10 novembre 2018 6 10 /11 /novembre /2018 08:58

Documentaire réalisé par Stefano Savona

 

Oeil d'Or du meilleur documentaire Festival de Cannes 2018 (Quinzaine des Réalisateurs)

Dans la périphérie rurale de la ville de Gaza, la famille Samouni s’apprête à célébrer un mariage. C'est la première fête depuis la dernière guerre. Amal, Fouad, leurs frères et leurs cousins ont perdu leurs parents, leurs maisons et leurs oliviers. Le quartier où ils habitent est en reconstruction. Ils replantent des arbres et labourent les champs, mais une tâche plus difficile encore incombe à ces jeunes survivants : reconstruire leur propre mémoire. Au fil de leurs souvenirs, Samouni Road dresse un portrait de cette famille avant, pendant et après l’événement qui a changé leur vie à jamais.

Samouni road

Une fillette dessine à même le sol l’emplacement du sycomore ; c’est Amal -dont on apprendra qu’elle fut ensevelie sous les décombres pendant 3 jours..- Immense et majestueux cet arbre était l’emblème du quartier et de la famille Samouni en particulier, famille dont Tsahal a décimé 29 de ses membres lors de l’opération « plomb durci » en janvier 2009  Amal intimidée face à la caméra  dit ne pas savoir raconter ...mais elle sera notre guide tout comme elle sert de fil conducteur dans ce documentaire aux formes hybrides et à la temporalité éclatée.

En effet Stefano Savona nous immerge d’emblée dans une ville -ou plutôt le quartier Zeitoun- en pleine reconstruction : nous sommes en 2010 ; soit un an après la tragédie. Amal nous entraîne susurre touche avec délicatesse des pousses, montre du doigt les lieux de son enfance ; à nous de les imaginer !!!

Mais comment rendre compte des années qui ont précédé la tragédie ? Comment l’illustrer ? Dans L’image manquante  Rithy Panh avait eu recours à des figurines ; Stefano Savona, lui, a demandé à Simone Massi qui utilise la carte à gratter, de créer des images d’animations ; elles vont reconstituer les souvenirs des protagonistes (Et voici que surgissent maisons vergers mosquée, voici que prennent corps les membres de la famille qui furent sauvagement exterminés…). À cela s’ajoutera l’oeil du drone israélien (janvier 2009) qui ne voit que des silhouettes thermiques et qui confond planches de bois et lance-roquettes...épisode d’une rare intensité mais qui correspond si bien à la stratégie de Tsahal (cf Le livre noir de l’occupation israélienne ; les soldats racontent 2013). Retour aux images du présent 2009 : celles des ruines ; celles des survivants arpentant les tonnes de gravats..La future mariée ne peut contenir ses larmes « pourquoi nous marier ? Si nous allons manquer à nos enfants comme nos parents nous manquent » Une séquence douloureuse et bouleversante qui nous met face aux rescapés et à leurs mutilations (psychologiques) 

La dernière partie du film revient à son point de départ soit 2010 alors que se prépare la fête : célébration du mariage.  Le documentaire se clôt ainsi sur un authentique hymne à la Vie (Résilience? peut-être !) 

 

En optant pour ce dispositif assez complexe, le réalisateur vise à « redonner aux Samouni une existence longue, et à cesser de les ensevelir tous, les vivants et les morts sous le poids de l’événement fatal ».

Une famille de paysans non politisée, mais consciente de toutes les récupérations politiques (dont celle du Hamas ; à noter ici qu’une certaine critique s’en gargarise et justifie l’opération « plomb durci » comme riposte aux tirs de roquette; ce prétendu bien-fondé risque d’évacuer l'essentiel…l'épisode des condoléances et la présence des représentants politiques ne dure que quelques minutes dans le film..;)

Une famille établie à Gaza depuis des générations bien avant la partition, bien avant l’arrivée de réfugiés

Une famille vivant de ses oliveraies de ses vergers, de tous les travaux des champs

 

Une famille qui désormais va connaître le sort des réfugiés même si un an après la catastrophe elle réussit à « transformer une étendue de décombres et de terre rouge en un quartier cultivé et verdoyant »

 

Un documentaire coup de poing

Un documentaire à ne pas rater!!

