l'ambiance chez Max ne verse pas dans un misérabilisme appuyé, etc.)

Le prologue est tout simplement époustouflant: on assiste (mouvements saccadés de la caméra à l'épaule) à une course : Lenny encapuchonnée va échapper à ses deux poursuivants "triomphants" sur leur quad. Préfiguration d'un rythme qui prévaudra presque tout au long du film: celui des fuites dans les impasses et passages tortueux où s'engouffrent les deux jeunes filles et celui d'une musique âpre dans ses hoquets mais si humaine dans ses douloureuses

revendications  !

 

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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19 février 2015 4 19 /02 /février /2015 06:43

Documentaire de Göran Hugo Olsson

 

 

"Faire parler les archives c'est la spécialité de Göran Hugo Olsson documentariste suédois passé maître dans l'art d'éclairer notre présent en mixant des images et des sons du passé" peut-on lire dans la présentation ( très pertinente; une fois n'est pas coutume) de ce film

concerning violence

Le documentariste a utilisé les archives de la télé suédoise; entre autres des extraits de films (des années 60 aux années 80) réalisés par des cinéastes suédois, dans une Afrique qui luttait pour son indépendance: guérilleros Frelimo du Mozambique; MPLA en Angola; guerres d'indépendance en Tanzanie et Guinée Bissau; entretiens avec des colons en Rhodésie, avec des mineurs grévistes du Libéria. On entend le témoignage de Thomas Sankara, officier révolutionnaire du Burkina Faso, qui refuse pour son peuple la "mentalité d'assisté" (il sera assassiné lors d'un coup d'état dont la France fut complice...).Rappelons qu'à l'époque la Suède, état "neutre", était assez critique envers les puissances impérialistes. (même si elle ne fut pas exempte de reproches, elle fut moins impliquée dans l'enfer de la colonisation et de la décolonisation que la France ou la G-B)

 

Fragmenté en 9 chapitres (= 9 scènes de l'autodéfense anti-impérialiste) respectant en cela le découpage des "Damnés de la Terre" de Frantz Fanon, ce documentaire dessine une cartographie de la VIOLENCE en Afrique. Nous entendons la voix de Lauryn Hill lisant des extraits de l'ouvrage de F Fanon, tandis que ses mots envahissent l'écran...Le choix des intertitres, la décision d'incruster le texte de Fanon dans l'image, n'est pas neutre; on peut certes penser à Godard; mais surtout on devine la volonté de "frapper" le spectateur (l'image n'est pas une illustration, imprégnez-vous du texte )

 

Étonnant! Le texte de 1960 n'est pas "daté" (hormis peut-être la théorie de "l'homme nouveau"); il reste au contraire très actuel en ce sens qu'il peut aider à "comprendre" notre présent. En démontant les mécanismes du colonialisme (Le colonialisme n'est pas une machine à penser, n'est pas un corps doué de raison. Il est la violence à l'état de nature et ne peut s'incliner que devant une plus grande violence ) Fanon semble annoncer cette surenchère de la violence (qui sévit au Proche-Orient par exemple ). En dénonçant l'équation qui subrepticement, insidieusement, assimile cause et conséquence et vice-versa (Aux colonies, l’infrastructure économique est également une superstructure. La cause est conséquence : on est riche parce que blanc et on est blanc parce que riche) il semble anticiper sur l'exploitation outrancière que les néo-colons ont faite du delta du Niger...(et l'on connaît aujourd'hui la suite tragique...)

 

L'ouvrage de F Fanon avait été préfacé par J-P Sartre lequel commit l'erreur d'y voir une "apologie de la violence" ce que rappelle Gayatri Chakravorty Spivak dans le prologue de ce documentaire dont la finalité avouée est bien de "Comprendre le mécanisme sous-jacent de la violence"

La première séquence est assez révélatrice car elle semble métaphoriser la violence : des soldats portugais tirent d'un hélico sur des vaches...(cette image ne nous rappelle-t-elle pas Apocalypse now?) Et que dire de celle où l'on voit une jeune femme mutilée d'un bras, allaitant un enfant lui-même amputé d'une jambe...???

