15 mars 2018 4 15 /03 /mars /2018 08:05

de Andrea Segre (Italie France)

avec Paolo PierobonGiuseppe BattistonOlivier Rabourdin

Rinaldi, policier italien de grande expérience, est envoyé par son gouvernement en Libye afin de négocier le maintien des migrants sur le sol africain.  Sur place, il se heurte à la complexité des rapports tribaux libyens et à la puissance des trafiquants exploitant la détresse des réfugiés. Au cours de son enquête, il rencontre dans un centre de rétention, Swada, une jeune somalienne qui le supplie de l’aider. Habituellement froid et méthodique, Rinaldi va devoir faire un choix douloureux entre sa conscience et la raison d’Etat : est-il possible de renverser l’ordre des choses ?

L'ordre des choses

Le film s’ouvre sur le plan d’une superbe villa avec son jardin ses pelouses ; elle est filmée dans la lumière du jour. (on va assister au départ de Corrado Rinaldi) À la fin, mêmes plans mais de nuit ; derrière les baies vitrées dans une lumière feutrée, c’est l’image d’une famille réunie, un cocon douillet (Rinaldi de retour a accompli sa mission). Entre ces deux scènes le spectateur l’aura accompagné en Libye (et dans ses allers et retours) où il doit "gérer l’afflux de réfugiés en provenance d’Afrique subsaharienne". Officiellement il s’agit de « contrôler les centres de rétention » que finance en partie l’UE, les droits humains sont-ils respectés ? Sur écran TV voici des opérations de sauvetage.  Une « bonne conscience » à portée d’ONG ?

La réalité est tout autre. Qu’a enjoint le supérieur à Corrado Rinaldi?... là-bas il y a le robinet et il faut le fermer. Et les fonctionnaires de police, envoyés en Libye pour négocier avec les autorités locales travaillaient en secret. C’est ce secret que le réalisateur met à nu....Depuis le fiasco de l’intervention en Libye, tribus rivales, garde-côtiers mafieux, trafiquants en tous genres, exploitent ce "commerce" d’immigrés; il faut monnayer avec eux,  soit pactiser avec le diable, au risque de bafouer les principes codifiés par des lois -ou conventions-  sur les droits des réfugiés

 

Mais la trame narrative du film repose sur un dilemme qui oppose éthique et raison d’État. Rinaldi lors de la visite d’un centre  est interpellé par une Somalienne -elle doit rejoindre son mari mathématicien en Finlande ; elle a déjà perdu un frère - . Or il peut organiser le transfert ; s’il le fait, triomphera la "bonne conscience" mais simultanément il aura trahi l’essence même de sa mission qui le lui interdit et sa propre image; dans le cas contraire ….Enjeu et suspense sont ainsi  étroitement imbriqués dans ce docu- fiction qui invite le spectateur à être le "témoin" de ses douloureuses "hésitations"  (Et il est intéressant de constater que l’homologue français -interprété par Olivier Rabourdin- a décidé, lui,  de jeter l’éponge….)

Le réalisateur insère des mini scènes d’escrime censées illustrer la "précision, la maîtrise de soi"  et la "froideur méthodique" du personnage -qui d’ailleurs est de tous les plans. De même qu’il multiplie les contrastes entre la violence des traitements infligés aux migrants et le bien-être de tous ceux qui décident de leur sort; jeux d'ombres et de lumières..

 Malgré une certaine surenchère (jeux d'antonymies,  dialogues convenus,  plans prolongés sur le personnage principal en proie aux affres de la solitude etc.) ce film a le mérite de dénoncer le cynisme éhonté qui dicte  les choix  des politiques migratoires de certains pays européens dont la France et l'Italie : on est censé défendre  les "droits de l’homme" mais on ferme les yeux sur tout ce qui les entrave en se dédouanant à peu de frais.

Laisser les migrants aux portes de l’Europe tout en sachant que leurs conditions de survie sont épouvantables...C'est   " l’ordre des choses "....?

