27 novembre 2022 7 27 /11 /novembre /2022 11:33

de Jafar Panahi (Iran 2021)

avec Jafar Panahi, Mina  Kavani, Vahid Mobasheri

 

Compétition officielle  Mostra de Venise , prix spécial du jury

Dans un village iranien proche de la frontière turque, un metteur en scène est témoin d'une histoire d'amour tandis qu'il en filme une autre. La tradition et la politique auront-elles raison des deux?

Aucun ours

 

Mise en abîme ? Métaphore de la situation d’artistes, celle de Jafar Panahi en particulier ? Plaidoyer pour la liberté d'expression, pour la LIBERTE? 

Aucun ours est tout cela, assurément !

Une fois de plus (rappelez-vous   Ceci n'est pas un film, documentaire iranien de Jafar Panahi et Motjaba Mirtahmasb - Le blog de cinexpressions ou Taxi Téhéran - Le blog de cinexpressions) le réalisateur nargue le pouvoir qui musèle, tyrannise, emprisonne en entremêlant  plusieurs "intrigues". Lui-même condamné (et depuis juillet 2022 emprisonné) interprète son propre rôle de cinéaste, il  dirige équipe technique et acteurs mais ..."à distance"; de sa chambre minuscule dans un village reculé du Kurdistan iranien à la frontière de la Turquie;  il  met en scène (via l’écran de son ordinateur portable au gré d'une capricieuse connexion !!)  un couple de dissidents iraniens installés en Turquie, désireux de rejoindre l’Europe ; or les  "acteurs" interprètent un rôle proche de leur vécu -ce dont témoignent les récriminations de Zara !!!

Mettre en scène un tournage tout en étant absent du plateau : c’est bien la métaphore de la situation du cinéaste. Frontière poreuse entre le réel et la fiction c’est bien la mise en abîme de sa création. A cela s’ajoutent les querelles intestines particulières, spécifiques  de certains villages, dont il sera la « victime collatérale » : aurait-il pris en photo un couple illégitime ? sa présence est devenue suspecte !!! il doit partir ! double voire triple peine !

Accompagné de son assistant,  Jafar Panahi grimpe essoufflé une colline , il  atteint la ligne de démarcation entre l’Iran et la Turquie; il semble hésiter à ….franchir le pas (vers la liberté);  et son corps comme silhouetté dans la semi-obscurité alors qu’au loin brillent les lumières d’une ville, en devient presque fantomatique ; malgré tous les malgré il refusera l’exil !

Mais  il est confronté à cet « exil intérieur » ô combien douloureux ! bête noire du régime, il est devenu le mal-aimé dans ce village corseté dans des croyances ancestrales. La séquence finale et le plan prolongé sur le visage du banni n’en seront que plus émouvant.es !

Malgré les  "conditions de tournage", on devine une forme d’excellence dans ces lignes de force qui se heurtent se croisent se brisent , dans ce jeu de multiples oppositions (ombre et lumière; vie citadine et rurale, entre autres) et surtout dans cette interrogation essentielle sur la Vie et l’Art 

Les ours ? Pur fantasme ! on les a "inventés"  pour susciter la peur ! 

La barbarie ? il faut la chercher ailleurs : dans ces violences inhérentes ( ?) au régime iranien, dans cette soumission à des traditions plus que séculaires qui brisent l’élan libérateur

 

Nous créons des œuvres qui ne sont pas des commandes c’est pourquoi ceux qui sont au pouvoir nous voient comme des criminels (extrait de la lettre envoyée aux organisateurs de la Mostra )

Un film  à  ne pas rater !

 

Colette Lallement-Duchoze

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