 

Colette Lallement-Duchoze

PS à noter le lien (démontré) entre l'industrie des bijoux et les violations des droits de l'homme par Israël...

Ainsi en 2012 a été mis à jour le lien entre le groupe de diamants Steinmetz (SDG) et la brigade Givati responsable du massacre de la famille Samouni à Gaza...

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7 novembre 2018 3 07 /11 /novembre /2018 06:10

 

 

 

Du 12 au 18 novembre 2018 

 

7ème festival du court métrage britannique

 

au cinéma Omnia République Rouen

 

This is England Festival du court métrage britannique

Séances

tous les soirs du lundi 12 au samedi 17 à 20h 

 

mercredi à 14h et 17h30 projection de deux longs métrages 

                               

 

samedi 20h  remise des prix + projection du long métrage "Adult life skills"         

 

                             

 

dimanche 18 novembre 18h reprise des films primés 

 

 

Tarif

 

Tarif plein 6 euros; tarif réduit 4 euros, pass festival 21 euros

 

 

Programme:

 

32 courts métrages3 longs métrages1 concert (et demi)...

 

sans oublier les rencontres avec les équipes des films

 

 

           Télécharger le programme en PDF (7 Mo)

 

www.thisisengland-festival.com

 

 

 

 

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5 novembre 2018 1 05 /11 /novembre /2018 05:20

 D' Adilkhan Yerzhanov (Kazakhstan)

Avec  Dinara BaktybayevaKuandyk DussenbaevKulzhamiya Belzhanova

Présenté au festival de Cannes section Un Certain Regard 

La belle Saltanat et son chevalier servant Kuandyk sont amis depuis l’enfance. Criblée de dettes, la famille de Saltanat l’envoie dans la grande ville où elle est promise à un riche mariage. Escortée par Kuandyk qui veille sur elle, Saltanat quitte son village pour l’inconnu. Les deux jeunes gens se trouvent entraînés malgré eux dans une suite d’événements cruels et tentent d’y résister de toutes les façons possibles.   

La tendre indifférence du monde

Vous n’avez pas vu le film Kazak projeté à Cannes ?

Rassurez-vous, vous avez économisé une place de cinéma et évité de vous ennuyer mortellement pendant 1 H 40.

 

Très mauvais scénario, aucune beauté plastique, de l’humour lourd comme les montagnes du Caucase, une fin débile, tout sauf de la poésie : le spectateur attiré par le synopsis, la critique de Télérama, la bande annonce, se fait bien avoir !

On croit partir en voyage au Kazakstan et on est exaspéré, on a hâte que le film se termine en se demandant comment le réalisateur avait pu trouver un producteur français pour tourner un navet pareil.

 

Quand on n’a rien à dire on s’abstient au moins de faire un film.

 

Serge Diaz

 

Quelle sévérité!!
Ai vu avec un immense plaisir ce remake de Shakespeare sur l'amour interdit -et le titre emprunté à Camus portait en lui tout un programme!!!
Scénario intéressant, beauté formelle et ces clins d'oeil à Kitano
On est loin de votre "critique" si négative

Elisabeth

5/11/18

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4 novembre 2018 7 04 /11 /novembre /2018 04:50

d'Adina Pintilie (Roumanie) 

avec Laura Benson, Tomas Lemarquis, Christian Bayerlein 

Ours d'Or  Festival de Berlin 2018 et prix du meilleur premier film

 

 

Entre réalité et fiction, Touch me not suit le parcours émotionnel de Laura, Tómas et Christian qui cherchent à apprivoiser leur intimité et leur sexualité. Si cette soif d’intimité – toucher et être touché, au sens propre comme au sens figuré – les attire autant qu’elle les effraie, leur désir de se libérer de vieux schémas est plus fort. Espace de réflexion et de transformation, Touch me nots’attache à comprendre comment vivre l’intimité de manière totalement inattendue et comment aimer l’autre sans se perdre soi-même.