 

Colette Lallement-Duchoze

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6 mars 2018 2 06 /03 /mars /2018 09:21

De Guillermo Del Toro USA

Avec Sally Hawkins, Michael Shannon Richard Jenkins

Lion d'Or à Venise

4 Oscars (dont meilleure musique originale d'Alexandre Desplat)

Employée d’un laboratoire gouvernemental ultra-secret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent qu'une expérience  terrible est menée sur une créature extraordinaire....

La forme de l'eau

Fable politique? Conte  fantastique ? Thriller ? Le film de Guillermo Del Toro est tout cela à la fois. Baignant presque de bout en bout dans des couleurs saturées de bleu et de vert, épousant  la "fluidité" par l'absence de plan fixe -mais où chaque plan évoque la malléabilité de l’eau de façon explicite ou suggestive-,  il est aussi la énième illustration de  la Belle et la Bête 

Il s’ouvre sur un songe -aquatique évidemment- raconté par le voisin d’Elisa  un affichiste homosexuel qui risque de perdre son emploi. Une histoire mystérieuse, comme mise en abyme du film ?

Au moment où s’éveille Elisa, le décor flottant retrouve assises et verticalité. Puis la caméra va insister sur des gestes en apparence banals (masturbation dans la baignoire, cuisson des œufs, bob comme coussinet dans le bus) gestes dont on comprendra progressivement le pouvoir signifiant. Quotidienneté de l’intime qui va se doubler de la quotidienneté professionnelle. Car Elisa jeune femme muette (l'actrice Sally Hawkins a appris la langue des signes) est employée dans un laboratoire ultra secret de l’armée. Très vite la forme de l’eau  vire au thriller fantastique : une créature mi-homme, mi-poisson pêchée en Amérique latine et dotée de pouvoirs extraordinaires, suscite l’intérêt de l’agent sadique (Michael Shannon) et du médecin de l’armée Robert Hoffstetler (Michael Stuhlbang) en fait un espion russe. Guerre froide oblige -nous sommes en 1963. Fable politique un peu simpliste ? Pas tant que cela car l’anticommunisme des ces années-là est ici tempéré par l’humanisme du médecin.

Guillermo del Toro semble plutôt se plaire à fédérer toutes les "minorités" : handicapés, latinos, noirs; minorités exécrées par les représentants du pouvoir. (le film a été écrit avant l'élection de Trump...) A un moment le monstre regarde fasciné "l’histoire de Ruth" un péplum biblique de 1960 : courte séquence sur la célébration de la différence... avec cet effet spéculaire, certes un peu facile

Un monstre ne sert-il pas avant tout à révéler la monstruosité de l’être "humain" ? Monstruosité de  Strickland -Michael Shannon- lui-même dépendant d’un supérieur qui au nom de ses  médailles fièrement arborées,  revendique son omnipotence en décidant du sort de ses subalternes (l’exposé sur la "dignité" est à cet égard très éloquent)

Et n’est-ce pas la grâce phosphorescente du monstre qui par-delà les déluges de pluie et de haine va consacrer l’amour ??

Cela étant, malgré d'indéniables qualités visuelles, malgré la prestation de l'actrice et de son "amant" , malgré le rythme et  l'humour, malgré l'adéquation entre la partition musicale et la "symphonie" liquide, on peut rester à quai...hors des mouvances et ondoiements...

Colette Lallement-Duchoze

PS je laisse aux exégètes patentés le soin de répertorier tous les « emprunts » et « références »

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5 mars 2018 1 05 /03 /mars /2018 08:10

De Luca Guadagnino USA, Italie, France

Avec Armie Hammer, Timothée Chalamet

musique 3ème pièce extraite de Miroirs pour piano de Ravel 

Prix du meilleur scénario adapté (James Ivory) Oscars 2018

 

Eté 1983 Elio  Perlman, 17 ans, passe ses vacances dans la villa du XVIIe siècle que possède sa famille en Italie, à jouer de la musique classique, à lire et à flirter avec son amie Marzia. Son père, éminent professeur spécialiste de la culture gréco-romaine, et sa mère, traductrice, lui ont donné une excellente éducation, Un jour, Oliver, un séduisant américain, qui prépare son doctorat, vient travailler auprès du père d’Elio. Elio et Oliver vont peu à peu se rapprocher..