 

" L’Europe est littéralement la création du tiers monde" (F Fanon)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

 

 

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10 février 2015 2 10 /02 /février /2015 08:55

de Harold Crooks

 

le-prix-a-payer.jpgVous méconnaissez le monde insaisissable -quasi virtuel- de la finance, de l'offshore, des géants du numérique; ou vous vous perdez dans ses arcanes et ses labyrinthes; mais vous constatez avec amertume que le "pacte social" inhérent à toute démocratie part en vrille à cause précisément de l'impunité fiscale; eh bien ce documentaire du Québécois Harold Crooks (co-réalisatrice, Brigitte Alepin,  entendue récemment sur TV5 Monde) en explique la genèse, le décrypte en mettant en évidence ses mécanismes, des rouages si bien huilés!. Découpé en chapitres, agrémenté de graphiques, il fait alterner images d'archives, extraits d'audiences, interviews d'experts -historiens, économistes, philosophes, associatifs. Il pointe du doigt la City -responsable historiquement de ce phénomène- et les territoires liés au Royaume-Uni (Bermudes, Caimans, Jersey). Absence de contrainte juridique! Procédés légaux pour éviter d'être taxé! clament les "accusés" dont Matt Brittin vice-président de Google pour le Royaume Uni -ce à quoi répond la présidente de la commission Margaret Hodge "ce que vous faites n'est peut-être pas illégal mais immoral"

À ce jour les multinationales sont défendues par des "légions" de fiscalistes et d'avocats !!!!! Car répétons-le, il ne s'agit pas de "fraude fiscale" mais "d'évasion fiscale". Hallucinant mais ô combien réaliste et amer ce constat de la journaliste Brigitte Alepin "c'est comme si 225 ans après la Révolution française on était revenu au point de départ. À l'époque le tiers état croulait sous le poids des impôts tandis que la noblesse n'en payait pas. Les classes moyennes et modestes sont le nouveau tiers état paupérisé du XXI° siècle, les multinationales, sa nouvelle noblesse"

Le documentaire ne se contente pas de mettre à plat (et lorsque ce n'est pas possible, tout semble si dématérialisé, l'image récurrente d'un ciel tourmenté de nuages menaçants le métaphorise) il "propose" aussi des "solutions". Et les témoignages d'experts aujourd'hui farouchement hostiles au système qu'ils préconisaient autrefois, des ex insiders, sont assez "convaincants" -imposer les transactions financières, adapter les règles d'imposition à l'économie numérique. Nous retiendrons la proposition de l'économiste français Thomas Piketty "seule la coopération au niveau fiscal entre les nations peut empêcher la disparition de l'impôt sur le revenu des multinationales dans les décennies à venir" ce que corrobore le message du réalisateur "dans un monde où la richesse des multinationales n'a plus d'adresse fixe, la démocratie ne peut être préservée que si nous agissons en coopérant au-delà des frontières", sinon  le prix à payer sera de toute évidence la mort de ladite démocratie !!!

 

Un documentaire à ne pas rater!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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8 février 2015 7 08 /02 /février /2015 09:19

Film russe d’Andreï Zviaguintsev

Avec Aleksey Serebryakov, Elena Lyadova, Vladimir Vdovitchenkov

 

Prix du scénario Cannes 2014

 

 

leviathan.jpgSorti en septembre 2014 sélectionné pour le "festival Télérama" en janvier 2015, ce quatrième film d’Andreï Zviaguintsev (on se rappellera "Le retour" 2003 et plus récemment "Elena" 2011) Leviathan a obtenu à Cannes le prix du scénario et pour cause!! le réalisateur s'inspirant du Livre de Job lui confère une dimension à la fois sociale (la misère) et mythique (le titre désigne tout autant la bête de l'Apocalypse que la bête "sociale et politique"russe) dans un ancrage historique facilement identifiable (la Russie post soviétique) qu'accompagne la musique répétitive et souvent inquiétante de Philip Glass

La première séquence, en train, entraîne le passager (Dmitri l'avocat venu plaider la cause de Kolia) et le spectateur, de Moscou vers la Russie du nord, au bord de la mer de Barents; Pribejny où Kolia garagiste risque d'être expulsé; le maire (incarnation du "pouvoir" ) souhaitant s'approprier ses biens pour....(on l'apprendra vers la fin dans cette scène assez terrifiante où le ballet mécanique et très sonore des grues et des pelleteuses matérialise l'inexorable dépossession)

 

Il y aura toujours des contempteurs pour dénoncer un excès de "formalisme" et pourtant!!!

