24 janvier 2015
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De Boris Lojkine
avec Justin Wang, Endurance Newton
J’ai eu la chance de voir en avant-première au festival d’Angoulême en août dernier ce film prodigieux, inoubliable qu’est Hope. (Ce film a obtenu, sous l’enthousiasme du public, le prix de la mise en scène (Valois)
HOPE est une de ces rares fictions qui donnent envie de claironner partout qu’il est urgent, indispensable, essentiel d’aller le voir !
Sur un sujet qu’on croit connaître déjà : l’exode à travers l’Afrique depuis le Cameroun pour lui (Léonard) , le Nigeria pour elle (Hope), afin d’ atteindre la terre promise... l’Europe via l’Espagne. Il fallait le talent d’un jeune cinéaste documentariste pour faire surgir un tel degré de réalisme dans la fiction.
On ressort de ce film épuisé, abasourdi, avec l’envie de pleurer et une immense envie d’agir. Car on y découvre le calvaire de ces pauvres hères qui se font racketter à chaque étape. La situation est encore pire pour les femmes obligées de masquer leur identité ou alors violées à chaque passage de frontières (et ils sont nombreux jusqu’au Maroc !)...La caméra filme cette escapade avec une proximité respectueuse, nous oblige à les accompagner dans ce périple infernal. Scénario d’une grande maîtrise avec un suspense au bord de l’insoutenable. On découvre avec eux l’horreur de ces refuges communautaristes à chaque étape de leur périple, gérés par une mafia de la même origine que leurs victimes. Les deux personnages tiennent grâce à leur détermination qui force l’admiration mais aussi parce qu’ils n’ont guère le choix. Dans ces exodes là on ne peut qu’essayer toujours d’avancer jusqu’à la destination. Le retour est impossible. Le réalisateur, fort modeste, en répondant à une question nous a informés qu’il existait à Tanger une douzaine de milliers d’émigrants qui sont coincés sur place, dépouillés de tout leur argent et qui ne peuvent plus continuer ou rentrer au pays. Tragédie qui augmente d’année en année, à notre porte.
Elle porte bien son nom la jeune femme Nigériane, (Hope) fuyant sa condition de pauvre, d’une solitude extrême, et pleine d’espoir. Elle tente de se raccrocher à cet émigrant, seul aussi, mais simplement humain. L’union fait la force et peut même, ici, provoquer un commencement d’amour.
Boris Lojkine : un très grand réalisateur dont on reparlera !
Serge Diaz
Des acteurs recrutés dans les bas-fonds de Casablanca....Une volonté de ne pas verser dans le manichéisme facile (oui les migrants peuvent ête violents tout comme les passeurs et surtout le chairman); une sorte de dialectique ombre/lumière (même s'il y a plus de séquences filmées de nuit -c'est qu'il faut sans cesse se cacher); le metteur en scène réussit son projet "raconter des vies traversées de quelque chose de plus grand qu'elles" (le dernier tableau sur le bateau de fortune dit à la fois la rupture avec le pays d'origine et l'immersion dans l'humain malgré la mort....)
Colette