16 août 2020 7 16 /08 /août /2020 19:29

 

de Koji Fukada (Japon 2019)

avec Mariko Tsutsui Mikako Ichikawa, Sosuke Ikematsu

 Ichiko est infirmière à domicile. Elle travaille au sein d'une famille qui la considère depuis toujours comme un membre à part entière. Mais lorsque la cadette de la famille disparaît, Ichiko se trouve suspectée de complicité d'enlèvement. En retraçant la chaîne des événements, un trouble grandit : est-elle coupable ? Qui est-elle vraiment ?

L'infirmière

Malaise et questionnements, non-dits et ellipses, structure en deux temporalités : le film l’Infirmière (après Harmonium) peut certes désorienter

Ichiko infirmière « modèle » est « victime » d’un malentendu. Sa faute ? Être la tante du kidnappeur et ne pas l’avoir « avoué » ? Avoir osé présenter son neveu à la famille où elle soigne la grand-mère et donne des cours aux petites-filles. C’est du moins ce que l’on est tenté de croire !!! 

Elle sera la victime toute désignée à la vindicte médiatique et populaire (n’a-t-elle pas avoué à Motoko la sœur de la disparue, avoir baissé la pantalon de son neveu quand il était enfant ? Ne serait-ce pas là l’origine de la monstruosité ?)

Mais le réalisateur va nous entraîner dans des labyrinthes insoupçonnés…Par quels procédés ?

Une construction fondée sur deux temporalités, (il y a l’avant kidnapping -Ichiko heureuse apparemment et dans l’exercice de son métier et dans sa vie amoureuse- et l’après dont la scène d’ouverture sert de charnière : Ichiko (désormais Risa Ichida) décide de changer de coiffure alors qu’elle est condamnée à changer de profession et son comportement va basculer lui aussi...  Un avant revisité et transformé par l’après ? ... ou plutôt l'inverse?.  Des incursions dans l’onirisme et le cauchemar -révélateurs de fantasmes- des changements brusques de perspectives. Tout cela au service non d’une vérité à dévoiler coûte que coûte mais d’une analyse psychologique. Et l’on passe de l’un à l’autre sans transition car le cinéaste traite au même niveau ce qui est décalé dans le temps et dans l'espace (l'étrange étrangeté )  et  l’on voit  Ichiko au sourire bienveillant, apeurée seule dans son appartement, broyée par la meute des inquisiteurs avides d'une "justice immanente",  Ichiko frémissante de désir, ou/et  en proie à la folie vengeresse . Anfractuosités et béances! 

À travers le parcours erratique de cette "infirmière", cette femme au "double visage" (cf l'affiche) et l’ambiguïté du personnage de Motoko (amoureuse d'Ichiko , à la fois complice et délatrice...) c’est tout un pan de la société japonaise que le réalisateur semble vouloir illustrer  (hypocrisie, faux semblants,  poids de la tradition etc..) 

 

Un film énigmatique

Un film très esthétique (sans être pour autant esthétisant)

Un film que je vous recommande

 

 

Colette Lallement-Duchoze  

 

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