Des scènes en miroir (prologue et épilogue avec leurs plans assez brefs sur une mer agitée); la récurrence de certains plans sur des carcasses de poissons, de baleine (voir l'affiche), des paysages désolés, des ruines; le travail exigeant sur les lumières les cadres, la structure même de la narration; la dialectique ombre /lumière qui parcourt tout le film; les analogies entre le métier de Lylia (elle vide des poissons décapités) et le substrat du livre de Job hameçon et capture -rappelé d'ailleurs par le pope Vassili à Kolia désemparé face à l'inclémence de Dieu- Tout cela témoigne de la puissance suggestive du film,  et de la maîtrise de son réalisateur

Malgré quelques saynètes comiques (anniversaire de Stepanytch avec le tir de portraits de présidents; "remariage" entre Kolia et Lylia) le message est assez sombre: l'individu est broyé par la mécanique d'un système où tous les pouvoirs pactisent dans une corruption généralisée; et comme la contestation est impossible car la répression est féroce, il semble "accepter" cette servitude avec la vodka comme seul exutoire...

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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6 février 2015 5 06 /02 /février /2015 05:09

Réalisé par Christian Petzold
Avec Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Nina Kunzendorf, Michael Maertens, Imogen Kogge 

 

phoenix.jpgAprès "Barbara", voici le nouveau film de Petzold.

Une jeune femme juive miraculeusement rescapée d'Auschwitz revient chez elle à Berlin. Elle est défigurée et doit faire appel à la chirurgie plastique pour retrouver son visage. Alors que son amie Lene ne rêve que de partir en Israël, elle aspire à retrouver son mari. Elle retrouvera un homme qui ne la reconnait pas mais qui veut se servir d'elle et de sa ressemblance avec sa femme qu'il croit morte, pour capter son héritage.

S'ensuit une sorte de poursuite affective pour elle, cupide pour lui qui revêt une grande violence psychologique, à certains moments difficilement supportable.

L'ambiance glauque de l'Allemagne de l'immédiat après-guerre est très bien rendue.

On peut y voir des invraisemblances mais ce n'est pas le plus important

Les acteurs sont excellents. On avait déjà vu les deux principaux dans Barbara.

La fin est formidable.

 

Isabelle Lepicard

 

 

 

 

 

Si la chanson Speak Low, (et l'interprétation dans la scène finale est saisissante) de Kurt Weill revient tel un leitmotiv est-ce parce que c'est l’histoire d’un Pygmalion qui veut épouser une femme"?.

Ne peut-on voir en outre dans le parcours de Nelly/Esther mais surtout dans la volonté du mari à "recréer" une épouse -certes dans un but bassement matériel- , une métaphore de l'Allemagne qui, après la période noire du nazisme, se "réédifia" avec opiniâtreté ?

Le film est  traversé de tant d'indices et de références (Phoenix, nom du bar américain mais qui renvoie aussi à une légende; allusions à Vertigo, Les yeux sans visage; rôle de la bicyclette comme dans Barbara) qu'il se prête à une lecture plurielle....

Colette le 11/02 

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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 10:12
Au cinéma Ariel  Mont-Saint-Aignan
du 11 au 18 février 2015
 
      www.montsaintaignan.fr    
la dove batte il sole   
horaire.jpg
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3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 07:37

de Ruben Östlund

avec Johannes Bah Kuhnke (Tomas) , Lisa Loven Kongsli (Ebba) Clara Wettergren (Vera) Vincent Wettergren (Harry)

Prix du jury Un certain regard à Cannes

 

 

 

snow-therapy.jpgBizarre comme c'est bizarre! Ce quatrième long métrage (à Angers, les festivaliers ont pu (re)voir les trois films précédents de ce cinéaste suédois de 40 ans) s'intitulait lors de sa présentation à Cannes "turist" "force majeure" un titre international; mais lors de sa sortie nationale en France, il sera rebaptisé "snow therapy" …Vous avez dit bizarre!