Call me by your name

Naissance du sentiment amoureux, incandescence du désir, torture déchirante de l’absence c’est ce qu’illustre ce film adapté du roman dAndré Aciman. Mais là où le narrateur se souvenait avec nostalgie de ces intermittences du coeur, le réalisateur les inscrit dans l’instantanéité, dans le présent de l'été 1983.

 

Appelle-moi par ton nom (demande Oliver à Elio) Parce que c’était lui parce que c’était moi. Cet aveu d’une fusion non dissimulée et non contrariée qu’affichait Montaigne dans ses Essais joue ici le rôle d’exergue.

Et rien d’étonnant dans cette famille bourgeoise qui vit en osmose avec la culture gréco-romaine comme avec la nature comme avec la villa aux volets mi-clos, aux divans profonds, à la terrasse prodigieuse, On disserte sur l’étymologie, on lit les textes de Catulle...Des parents bienveillants avec leur fils Elio de 17 ans. Malgré (ou à cause de) les morsures de l’amour, ce bel éphèbe à la carrure chétive (Thimotée Chalamet) -la caméra caresse parfois son profil digne de la statuaire grecque- se recroqueville sur les cuisses du père et se love tel un bébé dans le giron maternel. Des parents qui par un silence complice encouragent sa relation avec Oliver (ce dont  témoigne à la fin l’aveu du père : il félicite son fils d’avoir vécu pleinement, sans entraves, ce si bel amour pour un autre homme) . Relation dont le réalisateur -James Ivory est le scénariste- analyse avec délicatesse les périodes d’attente, de latence et de langueur, en adoptant le point de vue de l’adolescent

Un film solaire ? Certes

Une nature luxuriante -et en parallèle ombre et fraîcheur que dispense la villa où même les matelas défraîchis semblent porteurs d’une histoire qui n’est pas seulement celle du couple Elio/Oliver-, des baignades, des virées à vélo, un bal au clair de lune, le clair-obscur d’un coucher de soleil et dans l’embrasure d’une fenêtre le torse nu dévoré par le désir, une douleur suggérée par-delà la beauté radieuse -celle d’Oliver interprété par Armie Hammer-, etc.

 

Mais ce troisième volet de la trilogie consacrée au désir (après Amore et A Bigger Splash) est, à mon avis, trop lisse, à l’instar des cartes postales de la statuaire grecque hellénistique et romaine du générique….à l'instar de  l'affiche -bleu vif, visages sereins, typo jaune qui inscrit le titre dans le ciel-...

Colette Lallement-Duchoze

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4 mars 2018 7 04 /03 /mars /2018 07:20

 

Organisée  par  l'association "Elles font leur cinéma",  la 7ème rencontre de films de femmes  aura lieu au cinéma Omnia République Rouen

 

du jeudi 22  au dimanche 25 mars 2018

 

 

 

Pass 4 séances 20 €
Tarif normal 6 €
Tarif réduit 4 €

Films de femmes 22 - 25 mars 2018

PROGRAMMATION

 

JEUDI 22 MARS 20H00
SAMI BLOOD
Avant-première
Fiction de Amanda Kernell, Norvège, Suède, Danemark, 2017, 110'

 

VENDREDI 23 MARS 20H00
LUNA

Avant-première Fiction de Elsa Diringer, France, 2017, 85'
Un échange aura lieu en présence d’Elsa Diringer, la réalisatrice et d'autres membres de l'équipe 100% féminine, dont la monteuse Sarah Ternat.

 

SAMEDI 24 MARS 15H00
LES FLEURS DU BITUME
Documentaire de Karine Morales et Caroline Pericard, France, 52'
Soutenu par la région Normandie, en partenariat avec le CNC et en association avec Normandie-Image.
Un échange aura lieu en présence d'une des réalisatrices Karine Morales et de l'ensemble des partenaires de cette séance.