 

Touch me not

La caméra caresse lentement un corps allongé et voici que le grain de la peau la pilosité la verge le téton en sont comme magnifiés ; c’est le plan d’ouverture ; le corps dans sa frémissante matérialité, le corps dans les replis de l’intime, le corps qui se minéralise se fige se rétracte ou explose de désir, le corps que l’on touche ou non.

 

À travers le parcours de trois personnages et leurs expériences assez singulières, nous allons suivre la réalisatrice - elle se met d’ailleurs en scène grâce à un système de plaques de verre sur la caméra – dans son exploration de tous les paradigmes liés à la sexualité, au genre, à l’intimité, à l’amour de soi et des autres. Le dispositif -film dans le film, mélange de fiction et réalité, de fantasmes, de rêves, journaux intimes sur vidéo, fusion d’éléments écrits et d’éléments réels, acteurs de métier et non-professionnels – est précisément au service de cette exploration

 

Voici Laura ; elle se rend chaque jour dans un centre hospitalier (assister un homme handicapé et comme inerte qui pourrait être un patient ou son père?) La porte qu’elle franchit à son retour (récurrence de cette scène où vue de dos elle peine à ouvrir les battants) est comme la barrière entre deux espaces d’enfermement, dont celui d’une prison intérieure Laura cherche en effet à dénouer ses blocages physiques….elle franchira la porte avec plus d’aisance...après les séances répétées auprès d’une trans et d’un « barbu hypnotique ». Assistant à un groupe de sophrologie elle observe un homme chauve (sublime Tomas Lemarquis interprète de Noi Albinoi film islandais prix du jury en 2003 au festival du cinéma nordique de Rouen) qui découvre lui-même le corps défait d’un patient. Est-il infirmier ? En tout cas il parvient à pénétrer -au cours d’une séance de relaxation mentale- la psyché de ce Christian, un "handicapé"  atteint d’atrophie musculaire ; or ce dernier vit avec sa compagne Grit une relation sexuelle sinon débridée du moins très satisfaisante ; et "paradoxalement" c’est lui qui, dans ses discours et son comportement, sa façon d’appréhender le sexe l’intime est le moins  "handicapé". Le film aborde ainsi la question de la beauté à travers des corps qui diffèrent des normes classiques (propos de la réalisatrice cf dépliant)

 

Adina Pintilie filme l’intérieur de l’établissement comme une peinture contemporaine où la blancheur a inondé le cadre, où les formes des corps revisités en s’appropriant l’espace, le chorégraphient.

Un film/docu à la qualité visuelle et esthétique indéniable mais qui peut décevoir -ne serait-ce que par la lourdeur du dispositif ou la surenchère dans cette volonté de tout dire et tout montrer -même si la pédagogie se veut élégante

 

à voir assurément

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

Touch me not

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3 novembre 2018 6 03 /11 /novembre /2018 17:13

Du 9 au 11 novembre le  Festival du Film Fantastique de Rouen prend ses quartiers à l'Omnia et à la Halle aux Toiles

 

 

Films, courts métrages, exposants, animations, invités et dédicaces ....C'est le programme qui vous attend à l'occasion de la 10ème édition du Festival du Film Fantastique de Rouen

 Festival du Film Fantastique

 

à l'Omnia 

 

vendredi 9 novembre: des courts métrages fantastiques en compétition à 19h + projection de New York 1997 de John Carpenter à 21h30

 

samedi 10 novembre: des courts métrages fantastiques en compétition à 19h + projection de Invasion Los Angeles de John Carpenter à 21h30

 

infos sur www.rouenfantastique.com

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3 novembre 2018 6 03 /11 /novembre /2018 12:49

De Gilles Lellouche

avec  Mathieu Amalric, Benoît Poelvoorde, Philippe Katerine, Guillaume Canet, Jean-Hugues Anglade, Leïla Bekhti, Virginie Efira, Marina Foïs, Félix Moati Alban Ivanov. 

Présenté Hors Compétition au festival de Cannes

 

 

C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là réservée à la gent féminine : la natation synchronisée. Alors, oui c’est une idée plutôt bizarre, mais ce défi leur permettra de trouver un sens à leur vie...