 

La remise en cause du modèle scandinave est une constante dans l'oeuvre d'Östlund. Ici dans un environnement laiteux -la station de ski Les Arcs- le modèle de la famille nucléaire Ebba, Tomas et leurs deux enfants Vera et Harry, si lisse au départ, (voir la scène liminaire où un photographe hors champ cherche à l'immortaliser par un cliché en "imposant" un angle de vue, une pose, pour un séjour édénique) va se lézarder suite à ….(mais vous connaissez cette suite elle est dans tous les pitchs …) et la carte postale va se fissurer

La narration n'est plus fragmentée comme dans "happy sweden" ou "the guitar mongoloid"- même si le réalisateur se plaît à couper brutalement une scène-; linéaire, elle est ponctuée par les indices temporels "premier jour de ski" "deuxième" etc ., et scandée d'une journée à l'autre par la musique de Vivaldi et par les coups de canon déclencheurs d'avalanches "contrôlées". Elle repose aussi sur l'alternance entre scènes d'intérieur et d'extérieur que relie le couloir/tunnel avec son tapis roulant. Dans un appartement somptueux -chambre 413- d'un hôtel cossu; on assiste (et la caméra est souvent fixe) aux séances de brossage de dents toujours savoureuses avec ces effets spéculaires ...on capte le regard de l'autre -cet employé vigilant- qui scrute muet la "crise" du couple; on entend les arguments fallacieux de Tomas, vaines réponses au questionnement/ ressassement d'Ebba, et on mesure les effets collatéraux de la "crise" sur les enfants qui se calfeutrent ou tancent sévèrement leurs parents. Sur les pistes, dans un univers immaculé, les personnages ne sont plus (apparemment) face à eux-mêmes, car ils sont comme "dévorés" par un environnement qui les happe dans ses sinuosités ,ses bifurcations ad infinitum. Au départ les quatre sont réunis; puis un jour Ebba désire skier seule; puis ce sera Tomas accompagné de son ami Mats (une des plus belles scènes du film quand les deux se confondent avec la poudreuse ou quand harassés ils s'agrippent comme à leur destin) et le dernier jour, le brouillard qui rend fantomatiques les quatre personnages aura "paradoxalement" un rôle rédempteur...

Un événement apparemment anodin, mais quelle "onde de choc"!!! Et si la remise en cause du couple, de son mode de fonctionnement, du rôle dévolu -abusivement- au mâle patriarche n'était qu'un cas de figure! Comme Ruben Östlund s'intéresse au comportement humain en général, la question posée n'a-t-elle pas une portée universelle "comment réagir face à une catastrophe"? l'instinct de survie l'emporte-t-il sur tout le reste? La peur quasi panique est-elle l'apanage de l'homme?



Méfions-nous  des drones domestiques qui dans la nuit ressemblent à des Ovni....

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 
 
    
Nous avons vu ce film en équipe au festival d'Arras en novembre dernier (il y portait ce titre):
 Il a suscité un débat animé sur la place attendue de l'homme dans le couple et la société... la place de l'instinct dans le fonctionnement apparemment maîtrisé, policé de cette famille suédoise.
L'univers luxueux de la station des Arcs pourrait faire oublier que la montagne peut être dangereuse, que la nature peut prendre le dessus (voir actuellement dans les Pyrénées).
La bande son du film crée pourtant dès le début une atmosphère inquiétante, on a d'emblée le sentiment que tout ne va pas être aussi simple que ça le pourrait...
Ruben Östlund était l'invité la semaine dernière de la Grande Table sur France Culture:
 Jacqueline
mardi 3/02  
     

 

 

 

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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 07:12

de Morten Tyldum

Avec Benedict Cumberbatch, Keira Knightley

 

 imitation-game.jpg

Un destin "romanesque"

 

Alan Turing mathématicien cryptologue influe sur le cours de l'Histoire en décodant Enigma (la machine allemande de cryptage)

 

Alan Turing un homosexuel qui jugé pour "indécence" en 1952 préfère la castration chimique à l'incarcération

 

Alan Turing mort en 1954 à 42 ans (pomme empoisonnée???) ...réhabilité en ….2013

 

Mais le film de Morten Tyldum ("based on a true story") biopic oscarisable est infesté par les remugles du conformisme "bien pensant"

 

L'homosexualité? Hormis quelques flash back sur l'enfance..(et encore!) elle est maquillée refoulée à l'écran par la présence de Joan Clark (Keira Knightley. peu convaincante...)

