d'Olivier Casas (2024)
avec Mathieu Kassovitz, Yvan Attal.
Informé de la soudaine disparition de son frère, avec lequel il partage un incroyable secret, un quinquagénaire part à la recherche de ce dernier.
La survie de jeunes gamins (au départ 5 et 7 ans) dans la forêt de Charente Maritime, vivant d’expédients, grelottant de froid etc. et ce, pendant 7 ans…enfants qui seront soudés à jamais, en une fusion incompressible …c'est "l'histoire vraie" dont s'est inspiré Olivier Casas
En la portant à l'écran, le cinéaste a fait le choix de l’alternance -allers et retours entre le présent et le passé : Michel architecte quinquagénaire, père de famille, part -en abandonnant TOUT- à la recherche de son " frère" au Québec, frère porté disparu depuis quelques jours. I Sa voix off « raconte» (redondance avec l’image à l’écran souvent), interprète la teneur du lien qui l’unit à Patrice (on vous passe les pseudo réflexions existentielles ! et les commentaires « virilistes » !) Il est donc censé se revoir enfant, et ce, à plusieurs moments de leur survie, moments annoncés à chaque fois par des encarts en bas de l’écran. Or ce choix de l'alternance, par son systématisme devient vite procédé quand il ne se double pas d’une autre confrontation (en surimpression) dans une même temporalité ; avec des raccords artificiellement surlignés (le fusil en très gros plan qu’utilise Patrice au Canada, l’œil du chasseur adulte et celui de l’enfant armé de sa fronde visant un animal, l’étreinte des corps). De plus ce sont les mêmes images qui reviennent, dont ces plans prolongés sur les enlacements, au cœur de la forêt -ennemie et tutélaire- quand elles ne sont pas nimbées d’invraisemblances (en rappelant la froidure on voit les deux gamins cou, jambes et bras dénudé.e.s et on devine l’artificialité du prétendu grelottement)
L’épisode canadien est censé reproduire » (dupliquer) à des décennies d’intervalle celui de l’enfance (cabane au fond des bois, muette complicité, étreinte) auquel il est nécessaire d’ajouter ce jeu d’échecs -avec sa prétendue symbolique !!! Las ! non seulement Michel ne pourra « guérir » son frère aîné de son mal-être, mais le spectateur a droit à une longue séquence souvent soporifique (qu’agrémente parfois la singularité de l'accent canadien)
Malgré les ellipses temporelles, malgré l’omerta sur le brillant cursus post universitaire des deux frères, fâcheuse et désagréable impression d’étirements et de longueurs inutiles et la captation de l’émotion (genre tire-larmes) est accentuée par une musique illustrative envahissante. …
La disparité flagrante entre les deux interprétations (Mathieu Kassovitz bien plus convaincant qu’Yvan Attal) nuit au propos (d’autant que Michel/Yvan Attal est le « narrateur » exégète ! celui qui « dévoile » le secret ) Quant aux personnages dits secondaires, ils sont réduits à de pures figurations (la petite fille du réalisateur Jodorowsky qui interprète Murielle de Robert, la mère, semble poser pour une revue de mannequinat, les propos comminatoires de la fille de Michel « je ne te parle plus si tu n’es pas présent pour mon anniversaire » sont d’une ringardise !!! et j’en passe….)
Au final le film pèche précisément par les choix narratifs et visuels que s’est imposés Olivier Casas et par cette injonction à l’adresse du public de se sentir en empathie avec la nostalgie d’une fratrie édénique d’avant (ou hors de) la civilisation…
Un film décevant (et c’est un euphémisme)
Un film que je vous déconseille
Colette Lallement-Duchoze
Ps Au générique de fin apparaîtra le "vrai" Michel… 78 ans. De même on pourra lire des informations qui inscrivent l’histoire de Michel et Patrice dans la triste réalité des enfants abandonnés pendant la seconde guerre mondiale surtout quand ils ont été conçus hors mariage