 

Le grand bain

Le film cartonne au box office  ; la critique est dithyrambique (avec de prétendus jeux de mots ou d’esprit « on nage dans le bonheur » «la piscine est un bain amniotique ». « émotions synchronisées » « film qui brasse des larmes coulées » « plongeon grisant dans la vie de quelques personnages » .

Et pourtant !!!

Certes le film, empreint d’humanité, rompt avec les diktats du machisme (voici des quadras quinquas bedonnants et maladroits, sous la férule d’une coach paraplégique qui les rudoie, les violente ; cabossés de la vie, mal dans leur peau ils misent sur une fraternité retrouvée loin des clichés virilistes) ; certes on devine l’empathie du réalisateur pour ses personnages (et surtout pour les acteurs qui les interprètent) ; certes G Lellouche évite misérabilisme et pathos 

Mais…

 

Le film aurait gagné à être plus court :on pourra toujours rétorquer que le réalisateur tenait à illustrer leur parcours de « loser » -qu’une fin « miraculeuse » semblable à la magie qui fait entrer un cercle dans un carré – va « guérir » ; n’empêche le film patine pendant une bonne heure. A  cela s’ajoutent des blagues éculées ou des gags attendus..Le goût pour les travellings, les vues en plongée (si prégnantes dès le prologue qui se veut à la fois onirique et philosophique) et les entrechats aquatiques, trop prononcé, vire au procédé !

 

On compare « le grand bain » à the full monty, le grand jeu. Les points communs ? Un collectif improbable ; l’abandon momentané de tout ce qui corsète : on se dénude on se met à poil -sens propre et figuré-- ; la pratique par un groupe d’hommes d’une activité réservée par tradition aux femmes : strip-tease pour l’un, natation synchronisée pour l’autre. Mais dans le film britannique de 1997 on devinait la volonté du réalisateur de ne jamais détacher son intrigue comique du contexte social, -l’austérité de la politique thatchérienne… les victimes du chômage-. Dans le grand bain on aligne des cas particuliers: un chef d’entreprise surendetté (Benoît Poelvoorde/Marcus) ; un jeune et brillant directeur d’usine qui, incapable d’assumer la maladie de sa mère, fuit sa responsabilité de père (Laurent/Guillaume Canet) ; un musicien nostalgique qui ne sera jamais David Bowie (Simon/Jean-Hugues Anglade),un quinquagénaire en dépression depuis deux ans (Mathieu Amalric/Bertrand) : c’est sur son « cas » que débute le film ; c’est lui le narrateur et c’est sa voix (en off) qui clôt la « parabole » ; reste que Balasingham Tamilchelvan « l’étranger » est sur la touche (seule blague : il ne s’exprime qu’en tamoul et les autres sont censés comprendre son discours ! )

 

Comédie sociale ? Portrait de notre société à travers ces déglingués de la vie ? Peut-être et ...encore !

Opposition losers et winners ? Pourquoi pas ?

Questionnement sur la virilité dans notre société soumise à des clichés devenus normatifs ? Mais encore ?

Même les réunions de vestiaire où chacun à tour de rôle va s’épancher, peinent à témoigner de la force du collectif (impression fâcheuse que ces confessions sont plaquées artificiellement) alors qu’elles sont censées fédérer

 

Une comédie « bankable » (cf le casting…avec une mention particulière à Philippe Katerine)

A éviter

 

Colette Lallement-Duchoze

 

Bien dit !

Même si j’ai bien aimé les cadrages et vues en plongée.
 
Fabien

3 Nov 2018

 

 

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26 octobre 2018 5 26 /10 /octobre /2018 08:43

de Pawel Pawlikowski (Pologne, France, Grande-Bretagne)

avec Tomasz Kot et Joanna Kulig

Présenté en compétition officielle au festival de Cannes,  ce film a reçu le prix de la mise en scène

 

Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible.