COURTS METRAGES 17H00
CHASSE ROYALE LES BIGORNEAUX BLACK MAMBA LAISSEZ-MOI DANSER
DOMESTIC POLICY
Vote du prix du public à l'issue de cette séance et remise du trophée La Lucie 2018 à la réalisatrice du court métrage primé.

20H30
LIPSTICK UNDER MY BURKHA

Fiction de Alankrita Shrivastava,Inde, 2016, 132'

DIMANCHE 25 MARS

10H30
J'AI DIT OUI AUX MONOLOGUES DU VAGIN
Documentaire de Ilse Tempelaar, France, 2017 52'.
Un échange aura lieu en présence de Geneviève Robin, auteure du documentaire.

14H00
TEMPESTAD

Documentaire de Tatiana Huezo, Mexique, 2016

16H00

CARTE BLANCHE A L'EST DU NOUVEAU
Filthy de Tereza Nvotova, (Slovaquie) 

Films de femmes 22 - 25 mars 2018
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3 mars 2018 6 03 /03 /mars /2018 17:01

Documentaire réalisé par Bernhard Braunstein France Autriche

 

Dans la Bibliothèque publique d‘information, au Centre Pompidou à Paris, des personnes venant des quatre coins du monde se rencontrent chaque semaine, dans l‘Atelier de conversation pour parler français. Les réfugiés de guerre côtoient les hommes d‘affaire, les étudiants insouciants croisent les victimes de persécutions politiques. Malgré leurs différences, ils partagent des objectifs communs : apprendre la langue et trouver des allié(e)s et des ami(e)s pour pouvoir (sur) vivre à l‘étranger.

 

Atelier de conversation

Bernhard Braunstein a pratiqué lui-même cet atelier de conversation. Lors de sa venue en France en 2009, et ne parlant pas un mot de français il s’y était inscrit et avait rejoint un groupe d’étrangers, venus comme lui apprendre et/ou parfaire le français. De ce "café du monde" il réalisera un documentaire (entièrement filmé à la BPI Beaubourg)

 

Écran noir ; on entend la voix d’un animateur "aujourd’hui, on va parler des clichés, des stéréotypes" quelqu’un peut m’en donner la définition ?? Des visages vont apparaître, celui d’une Chinoise "c’est comme on dit des Chinois qu’ils mangent du chien ; or ce n’est pas vrai ; c’est seulement dans certaines régions" et son rire est communicatif. Elle est relayée par un Afghan qui pointe le cliché le plus horrible pour lui  "si on dit afghan aussitôt on pense terroriste"  le ton est donné ; l’altérité vécue dans le rire ou la  Douleur

 

Le dispositif ? Un cercle étroit. Les participants sont assis en rond sur des chaises orange ; à l’initiative de l’animateur -que l’on verra rarement mais que l’on entendra – ils vont se présenter (c’est la séquence d’ouverture) évoquer leurs sensations, sentiments, leur être-là sur une terre étrangère. Un microcosme d’où retentira la voix du monde!

Voici James, Mohammed, Sheila, Irteqa, Djamal ou Niho. Et bien d’autres. Ils sont kurdes japonais espagnols syriens afghans etc..Ils sont hommes d’affaires étudiants mais aussi réfugiés La caméra filme en gros plan ces visages qui parlent tout comme elle filme ceux qui sont à l’écoute. Cette proximité n’est pas voyeurisme ; elle capte des instants ; elle donne un corps une chair un regard à ce que, par une forme de commodité hypocrite, on appelle "les étrangers" cette masse indifférenciée -et "dangereuse" "il n’y a pas d’étrangers ; il n’y a que des gens que l’on ne connaît pas encore"

 

Quels sont les sujets de "conversation" qu’abordent ces "individus" ? Le mal du pays, la crise économique, la relation amoureuse, la solitude, les différences de comportement -dans le métro ou la façon de cuire le pain-, la difficulté à se procurer de la viande halal, à remplir de la paperasserie. On rit. On pleure. Il arrive que l'on "transgresse" la règle -bannir de la conversation les questions religieuses et politiques- comme fut tenté de le faire cet Egyptien copte…

