de Todd Haynes (USA)
avec Mark Ruffalo, Tim Robbins, Anne Hathaway
Robert Bilott est un avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques. Interpellé par un paysan, voisin de sa grand-mère, il va découvrir que la campagne idyllique de son enfance est empoisonnée par une usine du puissant groupe chimique DuPont, premier employeur de la région. Afin de faire éclater la vérité sur la pollution mortelle due aux rejets toxiques de l’usine, il va risquer sa carrière, sa famille, et même sa propre vie...
Rappelez-vous cette publicité «teflon » menée tambour battant, rappelez-vous cet empressement à acheter des poêles au revêtement miracle, sans effet nocif et pourtant la colle industrielle PFOA est hautement toxique..
.Suite à des morts en série (bétail) en Virginie Occidentale, à des malformations (visages de nouveaux-nés), Robert Bilott, un avocat du très influent cabinet Taft Stettinius & Hollisteyr, spécialisé jusque-là dans la défense des entreprises de l’industrie chimique, va mener un bras de fer contre l’entreprise DuPont, ce géant de la chimie. Contre l’avis des siens…
Le film de Todd Haynes illustre cette bataille : elle aura duré presque 20 ans
Si Dark waters connaît un succès certain, s’il fait l’unanimité c’est qu’il rapporte avec une précision minutieuse des faits avérés, que le scénario est bien ficelé, l’interprétation de Mark Ruffalo impeccable, et qu’il s’interroge sur les liens entre démocratie et intérêts financiers. Alors que l'actuel président américain se soucie peu des catastrophes sanitaires et écologiques et n'a cure des angoisses environnementales….
Certes il y a des moments hallucinants (quand l’avocat est filmé en plongée seul dans un parking, quand dans le bureau il croule sous les dossiers empilés tel un mur infranchissable, quand le cinéaste donne à voir simultanément l’extension du « monstre » et la « démesure » de la tâche de Robert Bilott. Certes la photographie d’Edward Lachman nous immerge souvent dans un univers noir bleuté (qui rappelle le titre)
Mais le tempo souffre du caractère répétitif dans les alternances entre séquences de délibérations (le cabinet d’avocats) et les rencontres avec les plaignants ; entre scènes d’intimité familiale (au bord de la crise de nerfs) et pression des patrons dans leurs bureaux. Un très gros plan prolongé sur une vache malade ? voyeurisme facile et bien inutile. Si l’isolement de l’avocat (il a triomphé mais les résultats se font attendre) renvoie assez judicieusement au milieu d’origine , le traitement de cette longue période frise la niaiserie en ce sens que le défilement de dates en bas de l'écran ne suffit pas à rendre palpable la douleur torturante ...Mais surtout, comme le message (celui d’utilité publique) semble prioritaire, la mise en scène, délaissée, est terne, convenue…
On pourra toujours rétorquer que le genre choisi le thriller d’investigation laisse peu de place à l’innovation….
Efficacité contre originalité ?
Mais ne peut-on concilier les deux ?
Colette Lallement-Duchoze