Documentaire réalisé par Jean-Robert Viallet et Alice Odiot (France)
Tourné entre 2016 et 2018 à la prison Les Baumettes (avant sa fermeture)
25 jours en immersion dans la prison des Baumettes. 30 000 mètres carrés et 2 000 détenus dont la moitié n’a pas 30 ans. Une prison qui raconte les destins brisés, les espoirs, la violence, la justice et les injustices de la vie. C’est une histoire avec ses cris et ses silences, un concentré d’humanité, leurs yeux dans les nôtres.
Le ciel par-dessus le toit : un bleu azuréen couvre les 2/3 de l’affiche ; un bleu qui restera hors champ dans le documentaire « Des hommes » Un bleu auquel vont se substituer des rais lumineux tentant de s’infiltrer dans les plus petits interstices et surtout le contraste entre une lumière extérieure qui traverse les fenêtres grillagées et un intérieur vétuste insalubre où « croupissent » les détenus
Derrière une porte vitrée sécurisée s’agite un détenu à la marche erratique vite hypnotique et l’on devine quand il s’approche , des traits qui nous sont familiers. Écran noir. Le film peut commencer. Ce plan d’ouverture sera repris en écho à la fin. Une des rares métaphores (le mouvement perpétuel et vain de l’homme qui tourne en rond en vase clos) dans ce documentaire à la fois sobre et humain
Sobre ? Ne serait-ce que par le refus d’une voix off, (ce sera celle de la musique de Marek Hunhap) l’absence d’une surenchère visuelle (celle de gros plans ou zooms sur des dysfonctionnements matériels ou autres qui illustreraient le misérabilisme par exemple) mais l’insistance sur de petits objets -comme substituts de langage- ; le positionnement d’une caméra (souvent fixe) à la fois très proche et suffisamment distante pour capter gestes et paroles (même dans l’exiguïté d’une cellule de 9m2)
Humain ? c’est bien ce qui intéresse les deux documentaristes. On est loin des clichés auxquels la presse nous habitue. Écoutons ces aveux teintés d’humour, ces tentatives de minimiser un « forfait » commis en interne, regardons ces yeux rieurs, moqueurs ou embués, respirons ces effluves qui dans la promiscuité, transpirent (de) l’humain !
Le personnel -essentiellement féminin- bienveillant, est à l’écoute sans être dupe (les séquences de "condamnation en interne" sont succulentes..) -à signaler que la plupart des condamnations sont liées à des histoires de stupéfiants...ce qui en dit long sur "la politique française pénale en matière de drogue" (mais les documentaristes ne jugent pas, ils donnent à voir!)
Ces détenus ne sont pas des "anges"
Mais ce sont des hommes!
« Allez, venez.
Restez un peu et vous verrez.
Vous en sortirez plus confus qu’en entrant.
Oui cette prison pue l’humanité » Jean-Robert Viallet
Colette Lallement-Duchoze