 

Très peu de mouvements de caméra. Mais pour "contextualiser", l’espace dédié à la conversation peut être filmé vide de ses occupants. Un plan élargi nous fera découvrir l’immensité de la salle de bibliothèque alors qu’un plan d’ensemble à l’intérieur du hall saisit des personnes assises ou en marche dans le murmure de leurs activités. Une seule fois une vue en extérieur sur la ville au moment crépusculaire : un plan fixe prolongé -comme si les habitants s’étaient calfeutrés dans ces habitations presque inhumaines

 

Lors de la dernière séquence du film -et qui correspond à la fin d’une séance d’atelier- les participants sont filmés en plan moyen ; avant de quitter la « salle », ils semblent prolonger une « conversation » à deux ou trois… mais leurs échos feutrés nous sont désormais inaudibles ! Ecran noir !

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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27 février 2018 2 27 /02 /février /2018 06:44

De Hlynur Palmeson (Danemark)

avec Elliottt Crosset Hove (Emil) Simon Sears (Johan)  Lars Mikkelsen (Carl)

Winter Brothers

Ceci n'est pas un "commentaire" mais un billet d'humeur

Angers janvier 2018 festival de cinéma  "premiers plans"  : le jury présidé par Catherine Deneuve décerne le prix à "Winter brothers"  de Hlynur Palmason

En sélection officielle étaient présentés entre autres "jusqu’à la garde" qui tient encore l’affiche ici à Rouen... "les garçons sauvages"  que vous pourrez voir lundi 5 mars en présence du réalisateur...

Winter brothers est le premier long métrage du plasticien vidéaste réalisateur Hlynur Palmason (d’origine islandaise il a fait ses études de cinéma au Danemark; le film a été tourné dans une carrière de calcaire danoise; le cinéaste avait procédé aux "repérages" avec sa chef opératrice un an avant le tournage)

Voici un film qui par-delà la performance picturale et sensorielle (expression déclinée ad libitum, j'en conviens....) traite d’un "drame" intime qui sert de dynamique interne : la souffrance d’un être en quête d’amour mais désespérément seul (admirablement interprété par Elliott Crosset Hove). Voici un film où la bande-son magistralement travaillée a été conçue pour être l’intérieur alors que l’image  est comme l’extérieur (propos du réalisateur)

Le cinéaste à l’issue d’une projection -à Angers- a répondu élégant, sobre et précis aux questions pertinentes posées par des spectateurs sur le casting, la musique, les jeux de contrastes, les symbolismes, etc. (l’animateur, précisons-le, menait avec intelligence le débat ; condition sine qua non pour que l’échange entre public et réalisateur soit positif....)

Commenter les  qualités indéniables et singulières de Winter brothers serait frappé d'inanité, car elles  risquent d’être absorbées -pour ne pas dire englouties- par les conditions matérielles douteuses des salles dans lesquelles ce film  est projeté (paroles de spectateurs…..) 

De plus,  il  n’a bénéficié que de deux séances/jour -du 21 au 27/02- et ne sera projeté que 4 fois du 28/02 au 6/03

Un film qui ne marche pas  Dira-t-on…...

Mais pourrait-il en être autrement compte tenu des remarques ci-dessus…. ?

Colette Lallement-Duchoze

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22 février 2018 4 22 /02 /février /2018 06:13

Documentaire réalisé par Gilles Perret 

Avec ses hauts, ses bas, sa tendresse, son humour, et sa virulence, Jean-Luc Mélenchon est un vrai personnage de film. Qu'il soit haï ou adulé, il ne laisse personne indifférent.  Sa campagne présidentielle de 2017 n'a ressemblé à aucune autre dans le paysage politique contemporain. C'est durant ces moments intenses de sa vie, et de celle de la France, que Gilles Perret l'a accompagné au plus près.  Une période propice à la découverte des côtés moins connus d'un homme indissociable de sa pensée politique

L'insoumis
Ce documentaire fait revivre à travers les meetings de Jean Luc Mélenchon des moments de la dernière campagne électorale présidentielle.
Le ton est à l’empathie envers ce personnage actuellement incontournable pour une alternative politique de gauche radicale.
 
