6 décembre 2022 2 06 /12 /décembre /2022 06:41

Cow

Documentaire réalisé par Andrea Arnold (Grande-Bretagne 2021)

avec Lin Gallagher

La cinéaste nous invite à porter un autre regard sur les vaches, à nous en approcher, à contempler leur beauté mais aussi la réalité de leur vie. C’est l’histoire d’une réalité, celle d’une vache laitière…

Cow

Non Luma (la vache laitière, « héroïne » du documentaire Cow) n’est pas « malade » (comme se le demandaient certains spectateurs à l’issue de la projection) Si elle ne peut « nourrir » sa progéniture c’est qu’elle est victime de la « maladie » de l’homme : la rentabilité. On féconde les vaches, on les sépare de leurs veaux, afin de produire le lait dont s’abreuveront les « humains »….

Et ce n’est pas pur hasard si le documentaire s’ouvre sur une séquence de vêlage ! à peine Luma aura-t-elle pris le temps de lécher le corps du « nouveau-né » - ô cette chaleureuse proximité-, qu’on l’entraîne avec violence vers ces trayeuses électriques (alors qu’on biberonne le veau …mais avec du lait en poudre !!!). Et quand bien même la réalisatrice refuserait l’anthropomorphisation, force est de constater que les meuglements de Luma sont ceux du désespoir, étranglée de terreur elle beugle la douleur de la séparation…

 

En suivant le « quotidien » de cette vache laitière dans une exploitation agricole du Kent, Andrea Arnold oppose mécanisation brutale et authenticité de la vie : ainsi à l’itinéraire quasi dédaléen qu’entravent des barrières métalliques, aux très gros plans sur ces gobelets trayeurs -que l’on nettoie par souci d’hygiène ? ou de prophylaxie ? éviter les mammites torturantes ?-, s’impose en s’opposant cette vibrante masse de chair à la lourdeur impressionnante, avec des très gros plans sur le pelage, sur les yeux bordés de longs cils. Un œil qui reflète une « condition de vie» ? peut-être mais en aucun cas un œil qui reflèterait « notre » monde (à l’inverse de EO l’âne gris du film de Skolimowski , et sa caméra subjective)

 

Quelques échappées vers des paysages - ceux frémissants de son film Les Hauts de Hurlevent, ceux qui rappellent les paysagistes anglais du XIX° - ne font qu’accentuer dans leur fugacité même, la « barbarie » des pratiques du monde « agro-alimentaire » dans sa recherche effrénée du profit -auxquelles on accède comme dans les coulisses d’une tragédie-

 

Mais ne nous méprenons pas!  le documentaire d’Andrea Arnold n’est pas un brûlot ni un film militant.

Ni voix off, ni dialogues ; la répétition des mêmes activités : traite pâturage vêlage, une scène de monte avec ses préliminaires, la présence « humaine » limitée à ses fonctions (souvent inhumaines), des beuglements qui alternent avec de la musique pop, une caméra à hauteur de « pis », soit un quotidien : la « conscience » ( ?) d’un animal. Dommage que la thématique s’englue dans le répétitif (mais cela est à n’en pas douter intentionnel !)

 

École du regard ?(cf le synopsis); elle est beaucoup plus patente et convaincante dans  bovines ou la vraie vie des vaches » (Bovines ou la vraie vie des vaches - Le blog de cinexpressions)

Ou encore « gorge cœur ventre » (Gorge Cœur Ventre - Le blog de cinexpressions)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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