Cold War

L’adéquation quasi alchimique entre le fond et la forme est rare (au cinéma comme en littérature)

 

Dans Ida Pawel Pawlikoski exhumait deux tabous (des juifs communistes responsables de la mort de non-communistes ; des paysans tuant des juifs qui cherchaient asile auprès d’eux) et il avait choisi le noir et blanc, le format presque carré, la lenteur hypnotique de certains plans pour rendre tangible la prise de conscience d’Ida (avant qu’elle ne prononce ses vœux). Dans Cold War -qu’il dédie à ses parents- le réalisateur suit le parcours sur une période de 15 ans, de Wiktor (Tomasz Kot acteur principal de Gods) et Zula (Joanna Kulig déjà présente dans Ida) -deux artistes polonais- victimes des soubresauts de l’histoire, celle de la guerre froide. Zula, chanteuse d’origine rurale, Wiktor directeur musical d’un programme culturel organisé par le parti ; c’est le « coup de foudre ». Amour impossible ?

 

Le récit de cette « romance » est fragmenté à l’instar du parcours des deux amants ; l’écran noir dit à chaque fois une rupture, avant que n’apparaisse en insert la mention concernant lieu et date. Ballotté de la Pologne à Paris, de Berlin en Yougoslavie, avant d’opter au final, pour l’autre côté ( où la vue sera plus belle) en rejoignant définitivement le hors champ, le couple (je t’aime moi non plus, ni avec toi ni sans toi) aura vécu -mais chacun différemment- le régime communiste (Wiktor muselé par les diktats a tout intérêt à quitter son pays, Zula vit par le chant et la danse, fussent-ils encadrés par les autorités)

 

C’est la musique sous toutes ses formes (chants populaires polonais, chants staliniens, jazz) qui a la fois fédère joue le rôle de contre point ou de révélateur ; c’est grâce à elle que se lit en creux l’époque de la « guerre froide »

 

Musique et fragmentation au service d’une œuvre à la beauté plastique sidérante ;choix du noir et blanc -pour être en conformité avec la couleur de l’âme polonaise au sortir de la guerre (cf propos du réalisateur dans le dépliant), format presque carré mais qui n’enferme plus les personnages dans le cadre, sens du contraste. Le mouvement des chorégraphies, celui des costumes qui virevoltent comme la caméra, ou des visages filmés de très près, imposent au film un rythme soutenu ; un autre tempo étant assuré par l’alternance entre scènes de groupes et duos (qu’il s’agisse de retrouvailles ou de ruptures volcaniques)

 

Une église en ruines, une icône à peine identifiable, matériau flou comme un rêve qui s’effiloche ? c’était un des plans d’ouverture ; en écho vers la fin du film,  la même église où les amants vont sceller leur union, une histoire, un destin,  sous  la  béance d’une coupole à ciel ouvert….

 

Un film à ne pas rater

 

Colette Lallement-Duchoze

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23 octobre 2018 2 23 /10 /octobre /2018 17:00

Documentaire réalisé par Nicolas Champeaux et Gilles Porte France

Présenté au festival de Cannes 

L’histoire de la lutte contre l’apartheid ne retient qu’un seul homme : Nelson Mandela. Il aurait eu cent ans cette année. Il s’est révélé au cours d’un procès historique en 1963 et 1964. Sur le banc des accusés, huit de ses camarades de lutte risquaient aussi la peine de mort. Face à un procureur zélé, ils décident ensemble de transformer leur procès en tribune contre l’apartheid. Les archives sonores des audiences, récemment exhumées, permettent de revivre au plus près ce bras de fer.

Le procès contre Mandela et les autres

Comment rendre compte d’un procès -celui de dirigeants du mouvement ANC -congrès national africain- qui s’est déroulé de juillet 1963 à juin 1964, alors qu’on ne dispose pas d’images ?. Comment combler ce manque ? Nicolas Champeaux (journaliste) et Gilles Porte (réalisateur) ont choisi pour matrice les 256 heures de bandes sonores enregistrées ; c'est la voix des "inculpés " - et celle du procureur- que nous allons entendre. Ces protagonistes (et c'est le deuxième  choix des réalisateurs ) vont "revivre" en tant que personnages dans des séquences d'animation en noir et blanc,  confiées au dessinateur Oerd van Cuijilenborg . Enfin  le spectateur est invité à entendre ceux qui ont survécu aux années de prison Denis Goldberg Ahmed Kathrada Andrew Mlangeni, mais aussi les deux avocats de Mandela George Bizos et Joel Joffe,  la femme de Mandela…le fils du procureur. Casque sur les oreilles ils écoutent -comme nous- les minutes du procès en les commentant plus de 50 ans après.