Gilles Perret réalise un montage chronologique habile, tutoie le candidat,  joue la carte de l’honnêteté en le montrant avec ses faiblesses. Certes notre Insoumis n’est pas un surhomme et clame à qui veut l’entendre qu’il n’y a pas de sauveur suprême mais le spectateur averti peut douter parfois de la sincérité de ses propos et de sa modestie.
Reste des traits d’intelligence politique, une lucidité dans l’analyse de classes, une capacité oratoire et une force de conviction certaine. Ce que dit JLM a déjà été dit par d’autres du même camp (je pense aux communistes) mais il le dit bien,  librement, passionnément, c’est ce qui fait son attrait et son succès.
 
La scène où JLM sort d’une émission avec Patrick Cohen et d’une poignée d’autres journalistes du même sérail télécommandé  est riche d’enseignement pour les spectateurs qui ne verraient pas des militants derrière le masque des journalistes politiques des services publics. Il y a certains journaux (en référence au journaux Le Monde, Le Figaro, Les échos, Aujourd'hui, Libération,...) qui sont des tracts que les gens achètent, dit il avec raison.
 
La fin est amère mais non sans une once d’espoir car il faut reconnaître à ce vieux routard de la politique qu’il sait s’entourer de jeunes, les comprendre, les stimuler et c’est certainement là l’essentiel pour notre avenir à tous.
 
Serge Diaz

 

 

Gilles Perret était venu à Rouen présenter son documentaire; c'était  début février

Il avouait être effaré par les réactions négatives de certains directeurs de salle qui ont refusé de diffuser L'Insoumis ....le prétexte invoqué alors qu'ils ne l'avaient peut-être pas encore vu ? film de propagande.... (tiens! tiens! et le film sur Macron candidat  non??) 

Or, dans ce documentaire pas d'image d'archive (comme dans les hagiographies) pas de voix off (comme dans les reportages formatés pour la télévision) et on est loin de l'image béate d'admiration que proposerait G Perret  (comme s'ingénient à le répéter certains journaleux en service télécommandé)

Mais au fait, certains spectateurs,  critiques ou directeurs de salle ne réagissent-ils pas comme l'équipe de C à vous  qui , délibérément, avait confondu l'homme et le programme politique ou pire -n'ayant pas connaissance du programme du candidat- s'ingéniait à le caricaturer pour son tempérament colérique, sa perte de sang-froid??? alors que la même équipe adopte un tout autre comportement si  l'invité se plie  servilement  aux règles ou correspond à l'idéologie véhiculée sur le plateau....

Colette

 

 

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21 février 2018 3 21 /02 /février /2018 09:20

D' Antony Cordier 

Avec Félix Moati (Gaspard) Laetitia Dosch (Laura) Christa Théret (Coline) Guillaume Gouix (Virgil) Johan Heldenberg (Max le père) Marina Foïs (Peggy la vétérinaire)

Après s'être tenu prudemment à l'écart pendant des années, Gaspard, 25 ans, doit renouer avec sa famille à l'annonce du remariage de son père. Accompagné de Laura, une fille fantasque qui accepte de jouer sa petite amie le temps du mariage, il se sent enfin prêt à remettre les pieds dans le zoo de ses parents et y retrouver les singes et les fauves qui l'ont vu grandir... .

Gaspard va au mariage

Drôle et fantasque ce film d’Antony Cordier se prête aisément (trop peut-être) à une lecture plurielle

Le lieu ? Un zoo où humains et animaux vivent en "bonne compagnie" Or cette unité de lieu -avec ses espaces dédaléens : l’enclos, les coulisses, la forêt avoisinante- se transforme par métaphore en cet espace labyrinthique du passé qui resurgit à la faveur de flash-back (relation avec la mère tragiquement disparue, rapports "incestueux" entre Gaspard et Coline) et c’est de ce passé encore prégnant qu’il convient de se départir, de s'arracher; l’aventure de Gaspard -qui s’est déplacé pour assister au remariage du père- est précisément cette tentative de libération "trouver quelqu’un qu’on aime plus que sa famille"

Gaspard va au mariage ou les derniers jours de l'enfance...

