31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 16:54
"L'oiseau"
 
l-oiseau.jpgCe film est un enchantement, une vraie bouffée d'air poétique contrairement à ce qu'on pourrait penser à la vue de l'histoire. Anne vit en retrait de sa vie, elle en est juste la spectatrice. Dans son appartement, qui n'a aucune personnalité, avec un incroyable papier peint des années 70, le temps s'est arrêté. La caméra se balade avec un mouvement délicat et on l'accompagne en bus et à son travail où elle opère mécaniquement ses tâches et ne réagit pas à ce qui l'entoure (aux ébats sexuels de sa collègue extravertie, aux brusqueries aimables et au jeu de séduction de son collègue, joué par Clément Sibony).
On devine sans pathos le drame qui l'a touchée : la perte d'un enfant il y a quelques années maintenant. Son passé est entraperçu par une déambulation onirique de la jeune fille.
Son ex compagnon nous donne un repère chronologique, il dit survivre mais a re-fait sa vie puisqu'il va bientôt devenir père.
Anne sort quelquefois de sa retraite. Elle court sur les bords de la Garonne où le soleil inonde son visage et ses cheveux. Le personnage, magnifiquement incarné par Sandrine Kiberlain, est lumineux et ouvert. On est loin du personnage, tout aussi intense, mais sombre d'Anna dans "Bleu" de Kieslowski, femme également en plein deuil mais en pleine souffrance intérieure.
Anne va au cinéma voir un film japonais (de Mizoguchi) qui la fait pleurer. Ses larmes, les seules du film, témoignent d'une sensibilité et d'une émotion bien cachée jusqu'alors qui se révélera avec l'arrivée de"l'oiseau", une tourterelle prisonnière de son mur.
Cette cohabitation sera touchante et les éléments de la nature sont omniprésents pour l'accompagner vers une renaissance. On sent le bruissement délicat du vent dans les arbres et l'eau de la rivière où elle s'immerge pour mieux refaire surface. A noter que le peu de dialogues du film est décalé et drôle ( comme le "Merci" qu'Anne adresse à l'inconnu joué par, l'excellent, Serge Riaboukine) et s'intégre à la douce ambiance. Tout cela est réalisé par Yves Caumont, un homme qui a le regard sensible pour faire le portrait d'une femme.
Béatrice Le Toulouse
 

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