 

La découverte? Eurêka? Non elle n'est pas le fait d'un scientifique autiste...

 

Le traitement? Flash back démonstratifs, plans larges sur la machine (l'ordinateur Colossus) et ses rouages (tiens tiens la métaphore au cas où...) et même une sous-intrigue d’espionnage impliquant un des « cinq de Cambridge » et même la musique d'Alexandre Desplat n'arrangent rien...

 

 

Geeks de la planète et cinéphiles unissez-vous pour boycotter "Imitation Game"

 


J-M Denis

 

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24 janvier 2015 6 24 /01 /janvier /2015 13:59

De Boris Lojkine

 avec Justin Wang, Endurance Newton

     

 

J’ai eu la chance de voir en avant-première au festival d’Angoulême en août dernier ce film prodigieux, inoubliable qu’est Hope. (Ce film a obtenu, sous l’enthousiasme du public, le prix de la mise en scène (Valois)

          

hope.jpgHOPE est une de ces rares fictions qui donnent envie de claironner partout qu’il est urgent, indispensable, essentiel d’aller le voir !
Sur un sujet qu’on croit connaître déjà : l’exode à travers l’Afrique depuis le Cameroun pour lui (Léonard) , le Nigeria pour elle (Hope), afin d’ atteindre la terre promise... l’Europe via l’Espagne. Il fallait le talent d’un jeune cinéaste documentariste pour faire surgir un tel degré de réalisme dans la fiction.
 
On ressort de ce film épuisé, abasourdi, avec l’envie de pleurer et une immense envie d’agir. Car on y découvre le calvaire de ces pauvres hères qui se font racketter à chaque étape. La situation est encore pire pour les femmes obligées de masquer leur identité ou alors violées à chaque passage de frontières (et ils sont nombreux jusqu’au Maroc !)...La caméra filme cette escapade avec une proximité respectueuse, nous oblige à les accompagner dans ce périple infernal. Scénario d’une grande maîtrise avec un suspense au bord de l’insoutenable. On découvre avec eux l’horreur de ces refuges communautaristes à chaque étape de leur périple, gérés par une mafia de la même origine que leurs victimes. Les deux personnages tiennent grâce à leur détermination qui force l’admiration mais aussi parce qu’ils n’ont guère le choix. Dans ces exodes là on ne peut qu’essayer toujours d’avancer jusqu’à la destination. Le retour est impossible. Le réalisateur, fort modeste, en répondant à une question nous a informés qu’il existait à Tanger une douzaine de milliers d’émigrants qui sont coincés sur place, dépouillés de tout leur argent et qui ne peuvent plus continuer ou rentrer au pays. Tragédie qui augmente d’année en année, à notre porte.
 
Elle porte bien son nom la jeune femme Nigériane, (Hope) fuyant sa condition de pauvre, d’une solitude extrême, et pleine d’espoir. Elle tente de se raccrocher à cet émigrant, seul aussi, mais simplement humain. L’union fait la force et  peut même, ici, provoquer un commencement d’amour.
Boris Lojkine : un très grand réalisateur dont on reparlera !  
Serge Diaz
 
  
Des acteurs recrutés dans les bas-fonds de Casablanca....Une volonté de ne pas verser dans le manichéisme  facile (oui les migrants peuvent ête violents tout comme les passeurs et surtout le chairman); une sorte de dialectique ombre/lumière (même s'il y a plus de séquences filmées de nuit -c'est qu'il faut sans cesse se cacher);   le metteur en scène réussit son projet "raconter des vies traversées de quelque chose de plus grand qu'elles" (le dernier tableau sur le bateau de fortune dit à la fois la rupture avec le pays d'origine et l'immersion dans l'humain malgré la mort....)
Colette    
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Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

Envoyez vos articles ou vos réactions à: artessai-rouen@orange.fr.

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