Les trois chapitres (suivis d’un épilogue) qui  structurent  le film à la manière d’un livre de contes, sont censés apporter un éclairage particulier sur "la petite amie imaginaire" " l’homme d’une seule femme", "celle qui mange les racines"  mais ce n’est que trompe-l’oeil…le spectateur s'étant déjà "familiarisé" avec chacun des trois (faux encarts godardiens?) 

La longue séquence d’ouverture avait donné le ton: des zadistes(?) menottés sur des rails manifestent en bloquant le passage d’un train … Et ce pseudo déraillement va encoder tout le film. Voici Coline : affublée d’une peau d’ours, elle rappelle le personnage de "peau d’âne" (telle une ursidée elle renifle, se gratte contre les arbres .....) ; voici le père qui se plonge nu dans un aquarium où des poissons suceurs vont soigner son psoriasis…voici un jeune tigre qui arpente avec aisance l’intérieur de la demeure familiale ; voici des gibbons chanteurs, un tapir câlin. Des humains qui se dénudent sans exhibition . Un zoo authentique géré par une famille (zoo miniature) sous le regard parfois halluciné de Laura !!

Aux rappels du génie inventif de Gaspard (parachutes pour bouchons de champagne par exemple) répondent en écho inversé des menaces qui vont fissurer ce milieu (protégé?): des chiens sauvages s’attaquent aux animaux les plus fragiles ; d’énormes difficultés financières vont sonner  le glas de l’entreprise familiale...

Comédie douce amère, conte initiatique, ce film est d’abord une respiration ; elle a bien sûr des hoquets (traitement des flash-back, faux rebondissements, épilogue plus ou moins attendu, symbolisme parfois appuyé …) mais elle n’en est pas moins tonique ne serait-ce que par le mariage entre tendresse et burlesque et le questionnement assez original sur notre part d’animalité

 

Colette Lallement-Duchoze

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18 février 2018 7 18 /02 /février /2018 07:30

de Leonardo Di Costanzo (Italie Suisse France)

 

avec  Raffaella Giordano (Giovanna) , Valentina Vannino (Maria) , Martina Abbate (Rita) 

 

présenté au festival de Cannes (quinzaine des réalisateurs) 

programmé à l'Ariel Mont Saint Aignan (Settimana italiana 14-20 février 2018) 

 

Naples. Aujourd’hui. Giovanna, travailleuse sociale combative de 60 ans, fait face à une criminalité omniprésente. Elle gère un centre qui s’occupe d’enfants défavorisés et offre ainsi une alternative à la domination mafieuse de la ville. Un jour, l’épouse d’un criminel impitoyable de la Camorra, la jeune Maria, en fuite avec ses deux enfants, se réfugie dans ce centre. Lorsqu’elle lui demande sa protection, Giovanna se retrouve confrontée, telle une Antigone moderne, à un dilemme moral qui menace de détruire son travail et sa vie.

L'Intrusa

Comment la mafia -qui reste hors champ – contamine par la peur qu’elle suscite, les relations sociales à l’intérieur d’un centre d’aide à des enfants des quartiers pauvres de Naples, c’est tout l’enjeu de ce film qui tient à la fois du documentaire et de la fiction

Un film construit sur une unité de lieu : la Masseria qui va devenir un personnage à part entière. Enclave cernée par les tours de béton (cf les premiers plans) cette ville miniature -avec ses allées et venues, son mouvement, ses activités mais aussi ses tensions est un havre de réconfort une alternative à la puissance mafieuse. Cette structure sociale auto financée est animée par des bénévoles et dirigée par Giovanna -une des fondatrices- Giovanna -au regard bleu acier, celle que l’on respecte, celle qui prône la philosophie du vivre ensemble quelle que soit l’origine des parents, quel que soit leur passé proche ou lointain.