 

Un tel dispositif nous immerge dans un événement où dominent la dignité et la foi inébranlable dans l’engagement. Persuadés qu’ils allaient être exécutés les « condamnés », avec calme et conviction voire courtoisie, vont faire le procès de l’apartheid (le discours de Mandela est exemplaire) en dénonçant la violence des injustices et en plaidant  pour l’égalité des droits, face à un procureur carriériste et inhumain (Percy Yutar juif d’origine estonienne mandaté par les Afrikaners...)

 

Si les dessins frappent par leur  graphisme, le  mélange de réalisme et de fantastique, la maîtrise du noir et blanc (et leur fonction symbolique) les témoignages des "survivants" sont tout simplement bouleversants

 

Un documentaire à ne pas rater !!

 

Colette Lallement-Duchoze

Le procès contre Mandela et les autres

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22 octobre 2018 1 22 /10 /octobre /2018 06:47

De Lars von Trier  Danemark USA

avec Matt Dillon, Bruno Ganz, Uma Thurman

présenté hors compétition au festival de Cannes 

 

USA années 70/80 Jack, un tueur en série solitaire sévit dans l'état de Washington. Ingénieur perfectionniste il développe une véritable passion pour la mise en scène de ses assassinats. Maniaque il cherche à commettre le crime parfait tout en considérant chaque meurtre en soi comme une ouvre d'art....

The house that Jack built

On le sait : Lars von Trier a autant de zélateurs que de détracteurs. Ses films dérangent ? C’est tant mieux

Lors de la projection de The House That Jack Built présenté hors compétition à Cannes, beaucoup de spectateurs ont, paraît-il, quitté la salle (la séquence où Jack abat froidement deux enfants et achève leur mère leur était insupportable ; « dégoûtante » )

Même s’il emprunte à la littérature et à la mythologie et qu’il cite explicitement Dante et la Divine Comédie (l’épilogue a pour titre « catabase ») Même si Jack -tueur en série dont la pulsion créatrice prévaut à tout- est un double symbolique du réalisateur, et de Dante, il ne faut pas se tromper sur la notion d’Enfer : les images de l’épilogue renvoient au bouillonnement rouge - cette fournaise de l’imagerie traditionnelle ? Oui ; mais la vraie damnation est bien ici et maintenant « hic et nunc » Puisque tout est devenu simulacre, l’entreprise forcenée de Jack sera précisément de faire tomber. les masques En montrant ce qu’ils cachent : la Chair. Alors nous assistons à un jeu de massacres en 5 épisodes (incident) : tous les « monstres » adorés de l’Amérique -dont la famille ou la blonde pulpeuse- seront terrassés ; le « tueur » sera alors à même de (re)construire (cf titre ) en un lieu presque sanctuarisé, son Idéal….Mais humour oblige : son entreprise est soumise à des diktats (les fameux TOC dont l’hygiénisme forcené) qui risquent de faire rater la démolition. Si Jack = Lars von Trier, les « cadavres » sont comme les « dépouilles » de ses films précédents (Jack en répertorie plus de 60 ; ils sont bien conservés dans un local -chambre froide- jusqu’à ce qu’ils servent de  matériau, de portique à la Maison Nouvelle dans laquelle vont pénétrer Verge (Virgile) et Jack …A noter que jusqu'à l'épilogue Jack était censé se "confesser" à un être "invisible" (Verge, Virgile dont la voix off questionnait, tançait ou prodiguait  des conseils)

Dès lors on peut se poser la question : ce film est-il vraiment trash et gore au point d’écoeurer (sens littéral) le public ? Que nenni. L’humour est très présent et le personnage presque « pathétique » : cf ses questions à ce "faux"  inconnu , ses constantes remises en question, les contraintes qu’il s’impose , son côté enfant sadique (et des flash back sur son enfance illustrent cette propension)

Persona non grata -suite à d’étranges propos tenus à Cannes il y a quelques années- Lars von Trier nous livre une œuvre palpitante -mais non nauséeuse- où l’on retrouve ce qui fait la spécificité de sa filmographie : découpage soigné, emprunts à la littérature à la mythologie, mélange de « picturalité » et de « documentaire »

Un film irrigué de citations, de musiques (Bach, entre autres et l'image récurrente de son interprète Glenn Gould ) qui se clôt sur  « hit the road Jack » !!

