8 août 2024 4 08 /08 /août /2024 06:35

de Juan Sebastiàn Torales   (Argentine 2023)

 

avec Nicolas Diaz, Martina Grimaldi, Maria Soldi, Cali Coronel, Luisa Lucia Paz,  Beto Frágola

 

Présenté en avant-première à Rouen Omnia (avril 2024 festival Ciné  Friendly 7ème édition )

 

festival du film et de la vidéo Inside Out 2023,  prix du jury du meilleur premier long métrage. 

 

 

Synopsis: Dans son quartier à Santiago del Estero, au nord de l'Argentine, le jeune Nino est régulièrement la victime d'actes homophobes parce qu'efféminé. Afin de le protéger, sa mère très croyante emmène toute la famille à la campagne pour les vacances d'été. La forêt près de la maison a la réputation d'être hantée par l'Almamula, un monstre qui, selon la légende, enlève tous ceux qui commettent des péchés charnels.

Almamula

Almamula' ne raconte pas l’histoire du monstre qui vit dans la forêt, mais le monstre que nous, en tant qu’êtres humains, avons créé autour de la sexualité, et comment tout cela nous fait parfois peur.

 

 

Le film s’ouvre sur une séquence de lynchage - des jeunes s'acharnent sur Nino accusé d'homosexualité ; la violence  perpétrée laisse induire un réquisitoire et/ou un plaidoyer : réquisitoire contre l’homophobie plaidoyer pour la liberté sexuelle Tout en bifurquant vers la fable, le film s'oriente  simultanément vers une autre critique virulente, celle de la religion catholique qui préside à l’éducation des enfants -incarnée par la mère bigote de Nino  et par l'adipeux curé  (Nino « victime » expiatoire ? Nino à la recherche de repères dans cette forêt « interdite » censée abriter un monstre dispensateur d’ordalie, l’Almamula,  qui selon la légende dévore châtie ceux qui commettent le péché de la chair)

 

Nino traverse les arcanes de la forêt (miroir du désir, lieu rêvé de l’inconscient) il se familiarise, seul, avec eux. Excité par une image du Christ le corps lacéré de plaies et le sexe à peine voilé, il se masturbe,  il se sait coupable il en souffre et il implore la présence de l’Almamula…Nous assistons à un long lent (presque hypnotique) « voyage initiatique » un voyage mental jusqu’à une forme d’acceptation (la notion même de culpabilité est démentie par Malevo (Beto Frágola)  dont la beauté sculpturale, celle des dieux antiques subjugue le jeune Nino cf le long travelling arrière sur le corps nu )

 

Le réalisateur a opté pour une approche très sensorielle : importance de la bande son, des bruissements, des bruitages fracassants, des stridulations d'insectes;  confusion paysage réel et fantasmé quand un tableau représentant l’Almamula faisant corps avec la forêt,  envahit tout l’écran. Approche sensorielle qui se double de la lutte (ou du moins d’une tension) entre la torpeur (renforcée par la torridité estivale) et la grâce sensuelle, entre la foi - empreinte de religiosité- et le désir, entre l’interdit religieux et un mysticisme très sexué :(alors que le curé commente le tableau où l’on voit des soldats romains déshabillant Jésus un camarade constate « il n’y a que des hommes » ; alors que la mère a fait ériger un Christ agonisant pour célébrer la Communion, Nino sans intention de profanation blasphématoire arrache avec douceur (fantasme assumé ?) le cache-sexe..) '

 

 

Certes les intentions du réalisateur sont parfois surlignées, le symbolisme souvent appuyé, (lourdingue diront certains) la réconciliation attendue,  trop ...prévisible (?) …

 

Variation sur le désir et la notion de péché Almamula n’en reste pas moins un film à la beauté solaire, convulsive et…subversive que je vous recommande

 

Colette Lallement-Duchoze

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