L’arrivée de Maria l’épouse d’un criminel de la mafia locale vient enrayer le mécanisme : l’unité du groupe se fissure. Seule Giovanna garde intacte sa foi en une conciliation, réconciliation; mais de sa décision dépendra l'avenir du Centre... L’exemple de Rita lui donnerait-il raison ? Rita l’aînée des deux enfants de Maria s’intègre progressivement au groupe- la caméra qui filme à sa hauteur en illustre les différentes étapes. Mais la dernière séquence -celle de la fête où triomphe Mister Jones ce robot fabriqué par des gamins dont Rita – est aussi celle où triomphe la volonté des mères et des officiels...une volonté dominée par la Peur!

 

Le personnage de Maria l'intruse, (certains gros plans sur son visage ovale en font presque une madone de la peinture italienne) intrigue de bout en bout ; car le film suggère plus qu’il ne dit explicitement. Son apparence farouche, ses réparties violentes ou ses fins de non recevoir ne cachent-elles pas une blessure profonde ? Elle n’obéit pas aux sommations de la belle famille, elle ne rend pas visite à son mari écroué… Or elle subit à la fois le mépris et l’opprobre, recluse telle une bête traquée (seule Giovanna a sondé cette tourmente intérieure) Que signifie son départ précipité – à l’insu de tous ???

 

Concilier ses principes et les pièges du réel c’est le combat de Giovanna. Elle est quasiment de tous les plans. (en face à face avec les officiels ou Maria, fondue dans le groupe pour participer aux activités collectives ou seule dans le silence de son dilemme!!). Sa performance ? Rendre palpable et tangible cette vibration intérieure faite de rage et d’amour. Et la scène récurrente où la caméra la suit au moment crépusculaire,  déambulant  seule, dans la ville, illustre peut-être sa marche vers.....Réalisme ? Utopie ?...

 

Colette Lallement-Duchoze 

 

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12 février 2018 1 12 /02 /février /2018 10:14

Documentaire de Jean LibonYves Hinant

France Belgique

Ni Juge ni soumise est le premier long-métrage issu de StripTease , émission culte de la télévision belge. Pendant 3 ans les réalisateurs ont suivi, à Bruxelles, la juge Anne Gruwez au cours d'enquêtes criminelles, d’auditions, de visites, de scènes de crime.

Ni juge, ni soumise
Rares sont les films où le spectateur rit encore plusieurs heures après être sorti du cinéma. Sur des sujets graves d’autres moins les deux réalisateurs de Strip-tease nous donnent à voir une anthologie de l’humour belge irrésistible, naif, profondément ancré dans l’humain, genre unique entre rêve et réalité.
 
Absolument désopilant !
Les scènes s’enchaînent sans temps mort. La juge d’instruction hors du commun nous désarçonne tout comme elle désarçonne ses clients. La scène des 3 membres d’une famille aux mariages consanguins est une anthologie inoubliablement drôle. La scène, vers la fin,  de la jeune mère djihadiste infanticide nous rappelle que la tragédie est sœur jumelle de la comédie.
 
En ces temps de grisaille hivernale, aller voir ce film est plus efficace pour la santé qu’un tube d’aspirine.
Et vous comprendrez le pourquoi de l’avertissement en préambule : “âmes sensibles s’abstenir”....de l’humour noir en prime.
 
Serge Diaz

 

 

Est-ce un documentaire, ou une fiction ? De l’art ou du cochon ? Ce n’est pas du cinéma....c’est pire  affirment les réalisateurs...

Oui bien évidemment d'un côté la truculence d'un personnage la juge Anne Gruwez -et le montage va accentuer ses traits les plus saillants, et de l'autre -mais simultanément- ces accusés, cabossés de la vie, des hommes surtout (pourquoi?) issus de l’immigration (tiens tiens...)

Alors certes on "rit" de bon coeur tant les réparties sont savoureuses

alors certes avec le fil conducteur  d'une affaire qu'on exhume -comme on exhume un cadavre- on pénètre les arcanes de la justice

Rire franc? rire jaune...plutôt 

Colette

15/02/2018

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