Un film à l'éventail esthétique déroutant (récurrence d'une scène d'animation, images d'archives, et/ou recyclage d'images de films précédents, jump cuts -ou faux raccords, sautes d'images si perturbantes que certains  spectateurs  les assimilent à des faiblesses de montage...; mélange de grotesque et de sublime); un film provocant (confectionner un porte-monnaie avec le sein d'une victime, tuer avec un démonte-pneu...et j'en passe...) 

Film un peu long certes ; longueurs dues à une certaine complaisance dans le traitement des différents meurtres? mais n’est-ce pas une autre forme de découpage??? ou dans les digressions -même assumées?

 

Un film à voir, assurément !

 

Colette Lallement-Duchoze

The house that Jack built
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20 octobre 2018 6 20 /10 /octobre /2018 15:25

Documentaire réalisé par Florent Vassault  France, USA

scénario Cécile Vargaftig 

 

ll y a plus de 20 ans, Lindy Lou a été appelée pour faire partie d'un jury. Depuis, la culpabilité la ronge. Sa rédemption passera-t-elle par ce voyage qu'elle entame aujourd'hui à travers le Mississippi, dans le but de confronter son expérience à celle des 11 autres jurés avec lesquels elle a condamné un homme à mort ?

Lindy Lou jurée n°2

cette robe jamais plus je ne la porterai….

Les gens allaient déjeuner et nous on donnait la mort

Est-ce que je deviens folle ?

En rentrant chez moi l’émotion a été trop forte (juré n°1)

Il aurait suffi d’une voix (juré n°9)

 

Lindy Lou est une femme très croyante ; c’est une électrice républicaine ; pour elle comme pour beaucoup d'Américains  du Mississippi la peine de mort est un acte de justice qu’on ne remet pas en cause… Et pourtant …. 20 ans après avoir, en tant que jurée, condamné à mort  Bobby Wilcher (qui à 19 ans assassina deux femmes de 46 coups de couteaux…) elle est taraudée par la culpabilité et le remords. Pour avoir rendu visite au meurtrier dans les couloirs de la mort, lui avoir parlé, elle a subi l’opprobre de son entourage…

 

Sa parole enfouie le film de Florent Vassault va la libérer.

Non pas rédemption (comme on peut le lire dans le pitch) mais plutôt réconciliation avec soi..

 

C’est le réalisateur qui lui a proposé d’aller à la rencontre des autres membres du jury, afin de savoir comment eux ont vécu ce procès cette sentence et comment ils continuent de les vivre aujourd’hui !

Le documentaire s’apparente ainsi à un pèlerinage en forme de raod movie. Nous suivons Lindy Lou au volant de sa voiture, (réceptacle idéal, caisse de résonance pour un un passé ressuscité, des aveux ou des commentaires sur les personnes interviewées, ) elle se « confie » à la caméra qui restera hors champ, laissant l’intime effleurer la reviviscence. Nous traversons avec elle les paysages du Mississippi -(à la fin du documentaire une succession de plans prolongés illustre en le résumant tout le parcours de cette femme devenue « exemplaire »  A sa grande surprise certains jurés partagent ses doutes regrettent leur « geste » (d’autant que tout a été bâclé 3h30 de délibérations) remettent en cause un système, alors que d’autres ont tout oublié ou refusent de parler ou se satisfont du verdict

 

Dans ce plaidoyer contre la peine de mort, le réalisateur refuse tout regard condescendant ou arrogant, comme il refuse de bout en bout une démarche par trop démonstrative,  je veux juste chercher un point d’équilibre ;

Que Lindy Lou jurée n°2 suscite des questionnements c’est son vœu le plus cher !

Pari réussi !!

 

Colette Lallement-Duchoze

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Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

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